Maman... [PV]

Christian observait sa future femme avec un léger sourire. Au milieu de tous ces évènements douloureux, elle était comme une lueur au bout du tunnel sombre de sa vie. Non seulement elle était belle et intelligente (deux qualités qu’il appréciait à sa juste mesure) mais en plus, elle allait lui donner ce qu’il avait toujours désiré : une famille. Rien n’aurait pu le combler plus que ça. Bien entendu, si sa mère avait été en bonne santé, cela aurait été nettement mieux pour lui comme pour le reste de sa famille mais la consolation restait de taille. D’ailleurs, il avait hâte de l’annoncer à Claire. Cela consolerait peut-être ses derniers instants… à moins que cela ne lui apporte plus de regrets mais tant pis, elle devait savoir. Ce serait l’une de leurs dernières conversations mère-fils.

Du pouce, il sécha les quelques larmes qui roulaient sur le visage d’Ashaiah et ce geste fut suivit d’un baiser tendre qu’il déposa sur les lèvres de sa bien-aimée. « Je ne veux que toi… moi aussi. » Et il s’étonna encore du fait que c’était absolument vrai. C’était étrange qu’il fallut que le ciel modifie à ce point leur destin en ce jour pour qu’il s’en rende compte. Vraiment, c’était étrange… il n’y aurait pas cru il y a quelques mois alors que l’image de Maera le hantait encore. Mais plus maintenant, il ne se sentait plus du tout mal quand il pensait à sa cousine… peut-être juste un peu nostalgique. Elle avait été son premier grand amour après tout. Oh bien sûr, quand il était sorti avec Ashaiah la première fois, il l’avait aimé, mais d’une manière peu mature, trop superficiel. Il avait fallu qu’il connaisse les blessures et les affres de la vie réelle, celle qui existait en dehors du cocon créé par Claire, pour pouvoir aimer sincèrement d’abord Maera et maintenant Ashaiah. Le changement avait été si rapide, il en était encore étourdi. Tout finissait pourtant par être pour le mieux car nul ne sait mieux panser les blessures de l’autre que celui qui a lui-même connu la douleur. Chacun à leur manière, Ash et Christian avaient souffert. Elle de son amour non partagé puis de la drogue et des beuveries qu’elle avait accumulé durant quelques temps pour oublier, lui de l’absence d’un père, de la réalité de l’éclatement de sa famille… Ils pouvaient se serrer l’un contre l’autre et entendre leur cœur battre à l’unisson pour réguler les souvenirs douloureux. Ils ne pourraient jamais oublier et d’autres chagrins s’annonçaient encore… Mais avancer main dans la main paraissait une solution simple, facile et douce.

Glissant sa main libre dans les cheveux blonds de sa dulcinée, il déposa un énième baiser sur son front. « Tu veux bien prendre Line s’il te plaît ? Je vais aller annoncer la nouvelle à ma mère. Je viendrais vous chercher après. » Il tendit ensuite sa jeune sœur à sa fiancée et se dirigea vers la sortie, non sans embrasser encore une fois celle qui serait prochainement Madame Montgomery.