Crise (PV)

Eva-Rose n’entendait plus ce que Zeno disait. Tout juste voyait-elle ses lèvres remuer à travers une brume qui brouillait l’image que la demoiselle avait de ce qui l’entourait, en l’occurrence le couloir de Poudlard. Dans ses oreilles, dans sa tête, ne résonnait plus qu’un vague bruit de fond, mais qui l’empêchait de comprendre quoi que ce soit. Pour faire bref, la rouquine ne savait pas vraiment ce qui se passait et se sentait dériver. Seule l’image du Gryffondor devant elle l’empêchait de vraiment sombrer : il ne s’agissait pas de tomber dans les pommes devant lui, n’est-ce pas ? Tout comme lui vomir dessus, ce n’était pas une bonne idée. Bref, la seule solution était l’infirmerie – ou au moins les toilettes.

Eva-Rose hocha donc la tête aux paroles de Zeno, même sans les comprendre : elles ne pouvaient être que sensées, dans une telle situation. En tout cas, l’Italien savait sans doute mieux qu’elle ce qu’il fallait faire. Franchement, la rouquine n’était pas en état de décider quoi que ce soit. Elle tenta malgré tout de se lever, histoire d’aider le Gryffondor à l’aider. Si la jeune femme était plus ou moins consciente qu’elle n’arriverait pas seule jusqu’à son but – quel qu’il soit – elle ne voulait pas non plus compliquer la tâche de son camarade de septième année en étant un poids mort plus que difficile à déplacer. Se faire trimballer dans les couloirs ferait d’ailleurs bien mauvaise impression. Plus, même, parce que, sérieusement, tout le monde sera d’accord avec moi, c’est pas du tout classe, et la rouquine n’avait pas vraiment envie d’être la risée de tout le collège le lendemain matin. Elle pouvait supporter les commentaires des autres, mais seulement jusqu’à un certain point, il ne fallait pas exagérer.

Eva-Rose fut relativement contente de voir qu’elle arrivait tant bien que mal – avec de grandes difficultés, certes, mais tant pis – à se mettre debout, sur ses deux jambes flageolantes et en se tenant au mur. Ainsi, et avec l’éventuelle aide de Zeno, elle pourrait arriver à l’infirmerie ou aux toilettes, selon l’endroit qui était le plus proche, ou la décision de l’Italien qui allait devoir la guider, si jamais le demoiselle voulait arriver en vie quelque part et ne pas s’effondrer dans le couloir pour y rester jusqu’à que quelqu’un la découvre, ce qui pouvait prendre du temps, surtout si un idiot lui tombait dessus d’abord. Dans toutes les maisons, il y avait des élèves capables d’enfoncer quelqu’un qui n’allait pas bien. La future préfète le savait d’expérience.

- In…fir…mrie réussit-elle à articuler. Du moins, elle l’espérait, puisqu’Eva-Rose ne s’était même pas entendue parler, ce qui était quand même quelque chose, signe que son état n’était pas bon, mais alors pas bon du tout. Et qu’elle avait besoin d’aide, mais ça ça semblait évident, non ?

Eva-Rose sentit venir un nouveau haut-le-cœur. Il fallait se dépêcher, si elle ne voulait pas vomir sur les pieds de Zeno qui n’allait sans doute pas apprécier. D’un autre côté, se déplacer rapidement n’allait pas être simple. Bref, une épreuve difficile attendait l’Italien, qui avait sans doute espéré autre chose en abordant la rouquine. Mais en même temps, il fallait s’attendre à tout, avec la demoiselle, malgré l’impression qu’elle pouvait donner quand elle se sentait bien.