Bizutage façon Moreau (PV)

Shamee réfléchissait à la conversation qu’elle avait eue avec sa camarade de Gryffondor au sujet d’Halloween et elle restait perplexe. Durant cette période, elle avait appris que les gens aimaient à se déguiser avec des costumes terrifiants pour faire peut à tout le monde. Ils semblaient trouver cela amusant même distrayant et le but était de trouver le costume qui plairait le plus de par son horreur et de par la terreur qu’il pouvait inspirer. Shamee ne comprenait pas très bien cette pratique mais elle venait enfin de l’accepter d’une certaine façon. Et puis, il y avait cette histoire de bonbons. On mangeait des bonbons à Halloween, tout le monde en mangeait plein. Shamee n’avait jamais mangé plein de bonbons et il était rare qu’elle en mange même un. Et cela n’avait jamais été différent à cette période par rapport à une autre de l’année. Shamee mangeait des friandises quand son frère acceptait de lui en donner, c’était tout. Et il devait le faire de lui-même, elle n’avait pas à réclamer des bonbons ou d’autres friandises.

Pendant qu’elle repensait à tout cela, un fantôme apparut subitement devant elle. Il sortait directement du mur et Shamee ne put s’empêcher de sursauter en poussant un grand cri de frayeur. Elle fut d’autant plus surprise que la tête du fantôme ne tenait qu’à quelques millimètres de chair et que le fantôme ne se lassait pas de le lui montrer. Répugnée et surprise, Shamee ne put s’empêcher de faire une horrible grimace pendant que le fantôme se redressait devant elle et remettait sa tête en place. Shamee déglutit sans bien comprendre ce qui lui était arrivée. Elle ne savait pas que les créatures magiques du château fêtaient elle aussi Halloween de cette façon, mais maintenant, au moins elle était prévenue. Elle se sentit tout d’un coup refroidie et elle ne savait pas pourquoi, elle tremblait légèrement. Elle supposa que tout cela était uniquement dû à la frayeur qu’elle venait d’avoir mais elle poussa tout de même un profond soupir pour se rasséréner.

Juste devant elle, elle aperçut le fantôme rejoindre une fillette qui était apparemment pliée en deux de rire. Les créatures de Poudlard n’étaient peut-être pas amatrices de cela en fait. Il était même possible que le fantôme n’ait fait ça que pour faire plaisir à la gamine en question. Mais de toute façon, ça n’avait pas d’importance pour Shamee qui essayait de comprendre ce nouveau principe qu’était Halloween. En même temps, elle essayait aussi de se plonger dans l’ambiance de la fête et ce n’était pas en râlant après la fillette qu’elle allait y parvenir. Comme l’autre était une fille, Shamee se dit qu’elle pourrait peut-être lui demander exactement qui elle était et se présenter. La petite pourrait l’aider à mieux comprendre ce qu’était Halloween. Tosca avait déjà fait un petit quelque chose en ce sens mais tout n’était pas fait. En fait, beaucoup restait à faire et la fillette se demandait si d’autres choses lui échappaient encore. Du coup, elle s’approcha de l’inconnue.

« Bonjour… c’est toi qui a demandé à ce fantôme de.. . de faire ça ? »

Sa voix était douce et timide, pas du tout accusatrice.

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La blague imaginée par Nina pour disons… « intégrer » la nouvelle marcha à merveille et la demoiselle fut ravie de voir que Nick Quasi Sans Tête y mettait du sien. Heureusement qu’elle avait réussit à sympathiser avec lui dès le début de l’année précédente. Ainsi, il était bien plus gentil avec elle qu’avec d’autres Gryffondor qui ne daignaient pas lui adresser la parole, même si le fantôme des lions était généralement respecté et aimé. D’ailleurs, il n’hésitait généralement pas longtemps quand il s’agissait d’aider les membres de sa maison. Son seul problème était de manquer d’interlocuteurs réguliers, et la blonde, que rien ne faisait plus plaisir que parler, avait accepté de jouer ce rôle. Après tout, ça pouvait toujours servir d’être en de bons termes avec les fantômes. La preuve venait d’en être donnée.

L’air embêté, Nick revint finalement vers elle. Ca ne lui faisait jamais vraiment plaisir de faire ainsi peur aux gens et de se rappeler combien son exécution s’était mal déroulée. Nina, en revanche, le trouvait vraiment drôle et aimait le voir effrayer les élèves en déboulant à l’improviste avec la tête aux trois-quarts détachée de son corps. Bref, une différence de point de vue qui venait sans doute du fait que la blonde n’avait pas vécu cela, elle, le fait de se faire couper au niveau du coup par petits bouts, même si elle imaginait que ça devait être un tantinet douloureux. Heureusement pour elle, on ne pratiquait plus aujourd’hui ce genre d’exécution. La demoiselle ne savait d’ailleurs pas si la peine de mort existait toujours au Royaume Unis, même si elle avait entendu vaguement parler du Baiser du Détraqueur, sans trop y croire.

- Vous êtes contente Miss ? Maintenant, laissez-moi, il faut que je me prépare pour le banquet de ce soir. D’ailleurs j’espère que vous êtes prête à m’écouter, j’aurais un tas de choses à vous dire pour vous faire payer ça.

- Merci, murmura Nina avec un sourire en regardant le fantôme s’éloigner dans la direction opposée de celle où se trouvait la nouvelle qu’il avait effrayée et qu’avait complètement oublié la Gryffondor…qui fut alors fort surprise en se retournant de la trouver face à elle. Et si la petite n’avait pas bien aimé sa blague et s’apprêtait à lui casser la figure ? Aucun problème, la blonde savait être meilleure que ce soit à mains nues ou à la baguette.

De toute façon, Nina se faisait des films : même si les paroles de la Serdaigle – car la blonde voyait le blason de l’aigle sur la robe de sa bizut qu’elle avait elle-même ainsi – pouvaient sembler un poil accusatrice, le ton n’y était pas et la nouvelle semblait calme. Apparemment, elle ne voulait qu’une confirmation de ce qui était pourtant clairement clair pour tous. En même temps, elles n’étaient que deux à être là. Bref. Voilà ce que répondit la Gryffondor, un grand sourire barrant son visage :

- Salut. Ouep, c’est bien moi qui lui ai demandé de faire ça, comme les nouveaux, vous êtes pas habitués aux fantômes. D’ailleurs faudrait que tu t’y mettes sérieusement, sinon tu vas morfler ce soir. Enfin, vais pas te gâcher la surprise. Je m’appelle Nina, je suis à Gryffondor, en deuxième année. Et toi ? Comment tu t’appelles ?

C’est sûr : Nina savait s’y prendre pour mettre les gens à l’aise.

Shamee était désireuse d’apprendre tout ce qu’elle pourrait à-propos de cette fête mystérieuse qu’était Halloween et Nina semblait une bonne mine de renseignements. Elle avait l’air de savoir tout ce qu’il y avait à savoir sur le sujet et Shamee en était ravie. Elle était vraiment impatiente d’en savoir plus sur le sujet et se disait qu’elle allait poser plein de questions à Nina pour en savoir davantage. Après tout, la fillette avait fait une blague d’Halloween. Donc, elle savait ce que c’était. Et elle avait apparemment l’habitude de la fête vu ce qu’elle disait. Shamee était quand-même contente de savoir que le fantôme n’était pas l’initiateur de la blague. Elle n’avait pas spécialement envie que tous les fantômes viennent se mettre à la harceler sans motif, juste parce que c’était Halloween. Même si elle avait envie d’en apprendre plus, il y avait tout de même des limites à l’acceptable, c’était un fait. Ce qui étonna Shamee, ce fut quand Nina dit qu’elle allait morfler ce soir-là. Shamee se demandait pourquoi.

« Qu’est-ce qui va se passer ? Je pensais qu’Halloween était seulement fait pour faire peur… c’est ça, non ? Je ne connais pas bien cette fête, tu sais… »

Se rappelant que Nina lui avait posé une question, elle ajouta :

« Au fait je m’appelle Shamee Fuller et toi ? »

La petite Gryffondor qui était en face de Shamees’étonna que celle-ci ne connaisse rien de la fête d’Halloween ; Mais ce n’était pas la faute de la petite Serdaigle si personne ne lui avait jamais appris ce qu’était cette fête et pourquoi elle existait. Ce n’était pas sa faute si elle ne s’était jamais vêtue de costume de fantôme, de citrouille ou de monstre pour aller quémander des friandises aux maisons d’à-côté. Evidemment, sa mère aurait pu l’inciter à le faire ? Née-Moldue de son origine, elle devait probablement connaître sa fête, mais il ne fallait même pas imaginer la colère de son père s’il avait appris que sa femme et sa fille s’étaient ainsi permis de faire du porte à porte pour quémander des friandises. D’ailleurs, toutes les friandises auraient été confisquées et offertes à Marvel et Shamee en aurait été encore plus malheureuse. Il était évident que sa maman avait voulu lui éviter tous ses tourments en ne lui parlant pas de cette fête qui était pourtant le rêve de tous les jeunes enfants.

« On… On ne m’en a jamais parlé… »

La fillette farceuse se présenta et c’était une Gryffondor du joli nom de Nina Moreau. Shamee aimait beaucoup le prénom de Nina, c’était un joli nom, bien plus que l’horrible nom dont son père l’avait affublée et qui invoquait la honte d’avoir mis au monde une enfant de sexe féminin. Au moins, le père de Nina ne faisait pas savoir à tout le monde au travers du nom donné à sa fille qu’il la trouvait indésirable. Indésirable, Shamee savait qu’elle l’était mais elle aurait souhaité que son père ne le lui montre pas autant, surtout quand il montrait à quel point il était fier de Marvel. Shamee était plutôt jalouse de son frère mais cela pouvait se comprendre.

« J’aime beaucoup ton prénom. »

Nina avait apparemment l’intention de l’aider à y voir plus clair dans tout cela et cela fit plaisir à Shamee. Elle ne s’attendait pas à ce que Nina se montre aussi gentille après ce qu’elle lui avait dit. Apparemment, elle allait devoir endurer plein de choses et ça faisait plaisir à Nina, mais si ça lui faisait tellement plaisir, elle ne lui apprendrait pas maintenant ce que c’était que cette fête d’Halloween, comment ça se passait et quelles en étaient les coutumes. Shamee ne savait pas comment considérer Nina, en fin de compte. Mais le fait d’inclure Shamee dans ce qu’elle appelait « le bon côté » donna l’impression à la petite Serdaigle de faire partie d’un groupe qu’elle n’avait jamais été autorisée à fréquenter auparavant. Et le fait que Nina se montre aussi gentille avec elle lui fit du bien. Elle était enfin décidée à apprendre ce qu’était cette fête. Et pour ce faire, elle faisait confiance à l’instructrice qu’elle s’était choisie, Nina, qui avait l’air plus que compétente dans ce domaine.

Nina la complimenta sur son nom pendant qu’elle partait à l’aventure, mais cela ne plut pas à Shamee. Elle ne trouvait pas son nom joli, bien au contraire. Elle savait qu’il était le fruit de la honte et de l’opinion qu’avait son père d’avoir mis au monde une fille. Elle ne pouvait donc aimer ce nom, ou le trouver ne serait-ce que joli ou mignon. C’était un nom horrible. Le sens qu’il avait était des plus horribles. C’était un mot complètement inconvenant pour être un prénom et Shamee ne pouvait approuver Nina.

« Moi, je n’aime pas mon prénom. Il signifie « enfant de la honte ». Qui aimerait être appelé comme ça ? »

Nina lui parla de sa rentrée en lui demandant si elle avait aimé cette rentrée et si elle était contente d’avoir été répartie à Serdaigle. Pour être bien honnête, Shamee n’avait jamais eu de préférence quant à la Maison où elle serait. Etre à Poudlard était déjà quelque chose de formidable et de merveilleux. La jeune sorcière n’en demandait pas plus, cela était certain. Nina, elle, se sentait très bien dans sa maison et, à en voir la farce qu’elle s’était amusée à faire, Shamee voulait bien le croire.

« Oui, ma rentrée s’est bien passée. Je me sens bien chez les Serdaigle. »

Shamee ne savait pas quel impact sa révélation avait eu sur la fillette qui venait de lui parler de son nom. Mais elle se doutait qu’il était difficile de penser que quelqu’un pouvait réellement penser qu’on appellerait son enfant, « enfant de la honte ». Mais dans la famille Fuller, cela arrivait. Shamee était persuadée que, dans toutes les familles, les filles étaient secondaires et leurs intérêts relégués au second plan. Mais elle était aussi persuadée que dans aucune de ses familles les filles n’étaient appelées de noms issus de la honte, de l’humiliation ou d’autres noms montrant leur infériorité. Mais Shamee avait appris qu’il fallait parfois se faire à ce qu’on avait et non essayer d’obtenir autre chose. Bien entendu, son nom ne lui plaisait pas, mais c’était comme ça et elle ne pouvait pas faire autrement. Et ce ne serait pas bien pour sa famille qu’elle se sente honteuse de ce nom qu’on lui avait donné, même si son père lui-même était honteux d’elle.

Nina sembla alors complètement époustouflée par la révélation que Shamee venait de lui faire. Elle avait l’air complètement indignée que les parents de Shamee lui aient donné un tel nom. Mais Shamee avait l’habitude d’être traitée plus bas que terre et, bien entendu, elle trouvait cette situation tout à fait normale. Elle ne comprenait même pas pourquoi Nina était aussi indignée par le fait que son nom signifie ce qu’il signifiait. Pour Shamee, c’était une simple réalité, ni plus ni moins. Et ça ne servait à rien de le nier. Elle semblait vraiment ennuyée et prête à faire quelque chose pour aider Shamee mais on ne revenait pas en arrière et si Shamee avait eu envie d’avoir un autre nom, elle ne l’aurait jamais avoué à personne et encore moins à quelqu’un qui n’était pas de sa famille. C’était bien normal d’être totalement fidèle à ses principes et à sa famille, c’était ce que la jeune femme avait toujours appris. Pourtant, elle se sentait perdue et inquiète.

C’est alors que Nina lui proposa quelque chose que Shamee n’aurait jamais pu envisager toute seule, qu’elle ne se serait jamais permis d’envisager. Elle lui proposa quelque chose qui rendait ses inquiétudes encore plus fortes et encore plus inquiétantes. Elle ne savait pas encore pourquoi Nina avait cette idée si saugrenue, mais cela lui plaisait et elle se demandait d’où venait cette excitation qui l’envahissait à la pensée de l’idée de Nina qui la perturbait tout de même un peu. Pendant qu’elle se posait des questions relativement à tout cela, Nina semblait réfléchir intensément. Shamee ne savait pas trop à quoi elle réfléchissait jusqu’au moment où elle prononça le prénom qu’elle venait de choisir pour sa camarade. Shamee ne savait pas trop quoi en penser. Elle n’était pas sûre de pouvoir accepter cet honneur que lui faisait Nina de la renommer autrement. Cela lui semblait par très étrange. Elle n’avait jamais entendu que qui que ce fût ait jamais appelé quelqu’un autrement que de la façon dont il s’appelait.

« Je ne sais pas si… si je peux… »

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