I Believe I can fly ~ Pv Myrielle

Il y a toujours un moment dans la vie où on se dit que c’est fini. Oui, c’est fini, elle voulait se lever et écrire une lettre aujourd’hui. Arrêter de dormi jour et nuit. Combien de temps s’était écoulé déjà ? Et combien de temps encore s’écoulerait-il avant qu’elle se réveille ? Elizabeth prenait soin de lui parler, mais l’indienne n’écoutait que rarement jusqu’au bout. Savoir que le monde tourne sans elle lui donnait la nausée, si bien qu’elle préférait se cacher encore plus au fond de son lit.
Elle n’avait pas bougé, ou si peu. Elle n’avait pas mangé, même pas les bonbons que les filles du dortoir lui avaient offerts à son anniversaire. A quoi bon ? Elle avait quand même réussi à se redresser dans son lit lorsqu’elle avait fait un semblant de fête. Mais elle n’y avait pas participé, trop lasse et fatiguée pour bouger. Cela n’avait duré que cinq minutes, la fête d’anniversaire la plus courte qu’on ait jamais connu. Ca n’avait servi qu’à lui miner le moral encore plus. Combien d’anniversaires, de fête encore, sans eux ?
Elle n’avait plus de larmes à pleurer, elle n’avait plus de mouchoir sec, elle n’avait pas de force et encore moins d’envie. Une camarade l’avait aidée à écrire, la plume était trop lourde dans sa main tremblante. On s’inquiétait pour elle, mais elle s’inquiétait-elle encore de quelque chose ?

Elle avait réussi à enfiler sa robe se sorcier, pour cacher son pyjama. Ses chaussures ne furent pas dociles et ne permirent à ses pieds de les chausser qu’au bout d’une demi-heure au moins. Ses pas, lents, lourds, ensommeillés, la trainèrent comme un boulet jusqu’à l’escalier. Le supplice des marches fut plus long que d’habitude, et il lui sembla qu’elle montait plus haut que jamais. N’avaient-ils pas rajouté des marches ?
Les oiseaux de nuit étaient là, chacun s’occupant de soi. Certains se lissaient les plumes, d’autres faisaient la sieste. Personne ne prêta attention à l’être affaibli qui entra dans leur demeure. Rongée par la famine, la bête ne failli pas la reconnaitre. Heureusement que son odeur était sauve ! Il sauta de son perchoir et vint se poser juste à coté de sa main malade. Sentant qu’elle n’arriverait pas à nouer la missive, l’hibou saisi le papier dans son bec avec un petit hululement aigüe.
Il sautilla jusqu’à la fenêtre, et se dépêcha de porter sa lettre à son propriétaire. Avec un peu de chance, Charles seraient en vie, lui. Et il recevrait la lettre, la lirait et viendrait la sauver, la consoler, la soigner. Sinon, il irait jusqu’en France, s’il le fallait !
Mais personne ne peut avoir de chance. Pas dans ce monde, pas maintenant.

Avec ses yeux vides, l’enfant leva à peine la tête pour voir son animal de compagnie la laisser seule parmi tous ces fantômes. Une fenêtre… Un ciel. Le ciel ?
Ses pieds fatigués la portèrent jusqu’à l’ouverture du mur, et alors que ses bras maintenant trop maigre réussirent à la hisser dans l’épaisseur du mur, il lui sembla qu’elle pourrait elle aussi s’envoler.
Qui n’a jamais rêvé de voler ?

« I believe I can fly »

Mais personne ne peut avoir de chance. Pas dans ce monde, pas maintenant…
Se sentant partir, elle essaya de se raccrocher à une pierre, mais ses doigts trop lents et immobiles ne réussirent qu’à glisser avec elle.
Serait-ce un adieu ? Un de ceux qui se font sans que personne ne comprenne pourquoi ?
Ne t’en va pas. Il reste de merveilleuses choses pour toi.

Elle était presque sûre d’avoir senti le vent dans ses ailes. Mais quelque chose la raccrochait à la volière. Une voix connue la ramena à la réalité. Myrielle avait ce ton de voix particulier que Wendy ne l’avait jamais entendu employer avec elle. Parce que d’habitude c’est Wendy qui parle. Parce que d’habitude, elles sont dans le parc. Parce que d’habitude, Wendy n’est pas aussi diminuée. « Je… j’ai cru que… je voulais pas... j'ai pas fait exprès...» murmura-t-elle avec sa voix faible.

Elle était blottie dans les bras puissants de Myrielle. Si elle avait serré un peu trop fort, elle aurait pu la casser en deux. Trop fatiguée pour pleurer encore, Wendy était tout même heureuse de retrouver sa Grande amie, même si ça ne pourrait pas durer longtemps. Elle ferma les yeux et serra aussi fort qu’elle pouvait la taille de la rousse. C'est-à-dire, ne serra rien du tout !

Elle prit de longues respirations, lentes et profondes, comme si elle allait s’endormir, là, comme ça, sur les pavés sales de la volière.
La colère de la serpentarde s’évapora rapidement, l’adrénaline surement. Puis l’allusion à son conte préféra réveilla quelque chose en elle. « C’est… Wendy est partie… Je suis partie… » commença-t-elle à articuler tant bien que mal, alors que les larmes lui montaient aux yeux et les sanglots étranglaient sa voix. Elle serra dans sa main devenue osseuse un morceau de tissu de la manche de Myrielle.
Avec un peu de mal, l’indienne se redressa pour fixer dans les yeux sa Grande amie qu’elle pensait avoir perdu, et le plus sérieusement du monde elle lui affirma « J’existe plus, y’a plus rien de ce que j’aime… Tout s’est envolé ! » alors que les larmes coulaient à flot sur ses joues pâles. Puis son regard sembla se perdre dans le vide, alors qu’elle retournait dans les bras de la jeune fille.
« Le monde me fait peur, je n’ai plus de famille, plus du tout ! » et sa voix s’étranglait de nouveau dans sa gorge pour évoquer la mort de ses parents. « Nulle part… » continuait-elle. « Et j’ai perdu tous mes amis, Katheline, Merryl, Jack, Adelicia, Alyss… Même Sean, même toi… je sais que je dérange, alors… alors je fais rien… j’attends… j’ai peur. J’ai tellement peur Myrielle ! Et Eli… Je suis sûre qu’elle me déteste !»[/color] elle avait déballé par mal de ce qu’elle avait sur le cœur. C’était étonnant, sachant que les mois derniers les seuls mots qu’elle prononçait était monosyllabiques et seulement un par phrase. « Je me déteste moi-même, je suis plus Wendy, ils ont décidé que je devais m’appeler Alosha. Mais Alosha, c’est pas moi, je ne veux pas ! » Il est vrai que se faire nommer autrement même dans les intercours, lui était toujours aussi étrange, elle ne s’y était pas faite et en cours, il n’était pas rare que certains professeurs s’ingénient à lui crier dans les oreilles quand on l’appelait… Lorsqu’elle était assez réveillée pour aller en cours. « J’ai tellement peur de tout le monde… » elle avait retrouvé son apathie des mois derniers, et les mots qu’elle articula n’avait presque plus de son pour se faire entendre.

Elle avait eu un sursaut de force, mais à présent, elle redevenait faible et fatiguée. Sa respiration ralentit et se fit fine, presque trop fine. Mais les battements de son cœur étaient toujours aussi précipités.