Maman... [PV]

Courir. Essayer de trouver une solution. Ne pas penser à ce que ses frères et sœurs ressentiraient si le pire arrivait. Se concentrer sur l’instant présent.

Claire était à l’hôpital. Elle avait de nouveau disparu pendant plusieurs semaines et puis là… on venait de le prévenir par hibou express qu’elle était au plus mal. Ashaiah et Opaline à ses côtés (bien qu’il n’en eut pas vraiment conscience), il transplana en urgence à Sainte Mangouste. Il avait couru pour rejoindre l’accueil. « Claire Montgomery. Sa chambre. S’il vous plaît. » Oui, la politesse et la clarté n’était pas sa priorité number one à l’heure actuelle. « Chambre 507 » Il ne remercia même pas, préférant se tourner immédiatement vers sa petite amie qui tenait sa sœur dans ses bras. Il avait du mal à cacher sa détresse mais son sens des responsabilités était suffisant pour qu’il prenne d’abord le temps d’accompagner les deux filles dans la salle d’attente. « Ashaiah, reste avec Opaline s’il te plaît. Je crains que… ma mère ne soit pas visible pour la petite. » Il embrassa Ashaiah tendrement sur le front et la mort dans l’âme se dirigea à grand pas vers la porte qui portait le numéro 507.

Une fois devant elle, il hésita avant d’entrer. Que trouverait-il derrière ? pourtant, son indécision ne dira pas longtemps et il pénétra dans la petite chambre blanche. Sa mère était étendu dans le lit. Ses longs cheveux bruns collaient son visage maigre et, quand elle tourna la tête vers lui, il remarqua que son regard si vif autrefois était devenu terne.

« Maman… » Il s’approcha et lui prit la main. Claire lui fit un pâle sourire. « Qu’est ce que tu as ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu… » Il n’arrivait pas à le dire. « Je n’en ai plus que pour quelques jours, une semaine tout au plus Christian. Où sont tes sœurs ? J’aimerais les voir. » Christian encaissa le choc sans aucune expression… pourtant il hésita longuement avant de répondre. « Victoria arrive, Opaline est avec Ashaiah dans la salle d’attente. » Claire eut un sourire énigmatique qui fit pâlir un peu plus Christian. C’est comme si elle était heureuse d’en terminer… était-ce parce qu’elle souffrait ou bien… ? « Maman, dis moi pourquoi ? Qu’est-ce que tu as ? » Claire baissa les yeux un instant avant de les reposer sur son fils. « Un cancer. » Christian manqua de peu de s’étouffer. Les tumeurs se soignaient plutôt bien chez les sorciers… alors ? « Tu ne t’es pas faites soigner ! » Claire hocha la tête d’un air tranquille. « Si, mais trop tard. Je ne m’en étais pas aperçu… à cause de ma grossesse. » Ou peut-être que la grossesse avait rendu impossible les soins. La belle brune posa les mains sur celles de son fils crispés sur le lit. « Ne sois pas trop triste. Je n’étais plus tout à fait moi depuis la mort de ton père… et je sais que tu es capable de les gérer. Vous êtes tous si grand… Il n’y a qu’Opaline… Il faudra que tu en prennes soin… et d’Anabelle aussi. Elle sera mal… J’aurais aimé la voir une dernière fois… mais mieux vaut qu’elle reste à Poudlard… » la voix de Claire s’affaiblissait et finalement ses paupières se fermèrent. Christian paniqua et écouta son cœur. Il battait encore, elle dormait… peut-être un effet des potions. Il pleura un instant en silence avant de sortir et de retourner près d’Ashaiah. Il se laissa tomber à ses côtés et nicha sa tête dans son cou, humant son doux parfum.

« Elle va mourir. Je ne peux rien faire… Elle va mourir… » Et il ne put rien dire de plus, il n’avait envie que de pleurer pour pouvoir ensuite gérer la suite…

S’inquiéter, ravaler des larmes, s’occuper pour oublier, et justement, ne pas oublier. Courir, à en perdre haleine, laisser les larmes couler, pour finalement montrer que l’on est blessé. Tout était compliqué en ce moment même, pour la jeune blondinette, qui tenait un bébé dans les bras. Sa belle-sœur, ou du moins, en quelques sorte. Opaline avait à peine plus d’un an, et la voilà qui allait peut-être connaître une chose terrible. Son frère courrait partout, inquiet, cela se voyait très nettement sur son visage, et dans ses gestes. Rapide et décidé, Christian allait à une vitesse folle, transplanant en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, à l’hôpital pour sorcier de Sainte Mangouste, sa petite sur les talons, ou du moins, autant qu’elle le pouvait. Elle ne pouvait pas courir, certes, puisqu’après tout, elle avait Opaline dans les bras, mais aller trop lentement serait peut-être un signe de désintérêt pour la situation qui se déroulait, alors que l’allemande n’en n’avait pas rien à faire.

Christian demanda rapidement la chambre de Claire, sa mère, avant de partir de nouveau à toute vitesse. Ashaiah fit les politesses pour lui, la mine néanmoins assombrie par ce qu’il se passait. Claire était mal en point, à ce qu’elle avait comprit, et elle ne pouvait que comprendre la détresse du brun. Perdre son père avait déjà été quelque chose avec laquelle il avait du vivre assez jeune, et maintenant, était-ce le tour de sa mère ? Ashaiah espérait grandement que non, car elle avait toujours adorée Claire, et cette dernière le lui avait rendu en bien. « D’accord… soit fort Chris… » Elle déposa un léger baiser sur les lèvres de son petit ami, avant de le voir partir en furie vers la chambre qu’avait indiqué l’infirmière à la réception. Ashaiah prit place dans un coin de la salle d’attente, Opaline, très calme, sur ses genoux, gazouillant, se demandant probablement pourquoi « grande-sœur » semblait si triste, et son grand-frère si apeuré et pressé.

Christian allait probablement rester un moment avec Claire, et Ashaiah s’en doutait, il avait besoin de voir sa mère, il l’avait toujours aimée énormément, la perdre serait probablement une tragédie. Prenant un magazine sur une table basse non loin, la blonde commença à tourner les pages, Opaline tapant sur chaque image qu’elle trouvait jolie. Puis la petite tapa à plusieurs reprises sur une page, qu’Ashaiah ne regardait pas, trop occupée à regarder dans le vague, songeuse. La photo ne représentait personne d’autre qu’elle-même, et Opaline avait dû la reconnaître. Embrassant la gamine sur la joue, la blonde ferma le magazine, et câlina tendrement la petite fille qu’elle tenait. Puis Christian revint, lui annonçant la pire des nouvelles. Claire allait mourir… Ainsi, la femme qu’elle avait toujours admiré allait quitter ce monde, sa famille, et pire encore ses enfants… Un baiser sur les lèvres de Christian, ravallant ses larmes, la blonde ne savait quoi dire…

« Chris, je suis désolée…»

Christian retint un sanglot, ses mains se crispant de désespoir sur le bras de sa petite amie. Ce n’était pas encore fini mais c’était tout comme. La mort de sa mère planait comme une épée de Damoclès au dessus de sa tête et il se sentait si mal qu’il aurait souhaité disparaître s’il n’y avait pas eu le gazouillement inquiet d’Opaline et le regard voilé d’Ashaiah tout près de lui. Se relevant légèrement, les yeux humides mais le visage calme, il prit Opaline sur ses genoux. Les enfants de cet âge (Opaline avait un an et demi) ne comprenait pas bien ce qui se passait autour d’eux concrètement mais ils sentaient les émotions de ceux qui l’entourent. Pensant innocemment que son grand frère – qui lui servait généralement de père – avait mal quelque part, elle lui tapota la joue tout en prononçant de sa petite voix « a mal, a mal, a pu ! » comme le faisait Claire lorsque Opaline se faisait un petit bobo de rien du tout qui tournait au drame. Cela fit sourire tristement Christian qui ne répondit rien à sa sœur, se contentant de lui caresser les cheveux pour qu’elle se calme et, éventuellement, s’endorme.

L’arrière du crâne de Christian se cogna de manière volontaire contre le mur. Il se tourna un peu vers Ash’ et lui demanda (de manière tout à fait rhétorique) : « Qu’est ce que je vais devenir sans elle ? Et les autres ? » Sa gorge se serra. Il pensa à Anabelle qui allait être orpheline alors qu’elle était encore très jeune et aux triplés qui avaient plein de projets qui seraient maintenant noircis par ce drame… Quant à Vickie… et bien en un sens, elle serait peut-être celle qui se débrouillerait le mieux. Elle était très proche de Claire mais elle avait déjà sa vie, son appartement à Londres, son travail… elle n’était pas comme Christian à vivre encore au manoir, à s’accrocher à sa famille… Il était peut-être temps qu’il passe à autre chose… ou non car il devrait s’occuper jusqu’à sa majorité d’Opaline maintenant, sans compter Ana’ qui ne voudrait sûrement pas de lui comme tuteur. Cela promettait d’être joyeux… Mais c’était le cadet de ses soucies.

Une sourde angoisse naquit en lui qui fut si forte qu’elle se lit dans ses yeux habituellement impénétrable. Tendant la main pour prendre celle de Ash’, il reprit la parole, cette fois dans l’attente d’une réponse « Tu pourras rester avec nous… cette semaine ? » Christian et Ash’ se voyaient souvent quand la jeune fille ne travaillait pas, elle dormait même régulièrement au manoir, mais jamais des semaines entières… sauf que là, il en avait besoin et il se demandait s’il n’en aurait pas besoin sur le long terme…

Ashaiah était totalement désemparée. Elle avait envie de pleurer, mais devait se montrer forte, pour Christian, et aussi pour Opaline. La petite ne comprenait pas que bientôt, sa mère ne serait plus là, qu’elle n’aurait plus que Christian, ses frères et ses sœurs, et aussi Ashaiah, si son couple avec Christian tenait, suite à ce que l’allemande finirait par annoncer à son petit ami. Car même si la blonde avait totalement confiance en Christian, s’était plus fort qu’elle, elle avait peur, peur de la réaction qu’il aurait, peur qu’il la rejette, qu’il trouve que tout à été bien trop vite (chose qu’elle comprendrait, car au final, elle trouvait aussi que le fait qu’elle tombe enceinte si vite était un peu précipité). Car même si Ashaiah avait été une sale peste, une Serpentard de chez Serpentard, une vraie, elle n’en restait pas moins une fille blessée, et complètement souillée. Elle en avait conscience, et se disait aussi qu’elle ne méritait pas Christian, mais ce qu’ils vivaient depuis Juillet était tellement différent de ce qu’il s’était passé lors de leurs quinze ans, qu’Ashaiah se sentait mieux, et surtout elle prenait un peu plus confiance en elle. Non pas qu’elle n’en avait pas avant, au contraire, mais cela n’était qu’une image qu’elle donnait d’elle, pour ne pas montrer qu’en fait, elle n’était pas si spéciale que cela, qu’elle était complètement déprimée, et que rien n’allait plus.

La blonde regarda en silence Opaline tenter de réconforter son grand frère, en vain, probablement, puisque ce dernier finit par se frapper la tête contre le mur. Il avait peur, il appréhendait, chose normale, mais Ashaiah ne sait pas quoi faire à ce moment là, elle était totalement perdue, mais ce qui était sûre, c’est qu’elle ne laisserait pas Christian seul. A la question de son petit ami, Ashaiah resta muette, chose peut-être la plus difficile à faire, mais sûrement la plus voulue en ce moment. Car si elle parlait, que dirait-elle ? « Tu t’en sortiras » ? Chose vraiment pathétique… Alors parfois, mieux valait se taire, plutôt que de parler pour ne rien dire…

Ashaiah glissa doucement sa main dans celle de son petit ami, se rapprochant de lui, et prenant bien garde de ne pas écraser mademoiselle ‘Line, l’enlaça tendrement, ravalant avec difficulté ses larmes. « Bien sûr, je resterais autant qu’il le faut… » Son souffle se perdit dans le cou du garçon, et la jeune femme l’embrassa doucement. Elle savait qu’elle devrait bientôt parler à Christian de ce qu’il se passait, mais pensait que le moment était franchement mal choisit. Pourquoi était-elle tombée enceinte si tôt ? « Chris… Je… » Elle stoppa ses dires, et enlaça un peu plus son petit ami. Elle l’aimait, mais elle avait bien trop peur. Ashaiah Dunkel, la peste, était devenue une pauvre brebis égarée… Comme cela était-il possible ?

Christian ignorait encore qu’il n’était pas au bout de ses surprises. Pour le moment il se contentait de déprimer d’un air sombre sur son fauteuil, dans une salle d’attente minable, pendant que sa mère dormait, un pied dans la tombe. Les larmes commençaient à se tarir et il sentait qu’il devait maintenant avancer, prévoir, planifier. La nature reprenait le dessus. Christian avait toujours été comme ça, il ne se laissait jamais abattre bien longtemps et surtout, il se sentait responsable de sa famille. Elle passait avant tout le reste. Il ne voulait pas penser aux détails de l’enterrement avant que sa mère ne décède (un infime espoir restant peut-être ?) mais il réfléchissait tout de même au meilleur moyen d’annoncer la nouvelle à ses frères et sœurs.

« Merci. » Répondit-il à Ash’ lorsqu’elle lui confirma qu’elle resterait avec eux. Il avait vraiment besoin d’elle. Opaline n’était pas d’une grande aide pour remonter le moral et Vickie ne pourrait pas s’absenter de son travail tout les jours. Il était même probable qu’elle fuit cette situation qui la dépassait totalement. Sa sœur n’était pas très mature… il fallait bien le dire.

Puis, Ashaiah commença à dire quelque chose avant de s’interrompre. Cela fit tourner le regard de Christian qui se demandait quel était la raison de cette subite gêne. « Oui ma chérie ? Qu’est ce qu’il y a ? » Il fronça les sourcils. Peut-être qu’elle n’aimait pas les hôpitaux et qu’elle commençait à se sentir mal à l’aise ici. C’était possible, il connaissait quelques personnes dans ce cas là et il comprenait tout à fait. Elle pouvait rentrer au manoir si elle voulait. Pour l’encourager à lui dire ce qu’elle souhaitait, il lui caressa la joue avec une certaine tendresse, un sourire triste mais doux sur ses lèvres fines, blanchit par le chagrin et la peur de perdre sa mère. Il espérait qu’elle allait bien parce qu’il n’avait pas vraiment envie qu’elle parte. Il avait besoin de son soutien pour rester calme et pouvoir réfléchir au futur. Mais justement, il allait bientôt falloir qu’il y réfléchisse avec encore plus d’acuité… Seulement, il ne le savait pas encore… mais ça ne saurait tarder pour le meilleur comme pour le pire. Probablement surtout pour le meilleur. Il suffisait de le voir avec Opaline sur les genoux, les gestes doux qu’il avait pour sa jeune sœur… ce n’était pas ce genre de changement qui le dérangerait, non, le seul qui pouvait lui faire de la peine avait déjà eu lieu et était la mort programmé de la femme qui lui avait donné la vie et tout son amour.

La situation actuelle était une des plus dures que l’allemande ait à gérer. Tout allait de travers, tout allait trop vite, tout allait dans le mauvais sens. Claire était mourante, pouvant quitter ses enfants en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Poudlard » et ce n’était certainement pas la meilleure des choses qui pouvait arriver à la famille Montgomery. Les tensions entre les frères et sœurs étaient connues de la blonde, surtout celle qui concernait Anabelle, dont Christian avait prit la garde. La demoiselle vouait une haine incompréhensible à son grand frère, ce qui déjà, minait le moral du brun. Peut-être qu’elle était aussi jalouse d’Opaline, ça, Ashaiah n’en savait rien, mais après tout, cela serait possible… Habituée à être la dernière de la famille, la petite chouchoutte, elle avait vue sa place prise par une autre… Les enfants réagissaient parfois mal aux nouvelles tendances, suite à des naissances… Et puis, il n’y avait pas non plus que cela. Claire était le pilier de la famille, celle qui les gardaient tous ensembles… Que se passerait-il si elle venait à mourir ?! Christian serait effondrée, Opaline orpheline bien trop tôt, et les autres ? Certes, plusieurs pouvaient vivre leur vie sans Claire, mais quand même, elle était leur mère…

Qu’elle reste avec Christian étai tout à fait normal. Elle serait une petite amie indigne –quoi qu’au final, elle l’était sûrement- si elle ne restait pas avec lui alors qu’il pouvait craquer à tout moment. Une semaine, deux, trois, même un mois s’il le voulait, tant que cela le réconfortait un tant soit peu, que de la savoir à ses côtés. Son agent comprendrait bien que la vie privée, dans ces cas là, passe avant le travail, et ce n’était pas comme s’il ne pouvait pas lui filer genre un mois de vacances ! Après tout, quand la blonde retournait à Poudlard, il n’avait pas d’autre choix que de reporter tous les shoots qu’elle avait à faire ! Sauf que là, s’était bien différent, et que dans un temps, elle devrait peut-être arrêter les shooting pour un bon petit moment…

Et si finalement, elle ne disait rien ? Elle pouvait toujours avorter, elle n’avait pas besoin de l’accord de Christian… Elle préférait perdre un bébé avant de s’y attacher, plutôt que de perdre son petit ami. Cela pouvait, certes être vu comme un crime, mais comment pouvait-elle faire ? Mais après, si Chris en venait à savoir que sa petite amie avait avortée sans même lui en parler, comment réagirait-il ? Tout se mélangeait dans la tête de l’allemande, et elle finit par avancer doucement la main de Christian vers son ventre, tout en essayant de lui parler.

« Je… Enfin, on… Tu… »

Rien à faire, les mots ne sortaient pas… Ashaiah avait changé, beaucoup changé, et elle en était même devenue timide… Elle finit par poser doucement la main de son petit ami sur son ventre, plongea son regard émeraude dans celui de Christian.

Christian ne comprenait pas du tout ce qui se passait dans la tête de Ash’. Habitué à se prendre la tête pour comprendre autrui, cette question lui permit toutefois d’oublier un peu sa mère… un peu seulement car il était évident que Claire était au cœur de toutes ses préoccupations. Il aimait tellement sa génitrice… elle avait été le centre de son existence depuis toujours lui servant de mère, de père parfois (elle pouvait faire très peur), d’amie, de confidente, parfois même de petite soeur… Oui, sa mère était tout pour lui, elle avait rempli son cœur d’affection depuis tant d’année qu’il n’arrivait pas à savoir comment il pourrait continuer à avancer dans la vie sans elle.

Cependant, sa petite amie tentait de lui expliquer ce qui n’allait pas et elle prit sa main pour la poser sur son ventre. Un peu bête parfois, il se demanda si elle avait mal au ventre mais l’embarras dans lequel Ash’ semblait plonger lui ôta cette idée rapidement. Qu’est ce que cela pouvait être alors ? Cette question le turlupina une ou deux minutes et, tout à coup, ses lèvres formèrent un « Oh ! » de surprise. Il chercha de ses prunelles brunes le regard de sa petite amie et il chercha à lire en elle si, oui ou non, c’était bien ce qu’il pensait.

Un instant, il fut effrayé. Son avenir était déjà si obscur… serait-il capable de supporter de nouveaux changements ? Puis, il réalisa que c’était justement ce qui pouvait lui arriver de mieux, la concrétisation de toutes ses espérances à l’heure la plus noire de son existence. Il pressa la main d’Ashaiah et chercha les bons mots (il n’avait jamais été doué pour ça) qui lui permettrait de vérifier ce qu’il en était.

« Tu… es sûre ? » Il n’y avait nul doute dans ses yeux et sa peine semblait amoindrie pour le moment. Il libéra sa main de celle de sa petite amie et la posa sur sa joue. « Tu t’inquiétais de ma réaction ? Ne t’en fait pas… c’est la seule bonne nouvelle qu’on m’ait donné récemment. » Et il l’attira un peu vers lui, ne pouvant trop en faire avec Opaline sur les genoux, et déposa un baiser sur son front. Déjà, il cherchait ce qu’il y aurait de mieux à faire pour eux deux… Rassurez-vous, la réponse ne tarderait pas à fuser. Pour le moment, il avait encore besoin d’en parler un peu. Il faudrait qu’il le dise à Claire. Peut-être que cela ajouterait aux difficultés de leur séparation mais peut-être aussi que ça la consolerait. Il n’en savait rien mais il comptait bien être honnête avec sa mère jusqu’à la fin.

Ashaiah n’avait jamais pensé que dire à Christian qu’elle était enceinte serait aussi compliqué, et pourtant, s’était presque pire que lorsqu’elle lui avait avoué tout ce qu’elle avait durant les deux ans qui s’étaient écoulés avant qu’ils ne se retrouvent de nouveaux ensembles. Et pourtant, s’était quand même moins pire de dire à son petit ami qu’il allait être père, que de lui annoncer que vous aviez couché avec des centaines de mecs, parfois sans même les connaître, et en étant complètement droguée et saoule… Peut-être que laisser la feuille des résultats bien en évidence sur le comptoir de la cuisine américaine des Montgomery aurait facilité les choses… Et pourtant, Ash ne s’y résolvait pas. Elle avait besoin que se soit Chris qui le dise, qu’elle voit sa réaction, pour savoir quoi dire. Elle avait d savoir si elle devait dire qu’elle pouvait avorter, que ce n’était pas un problème, qu’elle comprenait s’il ne voulait pas d’enfants, vu la situation actuelle.

Chris mettait cependant un peu de temps à comprendre, en même temps, l’allemande n’était pas très claire non plus, mais il finit par comprendre, et laissa s’échapper un bruit de surprise. Ash ne savait pas vraiment comment prendre cela, il y avait des tonnes d’interprétations, mais elle préférait ne rien dire et attendre encore un peu. Christian saurait probablement quoi dire –ou pas- et elle aviserait au moment là… Mais dur était le fait de garder son regard dans celui de son petit ami, alors la blonde baissa la tête, presque honteuse. Puis hochement doucement positivement sa tête, le mannequin releva la tête. Oui, elle en était sûre, elle avait fait sa prise de sang, et même, il y avait tous les signes qui étaient présents.

« Oui… Tu… Tu vas être papa… »

La réaction ne laissa pas du tout à désirée, au contraire. Ashaiah était contente d’apprendre que cette nouvelle était la meilleure qu’il avait eut ces derniers temps. En même temps, ça ne pouvait pas être pire que l’annonce de la mort de Claire, mais cela aurait pu lui faire croire des choses diverses et variées…. Sentir ses lèvres sur son front apaisa la blonde, qui se serra légèrement contre lui. Si elle avait pu, elle se serait abandonnée dans ses bras, tellement apaisée qu’elle était, mais si elle faisait cela maintenant, elle allait écraser Opaline…

« Chris… J’ai eu tellement peur… » Elle chuchota ces mots à l’oreille de son petit ami, lui faisant part de ce qu’elle ressentait depuis près d’un mois. Depuis qu’elle avait sût pour les résultats, la jeune femme avait tellement peur que Chris prenne mal la chose qu’elle avait presque espérer que tout cela n’était qu’un mauvais rêve… Elle esquissa ensuite un léger sourire, et murmura un « Je t’aime » plein d’amour à Christian.

Christian embrassa une nouvelle fois le front de sa petite amie et la rassura avec tendresse et douceur. « Chut… » murmura-t-il, « Tout va bien ma chérie. Moi aussi je t’aime. » Et c’était vrai. C’était la première fois qu’il le lui disait car il ne voulait pas dire des choses dont il n’était pas absolument certain… mais Ash’ venait de lui fournir la preuve qu’elle était a femme de sa vie, celle qui lui donnerait tout ce qu’il attendait sans même qu’il ait besoin de le demander… celle qui l’aimait sans condition enfin.

Malgré la tristesse qu’on lisait encore dans ses prunelles brunes (et qui ne semblaient pas prête de s’en aller), il sourit et prit de sa main libre celle de Ashaiah. La décision qu’il venait de prendre coulait de source, il n’y avait pas d’autres directions possibles, pour eux deux, c’était une évidence… Du moins pour lui et il avait confiance en Ashaiah, elle serait probablement sur la même longueur d’onde. Finalement, c’était à cet amour là qu’il aspirait depuis toujours sauf que lorsqu’ils avaient 15 ans, ils n’étaient pas assez mûres pour le vivre… Il ne reniait pas le type de relation qu’il avait eu avec Maera, mais ça l’avait rendu malheureux, il le savait et sa famille aussi. Probablement que même Megara avait fini par le comprendre aussi. Certaines choses sont inéluctables, la fille qui était faites pour lui n’était pas celle qui l’avait attiré tel l’attraction terrestre la première fois. La passion ne suffisait pas, il fallait la compréhension mutuelle, le soutien, l’affection…

« Ashaiah… j’ai quelque chose à te demander maintenant. » Il pressa sa main avec douceur non sans poser son regard perçant sur celle qui était sienne pour toujours. « C’est un peu précipité mais… épouse-moi. Pour notre enfant et parce que j’ai besoin de toi à mes côtés pour toujours… deviens ma famille… entre dans le clan Montgomery… S’il te plaît. » Opaline leva un regard perplexe sur son frère. Décidément, elle ne comprenait rien à cette conversation et elle trouvait qu’on la mettait beaucoup à l’écart. « Opaline a besoin d’une mère et moi… je veux rester pour toujours avec toi. »

Tout était dit, il ne restait plus qu’à attendre la réponse d’Ashaiah.

La nouvelle était passée comme une lettre à la poste, ou presque, et avait ravit Christian. Rien que cela remplissait Ashaiah de bonheur, puisque cette dernière était prête à parier qu’il aurait mal pris la nouvelle. Avec sa mère mourante, l’annonce d’un futur bébé n’était peut-être pas la meilleure chose, mais visiblement, il était content. Et Claire, serait-elle contente ? Cela apaiserait peut-être ses dernières heures, que de savoir que la descendance de sa famille allait bientôt arriver. Certes, elle ne serait peut-être plus là pour la voir, mais au moins, elle savait qu’elle serait grand-mère. Alors qu’elle sentait une nouvelle fois les lèvres de Christian se poser sur son front, elle fut littéralement désarmée suite à ce qu’il lui dit. Il lui avait je t’aime… C’était la première fois, depuis les cinq mois qu’ils passaient ensemble, que ces mots sortaient de la bouche du fils Montgomery. Levant ses yeux émeraude vers ceux noisette de son petit ami, l’allemande esquissa un léger sourire.

La pression que faisait la main de Christian sur la sienne la rassurait. Il était là, et serait toujours là. Il ne l’abandonnerait pas, et le bébé aurait un père. Ses frayeurs s’en allèrent bien vite, et la blonde fut plus détendue. Bien sûr, il y avait toujours la possible mort de Claire qui flottait au dessus de tout, mais au moins, Christian n’allait pas l’abandonnée, ni elle, ni le bébé… S’était la meilleure des choses qui pouvait arriver à l’allemande, ou peut-être que la meilleure des choses fut ce que Christian lui demanda ensuite.

Sur le coup, Ashaiah n’en croyait pas trop ses oreilles, peut-être parce qu’elle pensait que ça n’était pas possible, qu’elle et Christian, ça finirait comme lorsqu’ils avaient quinze ans et que la possibilité de mariage était infime. Mais c’était évidement sans compter sur sa grossesse et tout le reste. Les yeux rivés sur son petit ami, le mannequin aurait aimé lui sauter au cou, mais cela n’était actuellement pas possible. Aussi, la blonde déposa un baiser tendre et doux et les lèvres de son petit ami.

« Oui… Et mille fois oui. Je ne veux que toi Christian… »

Quelques larmes coulèrent le long de ses joues, mais le sourire qu’elle arborait laissait paraître sa joie. Elle déposa un nouveau baiser sur les lèvres de son futur époux, et passa une main sur une joue de la petite Opaline. Ensembles, à jamais et pour toujours.

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