Reparlons de ce dont nous avons parlé... [PV]

Wade commençait sa journée de manière assez banale, en effet, le réveil n’était pas forcément agréable, en même temps se faire réveiller par un hiboux écrasé contre sa fenêtre à 5 heure du matin, c’était rarement agréable. Bien sûr Wade était tombé cette année sur le propriétaire de ce hiboux à moitié myope comme voisin de chambre… à chaque fois c’est sur la fenêtre de Wade qu’il s’écrase et il s’empresse d’ailleurs de réveiller son voisin pour partager son malheur. Bien sûr lui réagissait de manière au moins aussi mal que lui et tout deux se baladaient dans les couloirs avec le cafard. Ils firent leur toilette ensemble, ils se changèrent ensemble et arrivèrent bien trop tôt dans la Grande Salle… ensemble. Le petit déjeuner fut silencieux jusqu’au moment où son voisin daignait ouvrir sa lettre. Un sourire put se lire sur son visage… Étant héritier d’une grande famille il venait de gagner une très belle somme avec la mort de son arrière-grand-père ce qui ne le bouleversa pas franchement à première vue… même à seconde vue… En effet, il se réjouissait de l’héritage sans pour autant se rappeler de la triste mort de son parent… Ceci coupant l’appétit au jeune homme, il préféra se lever pour regagner son dortoir. Il avait toujours du mal à se faire à l’idée du manque de liens dans les membres d’une même famille. Cela lui rappela soudain sa rencontre avec Charisma, la jeune Serdaigle perdue qui lui avait offert l’hospitalité en l’invitant chez elle, lavant ses vêtements et en lui offrant des gâteaux. Elle lui avait surtout confié une partie sombre de sa vie et Wade regrettait de ne pas l’avoir rencontré depuis, après tout ils auraient du en reparler, ce n’était pas quelque chose qu’on balançait comme ça à quelqu’un sans réactions, puisque en effet il n’avait pas vraiment réagi, il était resté muet ce qui parfois pouvait signifier beaucoup plus que des paroles… Mais le malheur de la jeune fille digne des romans de Dickens l’avait beaucoup ému et après mûre réflexion il se devait de la revoir… Ils étaient de la même maison, cela ne devrait pas vraiment être difficile en faites… Wade prit une grande inspiration avant de résoudre l’énigme pour entrer dans sa salle commune et put y retrouver le feu déjà allumé à cette heure-ci alors que l’hiver n’avait pas débuté… Il remarqua immédiatement la jeune fille assise sur un fauteuil. Simplement il vint s’installer à côté d’elle sans se prendre la tête.

‹‹ Salut… Tu… tu te souviens de moi ? ››

Bah oui on sait jamais, fallait mieux demander…

Comme d’habitude, Charisma lisait tranquillement dans la salle commune. Malgré les températures de plus en plus fraîche de ce début d’automne, elle restait à l’écart du feu, choisissant systématiquement l’endroit le plus éloigné. Elle ne s’était pas encore habillée, ne voulant pas réveiller ses camarades de chambre. Elle portait donc une de ses longues chemises de nuits blanches avec de la dentelle qui lui tombait jusqu’au pied et était fermé jusqu’au cou. Charisma était une très belle jeune fille, mais on ne pouvait pas dire qu’elle soit sexy, et encore moins provocante ça change de mes autres persos filles. Ce jour là, elle n’avait pas besoin de se presser, elle commençait tard les cours. Mais comme d’habitude, elle n’avait réussi à dormir que quelques heures. Charisma n’était pas exactement insomniaque mais on ne pouvait pas dire qu’elle passât beaucoup de temps au lit non plus.

Prenant un livre au hasard, elle s’était installée et avait commencé sa lecture d’un air absent. Elle ne se sentait ni bien, ni mal. Pour elle, c’était un réveil plutôt serein, tout en douceur, que de s’installer ainsi seule avec juste un vieux bouquin pour lui tenir compagnie… enfin, ça, et les voix bien entendu.

Elle terminait le chapitre cinq de Mauprat, un livre moldu, quand elle vit une de ses connaissances s’approcher et s’asseoir près d’elle. En ce moment, Carry était dans une période où elle avait tendance à fuir le contact et la présence des autres, tout ça à cause d’une sombre histoire de baiser, mais même s’il ne faisait pas parti de sa Cour (et il était loin d’avoir le profil pour ça), Charisma ne songea pas à le congédier.

« Bonjour monsieur Jarvinen. » Dit-elle simplement, toujours excessivement polie, prouvant par là qu’elle se souvenait de lui. « Comment allez-vous ? » dit-elle ensuite avec un léger sourire sur ses lèvres habituellement sans expression. Cependant, son regard restait fixe et dur comme la glace, elle portait son désintérêt pour l’humanité encore plus haut en ce moment qu’elle n’avait pût le faire à d’autres, et nettement plus c’était certain que lors de sa rencontre estivale avec Wade. A ce moment là, elle s’ennuyait toute seule, elle manquait de compagnie, et la situation était (selon elle) amusante. Elle avait donc fait preuve d’une certaine énergie et aussi d’expressivité, toutefois, maintenant qu’elle était retournée à Poudlard et, surtout, qu’elle avait décidé de ne laisser personne pénétrer son territoire, elle redevenait une petite princesse de glace. Heureusement, Wade connaissant déjà plus de choses sur elle que la plupart des élèves de Poudlard, elle n’avait pas l’intention d’être désagréable, par contre, il n’était pas certain qu’elle se montre aussi causante cette fois-ci… Pas d’elle-même toujours.

La jeune fille, studieuse, terminait la lecture d’une page d’un livre, méconnu aux yeux de Wade donc sûrement un livre intelligent, elle était habillé d’une espèce de drapière en soie… Enfin un truc classe mais vraiment moche, ça avait l’apparence d’une nuisette, en espérant qu’elle ne se ballade pas avec ça la journée, et cela montait son col au ras du cou, on aurait pu croire à un étouffement prochain. Le fauteuil qu’elle avait choisit était assez loin du feu, sûrement pour préserver sa peau qui paraissait si douce, elle ne détourna le regard vers Wade qu’après un certain temps et il crut voir une nouvelle jeune fille. Son regard avait totalement changé, la dernière fois il se rappelait du regard d’une jeune fille un peu excité mais en même temps responsable, elle aimait la découverte, s’exprimait, même si Wade voyait flou ce jour là et n’entendait sûrement pas très bien, il lui semblait qu’elle ponctuait plus ses phrases et qu’elles étaient plus longues. En faites elle avait un peu la même expression détachée que lorsqu’elle lui avait raconté sa vie en deux phrases… Tout de suite, ça ne vous met pas franchement à l’aise. Point positif, elle se rappelait de lui, en même temps, d’après ses souvenirs, elle lui avait dit qu’il était le premier à se rendre chez son Tuteur donc elle ne pouvait que se rappeler de lui, l’intervention n’était pas passé inaperçue, en bien ou en mal.

‹‹ Je vais bien, il fait beau, l’année a reprit et se passe bien… Tu as l’air de ne pas très bien aller toi par contre, enfin je sais pas, t’as pas l’air très joyeuse… Tu peux me parler si tu veux. ››

Wade n’était pas un excellent confident, il lui arrivait souvent de laisser échapper quelques secrets à sa sœur jumelle qui en vraie peste les répétait à qui voulait bien l’entendre, ou encore à sa cousine mais elle se trouvait être plus discrète. Enfin, d’un autre côté, tout le monde à un ami à qui raconter ses ragots, seulement il faut savoir le choisir, et Wade avait bien du mal… Il lui avait parlé d’un ton assez enjoué, sans essayer de cacher ses pressentiments, il était très franc et n’aimait pas voir les choses se camouflaient, il n’attendait pas forcément à ce qu’elle lui déballe tout d’un coup bien sûr, se retrouver dans cet état devait sûrement provenir de causes pas simples à aborder mais peut-être accepterait-elle de lui parler un peu, lui lâcher quelques mots, ponctuer ses phrases et permettre aux autres de définir une humeur dans ses paroles. Il n’avait pas perdu espoir quant aux révélations sur son passé et comptait bien ne pas laisser sa chance… Même si actuellement son regard se porter plutôt sur sa robe… Lui ne portait qu’un simple t-shirt blanc et un jean… Quoi de plus banal…

Charisma passa distraitement la main dans ses cheveux, l’air un peu ailleurs. Elle n’était pas mécontente du tout de la présence de Wade, en revanche, elle la laissait perplexe. Enfin, pas vraiment sa présence, plutôt ce qu’il lui disait. Elle ne se sentait pas particulièrement mal ce matin là.

« Je ne me sens pas particulièrement mal, je dirais plutôt que je m’ennuie. Mais c’est assez normal à cette heure. » Il était très tôt le matin et de toute évidence si elle montait pour commencer à se préparer, elle ne se ferait pas très bien voir. Qui plus est, Charisma était quelqu’un qui frôlait toujours la neutralité en matière de sentiments. Elle y veillait. Elle détestait être prise au dépourvu ou, tout simplement, ressentir. Elle était si… froide. Ceci dit, elle pouvait aussi s’enflammer lorsque les sujets l’intéressaient ou qu’elle faisait des découvertes, ça avait été le cas lorsqu’elle avait rencontré Wade au détour d’une ruelle durant l’été écoulé. Ce genre de situation n’était pas forcément rare, il fallait juste tomber au bon moment. Et dans l’instant, Charisma n’avait aucun sujet qui puisse la rendre plus expressive à portée de main.

Observant qu’il regardait sa tenue avec attention, elle lui rendit son regard et dit toujours sans sentiment particulier « Ma chemise de nuit ne vous plaît pas ? » Elle n’avait pas grand succès auprès des filles du dortoir, elle n’était ni pratique, ni très moderne, en revanche elle était bien chaude et couvrait tout son corps, aucune chance qu’elle remonte et dévoile sa cicatrice de l’incendie. Celui-ci étant la raison pour laquelle Charisma préférait s’habiller chaudement : ayant peur des flammes vives, elle ne pouvait pas s’y réchauffer.

Finalement, comme elle pensait à tord ou à raison qu’il la croyait déprimée, elle reprit la parole, brisant pour la troisième fois le silence « Je suis toujours comme ça, c’est mon expression habituelle. Cela n’a aucun rapport avec ce que je vous ai raconté la dernière fois. » Raconté était peut-être un mot trop fort, elle n’avait fait qu’énoncé les faits marquants de son enfance, ceux qui avaient fait d’elle le jouet d’Andrew. Non qu’Andrew soit un homme méchant pense-t-elle mais elle ne lui faisait pas plus confiance qu’aux autres, elle ne comprenait même pas pourquoi il l’avait choisi elle, pourquoi donner autant d’argent pour la posséder… Mais son propre passé était brumeux pour Charisma, elle s’en était faites aussi sa propre vision, déformée par la douleur d’avoir perdu sa mère d’abord puis que son père n’ait plus voulu d’elle. Dans ses petits fantasmes perso’, son père la suppliait à genoux de revenir vivre avec lui et, bien entendu, elle lui disait non. Ce qui n’arriverait jamais, soit, mais rêver ne fait de mal à personne après tout.

Visiblement la jeune aigle ne paraissait pas vraiment du même avis que son aîné sur son mécontentement, pourtant Wade restait de marbre, la jeune fille avait un comportement différent, comme sa manière de parler enfin c’était vraiment étrange. Peut-être était-ce encore à cause de l’incompréhensibilité des filles dans l’esprit de Wade, peut-être n’avait il aucune chance de comprendre son attitude, peut-être était elle tout simplement lunatique ou alors carrément schizo ce qui pourrait être assez étrange en fait. Wade n’en savait presque rien sur ces gens mais ils auraient apparemment des personnalités complètement différentes… un coup c’est Pierre, un coup c’est Jacques. Wade d’ailleurs n’aimerait pas se retrouver face à ce genre de personnes, il serait ainsi complètement déstabilisé… Et perdre de l’assurance ça ne lui ressemblait d’ailleurs s’il s’avérait que la jeune fille soit atteint de cette maladie, il prendrait les jambes à son coup mais c’est une question plutôt délicate à poser. Il lâcha un soupir comme pour s’en tenir à la réponse de la jeune fille qui ne serait qu’en train de s’ennuyer… Courir après un chapeau dans Londres c’est pas vraiment amusant alors ça ne forge pas le caractère … Il jeta tout de même un dernier regard miséreux à la chemisette de la jeune fille avant d’écouter celle-ci qui justement aborder le sujet. D’ailleurs elle se mit à imiter son regard, ce qui était assez déplaisant alors il s’arrêta de regarder la tenue si on pouvait l’appeler ainsi, déguisement conviendrait mieux.

‹‹ C’est pas qu’elle me déplaît mais… Bon si en faite je ne l’aime pas du tout, tu pourrais te mettre en valeur avec de beaux vêtements, tu n’es pas moche comme fille et cette tenue est un peu… passée de mode… nuisette ou pas d’ailleurs. Mais après c’est selon tes goûts aussi farfelus soient-ils … ›› Il la regarda avec un air un peu désolé pour sa franchise et fit attention à ne plus poser son regard sur ce torchon à dentelles. En parlant de vêtements, il jeta un regard à sa tenue, et comme il se trouvait beau, eut un sourire satisfait avant de se replonger dans la discussion avec la jeune fille, après tout, elle n’avait pas l’air de ressentir de sentiments alors pourquoi se mettrait-elle à faire une fixation pour une simple critique. Pas de déprime, c’est bizarre quand même, si elle était toujours comme ça, cela voudrait dire que la dernière fois elle était dans un réelle état d’euphorie… Wade faisait souvent cet effet au fille mais non pas qu’il ne la trouvait pas belle mais elle ne l’intéressait pas vraiment, il valait mieux qu’une 4e année *paf*.

‹‹ Et euh… la dernière fois pourquoi était-ce différent, je sais pas t’étais joyeuse… Enfin même sans être joyeuse t’étais humaine, là on dirait un robot inexpressif… Vêtue de cette nuisette, ça n’arrange vraiment rien … ›› Non il ne faisait pas une fixation sur la nuisette c’est juste que tant qu’à faire, autant marquer le coup, ainsi elle la brûlerait peut-être. Et puis elle s’était vêtue de manière décontractée la dernière fois, ça lui allait bien… Elle ferait mieux de s’habiller ainsi au quotidien, et puis après tout il ne s’agissait que de sa nuisette, faut voir comment elle s’habillera pour le reste de la journée…

Charisma baissa les yeux sur sa tenue, cherchant en quoi elle ne la mettait pas en valeur. Bon, d’accord, ce n’était pas moulant, ni décolleté, mais bon, c’était mignon et vaporeux non ? Lançant sa question intérieure à sa voix, celle-ci ne tarda pas à lui répondre « C’est un homme Carry, ne cherche pas plus loin. » cette idée lui fit retenir une grimace mais elle devait bien admettre que c’était une remarque judicieuse de la part de la voix. Les garçons s’en fichent que les filles ressemblent à des poupées et semblent tout droit sorti d’un livre du 19ème siècle, ce qu’ils veulent c’est juste avoir un joli spectacle, y compris quand ils ne sont pas intéressés, ce qui était le cas de Wade, elle n’en doutait pas. Et croyez bien qu’en ce qui concerne cette dernière réflexion, ce n’était pas de la naïveté de sa part, non, non, c’était juste qu’elle savait faire la différence entre un garçon qui la désirait et un qu’elle laissait à peu près froid. Il faut dire que depuis deux ou trois mois, elle commençait à avoir des problèmes avec la gente masculine… pas dans son entier bien sûr, mais avec certains adolescents trop perturbés par leurs hormones pour réfléchir à ce qu’ils faisaient. Comme Charisma était réputée folle (ce qui, comme tout, avait été amplifié), ils pensaient tous pouvoir en profiter puisque malgré ça, elle était belle. Mais elle avait beau n’avoir pas toute sa tête, elle ne se considérait pas comme à la merci du moindre fauteur de trouble.

« Ce ne sont pas vraiment mes goûts, c’est Andrew qui m’achètent mes vêtements. Mais elle est bien chaude, et il fait frais ce matin. » A dire vrai, et bien qu’elle ne compte pas devenir une espèce de pin up qui porte des trucs courts ou quoi que ce soit dans ce genre, elle n’avait pas vraiment de goût propre, elle portait simplement ce qui lui tombait sous la main ou ce qu’on lui demandait de mettre. Du moment qu’elle était présentable, ça lui suffisait. « Et, bien que ce ne soit pas votre cas, j’ai assez de problèmes comme ça avec les garçons de notre maison en ce moment. Je préfère me cacher. » Surtout quand on savait qu’Enry, leur cher préfet homme n’est-ce pas, ne faisait vraiment rien pour empêcher ces minables de l’ennuyer. Il ne fallait pas se demander pourquoi elle était froide après, elle ne pouvait faire confiance à personne… on se chargeait assez souvent de le lui rappeler.

« Je trouvais la situation de l’autre fois amusante, il ne se passe rien de drôle ou d’intéressant ce matin, tout simplement. » Quant à savoir qu’elle n’avait pas l’air humaine, pour elle, c’était presque un compliment… elle détestait la nature humaine, elle détestait les hommes, elle détestait ce système social qui plaçait l’argent au dessus de tout… et par-dessus tout, elle se détestait elle. « Je n’ai qu’une piètre opinion de l’être humain, ne pas avoir l’air d’en être un ne risque pas de m’offusquer. Vous pouvez penser que c’est idiot, mais quand on a été vendu par son père, on ne peut qu’avoir sous les yeux la bêtise de notre espèce… et plus le temps passe, plus les relations avec les autres me prouvent que j’ai raison. » Charisma avait beau avoir bon fond, on ne pourrait pas enlever qu’elle était une grande désabusée.