Mes débuts de serveuse ! [VENEZ, CLIENTS! LIBRE]

L’un des premiers clients était Siegfried. Non content d’avoir entendu la rumeur qui circulait concernant l’embauche de Luna aux Trois balais, le jeune serpentard avait choisi de se rendre sur place pour estimer lui-même de l’étendu des dégâts. Enfin, des dégâts…
Elle ne pouvait pas avoir fait exploser l’auberge en moins de vingt quartes heures, mais… Il avait en tête une image assez chaotique de ce à quoi pouvait ressembler ce lieu de rassemblement avec une tornade comme Luna à l’intérieur.

« Luna ! Pose tout de suite cette chaise ! »

La remarque de Siegfried avait étonné la plus part des gens déjà présents dans la pièce principale, mais lui affichait un air parfaitement sérieux en referment la porte derrière lui.

« Je suis sérieux Luna, dans tes main, le plus anodin des objets peut se révéler devenir une arme dangereuse dans un lieu comme ici, peuplé de porcelaines, de verres… »

Puis il s’approcha de l’ex serdaigle en la considérant avec attention.

« En fait, je suis un peu déçu Luna. Après Poudlard je t’aurais imaginé dans tout un tas de domaines ! Dans la mode, dans la recherche exotique, ou bien même comme reporter pour le journal de ton père, le chicaneur ! Mais là… Serveuse dans ce bouiboui… Non franchement Luna, qu’est ce que tu fais ici. En plus, le prends pas mal hein, mais tu perdais déjà tes affaires tout eu long de l’année à Poudlard… Comment vas-tu faire pour ne pas confondre les commandes de tes clients ici ? Ou alors seulement pour te rappeler où tu as rangé les verres ? »

La remarque de Siegfried n’était pas tout à fait vraie. Si il était vrai que Luna était une tête en l’air, la perte de ses affaire au cours de l’année n’était pas du de son propre fait, mais plutôt la faute des autres élèves qui aimaient se moquer d’elle en cachant ses affaires.

Ooooooooooh, comme c'était chou de la part de Siegfried de s'inquiéter pour elle ! Luna en fut émue, mais le rassura:

"Ne t'inquiète pas, ça se passe très bien. Bon, il faut avouer que j'ai commencé depuis deux minutes seulement, mais j'ai un bon pressentiment. Et puis après tout, j'avais de bonnes notes en classe, je dois être capable de faire du bon travail, aies confiance en moi".

Ravie de discuter avec Siegfried, Luna s'assit à la petite table ronde en face de lui, pendant que Rosmerta descendait à la cave chercher quelques bouteilles. Luna confia:

"Tu sais, ça n'a pas été facile, pour moi, de trouver un emploi, c'est pourquoi je n'ai pas eu beaucoup le choix. D'abord, il y a toutes les personnes qui sont opposées au journal de mon père parce qu'ils trouvent le Chicaneur... dérangeant: il révèle trop de vérités. Alors quand ils entendent Lovegood... j'imagine qu'ils ont peur qu'en travaillant pour eux, je découvre leurs secrets.

Et puis il y a cette réputation qu'on m'a faite à l'école. Tu sais bien... Loufoca. Certains élèves ont parlé de moi à leurs parents, qui ne m'embaucheront pas même s'ils me trouvent sympathique, parce que leur enfant leur a dit que j'étais folle. Bah..." Luna balaya le problème d'un geste insouciant.

"Et puis enfin (elle avait posé gaiement son coude sur la table et son menton dans sa main, l'air rêveur), mon père m'a proposé un poste dans son journal, et même la sous-direction immédiate car il dit qu'il connait mes talents. Mais moi, je ne veux pas tout lui devoir, je veux voler de mes propres ailes, faire mes preuves. Tu sais, ceux qui parlent de moi, je veux leur montrer qu'ils ont tort et que je suis capable de faire quelque chose de bien. Tu verras, un jour j'aurai mon propre restaurant !"

Luna fut interrompue dans ses projets enthousiastes par Rosmerta remontée de la cave:
"Lunaaaaa ! Prenez la commande de ce jeune homme, je vous prie !!", avec comme un reproche dans la voix. "Tout de suite", acquiesça Luna en tournant la tête vers elle. Elle resta assise, mais demanda à Siegfried: "Tu prends quoi?".

Evidement, la patronne de Luna ne pouvait pas tolérer que son employée passe son temps à discuter, et c'est en toute logique que luna fut rapellée à l'ordre. Siegfried ne chercha pas à lui compliquer la tâche.

« Je vais prendre une bière au beure… Et oh, dans une choppe en bon état s’il te plait. Et dans la chope la bière d’accord ? Dans la choppe… »

Les réclamations d Siegfried pouvaient paraitre abusives, mais sa crainte de se retrouver avec sa bière sur les genoux le rendait particulièrement vigilent quand à, la prestation de sa camarade.
Tout en allant s’asseoir, Siegfried se remémora toutes quolibets dont Luna avait fait l’objet à l’école, elle n’avait pas vraiment eu la vie facile, mais elle avait toujours tout balayé en une pensée sans jamais se laisser abattre. Il ne pu cependant s’empêcher de lui faire une remarque.

« Mais tu sais Luna, si les autres élèves t’appelaient loufoca, c’était parce que tu n’es pas tout à fait… Disons… Disons que moi je ne t’ai jamais considérée comme folle. Mais, il faut admettre que tes neurones ne fonctionnent pas de la même manière que nous autres les gens normaux, tu me suis ? On a parfois l’impression que deux et deux… Ne font pas toujours quatre pour toi. »

La franchise de Siegfried risquait toujours de vexer ou de braquer ses interlocuteurs. Son ton passablement moqueur aussi, mais Luna saurait peut être prendre du bon coter ses paroles. Il pensait tant rendre service aux gens en leur parlant sans détour sur leurs défauts. Lorsque Luna lui apporta la boisson qu’il avait commandé, il lui fit par d’une certaine perplexité.

« En fait… bon, je peux comprendre qu’on souhaite d’affranchir de la tutelle de ses parents. Vraiment, ça je le comprends complètement. Mais… Tu dis que tu n’es pas parvenu à trouve un autre métier. Et ce, à cause d’une mauvaise réputation. Luna… Nous sommes à 10 minutes à pied du château de Poudlard, et comme tous les élèves de Poudlard, tu as passé du temps dans cette brasserie. Rosemerta devait certainement savoir quel genre de fille tu étais. Il a certainement du entendre tes sobriquets et les moqueries des autres élèves à ton égard. Alors dis-moi, pourquoi lui a accepté de t’embaucher contrairement aux autres ? Tu l’as drogué ? Ou fait pendre une potion d’oublie ? »

Luna ne se formalisa pas du point de vue de Siegfried sur son compte. Elle croyait passionnément, avec ses tripes, que chacun est libre de ses pensées sur le monde, et comme elle revendiquait cette liberté pour elle-même, pourquoi ne l'accepterait-elle pas pour Siegfried? De toutes façons, sa vision des choses à lui était largement partagée, Luna en était consciente. Ce n'était pas de leur faute, à tous, Luna ne leur en voulait pas. Elle savait que leurs yeux et leurs esprits étaient fermés. Elle devait être patiente avec eux, comme le serait un adulte avec un petit enfant.

Luna sourit donc gentiment à Siegfried. Elle savait aussi d'expérience qu'il était inutile de lui expliquer que deux et deux ne font pas toujours quatre et même rarement. Elle répondit cependant avec franchise à son autre question: "Madame Rosmerta est une amie de mon père. Elle a donc accepté de me prendre pour lui faire plaisir malgré ce qu'elle a entendu sur moi. Elle ne me l'a pas dit, mais j'en suis certaine. J'aurais préféré travailler pour quelqu'un qui m'aurait choisie pour mes qualités mais je n'ai pas eu le choix. Ce n'est pas grave, je lui ferai sûrement changer d'avis sur moi, tout le monde est capable de perdre ses préjugés, j'ai foi en l'humanité (sorcière ou moldue, bien que je connaisse mal ces derniers)."

Tout en lui parlant, Luna était allée chercher la bière au beurre de Siegfried, et c'était bien une bière au beurre, et elle était bien dans une choppe ainsi qu'il le lui avait demandé bizarrement (étrange, cet attachement au contenant. N'est-ce pas le contenu qui compte?).

"Tu aimes?", demanda Luna tandis que Siegfried avalait sa première gorgée. "Je l'ai agrémentée de poivre, ça fortifie l'aura."

Luna était revenue avec une choppe en un seul morceau, et plus important encore, elle était remplie à ras bord d’une bière au beurre exactement comme Siegfried lui avait demandé. Incroyable se disait il. Pas de suggestion étrange sur la composition de la boisson, pas d’erreur sur la personne… Visiblement, il avait été assez pessimiste sur les possibilités de Luna à s’acquitter de sa tache. Il la remercia et avala résolument une gorgée du précieux breuvage. Et puis… Il senti quelque chose d’inhabituel…
La bière au beurre lui procurait une sensation douce habituellement dans la gorge, mais là, il sentait plutôt quelque chose de piquant. En fait, c’était même pire que ca, et il senti monter dans sa gorge une toux comme il n’en avait ressenti.
Il dut se contenir et faire un effort sur humain pour ne pas s’étouffer et pour ne pas tousser.
C’est à cet instant que Luna évoqua sont « petit ingrédient magique »
Siegfried prit avec effort une grande inspiration, et c’est avec une larme à l’œil qu’il déglutit.

« Luna… C’est très gentil, et je suis certain que mon … Aura… avait justement un coup de mou ces derniers temps. Mais je t’en prie, par pitié, la prochaine fois que tu as une initiative de ce genre dans la tête, prévient tes clients, et fais le après leur avoir bien expliqué ce qu’est une aura, et en quoi la leur a besoin d’être fortifiée. Si ça n’avait pas été toi qui m’avait servit ca, j’aurais juré qu’il s’agissait d’une tentative d’empoisonnement. »

Siegfried reposa sa choppe et s’essuya le front. L’effet du poivre l’avait fait transpirer à grosses goutes, mais personne ne s’en était aperçu dans la brasserie.

« Il va falloir que tu fasses preuve de moins d’initiative je pense. Lorsqu’on te demande une bière au beurre, tu apportes une bière au beurre, ni plus, ni moins… Tu comprends ? »

Non, Luna ne comprenait pas très bien le conseil de Siegfried; ni même pourquoi il la conseillait. Peut-être avait-il déjà été serveur et connaissait-il bien le métier?

Elle aurait bien voulu lui répondre oui pour lui faire plaisir, mais Luna n'avait pas été Serdaigle pour rien, et son esprit logique exigeait de comprendre une assertion avant de l'accepter.

"Pourquoi?", répondit-elle gentiment, et avec un étonnement non feint. "Pourquoi devrais-je apporter un bière au beurre, ni plus ni moins, si on me demande une bière au beurre?"

Qu'il était étrange, ce Siegfried, quand il s'y mettait! Il avait l'air si sûr des choses qu'il énonçait. Comme si la réalité était une circonstance définitive, un ensemble de données vérifiables et certaines dont il était possible de faire le tour pour en tirer des conclusions irréfutables.

Peut-être au contraire fallait-il ne JAMAIS apporter à une personne exactement ce qu'elle avait demandé. Peut-être fallait-il permettre à l'imprévu, la fantaisie, les goûts nouveaux, de faire irruption dans le quotidien un peu terne des clients?

Car alors on contribuait à l'enrichissement de leurs expériences en leur donnant à connaître une association d'ingrédients qu'ils n'auraient pas eu l'occasion d'essayer en d'autres circonstances. La vie ne tendait-elle pas vers toujours plus de complexité, du protozoaire au sorcier? Et le sorcier était-il l'échelon suprême et définitif du règne animal, n'allait-il pas finalement muter en animal plus complexe encore, et pour gravir cet échelon, ne devait-il pas cumuler les apprentissages, les tentatives, les expériences intéressantes?

Tiens, à propos d'expérience intéressante, Luna n'avait jamais essayé de mélanger des boissons alimentaires à des ingrédients censés non alimentaires. Il faudrait qu'elle essaie, pour voir.

Mais elle attendait avec intérêt la réponse de Siegfried à sa question.