Bal de Noël dans les couloirs... [ pv : Jérôme ]

Depuis le premier jour où elle y avait mis les pieds, Morgane haissait Poudlard, c'était indéniable. En fait, elle avait détesté cette école à partir de l'instant où sa mère avait voulu y envoyer Mégane, et donc à partir du moment où elle avait su qu'elle partirait elle aussi. Pour notre jeune Winston, cette école représentait l'endroit le moins interessant où elle avait pu aller en presque quinze ans, et c'était même peu dire. D'un autre côté, il fallait bien reconnaître que la vie dans ce château d'Ecosse n'avait absolument rien à voir avec celle qu'elle avait bien pu mener jusqu'ici, notamment avec ses amis de Beauxbâton, et ceux qu'elle avait pu connaître lors des diverses réceptions auxquelles elle avait été conviée, ou qu'elle avait données. Très souvent elle repensait à cette différence si visible que ne pas la voir en était impossible, et elle riait presque de sa situation. Un rire nerveux, certes, mais qui était bel et bien là. En fait, si il fallait décrire la situation telle qu'elle l'était réellement, elle étouffait littéralemement à Poudlard, et elle ne pouvait plus être elle-même. Morgane avait toujours été quelqu'un qui aimait la fête, et dans son monde, les soirées se succédaient très souvent. Maintenant, c'était absolument l'inverse, et sa haine de Poudlard l'avait menée à presque se couper des autres. Elle ne détestait pas seulement Poudlard, non, elle n'aimait pas les élèves qui y étaient, à l'exception de Roxane Fawcett et de Mégane, sa jumelle ( en sachant qu'elle ne sait toujours pas que Chad est à Poudlard ^-^ ).

Peut-être que certains élèves ne l'aimait pas non plus, ou la trouvait trop hautaine. Mais elle s'en fichait. Tout ce qu'elle voulait, c'était reprendre la vie qu'elle avait avant, et du reste, elle n'en avait absolument rien à faire. Cependant, une question subsistait : est-ce que cela était possible ? Et la réponse était « non », Morgane le savait parfaitement. C'était donc la raison pour laquelle elle essayait de s'y faire tout de même un peu, et de faire un petit peu comme les autres, même si elle détestait tout cela. Cet essaie d'intégration ( qu'elle savait parfaitement inutile ) commençait d'ailleurs avec le bal de Noël qui devait avoir lieu dans la salle commune des Serpentard : un bal masqué. La jeune héritière des Winston avait mis une longue robe de soirée de couleur sombre, avec un masque assorti.

Elle s'était préparée, comme elle le faisait toujours pour une sortie, et était à présent dans la salle commune depuis un moment, mais elle ne s'amusait pas, bien au contraire. En fait, elle s'ennuyait. C'est pourquoi, alors qu'il n'était pas loin de minuit, elle sortit dans les couloirs, afin de se changer un peu les esprits. Elle marchait doucement, et sur la pointe de ses pieds, afin que le bruit de ses talon claquants sur les dalles de pierre n'affûte pas la curiosité de l'un des professeurs ou de Rusard. Elle regardait la lune au travers des vitres, et la neige qui tombait à l'extérieur. Les faibles rayons qui arrivaient jusqu'à ses pieds étaient cependant suffisants pour qu'elle puisse y voir clair et profiter de la tranquillité des couloirs. Un instant, elle s'arrêta, s'appuyant légèrement contre le mur, et laissa s'échapper un soupir. Contrairement à tout ce qu'elle pouvait laisser croire, Morgane n'était pas si méchante que l'on pouvait le croire; elle était seulement triste. Elle finit de nouveau quelques pas et, après avoir grimpé quelques marches, elle s'installa sur l'une d'entre elles, laissant sa longue robe recouvrir une partie des escaliers. Elle retira ensuite son masque, et regarda le reflet de la lune sur les carreaux, de façon presque inconsciente.

C'est alors que des pas se firent entendre dans les corridors. Morgane releva la tête et vit une personne qu'elle connaissait plus ou moins. Elle ne savait pas tout à fait s'il l'avait vue ou non, mais quoi qu'il en était, ça lui importait peu.

- Jérôme, si je ne me trompe ? Lui dit-elle simplement.

Lorsque le jeune garçon, qui se trouvait être en réalité Jerôme Fawcett, soupira d'un qui, très certainement, se voulait être exaspéré au plus haut point, Morgane ne put s'empêcher de laisser s'échapper un petit rire, discret, certes, mais tout de même bien présent. La jeune Serpentar ne se moquait pas de lui, bien au contraire. En fait, c'était plutôt de la situation qu'elle avait ris. Elle qui pensait se retrouver seule pour le restant de la soirée, assise là, sur ces marches de pierre, à regarder vaguement et de façon presque involontaire les quelques rayons de la lune qui se reflétaient sur les différentes dalles présente au sol, elle ne se serait jamais attendue à ce que ce soit l'inverse qui se produise. Maintenant, elle se retrouvait face à Jerôme, ce Serdaigle de cinquième année qui la détestait tout autant qu'elle avait pu le trouver insignifiant... La soirée n'avait pas été rose jusqu'à présent, pour Morgane, mais là, on pouvait très bien penser que ce serait pire encore... Ce qui était étrange, c'était que pour la toute première fois depuis son entrée à Poudlard, elle n'avait pas envie de répliquer quoi que ce soit. Au fond, elle s'en fichait. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait d'elle, ce n'était pas son problème.

Quoi qu'il en était, elle en était arrivé à un tel point que la seule chose qu'elle désirait, c'était terminé ses études au plus vite, pour que Poudlard et ses alentours soient bien loin derrière elle. Tout ce qu'elle désirait c'était partir loin de cette école sans intérêt, et qui ne ferait jamais rien d'autre que la rendre malheureuse. Mais elle savait que ce serait impossible, et qu'elle ne serait jamais heureuse ici... Sauf si elle acceptait de laisser sa jumelle en Angleterre, et de repartir toute seule en France, pour terminer sa scolarité à Beauxbâton. Et ça, jamais elle ne le pourrait. Le penser simplement était même quelque chose de parfaitement insensé. Il y avait enfin la possibilité pour que sa mère accepte que Mégane retourne en France, jugeant qu'elle était digne de confiance, et qu'elle avait changé... Mais ça aussi, ce n'était nullement envisageable. Elle savait parfaitement que sa jumelle était quelqu'un de bien et que les reproche de leur mère vis-à-vis de Mégane n'étaient pas fondés. Cependant, Morgane avait toujours suivi à la lettre, et ce depuis toute petite, ce que ses parents lui apprenaient, et ainsi elle ne pouvait contester le choix de sa mère, même si elle considérait celui-ci comme insensé.

Au fond, peu importait ce qu'elle pouvait penser, car Morgane savait très bien que sa situation ne s'arrangerait pas comme ça, en ne faisant qu'y penser. En fait, pour faire plus simple, elle savait très bien qu'elle ne s'arrangerait pas. Combien de chances avait-elle réellement de voir les choses changer du tout au tout ? Et surtout comment pourrait-elle aimer Poudlard ? Grâce à qui ou à quoi ? Ainsi, Morgane préféra chasser toutes ces idées de sa tête. En fin de compte, elle n'y pourrait rien et préférait de loin voir les choses venir à elle, plutôt que de les supposer. Elle écouta d'une oreille distraite ce que Jerôme lui disait, mais bien assez pour pouvoir lui répondre.

- Comme quoi tout arrive... N'est-ce pas ?

Elle savait très bien ce que le jeune Serdaigle pouvait bien penser d'elle, mais elle savait aussi qu'elle ne pourrait rien y changer.

- Permet-moi cependant de supposer que si tu m'appelles par mon nom, c'est que mon prénom ne t'est point familier... Tu n'as ainsi aucun reproche à me faire. Ou bien alors tu n'as tout simplement pas envie d'utiliser mon prénom, ce qui est tout à fait probable aussi...

Morgane avait beau ne pas avoir une vie très rose en ce moment, elle n'en perdait cependant pas sa répartie. Cependant, ce soir-là, elle n'avait pas envie de se disputer, ou tout du moins d'argumenter, une fois de plus avec lui.

- C'est drôle, je trouve... On ne se supporte pas et pourtant on se retrouve tous les deux le soir du bal de Noël, dans les couloirs, qui plus est en habits de soiré... Et le plus amusant, c'est que l'on en viendrait même à se parler, si je puis le dire ainsi... Enfin, je suppose que tu te passerais bien de ma compagnie... je me trompe ?

Le ton qu'elle avait employé n'était pas mélancolique, à proprement parler. Aussi, il n'y avait pas la moindre trace d'ironie dans ses propos. En fait, elle lui parlait comme à une personne qu'elle venait tout juste de rencontrer, et avec qui elle n'avait jamais vraiment discuter. Elle-même n'aurait pas su dire pourquoi... bien qu'il aurait été très facile de mettre ça sur le fait que Morgane n'était pas méchante, lorsqu'on la connaissait bien...