Promenons-nous, dans l’cachot, pendant que l’serpent n’y est pas…
La jeune Susan Bones, Poufsouffle suicidaire de son état (elle était sur le territoire des Serpentard, tout de même !), avançait prudemment dans un des couloirs mal éclairés du sous-sol (ils avaient intérêt à ne pas être trop myopes, chez les Verts !), tout en lançant des coups d’œil nerveux par-dessus son épaule. Elle n’était pas très à l’aise – doux euphémisme pour définir son état d’esprit présent ! – à l’idée de croiser un Serpentard au détour d’un couloir. Déjà qu’en temps normal, les Serpentard faisaient peur, mais alors tomber sur eux dans la semi-obscurité des entrailles de Poudlard était digne d’un scénario de film d’horreur !
Mais que faisait-elle dans ce sombre cloaque de l’Enfer ? Cherchait-elle les ennuis ? Avait-elle éprouvé le besoin impérieux de mettre un peu de piment dans son existence ? Avait-elle égaré son chemin en regagnant sa salle commune (ce qui, après six ans à Poudlard, aurait tout de même été un comble !) ? Que nenni ! La rouquine n’était pas ici pour tester sa rapidité à la course ou engager un duel à mort avec le premier disciple de Rogue qui lui passerait sous la main, oh que non ! Elle avait été investie d’une mission (périlleuse) par une minuscule première année de sa maison.
La pauvre mignonne avait prêté – dans sa grande naïveté bonté - à l’occasion d’un cours de métamorphose, une plume à son Serpentard de voisin (*Elle doit être corrompue, cette petite ! Qu’est-ce qu’elle avait besoin de se mettre à côté d’un Serpentard, aussi ?*). Or, le malotru avait oublié de la lui rendre. Deux jours de suite. N’y tenant plus, la fillette (qui tient à garder l’anonymat par peur des représailles de la mafia verte. La Cosa Verde, pour faire comme au pays) était allée trouver Susan qui, en tant que préfète («Ah bon ? Je suis préfète ? T’es sûre ? Mais on ne me dit jamais rien à moi !») se devait de secourir sa jeune camarade.
Si elle avait été un peu plus fourbe, Susan aurait probablement renvoyé la petite vers Alexander : «Oh, je suis désolée, mais j’ai déjà été chargée par une seconde année de retrouver son chaton… Mais va donc voir Alexander Shinku, je suis certaine qu’il sera en-chan-té de t’aider !» car, après tout, il s’acoquinait bien plus qu’elle avait les Serpentard (comment ça elle sortait avec Quentin Montgomery ? Même ! ça ne compte pas, d’abord !).
Seulement, elle n’avait pas eu le cœur d’enquiquiner Alexander avec cette histoire. Sans compter qu’il se serait bien moqué d’elle si elle lui avait envoyé la fillette : «Ben alors Susan ? On a eu une petite faiblesse ? On a peur des premières années de Serpentard ?» Bref, bon gré mal gré, il lui avait bien fallu accepter la mission impossible qui lui était assignée par la petiote.
A présent, Susan tournait un peu en rond. Elle cherchait l’entrée secrète de la salle commune de Serpentard, sans parvenir à la trouver. Logique, puisqu’elle était secrète. Les maigres informations que la Poufsouffle avait pues glaner, au fil des années, sur le tableau/la tenture/Le truc qui gardait les quartiers des Serpentard n’étaient probablement pas suffisantes pour qu’elle les trouve facilement. En fait, son seul espoir (et c’était là tout le paradoxe de sa situation) aurait été de tomber sur un Serpentard qui (peut-être) aurait accepté de l’aider. Encore une chance que la petite se soit souvenue du nom du garçon qui lui avait chapardé emprunté (en oubliant de la lui rendre) sa plume !
*J’aurais mieux fait d’attendre demain matin pour aller trouver ce type au petit déjeuner et lui demander de rendre la plume…* songea-t-elle en bifurquant sur la gauche *En plus, avec tout ça, si je ne me perds pas, j’ai de la chance… Si ça se trouve, on va me retrouve dans six mois, famélique, hagarde et titubant dans les sous-sols en baragouinant des trucs incompréhensibles du genre : Le léopard tacheté ! Bouh, je vais même être obligée de manger des rats pour survivre !*
Elle frissonna de dégoût et hésita à faire demi-tour. Mais l’idée d’accuser plus ou moins explicitement un Serpentard de vol, devant toute la tablée et peut-être même en présence du professeur Rogue n’avait rien de très rassurant non plus. Les Serpentard prenaient si facilement la mouche !
Susan soupira et tira sa baguette de sa poche. Un petit lumos ne serait pas de trop. Elle s’apprêtait à lancer le sort (parce que oui, elle a le niveau première année en sortilège, incroyable mais vrai !) quand il lui sembla entendre des bruits de pas, quelques mètres plus loin. La rouquine se figea et écarquilla les yeux… Oh mon Dieu ! Le basilic ! C’était le basiliiiiiic !
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