La vie continue, pourtant... [Pv]

[Pour ma filleule Nicolette =D J'espère que ça t'ira ^^]


L'année s'écoulait lentement. Très lentement. C'était la première fois pour Juliet qu'elle passait aussi lentement. Les journées étaient longues, même les week-ends étaient longs, et c'était la première fois qu'elle ressentait ça à Poudlard. En général, elle éprouvait cette sensation quand elle passait les deux mois des grandes vacances chez elle, entourée de cette famille qu'elle aimait tant ! (voyez-y de l'ironie, bien sûr)
C'était sans cesse les mêmes pensées qu'elle se ressassait sans arrêt. Ce n'était que maintenant (remarque, mieux vaut tard que jamais, hein !), après sa mort, qu'elle comprenait la peur qu'inspirait Voldemort. Elle ne l'avait jamais compris, auparavant, elle restée entêtée à croire qu'il y avait forcément du bon en lui. Mais maintenant, elle comprenait que ce dont les gens avaient peur, c'était qu'il s'en prenne à leurs proches. Et c'était exactement ce qui était arrivé. L'image de Dennis, mort dans la Bataille de Poudlard (alors qu'elle n'était même pas là, en plus, pfff !) lui apparaissait sans cesse, sous toutes ses formes. Elle ne pouvait se balader dans Poudlard sans se revoir faire les cent coups avec lui à cet endroit. Alors que tout le monde avait repris sa joie de vivre, car depuis la mort du grand Mage noir et la chute du régime des Carrow c'était la belle vie à Poudlard, Juliet s'enfermait petit à petit dans une bulle dont elle avait peine à sortir.
Elle n'arrivait plus à parler aux gens avec autant d'insouciance qu'avant. Ses paroles n'étaient plus aussi naïves, ne provoquaient plus ce petit sourire chez les gens. Notre petite essayait tant bien que mal à se rattacher à sa fonction de préfète pour ne pas trop sombrer dans la solitude. Et pourtant, cela lui coûtait... Heureusement que le professeur Flitwick prenait les choses en main pour la maison Serdaigle, car elle ne s'était jamais sentie aussi inutile. Elle s'était même demandée pourquoi on lui avait rendu son badge de préfète. Oui, parce qu'il avait été détruit, l'année précédente, par Amycus Carrow suite à ce "léger" pétage de plomb qui lui avait valu un séjour à l'infirmerie... Un séjour qui avait fini en véritable traumatisme étant donné qu'il s'agissait de la phobie de Juliet et que les Carrow ne comptaient pas l'en faire sortir puisqu'elle semblait prête à aller en hôpital psychiatrique - selon eux.
Notre petite ne se remettait pas non plus de cet épisode. La mort de Dennis plus ça, c'était trop. Elle n'arrivait pas à surmonter. Peut-être aurait-il fallu quelqu'un pour l'aider à le faire ? Mais elle n'arrivait pas à en parler...

Notre jeune fille était donc en train de broyer du noir, assise sur les marches de l'escalier mouvant le plus haut de Poudlard. Elle aimait bien cette place car de là, elle avait une vue sur une grande partie des autres escaliers mouvants du château. Le fait de les voir tourner dans tous les sens la détendait. Elle avait l'impression à assister grandeur nature à ce qu'il se passait certainement dans son cerveau. Tout un tas de rouages qui n'en font qu'à leur tête. C'était un peu ça, oui.
Juliet était tellement absorbée par ses pensées qu'elle mit un certain temps à remarquer qu'une petite fille semblait tourner en rond. A un moment donné, elle la voyait sur l'escalier tout en bas, puis après elle se trouvait sur celui de l'ouest, puis deux minutes après elle sur l'escalier sur lequel était notre Serdaigle. Puis, alors qu'elle semblait partie, elle repassa à côté d'elle mais dans l'autre sens. Juliet mit un temps immense pour calculer que cette jeune première année était peut-être perdue. C'était dingue comme la réflexion la plus simple du monde pouvait mettre trente ans à lui arriver au cerveau, en ce moment. La deuxième réflexion qui suivait la première (oulaaah, attention, douuucement, douuucement, le cerveau va faire une surchauffe là !) mit encore plus de temps à arriver. La petite avait de nouveau eu le temps de repasser dans l'autre sens sur l'escalier. Peut-être fallait-il l'aider ?
Aaah, bravo, ça peut être une idée ! Juliet se rendait compte que c'était ce qu'il fallait faire, mais elle n'avait absolument pas envie de le faire. Toute volonté l'avait quittée depuis la rentrée. Tout effort lui était pénible, et encore plus quand il s'agissait de sortir cinq minutes de sa bulle.

* Allez Juliet, bouge-toi ! Tu es préfète, à ce que je sache... Les préfets sont censés aider les élèves, aussi... *

Un réel combat avait lieu dans la tête de la brunette. D'un côté, son devoir. De l'autre, sa tristesse pathétique qui l'empêchait de faire quoi que ce soit. Finalement, quand la jeune fille passa de nouveau devant Juliet, ce fut le devoir qui triompha.

"Tu es perdue, peut-être ?" finit-elle par dire avec une voix relativement claire, ce qui l'étonna.

Et maintenant, qu'allait-elle faire, remarque ? Il n'était pas vraiment possible de commander les escaliers... Mais bon, on finissait toujours pas s'en sortir, après tout. Il était tout de même bon que Juliet ait cette pensée-là. On s'en sort toujours. Et il fallait absolument qu'elle sorte de cette léthargie qui était en train de la bouffer toute entière. Mais bouge-toi, nom d'une baguette ! La vie continue... Oui, la vie continue... Tant bien que mal.

Depuis son entrée à Poudlard, sa vie avait indéniablement changé. Jouant le tout pour le tout, Nicolette avait tenu tête à son père qui s'opposait férocement à son adhération à cette école de sorcelerie. Et avait remporté la partie. La plus grande victoire de sa vie, il va sans dire. La fillette avait fait un long bout de chemin depuis sa séparation de son père au quai 9 et trois quart. Peut-être pas la meilleure des routes, mais qui pouvait réellement prétendre à la perfection de leur cheminement? qui sait, peut-être qu'un jour Laniel se découvrira un coeur sensible débordant d'amour et de sympathies pour l'humanité!! ... Ouais, en attendant, elle n'avait jamais été aussi traître de toute sa vie et sa nouvelle réputation lui plaisait: vipère impitoyable de serpentard, à peine eut-elle mit le pied à Poudlard! Ainsi elle gardait à distance cette créarture que l'on appelait «l'homme» et s'en portait que mieux. De toute façon, elle avait aucune notion comment agir avec ces petits animaux pitoyables, alors ça ne valait pas la peine d'y penser!

Quoi?? Elle aussi elle faisait parti de ces créatures?? Alors là, permettez-moi de vous signaler l'erreur grossière que vous faites! Nicolette était tout, mais vraiment tout, sauf l'égal de ces petits moutons qui se suivaient en groupes chacophoniques un peu partout dans l'école! Elle pouvait même accepté de leur être inférieur ( en fait non, elle ne pouvait pas l'accepter, mais l'important c'est qu'elle ne soit pas au même niveau qu'eux!!) Mais je m'égare du sujet...

En fait, toute cette intro était pour démontré l'aisance de Nicolette dans sa nouvelle demeure. Bientôt une demi-année qu'elle y était, elle avait appris à apprivoiser les profs et les étudiants et les traîtait avec toute l'attention qu'ils mériatient; c'est à dire aucune! Elle connaissait bien les endroits clés du château: salles communes, hall, bibliothèque, classes, stade de quidditch, parc. Il n'y avait que la forêt inetrdite et le lac qu'elle ne pouvait prétendre avoir visité en profondeur (mais ça viendrait!) Et en cette soirée tardive, peu après le dernier repas de la journée, la serpentard avait enfin consentit à sortir de la salle commune, après avoir méticuleusement reviser chaqu'un de ses devoirs, s'assurer qu'ils étaient tous en ordre et complets. Puis, décidant d'aller faire un tour à la bibliothèque, pour irriter Madame Pince une fois de plus, elle laissa sa cravate derrière elle et immergea des cachots.

Mais voilà que ces chers escaliers têtus et ô combien bêtes avaient décidé d'une toute autre soirée pour Nicolette. Alors qu'elle s'engageait sur l'un deux, celui-ci, sans avertissement, dévia de direction pour l'ammener totalement à la direction opposée où elle voulait aller. La fillette poussa un soupir de découragement, consciente que ce petit manège pourrait prendre des heures, s'ayant déjà perdue auparavant dans la forteresse mouvante. Mais tout de même confiente dans ses capacités d'orientation, elle ne perdit pas espoir. Lorsque la rambarde s'immobilisa enfin, elle marcha d'un pas décidé vers la sortie. Pour cela, il fallait qu'elle passe un autre escalier, la menant plus haut dans le château. Pas de problèmes, ces pierres ne lui ayant jamais fait le même coup deux fois. Généralement ils laissaient les élèves tranquils après un changement. Ce soir toutefois ils étaient vraiment décider à jouer avec leur victime et Nicolette se vit transportée par un escalier une fois de plus.

*Conserve ton calme! Ça ne sert à rien de t'énerver, c'est juste des pierres pensantes... -___-*

Cette fois-ci, pour être certaine que le sol ne se mette pas à bouger sous ses pieds lorsqu'elle y marcherait, Laniel se mit à courir à toutes jambes pour dévaler le prochain escaliers, au risque de s'y rompre le cou. Mais cela eut l'effet escompter; la rambarde n'avait pas bouger d'un poil (ou d'un caillou) Sachant que la bibliothèque se trouvait normalement au quatrième étage, elle fut déçue par sa propre erreu d'avoir descendu l'escalier alors qu'elle aurait dû continuer à grimper les étages. Trop méfiante du dernier escalier qu'elle avait passé, elle décida d'en essayer un autre, plus paisible, où se trouvait une ado de Serdaigle. Nicolette ne lui accorda aucune attention lorsqu'elle passa près d'elle pour monter à l'étage supérieur. Ni la deuxième fois qu'elle la repassa, revenant sur ses pas, malgré son air d'enterrement. Ni la troisième fois d'ailleurs, alors qu'un autre escalier de malheur lui avait encore bloquer le chemin. Non mais là!! Ils abusaient vraiment!! (Mémo; faire une plainte à McGonagall pour l'indiscipline de son château!)

Finalement, elle dut bien s'arrêter devant la Serdaigle, qui semblait afin l'avoir remarquer après ses multiples allés-retours dans son escalier. Elle lui demanda s'il elle avait besoin d'aide, et ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Déjà que la serpentard avait envi de détruire le château en entier pour se moquer d'elle de la sorte, elle n'avait certainement pas besoin de la charité d'une fille qui deviendrait rapidement un fardeau! Elle bouillonait de rage sur place, et elle avait plutôt de la difficulté à se contenir. C'était plutôt rare qu'elle ressentait une émotion avec autant d'intensité, mais là c'était une vrai insulte!! Une atteinte odieuse à sa personne!! Tient!!

-Et qu'est-ce qui te fait croire que je suis perdue, gps sur pattes?? siffla-t-elle entre ses dents, plus agressive que jamais. Puis n'y tenant plus elle explosa littéralement: Et puis de toute façon, quel plaisir ont-ils à nous imposer des foutu escaliers pensant, hein?? Je veux dire c'est une totale aberration!! C'est quoi, ils sont tous dans leur bureau en train de s'éclater à mes dépens?? Ils veulent leur mort ou quoi?? Non mais je m'en passerais vraiment de ce petit divertissment à 5 cent!!

Sa voix se répercuta en écho chargé de racoeur, alors qu'elle reprenait son souffle. Elle s'apprêtait à déverser un nouveau flot d'accusation, losqu'elle s'aperçut de l'air ébahi de la jeune fille. Eh merde! Voilà qu'elle avait eu un excès devant quelqu'un. Son cerveau carbura à la puissance 200 km\h alors qu'elle songeait à une façon de faire déguerpir la Serdaigle hors de sa vu. Voilà que Knightley venait de découvrir une toute autre Laniel que le laissait présagé les commentaires la précédant. Une première quoi!

Notre petite avait du faire un effort réel pour sortir de sa léthargie afin de voir ce qu'avait la jeune 1ère année qui tournait en rond depuis un bon moment... Aussi, quand celle-ci se mit à lui crier dessus, Juliet resta en bug. Hein ? Quoi ? Qu'est-ce-qu'il m'arrive ?
Pour le coup, ça l'avait réveillé. Mais bizarrement, cela ne l'irrita même pas qu'une petite brune comme celle qui se tenait devant elle lui crie dessus alors qu'elle lui proposait son l'aide... Au contraire, la petite Serpentard lui rendait largement plus service en refusant son aide qu'en l'acceptant, car Juliet n'avait pas des pouvoirs assez évolués pour lui permettre de contrôler les caprices des escaliers. Et puis... Cela faisait tellement longtemps qu'un élève ne lui avait pas crié dessus... En général, quand celui-ci voyait son badge de préfète, il se fondait en excuses même s'il n'avait rien fait, et c'était limite s'il ne se prosternait pas à ses pieds pour ne subir aucune sanction. Nan mais attendez ! Arrêtez le délire un peu ! Z'avez vu Juliet ? Vous la voyez, elle, mettre une sanction à un autre élève, enlever des points ? Nan, nan, nan, la jeune fille n'avait jamais enlevé de points à quiconque ! Et même si un autre préfet s'en serait certainement donné à cœur joie à présent, la petite n'en ferait rien.
Elle était trop contente qu'on lui crie dessus pour ça. Oui, vous avez bien entendu. Juliet en avait marre que les gens ne soient pas eux-mêmes quand ils lui parlaient... Elle voulait voir la vraie vie, la vraie personnalité des gens. Et elle voulait voir aussi les vrais pétages de câble des gens... Et là, elle y avait droit, donc elle était contente ! Et comment pouvait-elle en vouloir à cette petite, alors qu'elle-même, l'année dernière, avait littéralement pété un câble - largement pire que celui auquel elle assistait maintenant ? Sauf que les conséquences avaient été bien plus désastreuses que celles que subirait la jeune Laniel à présent...

Si Juliet avait eu un air ahuri pendant quelques secondes, c'était qu'elle ne s'attendait pas à ça. Mais cela ne révélait ni le reproche, ni l'énervement, ni quoi que ce soit qui fut négatif. Même, c'était la première fois depuis bien longtemps qu'elle ressentait de la joie ! Ouuuf ! Enfin quelqu'un qui n'aurait pas ce regard de pitié sur elle ! Regard qu'elle ne supportait pas... Depuis le début de l'année, comme elle semblait triste, toutes ses connaissances s'apitoyaient sur son sort, et même si elle n'arrivait jamais à le leur dire, elle préférerait largement qu'elles ne le fassent pas.
Donc cette boule d'énergie qui s'était perdue, en explosant de rage, parvenait involontairement à donner un peu d'énergie à notre jeune fille. Elle retrouva même sa curiosité et son insouciance naturelle, l'espace d'un instant. C'était quoi un GPS ? Même si Juliet avait une famille moldue, elle était trèèèèès loin de toutes ces technologies !
Ne pouvant s'en empêcher, sans même répondre à toutes les questions enragées de la petite, elle posa la question :

"C'est quoi un GPS ?"

Et de la part de Juliet, ce n'était nullement de la provocation. Il suffisait de voir ses yeux brillants de curiosité pour s'en rendre compte. Elle ne releva rien sur toutes les remarques de Nicolette - dont elle ignorait le nom. Pour elle, lorsqu'on pétait un câble, il fallait juste attendre que ça passe, il n'y avait rien d'autre à faire. Cela ne servait à rien, par exemple, d'essayer de défendre les constructeurs du château, ou de lancer des remarques du style : "mais c'est géniaaaaal les escaliers pensant !"

La jeune préfète se leva. Elle se sentait mieux, tout à coup. Comme s'il avait juste fallu que quelqu'un la secoue de toutes ses forces pour qu'elle sorte de sa bulle. Elle s'accouda sur la rambarde pour regarder les escaliers qui continuaient de bouger sous elles, et, pensive, dit doucement :

"Une aberration.... Ouais.... Qu'est-ce-qui n'est pas une aberration dans ce monde, de toute façon ?"

C'était ce qu'elle se disait depuis le début de l'année. Mais non ! Elle avait réussi à sortir de cet état de mollusque pendant quelques secondes, ce n'était pas pour s'y replonger ! Non, non et non ! Il y en avait marre, à la fin. Juliet, se rendant compte de ce qu'elle était en train de faire, eut une sorte de décharge électrique qui lui traversa le corps, et se retourna brusquement, parcourue de frissons.

"Pardon... heuu... je... commença-t-elle, ne sachant plus du tout où elle en était. Tu disais ?" finit-elle par dire, exaspérée d'arriver si rapidement à perdre les pédales et finir par resombrer.

C'était une longue lutte qui l'attendait... Mais peut-être que si Nicolette continuait à la secouer dans tous les sens, elle y parviendrait ! Surtout que celle-ci n'apprécierait sûrement pas le comportement de notre Serdaigle. N'importe qui pouvait prendre ça comme du foutage de gueule. Or, évidemment, ce n'était pas du tout l'état d'esprit de Juliet.