Quentin est peut-être quelqu'un de bien après tout ~ Susan

Spoiler:

« Chère Susan c’est Lavande… Je sais que ça fait longtemps »

Lavande trempa à nouveau sa plume dans son encrier et la laissa un instant suspendue dans les airs avant de barrer de deux traits ce début de lettre dont elle n’était pas pleinement satisfaite.

« Susan, »

¤ Susan c’est un peu trop officiel non ? ¤

“Paaaav ??? Si je commence juste par Susan, c’est bien ou pas ?”

Sa meilleure amie releva les yeux vers elle un court instant puis les replongea dans son magazine sans se donner la peine de répondre. Quelque part, Lavande savait très bien pourquoi son amie réagissait ainsi ; Parvati trouvait tout simplement que cette histoire de lettre était une mauvaise idée et que Lavande aurait de bien meilleures chances d’obtenir des résultats si elle allait directement parler à la Poufsouffle.

« Mouais je sais c’que t’en penses… Mais bon c’est quand même plus facile hein !!! »

Après un vague « hum hum » de Parvati, Lavande se repencha sur sa feuille et entortilla quelques mèches de cheveux autour de son doigt tout en reprenant sa plume pour barrer le Susan qu’elle venait d’écrire…

« Tu te rends pas compte du nombre d’arbres que je tue en recommençant 20 fois ma lettre parce que tu veux pas m’aider Pav’ ! »

Toujours aucune réaction de Parvati, Lavande fit la moue et inscrivit de nouveau un « Chère Susan… » avant de le rayer une nouvelle fois et de donner un coup de pied rageur dans le pied de sa table.

« Oh et puis mince ! T’as raison… J’vais la chercher et on verra bien ! »

Lavande se leva et quitta la pièce sur un « Bonne chance » presque enjoué de la part de sa meilleure amie. Elle quitta la salle commune avec un demi sourire aux lèvres en repensant aux conseils de Parvati pour sa prochaine discussion avec son amie Susan.

¤ Tout devrait bien se passer… Parvati a toujours de supers idées… ¤

Toutefois alors qu’elle s’avançait vers les Serres de Botanique (où elle savait que les 6ème année de Poufsouffle avaient cours), son pas devenait de moins en moins assuré et ses mains commencèrent légèrement à trembler.

Susan n’était pas vraiment « imposante » dans sa manière de s’exprimer, mais à sa façon elle impressionnait Lavande. En effet, avoir assez de maturité pour sortir avec un Serpentard tout en se fichant de l’avis des autres, c’était assez culotté. Quelque part c’était aussi une belle preuve d’ouverture d’esprit et de générosité que de faire fis des préjugés contre les Serpentard.

¤ Quentin est peut-être quelqu’un de bien après tout… Faut absolument que j’aille m’excuser, j’ai réagi de façon très très très bête… ¤

Se mordillant nerveusement la lèvre inférieure, Lavande arriva rapidement en vue des serres de Botanique. Les élèves de Poufsouffle semblaient déjà sortis puisque la blondinette croisa Ernie MacMillan qu’elle salua d’un léger signe de la main. Elle le suivit des yeux un court instant et ne tarda pas à se retrouver face à Susan, qui sembla un peu surprise de la voir ici.

Prenant une profonde inspiration, Lavande s’approcha de Susan la mine penaude avant de lever presque timidement les yeux vers elle.

« Susan coucou… Heu… Ca va ??? »

Quand elle s’était imaginée la scène, elle avait pensé commencer par des excuses… Mais là, au milieu de toute la confrérie Poufsouffle, c’était un peu trop impressionnant et la Gryffondor se sentirait probablement plus à son aise un peu à l’écart des autres Jaune et Noir.


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En temps normal, les cours de botanique, sans être les préférés de Susan, ne lui déplaisaient pas. En temps normal. Car ce jour là, le professeur Chourave, dans sa grande folie, avait imposé à ses pauvres élèves (pourtant des Poufsouffle, on aurait pu penser qu'elle se serait montrée un peu moins cruelle avec eux !) un exercice pratique particulièrement difficile.
Susan avait passé deux heures à tenter de rempoter une plante Babel, affreusement petite saloperie carnivore qui ne semblait avoir d'autre but dans la vie que de chercher à vous bouffer les doigts du bout des feuilles tandis que ses feuilles jacassaient à tue-tête. Car la plante Babel, comme chacun le sait (à condition d'être allé en cours d'herbologie, bien entendu), était l'ingrédient principal de la potion Babel, qui permettait à quiconque en buvait de parler couramment n'importe quelle langue. Une découverte bien pratique, lors des colloques internationaux. Tour le monde ne peut pas maîtriser autant d'idiomes que Dumbledore !
Mais toute utile qu'elle soit, cette plante n'avait vraiment rien de sympathique. Pour ne rien gâcher, le groupe avec lequel avait travaillé Susan était visiblement tombé sur un spécimen atrocement vorace. Justin avait failli perdre l'usage de son index droit et Hannah saignait du nez suite à un coup de branche singulièrement violent. La pauvre avait d'ailleurs été obligée de partir à l'infirmerie avant la fin du cours. Plante 1, Hannah 0. L'incident avait enchanté Chourave, selon laquelle la vivacité de ce végétal était la preuve de sa bonne santé. En tout cas, pour les élèves, la santé des plantes se faisait au détriment de la leur. A bien y réfléchir, Pomona avait un petit côté Hagrid : "Un loup-garou ? Ouais, c'est une gentille petite bête ! Noooon, ce n'est presque pas dangereux !"

Bref, Susan fut bien contente quand la cloche (non, non, elle ne parle pas de Lavande, Susan a une profonde admiration pour Lavande) sonna, ne serait-ce que parce qu'elle avait bien besoin d'aller se débarbouiller un coup ! Ses mains étaient noires de terre, elle avait une tache d'engrais sur la chemise et une égratignure sur le front. Les cours de Défense Contre les Forces du Mal, dangereux ? Aha, ne la faite pas rire, elle a des crampes ! A côté de la Babel, même les Scrouts d'Hagrid étaient d'adorables petites peluches !
La Poufsouffle rangea rapidement ses affaires dans son sac, pressée de quitter la serre, et emboîta le pas à Zacharias. Elle ne put toutefois pas s'empêcher de lancer un coup d'oeil mauvais aux plantes, sagement alignées sur une des paillasse. Genre elles sont douces et tranquilles ! Franchement, il y avait des jours où ce cours donnait envie de plonger dans la paranoïa végétale pas besoin d'aller voir Phénomène pour cela... De toute façon, ce film est très mauvais. Chourave devait avoir une vocation de sadique insoupçonnée. Preuve que Poufsouffle menait à tout.
La rouquine secoua la tête d'un air dépité et passa le pas de la porte d'un pas résolu, non sans avoir oublié de saluer son professeur auparavant. Précaution inutile puisque Chourave gagatisait devant ses plantes, se répandant en "gouzi gouzi" attendris et pathétiques. Autrement dit, elle avait bien d'autres chats à fouetter que de répondre aux politesses de ses plus fervents disciples élèves.

Alors qu'elle remontait d'un pas lent la pente douce qui menait au château, heureuse d'en avoir fini avec les cours pour le moment, la jeune fille eut la surprise de s'entendre interpeller.
Hein ? Comment ? Qui m'appelle ? Oh non ! Pas Chourave qui aurait besoin d'une petite victime pour ranger les Babels dans la serre numéro Cinq (la pire de toute, le dernier cercle de l'Enfer !) ?
Très surprise, Susan releva la tête et croisa le regard de Lavande. Oh ! Tiens, Lavande ! Lavande ? Mais où, qui, comment le colonel Moutarde avec la clef anglaise dans le jardin heureusement que Barnaby va trouver le coupable ?
Susan s'arrêta net et écarquilla les yeux à la façon d'un bébé Hibou tombé de sa branche. Après presque un an de silence colérique, Susan s'était presque résolue à voir Lavande s'effacer à jamais de sa vie (et hop, épanchement lacrimal dans les chaumières. But friends never say goodbye). Presque. Elle avait l'intention de lui envoyer une nouvelle lettre, au Hibou Bavard, avant d'abandonner définitivement la partie. Non que cette idée la réjouisse, bien au contraire ! L'idée que son amitié avec Lavande puisse être morte et enterrée la faisait énormément souffrir, mais elle ne pouvait passer le reste de son existence à espérer un retour miraculeux quoiqu'improbable de Lavande.
Alors la voir subitement apparaître devant elle, au moment où elle s'y attendait le moins, était franchement déstabilisant. Si déstabilisant, d'ailleurs, que sur le coup, la Poufsouffle ne trouva rien d'autre à dire que :

- Franchement, Lavande, si j'ai un conseil à te donner, c'est de te faire porter pâle plutôt que d'assister au prochain cours de Chourave... Hannah a failli mourir !

Et de montrer ses mains souillées de terre pour appuyer ses dires. Parfaitement dégoûtant !

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XXX

L’idée de s’excuser auprès de Susan rendait Lavande un peu nerveuse. En effet, la préfète allait-elle accepter de pardonner la minable Gryffondor ? Celle qui avait hurlé à la trahison ? Celle qui avait quasiment coupé les ponts pendant près d’un an ?
Oui probablement car c’était Susan après tout, mais il n’empêchait que Lavande n’était pas vraiment tranquille ni 100% sûre d’elle sur le coup. C’est pourquoi elle avait essayé de se préparer au mieux à cette rencontre.

Une fois face à Susan, la blondinette se composa un sourire un peu gêné et s’apprêta à abreuver la rouquine d’un flot de paroles, mais la Poufsouffle ne lui en laissa pas le temps. Elle l’avertit en effet d’un danger qui la guettait et qui concernait son prochain cours de Botanique.

“Oh…”

Lavande avait réellement été surprise par cette remarque et resta un instant bloquée sur place, la bouche en cœur à ne savoir que dire. C’est seulement ensuite qu’elle réalisa la gravité de la situation : Hannah avait failli mourir !?! Ouahou, ça avait de quoi faire vraiment flipper ce cours !

« Hannah ? Et heu… Elle va bien ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? »

Dans un moment dramatique comme celui-ci, Lavande pouvait imaginer le pire… Mme Chourave était peut-être victime de l’Imperio… Oh non, pas Mme Chourave alors qu’elle faisait partie du Top 5 des personnes vers qui Lavande se serait tournée en cas de problème Voldemoresque…
Pour sûr la Rouge-et-Or n’irait pas au prochain cours de Botanique, heureusement qu’elle était allée voir Susan finalement !

Loin de penser que son idée d’Imperio était ridicule, Lavande ne se laissa toutefois pas effrayer bien longtemps. En effet, les autres élèves ne semblaient pas pris de panique donc pourquoi la Gryffondor le serait ? Ensuite elle ne perdait pas de vue qu’elle avait une importante conversation à tenir avec Susan.

« Attends viens, on va pas rester là… Tu vas me raconter… Après j’aurais un truc à te dire… »

Elle attrapa alors son amie par la main et l’entraina à sa suite sans lui demander son avis. Elles avancèrent d’un pas rapide et arrivèrent presque essoufflées en vue du château. Lavande hésita à entraîner la préfète dans le château mais opta finalement pour un banc non loin d’ici (après tout il faisait beau ^^).

Se laissant tomber sur le banc pour mieux reprendre ses esprits, elle releva les yeux vers Susan… Le moment de s’excuser approchait à grands pas et à cette idée, Lavande sentit comme un poids tomber sur son estomac.

¤ Je dois faire ça vite… Ça sera moins douloureux… ¤

« Oh Susan j’suis trop idiote… Excuse-moi… »

Et elle masqua alors son visage dans ses mains, ne laissant apparaître que ses yeux… Ce geste n’avait pour but que de masquer la rougeur de ses joues, mais un regard extérieur aurait très bien pu croire que c’était pour empêcher Susan de voir d’éventuelles larmes (Lavande ou l’art d’en faire des tonnes ^^).

Susan avait tiré un mouchoir brodé aux initiales Q.M de la poche de sa jupe (la salissant du même coup un peu plus) et entreprenait à présent d'enlever le plus gros de la terre de ses mains. En réalité, il s'agissait bien plus de se trouver une occupation pour éviter de rougir comme une idiote en tripotant les boutons de son gilet plutôt que de réellement tâcher de se rendre plus présentable. Car, le premier moment d'hébétement passé, la rouquine avait subitement réalisé la situation : Lavande, là, face à elle, après une année de silence buté et d'évitement diplomatique ! C'était tout bonnement inconcevable.
Malheureusement pour la Poufsouffle, son mouchoir devint rapidement noir de terre et, de ce fait, parfaitement inutilisable. Quant à le remettre dans sa poche... Susan lança un coup d'oeil distrait au petit bout de tissu et esquissa une grimace avant de le rouler en boule et de le fourrer dans son sac de cours. Bouh ! C'était vraiment sa veine ! Lavande l'abordait visiblement sans avoir l'intention de lui péter la gueule et il fallait qu'elle soit sale, échevelée, bref, en un mot "souillon". Ce qui ne devait probablement pas échapper à l'oeil acéré de la si parfaite Lavande Brown.

*Bon sang, si après ça elle ne réduit pas ma vie sociale en miettes... Déjà que je suis très étonnée qu'elle ne l'ait pas fait dès septembre...* songea-t-elle, en piquant un fard monumental et en piquant du nez en direction de ses chaussures. Certaines choses ne changeaient pas.

- Hannah ? reprit-elle toutefois bravement (tant qu'à mourir, autant que ce soit la tête haute), Oh, elle a été sauvagement attaquée par une plante Babel. Une chance que la petite ordure ne lui ait pas explosé le nez... précisa-t-elle en pinçant le nez d'un air désapprobateur.

Franchement, ce TP, c'était vraiment du grand n'importe quoi ! Pire que les mandragores en seconde année !
La Poufsouffle releva la tête, le temps de jeter un regard anxieux aux alentours, des fois que Chourave aurait été à portée d'oreilles avant de poursuivre avec une moue qui en disait long sur le calvaire qu'elle venait de traverser :

- Et Justin a failli se faire boulotter le doigt... C'était affreux... Affreux... répéta-t-elle d'une voix tremblotante.

Tout plutôt que de revivre une heure de cours comme celle-ci ! Susan fronça les sourcils et secoua la tête pour chasser ce souvenir. D'ailleurs, Lavande n'était probablement pas venue la voir pour avoir des informations sur la botanique ! Non ! Dans ce cas, elle aurait été trouvé Padma Patil (puisque Serdaigle et Poufsouffle étaient rassemblés, en herbologie. A croire que l'administration trouvait amusant de mettre les Serpentard et les Gryffondor dans les mêmes pièces !).
La Poufsouffle s'apprêtait à renchérir quand Lavande lui prit subitement le bras pour l'entraîner jusqu'à un banc, quelques mètres plus loin. Hé oh ! Doucement, doucement ! Elle sortait d'une épreuve traumatisante, inutile de courir !
Miraculeusement, Susan parvint à ne pas trébucher en suivant, cahin-caha, son amie. Mais si elle avait été échevelée, avant ce petit jogging improvisé, ce n'était absolument rien à côté de l'état de sa chevelure en arrivant au banc. A côté d'elle, Hermione Granger était le comble de l'élégance.

A bout de souffle, Susan se laissa tomber sur le banc et gratifia Lavande d'un coup d'oeil interrogateur. Et maintenant, il se passait quoi ? Elle lui posait un ultimatum ("C'est Quentin ou c'est moi !") ? Elle lui faisait la morale ? Elle lui donnait vingt bonnes raisons de lâcher Quentin ? Vingt seulement ? Petite forme, Lavande ! Elle s'excusait platement en...
... Hé attendez ! Elle s'excusait platement ? De plus en plus perdue, Susan écarquilla les yeux de surprise. Alors c'était ça ? Lavande était venue lui demander pardon ? Après presque un an ? Mais pourquoi... Que s'était-il passé dans la vie de la Gryffondor pour qu'elle change d'avis, elle qui était une des plus ferventes anti-Serpentard de cette école ?
La rouquine cligna rapidement des yeux, dans l'espoir vain de chasser la crise de larmes qu'elle sentait monter en elle, avant de répondre d'une toute petite voix contrite :

- Oh... Lavande c'est... C'est... Je veux dire... Ce n'est pas à toi de demander pardon... C'est... C'est... C'est moi. Tout est de ma faute ! Je n'aurais pas dû te le cacher...

Et de se mettre à trembler du menton. Oui, du menton. Farpaitement.