Sous les flocons [PV] [THEME] [TERMINE]

* Pardon ? La première règle c'est quoi ? Mais c'est n'importe quoi ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Pourquoi est-ce que les Serpentard passent avant la plaisanterie ? C'est leur faire dix fois trop d'honneur ! *

- Attends, interrompit-elle, en regardant Roman comme s'il était complément fou, tu veux dire que dans tes règles, les Serpentard passent en premier ? Et où est-ce que tu colles les histoires d'honneur et de bonnes blagues, hein ? demanda-t-elle, visiblement scandalisée à l'idée que le Poufsouffle ait pu oublier de les citer dans sa liste. Elle le gratifia d'un coup d'oeil perçant, vaguement narquois, avant de conclure d'un ton sentencieux, en secouant la tête d'un air navré : Franchement, Roman, tu es beaucoup trop obnubilé par les Serpentard, si tu veux mon avis.

Encore une constatation qui allait dans le sens de l'ensorcellement fourbe et rusé ! Mais maléfice ou non, Anna était bien décidée à réécrire le règlement du Joyeux Poufsouffle au plus vite ! Il était hors de question qu'elle laisse Roman embrigader les petits nouveaux sur un précepte number one tel que "le Serpentard est un grand méchant", non pas parce qu'il était mauvais en soi, mais parce qu'il lui semblait aberrant de l'ériger en loi suprême. Est-ce que Potter, ce héros, avait lancé comme cri de ralliement, quand il avait fondé la célèbre Armée de Dumbledore : "Tous contre le porridge au petit-déjeuner !" ? Bien sûr que non. Certes, l'Histoire de leur disait pas si oui ou non, le porridge avait eu un rôle quelconque à jouer dans cette affaire, mais à supposer que ce fût le cas, il avait nécessairement été minime. Décidément, rien n'allait plus au Royaume de Roman Jones, et voilà qu'Annagovia était à deux doigts de la mutinerie. Mais en attendant de se lancer dans la rébellion, la jeune fille n'avait visiblement pas l'intention de lâcher du lest sur la théorie du philtre d'amour, et peu importait le nombre d'arguments raisonnés que le préfet pouvait apporter :

- Elle a un petit copain ? répéta-t-elle, l'air de ne pas y toucher, mais jubilant intérieurement (aha, enfin une information tangible à apporter à son enquête, et sans chaussette mouillée, cette fois !) Ben peut-être qu'elle t'a ensorcelé par amour pour son copain ! Peut-être que c'est lui, ton ennemi caché ! C'est un Serpentard aussi, n'est-ce pas ? s'informa-t-elle, sur le ton de l'évidence, comme s'il s'agissait là d'une question de pure forme ce qui, d'une certaine manière, était rigoureusement exact : aux yeux de la rouquine, une Serpentard ne pouvait aller qu'avec un Serpentard, d'une part parce que personne d'autre ne pourrait la supporter longtemps, et d'autre part parce qu'il était de notoriété publique que les Serpentard avaient une tendance certaine à réserver leurs précieux petits gènes les uns pour les autres. Ce qui expliquait le pourcentage étonnant de débiles congénitaux qui se retrouvaient envoyés là-bas.

La conversation aurait peut-être pu se poursuivre sur un mode, sinon serein, du moins ouvert, si Roman ne s'était pas emballé en affirmant être, citons dans le texte je vous prie, "l'essence" de Poufsouffle. Annagovia pinça les lèvres, furieuse. Non mais pour qui se prenait-il, cet odieux freluquet, à se revendiquer quintessence de Poufsouffle ? Est-ce qu'il se croyait réellement supérieur à tous les autres ? Meilleur qu'eux ? Le seul réellement digne d'avoir été réparti à Poufsouffle ? Ah ! Si tel était le cas, alors franchement, il n'avait rien compris... A rien, et il ne valait pas mieux que le dernier des Serpentard ! Ils étaient tous des Poufsouffle dignes de ce nom, et ils étaient tous l'essence de la maison, parce qu'ils avaient tous les qualités et les défauts qui lui étaient chers. Oh ! Ils n'étaient pas des répliques exactes les uns des autres, mais chacun avait l'étoffe d'un véritable Poufsouffle. En réalité, on pouvait même affirmer qu'il fallait qu'ils soient tous réunis pour que la maison soit complète, car c'était bel et bien ensemble, qu'ils étaient l'essence de la maison oui, je sais, ce n'est pas clair, mais après deux dissertations coup sur coup, j'écris comme buse. Ceci étant, dans ma tête, ça rendait très bien.

- Ah oui, railla-t-elle d'un ton sec, l'essence, voyez-vous ça. Ton rôle de préfet t'est monté à la tête, on dirait. Mais dis-moi, rajouta-t-elle, les ailes du nez frémissantes de colère, que fais-tu de ton fameux principe de tolérance, dans la règle numéro un ? D'ailleurs, ce n'était pas la tolérance qui avait l'air de t'étouffer, à Halloween, l'an dernier, Monsieur le donneur de leçon.

Elle adressa un nouveau regard assassin à Roman, n'entendant pas, tant ses oreilles bourdonnaient de rage, les théories de son aîné sur Susan et Quentin (et c'est dommage, parce que franchement, elles étaient intéressantes et méritaient d'être creusées. C'était donc ça, l'impression de Susan d'être constamment à côté de ses pompes ? Un imperium !) avant de décréter :

- Bien, puisque c'est ainsi, je vais te laisser. Je m'en voudrais de souiller ta quintessence poufsouffléenne par ma présence.

Et de tourner le dos à Roman, pour s'enfoncer d'un pas furieux dans la neige.

(856)

(Terminé)

NEIGE

« Non mais t'as bu, ou quoi ? Mes commandements anti-Serpentard, ça te parle pas ? Tu crois que je te parle de quoi, quand je te dis "Tu vois que la règle numéro 3 est importante !" ? Ça n'a absolument rien à voir avec des règles de bonne conduite à appliquer Poudlard ou je-ne-sais-où, c'est les commandements anti-Serpentard quoi, ceux qu'il faut connaître si tu veux pas te faire avoir par eux ! Les histoires d'honneur, de loyauté et de bonne blague, je vois pas ce que ça ferait dans un règlement, c'est de la logique pure quand t'es à Poufsouffle ! T'y es parce que tu les connais de par toi-même, ces règles là, c'est même pas la peine d'en faire une liste... »

Et Roman le pensait sincèrement. Si un Poufsouffle n'était ni loyal, ni attaché à l'esprit d'équipe et de famille ou encore qu'il n'avait aucun honneur, c'était qu'il n'avait rien à faire à Poufsouffle !

« Oui. Elle m'a ensorcelé par amour pour son copain, tu m'expliques la logique, là ? Oui c'est un Serpentard son copain, un petit prétentieux en plus ! »

A vrai dire, même en cherchant bien, Roman ne connaissait aucun Serpentard garçon intéressant et pas prétentieux. Les quelques rares personnes qu'il avait appris à apprécier c'était Myrielle et Marie, et elles étaient toutes les deux des filles jusqu'à preuve du contraire.

« Tous les élèves de notre maison sont l'essence de Poufsouffle, je te ferai dire, et je vois pas comment toi tu pourrais te permettre de virer quelqu'un de notre maison ! »

Ça, ça avait passablement vexé Roman. Que Anna puisse vouloir le virer de sa propre maison... C'était un peu l'insulte suprême pour Roman en fait, qui ne pouvait se résoudre à imaginer un Poufsouffle perdre son statut de Poufsouffle.

« Oui ben justement, j'ai appris à pas mettre tous les Serpentard dans le même panier. Certains sont de parfaits crétins c'est vrai, mais d'autres valent la peine d'être connus. Et à la différence de certains, j'essaie de m'améliorer, moi ! »

Annagovia ne savait pas – et elle n'était pas la seule à vrai dire – à savoir ce qui avait fait que Roman avait les Serpentard en horreur depuis sa première année. Bien évidemment si elle le savait elle jugerait certainement Roman moins sévèrement, dans tous les cas, elle n'avait pas le droit de lui reprocher de vouloir s'arranger. Après tous les efforts qu'il avait fait pour tolérer les Serpentard dans sa vie, il serait malvenu que sa meilleure amie s'évertue à tout faire pour le faire renoncer.

« N'importe quoi, tu m'as très bien compris. Ben part si ça peut te faire plaisir, mais compte pas sur moi pour rester toute ma vie chauvin et intolérant !! »

Cria-t-il à son amie qui – très impoliment – venait de le quitter au beau milieu d'une conversation et sans dire au revoir. Annagovia venait de tourner le dos à un Roman tout aussi furieux qu'elle. Franchement, là, il ne pouvait pas être plus déçu ! Voir son amie le rejeter avec autant de violence alors qu'il essayait seulement devenir un peu plus tolérant avec les autres, c'était un comble ! Ses proches lui avaient toujours reproché d'être beaucoup trop dur avec les Serpentard, que ce qu'ils lui avaient fait n'excusait pas qu'il devait leur rendre la pareille, mais qu'il devait plutôt les pardonner, et naturellement, Roman avait en grandissant finit par comprendre que la violence entraînait la violence et que le rejet entraînait automatiquement les comportements qu'il craignait chez les Serpentard. En fait, c'était à cause de gens comme Annagovia et lui que les Serpentard se sentaient mis à l'écart dans l'école et en voulaient à la terre entière, pour en faire payer le prix à une minorité faible et sans défense. C'était donc un cercle visqueux que des personnes devaient quitter pour le rompre définitivement.

[TERMINE POUR ROMAN]