Besoin d'un conseil ? LIBRE

En arrivant sur le Chemin de Traverse, la première réflexion qui lui vint à l'esprit concernait la fréquentation des lieux. Jamais cette rue qu’elle avait maintes et maintes fois emprunté n’avait été si déserte. C’était comme si tous les sorciers de ce monde s’étaient donnés le mot pour ne pas utiliser ce chemin le jour où Chris s’y rendait. Bien sûr, elle savait que la nouvelle place des partisans du Mage Noir y était pour quelque chose. Le monde de la sorcellerie avait peur mais Chris, comme d’habitude, ne prêtait pas attention aux risques ou aux autres conseils qu’on pouvait entendre ça et là, au sujet de se rendre seul dans des endroits d’ordinaires peuplés de sorciers. Elle n’avait prévenu personne quant à sa petite escapade sur le Chemin de Traverse. Elle devait absolument trouver un cadeau pour Josh, en guise de remerciement. Elle ne savait pas exactement quand ils se retrouveraient de la même manière ou s’ils auraient encore l’occasion d’être ensemble. Elle devait lui offrir quelque chose, juste pour lui prouver sa sincérité quant aux sentiments fraternels qu’elle ressentait pour lui. Elle n’avait donc pas d’autres choix que de se rendre ici, dans cette rue désormais quasiment vide. L’idée de donner un présent à un membre de sa famille était une coutume…mais trouver quelque chose d’original relevait parfois de l’improbable pour les sorciers communs…alors imaginez quel calvaire cela pouvait être pour une ado qui n’avait même jamais reçu ni offert quoique ce soit ! Pour sûr, l’intention y était. Mais réussir à dégoter ce qui pourrait lui faire plaisir, c’était une autre paire de manches à balai !

Alors que son regard passait d’une boutique à l’autre, elle se rendait compte que son choix devrait s’arrêter plus tôt qu’elle ne l’aurait cru. En effet, seuls quelques magasins subsistaient, la plupart ayant préféré de fermer leurs portes. Elle entra donc dans la boutique de farces et attrapes, pas franchement emballée et sûre d’elle. A l’intérieur, il y avait encore quelques personnes, des jeunes et moins jeunes essayant de nouveaux tours. Les pas de Chris étaient lents et peu assurés, comme si elle se trouvait en terrain inconnu, particulièrement dangereux. Ce n’était pas qu’elle avait une profonde aversion pour ce genre de lieux, simplement qu’elle n’avait pas jamais mis les pieds dans cet endroit. Elle regardait partout, d’une manière rapide et méfiante. Le moindre bruit la faisait se retourner. Ce magasin était une mine d’or pour qui aime s’amuser et faire rire. Pour Chris, ce paradis des farces ressemblait plutôt à une boutique trop étrange et trop peu familière. Elle inspira profondément avant de se diriger vers une allée vide. Son regard s’attarda sur l’étagère située en face d’elle. Plusieurs boîtes aux couleurs chatoyantes y étaient disposées, avec de multiples inscriptions défilantes, surmontées d’artifices aux bruits légers.

Les lèvres pincées, la jeune fille se demandait quelle boîte pourrait bien faire l’affaire…Laquelle serait plus intéressante, plus innovante, plus sophistiquée en matière de jeux magiques ? Trop de questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre, par manque de pratique. Il lui fallait trouver quelqu’un de mieux qualifié, qui puisse l’orienter dans ses recherches. Elle détacha alors son regard de l’étagère pour le poser au centre du magasin. Le propriétaire semblait occupé à expliquer les divers procédés de fabrication, concernant un jeu d’échec ensorcelé, à une famille visiblement toute ouïe. Chris, qui n’abordait que très rarement des inconnus, ne pouvait pas s’élancer vers eux et les couper en pleine leçon d’apprentissage. Elle resta donc là, debout dans cette allée, à attendre que la Providence lui vienne en aide par on ne sait quel miracle…

La rentrée était pour bientôt. Othello frémissait d'excitation rien que de se savoir à Poudlard. Même si, en apparence, on aurait dit que cette nouvelle ne semblait pas éveiller quoique ce soit chez lui, arborant toujours son visage indifférent. Tous ses achats étaient finis. Il avait reçu la liste des livres qu'il devrait étudier cette année et était allé les chercher en compagnie de son père qui lui, devait rencontrer des gens et passer à Gringott. Theobald Peele était quelqu'un de très discret à propos de ses affaires, la gestion de cimetières ne demandant surtout aucune exubérance. Othello respectait son père pour cela, sa façon d'être, courtoise et distante. Il admirait son père et l'enviait. Même si plus tard, ce dernier le formerait et à son tour il pourrait revêtir la classe de son paternel. Pas franchement rassuré de se rendre au Chemin de Traverse avec tout ce qu'on y racontait comme histoires en ce moment dans le monde des sorciers d'Angleterre, son père avait dit qu'ils ne resteraient pas longtemps, juste un passage pour prendre le nécessaire. Rien d'autre. Il avait été catégorique là-dessus. Mais c'était sans compter sur son rendez-vous, auquel il comptait emmener Othello pour qu'il assiste à la courte entrevue qu'il avait avec un sorcier d'âge mûr qui désirait enterrer son père en bordure de l'Écosse. Pas tellement emballé, Othello traînait les pieds, demandant à son père s'ils pouvaient s'arrêter ici et là devant les quelques boutiques du chemin de traverse encore ouvertes.

Alors qu'il attendait une réponse négative, son père lui donna l'autorisation, à condition qu'il n'aille pas seul dans l'Allée des Embrumes. Et qu'il n'y aille pas du tout en fait. Il ne devait parler à personne, du moins pas aux étrangers à l'allure suspecte, il ne devait pas s'éloigner du chemin principal, lui dire où il voulait aller. Pendant ce temps, son père irait rencontrer ladite personne et parler avec lui autour d'un verre au Chaudron Baveur. Il le laissa choisir quelle boutique le tentait le plus, en lui précisant qu'il viendrait le chercher dans la boutique, et pas dehors. Après un rapide tour d'horizon, Othello opta pour le magasin de farces et attrappes, Pirouette et Badin. Qu'il aimait bien d'ailleurs. Même si Zonko ou Weasley étaient elles-aussi des boutiques pleines de produits intéressants dont il en avait acheté quelques échantillons. En cet instant, il savait qu'il n'avait pas une mine d'or entre mains, son père ne lui ayant donné que quelques gallions, chose déjà bien mais Othello étant plus cupide qu'un niffleur ou un farfadet, il trouvait cela très peu. Il passa la porte de la boutique, salua le vendeur distraitement d'un signe de tête, alors que ce dernier était occupé à expliquer quelque chose à l'un des clients, puis s'en alla fureter les allées pour faire du lèche-vitrine et acheter quelques trouvailles.

Des bombabouses ? Pourquoi pas, il n'en avait presque plus. La semaine dernière, il avait vidé son stock sur la voiture des voisins, les Marsons, qui avait un fils un peu plus âgé que lui. Ce dernier était un vrai pot-de-colle qui réitérait au moins trois fois par jour sa demande à Othello pour qu'il vienne jouer au Fou-de-bol, un sport moldu dont Othello ne connaissait pas... Et qui de toue façon, l'intéressait au moins autant qu'un mendiant implorant quelques noises. Et puis quoi encore ? Lui, donner son argent ? Contre quoi ? Un sourire édenté peut-être ? Non. Qu'ils travaillent ces fainéants, ou qu'ils disparaissent de sa vue ! On ne pouvait pas dire qu'il se prenait pour l'armée du salut. Il n'était pas sans cœur, mais hors de question de prêter ou donner son argent. Y'avait d'autres samaritains pour faire ça, pas lui. Alors qu'il avait très envie d'acheter des baguettes farceuses, chose que sa mère trouvait horripilant et qui lui l'amusait beaucoup, et qui pouvait aussi très bien piéger ses futurs camarades de classe... Bien qu'Othello ait un sens de l'humour très spécial, qui lui est propre et qui se veut tout sauf " bon enfant "... il aimait ce genre d'ingéniosité sorcière, ce besoin de créer. C'était une façon de s'armer quelque part, et elle était originale et inattendue, ce qui était à son avantage. Après avoir sillonné et déambulé dans presque toute la boutique, mains dans les poches d'un œil observateur, il se retrouva dans le fond de la boutique, où seule une fille, une ado, bien plus âgée que lui, se trouvait. Peut-être était-ce une élève de Poudlard ? Ou pas. Il s'avança, intrigué par les boîtes qui jonchaient le mur et les étagères.

« On dirait des feux d’artifices… non ? » Dit-il à voix haute, sans vraiment attendre de réponse. Comme s'il s'était parlé à lui-même et espérait entendre une confirmation ou une infirmation de la part de la personne qui se trouvait également là.

Pour sûr, la surprise n'avait jamais été son fort. Alors qu'elle priait tous les dieux du monde, concentrée comme jamais sur cette immense étagère, une voix venue d'ailleurs la tira de ses songes d'une façon plutôt brusque. En sursautant, Chris avait eu un mouvement de recul en direction du mur de boîtes et quelques unes, aussi surprises qu'elle, vinrent lui tomber dessus. La jeune fille grimaça, poussant des jurons à peine audibles en direction des boîtes avant de se rendre compte que le brouhaha venait d'alerter le gérant. Fort heureusement, elle se dirigea vers le bout de l'allée en question pour lui signaler qu'il n'y avait rien de grave, que son matériel était en aussi bon état qu'auparavant. En revenant dans son allée, elle constata que la divine providence venait de lui envoyer un messie. Celui-ci ne ressemblait pas vraiment à l'idée qu'elle s'en était faite mais il n'y avait pas de quoi cracher sur la soupe. Au contraire, si elle avait pu s'exprimer autrement que par une mine totalement neutre, elle l'aurait gratifié d'un sourire. Elle s'approcha lentement de l'inconnu en question et se plaça face à lui, l'air abasourdi, plus en état de choque qu'elle ne l'aurait souhaité. En ouvrant légèrement la bouche, elle se rendit compte qu'elle ne savait pas quoi lui demander. Elle se seouvint alors qu'il avait parlé de feux d'artifices. Son regard se posa à nouveau vers l'étagère et elle annonça, d'une voix faible.

" Je n'en suis pas sûre. A vrai dire, je crois que l'emballage a changé... "

Elle se tourna à nouveau vers le messie, clignant des paupières, à la foi stupéfaite et intriguée. Celui-ci devait certainement se demander ce qui pouvait se passer dans la tête de notre charmante mademoiselle Layton, encore fallait-il qu'il soit extrêmement doué pour la légilimencie pour le découvrir ! Chris se tint un instant debout, face à lui, avant de se pencher pour murmurer.

" Excusez-moi...Est-ce que vous vous y connaissez en jeux ? J'aurais vraiment besoin d'aide... "

Elle qui croyait ne jamais devoir quémender de la sorte ! C'était mal parti...et avec un être divin, qui plus est ! Parce qu'elle était certaine qu'il ne pouvait être qu'extra-ordinaire, au sens litéral du terme. Sinon, comment aurait-il deviné qu'elle se trouvait là et qu'elle avait justement besoin d'aide ? Cela ne pouvait être autre chose, encore moins un élève de Poudlard, de sa maison et plus jeune qu'elle. Pour le moment, elle attendaot patiemment que le maître choisisse ou non de lui répondre.

HJ : je suis INFINIEMENT reconnaissante que quelqu'un m'ait répondu ! D'autant plus un excellent RPGiste ! Merciiiiiiiiiii Very Happy

Othello ouvra grand les yeux quand il vit sursauter la jeune fille, qui devait faire facile une tête de plus que lui, d'ailleurs même les gens de son âge étaient plus grands que lui, ce qui était loin de l'intimider, il savait que parfois le danger venait des petites créatures. Regardez les gobelins, par exemple. Il eut un bref mouvement de recul avant de reprendre sa place, puis de cligner des yeux en dévisageant la jeune fille d'un regard intrigué. C'est la première fois qu'il la voyait. De toute façon, il n'était pas un garçon très sociable, et ne connaissait presque personne chez les sorciers, et encore moins chez les moldus. Certes il avait sa famille, des cousins, des nièces, mais c'était des gosses qu'il côtoyait souvent dans un cadre complètement différent, ce n'était pas des amis même si une certaine fraternité avait pu germer entre eux. Alors qu'il se demandait s'il n'allait pas recevoir un pied de biche en travers de la tête, car la fille n'avait pas l'air d'être très équilibrée selon ce qu'il avait pu voir d'elle au premier contact, il garda quelques distances, de façon discrète. Puis, reporta son attention sur les boîtes en dégageant une mèche de cheveu rebelle qui venait de lui tomber devant le visage.

Elle avait raison cependant. L'emballage des boîtes, pour la plupart, n'était pas très courant. Lui qui venait de temps à autre ici s'en était rendu compte. Le lèche-vitrine était une des occupations qui ne le dérangeait pas, qu'il faisait sans animosité, car il se sentait dans son élément quand il était en contact avec le monde de la magie. Bien sûr, la situation politique le faisait flipper, comme à chaque personne douée de raison. Mais il se sentait mieux ici, que chez lui, et pourtant il aimait sa chambre, l'atmosphère qu'il avait lui-même installé dans cette pièce où il pouvait agir en secret, à l'abri de tous. Lui-même imitait la jeune fille, se penchant un peu mieux vers les boîtes pour tenter de lire si les étiquettes collées dessus pouvaient leur donner quelques informations. Il gardait les mains dans ses poches. Il avait depuis longtemps appris qu'il ne fallait rien toucher. Ni rien chaparder. Un jour, il avait voulu prendre une boîte dans un magasin d'objets vaudou de l'allée des embrumes, où son père était allé acheter une huile spéciale pour ses embaumements mortuaires. Heureusement qu'il n'avait pas ouverte ladite boîte en question, sinon il se serait fait avaler les yeux, selon le vendeur.

Lorsque la jeune fille lui adressa la parole, il ne tilta pas immédiatement. Il n'avait guère l'habitude de se faire vouvoyer. La plupart des gens tutoyaient les jeunes personnes, comme si d'une certaine façon les enfants n'étaient pas pourvus de la même estime que les autres. Finalement, il comprit qu'on s'était adressé à lui et feinta un sourire qui s'évanouit dans la seconde d'après. Est-ce qu'il s'y connaissait en jeux ? D'habitude, son père ne le laissait pas expérimenter les produits de farces et attrapes dans la maison, ni sa mère d'ailleurs. Car ce n'était pas lui qui devait ensuite récurer. Il n'y avait que le petit jardin, ou la petite cour parsemées de monticules d'herbes devrait-on dire, pour pouvoir tester ses produits. Bien sûr, à Poudlard, les choses seraient... différentes. En effet, il pourrait tester tout cela grandeur nature. Sur les autres. Il haussa les sourcils, songeur à sa propre réponse, puis mima une petite moue avec ses lèvres avant de répondre à la jeune fille. Quand à savoir, s'il pouvait l'aider, cela dépendrait de ses propres connaissances, qui n'étaient pas complètes, mais il connaissait un peu le domaine pour avoir si souvent regarder avec envie certains produits qu'ils avaient finis par s'imprimer dans sa mémoire. Aussi répond t-il avec simplicité et franchise.

« Eh bien… je connais un peu, oui. »

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'était pas un grand conversationneur. Bien que lorsqu'une situation demandant répartie se fasse sentir, il était aux premières loges et décidait avec patience des mots qu'il employait, suivant le sujet. Aussi, ce dernier n'était-il pas dangereux, la jeune fille ne pouvait pas avoir d'arrières-pensées, comme de l'empoisonner ou de lui crever les yeux. Et tant mieux. Même si ce n'était pas forcément rassurant pour autant. Car il était loin d'aimer qu'on le mette à l'épreuve... Aussi s'empressa t-il d'ajouter avant qu'elle ne put répondre quoique ce soit, d'un ton assuré mais où perçait une pointe d'anxiété toutefois.

« Mais… ça dépend ce que vous recherchez mademoiselle. »

La politesse. Toujours la politesse. Sa meilleure parure. Sa meilleure arme. C'était quelqu'un de poli face aux gens qui le méritait. Bien qu'il ne connut encore rien de la jeune fille, il était de nature méfiant et la politesse était un très bon rempart pour se méfier des autres ou pour mesurer l'ampleur de la demande, tout simplement. Sa politesse, on lui avait inculqué jeune. Normal, pour un fils de responsable de pompes-funèbres, faire preuve d'impolitesse était impardonnable et pouvait avoir des conséquences très néfastes pour le travail de son père et ses relations. Ce qu'il ne voulait surtout pas mettre en péril. C'était de son futur gagne-pain dont il s'agissait. Il se plaisait même à penser qu'il " allait tous les enterrer ". Et prendre leurs gallions au passage. Pour l'heure, il avait tourné sa caboche vers la jeune fille et la fixait dans le blanc des yeux. Il n'avait posé aucune question mais c'était tout comme, et attendait une réponse, aussi précise ou évasive fut-elle.

[HJ : Y'a pas de quoi ^^' J'ai bien aimé ton post, tout simplement, donc c'est moi qui te remercie, car en plus t'es la seule qui répond à tous les posts que j'ai fais xD]

Le temps qu’il mit à lui répondre sembla interminable pour notre pauvre Chris qui, perdue dans un monde parallèle aux côtés d’un être suprême, était comme suspendue à ses lèvres, appréhendant le moindre de ses gestes. Elle l’observa avec une patience extrême lorsqu’il grimaça légèrement, feintant de rechercher dans sa mémoire. Elle n’avait pas la moindre idée de son âge et n’apportait que peu d’importance à sa taille. D’ailleurs, elle n’avait pas pour habitude de s’attacher aux apparences, les trouvant plus trompeuses que véritables. Elle joignit ses mains en se tordant légèrement les doigts, signe d’anxiété naissante chez la jeune Serpentard. Elle s’imaginait déjà le pire, constatant avec effroi qu’il ne lui serait d’aucune utilité et que le destin se moquait d’elle, comme il aimait le faire. Pourtant, il ne s’agissait que d’un cadeau, une simple babiole aurait fait l’affaire. Connaissant Joshua, même un paquet de Bertie Crochue, où les seuls parfums restant seraient crotte de nez et poubelle, lui ferait plaisir, du moment qu’il venait de Chris. Mais était-ce cela qu’il était en droit d’espérer, après avoir illuminé l’été de sa chère cousine ? Elle avait une dignité et, il fallait l’avouer, une certaine classe qui l’obligeait à agir avec un discernement des plus snobe. Aussi, la perspective d’offre n’importe quel cadeau ne pourrait lui convenir. Elle devait trouver le plus formidable des jeux magiques, et ce même si cet être ne pouvait lui donner des conseils.

C’est alors qu’il daigna enfin lui adresser la parole, ouvrant la bouche pour placer une phrase expresse qui lui fit comprendre que le destin pouvait parfois être clément. Elle ne retint que le verbe principal de sa phrase, trop enjouée pour pouvoir comprendre le reste. Bien sûr, rien sur son visage ne pouvait représenter ce qu’elle éprouvait, quelle gratitude elle pouvait lui exprimer en ce moment même. Et pourtant, elle était pratiquement sûre que ses yeux étaient capables de pétiller. Il ne la laissa pas répondre, songeant à prévenir que ses capacités pouvaient de ne pas correspondre à ce qu’elle cherchait. Chris doutait fort qu’il soit aussi peu qualifié qu’il voulait bien le prétendre. Elle qui n’avait même jamais mis les pieds dans ce genre d’endroits, ne connaissance que ce que Josh avait pu lui montrer…il ne pouvait être aussi novice ! Alors, dans un léger mouvement de rapprochement, elle s’avança d’un bon mètre avant de reprendre la parole.

" Ce que je cherche ? A vrai dire…je n’en ai pas la moindre idée. Il faut que ce soit amusant, drôle et particulièrement innovant. Quelque chose de spectaculaire sans être encombrant, de manière à le transporter n’importe où, tout le temps, à chaque fois qu’on a envie de l’utiliser. N’importe quoi, du moment que ce soit grandiose et neuf. "

Ses paupières ne cessaient de cligner, tant ce flux de parole semblait inhabituel. C’était la première fois qu’elle alignait plus de deux phrases face à un parfait inconnu. Elle avait essayé de décrire du mieux qu’elle pouvait ce qu’elle imaginait pour faire plaisir à son cousin. C’était comme cocher des critères de sélection sur un questionnaire, en priant pour qu’ils aient ce qu’elle cherche en magasin. Apparemment, ce bombardement d’adjectifs avait laissé songeur notre génie des temps modernes. Chris attendait une réponse, trouvant pour seule occupation de tordre ses doigts sans le quitter des yeux.

HJ : moi aussi j'aime quand on me répond vite ! ^^ Désolée si je manque d'inspi' >< mais j'adore vraiment ta plume !

Othello attendait sagement une réponse, dans une posture désinvolte, avec les mains dans les poches de son pantalon et penchant la tête sur le côté droit, observant alternativement la jeune fille et les étagères devant lui. Pirouette et Badin était un commerce bon enfant, qui ne faisait que quelques nouveautés mais rien d'aussi spectaculaire que ce qu'il avait pu voir chez Farces pour sorciers facétieux, qui était de loin la plus colorée des boutiques avec Zonko en terme d'attrapes, même si elle avait bon nombre de produits qui lui, ne l'intéressait pas vraiment, à son âge. Pirouette et Badin, c'était une référence, d'après ce qu'il avait compris. Cette boutique existait depuis un bon moment déjà, du temps où ses parents étaient à Poudlard, voire avant. Il n'était pas un vendeur, aussi ne connaissait-il pas énormément les produits, et il ne s'arrêtait généralement que devant ceux qui lui accrochaient le regard, les plus visibles. Dire qu'il connaît le Chemin de Traverse par cœur serait un peu exagéré, il savait cependant s'y retrouver sans s'y perdre, du moment qu'il restait sur les chemins principaux et qu'il ne s'enfonçait pas n'importe où tout seul. Comme dans l'allée des Embrumes, entre autre. Il faut aussi souligner le fait que le Chemin de Traverse est grand, très grand, et qu'il y a des centaines de boutiques. Il n'en connaissait pas même la moitié, et pourtant, cela lui était égal car celles qu'il connaissait lui suffisaient amplement pour se divertir, pour l'occuper. Il écouta patiemment la réponse de la jeune fille, clignant très peu des yeux, chose normale car il la dévisageait, ce qu'il faisait toujours quand il rencontrait quelqu'un... Il ne pouvait s'empêcher de relever chaque détail de la personne à qui il adressait son regard. S'arrêtant souvent sur les imperfections, même s'il n'y apportait que peu d'intérêt réel.

La forme des yeux, la coupe de cheveux, l'état de la peau, tous pleins de détails qu'il regardait en quelques secondes, pendant que la personne était occupée à réfléchir, ou à parler. Les paroles de la jeune fille résonnèrent dans sa tête. Grandiose et neuf. Il haussa les sourcils, pas de beaucoup mais suffisamment pour marquer sa compréhension à la formulation qu'elle avait faite, qui était assez spéciale, il fallait bien l'avouer. Avait-il déjà une idée en rapport avec ce qu'elle venait de dire ? Peut-être. Mais pas forcément le genre d'idée qu'elle était en droit d'attendre. Il hocha la tête en quelques mouvements à peine perceptibles puis tourna la tête de gauche à droite. Ils étaient seuls dans ce coin de la boutique. Le gérant était encore en pleine discussion, à voix basse apparemment et il débitait des paroles à un grand rythme. Hormis ce comportement un peu suspect, qu'il ne releva pas, tout était parfaitement normal et l'on pouvait penser que le jeune Peele était un peu paranoïaque, méfiant. Il s'adressa à la jeune fille en fronçant légèrement les sourcils qui étaient restés d'ailleurs un peu haussés.

« Grandiose et neuf hein ? »

Il venait simplement de répéter ce qu'elle avait dit, en esquissant un sourire puis en décontractant les muscles de son visage. Il eut un rire quelque peu... amer, sans être désagréable pour autant, avec un sourire amusé sur les lèvres. Il enchaîna immédiatement, prévoyant que la jeune fille allait certainement lui poser une question sur son comportement. Pour lui, c'était assez évident. Il savait déjà ce qu'il allait dire aussi s'empressa t-il d'ajouter quelque chose avant même qu'elle n'ouvre la bouche, de sorte à ne pas avoir à la couper dans un élan soudain. C'était à la fois une façon d'être galant, mais aussi d'exprimer plus pleinement ce qu'il ressentait et de faire preuve d'un objectivité un peu plus concise en la matière.

« Du grandiose, je ne sais pas. Du neuf, oui, il y a quelques articles ici, et en vitrine. Et quelque chose de vraiment innovant ? Autant aller chez Farces pour sorciers facétieux, Wessley ou quelque chose comme ça... Eux, ils ont du dernier cri… Mais je ne sais pas si la boutique est toujours ouverte… »

Habitué à ne pas parler beaucoup, sa voix changeait de ton. Elle n'était pas aussi grave qu'il l'aurait souhaité, ce qu'il trouvait assez impressionnant chez les adultes, c'était le ton grave qu'ils avaient quand ils parlaient, on les prenait beaucoup plus facilement au sérieux sans faire détour. Sa dernière phrase avait été prononcée un volume en dessous des autres, car il avait le visage qui avait changé en une mine songeuse. Il avait dit la pure vérité, ce qui n'était pas courant, il avait donné son point de vue sur la question tout en étant assez sincère dans l'ensemble, seul peut-être le manque d'entrain et son côté flegmatique devaient être apparents, soulignant sa personnalité plutôt bien. Ce qui également, contrastait avec son manque de confiance en soi, c'était une façon de ne pas trembler de frayeur, même s'il se sentait dans ce magasin entouré d'une sécurité relativement plus forte que s'il s'était trouvé chez Barjow et Beurk sans son père ou face à une créature sauvage, un gobelin par exemple, qui ne lui attirait aucune sympathie. Et c'était réciproque, il n'avait jamais vu un gobelin sourire sans un air sournois derrière. C'était généralement le motif principal qui faisait qu'il ne restait guère longtemps dans Gringotts, préférant même accélérer le pas vers la sortie en revenant de son coffre.

[HJ: très gentil de ta part ^^' Et non, je trouve que c'est très bien comme réponse ! Moi aussi j'aime bien ta plume !]

Alors qu’il essayait de fouiller dans son esprit pour voir s’il trouvait quelque chose, la jeune fille n’avait d’yeux que pour lui…enfin, au sens plus littéral que poétique. Elle ne pouvait qu’admirer cet être survenu de nulle part pour lui prêter main forte et commençait à se poser des questions quant à sa provenance. N’était-il pas un mauvais esprit, sournois et diabolique ? Avait-il réellement l’intention de lui offrir ses services sans demander quoique ce soit en échange ? Pour quelqu’un d’extra-ordinaire, sa posture semblait inappropriée, de même que sa voix fluette. Il était gringalet, assez pour qu’on le confonde avec un enfant…mais Chris n’allait pas se laisser duper par cette supercherie, ça non ! Elle était persuadée d’avoir l’œil pour ce genre de chose et ne comprenait pas comment cela pouvait être différent dans de telles circonstances. Elle l’examinait à son tour, trouvant que ce déguisement était d’une qualité jamais égalée encore, tant il était parfait dans les moindres détails. Quelle créature était capable de fabriquer ce genre de modèle ?

" Stupéfiant… "murmura-t-elle alors qu’il continuait à faire quelques grimaces.

Cela aurait été un cadeau formidable que de pouvoir se transformer en n’importe qui le temps d’une journée. En traversant son esprit, l’idée s’imprimait et elle cherchait déjà à qui elle voudrait ressembler. A tout le monde, à une petite fille aimée et aimante, à un adolescent vivant sa passion jusqu’au bout des ongles, à un phénix sur le point de renaître, à un chaudron dans lequel seraient préparés les plus originaux et subtils mélanges. Elle divaguait complètement, comme à chaque fois qu’elle trouvait sujet à réflexion. La vie était remplie de questions…encore fallait-il trouver les plus intéressantes à exploiter.
La voix de l’être la fit revenir à la réalité et elle agrandit ses yeux, comme si elle pouvait mieux le voir ainsi ou être plus attentive. Il répéta les derniers adjectifs qu’elle avait utilisé, apparemment songeur. Elle acquiesça simplement, histoire d’affirmer une nouvelle fois que c’était ce qu’elle voulait et pas autre chose. Son rire lui glaça la peau, sans qu’elle puisse comprendre pourquoi…son air mystique peut-être ? Bref, il ajouta immédiatement les différentes possibilités qui s’offraient à elle et Chris se pencha encore pour être tout à fait dans la confidence, désirant protéger ces révélations des oreilles baladeuses de la boutique. Pour la seconde fois, son cerveau analysa les seuls renseignements nécessaires et elle opina encore en signe de compréhension totale. Elle l’observa un moment avant de demander.

" Qu’attendons-nous au juste pour y aller ? Si ce n’est pas la meilleure boutique, inutile d’y rester plus longtemps. Je ne tiens pas à m’enraciner ici. "

Sans plus attendre, la jeune femme ferma les yeux, ses paupières complètement plissées, tendant la main dans le vide, croyant qu’il allait la saisir. Une bonne minute s’écoula avant qu’elle n’ouvre une de ses paupières. Elle cligna des yeux et regarda de chaque côté.

" C’est bizarre…cette allée ressemble étrangement à celle que nous venons de quitter. D’habitude, lorsqu’on se transporte ailleurs, le lieu d’où l’on vient n’a rien à voir avec celui dans lequel on se trouve. Mais bon…je veux bien croire que tous les magasins de farces et attrapes se ressemblent. Après tout, ce n’est pas comme si j’étais une habituée ! "

Elle s’interrompit elle-même, plaçant sa main sur ses lèvres d’une manière délicate, impressionnée par ces phrases qui venaient de sortir de sa bouche. Sa voix avait presque une intonation, comme si elle était en mesure de dire ce qu’elle pensait réellement. Elle se contenta de cligner des yeux, regardant autour d’elle, certaine qu’ils se trouvaient dans une autre boutique. Il avait gardé cette même attitude, se contentant de la regarder sans vraiment comprendre.

HJ : désolée d'avoir été si longue ! Mon ordi est capricieux ><

Othello gardait nonchalamment la même posture, même s'il n'était pas non plus parfaitement à l'aise, qui pouvait bien l'être par les temps qui court ? Mis à part, peut-être, vous-savez-qui et ses fidèles. Son regard plongeait aléatoirement entre la jeune fille et sur les boîtes qu'il ne connaissait pas, très tenté d'en ouvrir une pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur. Après tout, il se trouvait peut-être quelques nouveautés valant le détour. Il en doutait, sceptique, gardant cette moue sur le visage qui déformait un peu ses traits. Il n'avait pas fait attention à ce qu'avait dit la jeune fille, ou plutôt à ce qu'elle avait murmuré entre ses lèvres. Peut-être même qu'à ce moment il n'avait rien entendu, ou alors il était passé outre... les gens qui se mettaient à parler à voix basse, plus pour eux-mêmes que pour les autres, il y en avait un paquet. Pas qu'ils soient tous fous, certains devaient certainement l'être d'ailleurs, mais réfléchir à voix haute était un bon moyen d'analyser une situation. Les cours de psychologie humaine qu'il avait reçus, bien que donné par son père qui était loin d'être très calé dans le domaine et qui versait aussi dans le grand-n'importe-quoi quand il s'enflammait sur un sujet qui le passionnait ou à contrario qu'il haïssait, lui avait permis de détecter plein de petits signaux chez les gens.

Il n'était pas allé en école moldue, il avait suivi, comme bien des sorciers de son âge, les enseignements de ses parents. Ce qui donnait de drôles de cours, qu'on ne trouverai pas en école moldue. Psychologie comportementale, écriture, lecture, calcul mental, classement des créatures magiques les plus courantes, mises en garde contre les êtres magiques, histoire de la royauté et de la noblesse sorcière avec un soupçon de généalogie familiale, cours de duel à l'épée... où d'ailleurs, il se révéla être très médiocre, manquant de réflexes, fougue et d'initiatives, que son père cessa de lui en donner. Importance du sang, bien évidemment, à placer dans le contexte. En bref, culture générale via les magazines et l'actualité, les incontournables du monde magique, le strict minimum, façon de s'habiller, de s'exprimer. Il détourna son attention en entendant la jeune fille parler à voix basse, sur le ton de la confidence. Il releva le " nous " qui était très significatif, elle l'incluait dans son projet. Il eut un bref mouvement de recul lorsqu'il vit la main de la jeune fille se rapprocher. Voulait-elle transplaner, ici, dans la boutique ? Il en doutait, c'était peu probable qu'elle puisse transplaner à l'intérieur d'une boutique, sinon les vols deviendraient monnaie courante de cette façon.

Mais avait-elle vraiment l'intention de l'emmener chez Wessley ? Il haussa les sourcils, un peu perdu devant un tel comportement qu'il en retira les mains de ses poches afin de les laisser tomber le long du corps, méfiant à l'égard de la jeune fille. Puis lorsqu'elle se remit à parler, il se demandait si elle avait percuté que les boutiques étaient munies de sortilèges anti-transplanage... Oui, peut-être. Mais il avait cependant reculé un peu, préférant garder ses distances, par peur. Il n'était plus aussi confiant qu'à son arrivée. Il hésitait entre s'enfuir à toutes jambes ou adopter une expression passive et las. Il préféra jouer la carte de celui qui ne comprenait pas, ce qui était le cas finalement. Il se racla la gorge, cherchant désespérément son assurance qui refusait de se pointer. Alors seulement il s'adressa à elle, ne la regardant pas de face mais en biais, les yeux grands ouverts et la voix chevrotante sans pour autant être complètement flippée.

« Je... euh... on est toujours au même endroit. » fit-il, par manque de mots.

Il tenta brièvement de se ressaisir et ajouta avant qu'elle n'ait pu dire quoique ce soit. Il fallait qu'il s'explique, car il avait trop peur d'une mauvaise réaction à son égard plus que de l'incompréhension simple et évidente, ce qui était également le cas dans la situation présente. Et quand bien même, une vague pensée lui traversa l'esprit. Avait-elle déjà l'âge de transplaner ? était-il en train de parler avec une adulte ? Il avait dû mal à s'en persuader, mais n'essaierait pas de tomber sur cette pente glissante, par peur de représailles ou autre. Certes il était parfois insouciant et assez sarcastique, voire cynique dans sa façon d'être, mais il avait comme idée que ce ne serait pas un bon plan à envisager pour ce qui se passait sous ses yeux, il préférait jouer ce qu'il était, un gosse de 11 ans, seul dans une boutique entouré d'adultes, et qui malgré les recommandations de son père s'était adressé à une parfaite inconnue. C'était stupide, il s'en rendait bien compte, mais préférait se justifier, même si cela lui ferait perdre du crédit.

« J'ai promis à mon père de rester ici. » avoua t-il, ce qui était la pure vérité.

Que dirait son paternel s'il n'avait pas obéi à son ordre ? Il se ferait passer un savon. S'il avait eu pleinement confiance en la jeune fille, il l'aurait suivi sans hésiter. Ce n'était pas le cas, il préférait se retrancher derrière des excuses, des prétextes, plutôt valables si on y regarde de plus près. Personne de son âge n'est assez fou pour se balader seul par les temps qui courent. Et même s'il informait le vendeur de dire à son père quand il viendrait qu'il était parti dans une autre boutique, il ne pensait pas recevoir des compliments pour sa grande clairvoyance et sa lucidité d'esprit... Mais bien l'inverse. Surtout que le vendeur l'informerait qu'il serait pari de la boutique avec une fille, plus âgée que lui, ce qui ne rassura pas son père. Sur ces quelques paroles, il baissa la tête, gêné.

Le fait qu’elle ne constate aucun changement quant au décor ne la troublait pas plus que ça. Après tout, tous les magasins de farces et attrapes devaient procéder de la même manière au niveau des rayonnages, non ? Apparemment, l’individu qui lui faisait face avait besoin d’avouer quelque chose, changeant son attitude désinvolte pour une méfiance craintive. Chris cligna des yeux, se penchant légèrement pour se rapprocher de lui alors qu’il reculait. La remarque qu’il fit concernant l’endroit où ils se trouvaient la fit reprendre sa place initiale, ses sourcils se retrouvant froncés. Elle leva les yeux au ciel, comme pour chercher une explication convenable à ce constat. Et si elle s’était trompée à son sujet ? S’il n’arrivait pas de la divine Providence mais bien d’un autre monde plus obscur ? Elle le toisa d’un regard inquisiteur, croyant pouvoir détecter un signe qui permettrait de savoir si oui ou non il était vraiment celui qu’il prétendait être…enfin, celui qu’elle croyait qu’il était. Parce que jusqu’à présent, elle ne l’avait pas laissé clairement parlé, le prenant immédiatement pour quelqu’un d’autre chargé de répondre à ses attentes. La deuxième phrase la figea sur place et ses yeux se firent tout à coup beaucoup plus grands.

" Votre père ?! Je suppose qu’il est quelqu’un de plus important, quelqu’un connaissant parfaitement son métier, je me trompe ? "

Elle supposait qu’il était bien trop occupé pour s’être déplacé en personne et avait préféré envoyer son fils pour l’aider…ou pour la manipuler. Chris croyait toujours dur comme fer que la personne qui lui faisait face était un être surnaturel mais n’avait aucune idée de sa race. Il n’avait d’un gobelin que la taille, et encore, elle le trouvait trop grand. Les créatures magiques comme les centaures ou géants étaient également à proscrire. Cependant, elle ne le voyait pas comme un sorcier, et encore moins comme un élève de Poudlard. Mais passons, la priorité revenait à Joshua et au cadeau qu’elle allait lui offrir, avec ou sans l’aide de ce prophète. D’une manière pressée, elle tordit ses mains et pinça ses lèvres avant de reprendre.

" C’est que…j’ai vraiment besoin de ce cadeau ! Vous ne seriez pas là sinon. "

Elle le regarda droit dans les yeux et s’approcha encore plus près, l’obligeant à se coller contre l’étagère. Elle finit par demander, dans une supplique sincère et profonde.

" Il suffit que nous y allions, que je choisisse un objet et nous serons revenu dans quelques minutes. Je pourrai parler à Monsieur votre Père et je prends l’entière responsabilité de cette escapade rapide. Juste quelques minutes, c’est tout ce que je vous demande… "

Malheureusement pour lui, elle ne lui laissa pas le temps de répondre, préférant attraper son poignet et se diriger droit vers la sortie, stoppant au passage la conversation à voix basse du propriétaire et de ses clientes. Ceux-ci les regardèrent quitter les lieux d’un pas pressant, interloqué par cette vision très peu commune. Une fois dehors, Chris regarda de chaque côté, ses sourcils à nouveau froncés et soupira avant de se retourner vers l’être suprême. Voyant sa figure déconfite et pâle, elle le lâcha et cligna des yeux avant de demander.

" Dans quelle boutique aviez-vous suggéré d’aller ? "

Bien que ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait sur le Chemin de Traverse, ce qu’elle avait avoué avant était vrai : elle n’avait jamais mis les pieds dans un magasin de farces et attrapes, forcée de se contenter des boutiques les plus utiles, au sens éducatif du terme. Ses parents ne lui avaient jamais permis de traîner ou de s’arrêter un instant pour se contenter de flâner. Aussi se retrouva-t-elle complètement désorientée, au point de ne pas même remarquer l’inconnu qui se dirigeait vers eux à une cadence rapide.

Othello était en proie a des luttes intestines. Que devait-il faire, comment agir ? Wait & see. C'était peut-être, après tout, la meilleure des choses à faire pour le moment. Il n'était plus aussi confiant qu'au début, il avait la chair de poule pour tout dire... même si ça n'était pas évident à voir extérieurement, n'ayant pas les manches retroussées. Mais impossible de bouger, trop paralysé pour ça. Pourtant la fuite était une bonne solution, une solution qu'il envisageait parfaitement et peu lui importait la honte, le déshonneur ou d'autres valeurs chevaleresques dont il n'avait que faire. C'était un froussard, un vrai, et il préférait de loin sauver sa peau plutôt que de risquer de la perdre. Le regard changeant de la jeune fille ne lui disait rien qui vaille et il restait là, lèvres pincées, yeux écarquillés, dans une position d'attente tout à fait grotesque. Il espérait que quelqu'un, un client ou même le vendeur, viendrait fouiner et s'immiscer dans leur conversation, ne serait-ce que pour pouvoir reprendre une attitude normale et plus décontractée, ce qu'il était assez loin d'avoir en ce même moment. Il essayait de ne pas penser à son père. Ni à ce qu'il lui ferait s'il constatait que son fils n'était plus dans la boutique... Interrogerait-il le vendeur si Othello n'était plus là ? S'il faisait une chose pareille... à savoir partir de cette boutique, il craignait le pire. Son père penserait immédiatement qu'on l'avait kidnappé, pour obtenir une risible rançon ou que sais-je encore. Son père allait se faire un sang d'encre, il avertirait sa mère sans délai une fois qu'ils seront rentrés, et là les véritables ennuis commenceront alors pour sa trogne. Les dires de la jeune fille l'interpellèrent, il ne comprit pas un mot de ce qu'elle voulait insinuer... Et son visage se contracta dans un air interrogateur, surpris. Il chercha les mots, bredouillant un peu au passage, pris au dépourvu par de telles questions...

« Mais que... hein ? M... mais... oui, oui il connaît son métier... » avoua t-il, interloqué.

La jeune fille, ou femme plutôt, de toute façon Othello ne savait guère faire la différence entre les deux... se tordit les mains et pinça ses lèvres avant d'ajouter de drôles de paroles. Il ne comprenait pas vraiment. Bien sûr, chaque mot lui était familier, mais mis ensemble et adressés à sa personne, alors cela n'avait plus aucun sens des réalités. Insinuait-elle que ce serait sa faute, à lui, si elle ne trouvait pas de cadeau ? C'était le cadet de ses soucis, il fallait bien l'avouer, mais comme il préférait ne pas froisser la jeune fille ne sachant pas de quoi elle était capable, il aurait même été prêt à l'embrasser. Ce qui, bien évidemment, est répugnant. Il détestait quand sa mère l'embrassait sur la joue, alors faire comme tous ces couples amourachés... c'était dégueulasse. Voilà, en résumé, les pensées d'un gosse de son âge, d'un gosse de 11 ans. Mais il aurait été prêt à tout, ou presque, ou pas. Se confronter aux faits étaient une autre paire de manches. Lorsque la jeune fille s'approcha de lui, il recula instinctivement contre l'étagère. Il était bloqué, qu'allait-elle faire de lui ? Il sentait les larmes perler aux coins de ses yeux et ne put s'empêcher de parler d'une voix cassée.

« Arrêtez ! Vous... vous me faites peur ! »

Il n'avait pratiquement rien écouté de son discours, il avait saisi " Monsieur votre Père " cependant, on aurait pu dire qu'il avait tout entendu, mais il ne bougeait pas et tremblait comme une feuille. Que voulait-elle ? De l'argent ? Non, il n'était pas prêt à lui céder la moindre noise. Ah ça oui, c'était un fieffé radin, avare et cupide. Entre la bourse ou la vie, il choisirait peut-être stupidement la vie, ou alors s'arrangerait pour que son assaillant en paye le prix plus tard... Pour l'heure, il était tétanisé. Oh, il mit quelques minutes à se rappeler des dires de la jeune fille, car même s'il n'avait pas écouté, il avait entendu. C'était suffisant, à cette distance, pour que son cerveau et sa mémoire retienne l'information dans sa totalité... Il n'avait pas eu le temps d'ajouter le moindre mot qu'elle l'avait déjà traîné, de façon vigoureuse, en dehors de la boutique. À peine fut-il sorti qu'il lâcha un gémissement. Oui, il était loin d'aimer la douleur, et pensait qu'il faudrait être fou pour pouvoir l'aimer...

« S'il vous plaît... Aïe ! Vous me faites mal. » fit-il d'une voix inaudible à part pour lui même.

Lorsqu'elle le lâcha, il reprit son poignet et le frotta de son autre main. À la façon des détenus qui sont libérés de leurs menottes. Cette personne avait de la poigne, et qui plus est, il devinait ce que cela voulait dire. Elle était déterminée. Il n'était pas habitué aux contacts humains. Pas même ceux de ses parents. La seule à qui il tenait la main, c'était sa mère, même s'il trouvait cela ringard. Là, il fit quelques pas en arrière et trébucha. Résultat, il tomba sur les fesses et laissa échapper une larme du coin de son œil droit. Il avait envie de pleurer. Pleurer comme un gros bébé à qui on enlève sa tétine de force. Oui, ça n'était pas très glorieux, ni très fameux... Mais il se savait sans défense, incapable de pouvoir faire le moindre geste coordonné. Derrière la jeune fille, se dessinait la carrure imposante d'un des trolls de sécurité du ministère de la magie. Allait donc savoir ce qu'il faisait ici... Une chose est sûre, ce n'est pas lui viendrait en aide à Othello. Et puis, il était horrifié par l'état de ses habits pour l'instant. Son père allait être fou de rage... Bien qu'il puisse réparer tout ce fichu désordre en quelques coups de baguette. Incapable de prononcer le moindre mot, il restait sur les fesses, essayant vainement de frotter pour faire partir les poussières étalées sur les pans de ses habits.

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