Pourquoi j'existe, pourquoi je pleure [PV]

Adrien ne pétait pas la forme et on supposait que tout le monde dans son entourage s’en était rendu compte. Mais en connaissaient-ils la cause ? Voilà qui était moins sûr. Adrien était quelqu’un d’assez discret qui n’étalait pas sa vie privé à tout va – Megan s’en chargeait pour lui – et qui dans l’immédiat se passait très bien de la pitié d’autrui. Pourtant, ce matin là, lorsqu’il croisa Elizabeth au détour d’un couloir et qu’il ne la vit pas… un malaise remonta en lui. Il venait de bousculer son amie parce qu’il avait l’esprit totalement vide, à deux doigts de faire une crise de mutisme, et il ne savait plus du tout où il en était. Le temps qu’il réalise que c’était bien Elizabeth qui était devant lui et qu’il comprenne qu’il devait s’excuser plusieurs secondes s’écoulèrent durant lesquels un silence pesant régna entre les deux amis. Adrien regardait d’un air absent sa camarade sans même penser à prononcer un mot. Quand il prit la parole ce fut comme si on venait de lui filer un coup de jus et que de l’électricité le parcourait pour le faire (enfin) réagir.

« Pardon Eli ! Je… J’avais l’esprit ailleurs… » Ce qui n’était pas peu dire. Après sept mois sans aucune crise de mutisme, il devait maintenant lutter à chaque instant pour ne pas en faire. Une part de lui avait confiance, ça passerait en même temps que son chagrin, mais l’autre, plus défaitiste, se disait que c’était inéluctable… tout ce qui a un début a une fin… même lui. Il était peut-être temps que son esprit retourne pour de bon vers une inconscience rassurante. Une montée d’angoisse lui prit la gorge et alors qu’un Serpentard passait dans le couloir déjà sombre en ce début de soirée, il se colla contre le mur comme pour se cacher. Il jeta ensuite un regard désespéré à Elizabeth avant de se glisser par terre le long du mur. « Cela ne va pas du tout, pas du tout, du tout… » Murmura-t-il d’une voix faible comme si Elizabeth n’était pas capable de constater d’elle-même qu’Adrien n’était pas bien du tout. Prenant sa tête entre ses mains, il continua à murmurer d’une voix à peine audible. « Mais qu’est ce qui ne va pas chez moi… pourquoi est-ce que… ? » Mais il ne termina pas. Il leva les yeux sur son amie… probablement l’une de celles dont il était le plus proche si on exceptait Anabelle. « Pourquoi est-ce qu’elle m’a quitté Eli ? Suis-je vraiment condamné à aimer toujours sans retour ? » Qu’Elizabeth ait eu vent de la rupture d’Adrien et Heaven ou non, elle était maintenant mise au parfum. Un parfum acre et lourd qui entourait le Poufsouffle d’une odeur de mort… comme s’il était en train de se couler lentement dans son chagrin. Il n’avait jamais rien su faire d’autre que de sombrer dans le noir de son esprit à chaque fois qu’un problème se présentait et il aurait aimé agir ainsi encore une fois… s’il se débattait encore c’est parce qu’il nageait entre deux eaux. Heaven n’avait pas été méchante, ce n’était pas sa faute, c’était la sienne, il n’était pas assez bien pour elle, il l’avait toujours su… Mais malgré tout ce qu’il pouvait se dire une part de lui aspirait à la facilité que les crises de mutisme lui apportait… Peut-être devrait-il couler une bonne fois pour toute…

Nul doute pourtant qu’Elizabeth ne sera pas de cet avis !

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Sortant de la bibliothèque de l'école pour avoir terminé un exercice de sortilèges, Elizabeth se dirigea en direction de sa salle commune. Elle était assez pensive, se demandant ce qu'allait devenir l'école. Ça la pétrifiait, de savoir que les nés-moldus étaient indésirables à l'école et que la présence des sang-mélés était tout juste tolérée. Bon, il y avait quelques sangs pur qui risquaient tout autant, Susan par exemple, de par sa famille, mais il fallait bien se rendre compte que Poudlard n'était à présent plus un endroit sûr.

C'était à prévoir, avec le décès d'Albus Dumbledore, le seul qui garantissait à l'établissement une sécurité maximum et totale. Là, toutes les figures magiques importantes de ce monde avaient ou périt dans d'affreuses circonstances, ou bien étaient portés aux abonnés absents. Harry Potter par exemple, qui avait formé l'armée de Dumbledore, n'était plus à Poudlard, ainsi que ses deux amis Ron et Hermione. Elizabeth avait tout de même eut vent grace à Susan de la reformation de l'armée de Dumbledore, ce qui avait eu un effet tout positif sur sa journée de malheurs.

Alors qu'elle pensait combien les réunions de l'AD allaient être importantes une année encore, la quatrième année ne se rendit pas compte que quelqu'un était devant elle. Elle percuta le jeune homme de plein fouet au détour d'un virage et constata avec plaisir (oui enfin, elle était pas heureuse de lui avoir fait mal, mais plutôt heureuse de le connaitre) qu'il s'agissait d'Adrien. Ils mirent tout deux plusieurs secondes à comprendre ce qu'il leur arrivait. « Pardon, moi aussi... » Répondit elle en reprennant peu à peu ses esprits. Un jour ou l'autre iI faudrait songer à dessendre de son nuage petite Poufsouffle, toi aussi d'ailleurs petit Poufsouffle, ça n'ammene pas que des bonnes choses !

Un Serpentard passa quelques secondes plus tard près d'eux et Adrien se plaqua au mur, ce qui eut pour effet de faire écarquiller les yeux d'Elizabeth envers son ami. Qu'est-ce qu'il avait fait ? Bombasouses posées dans la salle commune des Serpentard ? Lancement d'un ragot sur un vert et argent peut être, qui sais... ? Elizabeth ne compris pas du tout, mais quoiqu'il en était, Adrien n'était pas tranquille, loin de là. Il confirma ses pensées en lui disant que ça n'allait pas du tout. On avait cru comprendre oui. Quand son ami se laissa tomber au sol, Eli l'écouta parler puis compris assez rapidemment. Heaven l'avait quitté, ce qui en soit était une surprise pour Elizabeth, elle n'avait pas eu vent de la nouvelle.

« Oh ! Je suis désolée... Bien sûr que non Adrien, tu la trouveras forcement la fille de tes rêves. Quelqu'un n'attends que toi tu sais, j'en suis persuadée... » Oui, il était évident pour Eli qu'un garçon comme Adrien trouverait forcement la fille idéale, sa fille idéale toujours. Il s'était vu ? Un garçon comme ça c'est forcement un garçon casé, les gens biens ça ne court pas les rues de nos jours et Adrien avait juste fait un premier mauvais choix. La jeune fille se pencha sur son amie et vint s'asseoir à ses côtés Brrrr c'est froid. pour poser sa main sur son épaule. C'était toujours triste de voir un ami mal en point, en particulier quand la cause était un chagrin d'amour. Fort heureusement ça finirait par passer, mais pas encore hélas...

Adrien était trop polie et trop gentil pour laisser éclater la colère que nourrissait son cœur. Tout son être lui faisait mal, il avait l’impression que sa maladie lui enfonçait des aiguillons dans la chair pour bien lui faire comprendre qu’il ferait mieux de se laisser aller et de s’endormir… peut-être pour toujours. Mais il en était hors de question. Il ne se mettrait pas en colère quelque soit sa douleur et il ne tomberait pas une fois de plus dans la solution de facilité qu’était l’inconscience. Depuis qu’Heaven l’avait quitté, il en était déjà à trois crises, il ne laisserait pas une quatrième l’assaillir… Même si la souffrance morale se transformait peu à peu en souffrance physique. Etait-ce volontaire ? Peut-être, de manière inconsciente… car il était bien plus simple de lutter contre ces aiguilles sur tout son corps que contre le rejet de Heaven.

D’un geste las qui contrastait avec la crispation de son visage, il posa la main sur celle de son amie. « Tu peux me le dire… que c’était idiot… » sous entendu d’y avoir cru, d’avoir pensé rien qu’un instant que peut-être il était assez bien pour Heaven. Il n’aurait jamais dû se laisser embarquer dans cette relation… c’était peut-être beaucoup de bonheur mais il en résultait maintenant une trop grande souffrance. Les premiers mois, il était sur ses gardes, il se disait que ça ne durerait pas… mais au bout de quelques mois, il avait fini par se laisser aller dans cette atmosphère agréable et la chute était rude, le sol dur, et il ne savait pas s’il pourrait se relever. Probablement que si. Il n’avait que 14 ans après tout, il avait encore toute la vie devant lui…

« Il n’y a pas de rêve, ni de fille de mes rêves… d’ailleurs, je pense que je ne suis pas fait pour toutes ces histoires d’amour… » On sent qu’Adrien n’est pas un adepte de la positive attitude. Il n’avait aucune envie de retenter ce genre d’expérience malheureuse avec une autre fille… de toute façon, il était un bien meilleur ami que petit ami. Il resterait avec Belle [surnom d’Anabelle] et avec Elizabeth, ses deux vraies amies, et puis c’est tout. Cela lui convenait très bien. De toute façon, à l’heure actuelle, il avait beau se faire la morale, il avait l’impression qu’il n’arriverait jamais à oublier Heaven. Pourtant des filles bien, ce n’était pas ce qui manquait dans l’école mais il ne pouvait pas oublier son premier grand amour aussi rapidement…

« Mais je ne veux pas t’ennuyer avec tout ça, tu dois sûrement avoir mieux à faire que de rester avec moi. » Et il tenta un petit sourire, celui du bon petit soldat qui blessé sur le champ de bataille assure à son camarade que non, non, tout va bien, il ne faut pas s’inquiéter pour lui. Enfin, il faut voir le côté positif dans tout ça, le jeune Sallers était bien trop occupé à lutter contre son chagrin personnel pour penser aux ennuis du monde magique… Nul doute que ça finirait par arriver mais pas encore, pas tout de suite. L’adolescent est une créature étrange et un rien égoïste… même lorsqu’il est aussi gentil et Poufsouffle que ce bon Adrien !

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Dans la vie on compte les copains, les amis, et les très bons amis. Les copains on les voit tous les jours, on apprécie leur compagnie, mais on ne les invite pas à une soirée d'anniversaire. Les amis, ont les voit moins souvent, peut être pas tous les jours, mais on sait que l'on peut compter sur eux. Si vous avez besoin d'un conseil, vous savez qu'ils vous aideront sans problème, et de tout type, affectif, scolaire, et même familial. Ceux ci, les amis, on ne peut pas vraiment se passer d'eux, et on sait qu'ils occupent une grande place dans notre vie actuelle. Enfin il ya les très bons amis, ceux sur qui on peut compter, mais qui en même temps occupent une partie intégrante de votre vie. Vous les cotoyez souvent et vous savez que vous continuerez à le faire pendant longtemps. Ils sont dignes de confiance et leur présence est pour vous quasi-indispensable. Ils sont de vrais piliers dans votre vie et si un vous quitte vous savez que tout sera radicalement différent.

Adrien faisait partie de cette catégorie là. Eli le connaissait depuis à présent 3 années entières et le jeune garçon était devenu pour Elizabeth comme un frère. Elle savait qu'elle pouvait tout lui dire et en échange elle savait qu'il faisait de même. Rien n'était tabou entre eux, et dès qu'ils se voyaient ils passaient toujours d'excellents moments. Vous imaginez donc comment pouvait bien être Elizabeth quand elle voyait que son ami était à deux doigt de tomber dans une nouvelle crise de mutisme, comme elle l'avait déjà vu faire. Certes une rupture amoureuse était plus que douleureuse, mais c'était dans ces moments là que les amis étaient les plus importants, pour ne pas dire vitaux. En parfaite Poufsouffle qu'elle était, Eli ne pouvait qu'aider son prochain, en particulier quand le prochain en question occupait une si grande place dans sa vie.

Quand Adrien lui dit que ce qu'il avait été idiot, la 4ème année ne jugea même pas nécessaire de répondre, tellement il était idiot qu'il pense ça. L'amour n'était pas idiot, la seule idiotie était d'y résister, pas d'y céder. Ainsi la jeune fille le regarda, d'un air désolé qui se changea assez rapidemment en un regard rempli de bonne volonté. Elle se leva d'un bond et se plaça devant le garçon, les mains posées sur ses hanches d'un air franchement décidé. « Adrien Sallers tu vas te lever et reprendre goût à la vie, c'est moi qui te le dis ! » Elle tendit la main à son ami qui hésita un moment, puis se décida à faire de même d'un geste las. Assez vive de nature, Elizabeth lui attrapa la main et le souleva presque seule. Certes Adrien n'était pas un gros gabari, mais bon il fallait admettre qu'elle non plus.

Une fois debout, Eli regarda son ami dans les yeux. Il avait vraiment pas bonne mine, c'était dommage, lui qui était si mignon. Oubliant ce qu'elle avait à faire, la jeune fille décida de rester avec Adrien un bon moment. Elle ne comptait pas le convaincre du pouvoir de l'amour aujourd'hui, parce que cela ne servirait à rien. Il n'était pas disposé à écouter et s'il l'était, il allait évidemment se dire qu'elle disait tout ça uniquement pour le consoler, ce qui était bien évidemment faux. Ainsi la jeune fille était tentée de lui jeter un sortilège d'allégresse, histoire qu'il retrouve son sourire, parce que là vraiment, ça n'allait plus. En même temps, un sort pour résoudre un problème affectif, c'était loin d'être l'idéal. Ainsi comme durant un contrôle Elizabeth se mit à réfléchir très rapidemment pour trouver ce qui pourrait remonter en partie le moral de son ami.

L'idée jaillit comme une évidence. Quand vous étiez déprimés vous, vous faisiez quoi ? Limpide ! Enfin ! Tout le monde sait ça ! « Suis moi, et je t'interdis de protester ! » Mieux vallait ne pas contrarier Elizabeth quand elle avait une idée en tête. Non pas qu'elle puisse être particulièrement aggressive, mais mieux vallait laisser couler, c'était plus sûr. La jeune fille tira d'un geste vif la main d'Adrien qu'elle tenait toujours. Elle se mit à marcher – vite – comme à son habitude, à travers le couloir, en direction des escaliers. Le pauvre Adrien ne savait pas ce qui l'attendait mais elle s'en fichait, car elle, elle savait ce qu'elle allait faire et savait aussi que c'était une bonne idée, pas de discution possible donc. (Qui a dit tyrannique ?) Marchant toujours plus vite, à la première occasion Elizabeth dessendit les escaliers pour se rendre au plus près de sa salle commune. Elle avait trouvé un moyen pour remonter le moral d'Adrien, bien que certes, elle n'était pas sûre qu'il fonctionnerait sur lui, mais elle savait déjà que sur elle il avait maintes fois fait ses preuves.