Cauchemardesque [libre]

Il faisait chaud ici.

Emy referma la porte de la bibliothèque derrière elle, le plus silencieusement possible, et resta plantée là durant un long moment, regardant seulement cette immense pièce dans laquelle elle n’avait encore jamais pénétré. De cet endroit émanait une étrange chaleur et familiarité, accompagnées d’un calme apaisant. Tout semblait être rangé parfaitement et les quelques élèves présents étudiaient en silence ou se parlaient d’une voix si faible que leurs soufflent étaient quasiment inaudibles.

Si chaud.

Finalement, Emy avança à pas feutrés vers les nombreuses étagères et disparut à l’intérieur d’une rangée de livres sur la magie. Elle marchait lentement, ses doigts caressant les reliures des ouvrages alors qu’elle continuait son chemin. Elle fixait mystérieusement un point inexistant, comme si son corps était dirigé contre son gré, par quelque chose d’autre que son propre esprit, sa propre volonté. Enfin, elle s’arrêta. Figée, sa main été restée sur l’un des livres. Soudain, elle tourna le visage vers celui-ci et le prit entre ses doigts brusquement, l’amenant à elle avec désir.

Elle s’était remise en marche vers un fauteuil libre, au fond de la pièce, tenant l’œuvre dans ses mains et la dévisageant, comme s’il s’agissait de quelqu’un. Un sourire énigmatique étirait ses traits presque encore enfantins. Arrivée, elle s’installa au creux du siège et ouvrit le livre, se lançant immédiatement dans sa lecture. Il l’intéressait. Elle n’aurait su dire pourquoi. Il l’attirait. Pourtant, ce n’était qu’un livre. Absorbée, elle ne détacha pas un seul instant son regard des mots qu’elle avalait pratiquement.

Trop chaud.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’elle était plongée dans sa lecture, et ses yeux commençaient à la picoter. Elle se sentait fatiguée, presque faible. Elle posa sa main sur la page où elle s’était stoppée et remarqua avec effarement qu’elle tremblait. Elle s’adossa dans le fauteuil et ferma les yeux, se disant qu’elle ferait mieux d’arrêter là pour aujourd’hui, elle devait être trop épuisée. Mais la fatigue fut plus rapide qu’elle, et à peine eut elle abaissé ses paupières, qu’elle se sentit comme arrachée à ce monde.

Il faisait chaud. Si chaud. Trop chaud. Emy courait, courait, à n’en plus pouvoir respirer. Elle sentait la chaleur se rapprocher. Elle sentait les flammes qui voulaient la dévorer. Si fatiguée. Si faible. Elle inspirait et expirait difficilement, rapidement, son cœur semblait s’envoler dans sa poitrine. Durant un instant, elle tourna le visage vers l’arrière et il fut marqué par la terreur. Les braises s’intensifiaient. Elles étaient toutes proches, la jeune fille les sentait déjà presque lui lécher le visage, lui dévorer la peau, le corps. Elle aurait voulu crier, hurler, se débattre, mais elle ne pouvait pas ; elle ne pouvait plus. Son pied glissa sur l’herbe et elle s’écrasa sur le sol. Elle ne pouvait se redresser, toutes ses forces s’étaient envolées, consumées par l’incendie. Dans un dernier effort, elle se retourna et cacha son visage dans ses bras alors que le feu l’enveloppait. Son dernier cri ne fut qu’une plainte douloureuse.

Emy sursauta violemment, envoyant le livre voler et retomber lourdement sur le sol. Le souffle coupé, elle cligna des yeux, se demandant ce qu’elle faisait dans cet endroit. Ses yeux se posèrent sur l’ouvrage, et elle se rappela. Elle posa le dos de sa main sur son front, tentant de se calmer et de faire passer l’horreur de ce cauchemar, puis elle se leva et ramassa rapidement le livre qu’elle avait fait tomber. Tremblante et chancelante, elle retourna dans son siège. Elle soupira, son souffle revenait lentement à la normale.

Alice venait de finir l'ouvrage qu'elle devait lire pour le cour de potion. A vrai dire, il ne l'interessait pas et elle n'avait fait que le survoler. Elle sortit de la salle commune et gambada dans Poudlard, bien que courir fut interdit. Elle se sentait bien entre les murs de ce château, bien que les élèves y soient constamment en danger. C'était peut être sa nature. Elle avait grandit dans des lieux comme ça, elle y passerait également son adolescence. Elle poussa la porte de la bibliothèque et entra, toujours aussi bruyante. Tous les élèves présents la regardèrent et lui lancèrent des regards mauvais. Elle ne fit même pas attention et avança jusqu'au bureau de Madame Pince. Elle défonça presque le bureau en posant le livre.

- BONJOUR MADAME PINCE,COMMENT ALLEZ VOUS AUJOURD'HUI ? JE VIENS VOUS RENDRE CE LIVRE FANTASTIQUE QUE JE NE CONSEILLE A PERSONNE ET QUE JE NE REPRENDRAIS JAMAIS cria t'elle.

La bibliothècaire s'énerva mais Alice se retourna avant qu'elle n'ai dit quoi que ce soit. Elle regardait véritablement qui s'y trouvait. Elle remarqua Emy, la fille qu'elle avait rencontré dans le train, le teint livide.
Alice s'approcha doucement d'elle, sans bruit, afin de ne pas la brusquer. Elle paraissait vraiment mal. Est-ce que les Carrow lui avait fait du mal ? Elle s'accroupit devant elle et posa une main sur ses genoux.

- Emy, quelque chose ne va pas ? Tu as l'air... Mal. Tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie.

Elle inspecta à nouveau la bibliothèque. Personne ne semblait se soucier d'une fille quasi- dans les pommes.

- Tous des sans coeurs, cracha Alice, l'air mauvais.

Elle ramassa un livre qui était tombé des genoux d'Emy qu'elle referma soigneusement et le mis sur la petite table en bois à côté d'elle. Elle regarda son amie l'air inquièt. Elle semblait perdue dans ses pensées. Alice ne savait même pas si elle l'avait vu. En tout cas, elle n'était pas ici, mais ailleurs, perdue dans ses propres souffrances. Ses traits d'habitudes si joyeux étaient déformés par un rictus déchirant. Depuis qu'Alice l'avait approché, elle n'avait pas bougé, se contentant de regarder dans le vide. Pourtant peu à peu, elle respira plus régulièrement, comme si elle revenait à la vie, après être morte quelques instants.

Cela avait été si étrange, si improbable. Comment un … rêve ?, avait-il pu l’enlever comme cela, l’emmenant au bord de l’inconscience et la ramener dans un tel état ? Elle ne comprenait pas, elle ne comprenait plus. Au début, elle avait pensé que ce n’était du qu’à la simple fatigue, qu’elle s’était endormie dans le fauteuil mais …

Emy cligna des yeux. Devant elle se trouvait un visage familier … Qui cela pouvait bien être ? Elle ferma les yeux un instant, posant sa main sur son front, puis les rouvrit. Son regard, cette fois-ci, reconnut la jeune fille accroupie, l’air inquiète.

« A … Alice ? »

Sa voix était faible et tremblante mais elle avait tout de même réussi à parler, revenant peu à peu à elle. Que faisait-elle là ? Elle ne le savait pas, mais dans tous les cas elle était heureuse de la voir, de la savoir à ses côtés. Elle lui adressa un petit sourire.

« Ca … Ca va, ne t’en fais pas pour moi, Alice … »

Elle secoua la tête, tentant de reprendre totalement ses esprits. Elle détestait cette impression de n’être pas totalement présente, d’être à moitié dans l’inconscience. Elle devait se ressaisir, même si cela lui paraissait être au-dessus de ses forces. Elle devait agir si elle ne voulait pas replonger. Elle ne supportait pas d’être dans cet état de faiblesse, elle ne voulait pas que son amie ait pitié d’elle et se sente obligée de faire quelque chose, de l’aider d’une quelconque manière.

Passant sa langue sur ses lèvres pour les humidifier, elle ajouta :

« Ce n’était qu’un cauchemar, je pense … »

Elle posa sa main sur celle d’Alice et la fraicheur de sa peau sembla calmer doucement les dernières douleurs internes de la jeune fille.

« A … Alice ? » « Ca … Ca va, ne t’en fais pas pour moi, Alice … »« Ce n’était qu’un cauchemar, je pense … »

Elle avait sorti ces trois phrases comme si de rien n'était mais Alice voyait bien que ce n'était pas le cas. Elle ne voulait pas être lourde mais elle insista tout de même:

- Tu es sûre ? Tu veux boire quelque chose ?

Cela pouvait paraître étrange aux yeux des autres. Une serpentard et une Poufsouffle se tenant la main. Mais en ce moment, tout le monde avait besoin de quelqu'un, quel qu'il fut. Même de quelqu'un de la maison opposée. Elle serra la main tremblante d'Emy qui redevenait peu à peu normale. Elle transpirait. Elle avait dû faire un cauchemard. Par pûre politesse, Alice ne demanda pas de lui raconter. Elle lui dit simplement:

- Tu as fait un cauchemard n'est-ce pas ? Si tu veux en parler je suis là... Mais je ne te force à rien.

Elle lâcha les mains de la jeune fille et se releva, le dos coincé par la position. Elle regarda à nouveau la bibliothèque. Toujours les mêmes intellos sans coeur, n'aimant que leurs livres. Les autres étaient partis. Depuis combien de temps s'était écoulé depuis tout à l'heure ? Alice n'en savait rien. Elle regarda le livre qu'Emy lisait un peu plus tôt, avant de s'endormir. Il n'y avait aucun nom écrit sur ma couverture. Elle caressa du bout des doigts la reliure en cuir. Elle même adorait les livres et y avait consacré beaucoup de temps dans son enfance, avant de devenir une "demie-mangemort." Son amie ne disait rien. Elle avait mauvaise mine. Mais au moins, elle était calmée, c'était l'essentiel.

[HJ : Désolée pour le temps de réponse x_x ]

« Oui, je pense avoir fait un cauchemar … »

Elle hésita. Devait-elle lui raconter ce que celui-ci contenait ? Après tout, elle-même n’en voyait pas véritablement de signification, et pensait qu’il n’y en avait aucune … Mais tout de même ; ces flammes, ces cris, son visage terrorisé … Pourquoi cette scène s’était-elle imposée dans son esprit ? Avait-elle vraiment tout imaginé ? Elle frissonna à cette pensée.

Après un instant de silence, Emy reprit d’une voix moins forte :

« Mais je ne le comprends pas … Je ne comprends pas pourquoi … Tout ceci semblait si réel, si horriblement réel … »

Sa voix se perdit. Ses yeux s’étaient posés sur ses pieds et elle ne bougea pas durant un long moment, elle semblait ne pas savoir que faire. Devait-elle s’inquiéter de ce qu’il s’était produit ? Non, elle ne devait pas se laisser tourmenter par cette histoire, elle devait simplement oublier … C’était normal, après tout, de faire un cauchemar … Elle se mordit la lèvre, elle se perdait à nouveau.

Dans un effort considérable, elle se leva. Elle chancela quelque peu tout d’abord mais se redressa et ne bougea plus jusqu’à que ses jambes arrêtent de trembler. Elle posa alors sa main sur le bras d’Alice et lui murmura :

« On s’en va ? »

« Mais je ne le comprends pas … Je ne comprends pas pourquoi … Tout ceci semblait si réel, si horriblement réel … »

Cette dernière fit sortir Alice de ses pensées. Elle essaya de se lever et Alice la soutint par le bras. Elle tremblait.

- Tu sais que je suis là. Toujours. Dans le train, tu m'as vu faire une crise alors n'est pas honte. A côté, ce n'est rien niveau honte. Moi, j'avais de quoi en ressentir. Enfin, ce n'est pas de moi dont on parle...
Allez viens, on y va.

Elle portait Emy tant bien que mal. L'autre faisait de gros, ou plutôt énormes efforts pour marcher droit. Alice regarda un instant en direction de madame Pince.

- Vous n'aimez pas les élèves au point de les laisser s'évanouir et mourir dans la bibliothèque, la vieille ? lança Alice sur le ton le plus mauvais qu'elle put trouver.

Elle poussa l'énorme porte de la bibliothèque et sortit, pour aller on ne sait où.

- Ou veux -tu aller ?

Irma Pince n'aimait pas beaucoup qu'on lui parle sur ce ton. Elle était justement en train de rédiger d'une plume acérée une note prévoyant une punition pour O'Clery (pour avoir osé lui crier dessus et pire encore, crime entre tous, maltraité un livre !!!) et voilà que la jeune fille aggravait encore son cas.

Pince dit d'un ton doucereux à l'abomination vivante qui prétendait porter le nom d'élève: "allez où vous voulez, mais ne revenez plus à la bibliothèque... Vous en êtes exclue tant que je n'aurai pas eu de plates excuses... excuses à genoux, bien entendu", ajouta-t'elle, un sourire sadique sur les lèvres.

Excuses ou pas, j'ai d'ailleurs le regret (ses yeux brillaient de satisfaction) d'enlever 30 points à votre maison. Pauvres Serpentards, qui vont perdre ces points par votre fait! Ils ne vont donc pas mener longtemps..."

Irma exécrait tant les élèves, qu'elle était presque heureuse ce jour-là d'avoir motif à en punir une: celle-là prendrait pour ceux pour lesquels la bibliothécaire n'avait pas réussi à trouver quelque chose à redire.

Elle ricana, puis claqua la porte au nez de l'impudente. Qu'elle aille se faire pendre ailleurs, et quant à celle qui faisait semblant d'être malade, les simagrées ne marchaient pas avec Irma!! Encore une tentative de manquer les cours, ça... l'infirmière les pouponnait trop.

Irma, ragaillardie par ce petit affrontement, alla reprendre sa place à son bureau, jetant des regards sévères autour d'elle, prête à secouer les puces du prochain qui aurait des vapeurs.
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[Je retire 30 points à Serpentard, et tu es donc pour le moment exclue de la bibliothèque. Désolée, mais il fallait t'y attendre.]