Amitiée ? [PV Emma Carter]

Après son petit détour à la bibliothèque, Emma était rentrée à sa salle commune, histoire de déballer ses affaires et de s'installer dans sa "nouvelle maison" pour ne pas avoir à mettre la pagaille partout dans le dortoir le lendemain matin afin de retrouver une chaussette.
La salle commune des Serdaigle était dans une tour, dans l'aile ouest du château. Pour entrer, les élèves devaient répondre à une question faisant appel à leur intelligence. Dans le cas où il ne trouvaient pas la réponse, ils se retrouvaient obliger d'aller faire un tour, ou faire le piquet devant le mur qui menaient à leur salle commune, jusqu'à ce qu'un camarade vienne répondre à la question ... Mais heureusement pour elle, Emma connaissait la réponse à la question qui lui fut adressée par le heurtoir en forme de tête d'aigle parlant, et elle entra directement.

En entrant dans la salle, elle reste bouche bée. Elle venait de pénétrer dans une vaste pièce avec une grande baie vitrée donnant l'impression d'être dans les nuages. Il y avait aussi une statue de Rowena Serdaigle, l'une des quatre fondatrices, portant son célèbre diadème. La salle était tout simplement magnifique. Quelques élèves étaient assis dans des fauteuils et discutaient avec animation. Les cours n'avait pas encore commencé, ce serait donc probablement la seule soirée de l'année où ils pouvaient profiter de leur salle commune sans soucis et sans stress.

Emma contempla ainsi la salle commune, non, sa salle commune pendant quelques instants avant de s'apercevoir qu'elle bloquait l'entrée, et que si quelqu'un arrivait derrière elle, elle risquait de se faire pousser sans ménagement. Elle s'écarta donc et se dirigea vers l'escalier en colimaçon qu'elle avait aperçu en entrant et qui devait mener au dortoir des filles, du moins elle l'espérait. Elle grimpa les marches une à une et arriva devant une porte où était écrit "Dortoir des filles de première année". Rassurée, elle ouvrit la porte et entra dans son dortoir.

Les autres filles de son année étaient déjà occupées à déballer leurs affaires. La plupart d'entre elles avaient l'air assez angoissées, et l'une d'entre elles pleurnichait carrément. Emma renifla dédaigneusement. Pourquoi regretter sa maison à présent ? Leur nouvelle vie commençait maintenant, et c'était à elles de la rendre merveilleuse.
Tous les lits étaient occupés sauf un, près de la fenêtre et elle s'aperçut que sa valise avait été déposée devant. Elle avança tranquillement jusqu'à ses affaires et commença à les déballer.

Emma était en train de ranger son dernier chemisier tout en réfléchissant à ce qu'elle mettrait le lendemain lorsqu'elle sentit qu'on lui tapait sur l'épaule. Elle se retourna et se retrouva face à face avec une jeune fille légèrement plus petite qu'elle, aux cheveux châtains foncés qu'elle avait laissé détachés, et aux yeux d'un bleu intense. Elle paraissait dynamique et un grand entrain se dégageait d'elle. Emma l'avait déjà aperçue durant la répartition.
Elle se présenta comme étant Eryne Poolday.

- "Enchantée, Emma Carter. Pas de problème, tu ne me déranges pas", répondit la Serdaigle avec un sourire.

Elle serra la main que lui tendait la jeune fille.
Emma sortit les affaires qu'elle avait choisi pour le lendemain, d'ailleurs, entre-temps, elle s'était rendue compte qu'on ne verrait que le bas de son jean de toute manière, sa robe cacherait tout le reste ... Et elle se tourna ensuite de nouveau vers Eryne.

- "Prête pour demain ? Pas trop stressée ?" demanda-t-elle en insistant sur le dernier mot. Elle lança un regard vers l'autre côté de la pièce où une jeune fille était occupée à se taper la tête contre un livre de métamorphose qui paraissait relativement lourd. Emma soupira. Leur premier jour n'avait même pas encore commencé !

Au moment où Emma lui avait demandé si elle était prête pour le lendemain, le regard d'Eryne avait soudain brillé d'une lueur d'excitation. En la voyant, Emma se dit que non, aucun doute là dessus, l'adjectif qui convenait pour décrire en ce moment sa camarade n'était surement pas "stressée". Impatiente plutôt, c'était visible. D'ailleurs, la réponse d'Eryne confirma ses pensées. Par contre la question qu'elle lui posa prit Emma de court. Etait-elle stressée ?

Elle prit le temps d'y réfléchir. Tout d'abord, elle essaya de savoir quel était le premier mot qui lui venait à l'esprit lorsqu'elle pensait à la journée du lendemain. L'enthousiasme, sans aucun doute. C'était clair et net, elle tenait à peine en place. Elle avait tellement attendu ce jour ! C'était presque comme un rêve, et elle avait peur qu'à tout instant, on ne vienne la réveiller. Oui, elle allait découvrir tant de choses ! Et puis, sans qu'elle s'en rende compte, un deuxième sentiment s'était glissé insidieusement en elle. L'angoisse. Et si elle n'était pas à la hauteur ? Et si, lorsqu'on lui demanderait de transformer une allumette en aiguille rien ne se passait ? Ou pire, si elle blessait quelqu'un en voulant jeter le sort ? Elle prit une grande inspiration. Non, rien de tout ça n'arriverait. Elle ne devait pas laisser la nervosité la gagner.

- Non, ça va, répondit-elle finalement à Eryne avec le plus de conviction possible.

Non, elle n'était pas stressée. Pas de raison de l'être, se répéta-t-elle. A nouveau son regard se posa sur ses autres camarades de dortoir, elles, elles semblaient stressées pourtant. Et si .. ? Non ! Ne venait-elle pas à l'instant de remarquer à quel point il était futile d'angoisser alors que l'année n'avait même pas commencé ? Elle sourit brièvement en songeant à sa propre bêtise. A croire que l'angoisse des autres était contagieuse.
La jeune Serdaigle remarqua alors qu'un léger silence s'était installé entre les deux jeunes filles. Pourtant, ce n'était pas un silence qui la rendait mal à l'aise, elle ne se sentait pas obligée de parler pour combler le vide. Elle se sentait plutôt à l'aise en compagnie d'Eryne, ce qui lui arrivait rarement au fond.

Une nouvelle question de sa camarade la tira de ses pensées. Quelle matière ils auraient en premier ? Bonne question.

- "Non, je ne sais pas. J'ai entendu dire qu'on nous distribuerait nos emplois du temps demain, donc on ne le saura sans doute pas avant !" remarqua-t-elle.

La Serdaigle sembla quelque peu dépitée, s'attendait-elle à ce qu'Emma sache quel serait le premier cours ?

- "On m'a dit que les cours de métamorphose sont très intéressants, et que le professeur McGonagall est un excellent professeur. J'espères que ce sera notre premier cours" ajouta-t-elle après réflexion.

La métamorphose, oui. Mais surtout la Défense contre les forces du Mal ! Sauf qu'elle ne savait pas du tout qui serait leur professeur ... Emma espérait à tout prix qu'il serait compétent. Cette matière lui tenait beaucoup à coeur, et elle avait entendu dire que nombre d'entre eux avaient été des incapables.

Eryne apprit à Emma quelque chose dont elle n'était absolument pas au courant. Bien entendu, elle savait que le professeur McGonagall, en tant qu'enseignante en Métamorphose devait être capable de se transformer. Mais en chat ? Particulièrement ? Si elle se transformait toujours en chat ... Se pourrait-il que le professeur McGonagall fut une animagi ? Emma était désormais, en admettant que c'était possible, encore plus impatiente d'avoir son premier cours de métamorphose qu'avant. Pouvoir se transformer à volonté en l'animal qui nous correspond le plus, ça devait être fantastique. Emma en avait toujours rêvé, depuis qu'elle avait lu un chapitre à ce sujet dans la bibliothèque de sa mère.

Mais elle n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage, en effet, sa camarade venait de prononcer le nom de la matière qu'elle chérissait le plus et qu'elle redoutait du même coup, le plus. La Défense Contre les Forces du Mal. Mais ce n'était pas pour les mêmes raisons qu'Eryne qu'elle voulait apprendre cette matière, elle s'en rendit compte. Elle voulait quelque chose de concret. Être capable de se défendre, et surtout d'attaquer. Ces pensées la ramenèrent automatiquement à un souvenir douloureux qu'elle avait essayé d'esquiver depuis le début de cette somptueuse journée. Aussitôt son regard s'assombrit quelque peu. Mais elle ne voulait pas en parler, elle n'était pas prête.

- "Oui, ça doit être merveilleux" répondit-elle donc simplement. "J'ai vraiment hâte d'apprendre à lutter contre les forces du mal. Ce n'est pas parce que la guerre est finie que les sales types ont disparu", compléta-t-elle.

Non, elle en était convaincue. La mort de Voldemort ne signifiait pas la mort de tous les "méchants". C'était juste la mort du plus cinglé et du plus ambitieux d'entre eux, tout simplement. Elle aurait voulu croire qu'il n'y aurait plus que des gens avec des bonnes intentions sur Terre, mais malheureusement, ça lui était totalement impossible. Elle ne pouvait même pas feindre y croire.

Mais ses pensées furent interrompues par les gesticulations d'Eryne qui voulait apparemment illustrer concrètement ses paroles. Elle donna quelques coups de poings dans l'air, et quelques coups de pied, qui rappelèrent à Emma une vedette de kung-fu qu'elle avait vu à la télévision.
Puis, tout se passa très vite. La jeune Serdaigle sortit soudain sa baguette de sa poche et la brandit juste sous le nez d'Emma, qui resta pétrifiée pendant un instant avant de sortir à son tour sa baguette de la poche de son jean. Elle fit un pas en arrière pour s'écarter de la trajectoire de la baguette. Lorsqu'elle se rendit compte de la situation, Eryne rougit brusquement et parut embarrassée. Elle s'excusa en bafouillant légèrement.

- "Ce n'est pas très grave", répondit doucement Emma. "T'étais à fond dans ta démonstration, c'est tout"

En prononçant ces paroles, elle remit sa baguette dans sa poche. Un léger silence gêné s'ensuivit, ponctué par les ronflements d'une de leur camarade de dortoir. Les autres semblaient avoir suivi le petit échange qui avait eu lieu entre les deux jeunes filles.

- "Circulez, y a plus rien à voir" dit Emma un peu plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.
Elles n'ont rien de mieux à faire ? songea la jeune Serdaigle. Réviser pour demain par exemple ...

Les autres Serdaigle détournèrent aussitôt les yeux, certaines parurent un peu vexées, et s'affairèrent à fermer les rideaux de leurs lits à baldaquin.
Emma se tourna à nouveau vers Eryne et se décida à briser le silence.

- "Y a pas eu de mal, tu sais ! C'est bon, tu ne m'as pas fait peur. J'ai juste été un peu prise de court", admit-elle.



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TALIESIN