Quand le printemps revient (PV)

Avril. Appuyée contre la barrière de bois qui séparait le potager du reste du parc, Susan contemplait d'un oeil rêveur les gros nuages d'un blanc cotonneux qui défilaient au-dessus de sa tête, poussés par la brise écossaise. C'était la première vraie belle journée de printemps de l'année et, comme beaucoup d'autres, la rouquine avait retrouvé le chemin du parc, heureuse de pouvoir de nouveau y flâner après tout un hiver confinée dans le château. L'écharpe était encore de rigueur, pour qui voulait s'épargner le rhume printanier, mais plus personne, à moins d'être particulièrement délicat Eugénie, toi aussi ? n'avait besoin de s'emmitoufler soigneusement sous des couches de vêtements avant d'oser mettre le nez dehors. La bise glacée annonciatrice de neige n'était plus qu'un lointain souvenir et quelques boutons d'or pointaient déjà leurs délicates fleurs d'un jaune vif très Poufsouffle, çà et là, dans la prairie. Un peu plus loin, en contrebas, un bande de premières années semblaient s'entraîner à réviser les sorts qu'ils avaient appris au cours de l'hiver certainement des Serdaigles. Les autres glandent par une telle journée. Un éclat de rire fusait régulièrement de leur petit groupe et, porté par le vent, parvenait aux oreilles de Susan. La jeune femme esquissa un sourire et soupira d'aise : c'était typiquement des instants comme celui-là, a priori insignifiants et pourtant si gratifiants, qui confirmaient au quotidien son choix de rester à Poudlard.

Elle tortillait machinalement une mèche de cheveux roux échappée de son chignon tout en songeant qu'un an plus tôt à peine, l'horizon lui semblait affreusement bouché. L'atmosphère de terreur savamment mise en place par Vous-Savez-Qui-Si-Si-Souvenez-Vous-Grand-Maigre-Des-Yeux-Rouges était alors de plus en plus pesante et la situation était devenue si oppressante que plusieurs élèves de Poudlard avaient profité des vacances de Pâques pour quitter l'école. Pour beaucoup, il était devenu évident que cet état de peur et d'angoisse perpétuelles était destiné à durer. L'espoir de voir l'Elu se dresser devant Celui-Dont-Le-Nom-Est-Toujours-Tabou s'était effiloché au fil des mois et paraissait agoniser. Toute cette période de son existence, une période dont elle avait subi les rigueurs, comme tant d'autres, était profondément gravée dans la mémoire de Susan. En réalité, elle était même si vivace qu'il lui arrivait parfois de croire, l'espace d'un instant, que la vie qu'elle menait désormais, au sein d'une communauté de nouveau pacifiée, n'était un rêve dont on ne tarderait pas à venir la tirer. D'une certaine manière, ces jours de bonheur paisible paraissaient presque moins réels que ceux, autrement plus sombres, mais également plus intenses, qu'elle avait connus l'année passée. Oh ! Elle ne les regrettait certainement pas. Mais il lui faudrait encore du temps avant qu'ils ne deviennent, pour elle, partie intégrante de son passé et de lui seulement.

En attendant... Hé bien en attendant, elle continuait à vivre avec ces relents d'angoisse viscérale et de crainte inconsidérée. Des relents qui s'évanouissaient un peu plus chaque jour, tout comme s'étaient évanouies les marques que ses propres doigts avaient laissées autour de son cou, dix mois plus tôt, parce que tout s'oublie à vivre. A bien y réfléchir, l'année avait filé à toute vitesse et Susan n'avait pas eu le temps de s'ennuyer. Elle avait lavé les chaussettes de Flitwick, rangé son bureau, préparé son goûter, nettoyé son doudou en peluche, épousseté ses étagères, arrosé ses plantes vertes, généreusement offertes par Chourave, espionné Poufsouffle pour son compte, trahi les siens, nourri le hamster de la classe de sorts, dormi - mais pas beaucoup - sur une paillasse, devant la porte de la chambre de son maître... Devenir adulte était un boulot à plein temps et Susan avait tenté de s'en acquitter de son mieux. Elle ne se sentait pas toujours bien crédible dans son rôle d'assistante ni bien solide en tant que sorcière diplômée et donc officiellement accomplie, mais, opiniâtrement, elle suivait son petit bonhomme de chemin, se détachant un peu plus chaque jour de la petite élève qu'elle avait été. Ce n'était d'ailleurs pas si difficile que cela, la plupart du temps : sa nouvelle vie lui plaisait et elle ne l'aurait abandonnée pour rien au monde. Sauf peut-être un autographe de Gilderoy Lockhart.
Perdue dans ses pensées, Susan qui soit dit en passant, allait passer un sale quart d'heure si Fifi la surprenait à glandouiller au lieu de repasser ses caleçons, par exemple n'entendit pas que quelqu'un ouuuuh suspeeeeense, mais qui cela peut-il bien être ? arrivait derrière elle ce qui est très fourbe et très suicidaire, on reconnaît bien là Elizabeth.

(745 mots... Hein ? Quoi ? ça ne compte pas ? )

Eh non, désolé ! xD

(583)

ZONKO

Hiiiiiiiiiiii ! Attaque frontale ! Je répète : attaque frontale ! Qui osait donc troubler le cours des pensées de la jeune Susan ? Certainement un jeune outrecuidant qui allait le payer cher ! Ou plutôt, sa maison allait le payer ch... Ah bon ? Elizabeth était une Poufsouffle ? Hum... Bon, hé bien, Susan laisserait passer pour cette fois, mais qu'on ne l'y reprenne plus, à vouloir tuer les enseignants ! Tirée - de manière un peu brusque - de sa contemplation rêveuse du paysage, Susan sursauta violemment. Si violemment, d'ailleurs, qu'elle se cogna le genou contre le rebord de la barrière qui séparait le potager d'Hagrid du reste du parc. Mince, en plus, elle n'était pas vaccinée contre le tétanos ! La rouquine esquissa une grimace de douleur et se saisit vivement le genou à deux mains avant de sautiller maladroitement sur une jambe.

- Aïe-euh ! Arf ! Bravo, Elizabeth, je crois que tu m'as eue ! s'exclama-t-elle d'un ton amusé.

Voilà, elle était bonne pour un gros hématome pas glamour sur le genou. Tss, tss, tss, à tous les coups, les jeunes, de nos jours, étaient tellement violents ! Hé ! Si elle faisait passer ça pour un accident du travail, elle pourrait peut-être partir en vacances plus tôt ? La rouquine reposa précautionneusement sa jambe sur le sol pas chochotte, la fille avant de lancer un coup d'oeil en biais à Elizabeth, qui semblait littéralement irradier de bonheur en cette belle journée d'avril. Elle était amoureuse ou quoi ? Ah ben oui, en fait. Susan avait beau être particulièrement à l'Ouest parfois ("Ah booon ? Nathan veut tuer Alexander ? Maiiiis... je le sais, ça, moi ? Ah booooon ? Alexander me l'a diiit ? Mais quaaaand ?"), elle savait néanmoins qu'Eli fréquentait le jeune Luc O'Clery depuis le bal de Noël. Une situation qui ne devait pas du tout être au goût de Sallers. Mais l'un dans l'autre, ce gamin était vraiment bizarre (Susan se souvenait encore bien du jour où il l'avait à moitié agressée dans les couloirs. Sauvage !) et la jeune femme était plutôt contente - ouh, ce n'est pas très charitable, ça ! - de constater que son amie n'avait pas le béguin pour lui, ce qu'elle avait craint un moment.

- Tu veux dire "ça va" avant ou après que je ne me sois détruit la rotule ? demanda-t-elle avec un large sourire enjoué.

Au début de l'année, il n'avait pas été évident pour Susan de se trouver en situation de "membre du corps enseignant" face à des élèves qui, pour certains étaient ses amis et qui, en tout cas, pour la plupart, étaient d'anciens camarades. Fort heureusement, au fil des mois, cette gêne s'était totalement dissipée, probablement parce que les élèves, de leur côté, savaient très bien faire la différence entre la Susan élève et la Susan assistante. Hormis deux ou trois Serpentards qui continuaient à lui mener la vie dure Youhou, Siegfried, elle avait plutôt bien trouvé ses marques dans ce monde de brutes. Aussi pouvait-elle désormais apprécier sans arrière-pensée ("Aaaah, on va me taxer de favoritisme !") le temps qu'elle passait avec Elizabeth, Ophélia ou bien encore là je cherche mais je ne trouve pas. En fait Susan n'a pas d'amis Alban.

- Tu vas bien, toi ? reprit-elle plus sérieusement en gratifiant Eli d'un coup d'oeil perçant, tu n'appréhendes pas trop les BUSE ? Tu veux que je te file les réponses à l'examen de sorts ?

Ben oui, parce que elle, franchement, en cinquième année, elle était morte de peur avant les BUSE ! Même que Hannah avait fait une crise de nerfs et qu'Ernie bassinait tout le monde avec son programme de révisions...