Se ridiculiser ? Mais c'est facile ! [PV]

Les ombres du soir étaient terrifiantes, dans les couloirs qui descendaient jusqu'à la salle commune des Poufsouffle. Depuis que Dumbledore avait rendu l'âme (Mais à quiiii ? #SBAAF#), les torches qui éclairaient les murs avaient semblé s'espacer pour laisser plus de place à l'obscurité, dans le château. Ce n'était peut être qu'une impression, mais Sarah était persuadée que c'était une manigance de Rogue pour rendre les élèves encore plus maussades qu'ils ne l'étaient déjà. Ça lui ressemblait bien, de faire un coup comme ça aux pauvres étudiants de Poudlard.
La Jaune et Noir soupira, cherchant l'intersection qui l'amènerait devant le tableau de la Poire, l'entrée salvatrice de sa salle Commune. Elle était certaine que c'était quelque part dans les environs, peut être au bout de ce couloir ci, ou après ces escaliers là ? Elle devait reconnaître que se perdre après un an passé au château, à en explorer chaque recoin, était un tantinet humiliant, mais était-ce de sa faute si elle avait perdu tous ses repères durant les vacances d'été ? Sarah était désespérée. Elle ne se serait jamais crue capable d'une telle gaucherie et d'une telle maladresse. Quoique, en y réfléchissant bien... Se perdre dans un lieu aussi familier lui était sûrement déjà arrivé. Oui, en réalité, elle s'était déjà perdue dans le centre commercial à deux pas de chez elle, se rappela-t-elle avec une moue boudeuse.
Un instant, elle crut voir ce fameux croisement, mais en s'en rapprochant, la Poufsouffle dû bien s'avouer que ce n'était pas celui-ci. Pas de chance, imbécile, lui souffla méchamment sa conscience. Sarah s'en serait frappée la tête, si elle n'avait pas entendu des bruits bizarres qui pourraient inclure la venue d'une personne. Malheureusement, au lieu d'un humain - certes inconnu, mais qui aurait pu lui être d'une aide précieuse -, ce fut Peeves qui traversa un mur en ricanant sinistrement, surtout que son rire se répercutait dans les couloirs mal-éclairés. Un paquet de craie flottait à côté de lui... Mauvais présage.

« Oh ! Pauvre petite, tu t'es perdue ? »
« Peeves ! Aide-moi, au lieu de te moquer ! Tu dois bien avoir une idée de l’emplacement de la salle commune ? Demanda la Seconde année avec appréhension. Tu es le fantôme de la maison… »
« Je ne te dirais rien, murmura-t-il, mesquin, en lui lançant des craies… »

La fillette prit la fuite, en maudissant cet abruti de Peeves, et courut sans regarder où elle allait, poursuivie par le jet de craies du fantôme, extrêmement précis. Visiblement, les années passées à torturer tout les élèves avaient permis à l'esprit frappeur d'acquérir des compétences en lancé d'objets divers. Elle songea avec une pointe d'agacement, mêlée d'amusement, qu'elle ne devait pas être la première victime de Peeves. Au bout d'un moment, il se lassa et elle s'arrêta, essoufflée. Il l'avait embêté pendant au moins une dizaine de minutes, et l'endurance n'avait jamais figuré dans la liste des qualités de Sarah.
En jetant un regard autour d'elle, la Poufsouffle remarqua de grands escaliers, dont elle savait qu'ils menaient dans le hall. Peeves l'avait donc finalement aidée, en la conduisant jusqu'ici. Elle était en train de se demander s'il l'avait fait exprès ou non, quand elle décida de lui faire un cadeau, à la fin de ses études. Il avait beau être chiant comme tout, il se révélait parfois utile... Pas souvent, mais quand même. Elle emprunta les marches avec un bonheur évident. Elle avait bon espoir : dans moins d'un quart d'heure, elle finirait par arriver dans son dortoir. Le visage de Sarah s'éclaira d'un grand sourire tandis qu'elle était enfin dans le vestibule de Poudlard. En face d'elle, derrière un petit tas d'élèves, les couloirs qu'elle recherchait depuis trop longtemps s'enfonçaient sous terre.
Boucles d'or traversa le hall avec une expression indéchiffrable sur le visage : elle était partagée entre une joie secrète et dévastatrice de retrouver sa Salle Commune dans peu de temps, et l'angoisse de se tromper de nouveau. Elle était tellement prise dans ses pensées qu'elle ne remarqua pas le pied d'un Serpentard plus âgé qui se mettait en travers de sa route. Elle trébucha donc devant toute la bande de Sang-pur, qui se détournèrent d'elle en riant, comme la plupart des gens présents. Des larmes de rage et de douleur lui montèrent au coin des yeux, tandis qu'elle tentait de se relever dignement. Sarah aurait adoré leur hurler dessus, mais elle était suffisamment intelligente pour ne pas se ridiculiser publiquement. Sa cheville droite était meurtrie, et elle titubait en voulant se remettre debout. Elle n'était même pas surprise que personne ne l'aide : ça lui faisait juste un peu plus de peine, c'est tout. Finalement, elle avait presque réussi à être droite, quand une voie l'interpella.



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Une main se posa délicatement sur l'épaule de Sarah, comme l'aurait fait un papillon sur une fleur. Dans l'immédiat, ce n'est pas cette pensée qui vint à l'esprit de la fillette, mais plutôt la crainte que l'élève soit là pour l'embêter. Heureusement, la douceur du geste prouvait que l'intention n'était pas mauvaise, voire même à but réconfortant. Elle se retourna lentement, sa cheville ne lui permettant aucun mouvement brusque, et croisa le regard bienveillant d'un garçon, dont le blason indiquait qu'il était à Serdaigle. Il abordait un sourire compatissant, et ses cheveux noirs tombaient négligemment sur son front et ses sourcils. Malgré la situation, Sarah ne pu s'empêcher de remarquer qu'il était mignon.
Alors que les larmes que la Poufsouffle tentait de contenir dégoulinaient sur ses joues, laissant des traînés sombres, le Bleu et Bronze lui conseilla de ne pas faire attention à ces horribles Serpents, dans tous les sens du mot. Si seulement c'était aussi facile à faire qu'à dire... Ignorer les gens, c'était presque impossible pour Sarah : elle se demandait si elle ne manquait pas quelque chose d'essentiel si elle ne leur adressait pas la parole. Elle s'essuya les yeux d'une main et acquiesça d'un hochement de tête, tandis que le jeune homme continuait à lui parler avec gentillesse. Seth Griffins - puisque c'était ainsi qu'il se nommait - avait l'air d'être l'une de ses personnes qui trouvaient les mots justes pour remonter le moral des autres. C'était tout ce dont la jeune fille avait besoin, actuellement. Et peut être, avouons-le, de soins pour sa cheville.

« Je m’appelle Sarah, l’informa-t-elle dans un souffle. Je ne veux pas te déranger… »

L'éducation d'aristocrate que la blonde avait reçue lui soufflait de ne pas accepter son aide. Seth n'avait sans doute fait ça que par pure pitié et elle ne voulait pas l'importuner ou lui infliger sa compagnie. Cependant, vu l'état de sa cheville, il semblait improbable qu'elle arrive à rejoindre son dortoir ou l'infirmerie seule. Quoique, avec beaucoup d'efforts, de temps et de souffrance, peut être qu'elle pourrait y parvenir. Sinon, elle pouvait toujours demander à Peeves de la porter, mais vu qu'un fantôme est inconsistant, mieux valait profiter de la gentillesse de Seth. Alors, les joues légèrement rosies par la honte, elle ajouta :

« Je suis désolée de te demander ça, mais est-ce que tu pourrais m'emmener chez Madame Pomfresh ? Oh, je suis vraiment désolée ! »

Elle était vraiment gênée de l'obliger à l'aider, mais elle ne voyait personne de sa connaissance dans le Hall, et personne d'autre qu'elle savait assez gentil pour la soutenir... A part Seth. La petite blonde n'avait pas le choix, et elle détestait s'imposer de la sorte. Ça ne lui correspondait pas. Et puis, qu'auraient dit ses parents en la voyant agir de la sorte ? Elle aurait sûrement été bonne pour une leçon de conduite en société comme celles que sa Mère lui imposait autrefois. La Poufsouffle avait toujours détestée qu'on lui dicte les conduites à adopter, mais elle les avait toujours appliquée avec soin. Une fille de bonne famille se devait d'avoir un comportement irréprochable sur tous les plans. Cette remontée de souvenirs fit ré-apparaître de nouvelles larmes sur son visage, qu'elle laissa couler sans y prendre garde.

« Dis-moi, Seth, dit-elle en cherchant de quoi elle pourrait bien s'entretenir avec lui, tu aimes le Quidditch ? »

Après tout, le Quidditch était le sport préféré des Sorciers, n'est ce pas ? A Poudlard, il n'y avait pas plus banal que de commencer une conversation de la sorte. Au moins, ça meublait le silence et puis, la née-moldue pourrait en apprendre plus sur Seth. Parce que bon, le Serdaigle avait l'air d'être le genre de gens avec qui Sarah s'entendait très bien habituellement. Il pourrait devenir son ami, avec un peu de chance. Le cœur de la jeune fille s'emplit de joie et d'espoir, elle n'était pas chez les Jaunes et Noirs pour rien. Sous sa timidité, elle était sociable et aimait la compagnie de ses semblables.

Spoiler:

Seth, en parfait gentleman - essayait-il d'imiter Ernie MacMillan et sa perfection ? #SBAAF# -, lui répliqua qu'elle ne le dérangeait pas et qu'il était là pour l'aider, pas comme ces crétins. Ses paroles rassurèrent légèrement la petite blondinette, et un sourire reconnaissant étira ses lèvres. Heureusement que Poudlard n'était pas qu'un repère de sournois et de minis Mangemorts en pleine croissance, et qu'il y avait encore des élèves comme le jeune Serdaigle, gentils plus que de raison, sinon Sarah aurait déjà fait ses bagages avant de partir en claquant la lourde porte d'entrée. Elle murmura avec gratitude :

« Merci beaucoup… »

Ensuite, son sauveur affirma qu'il la porterai jusqu'à l'infirmerie. Les traits de l'anglaise se figèrent un instant, sous l'effet de la surprise, avant qu'elle ne se mette à grimacer et à rougir sans plus de limites, encore plus gênée que si on lui demandait de faire un discours improvisé devant un peuple entier. Qu'auraient fait sa mère et ses amies, dans une situation pareille ? Auraient-elles refusé l'aide en prétextant aller beaucoup mieux, d'un seul coup ? Sarah essayait en vain de calmer le feu de ses joues, tout en cherchant une dérobade. Ce n'était pas qu'elle se savait lourde, elle était plutôt le contraire, pesant à peine 37 kilos. Mais l'éducation qu'elle avait reçue interdisait des contacts si poussés avec quelqu'un du sexe opposé. Elle se trouvait devant un véritable dilemme : refuser pourrait vexer Seth, et accepter reviendrait à renier son éthique.

« Ce… ce n’est pas la peine de te donner tant de mal, bafouilla-t-elle, toujours aussi écarlate. Je peux marcher, je crois... »

Le problème était là : elle n'était pas sûr de réussir sans s'effondrer trois mètres plus loin. Ç'aurait probablement été le comble du ridicule, et Sarah avait sa fierté - même minime -, jamais elle ne voudrait s'abaisser à ce point. Et si pour rester digne, elle devait se réfugier dans les bras d'un élève dont elle ne connaissait presque rien, elle le ferait. La Poufsouffle sût à ce moment là que ses parents ne la réprimanderaient pas pour cet instant de faiblesse, puisqu'ils n'en sauraient absolument rien. Qui avait dit qu'elle devait tout leur confier, surtout qu'ils étaient peu intéressés par elle ?
Comme pour apaiser la fillette, la conversation dériva sur un sujet plus banal et qui ne risquait pas de la faire devenir écarlate. Être aux couleurs des Gryffondors, ça allait dix secondes, mais plus ça faisait trop, surtout en compagnie d'un garçon. Alors qu'elle se croyait tirée d'affaire pour un moment au moins, les bras de Seth l'encerclèrent et il la souleva. Elle rougit de nouveau et fit deux-trois mouvements dans le but de s'échapper. Seulement, avec sa cheville handicapée, ce n'était pas facile et puis, elle risquait de les faire tomber tous les deux. Autour d'elle, les gens les pointaient du doigt en chuchotant, peut être choqués ou amusés, et Sarah comprit que les rumeurs seraient centrées sur elle et le Serdaigle pendant au moins une semaine. Elle finit par passer ses bras autour du cou du sorcier, pour plus de sûreté.

« Je… Merci, commença-t-elle. Tu es poursuiveur ? C’est génial ! Je suis certaine que tu réussiras à percer… J’aime bien le Quidditch aussi, mais vu des gradins. A vrai dire, j’ai un peu peur quand je suis sur un balai. »

Bien qu'elle n'ait jamais eu le vertige, ou une quelconque phobie de ce genre, la née-moldue ne se sentait pas à l'aise dans les airs. Peut être était-ce parce qu'elle savait que la moindre chute lui serait fatale et qu'elle n'avait pas le goût du risque. En tous cas, elle évitait de poser ses fesses sur un balai. Ça valait mieux pour la sécurité de tous, vu qu'elle aurait été capable d'atterrir sur un de ses pauvres camarades de classe resté sur le bas du terrain. Et puis, dans le Quidditch, quel poste aurait pu lui convenir, franchement ? Attrapeur, c'était trop stressant, avec tous ses gens qui souhaitaient vous voir saisir le Vif d'or en premier. Batteur, elle était trop faible et les Cognards qu'elle frapperait n'iraient pas loin. Poursuiveur, c'était trop physique et ça demandait trop d'adresse. Quand à Gardien, Sarah était simplement trop effrayée pour tenter. Non vraiment, le Quidditch était beau à voir et c'était amplement suffisant pour Sarah.



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