A la recherche des futurs personnalités (LIBRE)

[Je vous rappelle que si vous n'êtes pas déjà membre du club de Slug vous ne pouvez y entrer sur demande et qu'il vous faut vous attirer les faveurs du maitre des potions. Captez son attention et profitez-en pour sortir le grand jeu. Ce genre de topic est l'occasion rêvée pour que Slughorn vous remarque (saisissez-la il n'y en aura pas tellement).]

Septembre... La rentrée des classes.
Bien entendu cet événement n'impressionnait plus le vieil homme qui avait l'habitude, depuis toutes les années qu'il enseignait ici. Il avait par contre vu certains de ses collègues, notamment ceux qui débutaient, qui stressaient à l'aube de leur premier cours. Bien entendu en tant qu'aimable collègue Slughorn leur avait chuchoté quelques bons conseils et leur avait donné de bons tuyaux pour donner aux élèves un enseignement digne de ce nom qui balaie d'un revers de main la stupide école qui s'était dressée concurrente de Poudlard.

Quelques jours plus tard le maitre des potions avait profité de la première sortie à Pré-au-lard pour se rendre à l'auberge des Trois Balais. Il se sentait un peu comme chez lui dans cet endroit jovial où la boisson coulait à volonté.

- Une chope de bierraubeurre ma petite Rosmerta.

La patronne des lieux lui fit signe qu'elle avait comprit et commença à préparer la boisson de l'enseignant pendant que celui-ci zigzaguait entre les tables à la recherche d'une place; si possible pas très loin de la chaleur de la cheminée. Cette pluie constante depuis plusieurs jours n'avait pas tellement amélioré ses rhumatismes et il recherchait donc en priorité la chaleur.

- Et bien McFister je vois que vous ne vous ennuyez pas !

Slughorn lui donna une grande tape dans le dos. Le dénommé McFister qui était enlacé tendrement avec une jolie fille plus jeune que lui sursauta et faillit tomber de sa chaise en recevant la (forte) tape amicale du maitre des potions qui ne paressait nullement gêné et qui continua son ascension entre les tables. Enfin il en trouva une, malheureusement un peu trop loin de la chaleur de la cheminée à son goût. Il tira la chaise et s'y installa pendant que Rosmerta lui apportait sa bierraubeurre. Slughorn en but une bonne gorgée puis son regard s'attarda ensuite sur les élèves présents dans le pub; comme s'il examinait des pièces de musée. Y avait-il parmi eux des futurs talents, de futurs ministres ou mages puissants ou gens très hauts placés ? Slughorn se faisait un devoir de les trouver.

Malheureusement il était tellement absorbé par ses recherches visuelles qu'il ne vit pas que quelqu'un s'approchait de lui.

Pétronille Bindweed était une délinquante. Oui, parfaitement, une délinquante. Y'a plus de jeunesse. Non ! Elle n'avait pas volontairement souillé les couloirs de l'école avec ses chaussures pleines de boue. Non ! Elle n'était pas allée baguenauder dans la forêt interdite après le couvre-feu. Non ! Elle n'avait pas volé des douceurs aux cuisines, ni même rendu un livre en retard à la bibliothèque, mais elle se trouvait à Pré-au-Lard, elle, une élève de deuxième année, officiellement trop jeune pour avoir le droit de sortir du château le week-end. La petite Serdaigle n'avait pourtant rien de l'élève déraisonnable et indisciplinée. En réalité, elle était même tout le contraire. Seulement, il lui arrivait de perdre momentanément son bon sens lorsque les moldus étaient jeu. Car il s'agissait bel et bien de moldus. Ou, plutôt, d'un ouvrage sur les moldus. Le tout dernier livre de Mathilda McCann - The référence en matière d'étude des moldus - venait tout juste de paraître et Pétronille, d'ordinaire patiente, ne pouvait tout simplement pas supporter l'idée d'attendre avant de le lire. Ses parents n'accepteraient jamais de le lui envoyer et la bibliothèque de Poudlard n'en ferait probablement pas l'acquisition avant la rentrée prochaine. C'était bien trop long ! D'autant plus qu'elle avait lu, quelques jours plus tôt, dans la Gazette du Sorcier que tout un chapitre traitait de la mécanique, sujet qui passionnait notre jeune rebelle.

Pétronille avait donc mis la sagesse au placard et opté pour une opération autrement plus osée. Puisque McCann ne viendrait pas à elle, elle irait à McCann ! Son escapade avait toutefois été savamment planifiée. La fillette avait soigneusement repéré l'entrée du passage secret conduisant à Pré-au-Lard, la veille, et minutieusement chronométré le temps qu'elle mettait pour y arriver depuis sa salle commune. Elle avait passé des habits sombres, classiques, afin de passer inaperçue parmi la foule des autres élèves, une fois arrivée au village. D'ailleurs, elle était vernie, de ce côté là : Pétronille était plutôt grande, pour son âge aussi n'était-il pas très difficile de la confondre avec une élève de troisième année. Enfin, elle s'était munie d'une carte de la bourgade pour éviter de se perdre et d'errer, telle une âme en peine, dans Pré-au-Lard. Si tout se passait au mieux, sa petite aventure ne durerait pas plus d'une heure. C'était trop peu pour que quiconque ait le temps de s'inquiéter de son absence.
Ce fut donc une petite Serdaigle plutôt confiante en ses chances de réussir qui se glissa furtivement dans les couloirs, cet après-midi là. Elle rasait néanmoins les murs et lançait des coups d'oeil méfiants aux alentours, des fois que Miss Teigne serait sur ses pas. Vaine précaution ! Le château semblait désert. La plupart des élèves les plus âgés étaient déjà rendus au village afin de profiter au maximum de leur sortie et leurs cadets semblaient s'être retranchés dans les salles communes. La voie était libre !

Pétronille n'en poussa pas moins un léger soupir de soulagement en arrivant à l'entrée du passage secret que tout le monde connaissait depuis juin dernier qu'elle franchit prestement avant de s'enfoncer d'un pas décidé dans le souterrain qui menait à la Tête-du-Sanglier. C'était là, à ses yeux, la partie délicate de l'opération. La Tête-du-Sanglier n'avait pas, en effet, la réputation d'être la taverne la plus fréquentée de Pré-au-Lard et Pétronille craignait de se faire repérer par le patron qui n'était pas connu pour son amabilité. Si tel était le cas, elle pourrait dire adieu à McCann et bonjour aux remontrances professorales ! Un peu nerveuse, la fillette prit son courage à deux mains avant de passer le tableau qui constituait la sortie du souterrain. Ouf ! La pièce était vide ! Logique. La salle principale se trouvait au rez-de-chaussée et, à cette heure, Dumbledore devait être occupé à servir ses quelques clients. La Serdaigle épousseta doucement sa robe et gagna à pas de loup l'escalier le bois qui descendait jusqu'à la taverne.

Bien. Surtout ne pas faire craquer les marches ! Arrêtée sur le seuil de l'escalier, Pétronille gratifia celui-ci d'un coup d'oeil calculateur. Aïe ! Il était visiblement ancien et plutôt mal entretenu. Autrement dit, il était impossible de s'y risquer sans en tirer des gémissements de Flitwick grand-mère arthritique. Il était cependant hors de question de faire demi-tour ! Pétronille respira un grand coup, ferma les yeux, et s'avança sur la première marche, qui couina de protestation. Houlà ! Elle bondit sur la deuxième, qui crissa. La troisième grinça. La quatrième parut presque s'affaisser sous son poids... pourtant, nul ne s'était encore précipité sur elle en lui demandant pourquoi diantre elle se trouvait ici... Etrange ! Elle ne fut pas longue à comprendre pourquoi. La salle était pleine. Oui, pleine. Abelforth Dumbledore profitait visiblement d'un regain de clientèle liée aux événements de juin dernier. Un certain nombre d'élèves s'y trouvaient attablés, discutant bruyamment. Quant au patron... Hé bien il paraissait très occupé à remplir de biéraubeurre toute une série de chopes à la propreté douteuse. Rien d'étonnant, donc, à ce que les grincements de l'escalier n'aient pas attirés l'attention.

Pétronille parcourut par petits bonds lestes les dernières marches avant de se glisser, le coeur battant, à travers les buveurs. Nul ne parut remarquer sa présence et elle se retrouva très vite l'air libre. La tête bourdonnante et les joues roses, la fillette s'éloigna aussi vite qu'elle l'osait de la Tête-du-Sanglier, ne pouvant croire à sa chance. Et pourtant si ! Elle y était ! Elle était à Pré-au-Lard ! Certes, il lui faudrait revenir, mais elle ne s'en inquiétait pas pour l'heure, trop soulagée d'avoir franchit sans encombre cette première étape de son expédition ! Pétronille leva le nez au ciel et sautilla quelques instants d'un pas léger. Quand elle raconterait cela à Antigone... Mais en attendant, il lui fallait trouver la librairie. Elle tira sa carte de sa poche et entreprit de repérer le chemin qui menait jusqu'à la boutique qu'elle cherchait. Voyons... D'abord à droite, puis à gauche... Encore à gauche et tout droit... Bien... Tout le jetant des coups d'oeil réguliers à la carte, Pétronille se dirigea avec assurance à travers les rues du village, jusqu'au moment où elle aperçut Juliet et Eric, à quelques pas seulement.

Juliet et Eric ? Oooh ! Miiiince ! Ses préfets ! Il ne fallait surtout pas qu'ils la voient ! Paniquée à l'idée d'être découverte si près du but, Pétronille se précipita dans le premier bâtiment qu'elle vit et referma brutalement la porte derrière elle avant de réaliser son erreur. Ooooh noooon ! C'était encore pire ! Les Trois Balais ! Le point de rendez-vous de toute la population poudlardienne ! Que faire ? Sortir de nouveau ? Au risque de se heurter à Eric et Juliet ? Non ! Il fallait mieux rester cachée à l'intérieur quelques minutes.
Pétronille se redressa. Après tout, elle n'était pas très connue à Poudlard et les élèves présents étaient tous plus âgés qu'elle. Il y avait peu de chances pour qu'ils sachent dans quelle année elle était exactement. Ce qu'il fallait, c'était donner le sentiment qu'elle avait parfaitement le droit d'être là où elle se trouvait. Elle se dirigea donc d'un par conquérant vers le comptoir, passant à quelques mètres du professeur Slughorn.

Le professeur Slughorn ? Oh miiiiince ! Pétronille ne s'était pas attendue à voir la taverne accueillir le corps enseignant qui, lui, savait parfaitement en quelle année elle était. Perdant d'un coup de sa superbe, la petite rougit violemment avec le sentiment désagréable que tous les projecteurs venaient de se braquer sur elle. Que faire ? Se jeter à plat ventre et ramper, tel le sioux accompli, jusqu'au comptoir ? Se carapater bien vite pour aller se cacher derrière Madame Rosmerta ? Faire genre "Qui ? Moi ? Noooon !" Pétrifiée, Pétronille esquissa un pas en arrière et glissa malheureusement dans une flaque de cocktail du diable. Elle ne dut son salut qu'à la table de son professeur, à laquelle elle se rattrapa dans un réflexe aussi désespéré que dommageable. Car cette fois, Slughorn ne pouvait pas la louper. Et pour cause : elle se trouvait pile sous son nez !

- Euh... Bonjour professeur, tenta-t-elle, sans grand espoir, avec un sourire crispé.

Serdaigle, moins 450 points.

Slughorn était attablé depuis maintenant plusieurs minutes. Un sorcier aux cheveux grisonnants était venu rejoindre le professeur de potions magiques. En fait les deux hommes se connaissaient depuis des années et ils étaient heureux de pouvoir partager de vieux souvenirs autour d'une bonne bierraubeurre.

Lorsque j'étais enfant nous avions un grand oncle qui habitait loin loin dans la montagne. Tous les ans nous allions passer quelques jours chez lui. Il habitait un grand château en pain d'épice hic... Un jour il nous proposa de faire de la luge. Bien entendu comment refuser son invitation ?

Il ne vit pas pendant ce temps la jeune élève de deuxième année qui essayait de se défiler. Il continua donc son récit sans s'apercevoir de rien, du moins jusqu'à ce quelqu'un percute sa table lui faisant renverser la moitié de sa chopine.

Et donc la luge a heurté un arbre et s'est brisée en deux. Mais ne pensez pas que j'ai arrêté hic pour autant ! J'ai continué ma course folle sur la moitié de la luge et... PAR LA BARBE DE MERLIN !

Slughorn posa ses yeux sur la jeune fille qui lui avait fait perdre la moitié de cette délicieuse boisson. Aussitôt ses yeux se durcirent. C'était de toute évidence une élève de Poudlard mais Slughorn ne la connaissait pas vraiment – et bien oui il ne pouvait pas se rappeler de tous les noms et prénoms de ses élèves ; a vrai dire il n'arrivait à retenir que ceux des membres de son club ou ceux dont il avait remarqué les talents.

Mais que s'est-il passé !? Que faites vous donc sur ma table miss... ?

Le professeur de potions attendit une réponse, tapotant la surface de la table du bout de ses longs doigts. Il valait mieux pour la jeune fille qu'elle trouve une bonne raison pour avoir ainsi interrompu une aussi brillante hic conversation. Il n'avait pas revu son ami depuis des lustres et elle venait de gâcher toute la conversation.

Une idée, une idée, vite, vite, vite ! Pétronille était (très) mal barrée. La situation n'aurait pas pu être pire et il allait être très difficile de s'en tirer honorablement. Certes, si elle se faisait renvoyer de l'école pour non respect du règlement et irrespect envers professeur, ses parents seraient bien obligés de l'inscrire dans un collège moldu, ce qui était un point positif, mais, d'un autre côté, Pétronille se trouvait trop jeune pour mourir, ce qui ne manquerait sûrement pas de lui arriver si elle était exclue. Mais comment se sortir de ce guêpier ? Le cerveau (un brin paniqué) de Pétronille fonctionnait à plein régime tandis qu'elle s'efforçait d'éponger au mieux, avec son mouchoir en dentelle rose, la boisson renversée sur la table. Halàlà, quand elle pensait au bon vieux losapin... Polasin... Sopilan... Enfin, un truc comme ça, moldu... Les srociers avaient vraiment du retard ! Elle pouvait, bien entendu, se mettre à pleurer d'un air malheureux - elle avait de quoi ! - mais son petit doigt trempé de biéraubeurre lui soufflait que ce genre de comportement geignard ne ferait qu'aggraver la situation. Sans trop bien savoir ce qu'elle faisait, Pétronille leva un regard suppliant sur Slughorn avant de répondre d'une petite voix :

- Pardonnez-moi professeur... Mais c'est que... J'ai été... Captivée par votre récit à tel point que j'ai... Glissé de surprise... Vous avez vraiment continué sur une moitié de luge ? Vous êtes vraiment très fort... rajouta-t-elle en écarquillant les yeux d'admiration, je suis tellement désolée... conclut-elle en se mordillant la lèvre de désespoir.

Bien, maintenant Slughorn allait penser qu'elle le prenait pour un menteur. Une chance pour elle, Slughorn ne semblait pas la remettre... Elle avait peut-être encore un faible espoir de s'en tirer sans passer par la case "Hep, toi, t'es pas censée rester au château ?"
Les joues toujours aussi roses de honte - d'autant plus qu'elle allait probablement être contrainte de se retrouver embarquée dans un mensonge gros comme Slughorn une maison - la fillette, soumise, finit d'éponger le liquide avant de ranger son mouchoir, détrempé, dans son sac, qui allait être bon pour un lavage dès qu'elle aurait pu regagner Poudlard. Et qu'elle aurait été punie. Et qu'elle aurait essuyé l'ire de Flitwick. Et que les Serdaigles l'auraient enguirlandée pour tous les points qu'elle avait fait perdre. Merlin lui vienne en aide !
Elle mit les mains derrière son dos et recula respectueusement de quelques pas avant de regarder son professeur d'un oeil à la fois candide et gêné.

- Je suis tellement désolée professeur, répéta-t-elle d'une voix vibrante de contrition, je vous en prie, laissez-moi aller vous chercher une autre boisson, je promets que je ne la renverserai pas en chemin !

Sauf si elle tombait sur un autre de ses professeurs. Elle avait, bien entendu, de l'argent sur elle. Non, non, elle ne comptait pas voler la librairie. Certes, elle avait juste de quoi acheter le McCann mais, pour l'heure, elle ne songeait plus tellement à la raison de son escapade. Tout ce qu'elle voulait, c'était déguerpir des Trois Balais au plus vite et, si possible, sans escorte professorale ou préfectorale. En tout cas, si elle restait à Poudlard après cette mésaventure, elle ferait comme tout le monde : elle attendrait sagement sa troisième année avant de retourner gambader dans Pré-au-Lard !

*Si je m'en sors, je jure d'aller planter un tas de cierges à la première occasion !* songea-t-elle, sans cesser de fixer Slughorn d'un oeil implorant.

La jeune fille lui lança un regard suppliant. Non et non Horace ne se laisserai nullement influencé par cette élève. Elle avait gâchée de belles retrouvailles avec son ami et elle n'allait pas s'en tirer à si bon compte. L'enseignant l'écouta les sourcils froncés, un air boudeur sur le visage. Cependant la jeune fille avait du viser juste car elle commença à flatter Slughorn, selon elle son récit était passionnant et c'était sous l'effet de la surprise qu'elle avait glissé. Le maitre des potions sembla soudain s'adoucir.

Par la barbe de Merlin, voilà une fille qui a du goût !

Il eut un grand sourire et tira une chaise.

Venez donc vous asseoir, vous allez prendre place avec nous, inutile de vous excuser, n'importe qui serait troublé par un tel discours.

Il fit signe à madame Rosmerta d'apporter de nouvelles boissons. Quelques secondes plus tard la serveuse rapporta trois pichets de bierraubeurre et les déposa devant les intéressés.

Alors miss ?... On se balade à Pré-au-lard n'est ce pas ? Qu'êtes vous donc venu chercher ?

Il but une gorgée mais devint l'air de son ami il s'arrêta de boire et lança un regard d'excuse.

Mais au fait où avais-je la tête ! Je vous présente mon ami Fandor McCorned, lauréat du meilleur article sur la conférence des apothicaires en 1887. Il est devenu dès lors un très grand écrivain et un journaliste impressionnant.

Le dénommé Fandor inclina légèrement la tête et termina sa bierraubeurre. Il observa ensuite l'heure grâce à sa montre à gousset et expliqua à Slughorn qu'il était temps pour lui de rentrer s'il voulait terminer son article à temps. Il salua les deux Poudlardiens et s'en alla après de chaleureuses poignées de mains.

Slughorn but une nouvelle fois dans son pichet et reporta toute son attention sur la fillette.

Alors hic, vous avez perdu la parole ?

Inutile de préciser que Pétronille était dans ses petits souliers (souliers qui, soit dit en passant, avaient les semelles collantes de biéraubeurre. Elle ajouterait donc "souillage des couloirs" à la somme de ses forfaits !). Certes, elle était extrêmement soulagée - quoique légèrement abasourdie - de voir Slughorn s'adoucir quelque peu, mais il n'en restait pas moins qu'elle demeurait une élève de deuxième année seulement en vadrouille dans Pré-au-Lard. Si son professeur avait été assez conciliant pour passer sur une boisson renversée, il le serait probablement moins lorsqu'il se souviendrait de son année d'étude. Ce fut donc une Pétronille plus morte que vive qui s'assit, du bout des fesses, sur la chaise avant d'adresser un nouveau sourire, qu'elle avait la naïveté d'espérer moins crispé que le précédent, à Slughorn. Elle salua d'un signe de tête mortifié Fandor McCorned (fabuleux ! Elle venait de s'humilier devant un deux grands noms du monde sorcier !), signe de tête qu'elle accompagna d'un fort timide "Enchantée" avant de reporter son attention sur Slughorn, qui n'avait pas l'air de vouloir la laisser filer aussi vite qu'elle l'aurait souhaité.

- Hé bien Professeur, répondit-elle d'un ton convaincu, bien qu'elle fût en pleine improvisation, en réalité je voulais aller acheter des ananas confits... Je sais que ce sont vos favoris... Je voulais vous en faire cadeau au prochain cours et... Hé bien je crois que ma surprise est plutôt ratée... conclut-elle avec un sourire désolé avant de piquer du nez en direction de ses souliers.

Bien. Penser à se procurer des ananas confits au plus vite. Une chance que Claes ait appartenu au club de Slug', l'an passé ! Il leur avait raconté le déroulement des soirées, à Antigone et à elle, et la fillette avait glané, dans ses récits, deux ou trois informations qui se révélaient fort précieuses aujourd'hui ! Ce fut précisément le moment que McCorned choisit pour filer. Pétronille lui serra la main en écarquillant les yeux avec admiration. Tout de même, McCorned, ce n'était pas rien ! Elle serait peut-être lourdement punie, après son escapade, mais elle pourrait au moins dire qu'elle avait serré la main de McCorned ! La petite Serdaigle le suivit du regard tandis qu'il quittait les Trois Balais avant de gratifier son professeur d'un coup d'oeil épaté. Oubliant momentanément sa situation en même temps que sa réserve, elle demanda d'une voix fébrile :

- Holàlà, Professeur, vous connaissez vraiment des gens fabuleux ! C'est vous qui l'avez lancé sur la voie du journalisme ?

Dans son esprit, Slughorn était aussi âgé que (feu) Dumbledore... Il avait donc très bien pu encourager McCorned à écrire un article en 1887 (comme ça "non" ?). Ou, en tout cas, le pousser à viser plus haut. Pétronille but rêveusement une gorgée de biéraubeurre... Et redescendit de son petit nuage. Ah oui, mince ! Elle était ici en clandestine ! Que faire ? Profiter de la clémence du moment de Slughorn et lui avouer carrément qu'elle n'avait pas le droit d'être ici ou bien laisser couler en croisant les doigts pour qu'il ne se rappelle pas de son année avant le prochain cours de potions, où il serait trop tard pour la punir ? Un Gryffondor aurait probablement opté pour la seconde solution, mais Pétronille était une Serdaigle et, en tant que telle, plutôt une prudente. Autant avouer maintenant qu'elle était dans l'illégalité. Faute avouée n'est pas toujours à moitié pardonnée mais au moins, les choses seraient claires... De toute façon, elle avait renoncé à aller à la librairie... Aussi la jeune sorcière hélas prit-elle une profonde inspiration avant de se lancer, les joues roses mais l'air déterminé à aller jusqu'au bout :

- En fait professeur, je n'ai pas tout à fait le droit d'être ici... Je sais que c'est très, très, très mal mais je tenais tellement à vous faire une surprise au prochain cours... Mes parents, vous voyez, ils ne voulaient pas m'envoyer des ananas confits depuis Londres alors je me suis dit que si j'allais en chercher à Pré-au-Lard... Personne ne me remarquerait...

Une fois de plus, elle se mordit la lèvre, au bord du désespoir, et conclut d'une toute petite voix :

- Je n'aurais jamais dû... Je regrette réellement... Vous pouvez me punir, maintenant... Mais s'il vous plaît, pas une punition dans la forêt interdite...

Slughorn continuait à boire sa bierraubeurre à pleine gorgée, jetant de temps à autre un regarde sur la jeune fille. Bien entendu sa tête lui disait familièrement quelque chose mais s'il devait se rappeler de tous les noms de ses élèves, il aurait eu la tête qui aurait explosé depuis fort longtemps maintenant. La jeune fille expliqua qu'elle était venu au village pour faire une surprise à son enseignant. Le professeur la dévisagea quelques secondes et eut finalement un sourire.

Une autre bierraubeurre Rosmerta !

La patronne se hâta de remplir une autre chope pour le maitre des potions et lui apporta.

Et bien je crois que vous aurez d'autres occasions de me faire une surprise. Mais au fait je ne me rappelle pas très bien votre prénom ?

La jeune fille était de toute évidence impressionner par les contacts du professeur Slughorn. Il fallait dire que celui-ci était en effet très fier des liens qu'il avait pu tisser avec tous les grands sorciers actuels.

Tous rêvent un jour d'être sur l'étagère. Ils sont déjà nombreux vous savez, bientôt je n'aurais plus assez de place hic. Il y a Barnabas Cuffe, directeur de la Gazette du Sorcier qui est toujours ravi d'entendre mon avis sur les nouvelles du jour. Mais aussi Ambrosius Flume le patron de chez Honeydukes qui m'envoie à chaque Noël un panier de friandises simplement parce que je l'ai présenté à Cicéron Harkiss qui lui a donné son premier travail ! Et puis Gwenog Jones, capitaine des Harpies de Holyhead ! Elle m'envoie des billets gratuits quand je le demande. Mais il y a aussi Harry Potter le héros de notre temps, Hermione Granger une des meilleure élève que Poudlard n'a jamais eut en ses lieux, Ernie MacMillan qui se consacre à une futur carrière ministérielle... Hic tant de gens...

Le regard de Slughorn se perdit au loin pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il fut tirer de ses pensées par la voix de Pétronille qui confessait son crime – elle n'avait pas le droit d'être ici. Elle était venue sans aucune autorisation. Slughorn fit une grimace, ressemblant soudain à un vieil éléphant importuné par des moustiques.

Et bien... urmf... je ne dis pas que ce que vous avez fait hic est bien mais... peut-on en vouloir à une jeune fille qui n'avait en venant ici que pour objectif d'acheter quelques douceurs pour son maitre des potions... hic... maitre des potions préféré ?

Il finit sa cinquième chope de bierraubeurre depuis qu'il était arrivé et se gratta le menton.

Vous savez j'ai pour habitude d'organiser des petites soirées pour des élèves triés sur le volet. Je pense que ce serait une bonne chose si vous vous joigniez à nous, vous seriez la fille qui a bravé le règlement et je pense que ça pourrait être une forme de punition non ?

Il se mit alors à rire pour une raison inconnue et frappa la table avec son poing, commandant une autre bierraubeurre. Rosmerta lui apporta et Slughorn la porta à sa bouche.

Ah les Trois Balais et moi c'est une vieille, non que dis-je ?, une très vieille histoire !! Je l'ai connu quand ce n'était encore qu'Un Balai ! A votre santé !

Et il continua à boire, un peu de bierraubeurre coulant sur son menton.

Pétronille avait attendu des cris outrés. Elle avait attendu un doigt accusateur pointé sur elle tandis qu'une voix de stentor la sommait de déguerpir et plus vite que cela ! Elle avait attendu une punition si salée qu'elle risquait d'y perdre la vie. Bref, elle avait attendu des choses bien plus désagréables que ce qui lui tomba dessus. Si la musique adoucit les moeurs, il devenait évident, aux yeux de la fillette, que la biéraubeurre n'était pas en reste et qu'elle était, en cette minute, sa plus fidèle alliée allez hop, faisons boire Slughorn pour les examens. Comment ? Sluhgorn n'allait pas s'empresser de rapporter sa petite escapade à Fliwick ou à MacGonagall ? Il n'allait pas exiger la réinstauration de la torture rien que pour elle ? (Oui, Pétronille, peut habituée à désobéir, n'a qu'une idée très vague des limites en matière de punition. Surtout après avoir passé un an dans un château aux mains des mangemorts !) Alors ça, pour une surprise ! La Serdaigle en aurait embrassé son vieux professeur de reconnaissance avant de devenir son esclavette soumise et de lui proposer de lui cirer ses chaussures c'est le conditionnel qui est important, dans cette phrase. Au lieu de cela, elle se contenta de gratifier son professeur d'un coup d'oeil débordant de gratitude avant de répondre d'une petite voix, encore sous le choc :

- Pétronille, Professeur, Pétronille Bindweed... A Serdaigle...

Elle se tut un instant et but une nouvelle gorgée de biéraubeurre pour tenter de retrouver ses esprits grave erreur. Puis, après avoir soigneusement reposé son verre, elle reprit avec une bonne volonté évidente :

- Oh, Professeur, je vous suis tellement reconnaissante pour votre bonté ! Même si je dois passer des plateaux ou nettoyer par terre toute la soirée, je le ferais avec plaisir ! Ce serait vraiment une punition très agréable ! Je veux bien récurer tous les chaudrons après les cours, aussi ! De toute façon, rajouta-t-elle avec un sourire qui n'avait rien d'hypocrite, ce n'est pas une vraie punition si c'est pour vous !

De toute évidence, Pétronille ne s'attendait pas à être traitée comme les autres invités au cours de la prochaine réunion du club de Slug' tel Neville, elle ferait passer le champagne. Certes, tous les membres de son club n'étaient pas blancs comme neige (Potter n'était pas particulièrement connu pour son respect du règlement. Ceci étant, il n'aurait jamais réussi à les débarrasser de Voldemort sans deux ou trois entorses aux règles, voire aux lois) mais on ne pouvait tout de même pas s'attendre à ce qu'il se montre aussi sympathique envers la petite Bindweed, certes sang pur, certes plutôt douée en classe, mais néanmoins très semblable à l'immense majorité des élèves de Poudlard qu'envers les membres, triés sur le volet, de son club.
Quoi qu'il en soit, et même si elle allait être obligée de récurer les toilettes, le professeur Slughorn venait de gagner une place de choix dans l'estime de Pétronille. Ce qui lui fait de belles jambes. Bien entendu, elle l'avait toujours respecté, mais de ce genre de respect légèrement distrait, presque mécanique, qu'un élève doit à son professeur. Perdue dans ses pensées, Pétronille prit une nouvelle lampée de biéraubeurre tandis que Slughorn attaquait sa euh... Cinquième ? Sixième ?

Elle avait écarquillé les yeux au fur et à mesure qu'il avait énuméré certaines des personnalités sur son étagère. Holàlà ! Mais tous les grands noms du monde sorcier s'y trouvaient ou quoi ?

- Holàlà, professeur, dit-elle d'un ton admiratif, sans vous, le monde sorcier ne serait vraiment pas ce qu'il est aujourd'hui... Tous ces talents que vous avez découverts... C'est épatant ! C'est vous, aussi, qui avez fait la réputation des Trois Balais ? demanda-t-elle curieusement, de toute façon, les commerces que vous fréquentez doivent voir leur clientèle doubler dans la demi-heure... conclut-elle d'un ton pensif.

Question flagornerie angélique, Pétronille apprenait vite. Le pire était qu’elle n’avait même pas conscience d’agir exactement comme la pire des flatteuses. En réalité, elle pensait chacun des mots qu’elle prononçait.

Pétronille Bindweed... Enchanté.

A vrai dire il lui semblait déjà avoir entendu ce nom en quelque part mais sa mémoire particulièrement peu efficace dans ce genre de situations, l'effet de la bierraubeurre se faisant ressentir il ne savait plus où il l'avait entendu.

Visiblement la jeune fille semblait considérer cela comme un honneur d'entrer dans le club et Slughorn n'en fut que ravi.

Par la barbe de Merlin vous n'allez ni porter les plateaux ni laver le sol, laissez faire cela aux gens payés pour ça. Vous serez une membre à part entière et vous serez sans doute ravie de pouvoir nouer des contacts avec les gens les plus célèbre de notre temps n'est ce pas ?

Slughorn posa un regard interrogateur sur la jeune fille et but une nouvelle gorgée. Ah par Merlin qu'est ce qu'elle pouvait être délicieuse cette boisson, peut-être encore même que certaines potions qui se trouvait dans sa salle de cours... peut-être même que l'ensemble de toutes les potions qui existait sur Terre !

Hic ma grand-mère fabriquait elle même sa propre hic... sa propre hic vierraubourré. C'était déli-hic... délicieux.

Il sourit bêtement et termina une nouvelle fois sa chope, portant ensuite son attention et ses grands yeux sur la jeune fille.

Oh que ouiiii ! J'ai toujours des histoires passionnantes à raconter lorsque je viens boire hic aux Trois Balais et il est vrai que de nom-hic-nombreuses personnes recherchent ma compagnie. Vous-même vous la sou-hic souhaitiez n'est ce pas ?

En quelques minutes le bout du nez et les joues du maitre des potions avaient virés au rouge. Un sourire quelque peu niais sur les lèvres il dévisageait Pétronille.

Qu'est-ce qui est le pire ? Une retenue avec Rusard, ou assister en direct à une cuite professorale ?
La fillette avait écarquillé les yeux de plus belle en apprenant qu'elle n'irait pas aux réunions du club de Slug' uniquement en tant que bonniche attitrée pour la soirée. Holàlà, si elle su que la délinquance ouvrait des portes, elle s'y serait lancée plus tôt ! Totalement ébahie, elle dut faire preuve de toute sa retenue pour ne pas se pincer et noya plutôt sa surprise ravie dans la biéraubeurre. Qu'est-ce qui est le pire ? Une retenue avec Rusard, ou prendre une cuite avec son professeur ?

- Oh oui, professeur ! s'empressa-t-elle de répondre avec un sourire, jamais je n'aurais pensé avoir l'honneur d'assister à l'une de vos réunions un jour ! Je suis comblée, vraiment ! Je peux mourir en paix.

Bien entendu, Pétronille, future pâtissière moldue n'avait jamais réellement convoité une place au club de Slug'. Après tout, connaître le rédacteur en chef de la Gazette du Sorcier n'était pas très utile pour une moldue ! Ceci étant, plus elle y réfléchissait et plus elle réalisait que c'était une chance inouïe pour elle que d'avoir été repérée par Slughorn. Après tout, le monde sorcier comprenait également de grands hommes et il serait toujours follement intéressant de pouvoir les rencontrer ! Et puis, peut-être qu'elle pourrait être une pâtissière mixte ? Moldue et sorcière ? Comme ça, elle pourrait continuer à voir Antigone et Claes et... Oui, enfin, tout ceci, c'était à condition que Slughorn se souvienne d'elle le lendemain ce qui, au rythme auquel il éclusait ses verres, n'était pas gagné...

- Sa propre biéraubeurre ? Avec une recette familiale ? Comme les MacMillan avec le shampooing ? Mais c'est passionnant ! dit-elle finalement, en se tapotant le bout du nez d'un air pensif.

A croire que toutes les grandes familles de sorciers avaient un truc particulier ! Ils avaient quoi, eux, chez Bindweed ? Du snobisme à revendre ? Moui, elle n'était pas certaine que ça comptait... Peut-être que ses parents ne lui avaient pas encore révélé le secret des Bindweed ? Peut-être qu'ils attendaient sa majorité ou quelque chose dans ce goût là ?
Elle fut tirée de ses pensées par son professeur de potions, qui paraissait désormais bien rond. Une constatation qui n'empêcha pas Pétronille de répondre avec aplomb :

- Ah, vous m'avez percée à jour, professeur ! Mais qui ne chercherait pas votre compagnie ?

*Bon, bon, bon, qu'est-ce que je fais ? Je ne peux pas m'en aller, quand même, c'est très impoli ! Il faudrait trouver un moyen de rentrer Poudlard avec lui... Mais est-ce qu'il est en état de marcher droit ? Ou alors il part et moi, je le suis de loin, discrétement, des fois qu'il aurait oublié le chemin ?* songea-t-elle, en réalisant que l'heure tournait au moins aussi vite que les biéraubeurres.