Une fille c'est chiant [PV]

C’était le grand jour ! Nous sommes le 28 septembre et Fredericke avait passé toute la soirée de la veille en fraude dans les cuisines pour préparer un énorme gâteau au chocolat pour Vincent. Il y a un an jour pour jour, Vincent venait la déranger en plein jeu pour se moquer d’elle et, aussi étrange que cela puisse paraître, elle avait réussi à devenir ami avec lui. Cela ne faisait qu’un an et pourtant, elle avait l’impression que cela faisait des siècles tant l’année avait été riche en évènements. Il y avait d’abord eu leur moment assis sur le rebord d’une fenêtre, le bal de noël, leur pique nique sous la neige, la bataille de nourriture, Sterne, les problèmes avec ses parents, avec Tobias, les problèmes avec Vincent lui-même aussi… Bref, autant de choses qui faisaient que Fredericke avait l’impression que son meilleur ami et elle cela faisait plus longtemps qu’une seule petite année.

Toute pimpante, elle avait mis un jean et un pull moulant vert foncé col roulé. Bon, il y avait le côté moulant mais sinon, c’était tout à fait le genre de tenue que Vincent aimait lui voir. Pas celles qui la mettait le plus en valeur pourtant mais Vince était étrange quand on parlait fringue… Fred’ n’arrivait jamais à le suivre. A l’entendre, tout les hommes de la terre étaient des pervers… ce qui était statistiquement impossible, surtout vu la moyenne d’âge plutôt jeune de l’école. Les mecs de 17 ans se moquaient comme d’une guigne d’une fillette de treize ans et les garçons de l’âge de Fred’ n’étaient encore que de jeunes ados pas assez vieux pour s’intéresser aux filles. Mais ça faisait longtemps qu’elle avait abandonné l’idée d’argumenter.

Après une dernière vérification [c’est bon, son pull était assez long ? on ne voyait pas son ventre ?], elle sortit avec son gâteau plus large qu’elle de la salle commune des Gryffons pour se rendre près de l’entrée de celle des Serpentards. Il était tôt mais Vincent ne tarderait plus. Fred’ le connaissait comme sa poche. Quand il sortit enfin, elle lui tendit le gâteau avec un grand sourire « Joyeux Anniversaire ! ». A noter que sur le gâteau, Fredericke avait écrit en lettres blanches (en sucre) quelques mots « Nos un an d’amitié » qui devrait mettre Vincent sur la piste si sa mémoire lui jouait des tours.

Avouons que la lionne n’était pas peu fière d’elle. Elle cuisinait souvent parce que ça lui permettait de s’occuper les jours où elle n’avait ni répétition de danse, ni entraînement de quidditch, mais voilà… là c’était carrément la taille au dessus ! ça changeait des cookies et autres petites pâtisseries qu’elle lui faisait de manière quasi journalière pour son goûter (oui, elle chouchoutait beaucoup Vincent). « C’est tout du chocolat, juste l’écriture c’est du sucre cristallisé. Je pense l’avoir réussi sans vouloir me vanter ! » Qui en douterait alors qu’elle rayonnait comme un soleil, les flammes des torches du cachot se reflétant dans l’auréole de ses cheveux blonds ? Personne. D’ailleurs, Tobias qui passait leur jeta un coup d’œil presque haineux mais ne resta pas pour attendre qu’on lui dise quelque chose. Ce genre de mièvrerie, ce n’était pas son truc…

Mais c’était tout à fait celui de Fred’ ! Bah oui, ils l’oubliaient souvent tous mais… elle est une fille !

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De colère, Fredericke manqua lâcher le gâteau. Heureusement, son instinct de conservation était suffisamment fort – son orgueil aussi – pour que la nuit passée à faire ce gâteau l’empêche de le massacrer pour la forme. *Inspire, expire, tout va bien. C’est un mec, les mecs sont tous des cons, tu le sais…* Elle se raisonnait intérieurement bien qu’en voyant Vincent et son air ahuri, elle fut passé du rouge vif au blanc craie. A son retour de « joyeux anniversaire » tardif, elle répondit d’un ton sec « Effectivement. » Car après tout, il était toujours aussi égoïste et centré sur lui-même que la première fois qu’ils s’étaient vu. Ce jour là, il l’avait trouvé étrange parce qu’elle aimait jouer à la marelle seule. Elle lui avait fait comprendre que ses opinions ne concernait que lui et qu’elle était libre de faire ce qui lui plaisait. Par un concours de circonstance, leur deux solitudes n’avaient plus fait qu’une et maintenant, Fredericke pensait compter pour quelqu’un… sauf qu’elle devait sûrement se tromper. Vexée mais prudente, elle préféra enfouir sa colère et – pour la première fois de sa vie – agir en vraie fille. Elle lui tendit le gâteau d’un air boudeur. « Mets le dans ta salle commune, tu pourras le partager avec tes camarades ce soir, ou le manger entier, comme tu veux. » elle tentait de garder un ton neutre mais son amertume était lisible. Elle ne tenait pas à se fâcher avec lui, même si son col roulé la grattait affreusement, et que l’idée qu’elle pense plus à Vincent que lui à elle l’énervait beaucoup… Elle prenait donc sur elle d’une manière très féminine, martyre et silencieuse, elle se contentait d’afficher sa morosité.

Son ton ne laissait pas de place à la discussion. Vincent avait été obligé d’aller porter le gâteau à l’intérieur, de toute façon, ils n’allaient pas se trimballer avec toute la journée. Quand il revint, Fred’ était adossée au mur, l’air sombre. Son jolie sourire s’était évanouie et elle ruminait de noire pensée sur la relation qu’elle entretenait avec son meilleur ami. Oh bien entendu, c’était elle qui était la plus affectueuse des deux… mais ça ne la gênait pas beaucoup car c’était dans leur nature respective d’être ainsi. Fredericke était un peu collante et câline tandis que Vincent était réservé et protecteur. Sauf qu’elle commençait à douter de cette réserve justement. Peut-être qu’en fait il ne l’aimait pas, ou plus ? Et son cœur se serra.

« Bon, on va petit-déjeuner ? » dit-elle en s’apercevant de la présence de Vincent et en se décollant du mur avec grâce. Un autre matin, elle aurait pris le bras de Vincent et se serait collé sans aucune décence à lui tout en bavassant sur des sujets aussi futile que le dernier flirt en date de Serena ou son dernier record de vitesse à l’entraînement de Quidditch. Là, rien. Elle essayait de trouver un sujet de conversation tout en ayant pas envie de parler la première. Une part d’elle avait envie d’être comme d’habitude et de ne voir dans cet oubli qu’une défaillance masculine concernant les dates… L’autre voulait lui faire regretter toutes les fois où elle pensait à lui (à eux) et qu’il ne le lui rendait pas ou alors très mal. Entre les deux son cœur balançait… d’où cet étrange silence…


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Fredericke se stoppa au milieu du couloir et plongea son regard azuré dans celui de son meilleur ami d’un air fier et à la limite du hautain. Que voulez-vous, c’était Fredericke, quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle le montrait ! Enfin là, elle se retenait mais il ne fallait pas lui demander de mettre sa fierté de côté non plus. Elle avait prouvé plein de fois qu’elle aimait énormément son meilleur ami (d’ailleurs, elle devrait peut-être finir par se poser des questions mais c’est pas le sujet XD), lui en revanche, il l’avait laissé tomber pour le dernier bal de noël l’avait planté quand elle l’avait porté puis soigné, il lui avait même dit qu’il voulait mourir ! Elle en avait quand même supporté des vertes et des pas mûres de sa part. Il était temps qu’il le réalise sinon leur amitié finirait par imploser (sans compter que Fred’ n’était pas si solide qu’il semblait vouloir le croire !).

« Ce n’est pas qu’un problème de date Vincent ! Si c’était la première fois encore… » Sa voix n’était pas hargneuse, elle était même si neutre qu’elle en devenait glaciale. « Tu dis que je suis ta meilleure amie mais qu’est ce qui me le prouve ? C’est toujours moi qui vient déjeuner à ta table – alors que je déteste les autres serpentards et qu’ils me le rendent bien -, toujours moi qui te propose des sorties et encore je ne parle pas de choses plus graves et importantes que ça ! Parfois je me demande même si tu te souviens de mon anniversaire ! » Là, elle commençait peut-être à s’échauffer. Elle prit une profonde respiration et souffla pour se calmer, mettant ses mains devant elle comme pour montrer qu’elle ne voulait pas en parler plus.

« Passons, je n’ai dormi que trois heures cette nuit et je ne tiens pas à continuer cette discussion. De toute façon, je ne sais pas ce que j’espérais. C’est ma faute alors oublie et mange le gâteau ce soir. »

Sur quoi, pour clore le sujet, elle reprit sa marche d’un pas rapide et vif. Ses longs cheveux blonds flottaient dans son dos en rythme et elle passa deux doigts dans son col. Franchement, elle détestait les cols roulés, il pouvait rêver pour qu’elle en remette une prochaine fois (de toute façon, elle en avait pas d’autres !). En réalité, là où Vincent n’était pas malin [j’espère que l’auteur me pardonnera cette remarque XD] c’est qu’il était très facile d’amadouer Fredericke, surtout lui qui avait tant d’influence sur elle. Dès qu’il était un peu gentil, elle oubliait sa colère parce qu’elle était totalement versatile. Là, il n’avait fait que l’accentuer car il ne faisait que confirmer ce qu’elle pensait juste avant (soit qu’il n’accordait pas plus d’importance que ça à leur amitié) et même si elle essayait de le cacher, elle était plus blessée. Comme elle allait trop vite pour que ce soit naturel, elle ralentit jusqu’à se stopper, elle laissa sa tête tomber en arrière d’un air exaspéré.

Elle se retourna alors à nouveau vers son meilleur ami et posa les poings sur ses hanches.

« Bon. Est-ce qu’on peut faire un marché ? Je te pardonne pour de bon et je nous fais une tarte au citron pour demain et toi, tu penseras à m’acheter un petit cadeau pour noël ? Pour information, je veux le bracelet à breloque qu’on a vu cet été à pré-au-lard ! » Sur quoi, elle lui sauta au cou avec un grand sourire innocent. En réalité, elle était toujours en colère mais elle tentait une tactique différente, une tactique de fille… histoire de sauver cette journée, enfin pour ce qu’il y avait encore à sauver du moins.


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