Sous les flocons [PV] [THEME] [TERMINE]

Un début d’année en demi-teinte. De nouveaux sujets de réflexions, parfois peu réjouissants, de nouveaux cours, pas toujours intéressants, de nouvelles occupations, souvent trop prenantes. D’aucuns lui avaient laissé entendre que la troisième année marquait un tournant dans la vie des élèves, une sorte d’aperçu de la cinquième, mais elle avait eu la naïveté de croire que ce tournant ne pouvait que marquer l’avènement d’une ère nouvelle, nécessairement supérieure à la précédente… Laquelle était déjà fantastique. Lorsque la jeune Annagovia avait pris place dans le Poudlard-Express, à la fin de l’été, c’était avec le sourire aux lèvres et l’optimisme au cœur. Un peu plus de deux mois s’étaient écoulés depuis cette glorieuse journée de Septembre ; son euphorie s’était éteinte au fur et à mesure que les feuilles mordorées étaient venues joncher le sol du parc. Le froid automne écossais s’était insidieusement infiltré entre les vieux murs aux pierres fatiguées du château, apportant avec lui autant de découvertes étonnantes que de profondes déceptions.

Ballotée de semaine en semaine, entre salles de classe et bibliothèque, Annagovia n’avait pas eu l’occasion de revenir sur l’étrange sentiment de tristesse qui l’envahissait chaque fois qu’elle songeait à la manière dont le premier trimestre avait commencé. Merlin seul savait pourtant que la nostalgie ne lui était pas coutumière. Il était en effet particulièrement ardu de pousser Anna, enthousiaste de nature et positive par principe, à se départir du large sourire, que certains n’hésitaient pas à qualifier d’un peu niais, qui s’étalait habituellement sur son visage de petite rousse. La troisième année semblait pourtant avoir réussi là où une succession de professeurs acariâtres ou d’adultes excédés par son incessant babil joyeux avait échoué : à défaut de s’assagir, la Poufsouffle avait paru, au fil des semaines, de plus en plus pensive, si bien qu’il n’était désormais pas rare de la trouver, assisse seule dans un coin de la salle commune, sourcils froncés et regard perdu dans le vide. Changement durable ou humeur passagère ? Difficile à dire, mais la situation était assez inhabituelle pour inquiéter ses camarades de chambrée qui lui avaient déjà demandé à plusieurs reprises si elle n’était pas souffrante. A croire que son sempiternel jacassement leur manquait !

Que les inquiets se rassurent, Annagovia n’était pas souffrante dommage mais son petit univers avait connu bien trop de perturbations, ces derniers temps, pour ne pas en être ébranlée. Elle avait l’impression confuse que Poudlard lui était à la fois familier et totalement étranger, un peu comme si d’infimes changements s’étaient glissé dans l’école sans qu’il lui fût toutefois possible de mettre clairement le doigt dessus. Quoi qu’il en fût, son esprit lui semblait incroyablement plus encombré que d’ordinaire et elle devinait, sans oser cependant se l’avouer clairement, que tout un pan de son enfance était en train de lui échapper pour s’enfoncer dans les ombres du souvenir. Pour la première fois de sa jeune existence, Annagovia s’apercevait que grandir n’était pas une opération facile et elle s’accrochait avec toute la force du désespoir aux quelques plaisirs enfantins qui lui restaient encore. C’était peut-être pour cette raison que ses pas l’avaient conduite, en ce glacial samedi matin, dans le parc de l’école, blanchi par la première neige de l’année. D’ici peu, le spectacle de l’épais tapis neigeux leur serait devenu banal, ennuyeux, même, probablement, et plus d’un pesterait au moment d’aller en cours de botanique ou en soins aux créatures magiques, mais pour l’heure, la valse des flocons tourbillonnant dans les airs suffisait encore à émerveiller ses yeux de jeune fille de treize printemps.

Elle n’était visiblement pas la seule à se réjouir de l’arrivée de la neige, surtout après plusieurs jours de pluie ininterrompue, car les cris d’élèves, petits ou grands, s’envoyant des boules de neige ou s’amusant à glisser sur les bords gelés du lac lui parvenaient, portés par le Borée. La rouquine, savamment emmitouflé dans sa cape, l’écharpe remontée jusqu’au nez et le bonnet lui descendant jusqu’aux sourcils, esquissa un sourire heureux : pour la première fois depuis longtemps, elle avait le sentiment qu’on lui ôtait un poids des épaules, sans qu’elle pût pour autant préciser de quel poids il s’agissait. Elle n’avait, en effet, pas eu conscience d’en porter un jusqu’alors. L’esprit soudain plus léger qu’au cours des dernières semaines, Anna se dirigea d’une démarche mi sautillante et mi glissante, vers la cabane d’Hagrid : leur professeur leur avait présenté, durant le dernier cours, de jeunes licornes, encore toutes dorées, et elle était curieuse de savoir comment leur allure aussi gracile que fragile, supportait le froid « Ben en fait, t’vois, Quirm, elles n’ont pas supporté. Elles sont mortes. Pauv’p’tites bêtes. M’enfin, c’est la loi d’la nature, aussi, faut dire. Forcément, c’pas avec un dragon des marais qu’ça arriverait ! ». Avec un peu de chance, le garde-chasse l’inviterait peut-être à boire une énorme tasse de thé fumante et à goûter certains des biscuits dont il avait le secret…

* Oui, avec ce froid, du thé ne serait pas de… *

Splaaaaash ! Aïe-euh ! Une énorme boule de neige venait de percuter le bonnet d’Annagovia, interrompant aussi sec le cours de ses pensées. Etourdie et un peu vexée qu’on l’ait prise pour cible, la Poufsouffle se retourna d’un bloc et, se frottant le crâne avec une grimace de douleur, s’exclama, visiblement scandalisée :

- Hé ! Vous ne pourriez pas faire un peu attention ?!

[895 mots]

NEIGE

Le début d'année de Roman, lui, avait été particulièrement plaisant, hormis l'épisode Annagovia. Il était préfet, avait de nouvelles responsabilités (augmentation de ses commandes de gâteaux (considérable, depuis que lui et Ophy avaient leur diplôme !), entraînements de Quidditch, etc...) mais le plus dur était passé. Les BUSEs, c'était fait, il en avait eut 9 dont 3 avec Optimal et 4 avec Effort Exceptionnel. L'examen de pâtisserie-confiserie était passé également, et ça avait bien roulé, plus que bien même d'après ce qu'en avait dit Honeydukes à Ophélia et Roman et l'année s'était terminée ainsi. Roman était célibataire mais amoureux, plein de rancoeur envers une maison qu'il avait depuis toujours respectée au plus haut point mais avec néanmoins ses amis pour le soutenir.

S'il y'avait cependant bien quelqu'un qui l'avait fait changer en ce début d'année, c'était Damon Peterson.

Roman était arrivé à Poudlard plein de colère contre la maison qui avait gagné la coupe des 4 maisons l'an passé, sans le mériter : Gryffondor au cas où vous n'auriez pas compris. Une directrice qui n'hésitait pas à favoriser la maison dans laquelle elle avait grandi, une sanction exemplaire à Anabelle Montgomery, qui n'avait pourtant pas si fauté que ça, et un droit à Fredericke Maiden – tout aussi coupable si ce n'était plus – de rester préfète, alors que tout le monde savait que son penchant pour les Serpentard avait fini par changer tout ce qui était bon en elle, son don à la manipulation en premier. Dire qu'elle avait réussi à attirer Roman dans ses filets, tiens ! Si ce n'était pas l'influence de cette crêpe au Nutella, oui, on pense à vous de Fayr, roi des crétins de Serpentard, danger public notoire, et invertébré au QI de l'huître avariée, on se demandait bien à qui ! Il n'y avait pas à dire, Serpentard c'était le mal, et Gryffondor l'avait rejoint à grands pas sur ce chemin tortueux Sersouffle, c'est la vie, en fait.

Mais Damon était là, et Merlin savait que Damon était le vrai bon côté de Roman. La preuve, à peine Roman l'avait revu, qu'il avait presque oublié sa rancune envers sa maison, celle des rouges et or. Il fallait dire que Damon était vraiment sacrément cool, un sacré bon ami et que bien entendu, même si Roman avait haï au plus haut point Gryffondor, il n'aurait jamais pu en vouloir à Damon. Alors là, bien évidemment, c'était moins grave.

Annagovia avait un peu tempéré la chose, même si elle ne s'en était pas rendu compte. Roman avait vite constaté que les conflits, ce n'était pas pour lui, les divergences d'opinion non plus. En gros, il aimait bien faire la guerre aux Serpentard, pas aux Gryffondor et aux autres. Après tout, des amis à Gryffondor, il en avait et en avait eu, ce n'était pas comme Serpentard. Bon Serpentard il y'avait Marie, mais Marie... C'était Marie.

Mais la rentrée était à présent bien loin, tellement que le soleil d'été avait laissé place aux premières neiges hivernales. Les premières neiges ! Neige ! Le froid annonçait la neige, la neige annonçait l'hiver, l'hiver annonçait Noël ! Et Roman adorait Noël, presque plus que tout au monde. Alors la neige pour Roman, c'était un peu comme s'il pleuvait des gouttes de Felix Felicis un peu partout sur le pays, vous voyez ? Naturellement, Roman avait été le premier dehors, de ce côté là du parc tout du moins.

Le jeune homme marchait dans la neige, l'écharpe jusqu'au nez, les mains à l'air, dansant presque sous les gros flocons blancs qui tombaient du ciel. C'est alors qu'Annagovia apparut, comme si elle venait vers lui. Elle avait les yeux rivés sur le sol (pour ne pas qu'un flocon vienne se nicher dans son oeil, sûrement) et il n'en fallait pas plus pour laisser s'exprimer le côté farceur qui sommeillait en Roman depuis à présent trop longtemps bien 15 minutes.

Il façonna rapidement une boule de neige avec ses mains hey, elle est froide c'te neige et la lança sans attendre sur Annagovia qui mourut sur le coup. La boule percuta son crâne et comme on pouvait s'y attendre, Annagovia lança une réflexion à ce merveilleux lanceur qu'était Roman. Manifestement, elle ne l'avait pas vu. Roman courut en sa direction, ses chaussures s'enfonçant lourdement dans l'épaisse couche de neige bien 1 mètre 10, la couche, puisque seule la pointe du chapeau de Flitwick dépassait au loin et quand il fut arrivé sur elle par derrière, attrapa un peu de neige dans chacune de ses mains et vint les poser gentiment sur le bonnet de la jeune fille, finissant par enserrer son amie de ses bras.

« Il neige Annagovia, il neige !! »

Chose qu'elle avait dû remarquer, soit dit en passant.

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[ 789 mots ]
NEIGE

* Oh Merlin… *

Tomber sur Roman ne faisait de toute évidence pas parti des plans d’Annagovia, et il n’était pas difficile de deviner, au vu de la mine défaite qu’elle affichait en cet instant, qu’elle aurait de loin préférer croiser le chemin d’une demi-douzaine de Serpentard assoiffés de sang, plutôt que d’affronter la jovialité de son préfet. Bien qu’ils eussent toujours été bons amis, les relations que les deux Poufsouffle entretenaient avaient connu, sinon une dégradation, du moins un relâchement certain, depuis le début de l’année. La faute d’Annagovia plus celle de Roman, puisque la jeune fille, profondément choquée par les petits secrets que son ami lui avait révélés au sujet de sa vie sentimentale, l’évitait soigneusement depuis la rentrée. Un exploit, quand on songeait que le petit grand blond, officiellement entré dans la seconde phase de sa scolarité, bénéficiait de plus de temps libre que les élèves de premier cycle… Fort heureusement, il semblait préférer passer ledit temps à la bibliothèque plutôt que de la salle commune (à moins qu’il n’erre dans les couloirs à la recherche d’une Serpentard anonyme… Voire ne campe de pied ferme devant l’entrée secrète qu’ils avaient pourtant si bien barbouillée de rouge l’année passée !), ce qui permettait à la rouquine de se faufiler dans son dortoir sans être alpaguée par son ami.

Certes, elle évitait, par voie de conséquence, la bibliothèque, mais, contrairement à beaucoup de ses camarades, Anna n’avait jamais beaucoup fréquenté le repaire de Madame Pince : l’irascible bibliothécaire l’avait, en effet, prise en grippe dès la toute première semaine de sa toute première année, si bien que la petite rousse était assurée, dès qu’elle posait y posait un orteil, de voir Pince foncer sur elle, tel le faucon suspicieux, et la suivre partout entre les étagères, des fois qu’elle aurait envie de faire brûler les grimoires ou exploser les hautes fenêtres. Pour tout dire, Anna avait depuis longtemps pris le parti d’envoyer une de ses comparses de chambrée retirer des livres pour elle à la bibliothèque plutôt que de s’y risquer en personne. Oh ! Elle n’était pas parvenue pour autant à éviter constamment Roman : il était difficile de rester longtemps sans voir quelqu’un qui était dans la même maison que vous, à moins, bien entendu, de sauter les heures des repas, d’aller trouver refuge dans la tour des Serdaigle pour dormir ou de prendre une potion d’invisibilité toutes les deux heures, mais leurs rapports étaient restés très formels, ceux de bons camarades polis l’un envers l’autre mais sans plus, car Anna s’était à chaque fois empressée de prétexter un devoir urgent à rendre ou une grosse envie de dormir (« Oui, je le sais bien, qu’il est onze heures du matin, mais si tu entendais les ronflements horribles de Lily, tu comprendrais mes nuits blanches… ») pour s’éclipser avant de laisser le temps à Roman d’aborder des sujets qu’elle qualifiait, par devers elle, de « sensibles ».

Cette attitude était plutôt ridicule, et elle en avait bien conscience : elle devrait bien, un jour, revenir sur histoires de Gryffondor et autre Serpentard outrageusement aguicheuses, mais, pour l’heure, elle ne se sentait ni assez courageuse ni assez sûre de son fait pour l’oser. Elle savait parfaitement, au fond, qu’elle n’avait aucun droit d’interférer dans la vie sentimentale de Roman, quand bien même elle aurait la certitude qu’il était en train de commettre une grave erreur, et elle savait également que son absence totale d’expérience en la matière ne faisait pas d’elle une source de conseils très crédible, mais il n’en demeurait pas moins qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver un profond sentiment d’amertume quand elle songeait aux nouvelles amours de Roman, sentiment d’autant plus désagréable que rien n’était en mesure de le légitimer. Bref, Anna découvrait les méandres des relations amoureuses d’un coup, et elle n’entrait malheureusement pas dans le sujet par la porte de derrière. Merlin, tout ceci était d’un compliqué !

L’apparition inattendue de Roman déstabilisait donc terriblement notre malheureuse Annagovia, d’autant plus que le jeune garçon n’avait pas l’air, lui, plus gêné que cela de la voir. Zut ! Il paraissait même enclin à entamer une conversation ! Dans l’espoir de retrouver un semblant de dignité, Anna se redressa et frotta le col de sa cape d’un geste sec pour en faire tomber la neige accumulée… Et tenter subtilement de se dégager de l’étreinte de Roman (si ça ne fonctionnait pas, elle emploierait les grands moyens et lui collerait son coude dans le nez. Non mais !) :

- Ah, rétorqua-t-elle d’un air pincé, c’était donc ça, ces petits bidules blancs qui tombent du ciel…

Elle finit maladroitement par réussir à s’éloigner de quelques pas de son ami, qu’elle fixa un court instant d’un œil perçant, se demandant visiblement s’il valait le coup de l’étouffer son la neige, mais, estimant sans doute que la mort de Roman poserait trop de problèmes administratifs, la Poufsouffle finit par reprendre :

- Désolée, il faut que j’aille… Hum… Enfin, j’ai un truc à faire… marmonna-t-elle en coulant un œil prudent en direction du carré de potager d’Hagrid. Elle avait jugé préférable de ne pas évoquer sa visite au garde-chasse, car elle craignait que Roman ne décide de l’accompagner. Après tout, il était tout à fait capable de décider que les gâteaux d’Hagrid valaient le détour.

Sans plus attendre, Annagovia entreprit de reprendre son petit bonhomme de chemin, mais ne put s’empêcher toutefois de se retourner une derrière fois pour lancer, mi figue mi raisin :

- Oh, et à la place, je ferais gaffe, avec les boules de neige… Tu ne voudrais certainement pas qu’un préfet soit surpris en train d’attaquer d’innocents élèves !

[945 mots]

NEIGE

Comme on pouvait s'y attendre (mais Roman ne fait jamais parti du on général, parait-il), Annagovia ne prit pas cette attaque semi-céleste avec le sourire. De toute manière en ce moment, elle prenait mal tout ce qui venait de Roman. Le jeune homme avait bien conscience que si Annagovia était si farouchement anti-Serpentard, c'est parce que Roman avait planté dès sa première année un petite graine en elle, qu'il s'était efforcé d'arroser avec sérieux les années suivantes. Les chiens ne faisaient pas des chats, et il était logique qu'Anna soit perturbée face aux révélations de Roman. Le préfet aurait cependant cru qu'Anna avait assez de recul pour ne pas mettre tous les Serpentard dans le même panier, parce que lui – lui ! - avait réussit à le faire. Ce qui en soit représentait un exploit assez impressionnant, puisque dans la lutte contre Serpentard, Roman se sentait au moins 5 fois plus impliqué qu'un Gryffondor lambda. Le préfet avait nettement grandit et évolué dans sa petite tête jadis si fermée aux changements, qu'il croyait que ça avait été le cas pour tout le monde. Apparemment non, Annagovia ne voulait pas avaler la nouvelle lancée par Roman, visiblement...

Mais ce jour là, Roman était heureux, il avait donc toutes les peines du monde à montrer la retenue dont il avait fait preuve jusqu'alors. Aujourd'hui, il le voyait, c'était un jour de réconciliation, on ne pouvait que se réconcilier sous un temps pareil ! Il neigeait à Poudlard !

Le jaune et noir rit à la remarque d'Anna, voilà, ça, c'était précisément ce qui lui manquait depuis qu'ils ne se parlait plus. Anna n'était peut être pas son amie la plus proche mais il savait qu'avec elle, c'était pour la vie. Après tout on n'avait pas 40 petites sœurs et c'était quand même Roman qui avait fait – en grande partie – d'Annagovia ce qu'elle était aujourd'hui. A savoir une jeune fille bien sur ses principes qui n'avait pas peur de les défendre A mort Serpentard !

« Depuis quand tu es innocente, toi ? »

Oui, hein, vaste blague ! C'était qui qui avait repeint la porte de la salle commune de Serpentard pour Halloween ?! Aha ! Alors les petits conseils de ce genre, elle pouvait franchement les garder pour elle ! Elle n'était certes pas préfète elle, mais bon, elle était loin aussi – à son âge – d'être aussi blanche que de la neige dans laquelle elle marchait. Et ce n'était rien de le dire ! Même Roman, en troisième année, n'avait pas fait autant de bêtises que la jeune fille ! Il faut dire qu'il ne s'était pas eu pour mentor, aussi... Quoique s'il avait connu les frères Weasley, peut être bien qu'il aurait été encore pire que ce qu'il était maintenant. C'était à réfléchir... S'il avait connu les frères Weasley, peut être qu'il ne serait pas tombé amoureux de Marie, après tout...

« Anna attend ! Ça devient ridicule là, pourquoi tu m'évites comme la peste ?! Je t'ai pas annoncé que j'étais marié avec une Serpentard et que notre premier enfant était un Gryffondor, hein ! Faut relativiser, un peu ! »

Anna allait lancer qu'elle était pressée et qu'elle n'avait pas le temps de parler de ça, mais aucun problème, où qu'elle aille, Roman était prêt à la suivre. Après tout, vu la direction qu'elle empruntait, ou elle allait sur le terrain de Quidditch pour s'entraîner (peu probable, vu le temps), ou elle allait dans la forêt interdite (peu probable aussi, elle était rebelle, mais pas tant que ça !), ou bien enfin elle allait vers la cabane de Hagrid. Dans les trois cas, Roman n'avait pas peur de la suivre. Il y'avait aussi un quatrième cas où Anna avait un rendez-vous secret avec son amoureux de Serpentard, mais Roman rejeta bizarrement cette hypothèse...

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NEIGE

Enfer et Damnation, Jones s'accrochait, telle la bernique à son rocher. En temps normal, la compagnie de Roman ne dérangeait pas, tout au contraire, Annagovia et, même si elle le fuyait depuis la rentrée, elle devait bien admettre que l'amitié du jeune garçon lui manquait cruellement, surtout lorsqu'il s'agissait de dévoiler ses plans farfelus pour enquiquiner les Serpentard à quelqu'un, aussi la Poufsouffle aurait-elle certainement fait preuve d'un peu plus de souplesse si le préfet n'avait pas eu la mauvaise idée de se payer ouvertement sa tête. Annagovia avait de nombreux défauts, la susceptibilité était l'un d'eux : si elle s'efforçait d'ordinaire de l'étouffer - car, loin d'être aussi sotte qu'elle pouvait le sembler, elle avait parfaitement conscience de réagir trop souvent au quart de tour à des remarques anodines - il lui arrivait également de se laisser submerger par elle... Spécialement quand elle n'avait aucune envie de la retenir. Visiblement furieuse, la rouquine adressa un regard noir à son camarade : de toute évidence, elle devait faire de sérieux efforts pour ne pas l'étrangler ou lui plonger la tête dans la neige (ceci étant, leur différence de stature aurait probablement joué en sa défaveur, dans une telle lutte, même en tenant compte de l'effet de surprise).

- Oui hé bien en tout cas, rétorqua-t-elle avec un air de majesté blessée Eugénie, toi ici ?, je suis certainement plus innocente que toi !

Même lancée avec un maximum de mépris et de sous-entendu parfaitement explicite, la remarque demeurait, elle le savait pertinemment, faible, mais elle n'avait rien trouvé de mieux à se mettre sous la dent, sans doute parce que Roman avait tout à fait raison de souligner qu'Anna n'était pas blanche comme neige même si, aha, il fallait bien reconnaître que, pour l'heure, elle l'était sacrément, blanche comme neige, tant les flocons tombaient drus. Néanmoins, en trois ans d'études à Poudlard, elle n'avait pas encore atteint le niveau de bêtises diverses et variées de Roman, ce qui la rendait un peu plus innocente que lui. D'aucuns se souvenaient encore de la potion de confusion que le Poufsouffle avait trouvé follement hilarant de glisser dans certains plats du buffet de Noël, quelques années auparavant, et recherchaient encore activement le fauteur de trouble pour le suspendre par la peau du cou à une patère. De toute façon, même à supposer qu'il eût un passé irréprochable, il venait de gagner son aller simple pour les Enfers en commettant le plus abject de tous les crimes : tomber amoureux d'une Serpentard (mais il était visiblement bien engagé sur la voie du péché. N'avait-il pas embrassé une Gryffondor ? Ce garçon n'avait visiblement pas sa place à Poufsouffle !). Il était surprenant que Sainte Helga, du haut de son Paradis, ne l'ait pas foudroyé pour blasphème ou n'ait pas envoyé sa horde de fidèles blaireaux célestes (ceux qui ont des petites ailes dans le dos et qui jouent de la lyre sur les nuages) le dépecer durant son sommeil. Jamais Anna n'aurait pensé que la tolérance prêchée par la fondatrice de sa maison pût aller jusqu'à ce point. En tout cas, si c'était elle, Annagovia, qui avait eu le mauvais goût de s'acoquiner avec un Serpentard, elle aurait déjà fait pénitence, souffert mille tourments et cherché par tous les moyens à se défaire de cette funeste passion. Or, Roman, lui, paraissait parfaitement content de son sort. C'était bien là le plus irritant : si encore il avait la décence de se montrer penaud, mais non ! Il fanfaronnait et il lançait des boules de neige sur les élèves de passage. Ah !

La rouquine laissa échapper un petit reniflement dédaigneux et croisa les bras sur la poitrine, déterminée à ne pas laisser Roman l'amadouer avec ses bonnes blagues et ses petits tours de passe-passe. La Poufsouffle avait beau ne rien en montrer, elle était terriblement inquiète pour l'état de santé de Roman, et cette inquiétude expliquait en grande partie sa colère : comment pouvait-il se pavaner comme si tout allait bien alors que, de toute évidence, il était sous l'emprise d'un puissant charme magique et non pas charme tout court. Vous l'avez bien regardé Ma... Non, pas taper, pas tapeeeer !. L'idée d'un philtre d'amour, qui avait germé dans son esprit fertile dès le soir de la rentrée, s'y était silencieusement développée au court des semaines passées, si bien qu'à l'heure actuelle, Anna ne doutait plus que l'abjecte Serpentard ait fait boire un verre de jus de citrouille saturé de poison à Roman. Dans quel but ? Elle l'ignorait encore (car il était évident, à ses yeux, qu'une Serpentard ne pouvait pas s'intéresser plus sincèrement à un Poufsouffle qu'un Poufsouffle à une Serpentard), mais les hypothèses ne manquaient pas : vengeance mesquine pour l'histoire de l'entrée repeinte ? Volonté de déstabiliser Poufsouffle via une guerre intestine ? Désir de s'immiscer dans les affaires secrètes de la maison en jouant sur une sensibilité amoureuse ignominieusement acquise ? Quoi qu'il en fût, tout cela sentait le complot à plein nez. Chance ! Annagovia était justement dans son élément lorsqu'il était question de complot. Plissant les yeux car la neige, qui tourbillonnait de plus en plus vite, la gênait, elle reprit d'un ton sec, dans l'espoir (cours toujours ma grande), de secouer un peu le jeune garçon :

- Non mais ce n'est pas plutôt toi qui devrais te paniquer un peu plus ? Tu réalises ce que tu es en train de faire ? Une Serpentard, Roman ! C'est tellement indigne de toi ! assura-t-elle avec conviction.

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NEIGE

Inutile de le nier, Roman qu'on appelait aussi Indiana Jones, l'intrépide, sexy prefect ou bien encore celui-dont-on-ne-doit-pas-croiser-le-chemin était bien pire qu'une vulgaire moule accrochée à un rocher oui bernique ok, mais la bernique c'est vachement moins classe que la moule. Ça venait sans doute du fait qu'il était humain, doté d'intelligence limitée, sorcier petit plus, merci Merlin et capable de sentiments et de raison ce dernier point étant discutable. Alors oui, effectivement, il était clair que si Anna s'attendait à ce que Roman se renferme dans sa coquille noire et luisante en la laissant partir, elle se mettait les doigts des deux mains, dans les deux yeux, jusqu'aux coudes bon appétit bien sûr.

« Ça, ça reste à prouver ! »

Mouarf, la vanne ! Roman savait pertinemment qu'elle avait raison avoir toujours raison, ça se travaille, le jeune homme s'évertuant presque depuis sa première année à battre le record de bêtises des jumeaux Weasley. A défaut de battre leurs records (Roman ne savait pas combien d'exploits ils avaient réalisé au total), Roman avait largement battu les deux lions sur ce qui était de la prise en flagrant délit par Rusard. Non, il était clair que Roman n'était pas courageux aussi voyants que les jumeaux Weasley et savait disparaître dès que la situation l'exigeait Appelez-moi Umbre, la preuve, on comptait sur les doigts d'une main les fois où Roman s'était fait prendre par le concierge de l'école. Il fallait aussi s'appuyer sur le fait que des générations de préfets de Poufsouffle avant lui avaient mis en danger leur carrière préfectorale pour le couvrir. Roman ne comptait pas les fois où Susan, Alexander, Elizabeth et Anabelle avaient outrepassés leur fonction de préfets pour lui venir en aide. Comme quoi, la règle numéro 3 de Roman (toujours avoir un ou deux préfets dans sa poche) servait plus qu'il ne l'aurait cru.

Mais Roman avait manifestement gagné, puisqu'Annagovia et j'ai faillit écrire Anabelle était à présent disposée à lui parler, ses bras croisés sur sa poitrine indiquant clairement qu'elle n'allait pas partir. En revanche, le préfet des Poufsouffle était encore loin de reconquérir son amie. Non là, il allait devoir être convainquant, c'était clair. Mais après tout, qu'y pouvait-il lui, s'il était tombé amoureux d'une fille pareille ? Vous croyez qu'il choisissait ? Non, bon...

« Non mais tu crois que j'ai choisis moi ? Je me suis pas levé un matin en me disant "tiens, aujourd'hui, je vais aller tomber amoureux d'une Serpentard, histoire de bieeen me compliquer la vie !" Non, l'amour ça se commande pas Anna, faut que tu le saches ! Et si j'avais pu tomber amoureux de Kayliah, ben je l'aurai fait, je peux te le dire ! »

Roman se sentait gagné par l'agacement. Pas à cause d'Annagovia, mais plutôt à cause la situation. Ils étaient amis, il avait toujours été là pour elle, elle n'avait pas le droit de le juger sur quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler, même si ça impliquait des Serpentard.

« Et pour info, je n'ai rien fait. Je suis pas assez idiot pour aller la voir et lui déclarer ma flamme hein, je tiens à ma réputation. »

Voilà qui devrait déjà rassurer Annagovia. Il voulait aborder le sujet de Fredericke mais tant qu'elle ne lui en parlait pas, il n'allait pas tendre le bâton pour se faire battre. Peut être bien qu'elle s'en fichait, à vrai dire ! L'histoire remontait à longtemps maintenant, il y avait prescription.

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NEIGE

Annagovia était une parfaite néophyte en matière de sentiments amoureux. En réalité, plus qu’une néophyte, elle était complètement ignorante, et ce n’était certainement pas sa brève histoire autour d’un bonbon au caramel avec Edgar Cradle, quand elle avait huit ans, qui allait l’aider à comprendre les problèmes de Roman. Mais c’était sans doute précisément parce qu’elle ne connaissait rien à l’amour qu’elle était incapable de s’apercevoir que ses récriminations étaient, sinon infondées (car tout de même, une Serpentard…), du moins totalement inutiles. A ses yeux de fillette pure et innocente (sur ce point là, au moins, sa parole ne pouvait être mise en doute !), dont le cœur n’avait jamais eu à souffrir les affres de la passion (ce qui, soit dit en passant, expliquait en partie l’ennui mortel qu’elle éprouvait chaque fois qu’elle lisait du Shakespeare : le désespoir d’Ophélia, les tourments de Roméo ou la soumission de Macbeth la laissant immanquablement de marbre), la situation était très simple : Roman aimait une Serpentard, aimer une Serpentard, c’était mal, il lui fallait donc jeter son dévolu sur une autre jeune fille, de préférence une Poufsouffle.

Dans son esprit, donc, l’amour était affaire de volonté et il lui paraissait inconcevable que quelqu’un d’aussi raisonnable que Roman sombrât dans les pires erreurs sur ce qui n’était, somme toute, qu’un simple élan du cœur. Rien d’étonnant, par conséquent, à ce que la rouquine ait esquissé une moue peu convaincue au petit discours vaguement moralisateur que son préfet venait de lui tenir. Elle voulait bien croire qu’il n’avait pas réellement décidé de tomber amoureux de cette fille uniquement pour passer le temps, mais elle le soupçonnait toutefois d’avoir succombé à son prétendu charme pour de fort mauvaises raisons, même sans parler de philtre d’amour ! Après tout, Roman était garçon à aimer transcender les règles et se jouer des tabous : consciemment ou non, une petite voix lui avait probablement laissé entendre que s’éprendre d’une Serpentard serait un peu l’apothéose de sa carrière de joyeux drille. Pour certaines personnes – et Anna le savait d’autant mieux qu’elle était précisément de ceux-là – les choses n’avaient jamais tant d’attraits que quand elles étaient interdites… Et que celui qui n’avait jamais eu envie de plonger le doigt dans la mousse au chocolat réservée pour les invités lui jette la première pierre !

- Pas du tout, rétorqua-t-elle sur le ton de l’évidence, tant elle était sûre de son fait, tu n’as qu’à te forcer à ne plus être amoureux d’elle et puis c’est tout ! Je suis sûre qu’il existe un tas d’exercices pour ça ! assura-t-elle en gratifiant son aîné d’un regard appuyé signifiant clairement que, de son point de vue, il n’avait vraiment fait aucun effort pour tenter de se débarrasser de son béguin, ce qui était franchement inadmissible. De toute manière, poursuivit-elle avec un soupçon de suffisance, un peu à la façon de l’institutrice qui mettrait sous le nez d’un élève particulièrement borné la solution, pourtant transcendante, d’un problème simple, qui est-ce qui te dit que tu n’es pas sous l’emprise d’un philtre d’amour, hein ? Tu trouves ça normal, toi, de tomber tout d’un coup amoureux d’une Serpentard, juste comme ça ? Surtout que, à moins que ce ne soit une première année, c’était nécessairement une fille que tu avais déjà croisé… C’est carrément suspect que tu ne sois pas tombé amoureux d’elle plus tôt ! Tu as essayé de prendre un antidote, au moins ? demanda-t-elle, tout en pressentant la réponse à sa question.

Ce joli petit discours prouvait bien, une fois encore, qu’Anna ne connaissait rien à rien à l’amour. Selon toute vraisemblance, il se manifestait automatiquement chez elle sous la forme du coup de foudre : on aimait au premier regard ou on n’aimait pas du tout, mais il était impossible qu’un sentiment amoureux se développe progressivement au cours des années ! D’ailleurs, elle n’avait jamais vraiment bien compris comment Roman et Ophélia en étaient arrivés à se séparer. Est-ce que les coups de foudre pouvaient passer ? Ou bien est-ce qu’ils s’étaient totalement plantés et avaient pris pour un coup de foudre ce qui était quelque chose de beaucoup plus bénin ? Auquel cas, étaient-ils plus cruches qu’il n’y paraissait ? Car tout de même, un coup de foudre, pensait-elle, ça devait être sacrément repérable quand on le vivait !

- Non mais j’espère bien que tu n’as rien fait ! s’exclama-t-elle encore, visiblement scandalisée à l’idée qu’il ait pu simplement songer à tenter quelque chose auprès de la jeune fille, Mais tu n’as pas l’intention d’aller la voir un jour ou l’autre hein ? Hein Roman ? le pressa-t-elle, en le fixant d’un œil inquiet, car il lui avait semblé percevoir comme une ombre de regret dans les dernières paroles du Poufsouffle, comme si le silence qu’il s’imposait lui coûtait…

(802 mots)

NEIGE

« Ben si c'était une question de volonté, tu crois franchement que je remettrai en question le principe numéro 1 de mes commandements ?! »

Qui était : "Le Serpentard est ton ennemi". Qu'il pleuve, qu'il vente, ou qu'il neige. Ce n'était pas pour rien que Roman avait créé ces règles, c'était pour qu'il se rappelle toute sa vie des bases de son éducation. Et Annagovia savait mieux que quiconque que depuis toujours Roman respectait la règle numéro 1 à la perfection. Peut être trop en fait, ce qui expliquait qu'aujourd'hui il veuille inverser la tendance.

« Non mais si j'étais sous Philtre d'amour, nous ne serions même pas en train de discuter Anna, là. J'ai vu quelqu'un sous Amortentia un jour, et c'était pas beau à voir. Vu qu'ils étaient pas dans la même maison, ses copains avaient du le coincer dans sa chambre pour pas qu'il aille dans sa salle commune de la fille, et lui il écrivait le prénom de son amoureuse partout sur les murs du dortoir avec des petits cœurs. D'ailleurs si je me rappelle bien dans le dortoir numéro 4 il y'a une photo de la fille en question derrière un lit, collée avec de la glu perpétuelle, ils sont jamais arrivés à l'enlever. Je pense que je n'en suis pas là, hein... »

Quand même, Roman se trouvait bien loin de ses extrêmes ! Il était du genre relativement prude avec ses sentiments, en particulier quand il ne savait pas s'ils étaient partagés. Là ça tenait du doux rêve pour Roman, qui se voyait mal conquérir le cœur d'une princesse blonde (1), déjà amoureuse (2) et de Serpentard (3).

« Et tu sais, tu peux très bien tomber amoureux d'une personne que tu connais depuis longtemps. Tiens, si ça se trouve, un jour tu seras amoureuse de moi ... Va savoir ! »

Roman savait qu'il interpellerait d'avantage Annagovia avec un exemple de ce genre. Dire qu'en plus de tous les enseignements scolaires, créatifs, de survie et autres, Roman allait aussi devoir se farcir l'enseignement amoureux. Il était pire qu'un père et un grand frère réunis, là !

« Ben la voir, je suis quand même un peu obligé... On est pas un million d'élèves à l'école hein, et leur salle commune n'est pas très loin de la notre. Mais je n'irai pas lui déclarer ma flamme en me mettant debout dans la grande salle, si c'est ce que tu veux savoir... A vrai dire, je ne sais même pas ce que je vais faire... »

Dans le genre grosse perche tendue à Annagovia, Roman se posait là ! Il n'avait pas réalisé qu'il venait de s'exposer une nouvelle fois à des conseils du genre "oublie-là ! OUBLIE-LA !" mais c'était vrai, Roman ne savait pas ce qu'il allait faire. Il n'allait pas rester éternellement dans le doute. S'il allait la voir et qu'elle le jetait, il serait fixé au moins et Anna serait heureuse. En revanche si elle lui disait oui hop, direction Vegas et let's go the wedding !, Anna ne serait pas ravie, mais Roman le serait pour deux. Elle devait bien se mettre dans la tête que tous les goûts étaient la nature, après tout ! Sinon avec qui ils finissent, ces Serpentard là, hein ?

« Ah ben tiens, Bones – non pas ta copine, l'assistante – ben elle est avec un Serpentard ! Et depuis vachement longtemps, en plus ! Et à l'époque où il était préfet avec elle, il était vachement sympa ! Enfin, plutôt sympa pour un Serpentard quoi... Tiens d'ailleurs, tu te rappelles que je t'ai parlé de l'époque de Voldemort, et bien quand les frères et sœurs Carrow étaient à Poudlard – je n'étais qu'en deuxième année, à l'époque – et bien ils torturaient les élèves et les attachaient dans les cachots ! Et bien lui, ce Montgomery oui, le frère de la destituée, ils ont tous été préfets dans la famille. Sauf les plus nuls, et bien il a pas hésité à les détacher pour les cacher dans la salle sur demande ! Alors qu'il était Serpentard et préfet... et sang pur ! Tu vois que tous les Serpentard ne sont pas foncièrement ou mauvais, ou débiles.

En disant cela, Roman venait de réaliser que Marie et lui aussi étaient préfets. Faites que ça fasse comme Susan, faite seigneur !

(724)

NEIGE

Le principe numéro un ? Attendez, Roman avait des principes ? Et en nombre suffisant pour qu'il faille les numéroter ? Bon sang, mais elle en apprenait tous les jours !

- Le principe numéro un ? répéta Annagovia, un peu perplexe, en plissant le front dans un effort évident pour tenter de rappeler à sa mémoire ledit principe, tu veux dire celui-là : "Ne jamais laisser passer une bonne blague" ? récita-t-elle, bonne élève, en fronçant le nez avec application.

Elle n'était pas certaine que Roman eût formulé les choses en ces termes, mais il semblait que c'était bien là la première des lois qu'il respectait... Si ce n'était la seule ! Malheureusement, l'énoncer n'aidait pas Anna à mieux comprendre la situation, tout au contraire ! Elle était, la malheureuse, de plus en plus embrouillée : que diantre venait faire la plaisanterie dans toute cette histoire ? S'agissait-il d'un message subliminal ? Quelque chose comme : "Non mais Annagovia, ne panique pas, je maîtrise à fond, et d'ailleurs, tu vas voir, cette affaire sera l'apogée de ma carrière de joyeux drille !" Si tel était le cas, elle était non seulement perdue, mais également un peu vexée. Quel type de piège Roman pouvait tendre aux Serpentard en feignant d'aimer l'une d'entre eux, à fortiori s'il ne révélait pas sa flamme ? Et s'il était bel et bien question de jouer un mauvais tour aux Serpents qui sifflent sur vos têtes, franchement, les chapeaux de sorciers, ça devient n'importe quoi !, pourquoi ne pas l'avoir mise dans la confidence ? A croire qu'il ne lui faisait pas confiance. N'avait-elle pourtant pas prouvé, par le passé, qu'elle était digne de foi ? Le désarroi de la rouquine était tel qu'elle en oubliait presque d'être en colère. Par ailleurs, sa nature curieuse ne pouvait s'empêcher de frétiller de plaisir face à ce mystère qui s'opacifiait d'instant en instant : Anna adorait les mystères. Elle en avait fait une telle religion qu'elle allait jusqu'à en inventer un tous les quart dès qu'elle laissait son esprit vagabonder : à l'entendre, Poudlard regorgeait d'obscurs complots et de noirs secrets. Ce qui n'était pas nécessairement faux, pour peu qu'on comptât comme complots les affaires de petit ami volé par machine ou de devoir de botanique recopié sur son voisin.

- Et alors ? renchérit-elle vivement, refusant de prendre les arguments de Roman en compte : personne n'avait le droit de foutre en l'air sa théorie du philtre d'amour, surtout que la nier revenait à pointer le doigt sur des choses autrement plus inquiétantes, à commencer par la sincérité des sentiments de Roman, Qui est-ce qui te dit qu'il ne s'agit pas d'une forme plus perverse et moins visible de philtre ? Il en existe des tas et en plus, je te signale qu'on parle des Serpentard, ce n'est pas exactement comme s'ils n'aimaient pas la fourberie et les coups bas ! Moi je crois que s'ils devaient donner un philtre à quelqu'un, il s'arrangerait pour que cette personne continue à avoir l'air saine d'esprit pour mieux arriver à leurs fins ! assura-t-elle avec conviction, le menton pointé en un signe de défi qui aurait été sans doute beaucoup plus impressionnant si Anna ne l'avait pas eu enfoui dans son épaisse écharpe.

- Comment ça ce que tu vas faire ? s'alarma-t-elle, tiens, tu vois, tu recommences ! C'est sûr, tu es conduit par une puissance qui te dépasse, tu n'as plus toute ta tête. Tu ne vas rien faire. Hein ? Rien du tout, tu m'entends ? Si tu oses remuer le petit doigt, je te jure que je m'arrange pour te faire virer de la maison ! On a une réputation à tenir, à Poufsouffle ! affirma-t-elle d'un air farouche, en dardant un oeil déterminé sur Roman.

Bien entendu, l'argument aurait été nettement plus recevable si son aîné n'avait pas le cas Bones sous le coude... Sans parler de tous les autres. Tous des traîtres ! De nouveau, la jeune fille laissa échapper un petit reniflement méprisant, signifiant clairement qu'elle ne faisait pas grand cas de Susan. Ce n'était pas qu'Anna n'aimait pas l'assistante, mais enfin, tout de même... Quelqu'un qui avait décidé de passer sa vie avec un professeur de sortilèges un Serpentard ne pouvait qu'attirer la suspicion et la méfiance.

- Pfff... Non mais attends, elle, elle ne peut plus se réclamer de Poufsouffle depuis le jour où elle a choisi d'être assistante d'un Serdaigle plutôt que de Chourave... J'veux dire, d'accord, les Serdaigle sont des gens très chouettes, mais de là à proposer ses services à l'un d'entre eux...

Elle laissa sa phrase en suspens, mais il n'était pas difficile de deviner tout le mal qu'elle pensait des Poufsouffle qui retournaient leur veste pour de sombres raisons professionnelles.

- D'ailleurs, poursuivit-elle, refusant d'en démordre, elle est peut-être elle aussi sous l'emprise d'un puissant philtre depuis des années ! Si ça se trouve, les Serpentard se font passer la recette de génération en génération et ils prennent ainsi dans leurs filets de pauvres hères ne se doutant de rien ! Ils doivent certainement avoir des raisons d'agir ainsi... P'têt que la famille Montgomery a un compte à régler avec les Bones à cause d'un truc que leur arrière grand-père aurait dit sur la Grande-Tante Margaret... Et p'têt que ta pét... Serpentard, là, elle en a après ton talent de pâtissier ou ta fortune à venir !

Oui, tout était complot.

(907 mots)

NEIGE

« Quoi ? Comment ça, tu n'as jamais reçu la liste que je t'avais envoyé par hibou durant l'été ? Ma liste de règles, quoi ! Tiens, règle numéro 1 : Le Serpentard est ton ennemi. Règle numéro 2 : Si le Serpentard est gentil avec toi, voir la règle numéro 1. Ça te parle pas du tout, ça ? »

Roman tombait de haut, lui qui était persuadé depuis tout ces mois qu'elle les connaissait sur le bout des doigts ! C'était bizarre, puisque d'ordinaire, elle les appliquait tous très bien... La raison la plus probable qui traversa l'esprit de Roman était que son amie rigolait, ou bien qu'elle se fichait de lui. Mais elle avait sacrément changé, ces quelques semaines, pour arriver à lui mentir aussi aisément. Non pas possible, Anna était bien trop transparente avec lui, là, elle ne rigolait pas.

« Mouais, je suis pas convaincu... Elle a déjà un petit ami, alors je vois pas ce qu'elle gagnerait à s'enticher d'un Poufsouffle qui l'aime en secret. »

Et Roman le pensait vraiment. D'un parce qu'il pensait sincèrement que sa phrase était logique, et de deux parce qu'il était assez intelligent pour savoir qu'il n'était pas sous philtre d'amour. Flûte à la fin, il n'était pas idiot!

« Me faire virer de ta maison ? Tu rigoles là, hein ? Poufsouffle c'est moi, par essence ! De plus, je suis là depuis plus longtemps que toi et je suis préfet, alors je vais te dire, je te regarde faire ! »

Elle croyait que Chourave allait la virer ? Chourave elle était acquise à Roman depuis perpette et le préfet savait qu'elle était de son avis. Tolérance pour toute les maisons ! Même si Roman n'était il était vrai pas très fidèle à ça. En revanche si elle allait voir la mère McGo, en lui disant que Roman s'amourachait de Serpentard, il était clair que la directrice de l'école s'arrangerait pour l'inclure à un complot et le virer illico. Tous les prétextes étaient bon pour virer les préfets de Poufsouffle, après tout, hein !

« Et la réputation de Poufsouffle – mais oserai-je te le rappeler ? – c'est la tolérance, justement. S'il y'a bien une maison dans Poudlard qui est sensée respecter et tolérer les verts et argents, ben c'est nous. Oui, je sais pas, pas d'bol, mais c'est comme ça... »

Roman avait mis plusieurs années à se faire à l'idée. Et plusieurs autres années pour avoir envie de l'appliquer. Là, il en était à peine au début de l'acceptation, ce qui n'était pas gagné. Notez pour Annagovia, vu sa fougue, elle en avait bien pour 10 ans avant de terminer la phase d'acceptation.

« Non mais Anna, il faut grandir un peu hein, la lutte des maisons ça va bien quand on est à Poudlard – et encore, c'est pas indispensable ! Manquerait plus qu'elle rate le métier de sa vie parce que son prof n'est pas à un Poufsouffle ! Tu vas tomber de haut quand tu te rendras compte que le monde magique n'est pas composé que de gentils petits Poufsouffle, hein ! »

Roman se sentait un peu coupable mine de rien, parce que si Annagovia était devenue aussi chauvine et anti-tolérance, c'était à cause de lui. Qu'est-ce qu'il avait fait ?!

« Oui bien sûr, et peut être que son copain la menace de tuer tous la famille Bones si jamais elle le quitte ! Peut être même qu'il la tient sous Imperium... Attends, va savoir, je suis peut être moi aussi sous Imperium pour me charger de camoufler les preuves de l'affaire Susan Bones à Poudlard et de la couvrir en cas de besoin! AH ! »

Et vas-y que je me fous de ta poire ! Non, Annagovia ne manquait pas d'imagination, on le savait.

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NEIGE