Faut-il sauver les apparences ? [PV]

Adrien fit un geste de la main en signe de désespoir. Heaven pouvait vraiment être horrible parfois. Il comprenait bien que l’idée de donner une attaque à Elizabeth était plaisante mais quand même, c’était son amie. Loin de lui l’idée de faire passer ses amis avant la belle Serpentard (d’ailleurs, ça n’aurait aucun intérêt) mais il n’irait pas jusqu’à les provoquer de lui même. En plus, cette histoire de flirt était purement anecdotique dans la vie de la jolie brune, de fait, il avait décidé que ça le serait aussi dans la sienne. Il n’avait pas envie de donner du sens à quelque chose qui n’en avait pas. Elle avait été d’humeur à être câliner par un Poufsouffle, c’était tombé sur lui, ainsi va la vie. Guère positive comme attitude mais ça avait le mérite de le protéger contre les désillusions.

« Je ne dirais rien tant qu’on ne me posera pas de questions. »

En revanche, pour ce qui était des Serpentards, il était un peu plus confiant. Il pouvait peut-être se faire insulter de tout les noms, mais ça n’irait pas beaucoup plus loin. Poufsouffle ou non, il était un Sallers. Sa mère le lui répétait assez souvent pour qu’il s’en rappelle, merci pour lui.

« Ce n’est pas pour éviter de les provoquer que je ne t’embrasse pas. En fait, je m’en fiche d’eux. Ils peuvent avoir envie de me frapper, ils ne peuvent pas le faire. Se débarrasser d’un riche héritier ce n’est pas si facile… »

C’est vrai. Il n’avait pas plus peur que ça de la réaction des Serpentards. Il craignait les ragots qui allait légèrement chamboulé sa vie tranquille et sans surprise, mais pour ce qui était de son intégrité physique, il ne se sentait pas menacer. Si on le touchait, il n’aurait qu’à écrire à son père. Même si celui ci ne l’aimait pas (et c’était réciproque), il ne laisserait personne salir le glorieux nom des Sallers. C’était vraiment trop drôle, enfin pour Adrien du moins. Il avait toujours eu un humour assez particulier.

Mais revenons en à la belle Heaven qui le provoquait. Elle en faisait une habitude… Son cœur manqua un battement mais il fit de son mieux pour contenir son trouble. Cela se lisait tout de même un peu sur son visage mais on pouvait applaudir l’effort.

« Tu sais, il y a des limites à ce qu’un garçon, même affublé d’un surnom tel que petit poussin, peut supporter. Donc je dirais que c’est à tes risques et périls, ma réputation à moi n’a plus grand chose à craindre. »

Car aussi étonnant que cela puisse paraître, c’était surtout pour Heaven qu’il trouvait que « pour vivre heureux vivons caché ». Même si dans sa maison la Serpentard n’était pas aimée (Eli ? Toi ici !), c’était plutôt sympa pour un garçon d’afficher un flirt avec une si jolie fille, en revanche, il ne trouvait pas qu’il était assez bien pour Heaven, donc c’était mieux que ses camarades à elle n’apprennent pas leur petite histoire. Il ne voulait pas être un grain de poussière dans les rouages si bien huilés de la vie de la jeune fille, en fait, à l’origine, il aurait même aimé pouvoir continuer à la contempler de loin… mais les choses étaient bien différentes maintenant…

Heaven… Heaven… Heaven… Voilà comment se nommait le plus grand mystère que l’homme (enfin au moins Adrien) n’avait jamais rencontré. A côté d’elle, Anabelle et ses lampions cochon semblait tellement… normal. Il aimait vraiment les lampions cochon d’ailleurs, mais pas autant qu’il aimait Heaven, du moins pas pour le moment. Car Adrien s’était juré d’oublier la jolie brune. Les Serpentards le voyaient comme un jouet ? Mais bienvenue au club mes amis ! C’est exactement comme ça qu’il se voit lui même. Pour une raison inconnue, Heaven l’a choisi lui. C’est aberrant en ce sens qu’il n’a jamais montré de signes avant coureur de sentiments avant qu’ils ne flirtent pour de bon. Il était même l’un de ceux qui l’évitait le plus. Mais il est bien connu que plus on fuit quelque chose, plus cela nous rattrape (surtout quand on la chance d’Adrien).

« Mais la dernière fois que j’ai regardé, j’étais un simple jouet Heaven. »

Les paroles de la jolie brune semblait sous entendre le contraire, pourtant, il semblait que c’était dans le contrat de départ. Elle avait joué et jouait encore avec lui, le gentil Poufsouffle, et quand elle se lasserait, elle le jetterait. Il y était préparé et il n’avait pas envie de se faire de faux espoirs. Il connaissait trop bien la cruauté des Serpentards. Cependant, en tant qu’homme, il trouvait les garçons que décrivait Heaven pathétique.

« Tes prétendants sont des idiots si tu veux mon avis. Jamais je ne m’abaisserais à avoir ce genre de comportement. Ils savent aussi bien que moi qu’ils n’ont aucune chance, et pourtant ils te collent. Si ce n’était pas aussi triste, je crois que ça me ferait rire. »

Car oui, lui il discutait tranquillement avec Heaven bien qu’il ait envie de l’embrasser. Il savait que si il approchait ses lèvres des siennes, elle ne reculerait pas, mais il n’était pas comme ces garçons que la brune lui décrivait. Lui il voulait tout ou rien, alors ce serait rien. Jamais il ne la poursuivrait de ses assiduités. Non seulement cela avait quelque chose de foncièrement inutile, mais en plus, cela devait être douloureux de se faire rejeter. Il n’avait pas envie de tenter l’expérience et de devenir un petit chien docile. Finalement, on pouvait être le plus gentil des Poufsouffles et avoir plus d’orgueil qu’un Serpentard en amour. C’était un concept intéressant.

Enfin, c’était quand même lui qui avait la gourmette à défaut d’avoir la fille. Elle était par ailleurs encore très proche de lui physiquement mais l’habitude et la conversation aidant, il n’en était plus trop troublé. Visiblement, il devrait pouvoir s’en sortir honorablement, Heaven avait l’air sage ce matin. Tant mieux d’ailleurs puisque Alexander Shinku venait de faire son entré. Il regarda du côté d’Adrien et le salua de la main, non sans cacher sa surprise de le voir avec une Serpentard. Bah, il sortait bien avec l’une d’elle lui >.< Blague à par, si Alex’ faisait son entrée (et oui, Adrien idolâtre son préfet) les autres n’allaient plus tarder.

« Je devrais peut être aller à ma table… »

Ou pas. Ce n’était pas comme si ce genre de phrase avait le pouvoir de le sauver.

Un point pour Heaven, zéro pour Ady. Mais de vous à moi, ça lui pendait au nez. Pour en revenir à nos moutons (jaunes, verts, tiens, mais il n’y en avait pas un bleu ?), Adrien prit délicatement Heaven dans ses bras quand elle l’embrassa parce que… un peu plus ou un peu moins, maintenant il n’était plus guère à ça près. Le discours de la jeune fille sonnait étrangement à ses oreilles. C’était plutôt sympathique mais il se demandait si elle ne le menait pas en bateau.

« Je ne veux pas te perdre… » murmura-t-il à son oreille sans la lâcher « Je ne tiens pas non plus à ce que tu ailles en voir d’autres… » elle lui posait des questions bien compliqués aujourd’hui « Mais que faire pour te garder… »

Voilà la grande question du jour. Il n’avait déjà à la base rien fait pour l’obtenir (on se rappelle qu’il avait fait son possible pour la faire fuir la première fois) alors que pouvait-il faire lui, ce bon vieux Ady, pour garder l’une des filles les plus populaires de leurs années ? Avouons nous que cela demandait réflexion. Bien sûr, il pourrait tout à fait lui demander de sortir mais il doutait encore que ses sentiments soient réciproques… Ou du moins, plus simplement, qu’elle veuille de lui comme petit ami. Ils n’avaient pas grand chose en commun au fond.

« On ressemble à un couple mais peut-on en être un ? Tu es seule juge Heaven. »

Et pour appuyer sa demande (qui soit dit en passant lui crevait le cœur), il posa ses lèvres sur celles de Heaven mais c’était un baiser plein de la tendresse et de l’amour qu’il ressentait pour elle. Cela n’avait rien à voir avec le baiser précédent qui, à l’image de Heaven, lui faisait penser à de la glace. C’était froid mais si le contact durait plus longtemps, ça brûlait. Si on devait ajouter à cette image une autre qui cette fois figurerait Adrien, ce serait une petite flamme qui vivote sur sa bougie. Il était lumineux et fragile à la fois. Il avait donné son cœur à un serpent qui pouvait le briser d’une seule parole… Ou d’une seule trahison, il n’était pas tout seul en lice. La preuve était que maintenant, la haine des garçons de son année et de serpentard était palpable. Pas sa faute à lui si elle lui fait du gringue quand même ? Peut-être que si… après tout, avec sa gueule d’ange, on lui donnerait le paradis sans condition… et nous savons tous ce que signifie Heaven en anglais.

Pourquoi elle ? C’était effectivement une bonne question mais Adrien n’avait pas de réponse parfaite à fournir à ce sujet. Glissant sa main sur la nuque de la jolie brune, il l’embrassa à nouveau. Personne ne connaissait le Adrien qu’il était avec Heaven et peut-être qu’au fond, l’inverse était vrai aussi. Il l’ignorait, il ne connaissait pas la jeune fille au sein de Serpentard. Il l’avait toujours vu entourée de toute une troupe ou alors avec lui seul, il n’y avait pas de juste milieu, alors il ne savait pas si Heaven pouvait être douce avec quelqu’un d’autre que lui. Ce n’était pas une question bien importante. Adrien prenait les choses comme elles venaient, un point c’est tout.

« Je dois être un peu maso… » répondit-il à la fin du baiser en souriant d’un air amusé. En même temps, quelques moqueries contre autant de douceurs, cela valait la peine d’essayer… Et puis, au fond, à par ses moqueries sur la danse, aucune des autres ne le touchait vraiment. Il assumait très bien sa maison et ses côtés un peu maladroit.

Visiblement, il sortait maintenant avec Heaven, c’était un petit peu bizarre mais il n’avait pas de quoi se plaindre. Il l’embrassa sur le front et lui dit « Alors si c’est d’accord, on va peut-être pouvoir prendre notre petit déjeuner ? » Qu’Heaven ne craigne rien, ce n’est pas lui qui la forcerait à manger, en revanche, il avait faim maintenant que les grandes émotions étaient passés. Le hic était de savoir s’il pouvait vraiment manger tout en restant avec Heaven. La table des verts et argents étaient plein de serpents près à le bouffer. Il compatissait sincèrement à leur douleur (il y a une heure il était à leur place) mais sa mère lui avait toujours dit qu’il valait mieux faire envie que pitié. Tiens, tiens, une phrase que Myrielle affectionnait aussi… Mais Ady ne connaît que peu la rousse, en réalité, il ne lui a jamais parlé, c’est Megan qui lui raconte tout sur elle.

« Je n’ai pas très envie de me séparer de toi mais je me demande si j’ai ma place à cette table. » constata-t-il d’un air pragmatique en pointant la table des Serpentards. Ah, mais au fait, il avait un truc à faire. S’il devait être avec Heaven, il faudrait qu’il arrête de faire son poussin timide. Aussi, il lâcha momentanément la jolie brune et défit les boutons de ses manches de chemise, les relevant un peu. On pouvait alors voir les deux gourmettes qu’il portait au poignet droit, la sienne et celle de Heaven. Il était un grand romantique et il était sincèrement amoureux, si Heaven voulait bien de lui, il défendrait leur relation bec et ongle auprès de ses amis. C’était sa vie après tout.

Comme une idée germait dans son esprit, il changea un peu brusquement de sujet, glissant sa main dans celle de Heaven avec sa délicatesse habituelle. « Dis moi, c’est quoi ta couleur préférée au fait ? » C’était peut-être le vert puisqu’elle était à Serpy mais pas forcément alors il faisait bien de vérifier s’il voulait lui offrir quelque chose pour la Saint Valentin (brave garçon).

Adrien s’en serait douté, ce serait donc la table des Serpentards. Bah… Tant pis, aucun autre membre de la famille Sallers n’était en vu, il devrait pouvoir y aller sans avoir de problèmes. De plus, à la réflexion, mettre Heaven au milieu des Poufsouffles était probablement plus dangereux pour eux que pour elle. Il doutait beaucoup qu’elle retienne ses réparties cinglantes envers ses camarades. Si elle l’épargnait lui, il serait déjà content voyez vous.

« Allons y pour l’immersion chez les Serpentards du poussin jaune. » Bah oui, il portait son uniforme, normal quoi. Enfin… c’était vite dit parce qu’au lieu du pantalon réglementaire, il portait un jean large avec une chaîne au niveau des poches, sa chemise était déboutonnée au col et sa cravate n’était pas attachée. Adrien cultivait son style qui se voulait différent de celui de son frère, on peut dire sans mentir qu’il y parvenait. Ils s’assirent donc tous les deux à la table déjà bien rempli des verts et argents. Visiblement son voisin de gauche (Heaven étant à sa droite) avait une furieuse envie de l’envoyer paître. Adrien lui adressa un sourire charmant. Il était en général la victime parfaite (parce que silencieuse) des brimades. On lui rapellait souvent qu’il était le vilain petit canard de la famille Sallers… Mais là, ils étaient tous obligés de se taire (il compatissait, il savait assez bien comme Heaven pouvait être sèche). La situation était presque drôle au final…

Adrien prit un thé et un croissant. Il grignota tout en réfléchissant.

« Le vert ? D’accord, je retiens. » Lui, sa couleur préféré c’était le orange, ou alors le rouge. Mais il n’aimait pas trop les couleurs froides comme le bleu. C’était tout relatif ceci dit car la plupart de ses jeans étaient bleus et il avait pas mal de tee-shirt de cette couleur aussi. Prit d’une inspiration subite, il chercha dans son sac et finit par trouver le bracelet en argent qu’il portait d’habitude en lieu et place de la gourmette de Heaven. Il lui tendit le petit objet brillant.

« Tiens, pour remplacer temporairement ta gourmette. Tu as des poignets fins, il faut les mettre en valeur. » Il savait qu’Heaven avait déjà un égo conséquent mais franchement, quel garçon prenait le temps d’observer les mains de la jeune fille ? Lui, il était vraiment amoureux, il faisait attention aux moindres détails de la personne de Heaven et ce depuis plus longtemps que la brune se l’imaginait. Prenant délicatement le poignet de la brunette, il lui attacha le bracelet qui pour être tout simple (normal, c’est un bijou qui va aussi aux hommes) n’en était pas moins jolie. « L’écharpe, ce n’est pas assez par rapport à une gourmette. » Vas y petit Pouffy, justifie toi d’être gentil avec ta copine XD Chassez le naturel, il revient au galop.

Enfin, une fois ceci fait, il grignota son croissant. Il avait faim mais en même temps il était assez excité et du coup, il se demandait s’il arriverait à finir de déjeuner. Heureusement qu’il n’avait pas pris de café tiens ! En parlant de ça, son voisin renversa (volontairement ?) son café sur la cape de sorcier d’Adrien. Celui ci resta un moment figé mais pas longtemps. Il enleva sa cape et la rangea dans son sac comme si de rien n’était, souriant à Heaven. « Ce sont des choses qui arrivent. » commenta-t-il d’un air tranquille. Cette matinée était merveilleuse, tous les serpentards fourbes du monde n’arriveront pas à faire changer Adrien d’avis.