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| [Flashback] Sweet Twenties [PV Aaron] | |
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Invité
Ξ Sujet: [Flashback] Sweet Twenties [PV Aaron] Jeu 12 Fév - 11:27 | |
| Apophis traversa une nouvelle clairière, foulant d'un pied plus certain qu'il y a une dizaine d'années cette terre bleue et paillettée, brillant au gré de la lune ronde et enflée dans le ciel. Les feuillages épais de la Forêt Interdite la masquaient à peine, si bien qu'elle traçait son chemin dans le noir opaque du brouillard alourdissant un peu plus l'atmosphère.
Il s'arrêta soudain puisque quelque chose venait d'attirer son attention puis se mit à sourire. Là-bas, au loin, dormait les eaux limpides du lac argenté ; son point de chute. Il s'approcha du bord, mordit de la pointe de sa chaussure la langue humide léchant la terre devenue glaise, puis sourit comme à regret et avisa un coin pas trop mouillé où il aurait pu s'asseoir sans salir son pantalon...
S'adossant à un tronc il observa toute cette partie de la forêt : le lac miroitant, les sapins aux feuilles vertes et givrées, les buissons bruisselant de la course ou du pépiement d'animaux fous. Tout semblait pourtant calme, comme mis sous silence, pour ne pas troubler la paix de la forêt endormie. Merlin sait qu'elle pouvait être dangereuse une fois courroucée.
"Hey ! Pas par là ! On avait dit : pas si loin de l'entrée !".
Sykes cligna des yeux à la vision du petit garçon blond et propre sur lui qui courrait vers les eaux. Il manqua tomber trois fois mais se rattrapa de justesse... La dernière fois fut sur l'autre garçon -brun aux yeux d'émeraudes- qui marchait en tête et qui n'hésita pas à le repousser d'un mauvais ton bourru.
"Te colle pas à moi, sangsue ! Tous pareils, ces Serpentards...".
"Maaiiiss ! M'parle pas comme ça, je suis un noble !".
"Un noble ? Toi ?".
Le petit garçon lui adressa un sourire en coin goguenard puis s'approcha du rebord. Tandis que l'autre, pompeusement, continuait :
"Oui. Je suis de noble condition. Je suis un Sykes of Woodbur...".
"Ouais, ouais, c'est ça".
Il prit un cailloux et le soupesa juste avant de le jeter dans les eaux. Il fit un ricochet. Le petit blond, encore loin de l'adolescent à la carrure impressionnante, s'approcha de lui et n'eut guère peur de s'asseoir au bord de l'eau -quitte à salir son uniforme.
"J'ai été cap', Sykes ! Cap' d'aller dans la Forêt Interdite !".
"Ouais mais j'avais pas dit si loin, Millers...".
Le dénommé Millers lui jeta un regard par-dessus l'épaule et jeta à nouveau un galet dans la mare. Deux ricochets. Réelle satisfaction.
"C'est un jeu idiot".
"Pas plus idiot que toi".
L'autre leva alors les yeux et, sur un sourire félon et son regard de vipère :
"Cap' ou pas cap' de geler l'eau ?".
Aaron arrondit des yeux ronds comme des soucoupes. Le jeune adulte qu'il était devenu s'en souvenait encore. Quelle tête il avait tiré lorsqu'il lui avait proposé de transformer le lac en patinoire !
"On peut pas geler l'eau, tapette ! On n'est qu'en deuxième année... Attends l'hiver pour venir patiner sur la glace, crétin !!".
Et de lancer une autre pierre... qui coula à pic.
"C'est vraiment un délire de pédé...".
Le jeune Apophis se leva à sa hauteur. Le silence, depuis quelques minutes, avait laissé place à la réflexion et aux songes... Il avança d'un ton neutre :
"Ca serait pourtant marrant de patiner...".
Aaron haussa les épaules, indifférent -sale manie qu'il conservait encore...
Mais il s'en rappelait également. Noël arrivait, traînant derrière lui son cortège de tourments. A cette époque, il avait le coeur gros, puisque son père et sa mère avaient décidé de partir en voyage d'affaires. Il ne savait pas avec qui il passerait encore les fêtes, ni même s'il pourrait vraiment partir de Poudlard. Il enfouit les mains dans ses poches, considéra son ami, baissa à nouveau le regard, plissa les lèvres, puis...
"Tu vas où pour Noël ?".
Millers ne répondit pas. Au lieu de cela, il poussa un long sifflement strident.
"Wooohh la laa... c'que t'es bête, toi, Sykes ! Je t'ai déjà dit que, chez les juifs, y avait pas Noël !".
Et l'autre d'embrayer, réellement piqué au vif :
"Ah ouais, hinhin ! J'avais oublié ! Vous, les juifs, vous pouvez pas avoir les mêmes fêtes que nous car vous êtes des gros reclus de la société ! C'est pas cool ce qui vous arrive, personne ne vous aime ! et même tout le monde se fout de vous, c'est pas vrai ça ? Remarque moi je m'y connais pas ! Mais tu sais ce que raconte Tommy McCarthy ? hmmm ?".
Il rehaussa un sourcil éloquent.
"Lui il est en cours d'Etudes des Moldus et il raconte que les juifs bah ils étaient pas aimés durant la Seconde Guerre Mondiale en 65 !".
"45...".
"Ouais, 45 ! Un peu comme les Moldus en fait. Hey ! T'as la totale, Millers ! Des moldus dans ta famille et juifs en plus, hinhinhinhinn ! Victime !".
"VAS-TU TE LA FERMER UN PEU ??! J'te garantis que si tu continues, Sykes, j'te fais bouffer ta cravate de sale gosse BCBG, espèce de coincé du cul ! T'y comprends que dalle !! Les juifs sont un peuple d'opprimés ! Ils ont été chassés alors qu'ils étaient chez eux comme toi et moi ! Alors viens pas raconter qu'on est des victimes, au contraire !".
Il se détourna de lui, serrant les poings, tandis que le petit blond continuait toujours de rire sous cape -maladie stupide dont il ne parvenait à se défaire. Il finit par s'arrêter, Aaron ne lui accordant plus aucun crédit. Puis il se mit à jeter des cailloux dans l'eau... sans obtenir grand résultat.
"Tu lances comme une fille, Sykes...".
Sa pierre plongea à nouveau dans le lac. Il poussa un soupir puis, mécontent, les poings comprimés, lança un regard noir au Gryffondor.
"Je suis une fille, hein ?".
Il arma finalement son pied et projeta boue et sable sur son pantalon et ses chaussures.
"Et là ? Je tire comme une fille ?".
Et il finit par tourner les talons, tremblant de colère, marchant droit vers le chemin qu'ils avaient emprunté tout à l'heure pour venir jusqu'ici -probable sortie. Il n'avait guère le sens de l'orientation. Quelques secondes plus tard, Aaron vint à le rejoindre et la conversation avait dérivée sur les ricochets et la forme des galets... après il ne se souvenait plus de quoi ils avaient parlé sur ce chemin du retour.
Mais il se rappelait bel et bien lui avoir posé ce défi : transformer l'eau du lac en glace. Et, sur un sourire en coin, le jeune homme de vingt ans se décida à le relever. Se redressant de son arbre, il arma sa baguette et se rapprocha un peu plus du bord...
"Heureusement que c'est pas le lac du Loch Ness non plus, grimaça-t-il, j'aurais l'air con sinon...".
En effet, comparé à celui de Poudlard, il n'en faisait même pas le quart. Ils n'étaient donc pas allé jusqu'au plus profond de la Forêt Interdite, là où l'on racontait qu'un lac géant abritait un léviathan... Soit. Il souffla un bon coup, vida son esprit, ferma les yeux et se concentra, la baguette levée et droite vers les eaux.
Il murmura la formule et un trait bleu et scintillant de givre sortit du bois de rose, frappant la surface pour la rendre immobile à mesure que le froid se propageait. Il sourit avec douceur à cette féerie, observant la glace figeant les rides de l'eau pour un bref moment d'éternité. Une fois le travail effectué il rangea sa baguette et vint se rasseoir près de son arbre. Il ne lui restait plus qu'à l'attendre, et il tremblait rien qu'à l'idée qu'il puisse le laisser tomber à cet instant précis. C'est vrai ! Cela faisait près de trois ans qu'ils ne s'étaient plus revus... Maintenant aujorud'hui plus que jamais, Sykes avait besoin de Millers.
Il ne lui dirait pas pourquoi. Non. Pas tout de suite. Il ne fallait pas lui donner la moindre satisfaction ni occasion de riposte mesquine. Il le connaissait trop bien... Ainsi, pour Aaron, les choses ne devaient pas changer : Sykes était toujours chez ses parents, se préparait à un avenir brillant, s'occupait des affaires de la société de son père, et c'était tout. C'est d'ailleurs ce qu'il avait dit dans sa lettre afin qu'il n'ait aucun soupçon : "t'inquiète pas ! Mes vieux me lâchent la grappe cette fois. J'ai dit que j'étais en voyage avec une copine". Non, ce tour du Monde serait là un très bon moyen de le lui avouer...
Il alluma une cigarette et tira dessus. A ce moment-là des pas se firent entendre, se rapprochant de lui au fur et à mesure, faisant craquer les brindilles du bois et soulever les feuilles d'automne écrasées sur le sol. Nous étions mi-décembre ; là aussi, très bonne période pour des vacances improvisées.
Sykes sourit de toutes ces dents de requin à l'intention de l'homme campé juste en face de lui. Il n'ajouta aucun mot mais désigna le lac gelé de l'index, juste avant de l'accueillir en redressant le majeur... |
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Ξ Sujet: Re: [Flashback] Sweet Twenties [PV Aaron] Dim 19 Avr - 13:11 | |
| Depuis le temps qu'il attendait ce tour du monde! Non, mais c'est vrai quoi... La tradition exigeait qu'il se fasse dès la sortie de Poudlard, et qu'un misérable sac sur le dos, on parte au gré des envies visiter des pays inconnus... Vous connaissez la chanson. Aaron, juste après les ASPICs, s'était déjà imaginé en Australie, en Chine et pourquoi pas même... A Israël, mwéwé! Bref, il avait déjà planifié comme dans un rêve un voyage qu'il se promettait exceptionnel, un voyage qui lui resterait dans la tête toute sa vie. Aaron avait pensé qu'il ferait ce tour du monde avec Apophis. Ils étaient meilleurs amis - si, si - malgré une vie... trépidante à l'école, et un voyage avec lui s'annonçait tout simplement hilarant. Le jeune Gryffondor n'aurait pas pu s'imaginer partir avec quelqu'un d'autre, même pas Amanda - il ne voulait pas transformer des semaines et des semaines de poilades incongrues un peu partout sur la Terre en banal voyage de pré-noces. Mais voila. Surpraïse! A la fin de leurs études, Apophis avait mis les voiles. Où? Aaron en avait une vague idée, d'après ce que le blondinet avait accepté de lui dire, et aussi grâce à son intuition relativement... Instinctive? Apophis avait du retourner chez ses parents, qui le dressaient à devenir un bon Mangemerde... Haussement d'épaules agacé à ce souvenir. C'était à se demander comment Aaron avait pu se mettre le doigt dans l'oeil à se point! C'était évident qu'il allait terminer comme ça... Il n'avait eu aucune influence sur lui et le blond avait poursuivi un chemin qu'il avait clamé pendant toute leur scolarité... Aaron avait simplement décidé de se détacher, et de tracer une croix bien nette sur ce voyage qui lui tenait tellement à coeur. Plusieurs camarades de Gryffondor lui avaient demandé de partir avec eux, d'organiser autre chose qui sortirait un peu de la tradition, et Aaron avait dit non, avec un certain dédain. Jamais il n'aurait pu penser partir avec quelqu'un d'autre... Voila pourquoi cette lettre avait été à la fois une surprise et une délivrance. A s'endormir sur un rêve comme celui-là, on en reste frustré et un peu - comment dire - très énervant. Amanda avait du supporter sa mauvaise humeur et beaucoup de remarques dans le style "ah bon, tu es triste d'avoir quitté Poudlard? Bah, moi, j'ai pas eu mon tour du monde!!". Quand il lui avait annoncé qu'il partait pour un an, elle avait été un peu indécise mais avait facilement cédé. Elle devait elle-même partir à Paris pour une année d'études Moldues. Aaron, en s'avançant dans la Forêt Interdite, ne put s'empêcher de ricaner. Il se promit de révéler cette information à Apophis qui, il était certain, se marrerait bien à entendre dire qu'une Sang Pur comme Amanda allait faire des études moldaches... Peut-être même qu'il serait choqué? Hinhin! Le jeune homme de 20 ans ajusta son sac sur son épaule en regardant précautionneusement autour de lui. Une vague de nostalgie agréable l'ensevelissait à mesure qu'il suivait ce chemin habituel, qu'il faisait craquer des branches et des feuilles qu'il avait déjà croisé trois ans plus tôt. Trois ans, merde! Déjà trois années sans Poudlard et tout ce que cela comportait, trois ans à faire semblant de garder contact avec des camarades qu'il voyait auparavant tous les jours, tous les soirs dans le même dortoir, trois ans à remâcher ce voyage irréalisable... Mais si, cette nuit, ce serait fait... La clairière se découvrit devant lui, tout près du lac. Aaron s'étonna de voir de la buée sortir de sa bouche; pourtant, il ne faisait pas si froid que ça il y avait à peine 5 minutes... Les poils sur ses bras et sur sa nuque se redressèrent et un frisson traversa son échine. Mais était-ce la température inhabituellement fraîche ou bien la vue de son meilleur ami assis au bord du lac qui le lui avait déclenché? Aaron se mit à sourire en laissant traîner son sac par terre, puis en le déposant sur la terre molle. Son apparence n'avait pas tellement changé depuis ses 17 ans. Il avait toujours cette même grande taille, ce même air savamment blasé et une façon de dire, juste avec les yeux "je sais ce que je vaux, et je t'emmerde.". Sa corpulence n'était pas encore celle qu'il aurait dans un an, après ce voyage, justement, mais il faisait tout de même moins gringalet-minet de base qu'à Poudlard. Ses cheveux noirs corbeau étaient un peu plus longs qu'avant et lui donnaient un look... plutôt agréable à regarder, sur ses yeux verts électriques. En fait, le seul truc qui cassait un peu l'élégance du personnage, c'était le t-shirt informe qu'Aaron avait enfilé et qui soulignait une légère absence de muscles. Le dessin représentait Jimmy Rotten et Sid Vicious qui s'égosillait devant un drapeau de l'Angleterre en train de brûler et une courronne brisée; l'écriture, en rouge, répétait le message préféré d'Aaron: "God Save the Queen". Quand au pantalon, un simple jean. - " Apophis..." commença-t-il d'une voix grave rigoureusement planifiée. Il n'alla pas plus loin, cependant. Il suivit des yeux la trajectoire pointée par Apophis, et ses yeux s'arrondirent d'une manière un peu trop familière. Lâchant la bandoulière de son sac, il fit quelques pas en avant pour voir de plus près l'étendue gelée, comme celle d'une patinoire, lisse, brillante, et un grand sourire aux lèvres, un peu incrédule, se tourna vers le doigt d'honneur du blondinet. - " Mouais, pas mal..." consentit-il à dire. Et sans attendre, Aaron posa le pied sur la glace. Oui, il avait prévu autre chose. Il avait prévu de sauter sur Apophis, de lui frotter le crâne jusqu'à la brûlure, ou bien de le le serrer dans ses bras, de lui agripper la main dans un salut tout à fait respectable... Peut-être même de lui faire la gueule jusqu'à ce qu'Apophis balance son explication pour ses trois ans sans nouvelle... Mais à le revoir, tout avait été déclenché de nouveau! Il se sentait comme à Poudlard, où la fierté était la chose la plus importante au monde, où dévoiler le moindre de ses sentiments était la pire des faiblesses... Apophis se moquait pas mal qu'il lui fasse un câlin comme un imbécile. Et même si Aaron s'avouait être très heureux de le revoir, il s'empêchait quelconque geste d'affection. Au lieu de ça, les bras en équerre, il tentait de garder son équilibre sur l'étendue glaciale. Avançant avec délicatesse pour commencer, il ne tarda pas à s'enhardir et à faire de grandes glissades sur les bords du lac. D'un geste ample du bras, il invita Apophis à le rejoindre. - " Cap ou pas cap, Sykes, d'aller jusqu'au milieu du lac...?" chantonna Aaron. |
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