Combien je suis désolée [PV]

Bon, il était temps de faire sa grande fille et d’assumer ses actes. Le matin avant la première sortie à Pré-au-lard, Bérénice s’était longuement regardée dans la glace… le problème étant que la première sortie à Pré-au-lard correspondait aussi au moment qui était traditionnellement prévu pour qu’elle fête son anniversaire avec Tyler… mais là, il n’aurait sûrement plus très envie de le lui souhaiter une fois qu’elle lui aurait parlé. Enfin, il devait bien se douter qu’elle avait un problème puisqu’au lieu de lui écrire toutes les semaines comme autrefois, elle lui avait écrit seulement une fois durant le premier mois à Poudlard pour lui dire qu’elle voulait le voir…

De fait, elle arriva la première et elle s’assit sur un banc, regardant ses mains posées sur ses genoux d’un air abattu. Finalement, Tyler arriva quelques minutes plus tard… BB se leva un peu trop vite pour être tout à fait honnête et fit face à son petit ami les larmes aux yeux avant même de parler. Elle mit les mains devant elle pour l’empêcher d’approcher. « Je… Je suis désolée… Tyler… je suis… tellement… tellement désolée… » Et cette fois elle éclata vraiment en sanglot, des gros sanglots qui plus est, ce qui était plutôt étonnant dans la mesure où même quand Erwan l’avait quitté (ou plutôt qu’elle avait quitté Erwan parce qu’il la trompait), elle n’avait pas pleuré, ou très peu, parce qu’à cause de son autisme, les larmes n’étaient pas un réflexe chez elle, c’était quelque chose qui ne lui venait pas habituellement, tout simplement. Mais là, elle avait gardé sa peur et sa détresse pendant tellement longtemps qu’elle s’étouffait presque dans ses pleurs.

Maintenant, elle savait que Tyler ne devait sûrement rien comprendre à cette subite crise de larme de la part de sa petite amie (plutôt inexpressive en temps normal). Elle tenta de se calmer mais n’y parvint que de manière très superficielle. Mais elle y parvint néanmoins assez longtemps pour lui dire. « J’ai fais une bêtise… je… je ne voulais pas… mais je ne savais plus ce que je faisais… je… je… » Elle commençait à paniquer et de fait sa respiration se faisait saccadée et son teint de plus en plus pâle… elle tenta d’attraper ses cachets dans sa poche mais la boite lui glissa des mains et roula aux pieds de Tyler. Trop tard. Elle s’effondra elle aussi à ses pieds, inconsciente.

BB ne savait pas gérer les émotions violentes, raison pour laquelle elle s’évanouissait à chaque fois que cela se présentait. Cela dit, voilà longtemps que ça ne lui était pas arrivé car elle était devenue nettement plus solide ces dernières années. Dans son sommeil, elle continuait à marmonnait quelque chose comme « Je suis désolée, pardon… je ne voulais pas…. » qu’elle répétait comme une litanie dans un son très faible quasiment inaudible. Cependant Tyler l’appelait et lui tapotait les joues, l’obligeant à sortir de son inconscience avant même que son esprit se soit stabilisé.

Elle ouvrit les yeux et se remit à pleurer dès que son regard croisa celui de Tyler. « Je suis désolée Tyler… j’avais trop bu… je pensais que tu ne me trouvais pas jolie, j’étais triste, et j’ai bu plus que d’habitude… et après il y a eu Faris et… c’est tout embrouillé dans ma tête. Je ne savais pas ce que je faisais… Je… » Elle s’étouffa dans ses larmes, prise d’une affreuse quinte de toux qui la secoua violemment. C’était beaucoup trop à gérer pour elle, elle ne pouvait pas, en fait peut-être qu’elle devrait disparaître pour expier sa faute, peu importe comment… elle ne voulait pas devenir quelqu’un comme Erwan elle en est loin quand même faut rien exagérer, plutôt mourir. Un peu extrême sans doute, mais ces pensées morbides étaient à la mesure de la détresse (visible) de Bérénice.

« Je l’ai embrassé… je crois… » A dire vrai, elle n’en était même pas certaine tellement la soirée était embrouillée. Prise d’un haut le cœur, BB eut un soubresaut et on aurait presque pu croire qu’elle allait de nouveau tomber dans les pommes (ou à défaut dans les choux) « C’est… tout. Tu peux me quitter maintenant, je sais bien que c’est la seule chose à faire. » Toujours aussi optimiste, etc la Bérénice, il faut dire qu’elle était totalement pour la fidélité et totalement contre trompé, donc même si ce n’était qu’un baiser et qu’elle n’avait pas vraiment conscience de ce qu’elle faisait à ce moment là, elle ne voyait pas d’autres issus pour leur couple que la séparation… d’où toutes ces larmes et le fait qu’elle se rende malade. Son équilibre social était déjà si fragile en temps normal qu’il menaçait de s’effondrer à tout instant… heureusement, elle n’avait sur elle aucun objet pointu ni quoi que ce soit qui risquerait de la pousser à se faire du mal, comme elle en avait envie en ce moment toujours, preuve en était qu’elle s’enfonçait si profondément les ongles dans la peau qu’un peu de sang perlait tandis qu’elle tournait la tête à l’opposé de Tyler… elle ne voulait pas le voir partir… ce serait trop pour elle.

« Je ne sais pas je te dis… c’est tout embrouillé, tout flou… comme quand la télévision moldu est brouillé… j’avais beaucoup trop bu… je sais que je n’aurais pas du, mais je ne pensais pas que ça aurait ces conséquences… » Bérénice n’était pas à Poufsouffle pour rien, elle était extrêmement loyale et juste par nature. Elle regrettait sincèrement son geste, mais plus encore, elle s’en voulait… elle avait failli à tous ses principes moraux, elle avait trahi Tyler… et ça la rendait triste comme les pierres. Cela dit, BB réagissait de telle sorte que plus quelqu’un était énervé, plus elle était calme elle-même, parce que ne connaissant pas de tels sentiments – quand BB était agacée c’était déjà beaucoup – elle se vidait complètement de toutes formes de ressentis. Néanmoins, cet état n’était pas plus rassurant que celui d’auparavant car si les larmes coulaient moins, elle n’en devenait que plus pâle et son bras qu’elle lacérait saignait de plus en plus. Toutefois, elle tournait toujours le dos à Tyler, ce qui lui évitait sûrement d’assister à ce triste spectacle.

« Mais j’en ai le vague souvenir… c’est très bref mais… ça a eu lieu. De toute façon, ça ne change rien, que je l’ai rêvé ou non, j’avais envie de le faire, parce que je me sentais frustrée et… moche. Enfin… peu importe le comment, le pourquoi, on s’en fiche ! » Pourquoi restait-il là alors qu’elle lui avait dit de partir ? Elle voulait mourir, qu’il la laisse donc qu’elle aille résoudre son problème : elle-même. Mais il lui demandait des explications, et elle ne voulait pas les lui donner. Parce que ce serait revenir sur les raisons de son geste, que ce serait parlé de choses dans lesquels sa seule responsabilité n’était plus mise en cause, dans lesquels Tyler en avait au moins une petite part (1% peut-être mais pour BB c’était déjà trop, elle voulait être seule fautive).

Mais il voulait qu’elle parle, il ne partait pas, il restait là alors qu’elle lui disait qu’elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet. Elle était passée aux aveux, n’était-ce pas suffisant ? Quel besoin avait-il de savoir exactement ce qui s’était passé ce soir là ? Bérénice enfonça plus fort ses ongles dans sa chair, la douleur lui permettant de ne pas s’évanouir à nouveau. Soit. Après tout, elle le connaissait, il ne partirait pas… pas tant qu’elle ne lui aurait pas tout dit.

« Très bien. Je suis autiste, je ne sais pas dire ce que je pense ou ce que je ressens, alors j’ai laissé… quelque chose… m’empoisonner. Je n’en ai pas parlé, j’ai attendu, j’ai espéré que ça passe, et puis ce soir là, tu n’étais pas là, tu n’avais pas pu venir, j’ai ruminé mon problème, toujours sans réussir à en parler à qui que ce soit. Et puis j’ai chanté, et on m’a invité à boire un verre. Ensuite ça a été deux verres, trois verres, quatre verres… je ne sais même plus combien j’en ai bu, mais j’ai eu la gueule de bois pendant deux jours. Je ne pouvais pas rentrer chez moi, il était très tard, le barman a pris mon téléphone et a appelé le dernier numéro composé, c’était Faris. Il est venu me chercher. J’étais ivre, je ne comprenais pas pourquoi ce n’était pas toi qui était venu me chercher, pourquoi c’était Faris, j’ai cru… non. Je ne sais pas ce que j’ai cru. En fait j’étais juste complètement soûle et je ne comprenais rien à ce qui se passait. Alors Faris m’a fait sortir dehors, prendre l’air, je ne me souviens plus vraiment mais je crois qu’il a essayé de m’expliquer pourquoi tu n’étais pas là… sauf que l’alcool rend vraiment bête, je ne sais même si j’arrivais à comprendre ne serait-ce qu’un mot sur deux de ce qu’il racontait. Et puis je lui ai parlé de mon problème, je lui ai dit que tu ne voulais pas coucher avec moi, que quand je te l’avais proposé, tu m’avais rejeté, et je lui ai demandé si lui il me trouvait désirable… et puis je suis partie dans mon délire, et comme il réagissait comme… et bien comme un garçon bien – parce que je te jure que ce n’est pas du tout sa faute -, je l’ai provoqué en l’embrassant de force, ce qui tout bien réfléchi a du vraiment arrivé parce que si je l’avais rêvé, Faris aurait mieux réagi. En tout cas c’est la dernière chose dont je me souvienne. Quand je me suis réveillée chez moi bien plus tard, j’ai demandé à Faris de se taire parce que je devais te le dire moi-même, mais non seulement le premier problème existait toujours mais il y en avait un deuxième. Et là encore, les mots ne sont pas venus aussi facilement que je l’aurais voulu. Voilà, maintenant si tu permets, j’ai… un truc à faire. » Elle n’avait jamais autant parlé de sa vie, à tel point que sa voix était monocorde, presque sans sentiment, un peu plus et, elle le savait, elle allait se mettre à se balancer de l’avant vers l’arrière, prise de délire. Les bêtises ça suffisait pour aujourd’hui. Un petit tour au lac, et on n’en parlerait plus…

Elle se leva, l’air hagard. L’obliger à parler devait être positif dans le sens où maintenant Tyler était fixé autant sur les circonstances que sur tout le reste, mais BB ne pouvait pas parler à cœur ouvert sans que cela eût des conséquences sur sa maladie. En pleine crise de folie furieuse, elle se leva lentement et eut un petit rire. Elle fit deux pas, chancela et elle murmura (sans savoir où était Tyler par rapport à elle puisqu’elle ne l’avait plus regardé depuis qu’il était arrivé) « Maintenant je vais disparaître. » Et cela semblait presque lui faire plaisir… la soulager… sauf que si on analysait la chose, c’était la maladie qui parlait, pas Bérénice. BB elle, tout ce qu’elle voulait, c’était que Tyler lui pardonne, mais la maladie préférait lui faire penser que c’était impossible (alors que bon, même si Tyler était choqué, c’était un grand garçon, il pouvait comprendre un petit bisou causé par l’alcool, surtout qu’il l’aimait), la maladie était autodestructrice, elle voulait la fin de BB. La fin de tout.

Elle ne répondit pas à la première phrase de Tyler, de toute évidence ça ne serait jamais venu à l’esprit de Bérénice de se soûler d’elle-même, c’étaient les circonstances qui faisaient que… mais elle ne se voyait pas du tout l’expliquer. Pour tout dire, elle était devenue apathique… la seule chose qui la fit réagir fût quand Tyler insista sur le fait qu’elle ait embrassé Faris. En réalité, ce n’était pas parce que c’était son ami, mais juste parce qu’il était là, peut-être même que le fait que ce soit son ami avait empêché que plus grave n’arrive.

« Je ne t’ai jamais demandé d’accepter… et Faris n’a rien à voir là-dedans. Si le barman ne m’avait pas protégé des vautours, ça aurait pu être n’importe qui profitant de mon état. Je n’étais pas moi-même tu comprends ? Je n’avais pas toute ma tête… » En admettant qu’elle l’eût en temps normal et vu son incapacité chronique à exprimer ce qu’elle ressentait, à se comporter comme tout le monde, elle ne pouvait pas faire autrement qu’en douter… néanmoins, même par rapport à ces critères, ce jour là, elle avait carrément perdu les pédales. Dans un premier temps pour boire autant, et ensuite à cause des effets de la boisson. Au passage, ça lui avait au moins appris qu’il valait mieux qu’elle évite l’alcool. Certes, tout lui avait semblé beaucoup plus facile, toute sa timidité et sa réserve naturel naturelle, mais si c’était pour oublier toutes ses valeurs morales, ça n’en valait clairement pas la peine.

« Je veux… disparaître. » Répondit-elle simplement au départ lorsque Tyler lui demanda où elle allait. En fait, elle n’en savait rien elle-même, elle avait un instant songé au lac, mais n’importe quel autre endroit dangereux ferait l’affaire. La tour d’astronomie peut-être… peut-être que si elle marchait sur les remparts, une pierre s’effondrerait sous ses pieds et…

Et elle abandonna un instant son fantasme de mort, dérangé par la suite des paroles de celui qui était encore son petit ami, sans trop qu’elle sache pourquoi. Il devrait la fuir non ? Même si c’était dans un moment d’ivresse, elle l’avait trahi, et ce simplement parce qu’elle était un peu triste et beaucoup frustrée… Il aurait du partir, s’éloigner d’elle, cela aurait été le plus logique. Mais il était encore là… et il avait vu son bras aussi. Elle tenta de se dégager pour lui cacher le mal qu’elle s’était fait mais c’était trop tard, et elle était sans force de toute façon. Tout ce qui lui restait d’énergie était passé dans ses aveux, maintenant le moindre souffle d’air pourrait la faire s’effondrer.

« Mais pourquoi est-ce que tu ramènes toujours tout à Erwan ! » Cette exclamation lui avait échappé et elle mit sa main libre sur sa bouche, comme surprise de ses propres paroles. Elle était vraiment trop fatiguée, elle ferait vraiment mieux d’aller à la tour ou ailleurs, mais loin, avant de laisser sortir d’autres paroles malheureuses. Le truc c’est que maintenant elle en avait trop dit, ou pas assez, et elle en avait suffisamment conscience pour s’expliquer.

« Tu ne peux même pas savoir comme je m’en veux… j’ai eu envie… de mourir après ça. Mais il fallait que je te le dise avant… » Parce que sinon ça n’aurait pas été très honnête, quant à ses envie de suicide, elles ne la dominaient plus, elle semblait d’ailleurs un peu moins lointaine depuis que les mots étaient sortis tout seul. Peut-être parce qu’il lui avait dit qu’il allait rester avec elle… du coup c’était BB qui gagnait par KO contre la maladie… encore qu’elle ne soit pas vraiment sortie d’affaire.

« Mais ça n’empêche pas que je ne suis pas d’accord… à propos de nous. » Elle déglutit, elle aurait bien tourné la tête, le regarder était trop difficile, mais il tenait son visage et ce contact semblait si ténu qu’elle craignait de le rompre. « Tu dis que je le voulais pour te garder, pour que tu n’ailles pas voir ailleurs… ça ne t’a pas traversé l’esprit que je pouvais simplement en avoir envie, parce que tu es mon petit ami et que je t’aime ? Il faut toujours que tu crois que je suis une pauvre petite traumatisée que tu dois protéger, et peut-être que parfois, c’est vrai… » Ce disant, elle mit le mouchoir sur ses petites plaies, car il était clair que ce n’était pas en se mutilant qu’elle prouverait qu’elle n’avait pas besoin d’être protégée. Cela dit, en ce qui concernait leur vie intime, elle avait quand même son mot à dire non ? Bon, c’est sûr que… maintenant qu’il y avait eu l’épisode avec Faris, c’était trop tard pour tout dire, parce que ça avait refroidi Ty’ comme il le lui fit remarquer, pourtant puisque Tyler ne voulait pas qu’elle aille se jeter du haut d’une tour, il valait mieux vider son sac maintenant… sinon les problèmes continueraient, et elle ne serait sûrement plus jamais assez anesthésié pour lui dire ce qu’elle avait sur le cœur et qui l’avait rongé le soir où elle avait bu.

« Peut-être qu’Erwan m’a appris une vision de la relation qui ne correspond pas à ton idéal, peut-être aussi que mes fréquentations font que… je ne sais pas… que je suis un peu différente dans mes envies et dans mon caractère… mais j’étais sincère. Et tu ne trouves pas ça injuste pour moi que tu ais accepté de le faire avec des filles de passage et que tu refuses quand je te le propose ? J’avais eu beaucoup de mal à te le demander, ça avait énormément de valeur pour moi… » Elle secoua la tête, faisant voler au vent quelques mèches brunes qui tombèrent sur son visage. « C’est vrai que j’ai embrassé Faris parce que j’avais bu, mais ce qui est certain aussi c’est que ce n’était pas lui que je voulais, c’était toi. » Et elle fixa de ses yeux clairs son petit ami, cherchant dans les siens une réponse à cette unique question : comprenait-il le message qu’elle essayait de lui faire passer ?

Il était simple… non seulement elle était sincèrement désolée, mais elle n’avait aussi toujours aimé et désiré que lui.

« Bah c’est que… je mens sur mon âge. » Répondit-elle d’un ton hésitant, laissant Faris tant bien que mal en dehors de tout ça. Le pauvre, il n’était que sa victime après tout ! Quant au petit mensonge sur son âge, c’était pour pouvoir faire de la musique à l’origine, mais elle avait bien conscience que ça lui permettait aussi de boire ce qui avait entraîné tout le reste. Elle n’avait jamais vraiment bu avant et cela avait donc eu les effets dévastateurs que l’on sait…

« C’est parce que je sais ce que ça fait que je m’en veux… même si, probablement, mon cas est-il un peu différent de celui d’Erwan. Je doute pour sa part que ce soit les remords qui l’empêchaient de dormir. » C’était plutôt les filles hein ! Un rictus méprisant passa sur ses lèvres mais disparu aussitôt. Ce n’était pas le jour pour jeter la pierre à son ex petit ami, après tout, même avec toute la bonne volonté du monde, elle aussi avait fait une bêtise ! « Je m’en veux plus que tu ne peux l’imaginer… mais je ne pouvais pas te l’avouer avant. Les mots… » Les mots ne se formaient même pas dans son esprit. Mais elle n’arrivait pas bien à l’expliquer. Il fallait vivre l’expérience de l’incapacité à communiquer pour comprendre à quel point c’était douloureux. Elle voulait vraiment lui dire dès le début, mais rien ne venait, aucun son ne passait ses lèvres… elle aurait pu l’écrire bien sûr, c’était ainsi qu’elle faisait d’habitude quand parler devenait trop compliqué, mais ça aurait été lâche. Alors elle avait formé petit à petit les phrases jusqu’à réussir enfin à les dire. Dommage qu’elle ait justement choisi le jour de son anniversaire, il n’était plus très joyeux maintenant, même si cela aurait pu être pire.

En effet, petit à petit, il s’approchait, et la distance que son aveu avait creusé s’amenuisait, au soulagement de BB qui se sentait non seulement moins triste mais aussi un peu moins en perdition. Elle n’avait pas été loin, quelques minutes plus tôt, de perdre complètement la tête.

« Je ne t’ai pas dit que ça me dérangeait, parce qu’il faut au moins un psycho-drame comme aujourd’hui pour que ce genre de mots sortent de ma bouche. La communication… n’est pas mon fort. » Parce qu’elle avait sincèrement été très déçue, même maintenant, elle vivait encore cette scène comme une blessure profonde et intense. Bien sûr, de là à se soûler, il ne fallait pas exagérer, elle aurait mieux fait de s’abstenir, mais son silence l’avait rongé petit à petit… et peut-être que cette histoire de baiser était autant un mal qu’un bien ou pas mais nos personnages ne connaissent pas le futur puisque cela avait au moins permis de crever l’abcès entre eux. Leur relation n’aurait de toute façon pas survécu longtemps avec une Bérénice complexée de ne pas se sentir désirée.

« Je ne dis pas que tu n’avais pas tes raisons, ni qu’elles sont mauvaises maintenant que tu les expliques, seulement si tu te mettais à ma place à ce moment là, tu comprendrais peut-être à quel point c’était… humiliant. Je ne suis pas douée pour parler mais tu ne l’as pas été plus que moi cette fois là. » Parce que s’il lui avait expliqué les choses un peu plus clairement (plutôt que de s’imaginer qu’elle faisait ça par dépit) peut-être qu’elle l’aurait moins mal pris. BB aimait bien les relations physiques, elle ne s’en cachait pas d’ailleurs, étant dans le privé une petite amie câline comme elle était aussi une amie assez tactile Faris c’est autre chose, cela dit, elle pouvait s’en passer aussi (le fait étant qu’elle n’avait eu qu’Erwan à ce degré d’intimité là), seulement Tyler n’était pas un novice, pas plus qu’elle, alors elle l’avait tout simplement mal vécu, se disant qu’avec elle il ne voulait pas alors qu’il avait dit oui aux autres. « D’ailleurs, même si ce n’est pas le jour idéal pour te le demander, j’aimerais autant que tu révises ton jugement sur la question. Je ne suis pas spécialement jalouse, mais je crois que je le suis de ces filles. » Qu’elle ne connaissait pas au demeurant, mais qui avaient eu ce qu’elle voulait, et ça la faisait enrageait ! Au point d’en avoir fait une bêtise plus grosse qu’elle, c’est dire !

Quand il l’embrassa, elle se pressa contre lui et répondit à son baiser avec douceur. Elle était fatiguée mais n’avait aucune envie de rentrer, encore moins maintenant que la paix était faite, après tout, ils ne se voyaient pas souvent…

« De la distance physique tu veux dire ? Si ce n’est que ça de toute façon mes rares sorties de Poudlard te sont entièrement réservées. » Par contre côté distance amicale, elle le sentait mal, parce que bon, Faris était quand même un de ses proches amis, et des amis, elle n’en avait pas assez pour pouvoir se passer de l’un d’eux. Maintenant, si vraiment Tyler l’exigeait… mais BB se voyait mal expliquer à son meilleur pote qu’elle ne pouvait plus lui écrire parce que elle (et elle seule, elle continue à maintenir !) avait engagé cet idiot de baiser ! Pourquoi fallait-il que soûle Faris soit devenu un garçon à ses yeux hein ? Avant ça, il aurait pu être une fille, il faut le dire, pour elle ça aurait fait pareil ! Mais bon… la situation s’était un brin compliqué depuis, et elle n’était pas en position de faire la difficile non plus.