Frédérique fut étonnée de sa proposition. Il voulait jouer avec elle au Quidditch. Voulait, ça elle ne le savait pas réellement. Mais il avait posé l’idée qu’ils pourraient jouer ensemble SI il se présentait et SI elle se présentait aussi. Elle prit ça comme un défit. Et elle adorait les défis. Elle les prenait réellement à cœur. Et plus que ça quand il s’agissait du Quidditch. Malgré son air d’intellectuel solitaire, elle aimait parier, jouer, défier.
Elle le dévisagea et imagina un instant leur complicité sur un balai. Elle batteuse et lui attrapeur. Elle dégaumerait ceux de l’équipe adverse pendant que lui marquerait des points. Ça lui convenait. Il fallait dire qu’il ne lui en fallait pas plus.
« Oui je peux essayer… »
Ce n’était pas en restant là, à se lamenter et à rêvasser qu’elle allait avancer et faire ce qu’il lui plaisait le plus. Elle ne pouvait pas continuer en sentant qu’elle n’était pas au bout de tout ce qu’elle était capable. Et Natacha était de son coté. Elle la soutenait. Elle ne devait pas la décevoir. Et puis, ce n’était pas que pour elle qu’elle ferait ça. Elle devait le faire pour son plaisir à elle, et ça, s’était peu évident pour elle. On ne pouvait pas dire pour autant qu’elle pensait aux autres. Les autres lui étaient plutôt égal. Jusque là, tout ce qu’elle faisait, à savoir ses études, elle le faisait pour elle.
« Je n’invente rien… Je répondais juste à tes propos… Tu me demandais ce que je faisais à Serpentard… C’est que tu doutes de mon appartenance à celui ci… Quand on décide de prononcer une parole…, ce n’est jamais à la légère… »
Elle n’avait vraiment pas aimé avoir été ainsi mise à nue, détaillée, décortiquée comme sur une table opératoire. Elle se complaisait tant dans sa discrétion et sa solitude qu’elle avait pris comme une agression tout ce qu’il avait dit. Même si elle avait gardé une certaine distance physique tout en parlant à Ryan, elle avait eu l’impression qu’il était entré dans son espace vital et cela la gênait, la dérangeait.
Et pourtant, elle aimait ce genre d’altercation, ça faisait bouillir son être et son esprit, et elle adorait cette sensation. Elle n’avait jamais osé, ne s’était jamais allée à la colère. Eternellement calme et posée, elle se disait qu’elle ne parviendrait qu’à cela. Et pourtant, le simple fait d’être à la limite de la colère lui avait donné un excès d’adrénaline plus importante que lorsqu’elle était dans les airs. Elle ne comprenait pas comment on pouvait réagir ainsi à partir de simples mots.
« Je suis un serpent… Certes pas comme les autres qu’on peut caractériser de vipères…, voire de cobra... Moi je serais plus une couleuvre… qui glisse.., file tranquillement.., mais qui n’hésite pas à mordre si on le chatouille de trop près ! »
Elle fronça les sourcils. Ce n’était pas parce qu’elle évitait les conflits, qu’elle ne mordait pas tout ce qui passait près d’elle, qu’elle n’était pas faite pour être à Serpentard. Elle avait toujours été différente de ses parents, dont sa mère était à Serdaigle pour son intellectuel et l’autre à Gryffondor pour son courage, et elle savait qu’elle ne finirait pas dans la même maison qu’eux. Déjà petite, elle avait eu des pensées qui ne ressemblaient pas à ceux de sa famille. Elle méprisait les Moldus, et encore plus depuis cet été. Elle était fière et rusée. Et par dessus tout, elle était en adoration devant la Magie noire. Elle ne l’expliquait pas. Elle adorait son côté interdit, mystérieux, occulte…
Elle était une pure Serpentard mais elle n’avait pas besoin de s’inventer un personnage pour cela.
« Beugler… ? Je ne suis pas une vache… Et je n’ai pas tendance à crier… encore moins à hausser la voix… Je préfère laisser agir les mots au lieu de l’intonation… »
On aurait dit qu’il voulait la provoquer, comme pour faire ressortir ce qu’elle était à l’intérieur. Sa manière de se comporter, sa façon d’être… elle avait l’impression d’avoir en face d’elle une personne qui lui ressemblait beaucoup… trop même. Il semblait tout aussi solitaire, mystérieux, introvertie. Tout était au fond de lui.
Elle crut qu’il venait de se racler la gorge et son regard était porté sur ses lèvres. Elle se demandait si il l’écoutait vraiment. Elle s’en posa même des questions. Elle aurait bien voulu savoir à quoi il pouvait penser, ce qui se passait dans sa tête. Mais contrairement à lui, elle ne savait pas détailler les gens. Elle n’avait pas un très grand sens de déduction. Elle se contentait d’observer et de ne pas imaginer. Elle était trop terre à terre pour cela. Mais il l’intriguait. Ce fut peut-être pour cela qu’elle restait devant lui au lieu de s’élancer dans les airs à nouveau.
« Quelque chose ne va pas… ? »
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