Tu me rends luciole [PV]

Une fois les mots échappés des lèvres d’Enry, Charisma laissa un moment de flottement durant lequel elle resta parfaitement immobile, tel une jolie statue de cire. Elle reprenait pleinement contrôle de son esprit et de ses émotions. Carry mettait un point d’honneur à être toujours parfaitement maîtresse d’elle-même, c’était même ce qui lui donnait cet air hautain alors qu’elle ne se considérait pas meilleure qu’une autre. Elle se savait des qualités bien sûr, elle se trouvait assez jolie par exemple, bien qu’elle n’essaie pas de cultiver sa beauté ou d’en prendre particulièrement soin, elle était aussi d’une rare perspicacité, mais elle se trouvait aussi basse que les autres êtres humains. Carry détestait l’humanité tout entière, mais celle qu’elle détestait le plus, c’était elle. Finalement, elle retrouva au moins en apparence son calme, ses joues, légèrement rosies par le baiser, était redevenues pâles, quant à son cœur, il ne battait plus aussi fort dans sa poitrine car elle avait fini de reprendre son souffle. Ce n’est que là qu’elle aussi se dirigea vers le couloir des dortoirs, à l’opposé de celui des garçons, et dit d’une voix claire et sans nuance « Do svidaniya monsieur Stanley, dormez bien. »

Elle retourna dans sa chambre et se coucha lentement dans son lit. Contrairement à ce qu’elle avait dit – et bien que sentimentalement ce fût toujours parfaitement vrai – un baiser ce n’était pas si insignifiant que ça… et elle comprenait mieux pourquoi ses camarades de chambre en faisaient tout une histoire. C’était… indescriptible. Charisma devait reconnaître qu’elle avait beaucoup aimé. Malheureusement, c’était aussi beaucoup trop troublant. Cela lui faisait perdre le contrôle… preuve en était qu’elle s’était complètement laissé aller dans les bras du préfet, elle ne savait même plus bien ce qu’elle faisait, juste qu’il était là et que c’était doux, tendre et étrangement réconfortant.

Cela ne se reproduirait plus, avec qui que ce soit.

Cette décision prise, elle ferma les yeux… et en prit une autre. Elle s’était montrée faible et offerte devant Enry, personne à Poudlard ne la connaissait ainsi, tout simplement parce que son auto-discipline était le fruit de plusieurs années de chagrin. Mieux valait qu’elle ne lui parle plus, sinon, comme avec Wade, elle finirait par se confier… peut-être même qu’elle y mettrait beaucoup plus de sentiments. Elle s’y refusait. Elle n’avait pas confiance, elle ne pouvait pas se payer ce luxe. Elle ne verrait donc plus Enry, comme il ne devait pas y tenir, ce serait d’autant plus facile.

« Do svidaniya mon joli rêve d’une nuit… » murmura-t-elle dans un accès poétique avant de s’endormir, contente de ce qu’elle pensait être de bonnes résolutions.