Un apprenti tombé du ciel *PV Erwan*

La journée commença comme bon nombre d’autres journées, Karen alla consulter son agenda pour savoir où elle devait se rendre en premier lieu, et il se trouvait que ça serait Sainte Mangouste pour cette fois, l’hôpital moldu ne viendrait que seulement ensuite. La sorcière n’avait aucune préférence, elle aimait son métier, si bien qu’il pouvait se dérouler du côté moldu comme du côté sorcier sans que cela ne lui pose le moindre problème. Elle prit donc ses affaires et prit le chemin de l’hôpital doucement mais surement.

Dans son bureau attendait une lettre qu’elle décacheta rapidement, elle provenait des enseignements aux futurs médicomages. La médecin se demanda dans un premier temps ce qu’ils pouvaient bien avoir à lui reprocher, puis elle se rappela qu’elle n’avait pas été à la dernière réunion… Peut-être que cela venait de là. Oh non, quand même, il serait tout à fait déplacer de reprendre un médicomage sous prétexte qu’il n’a pas pu se rendre au dernier congret! Elle lu alors à voix haute.

‘Madame,
Suite à votre demande, et à votre participation active au sein de notre communauté, nous avons le plaisir de vous informer que votre candidature a été retenue pour suivre un jeune apprenti médicomage. Le jeune homme arrivera dans votre établissement sous cinq jours. Nous vous prions de bien vouloir lui enseigner les bases de notre profession, et d’avoir l’obligeance de l’accueillir comme un éventuel futur collègue.
Veiller accepter…’

Karen chercha immédiatement la date d’écriture de cette fameuse lettre et n’en fut que davantage désemparée. L’apprenti pouvait arriver aujourd’hui même! Mais comme se faisait-il qu’une lettre ait mit tant de temps avant de lui parvenir. C’est alors qu’elle se souvint de l’état dans lequel se trouvaient les hiboux de l’ordre des médicomages, et ne fut finalement plus si surprise que ça. Mais comment avait-elle pu oublier ça?! Elle était vraiment impardonnable! Voilà comment elle commençait à gérer toutes ses activités... et bah ça n'était pas franchement joli!

- Je vais faire quoi moi?!

Telle était la question! D’accord elle était volontaire, et même très enthousiaste pour recevoir un apprenti auprès d’elle, et lui enseigner ce qu’elle savait. Mais elle aurait aimé avoir un peu de temps pour se préparer avant son arriver. Elle n’allait quand même pas lui demander de revenir le lendemain sous prétexte qu’elle n’avait rien prévu pour lui!

La médicomage regarda alors ses dossiers de consultations du jour, il y en avait au moins pour jusqu’à 14h…et bien voilà! C’était tout trouvé, pour son premier jour, le jeune apprenti serait directement jeté dans le bain. Bon, elle n’était vraiment pas du genre à lacher les gens dans la nature comme ça, sans guide ni explications. Alors il se contenterait de la suivre et poser toutes les questions qui lui passeraient par la tête. Oui, c’était très bien comme ça. Et puis elle avait un battement d’une demie heure avant la première consultation. S’il n’était pas trop en retard, ils pourraient même faire connaissance comme il se doit. Finalement, tout cela prenait doucement forme dans l’esprit de la sorcière, et elle n’était plus du tout dérangée d’être mise au courant le même jour que l’arrivée de son apprenti.

Elle se souvint alors de son propre apprentissage, elle l’avait passé chez un médicomage spécialiste en pédiatrie. Exactement ce qu’elle voulait faire à la base, avant de choisir de s’étendre en plus au général. Et oui, malgré qu’elle préférait s’occuper des enfants, Karen était en mesure d’accueillir des personnes de tous les âges, et de surtout tous les symptômes. Elle endossait plusieurs rôles chaque jour, mais cela ne la dérangeait pas, au contraire elle trouvait que c’était deux fois plus passionnant de pouvoir exercer le métier qu’elle aimait sur le plus grand nombre de personnes. En plus, aucun patient ne s’était vraiment plaint des soins qu’elle avait pu lui apporter pour le moment, alors tout roulait!

Elle quitta le souvenir de ses jeunes années, lorsque l’on toqua à sa porte. La sorcière se leva et alla elle-même ouvrir au nouvel arrivant, qui n’était bien sûr nul autre que son tout nouvel apprenti! Elle lui sourit et l’invita à entrer.

- Bonjour, vous allez bien?

Non, non ça n’était pas une consultation. C’était simplement la formule de politesse la plus basique pour commencer des présentations.

Le soleil se levait sur la villa du lord Charles of Curty quand Erwan ouvrit les yeux. Cela faisait quelques jours déjà que sa sœur préférée (comment ça c’est la seule ?) était partie pour Poudlard et son absence pesait dans le cœur du roumain qui s’étirait paresseusement. Un regard sur le calendrier posé en diagonale sur son réveil (non non, ça n’as pas du tout était posé là nonchalamment voyons !!!) le fit se lever immédiatement. C’était le jour J, c’était le jour J !!!! Le jeune homme se leva immédiatement, impatient d’être à son apprentissage… médicomage, le rêve de toute une vie (ou presque) !!! Depuis le temps qu’il en rêvait !!! Ravi, il se leva et se dirigea d’un pas lest vers la salle de bain qui était sienne. Il se doucha, se changea, sans se sécher les cheveux (ils avaient largement le temps de sécher pendant qu’il déjeuner, puis même s’il avait parfois eu les cheveux un peu plus longs que la moyenne masculine, il n’avait pas le souvenir de s’être un jour servi d’un sèche cheveux…

Il déjeuna en compagnie de son père (à son plus grand regret) qui fit un commentaire sur la voie qu’avait choisi son fils. Charles était en effet persuadé que son fils finirait par arrêter ses enfantillages (puisqu’il voyait uniquement des ‘enfantillages’ dans le désir du jeune homme à devenir médicommage). Il fallait qu’il reprenne les affaires de son père, qu’il fasse du droit… Qu’il apprenne tout ce qui touchait à la gestion (comme si pour être rentier il fallait avoir des notions de gestion ! paf ). Ceci étant, ce n’était pas du tout le projet du jeune homme. Il voulait être médicomage depuis qu’il était gamin et ce n’était pas un mec qu’il ne connaissait presque pas (et qu’il ne supportait pas) qui allait lui dire ce qu’il devait faire ! Même si ce ‘mec’ en question était celui qui avait permis la fécondation d’un ovule, lui donnant ainsi la vie, il estimait que son influence sur sa vie s’arrêtait là. Ok, il lui donnait certains moyens financiers que sa mère n’était pas en mesure de lui offrir, mais Erwan ne demandait rien et il ne pleurerait pas si jamais Charles lui retirait, toit et argent. Il s’en moquait de tout ça ! Il avait eu besoin d’un père, et il n’en n’avait jamais eu, alors il avait appris à faire sans. Erwan se contenta de répondre par onomatopée voire (quand la folie le prenait) par monosyllabe quand son père le fixait avec trop d’intensité. Puis, se levant, il quitta la salle à manger pour rejoindre ses appartements. Il prit son matériel (soit pas grand-chose encore, puisqu’il allait rencontrer pour la première fois son maître d’apprentissage ce matin là…). Une plume avec encre intégrée (plus hygiénique et pratique qu’un pot d’encre dans un hôpital, pensait-il), ainsi que quelques feuilles de parchemins et une pochettes (servant d’appuie, pour prendre des notes). Il ne savait pas en quoi consisterait cette première journée, mais avait très hâte d’y être !

Fin prêt, il transplana pour Sainte mangouste, débouchant dans une rue adjacente, il marcha d’un pas qu’il voulait tranquille mais dans lequel se sentait (presque imperceptiblement pourtant !) une légère excitation, à moins que ce ne soit de l’appréhension ? Le roumain s’arrêta devant la bâtisse,s on cœur battant à tout rompre contre sa poitrine, puis, souriant, il entra. Il rejoignit en de longues enjambées l’accueil, et se présenta. La femme présente lui adressa un sourire, lui tendant la main :

« Bienvenue dans l’équipe alors, Monsieur… »

Elle lui indiqua où se situait le bureau de Karen et lui donna un badge, à mettre sur sa poitrine, de façon à ce que les autres membres du personnel sachent qu’il était bien ‘de la maison’ et pas un patient égaré…

Erwan remercia la femme de l’accueil et rejoignit hâtivement le bureau du médicomage Broome… Karen de son prénom… Une femme donc. Bien, il n’était pas misogyne. Il avait hâte de voir quelle était sa spécialisation (si elle en avait une, ceci étant, à saintes Mangouste, il n’y avait pas spécialement de ‘généralistes’…). Arrivé devant la fameuse porte, il inspira profondément et frappa. La porte s’ouvrit sur une femme brune qui avait la quarantaine (pensait-il). Elle était souriante, d’apparence aimable (ceci étant, il était un peu tôt pour en juger et de toute manière, ce n’était pas un maître aimable qu’il cherchait, mais un bon maître !). Erwan lui rendit son sourire :

« Bonjour Madame Broome. Je vais très bien, et vous ? »

Puisqu’elle l’invitait à entrer, il ne se fit pas prier et pénétra dans le bureau du médicomage. Ses prunelles d’un bleu translucide se promenèrent rapidement dans la pièce, faisant un rapide inventaire des lieux. Il finit par reposer son regard sur son maître d’apprentissage et reprit :

« Avant de commencer, je suis vraiment ravi d’avoir eu une date et un maître aussi rapidement… Je vous remercie d’avance pour l’enseignement que vous allez m’apporter. »

Peut-être avait-elle eu accès à ses notes, ses examens (ASPICs et même BUSEs ?). Cela ne dérangeait aucunement le jeune homme qui avait toujours été excellent en classe. Pas forcément toujours très sérieux, il avait de réelles capacités (et peut-être ne les avait-il pas réellement exploitées, encore), mais il n’avait jamais eu la plus petite difficulté en cours. Révisant sérieusement ses examens, il avait décroché des notes excellentes dans toutes les matières qu’il jugeait importantes. Les autres (comme l’Histoire de la Magie) restaient très respectables, mais il n’était pas Le meilleur, non plus… Ceci étant, il pensait que la vie, à sainte Mangouste, serait sans doute très différente de celle qu’il avait eu à Poudlard.

Une chose était certaine, ce jeune homme était bien élevé. Les Mères font toujours très bien leur travail! Quand l’enfant dérape sur de mauvaises pentes, c’est vers le père qu’il faut se tourner, ils sont souvent les seuls fautifs. Trop fiers pour admettre que leur femme a fait le plus gros en les mettant au monde et en les éduquant dans leurs jeunes années, ils faut qu’ils sabotent la suite de leur développement. Bon, c’est certes un raisonnement quelques peu féministe… vers extrémiste dans le féminisme. Mais toutes les causes connaissent leurs extrêmes!

Nous nous éloignons cependant légèrement du sujet. La médicomage observa rapidement son tout nouvel apprenti, et espéra que tout se passerait bien, c’était d’ailleurs surtout dans l’intérêt d’Erwan, car elle ne risquait absolument rien à lui saborder son apprentissage sur le terrain. Mais quel bénéfice aurait-elle pu en tirer? Il serait inhumain de mettre dans la difficulté un étudiant, et puis quand bien même, ça n’était pas sa méthode de procédé. Il ne fallait tout de même pas pensé que le monde était tout rose, car certains maîtres se complaisaient à torturer leurs apprentis dans leur période d’apprentissage.

La sorcière sortit un dossier bleu marine. Rien n’était écrit sur la couverture et son contenu aurait pu paraitre mystérieux à bon nombre de personne, fichiers de patients? Recettes de potion? Mais si on ne perdait pas de vue le but de cet entretien, ce dossier ne pouvait en fait contenir qu’une seule chose: des renseignements sur Monsieur Snedlditetikasi.

- Mais je vous en prie. Je trouve que c’est le minimum que je puisse faire pour mes futurs collègues. J’ai eu connaissance de certains de vos résultats passés, ainsi que d’appréciations qu’on laissé les professeurs sur vous. Vous avez un très bon dossier, les résultats escomptés ne devraient pas être trop difficiles à obtenir.

C’était une bonne chose que d’encourager le petit, non? En y réfléchissant bien, elle n’était pas certaine d’avoir obtenu beaucoup de soutient de la part de son maître… Il faudrait qu’elle soit plus ferme. Oui, c’est ainsi qu’on parvient à de bons résultats. D’un autre côté, il ne semblait pas du tout distrait, ou prétentieux… Peut-être que finalement le respect mutuel suffirait à une parfaite entente qui mènerait à un enseignement fructueux pour Erwan.
Oui, Karen se posait pas mal de question inutile, mais il faut la comprendre, c’était son premier apprenti, elle avait peur de ne pas suffisement lui faire comprendre les bases de leur profession, sans compter toutes les choses qu’elle devaient lui apprendre et lui correctement les assimiler. Rien n’était facile dans cette histoire en fait. Et puis si ça se trouve il faisait simplement semblant d’être sympa, et dans quelques temps il voudrait tout faire par lui même et c’est alors que les gros problèmes pourraient apparaître.

Non, elle était décidément trop stresser, il fallait laisser faire les choses, rien ne servaient de se poser autant de questions! Elle avait un seul avantage sur la situation, bien qu’elle soit parfaitement incertaine de ce qu’elle devait faire, son stress ne transparaissait absolument pas. C’était l’une de ses qualités qui l’avait souvent servie dans le métier.

- Puis-je vous poser une petite question, cela n’aura pas d’influence sur la suite de votre enseignement, c’est plus pour vous cerner davantage que ce que je peux lire sur ses papiers. Elle rangea le dossier, et le regarda de ses yeux clairs, et quelques peu persants pour le coup. Pourquoi voulez-vous faire ce métier? Soyez très sincère n’ayez pas peur de dire les choses.

Voilà une question qui en aurait certainement désarçonné plus d’un, mais en fait elle n’était pas du tout piège! Karen voulait savoir ce qu’il en était par rapport à lui, l’entendre dire lui-même ce qu’il pensait de tout cela. Il pouvait bien lui dire qu’il n’en savait rien, elle n’allait pas le virer pour autant. On a le droit de vraiment connaître la passion qui nous anime pour un métier qu’une fois qu’on le pratique vraiment.

Ils finirent par se retrouver dans le bureau du médicomage qui était à présent (de toute évidence) responsable de l’éducation médicomagienne (si si ça se dit, parole de sorcier !) d’Erwan. Ce dernier n’était pas spécialement stressé (déjà il connaissait le bâtiment par cœur, puisqu’il était un fidèle abonné à une certaine période de sa vie, et puis il savait ce qu’il voulait et n’était pas du genre à stresser quand il était dans le bon chemin (en revanche s’il avait été dans une clinique vétérinaire, là oui, il aurait peut-être été légèrement angoissé…). Erwan observait la jeune femme, s’interrogeant autant sur ses capacités que sur sa personne plus généralement. Elle devait sans nulle doute être excellente, puisqu’ils ne devaient certainement pas confié les apprentis à des incapables, mais jusqu’à quel point excellait-elle ? Quels étaient ses principaux traits de caractère ? Ca, il le découvrirait avec le temps… Il était évident qu’à la fin de la journée, il serait encore incapable de décrire très précisément la psychologie de la femme brune qui lui faisait face. Idem dans une semaine…

La sorcière avait en revanche une chose sur Erwan… c’était son dossier. Il se doutait bien qu’il s’agissait de ça quand elle prit une pochette (à moins qu’elle ne compte de suite lui parler des patients, mais très honnêtement ça l’aurait étonné.) Bien qu’enchanté par les propos que tint le médicomage, Erwan resta neutre. Certes, il pouvait afficher ses sentiments, mais il estimait que ce n’était pas vraiment le lieu et surtout pas le moment de le faire. Ce n’était pas parce qu’elle disait une vérité ‘vraie’ (il savait qu’il avait un bon dossier, il s’était démené des années pour en arriver là !) qu’il devait sautillé partout en rigolant… non. Il rpéondit cependant avec un léger sourire de remerciement :

« Merci madame. »

Oui après tout elle aurait pu lui dire qu’il avait de bons résultats mais certainement pas le profil d’un futur médicomage (ce qui en soit aurait été un coup dur pour Erwan…) Non, il n’aurait pas abandonné pour autant, mais son moral aurait sans doute mis un moment à s’en remettre l’air de rien !

La question qui s’en suivit n’intrigua pas le jeune homme. Il trouvait cela logique de s’enquérir des volontés et surtout des ambitions des futurs médicomages, aussi répondit-il avec beaucoup de franchise et sans éprouver la moindre gène :

« Et bien je n’ai pas voulu être médicomage depuis ma naissance, mais presque… c’est plutôt long ce projet à expliquer comme ça, alors je vais essayer de tout vous résumer autant que possible… »

Erwan laissa son regard s’en aller dans ses lointains souvenirs pourtant très frais, puisque gravés à jamais (très certainement) dans sa mémoire.

« J’ai eu un accident alors que j’avais une demi douzaine d’années. A l’époque je vivais en Roumanie avec ma mère et la médecine là-bas n’est pas celle de Londres. Nous n’avions en plus que peu de moyens. Cet accident était du à de la magie et j’ai perdu la vue sur l’instant. Je suis resté plusieurs années aveugle. Quand je suis rentré à Poudlard je n’avais toujours pas retrouvé al vision, les médecins roumains ne savaient pas quoi faire et c’était toujours beaucoup trop cher pour ma mère… C’est à cet instant que mon père est intervenu, entrant à Poudlard il avait ma garde et il est riche, très riche. Ajoutant à cela la supériorité de la médecine anglaise sur la roumaine, on a pu assez vite me guérir. Pourtant ces années passées sans voir m’ont poussé à réfléchir. J’ai vu tellement de personnes dans tous els hôpitaux où je suis allé, tellement de souffrances que j’ai ressenti très rapidement le besoin de faire quelque chose. Je ne veux plus qu’une personne se trouvant dans la situation à laquelle j’ai été confronté jadis perde autant d’années que j’en ai perdu moi-même. J’aimerais voir ces murs vidés de tous leurs patients, même si cela signifie que je serais au chômage. Je sais que c’est beaucoup d’espoir pour certainement peu de résultats, mais je veux faire avancer les choses. Je veux faire progresser les sciences et je veux aider les autres comme on m’a aidé il n’y a pas si longtemps que ça. C’est pour toutes ces raisons que je veux être médicomage. »

Erwan revint sur terre en douceur et posa sans réfléchir la question retour à Karen :

« Et vous ? »

Se rendant compte que ce n’était pas spécialement à lui de poser les questions, il s’empressa d’ajouter alors :

« Eu excusez-moi, c’était déplacé je suppose… »

Karen écouta la réponse à sa question avec attention, le jeune homme était quasiment dédié à ce métier vu son passé. Rien n’avait été précisé dans son dossier à propos de ce passage médical, pourtant il eu peut-être été préférable de le mettre, histoire de prévenir sur les antécédents. La sorcière n’était pas du genre à vouloir fouiner dans la vie privé de ses patients, et encore moins de ses collègues ou futurs. Mais quelques fois, il fallait bien reconnaître que cela pouvait vraiment aider à y voir plus clair, sans mauvais jeu de mots.

Erwan était un miraculé, et maintenant cela paraissait très clair à notre sorcière que sa décision de vouloir devenir médicomage. Elle-même n’avait pas eu le même parcours, et heureusement, parce que perdre la vue sans être certain de pouvoir la recouvrer un jour doit vraiment être un épisode terrible dans une vie!

- Vous avez eu beaucoup de chance, et beaucoup de courage. Des personnes ayant eu un épisode pareil dans leur vie auraient préférés fuir les hôpitaux que d’y consacrer leur vie. C’est quite ou double de ce genre de chose, et en toute objectivité, je pense que vous avez fais le bon choix.

Elle esquissa un petit sourire, l’objectivité, lorsqu’elle parlait de son métier, était toujours bien loin d’elle! Karen était une femme pationnée, et il était impossible qu’elle ne parle pas de sa profession avec tout son cœur, bien que ce ne soit pas rose tous les jours.

Le jeune apprenti lui retourna alors la question qu’elle lui avait posé l’instant d’avant, et qui avait envoyé le jeune homme loin dans ses pensées et souvenirs. La médicomage eu un rictus étrange. Mais Erwan rattrapa ce qu’il venait de dire en s’excusant.

- Non, vous êtes tout à fait en droit de me le demander, puisque je l’ai fais. Pour être honnête, ça n’a pas été tout de suite ce que j’ai voulu faire. Comme bon nombre de petites filles j’envisageais davantage ma vie au milieu des animaux magiques que des hommes. Mais les circonstances m’ont amenés vers Sainte Mangouste, et avec les sombres moments qu’à subis le monde des sorciers je n’ai jamais eu à regretter mon choix. On peut perdre des patients tous les jours, mais jamais rien ne nous fera oublier tous ceux qu’on aura sauvé auparavant. C’est un métier d’action qui n’en a pas l’air.

Comment ça elle a soigneusement dévier sur les aspects du métier? Non non elle a répondu à la question juste avant, si si ça fait une petite ligne de développement juste au début! Bref, on ne va pas s’éterniser sur les vies des deux sorciers quand même! Il faut en revenir à l’essentiel, l’initiation du petit Erwan!

- Je suppose que vous avez déjà vu certaines choses du métier en théorie, comme quelques symptômes courants pour les maladies les plus répandues, je me trompe? A mon époque, pas si lointaine, c’était comme ça en tout cas.

Oui, oh! Elle n’a que la quarantaine, ça ne fait donc que… 20ans qu’elle a quitté les bancs de l’école pour les futurs médicomages… quasiment rien moi je vous dis!
Tout en écoutant la réponse que lui faisait l’apprenti, elle remit le dossier de ce dernier dans un tiroir et alla ouvrir un placard ou se trouvait toute sorte d’énormes classers de couleurs différentes, elle en tira un, et sorti une pochette brune, Karen la parrcouru rapidement et posa son regard azur sur le jeune homme.

- Avez-vous déjà vu quelqu’un mourir?

Cette fois on entrait carrément dans le vif du sujet. Elle n’allait pas l’emmener tout de suite voir un mourant, que l’estomac du jeune sorcier se calme, la médicomage n’était pas sadique à ce point, mais après tout c’était la chose que les jeunes apprentis redoutaient le plus en générale, et pourtant la mort faisait partie intégrante du métier. De toute façon, même s’il redoutait de se redouter face à la mort, il existait toujours un moyen pour lui faire accepter plus ou moins bien la vision de façon à ce qu’il ne soit pas paralysé le jour où il se retrouvera seul face à un patient en fin de vie pour X raison.

Fuir les hôpitaux… oui, peut-être. Mais Erwan avait toujours était particulier. Sa façon de voir les choses différait de celle d’autrui, de par ces évènements qui avaient ainsi battis son passé. Certes, être aveugle avait été handicapant, mais il ne rejetait pas cette partie là de son existence. S’il était celui qu’il était à présent, c’était bien aussi grâce à cette cécité. Et c’était grâce à elle aussi qu’il avait eu des amis fiables qu’il côtoyait encore à présent. Donc non, il ne craignait pas son passé, et il ne le regrettait pas non plus. C’était arrivé, c’était un fait, et il n’avait eu d’autres choix que de faire avec. Optimiste par nature, Erwan restait un jeune homme très réaliste. Il n’avait pas pour habitude de rejeter les fautes sur autrui et savait assumer ses choix. S’il avait eu du courage, il ne saurait le dire. Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Certes, perdre un sens s’accompagnait d’une douleur incomparable, mais avec le temps, on apprenait à compenser. C’est ainsi qu’il avait découvert toute la beauté de la musique. Il avait su apprécier sans doute bien mieux que quiconque la beauté des chants roumains, la délicatesse d’un archet glissant avec voluptuosité sur les cordes tendues d’un violon. Toutes ces choses qui avaient fait son enfance, les auraient-il autant apprécié s’il avait été encore doué de vision ? Il en doutait sérieusement…

La question qu’il avait (très mécaniquement) retournée à son enseignante ne reçu aucune réponse bien précise. A dire vrai, il avait bien vu qu’elle avait très finement (ou pas :p) brodé pour effectuer une feinte toute en délicatesse, faisant comme si elle répondait, mais sans divulguer la moindre information pour autant. Erwan ne répondit donc rien… Que pouvait-il répondre à cela ? Il sentait presque une mise en garde dans les propos que tint son aînée…

« Oui j’ai déjà fait quelques recherches personnelles pour avoir un minimum de connaissances… Et je voulais d’ailleurs, à ce sujet, vous demander si vous aviez quelques ouvrages ou auteurs à me conseiller pour mes recherches personnelles ? »

Oui, parce qu’Erwan n’était pas du tout du genre à prendre les choses à la légère. Il voulait être médicomage. Et quand on lui demandait ce qu’il ferait, si jamais il échouait, il répondait alors avec une froideur des plus inhabituelle : ‘je n’échouerais pas’. C’était sans nul doute assez pompeux de présenter les choses de la sorte. Mais il voulait faire ça et rien d’autre. Il n’étudiait que pour ça et était près à de nombreux sacrifices pour parvenir à ses fins. Médicomage, c’était son rêve. Quel qu’en soit le prit à payer. Il était près.

La dernière question que lui posa le médicomage avait quelque chose de presque dérangeant. Bon, Erwan savait bien ce qu’incluait un pareil métier… la santé avait ses avantages et ses inconvénients. Et il allait faire avec, c’était certain. Il craignait plus ou moins le jour où il verrait une personne rendre l’âme mais savait qu’il y serait forcé. C’était plus qu’une évidence. Et puis la mort faisait partie de la vie, il voyait les choses de cette manière. Ce n’était certes pas très romancée, mais plutôt réaliste, à ses yeux tout du moins…

« Non, jamais. »

Ben oui, il était honnête. Et si c’était un critère d’embauche, tant pis pour lui ! Il n’était pas du genre à mentir pour parvenir à ses fins. Il savait qu’il pouvait s’en sortir, il els avait, et si les apprentis étaient triés sur ce critère, c’est qu’assurément il n’avait pas choisi le bon hôpital pour étudier. Voilà tout.

Erwan se saisit rapidement d’une plume à encre intégrée (ouai super pratique cette nouvelle collection de plumes, et la pointe étant très bien taillée, l’écriture et plus que facilitée… bref, du bon boulot quoi !). Le jeune homme nota sur un bout de parchemin les références que lui donnait son maître de stage, écoutant tout avec beaucoup d’attention. Sans aller jusqu’à dire que ‘le courant passait’ le Roumain devait bien avouer qu’il avait –pour le moment- un bon sentiment concernant Karen Broome… Le jeune homme observa ensuite la médicomage s’en aller vers les étagères, présentant de nombreux ouvrages et en prendre 5, de volume plus que respectable, qu’elle déposa devant lui. Le jeune homme les observa, non pas avec crainte, mais plutôt avec intérêt. Il se permit de les regarder chacun à leur tour, afin de voir s’il n’en n’avait pas déjà lu un… mais non, que de l’inédit. Formidable ! Levant un regard brillant de reconnaissance vers son aînée, le Roumain répondit avec le sourire :

« Merci beaucoup Madame… vraiment ! »

Bon, il ne s’ennuierait pas (même si en règle générale il était trèèès doué pour combler les espaces vides de son emploi du temps *avec de jolies filles par exemple… -paaf-*).

La question sur la mort n’était apparemment pas un piège (Haha ! T’as jamais vu un cadavre, pauvre gosse ? Dehors, moi je prends les gens expérimentés ! –genre -). Erwan en fut un brin rassuré (il n’en n’avait pas eu conscience jusqu’alors, mais il craignait d’être en quelque sorte ‘recalé’ pour une mauvaise réponse (comme s’il y avait des bonnes ou mauvaises réponses pour ce genre de choses…)

« Très bien, je sais que ce n’est pas un métier facile, ni même qu’un simple métier, et j’ai bien conscience que tout ne sera pas tout rose, madame. »

Oui, il restait réaliste. Et s’il n’avait jamais vu de personne décédée, il avait côtoyé la mort de près, durant son enfance, vivant dans une situation plus que misérable… Le froid aurait pu l’achever, le travail, difficile et si mal payé, aussi… mais il devait plus ou moins tenir de sa mère… Une sorte d’acharnement… Une volonté de fer… Et beaucoup d’optimisme. Toujours. Ce qui ne l’empêchait pas d’être réaliste pour autant !

« Non, aucune question pour l’instant… »

Il suivit donc son maître hors du bureau, prêt (ou pas ?) à affronter les couloirs de l’hôpital, non plus en tant que patient, mais comme ‘médicomage’ (bon ok, apprenti, mais le sens reste le même !). Le premier patient que pu rencontrer Erwan en tant qu’apprenti était un homme présentant une particularité physique (dirons-nous) comme symptôme principal. Erwan était loin de connaître toutes les maladies sorcières et (plus généralement humaines), mais il s’efforça de réfléchir un instant, avant de prendre la parole :

« J’ignore le nom de cette maladie, mais je suppose qu’il s’agit d’une infection généralisée, puisque les tâches se sont répandues uniformément sur la peau, sans toucher plus fortement une zone particulière. Si le mal avait été local, nous aurions pu le voir par une concentration de tâche plus importante à un endroit donné, ce qui n’est pas le cas, ici… »

Erwan fronça les sourcils avant de reprendre :

« Je suppose aussi que cette maladie n’est que superficielle, touchant la peau, en elle-même dans son ensemble, puisqu’on n’a aucun autre symptômes… peut-être à cause d’une plante touchée ou avalée… Ou un principe actif inhalé ? »

Bon et ça s’arrêtait là… parce que après…

« Mais je ne connais aucune plante, ou aucune ‘chose’ qui peut donner cette pigmentation… »

Karen était toute chamboulée de voir son apprenti se creuser les méninges pour trouver ce que pouvait bien avoir son premier vrai patient! Le sien remontait à pas mal d’années, quand même, et cela lui faisait tout drôle de voir Erwan passer par-là parce qu’en même temps c’était un peu elle en plus jeune qu’elle revoyait. Et oui l’effet miroir n’épargne pas les médicomages! Passé ce sentiment étrange, il était plutôt drôle de voir le jeune homme réfléchir à haute voix. Beaucoup d’étudiant avait se réflexe qui consistait à tout dire, mais vraiment tout, à voix haute. Peut-être pensaient-ils que leurs maîtres de stage pouvaient les corriger sur le coup dans leur réflexion. Mais il valait mieux laisser l’élève aller au fond des choses seul, car peut-être qu’au fur et à mesure de son raisonnement il pourrait se corriger tout seul. Même les plus grands médicomages se trompent, il faut savoir l’accepter mais surtout travailler ses erreurs, et c’est encore mieux si on parvient à se corriger seul.

Erwan n’était pas mauvais du tout, pour une première approche il semblait réfléchir de manière logique et déduire des choses tout à faire plausible face à ce cas. Il partait de ce qui semblait le plus évident pour finalement paufiner tout ça en cherchant la petite bête. Bon procédé, il n’y avait rien à redire là-dessus. Maintenant, et bien évidemment, il ne pouvait pas tout savoir, alors ce cas plutôt « banal » ne trouva pas de cause précise à ses yeux, mais cela viendrait très vite avec un peu plus de temps. Karen reprit donc les choses en mains, en se permettant un petit retour sur ce qu’il venait de dire, parce que de toute façon le sorcier n’allait pas mourir, et Erwan voulait certainement savoir quand même si son raisonnement tenait la route ou non.

- Vous avez une bonne manière d’analyser les choses, ne changer pas cela c’est très bien, le reste suivra.

Elle semblait vraiment convaincu parce qu’elle disait, mais dans ce cas précis elle n’avait pas besoin de faire de fausse louange, l’apprenti s’était réellement bien dépatouiller avec son analyse.

- Votre dernière idée sur la plante ingérée était la bonne, ce patient à voulu guérir seul un mal de tête et s’est fabriquer une potion. Le problème étant qu’il n’a pas su faire les bons dosages.

« Les médicaments ne sont pas des jouets, laissez les hors de la portée des enfants », voilà le genre de phrase basique que l’on rencontrait dans les pharmacie ou sur les boîtes de médicaments moldus. Evidemment cela s’appliquait également au monde des sorciers, sauf que cela relevait d’une médecine à base de potion ou de sortillège. Mais ces derniers n’étaient que peu pratiquer à Sainte Mangouste, la faute aux nouvelles réformes.

- Les violettes japonaises sont connues pour leur vertues thérapeutiques et leur propriété colorante. Le problème étant qu’à trop petite dose, elles teinte tout ce qu’elles rencontrent. Monsieur a bu une potion trop peu forte en cette fleur d’où cette charmante carnation.

L’effet colorant fut rapidement dissipé par l’administration d’une potion de la même couleur qui lui donna Karen.

- Vous savez qu’il faut en mettre 20,5 gramme, et non pas 10. Mais le mieux, comme on vous l’a déjà dis, est de ne pas chercher à faire vos potions tout seul.

La médicomage avait un ton à la fois ferme et tendre. Cet homme n’avait pas besoin de se faire tirer les bretelles, simplement de comprendre peut-être enfin cette fois qu’il n’était vraiment pas fait pour les potions, et qu’il était inutile qu’il se borne à vouloir faire ses médicaments seul. La sorcière le raccompagna auprès d’une infirmière qui le prit en charge. Il allait rentrer chez lui après un petit tour à l’accueil.[i]

- Comme vous l’avez vu, nous utilisons beaucoup de potions déjà toutes prêtes. Nous avons dans chaque cabinet toutes les potions utiles aux cas les plus courants, et puis ce qui le sont moins ils sont généralement stokés dans nos propres bureaux. Chacun prépare lui-même sa réserve en fin de chaque semaine pour être sûr d’en avoir suffisement. Mais nous ne sommes jamais à l’habrit d’une pénurie au sein de tout l’hôpital.

[i]Expliqua-t-elle à Erwan. Il est vrai que beaucoup de cas communs se succédaient tout au long de la journée, et les potions administrées étaient du même coup souvent les mêmes. Il fallait donc en avoir une bonne réserve pour paraitre à tout manque. Karen préparait les siennes tous les jeudis. Et pour les cas exceptionnel, il était toujours possible de créer une potion bien particulière dans la sorte de labo que comportait le deuxième sous-sol.

- Nous n’utilisons que très peu la magie comme vous avez certainement pu le remarquer. Personnellement je n’apprécie pas du tout ce style de pratique, les baguettes sont trop instables et un accident est vite arrivé. La nouvelle réforme est donc une bonne chose selon moi, nous pouvons conserver nos baguettes ou bien les laisser dans notre bureau ou auprès d’une des infirmières de l’accueil. Cela ne m’empèche bien sûr pas de m’en servir de temps à autre, mais t’en que je peux m’en passer, je le fais.
Vous avez déjà une préférence ou pas?

Par cette question, la médicomage voulait surtout savoir si elle devrait changer ses pratiques pour les adapter à celle de son apprenti, parce que tant qu’à faire, autant lui monter le plus possible ce que lui pratiquerait plutôt que ce que elle faisait tous les jours depuis plusieurs années. Elle n’avait rien à apprendre, ou quasiment d’Erwan, mais lui était en plein apprentissage, il fallait qu’il voit dès maintenant les bons gestes et attitudes à adopter. La réponse était donc importante, bien qu’assez prématurée, peut-être. Mais cela n’était pas dis, puisque depuis toujours Karen préférait la médecine sans magie immédiate.

Ils se dirigèrent vers leur second, puis troisième patient, et ainsi de suite pendant près de deux heures et demi, jusqu’à ce que Karen lui délivre le dossier d’une des patientes. Elle ne prenait aucun risque pour la malade, ni même pour eux, c’était d’ailleurs pour cela qu’elle donnait ce cas au sorcier. Depuis toute la matinée qu’il la suivait, il devait certainement avoir envie de tenter des petites choses.

- Patiente de cinq ans, son frère l’a brûlé à la main par un sortillège d’incendio.

Une fois sur place, Karen rassura les parents, ainsi que l’enfant, avant de leur présenter Erwan qui allait donc devoir se débrouiller seule pour soigner cette plaie… qui en fait ne touchait que deux doigts de la main. Oui, trois fois rien donc, mais j’ai prévenu que la médicomage ne prenait aucun risque sur ce coup là! C’est simplement pour le laisser prendre confiance en lui et mettre un petit peu en pratique ce qu’il avait appris. Une simple pommade à base de mucus de strongulo et le tour était joué!