Un monde nouveau ? [PV]

Bérénice sourit à son petit ami avec réserve. Elle croyait d’une manière très sincère qu’il était bien le seul au monde à penser ainsi… mais comme ça l’arrangeait – et qu’on ne crachait pas sur un compliment lorsqu’il venait de la personne qu’on aime -, elle préféra ne rien dire. Même si elle prenait grand soin de sa petite personne, elle était loin de se trouver belle ou désirable, elle faisait des efforts pour ça mais sans jamais trop y croire… un peu comme si c’était pour se donner bonne conscience.

« Flagorneur va… » Rétorqua-t-elle donc amusée, loin de se douter (et de même pouvoir s’imaginer) qu’au final Erwan n’était pas si loin que ça du compte. BB n’était pas un top canon, mais elle était mignonne. Cela avait son charme aussi, et puis, il y aurait toujours des hommes pour choisir la timide à la provocante (bon, pas Erwan d’accord XD).

Ils ne tardèrent pas à rentrer. BB avait passé une bonne soirée, Erwan la laissait en général parler si elle le désirait mais lorsqu’elle commençait à être à court d’idée, il prenait toujours la relève. Entre eux il n’y avait pas de silence gênant comme elle pouvait en connaître avec d’autres, ça la rassurait. Elle avait l’impression d’être moins anormal lorsqu’elle était avec son petit ami. Il la traitait comme si son autisme n’était pas du tout un problème, juste une part d’elle… et elle essayait d’adopter le même point de vu. Enfin… même si plus de 15 ans à se sentir exclue de la société n’y aidaient pas forcément.

Une fois chez Erwan, bien qu’elle fit de son mieux pour paraître à l’aise, à l’intrieur il y avait comme une foule de papillons qui dansaient la gigue. BB aurait bien aimé qu’ils arrêtent et la laissent un peu penser, mais ils ne lui obéissaient pas. De fait, elle avait sûrement l’air encore plus gauche que d’habitude. Elle semblait vouloir se fondre dans le décor, devenir invisible peut-être… enfin, en tout cas, tout sauf être comme une bécasse au milieu du salon. Sa parade (maintes fois testée par toutes les filles de la planète) fût de dire qu’elle allait prendre une douche et se changer. Ce serait sa deuxième douche de la journée alors qu’il ne faisait pas si chaud que ça dehors… mais Bérénice était très à cheval sur la propreté, de plus, l’eau avait sur elle un effet salvateur.

Elle en sortit plus détendue et sereine bien que persistât toujours le sentiment d’étrangeté. Elle découchait ! Seigneur Merlin… si ses parents l’apprenaient, avant d’être en colère, ils n’en reviendraient sûrement pas !

Cette pensée la fit sourire et elle alla se coucher avec un naturel qui l’étonna. Mais quand Erwan déposa un baiser sur son front, elle oublia à peu près tout et elle prit l’initiative de se coller à lui, voyant bien qu’il n’osait pas – de peur de l’effaroucher -. Etrangement, c’est justement cette intention qui la décida. BB se sentant libre de ses actes et nullement forcée ne doutait de rien, n’ayant pour l’heur aucun sujet de réflexion. Déposant un nouveau baiser sur les lèvres de son petit ami, elle le regarda dans les yeux (ce qui montrait bien l’importance que revêtait ce qu’elle s’apprêtait à dire même si on vous accorde qu’ils étaient dans la pénombre) « J’aimerais bien… que tu m’apprennes. » Et c’est tout ce qu’elle pût dire vu que le rouge lui montait aux joues et lui fit aussitôt baisser les yeux, comme une mauvaise habitude à laquelle on est attaché sans trop savoir pourquoi.

C’était toutefois un pas en avant vers ce monde nouveau…