Bien que cette situation soit plutôt inhabituelle, il était rassuré d’une chose. Elle ne pleurait pas. Oui, ça rassure ! N’ayant pas la possibilité de la voir directement, il fit appel à ses dons. Après tout, s’il les avait, ce n’était pas pour rien. Projetant ses sens à l’intérieur de la chambre d’amis, il sentit la présence de la jeune fille juste derrière la porte, recroquevillée sur elle-même. Pas besoin de se concentrer comme il y a quelques années pour en venir à ce résultat. Ses capacités s’étaient grandement variés. Et il sentait que ça prenait un peu trop de place dans sa vie. Encore plus depuis qu’il s’entraînait physiquement contre Apophis. A croire que ses capacités physiques avaient entraînés une progression fulgurantes de ses capacités psychiques. Il aurait voulu en parler avec son père, parce qu’au fond lui seul s’y connaissait autant dans ce domaine, mais il n’était pas possible pour lui de l’approcher, ni même lui parler car il savait que son paternel voudrait exercer cette satané autorité parentale sur lui afin de le ramener à la raison. La raison étant de démissionner de ses fonctions de professeur à Taliesin et de venir travailler pour lui au Ministère de la Justice. En gros, le vrai objectif étant de l’éloigner le plus possible de Sykes et de l’avoir à l’œil, sous ses ordres, à sa merci. Et ça évidement, il en était hors-de-question !
Bizarrement, Raphaël ressentait psychiquement Heaven, mais aussi physiquement. Et ça le déconcertait un peu. C’était un mentaliste. Evidement, comme tout être humain, quand il y avait une présence aux alentours, il le sentait. Mais avec Heaven, ça semblait légèrement différent. Mettant ses interrogations de côté –y a déjà assez de perturbations comme ça sans en rajouter d’autres- il attendait patiemment que la jolie brune veuille bien accéder à sa requête. Il pourrait rentrer si facilement pourtant. Il avait juste demandé par décence. Evidement, connaissant la jeune fille, ça m’étonnerait qu’elle lui autorise l’accès. Et en même temps il était chez lui. Il faisait comme bon lui souhaitait. Peu importe que ça plaise ou non à son invitée. Après tout, il avait droit à des explications. Même si étrangement, ça ne semblait pas être quelque chose de réellement prioritaire. Allez comprendre ! Parfois certaines choses le dépassaient. Quelque chose que Raphaël tentait évidement de maîtriser.
Une main sur la porte de la chambre, il poussa un soupir en appuyant sa tête sur cette dernière. Pourquoi ? Parce que la réponse d’Heaven venait de fuser. Elle avait été un peu trop silencieuse après sa demande d’entrer dans la pièce. Mais intérieurement, il n’avait aucun espoir de voir sa requête aboutir. Il connaissait trop bien la jolie brune. Enfin…pour cette partie-là. Parce qu’il venait de se rendre compte que certaines petites choses –et pas des moindres- lui échappaient. Comme les sentiments de l’héritière des Clarks à son égard. Comme il s’y était attendu, Heaven l’avait rabroué. Où était la surprise ici ? Nulle part ! Il devrait donc passer au plan B. Quel plan B ? Hé bien celui où il ne tient pas compte des envies et des aboutissants de la jeune Serpentard. Il ne pouvait pas ouvrir la porte puisqu’elle était juste derrière, le dos appuyé sur cette dernière. Bon, normalement, il aurait pu ouvrir sans problème en boulant la personne mais il s’agissait d’Heaven et il ne voulait pas la blesser. Elle avait peut-être repris du poil de la bête, elle n’en restait pas moins menue. Il se souvenait encore des coups qu’elle pouvait prendre au Quidditch et aux envies de meurtres qui l’avaient assailli lorsqu’il avait vu les batteurs de l’équipe adverse lui balancer des cognards droits dans sa direction. Il chassa ce souvenir. Ca ne servait à rien de s’énerver. Il y avait des choses bien plus urgentes à régler pour l’instant.
Raphaël entreprit alors quelque chose qu’il n’avait plus voulu faire depuis de nombreux mois. S’insinuer dans l’esprit de la jeune fille. Cette fois, il prit cependant des précautions. Il bloqua une partie de son esprit fermement, tout en laissant la partie externe en alerte pour explorer et atteindre son but. C’était simple à faire. Il ne cherchait pas des souvenirs. Juste ce qu’elle pensait à l’instant même. Juste pour être sûr de savoir où elle en était et ce qu’il pouvait se permettre ou pas lorsqu’il serait entré dans la chambre. Malheureusement, ce qu’il y trouva ne l’avança pas réellement. Il se doutait déjà de ce qu’elle pensait. Elle ne voulait absolument pas qu’il entre dans la pièce. Selon ses dires « mentaux », elle était même prête à camper devant la porte. Mais si mademoiselle était prête à faire un feu de camp pendant un temps indéfini, lui n’avait aucunement envie de se plier à sa volonté. Encore moins de perdre un peu plus patience. Encore moins à la laisser partir. Tout simplement parce qu’il ne le voulait pas. Et ça, rien que d’en être convaincu était en soi dangereux. Mais à cet instant, même si quelque chose au fond de lui semblait lui créer de rester sur ses gardes, il était prêt à foncer. Pas les yeux bandés, il ne fallait pas exagérer. C’était un Gibson tout de même.
Malgré une légère hésitation, il se redressa, le regard fixé sur la porte sans réellement la voir. Il marqua un temps d’arrêt comme s’il cherchait à se préparer à « l’affrontement ». Heaven était aussi têtu que lui. Ils s’aimaient mais se prenaient tout le temps la tête. A croire que ça les amusaient. Evidement, parfois il aimait la taquiner. Parce qu’en même temps, elle était belle quand elle se mettait en colère. Ses yeux vairons se faisaient incendiaires mais au lieu de l’enlaidir comme une vélane elle en était que plus belle. Agacé par son propre esprit qui n’en faisait qu’à sa tête en vagabondant n’importe où, il secoua la tête brièvement comme si ça pouvait faire quelque chose comme lorsqu’il était gamin. Lorsque son père lui demandait de fermer son esprit ou de le vider, il avait la fâcheuse tendance à secouer la tête. A cette époque il n’avait que 6/7 ans, mais ça agaçait déjà son paternel. Un vieux réflexe de gosse qui lui était resté visiblement. Ca aurait pu être drôle en temps normal –un léger sourire venant d’apparaître sur ses lèvres à ce souvenir-, mais à cet instant, Heaven le préoccupait plus qu’autre chose. Et le sourire disparu aussitôt. Il reprit totalement maîtrise de lui-même. Autant que faire se peut.
Par égard pour Heaven, il retenta une nouvelle approche. Il connaissait déjà la réponse, mais il essayait de nouveau. Ca ne pouvait pas être pire, si ?
- Tu es sûre de ne pas vouloir me laisser entrer ?
Sa voix était posée, grave et presque un peu trop basse.
- Va-t-en…,lui répondit-elle d’une voix sourde.
Il avait essayé. Tant pis. Il ne rentrerait pas par la voie classique alors. Ce qui est bien quand on est chez soi, c’est qu’on peut faire ce qu’on veut. Sa demeure était protégée par une myriade de sortilèges plus compliqués les uns que les autres. Impossible de transplaner à l’extérieur des murs de cette maison. Ni de l’intérieur vers l’extérieur. Mais d’une pièce à l’autre, il n’y avait aucun problème. La chambre de l’héritière des Clarks étant plutôt grande, il se décida à transplaner à trois bons mètres de là où se tenait la jeune fille. Ce fut rapide, net, précis et léger. Pas un transplanage de bourrin comme il en avait vu des centaines des fois. Il s’était appliqué dès son premier cours à Poudlard à transplaner avec dextérité ou souplesse. Pour lui, si on ne voulait pas trop attirer l’attention sur soi, autant savoir faire une entrée discrète. Bon…Heaven évidement l’avait entendu. Mais s’il y avait eu un péquenaud dans la pièce à côté, il n’aurait rien entendu.
Son regard gris-vert se porta sur le corps recroquevillé de celle qui pendant quelques années avaient été sa protégée. Pourquoi parlait-il au passé ? Parce que ses sentiments envers Heaven le déstabilisaient. Et elle n’avait rien fait pour lui permettre de les faire taire. Elle-même avait dit haut et fort qu’elle l’aimait plus que la décence ne le souhaitait. Avait-il mal interprété ses propos ? Etait-ce possible de faire une bourde pareille ? Non ! Il était sûr de ce qu’il avait entendu. Toutes les petites –ou grosses- crises de jalousie qu’elle lui avait infligées…il comprenait beaucoup mieux à présent. Encore mieux son antipathie envers Daphné.
Demeurant statique pendant quelques secondes, ses yeux ne quittant pas le corps frêle de la brunette, il analysa la situation. Raphaël, William, Matthew Gibson réfléchit toujours un peu trop. Se retournant ses propres constations, il bougea enfin, s’avançant vers celle qui reposait tête dans les genoux contre la porte de la chambre. Après un instant d’hésitation, il s’agenouilla devant elle. Elle semblait si fragile à cet instant que sa colère s’était mise en sommeil. Après un nouvel instant d’hésitation, il posa sa main sur le bras frêle de Clarks.
- Heav’…,en employant son diminutif affectif, il lui indiquait par-là qu’il ne lui en voulait pas réellement.
Après, vu dans l’état émotionnel dans lequel elle se trouvait, il n’était pas sûr qu’elle capte le sous-entendu.
- Heav’…, réitéra-t-il avec douceur.
Il voulait peser ses mots. Ne pas la brusquer parce qu’il l’avait senti se tendre sous son contact. Il avait envie de lui demander de le regarder. Mais elle semblait ne pas vouloir affronter son regard. Il était partagé entre un léger agacement et la peine de constater qu’elle le fuyait.
- Tu…ce que tu m’as dit…,commença-t-il.
Il se stoppa. Ce qu’il s’apprêtait à dire était absurde. Il n’allait pas lui demander si c’était la vérité. Après tout, elle avait été si virulente et si en colère contre lui. Ce n’était pas sans raison. Il aurait voulu lui demander pardon. Il n’avait pas toujours été à la hauteur de la tâche. Il lui menait parfois la vie dure, mais pour son bien. Et pourtant, il se trouvait très tolérant à son égard. Ce qu’il n’acceptait pas en règle générale, il l’acceptait d’elle.
- Je ne savais pas… Je ne m’étais pas douté…,avoua-t-il peiné de la voir dans un tel état.
Certes, elle était en colère. Mais la détresse habitait aussi son cœur. Elle semblait perdue. Et il comprenait pourquoi. Il posa un genou à terre, passa sa main sur sa chevelure brune.
- Je comprends ce que tu traverses Heav’…,il ne le savait que trop bien d'ailleurs, mais lui y faisait face de manière totalement différente. Comme un Gibson quoi!
- Si tu veux…,il déglutit difficilement,… que j’oublie, je le ferai. Je ne t’ennuierai plus. Je ne suis pas en colère… Je ne t’en veux pas.
Et pourtant, une part de lui-même voulait tout le contraire. Ne pas oublier.
C’est vrai au final. En quoi lui en voudrait-il ? Elle avait craqué. Le poids du secret trop dur à porter sûrement. Et puis elle avait un petit ami. Avec ces tiraillements émotionnels, elle ne devait plus trop savoir quoi penser.
- Mais si tu veux…que je n’oublie pas… alors…
Il serra sa main libre en un poing violemment crispé. Qu’est-ce qu’il était censé dire ou faire ? Sa raison lui disait de l’éloigner, de se montrer ferme. Et l’autre moitié, celle qu’il maîtrisait d’habitude si bien semblait jouer un match de boxe particulièrement intense. La proximité d’Heaven ne le laissait plus aussi indifférent qu’avant. Constatant la chose, il faillit s’éloigner, comme s’il s’était brûlé à son contact. Mais il avait retenu son geste. Parce qu’il avait ressenti sa peur, il se devait de la rassurer. Son silence le mit au supplice. Il intervint alors.
- ...Alors je t’en prie, dis quelque chose.
Sa voix n’avait été qu’un murmure, une humble requête, mais Raphaël était assez proche d’elle pour qu’Heaven l’entende sans problème. Qu’elle parle ! Il commençait à être perdu et c’était un sentiment qu’il avait si rarement connu. Une sensation qu’il détestait. Lui qui aimait tellement tout contrôler.
- Je ne partirai pas.
Nouveau silence.
- Je ne peux pas…,ajouta-t-il alors dans un souffle, se rendant compte que s’il ne s’éloignait pas dans les plus brefs délais, il passerait un cap qu’il s’était toujours refusé de franchir.
Il y était presque. Le match de boxe continuait sauvagement. La raison semblait revenir petit-à-petit mais le cœur semblait avoir encore de la ressource. Et Raphaël dans tout ça ? Il ne pouvait qu’observer tout en priant de ne pas faire de connerie.
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Heaven ne pouvait pas faire comme si de rien n’était, mais elle s’y efforçait du mieux qu’elle le pouvait. Elle ne pleurerait pas, que Raphaël ne s’attende pas à cela, mais elle ne dirait pas qu’elle regrettait. Parce qu’après tout, c’était son cœur qui avait parlé. Lui qui en avait bien assez de souffrir depuis trop longtemps, il s’était exprimé sans aucun problème, parce que tout devait sortir. Parce que Raphaël devait être au courant…. Bon, d’accord ce n’était peut-être pas le bon moment, et puis il fallait le rappeler tout de même, mais Raphaël avait une petite amie… Et Heaven la détestait, oui, mais elle ne pouvait pas faire un trait sur elle en cinq minutes top chrono… Elle ne la supportait pas, ne pouvait pas la voir, mais il fallait se rendre à l’évidence, Raphaël lui appartenait, et il n’était pas à la petite écossaise, quand bien même elle s’en était persuadée durant près de quatre ans…
Daphne… Sans aucun doute, elle était la source principale du malheur de la jeune vipère… Et cette dernière l’avait toujours dit, cette nana était pire qu’un Démon ! Satan en personne, le retour de Lucifer… Oui, ça, c’était clair, c’était Daphne Greengrass, cette pimbêche brune se croyant tout permis tout craché ! Une sale garce, qui n’avait en plus rien pour elle… C’est vrai quoi, on ne la voyait jamais, quand on la voyait elle ne parlait pas, elle vous lançait des avadakedavra des yeux, et tirait la gueule à longueur de journée ! Franchement, comment pouvait-on aimer une fille comme elle ? Elle n’avait rien pour plaire ! Alors soit Raphaël était bigleux, soit cette sorcière l’avait envoutée avec un philtre quelconque (et pour Heaven, c’était la meilleure des solutions !).
La brunette ne leva cependant pas la tête en remarquant que Raphaël avait surgi en transplanant. Le sale tricheur… Elle n’avait pas envie de le regarder pour le moment. Si son se regard était noir de colère, elle s’en voudrait d’avoir tout balancé. Après tout, peut-être qu’au final, elle avait fait tout foiré, rien qu’en disant quelques mots… Elle n’avait pas pensé à cela tout de suite, mais si, suite à cela, Raphaël voulait couper les ponts, la vipère aurait été mal. Très mal, et sûrement pour un bon nombre d’années à venir… Et cela, elle ne s’en relèverait sûrement pas. Après avoir passé quatre ans sous la protection de Raphaël, ne plus le voir, ne plus lui parler serait sûrement atroce pour la vert et argent…
Et alors que le brun s’époumonait à parler à Heaven, qui ne l’écoutait que parce qu’elle n’avait pas le choix, et qui avait plutôt envie d’être toute seule (enfin vite fait quoi…), la brunette restait recroquevillée sur elle-même, essayant de se couper du monde qui l’entourait. Elle savait très bien faire la carpe, ne rien dire pendant des minutes entières, des heures durant… La demoiselle comptait bien continuer sur sa lancée jusqu’à ce qu’elle entende les dernières paroles de Raphaël. Même sa main sur son bras ne l’avait pas sorti de sa carpe attitude… +Mais ses derniers mots avaient comme électrisé la vipère.
Son regard vairon se fit de nouveau voir, et se planta dans les yeux gris vert de son « protecteur » ou de ce qu’il restait de ce soi-disant protecteur. Elle ne pouvait rien dire. Elle l’aurait voulu, mais que pouvait-elle dire ? « Je t’aime » ? La croirait-il seulement ? Il savait qu’elle avait l’habitude de jouer avec les hommes, alors pourquoi ne jouerait-elle pas avec lui aussi ? Oui, il pouvait le penser, et elle ne lui en voudrait pas, il en avait tout à fait le droit… Mais pour une fois, ce « je t’aime » serait véridique… Mais après, il y avait Siegfried… Et lui aussi elle l’aimait… L’aimait-elle seulement aussi fort qu’elle n’aimait Raphaël ? Elle n’en savait plus rien…
Mais Heaven ne réfléchit pas plus longtemps. Elle bascula sur ses genoux, attrapant le haut de Raphaël d’une main et posant ses lèvres sur celles du brun. Qu’il la haïsse pour une bonne raison au moins, s’il devait en arriver là… Et Heaven ne pleurait toujours pas, elle n’en avait pas envie. Elle voulait juste savourer ce moment, qui pourrait peut-être être le dernier qu’elle passerait avec le cadet des Gibson…
Invité
Ξ Sujet: Re: Résidence Gibson [PV Heav'] [FINI] Sam 2 Jan - 0:30
Malgré sa patience, la douceur de sa voix, elle ne bronchait pas. Pendant qu’il tentait de la « ramener » vers lui (c’est métaphorique), Heaven était restée hermétique. Que pouvait-il y faire ? Il n’était pas dans ses habitudes de se montrer brutale. Patient de nature, posé, il n’aurait jamais pu brutaliser Heaven. Encore moins quand on savait que physiquement, elle était fragile. Il n’avait pas saisi ses bras, encore moins ses poignets pour ne pas la brusquer. Elle était si fermée à sa personne qu’il aurait tenté quoi que se soit, il l’aurait regretté par la suite de s’être aussi mal comporté. Ce qui l’ennuyait surtout, c’était qu’elle pense qu’il était en colère contre elle. La stupeur avait effectivement fait place à une farouche détermination mêlée de colère, mais elle avait vite disparu par la suite face à la situation délicate dans laquelle il était plongé jusqu’au cou bien malgré lui. Mais pourquoi l’avait-il invité ? Il se rendait compte que chaque petite décision, si dérisoire soit-elle, était déterminante. S’il avait décidé de rentrer sur Londres comme il l’avait décidé au début, rien de tout ça ne se serait produit et la vie aurait continué son cours. Peut-être qu’Heaven aurait oublié ses sentiments et lui aurait fini par chasser l’attirance qu’il avait pour elle. S’ils ne s’étaient pas encore pris une nouvelle fois la tête, elle ne lui aurait rien dit et lui ne se retrouverait pas dans une situation compliquée. Mais avec des « si » on pouvait refaire le monde et pour le moment, il en était incapable. A moins d’avoir un retourneur de temps. Et le seul qu’il savait en posséder un était son grand-père paternel qu’il n’avait pas vu depuis plus de cinq ans. Et s’il effaçait la mémoire d’Heaven ? Oui et qu’est-ce que ça changerait ? Lui se souviendrait de sa déclaration quant à elle, ses sentiments ne se volatiliseraient pas pour autant. C’était un véritable casse-tête.
Ressentant une soudaine « fureur », il fronça les sourcils, se demandant encore ce qu’il avait bien pu faire. Alors qu’il s’insinuait dans l’esprit de Heaven pour la seconde fois de la journée, il sut que ce n’était pas tourné contre lui. Comme il ne voulait pas en apprendre trop (sait-on jamais ce qu’il va encore découvrir ?), il se retira prudemment. Gibson avait d’ailleurs bien fait parce que s’il avait su vers qui cette haine se tournait, il l’aurait très mal pris et aurait quitté la pièce sans demander son reste, laissant l’héritière des Clarks toute seule. Il n’aimait pas qu’on pense du mal de sa petite amie. Encore moins qu’on s’en prenne à elle aussi ouvertement, sans raison. Bon, évidement, du point de vue d’Heaven, la raison était aussi flagrante qu’une tâche de vin sur une chemise blanche. Mais pas aux yeux de Raphaël.
Il fit basculer son poids vers l’arrière pour laisser de l’espace à sa…protégée ? Il avait tellement eu l’habitude de l’appeler ainsi. Ca lui faisait bizarre. Même son esprit semblait la voir autrement. Ca l’agaçait encore plus. Il aurait voulu s’exclamer : « P*tain, fait ch*er, j’en ai ras-le-c** ! C’est quoi ce bord*l ? » Quel langage fleuri dans une bouche aussi noble qu’un Gibson ! Il aurait voulu certes, mais ses longues années d’éducation et de principes avaient fait que jurer comme un chartier devant une demoiselle ne se faisait sous aucune façon. Sentant que ça commençait à s’embrouiller grave dans sa tête, il s’imposa au calme et ordonna sa pensée en moins de temps qu’il ne faut pour dire « ouf ». Il se sentait mieux. Enfin…façon de parler. Parce que tout était peut-être un tant soit peu rangé là-haut, mais pas sûr que son cœur soit d’accord pour en dire de même. Et puis qui serait réellement « zen » face une jolie fille qui vous déclare qu’elle vous aime ? Après, chacun son contexte et son histoire. Et la sienne n’était pas simple du tout. Ils étaient déjà pris de leur côté. Déjà ça, ça en foutait un sacré coup. Ensuite, alors que Raphaël avait toujours considéré Heaven comme sa protégée, presque comme une petite sœur, voilà que depuis quelques mois, il la voyait autrement et il avait du se battre avec lui-même pour se rappeler qu’elle était plus jeune que lui. Pas de beaucoup certes, mais ça suffisait à Raphaël pour ne pas l’approcher. Prétexte stupide, peut-être, mais il s’y tenait comme une moule à son rocher. Bien que la moule commence radicalement à se décoller depuis quelques temps. Encore plus en ce moment. Il se demandait parfois ce qu’il avait bien pu faire pour que Merlin le punisse ainsi. Enfin…c’était une question de perception. Parce qu’un homme moins scrupuleux que lui aurait sûrement profité de la situation. Mais lui, ça ne lui avait même pas traversé l’esprit. C’est pour vous dire…
Il se demandait juste comme il allait faire pour qu’elle aille mieux. Comment faire pour l’aider ? L’héritier des Gibson ne savait plus quoi dire. Il aurait pu la prendre dans ses bras, mais il doutait que ce soit le remède dont Heaven ait besoin. Et lui craignait de trop se rapprocher d’elle physiquement. Il craignait son contact et ça le mettait sous pression. Il avait peut-être sa main sur son bras, il n’osait aucun autre rapprochement. D’ailleurs, vu la tenue qu’elle portait, c’était préférable.
Ce n’est qu’à la fin, lorsqu’il su qu’il en avait trop dit pour leur propre bien que la jeune fille réagit enfin. Presque comme s’il assistait à un miracle, il retint son souffle. Il n’avait aucune idée de ce qu’elle comptait lui dire. Elle allait même lui foutre une baffe peut-être ? Ouais, bah alors là, elle n’était pas prête de le revoir. Elle pourrait lui dire adieu. Sur ses gardes tout à coup à cette soudaine et désagréable pensée, il rencontra alors le regard vairon de la brunette. Elle semblait indécise. Son regard planté dans le sien, Raphaël avait la nette impression qu’elle réfléchissait à son sort. Et ça ne lui plaisait pas vraiment. Qu’est-ce qu’il était censé faire là ? Lui qui savait pourtant affronter chaque situation avec sérénité et recul, il se posait encore la question de savoir quoi faire ? Ca n’aidait pas vraiment à vrai dire. Surtout qu’Heaven semblait être aux prises avec un conflit intérieur dont il était l’objet. Il en était sûr. Heaven pouvait être imprévisible. Pas du tout rassurant là à vrai dire. Y a mieux quand même pour rassurer quelqu’un qu’une personne imprévisible ? Euh…Non non, Raphaël n’avait aucunement besoin d’être rassuré. Il maîtrisait paaaaarfaitement la situation. C’était si flagrant, hein ?
Bah pas assez flagrant apparement puisque la suite des évènements ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Résultat, il ne l’avait pas vu venir. Son corps lui par contre avait réagit et il avait reculé instinctivement, mais pas assez rapidement ni assez loin à vrai dire pour échapper à la jolie vipère. Lorsque ses lèvres entrèrent en contact avec les siennes, il resta stupéfait. Et pourtant, l’instant suivant, son corps avait pris le contrôle (son corps semble plus vif que son esprit tout à coup), laissant le cerveau à l’arrière-garde. Il avait passé une main derrière la nuque de la jeune Clarks. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Une part de lui-même lui criait d’arrêter. Cette résistance l’agaçait et le rassurait en même temps. C’était difficile à analyser. Il aurait voulu se détacher d’Heaven. Il ne devait pas faire ça. Il ne devrait pas être en train de l’embrasser. En même temps, théoriquement, c’est Heaven qui s’est jeté sur lui. Il pouvait faire passer cela pour une agression. Bah oui, où est le problème ? C’est tout à fait pausible ! Quoi que…vu le gabarit de Raphaël…bah Heaven c’était plus poids plume à côté. Sa main sur sa nuque, il avait excercé une légère pression avant que sa langue ne rencontre enfin celle de sa partenaire. Même si son côté « raisonnable et sérieux » lui ordonnait de lâcher cette jeune fille et de partir, il n‘y arrivait tout simplement pas. Comment aurait-il pu ? Heaven Clarks l’attirait ! Il avait mis du temps à l’admettre, mais maintenant qu’il le savait, il ne tentait pas de fuir.
Lorsqu’il mit fin au baiser qui avait duré à peine une dizaine de secondes, il se rendit compte qu’ils s’étaient rapprochés et que leurs corps étaient collés l’un à l’autre. Honnêtement, il n’en avait même pas été conscient. Qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce que je dis ? Sa conscience lui cria « Bien fait pour ta tronche, t’avais qu’à m’écouter du c*n ! » et pour une fois depuis quelques minutes, il était d’accord avec elle. Par rapport à la dernière fois où ça avait failli réellement dérapé, Raphaël ne ressentait pas le besoin de fuir. D’abord parce qu’à l’époque (oui, ça fait déjà 100 ans) Raphaël n’était pas conscient qu’il désirait sa protégée, alors qu’aujourd’hui il était pleinement « lucide » si on peut dire. Autant que faire se peut. Ensuite, il n’avait pas perdu le contrôle comme la première fois, donc ça le rassurait. Oui, il pouvait être tout à fait « descent » avec Heaven sans avoir envie de se jeter sur elle. Quelle bonne nouvelle ! -_-
Mais maintenant, il avait l’impression d’avoir été trop loin. Pourtant, il ne s’agissait que d’un baiser. Mais elle était si mal aussi. Elle avait peut-être voulu… Voulu quoi ? Trouver du réconfort en l’embrassant ? Parfaitement conscient de la proximité du corps d’Heaven finement moulé contre le sien, il voulu se reculer, mais c’est comme s’il en était incapable. Clarks, si tu as utilisé de la superglue, c’était pas le moment approprié. Après, ce qui lui demanda un effort, son corps réussit enfin à s’écarter du sien de quelques millimètres. Ce n’était pas grand chose. C’était d’ailleurs totalement dérisoire, mais c’était déjà ça. En fait, si quelqu’un entrait soudainement dans la pièce, ça serait le quiproquo du siècle. Heureusement, la maison était protégée des intrusions. Et Sianys ne désobéirait pas à son maître. Ils étaient donc seuls. Et cette conclusion provoqua un pic de stress aussi fugace qu’inattendu. Que devait-il faire ?
- …
Ca c’est intelligent ! Ne rien dire aussi peut être utile. Sauf que dans cette situation précise, se taire n’était peut-être pas la meilleure des solutions. Il aurait pu s’excuser, mais bizarrement, il n’en avait aucune envie. Le contact de ses lèvres sur les siennes l’avait peut-être stupéfait au début mais il l’avait aussi électrisé. En quoi était-ce honnête de s’excuser pour un baiser que Raphaël était prêt à recommencer ? Vous en conviendrez, il n’y avait aucune raison de s’excuser. Sauf si on voulait se la jouer hypocrite. Et pourtant, par principe, c’était les propos les plus censés qu’il pouvait sortir. Et pourtant, à cet instant, même s’il s’en voulait, il ne regrettait pas. Encore un nouveau constat.
- Je suis désolé…
Allez, un effort Gibson ! T’es capable de faire mieux. Oh oui, certainement...
- Non…en fait, je ne suis pas désolé. Pourquoi le serai-je ? Mais où tout ça peut-il nous mener ?murmura-t-il plus à lui-même qu’à sa partenaire, en passant sa main sur la joue de la jeune fille.
Raphaël n’avait pas été très explicite. Mais il en avait assez dit pour faire comprendre à Heaven qu’au fond, il n’était pas si indifférent que ça. Ni en colère. Il avait peut-être fallu qu’Heaven craque enfin pour qu’il se réveille. Ou plutôt qu’il se comporte enfin comme l’homme qu’il était devenu et affronte la réalité. Mais ce n’était pas si facile que ça en avait l’air. Il ne pouvait pas laisser libre cours aux sentiments naissants qu’il avait pour elle. Il n’en avait pas le droit parce qu’ils n’étaient pas seuls dans l’histoire. Heaven avait un petit ami. Lui avait Daphné. Et il sentait que tout ce qui allait s’en suivre serait peut-être un peu trop douloureux pour leur bien.
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Heaven avait préféré agir plutôt que parler. Ce n’était peut-être pas la meilleure des solutions, mais c’était celle qu’elle avait choisie. Elle avait totalement connaissance du fait que là, tout de suite, maintenant, elle était en train de tromper Siegfried, mais il ne l’apprendrait jamais, alors ce n’était pas vraiment la première chose dont elle préoccupait. Elle se souciait plutôt de la réaction qu’aurait le fils cadet des Gibson quant à son baiser. C’était la première fois qu’elle faisait elle le premier pas. La fois d’avant, elle avait juste gaffé, embrassant la bouche plutôt que la joue, sa cible initiale. Mais c’était Raphaël qui avait déclenché les hostilités en l’embrassant plus que nécessaire. Là, c’était elle qui avait prit les rênes. C’était elle qui avait choisit de l’embrasser… Et peut-être qu’il la rejetterait, elle s’y attendait, même si elle préférait que cela n’arrive pas.
La réaction de l’anglais ne se fit cependant pas attendre. Heaven sentit sa main se glisser sur sa nuque. Il ne la rejetait pas, mais pour combien de temps ? Peut-être était-il en proie à un à combat entre lui-même et sa conscience… Heaven ne le savait, mais elle savoura autant que possible la chaleur émanant du corps de Raphaël. Quand leurs langues se rencontrèrent, Heaven se rapprocha encore un peu plus de son ami. Elle ne devait pas, mais elle ne pouvait pas y résister. Elle avait besoin de cela. Elle avait besoin de sentir le corps de Raphaël contre le sien, elle ne voulait que ça, et qu’on ne la dérange pas. Heaven fut rassurer de se souvenir qu’il n’y avait personne d’autre qu’eux deux dans cette demeure, ainsi que Syanis, l’elfe de maison, mais cette dernière ne viendrait sans doute pas faire un tour dans cette chambre…
Le baiser cessa après quelques secondes. Cela avait semblé durer une éternité, mais ce n’était pas le cas. Une dizaine de secondes tout au plus, mais dix secondes qui allaient changer radicalement la vie de Heaven et Raphaël. Pourquoi ? Parce que ce baiser signifiait bien plus que celui qui avait été échangé il y a de cela près de 8 mois. Il était complètement différent, et l’un comme l’autre savait pertinemment qu’ils s’engageaient dans un chemin semé d’embuches qu’il leur fallait surpasser. Durant le baiser, le corps frêle et maigre de l’écossaise s’était comme moulé à celui de l’ancien Serpentard. Aussi furent-ils tout aussi surpris l’un que l’autre que de se savoir si proches physiquement. C’était dangereux, trop dangereux pour eux deux. Aussi s’éloignèrent légèrement l’un de l’autre. Très légèrement, un dixième de centimètre tout au plus. Heaven ne baissait plus la tête cependant, elle regardait Raphaël de ses yeux vairons. Il devait parler…
Et le premier essai ne fut pas du tout concluant… Pas plus que le deuxième… Mais finalement, le troisième essai fut le bon. Heaven sentit une main chaude sur sa main et capta les chuchotements de Raphaël. A quoi cela les mèneraient ? Elle n’en savait pas plus que lui, mais elle ne voulait pas oublier. Elle avait besoin de Raphaël, il était vital pour la brunette de l’avoir à ses côtés. Il le fallait, plus que tout. Et qu’il ne la rejette pas la soulagea. Elle posa une main froide sur celle du brun, avant de murmurer presque plus doucement que Raphaël : « Je n’en sais rien… Mais je le veux… »
Suite à ces paroles, elle déposa un dernier baiser aussi léger qu’un papillon sur les lèvres de Raphaël. Elle celait avec celui-ci tout ce qi s’était passé depuis une bonne petite heure. Ils oublieraient pour le reste du séjour, faisant comme si de rien n’était… Et ils vivraient normalement, jusqu’au prochain épisode.