[TERMINE] Moi bouder? Non... (PV)

Nina n’avait pas passé un très bon été. Premièrement, elle avait subi quelques remontrances de ses parents vis-à-vis de son bulletin qui était loin d’être excellent, et alors que les BUSEs se rapprochaient, même si elle avait encore deux ans à passer avant ces examens, la demoiselle savait qu’elle devait commencer à cravacher un peu plus pour ne pas être recalée, risque qu’elle courait en fait chaque année, mais qui là serait bien plus grave, dans la mesure où ses résultats influeraient sur son avenir, sur les métiers auxquels elle pourrait prétendre plus tard, même si la blonde n’avait aucune idée sur ce qu’elle voulait faire une fois sortie de Poudlard, ce qui pourrait en fait arriver très vite, puisque la Gryffondor ne s’imaginait pas continuer encore deux ans jusqu’aux ASPICs. A quoi cela lui servirait-il donc, puisqu’elle n’arriverait pas à en avoir ?

Mais ce problème de résultat n’avait pas gâché les vacances de Nina à lui tout seul. Plus grave – que dis-je ? beaucoup plus grave : Camille l’avait quittée, il avait osé partir sans elle et la laisser seule à la maison. Enfin, seule, il restait certes ses parents et Hugh, du moins quand celui-ci gratifiait la famille Moreau de sa présence, mais tout de même ; son frère presque jumeau l’avait abandonnée. Deux semaines durant, il était parti aux Etats-Unis, dans le ranch d’une camarade de Gryffondor dont Nina avait – quand même – apprit le nom. Il s’agissait en plus, pour tout compliquer, d’une de ses camarades de Quidditch, et il allait falloir beaucoup de sang-froid à la blondinette pour ne pas coller son poing dans la figure à la fille Davidson, surtout si elles se croisaient aux entrainements. Peut être la poursuiveuse allait-elle donner sa démission pour éviter des ennuis à Mike et à Gryffondor. Ce serait une victoire de sa rivale, mais à quoi bon s’entêter ? Nina souhaitait la victoire de sa maison, et le Quidditch n’était pas essentiel à sa vie.

Résultat des courses, Nina avait boudé Camille pendant le reste des vacances, renonçant d’elle-même à la proximité à laquelle ils étaient habitués, considérant cependant que son frère avait fait le premier pas, et donc que c’était de sa faute si elle avait passé de mauvaises vacances à s’ennuyer la plupart du temps, même si elle avait pu retrouver quelques camarades de classe. Dans le train, elle n’avait même pas eu à l’éviter, puisque nouvellement préfet, il était dans un wagon séparé, puis avait dû s’occuper des premières années avec Levine, nouvelle préfète. Deux nouvelles têtes à Gryffondor cette année, puisque Maiden et Ziegler avaient quitté Poudlard.

Les deux jeunes Moreau ne s’étaient donc plus vus pour ainsi dire depuis qu’ils avaient quitté la voiture de leurs parents, la veille au matin. Seulement, quand Nina descendit pour aller manger dans la grande salle, la plupart des places étaient déjà prises, sauf une à côté de Camille. La blondinette n’allait sans doute pas échapper à l’explication qu’elle sentait déjà venir. Mais elle comptait faire en sorte que ce soit un aussi mauvais moment pour Camille que pour elle, il n’y avait pas de raison !

- Salut, dit-elle entre ses dents alors qu’elle s’asseyait à côté de Camille. Sans lui prêter plus d’attention, elle attrapa une tartine qu’elle entreprit de beurrer.

[547 mots]

« Salut. »

« Eh, le mioche, mange proprement et sans jouer avec le contenu de ton assiette, sinon tu vas apprendre à connaître Rusard. »

« Nina. »

« Dans la mesure où nous sommes revenus à Poudlard et où tu continues à te comporter comme quand on avait cinq ans, peux-tu m’expliquer ce qui me vaut que tu m’évites depuis plus d’un mois ? »

« J’aimerais bien savoir ce qui te prends depuis que je suis revenu de chez Alix à la fin. Il s’est passé un truc pendant que j’étais absent ou quoi ? »

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Après avoir répondit à son salut quelque peu forcé, Camille semblait l’avoir oubliée, préférant admonester un première année qui faisait elle ne savait quoi non loin. Ca n’était sans doute pas grand-chose, et que son frère perdit de son précieux temps et de sa salive pour ça l’énerva encore un peu plus. Il n’allait quand même pas commencer à fliquer les Gryffondor dès le matin, il y avait déjà bien assez d’un Rusard comme ça, et ce rôle n’allait pas du tout à son frère, que Nina savait ne pas être méchant, quand bien même elle était sacrément énervée contre lui (et ça ne risquait pas de s’améliorer, ce que la lionne ne pouvait heureusement pour elle pas deviner). Toujours était-il que pendant qu’il s’occupait d’embêter le mioche assis en face d’eux, il ne s’occupait pas d’elle, ce qui pour une fois arrangeait la blondinette. Malheureusement, ça ne devait pas durer, et bientôt Camille prononça son nom. Nina lâcha un grand soupir, avala sa tartine, et se tourna vers son presque jumeau.

- Quoi, Camille ?

Patiemment, pour une fois, Nina attendit que son frère parle. C’était certain à présent, elle n’échapperait pas à l’explication, mais peut être était-ce justement un bien : la demoiselle pourrait ainsi expliquer tous ses griefs à son frère, plutôt que de lui faire simplement la gueule. Quoiqu’à son avis, Camille était largement assez intelligent pour comprendre pourquoi sa sœur lui en voulait, et sans doute avait-il déjà compris. S’il voulait toutefois qu’elle lui fasse la version longue, et bien la blondinette s’exécuterait, ça la soulagerait sans doute. Si en plus elle pouvait placer quelques piques vexantes sur Davidson, ça n’en serait que mieux.

Nina écouta Camille parler, poser toutes les questions qu’il voulait. Quand il eut finit, elle se dit qu’en fait non, il n’avait vraiment pas compris. Son frère avait beau être un grand sorcier et en plus très intelligent, il n’était vraiment pas un pro en relations sociales, que ce soit pour en nouer ou pour les comprendre, même si en l’occurrence il avait dû savoir y faire avec Davidson. Cette fois, la blondinette inspira, histoire de ne pas dire de bêtise trop vexante à son frère qu’elle aimait quand même toujours autant, et d’ailleurs c’était bien ça le problème.

- Ca ne te paraîtrait pas bizarre, à toi, que je décide subitement de partir en vacances chez, je ne sais pas, disons Peterson ou Stevens, alors qu’a priori je ne leur ai jamais parlé ? Pire encore, il me semble que JE devrais mieux connaître Davidson que TOI, puisque nous sommes dans la même équipe de Quidditch, alors que je ne t’ai jamais vu avec elle.

Voilà, c’était dit, dans une longue tirade récitée à toute vitesse qu’elle avait remué dans sa tête pendant tout un mois et même plus, qu’elle attendait de dire à Camille depuis qu’il était parti, l’abandonnant avec Hugh et les parents pendant deux longues semaines, batifoler ou faire Nina ne savait quoi aux Etats-Unis avec une fille de deux ans plus âgées que, bordel, il n’était pas censé connaître.

- Pour répondre à ta question, le truc c’était peut être que t’étais absent, justement,conclut-Nina avec un air de reproche dans la voix et dans le regard, histoire que Camille comprenne bien toute l’ampleur de son ressentiment et de ses interrogations.

[555 mots]

« Je ne suis pas vraiment du genre expansif et elle non plus, c’est pour ça qu'on ne nous voit pas beaucoup ensemble. Je n’aime pas les cancaneries et quand une fille devient amie avec un garçon, même s’il a deux ans de moins, tu peux être sûre qu’il va y avoir des tas de rumeurs sur eux. Fausses évidemment. » Le regard de Camille s’était durci mais ce n’était pas spécialement parce que sa sœur se plaignait de lui – après tout, mieux valait une franche conversation supposait-il – mais parce qu’il n’aimait pas le ton qu’elle prenait pour parler de sa meilleure amie à lui. Jamais il ne s’était montré aussi méprisant pour ses amis à elle, alors que pourtant elle en avait un paquet, dont la plupart sérieusement atteint si on voulait vraiment son avis à lui ! Et puis d’ailleurs, pourquoi il n’aurait pas le droit d’avoir une amie lui aussi ? Nina en avait plein, il pouvait bien en avoir une !

« Et arrête de parler d’elle sur ce ton, c’est ma meilleure amie ~~pas de mal vu qu’elle est à peu près seule sur les rangs~~ et elle s’appelle Alix ! Est-ce que j’appelle Estelle par son nom de famille moi ? » Il comprenait bien ce que lui disait Nina et qu’elle semblait surtout blessée (du moins si on s’en fiait à ses paroles) parce qu’il ne lui avait pas parlé avant de son amitié avec Alix. Soit. Il est vrai qu’au début ils se cachaient Alix et lui et que ça ne respirait pas franchement l’honnêteté, puis lorsqu’ils étaient ouvertement devenus amis, il avait loupé le coche pour en parler avec sa sœur.

« D’ailleurs, ce n’est pas si anormal que je connaisse mieux Alix que toi, c’était ma cavalière au bal de l’année dernière tu te souviens ? T’étais là aussi que je sache, puis on s’en est pas caché, toute l’école savait qu’on y allait ensemble. Mais je retiens, la prochaine fois que je me fais un ami, je t’envoie un faire part, histoire de m’assurer que tu es vraiment au courant. » Il trouvait ça vraiment trop con de se fâcher avec Nina pour un truc pareil mais il ne la laisserait pas se poser en martyre alors qu’elle aurait très bien pu lui demander avant qu’il parte comment il était devenu ami avec Alix, pourquoi il la connaissait, ce genre de chose. Elle savait très bien que de lui-même il ne parlait pas, elle était sa sœur, elle devait savoir ce genre de chose quand même ! Il n’avait pas changé lui, il était toujours pareil, par contre il ne reconnaissait plus sa sœur. Jamais il n’aurait cru que Nina puisse se montrer aussi injuste et aussi pimbêche. Alix ne lui avait rien fait à ce qu’il sache ~~à part lui voler l’affection de son frère adoptif s’entend~~, pourquoi semblait-elle si en colère ? Après tout, il était toujours là, avec elle, quand elle ne le fuyait pas. Après c’est sûr que si elle se mettait à l’éviter, selon toutes logiques, il allait voir sa meilleure amie hein !

Lorsqu’elle lui dit que le problème était qu’il était parti, il fronça les sourcils, se retenant très fort d’exploser de l’une de ces colères froides dont il était le spécialiste. Il ne pouvait pas se mettre en colère contre Nina, même pas s’il la trouvait odieuse, elle était sa sœur chérie après tout… Enfin sa sœur tout court pour l’instant parce qu’elle commençait à lui courir sur le haricot là !

« Et il ne t’était pas venu à l’esprit de me demander de rester si tu ne voulais pas que je parte ? » Non mais c’est vrai quoi, c’était un peu fort de lui reprocher d’être parti en vacances alors qu’elle ne lui avait jamais demandé de rester avec elle !

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La discussion prenait un mauvais tour pour Nina, qui évidemment ne pouvait tenir le coup face aux arguments de Camille. Elle le savait pourtant, depuis le temps, qu’elle ne devait pas lancer de débat contre son frère, puisqu’elle finissait toujours par les perdre. Camille avait beau ne pas être un grand bavard, il raisonnait, lui, et dans ce genre de situation Nina avait toujours le dessous. Non qu’elle soit bête, mais surtout elle s’énervait vite et tombait à court d’idées parce qu’elle ne prenait plus le temps de réfléchir. Mais là, en revanche, la demoiselle estimait vraiment être dans son bon droit et elle ne lâcherait rien. Après tout, c’était Camille qui avait cherché la confrontation, même si évidemment faire la gueule à son frère lui pesait aussi.

- Genre tu en as quelque chose à faire des rumeurs…c’est pas franchement comme si c’étaient les premières. Et puis ce que pensent les autres…

Nina ne finit pas sa phrase, se doutant bien que Camille comprendrait. Evidemment, c’était un petit peu hypocrite dans la mesure où elle-même ne se fichait pas le moins du monde de l’avis des autres élèves de Poudlard, du moins d’une partie d’entre eux ; mais Camille ne fonctionnait pas tout à fait comme elle, et la blondinette se doutait bien qu’il les supporterait bien mieux qu’elle, à moins qu’il ait beaucoup changé depuis qu’il était parti chez Davidson. Et puis ça ne l’empêchait pas de lui en parler à elle, d’abord. Argument non valable donc, du point de vue de Nina.

- Je l’appelle comme je veux, il me semble ! Et j’vois pas ce qu’il y a de mal à ça. Et puis c’est pas tout à fait pareil. Nina ne put cependant dire en quoi sa situation avec Estelle et celle de Camille avec Davidson étaient différentes, aussi ne continua-t-elle pas plus loin sur ce sujet, et elle espérait que son frère ne sauterait pas sur l’occasion pour l’enfoncer un peu plus.

Puis Camille évoqua le bal. Nina fronça les sourcils pour essayer de se souvenir si effectivement il y était avec Davidson ~~c’est une attaque lâche par ailleurs, j’étais pas là~~. De toute façon, ça ne prouvait rien, et la blondinette s’empressa de le signaler à son frère.

- Ce qui ne veut pas dire grand-chose, j’y suis allée avec Mike une fois, il n’en est pas plus mon ami.

Le bal, c’était surtout pour Nina une bonne occasion pour faire la fête et se coucher (relativement) tard, peut importait avec qui elle y allait, tant qu’il ne portait pas de vert. Bref, l’histoire du bal ne signifiait définitivement rien, et la blonde n’y avait attachée (presque) aucune importance jusqu’à aujourd’hui. La fin de la tirade de Camille mit en revanche la blondinette hors d’elle.

- Nan mais ça te va bien de dire ça ! C’est qui qui me suivait l’air de rien pendant la chasse aux préfètes au lieu de jouer ? T’avais peur de ça aussi ?

Et enfin, Camille finit par arracher un faible sourire à Nina en calmant d’un coup la colère qui venait d’éclater. Si elle avait été de meilleure humeur, la Gryffondor en aurait sans doute même rigolé, mais elle n’avait pas vraiment la tête à ça pour le moment. Ce fut donc d’une voix douce qu’elle répondit à son frère.

- Tu l’aurais fait, toi ? Franchement ? M’obliger à rester à la maison ?

[570 mots]

DISPARITION
TOUT COMPTE

Effectivement, il s'en fichait de ce qu'on pensait de lui, mais ce n'était pas le cas de ce qu'on pouvait penser de ses proches comme Nina ou Alix voire même Hugh, bien que pour ce dernier, ce soit sûrement bien trop tard pour faire quoi que ce soit.

Je me moque de ce qu'on dit sur moi, pas de ce qu'on pourrait dire sur Alix. Et puis j'aime ma tranquilité, tu devrais le savoir. Bien que le temps soit à l'orage entre sa soeur et lui, il continuait à parler posément et sans s'énerver. S'emballer ce n'était pas son truc, cela pouvait lui arriver à l'occasion évidemment mais cela restait rare, en fait pour l'instant la seule fois où il avait vraiment commencé à perdre les pédales, c'est quand il avait piqué ouvertement une crise de jalousie à Alix à cause de Haven.

Bien sûr que si c'est pareil. Estelle est ta meilleure amie comme Alix est la mienne, et je suis sûr que si je me mettais à l'appeler Desrêves, cela te mettrait très en colère. Dans un monde idéal, tout le monde s'entendrait bien et Nina ne l'ennuirait plus avec Alix, au contraire, elle serait contente pour lui. Mais ils ne vivaient pas dans un monde idéal et du coup Camille se retrouvait avec sa soeur qui critiquait sa seule amitié importante. En même temps, comme il s'en était rendu compte chez Alix, ça ne l'ennuyait pas tant que ça, parce qu'il se sentait autant dans son bon droit que Nina. Après tout, ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, non ?

Pour moi ça avait un sens, quant à Mike, c'est ton capitaine au Quidditch, pas franchement l'exemple même du parfait inconnu. Il se souvenait d'ailleurs que ça l'avait beaucoup énervé l'année où elle avait été au bal avec Mike. Il trouvait que le garçon avait beaucoup trop d'activités en commun avec Nina, chose qui fut prouvé un peu plus loin dans la conversation lorsque sa soeur lui rapella l'épisode de la chasse aux préfètes... où il avait été avec Alix en binome d'ailleurs. Comme quoi, ça faisait un moment qu'ils se montraient ensemble finalement.

J'étais jaloux, mais moi je l'assume contrairement à certaines personnes de ma connaissance. Je suis possessif par nature et je l'ai été encore plus que maintenant à une époque. D'ailleurs si tu veux tout savoir, c'est parce que Alix est comme moi que nous sommes devenus amis ! A la base on discutait de toi et de son frère Martin et du fait qu'on ne pourrait pas passer toute notre vie avec vous, parce que... ce n'est pas possible. Et puis petit à petit on est devenu amis... donc tu vois, tout est lié finalement. Il soupira et laissa tomber son petit déjeuner vu que tout ça, ça lui coupait l'appétit, surtout qu'il était presque sûr que Nina n'avait pas encore réalisé ce que lui avait eu tant de mal à accepter : un frère et une soeur devaient forcément se séparer un jour.

Hum... je dirais que ça dépend d'avec qui tu comptais partir. Je te l'aurais probablement demandé si ça avait été un sale type que je considère comme un pervers. Autrement dit, la plupart des garçons, mais ça, il n'était pas obligé de le préciser !

Nina se désintéressa un instant de Camille le temps de mordre dans sa tartine. La dispute avec son frère était loin de lui couper l’appétit ; bien au contraire, elle aiguisait la faim de la demoiselle en ce matin de rentrée, et si elle ne faisait d’habitude pas trop attention à sa ligne, la blondinette songeait à faire quand même gaffe aux quantités qu’elle avalerait à l’avenir. Bref, ce n’était pour le moment pas le problème, puisque le conflit était bel et bien actuel et que donc, il fallait qu’elle mange pour se calmer, d’autant que la journée qui l’attendait n’allait pas être évidente, même si la blondinette ne pouvait imaginer à quel point.

- C’pas comme si j’avais le choix, répondit-elle quant à la tranquilité de Camille. Oui, elle savait très bien qu’il y était attaché, c’était d’ailleurs l’objet des quelques frictions qu’ils avaient assez régulièrement.

Une fois encore, Nina se tut suite à la remarque de Camille. Elle se demandait quelle aurait été sa réaction si son frère avait toujours appelé Estelle Desrêves. Spontanément, et avec quelque mauvaise foi, ça ne la gênait pas, mais n’était-ce pas une façon pour elle de marquer son mépris pour Davidson ? Epineuse question, et bien que Nina n’eut pas la moindre envie de donner raison à son frère, elle devait bien avouer qu’il marquait un point, ce qu’elle n’était cependant pas obligée de reconnaître, du moins pas tout de suite. La jeune Gryffondor garda donc le silence, ne relançant plus cette question. Elle savait bien que cela signifiait tout de même qu’elle reconnaissait sa défaite, mais ça lui faisait moins mal.

- Malheureusement, je devine pas encore tout ce que tu penses. Et sans être un inconnu, c’est pas plus un ami.

Là, en revanche, persuadée d’avoir raison, Nina ne comptait pas laisser tomber sur le fait que pour quelqu’un d’extérieur à la tête de Camille – ce qui voulait dire tout le monde – ça ne signifiait apparemment rien qu’il soit allé au bal avec Davidson – la blondinette continuerait à l’appeler comme ça, au moins en pensée – et il aurait surtout pu lui enb parler avant. Car oui, c’était sans doute surtout ça qui gênait la lionne, même si elle ne comptait pas le dire, ni se l’avouer à elle-même. En plus du fait qu’elle était jalouse, comme son frère l’avait si bien deviné.

Et puis, d’un coup, la révélation. Les mots de Camille mirent Nina en rage, bien qu’elle essayât de se contenir de tout son possible : pas la peine de faire une scène là, au beau milieu de la grande salle, ni d’attirer l’attention des professeurs dès le premier jour. Une fois encore, la demoiselle enfourna un morceau de pain dans sa petite bouche afin de laisser passer l’orage, puis planta de nouveau son regard dans celui de son frère.

- Oui, je suis jalouse, et alors ? Tu l’es tout autant que moi, sans doute plus. Et de toute façon, on s’en fout. Comment ça, vous parliez de moi et de Martin ? Qu’est-ce que vous – qu’est-ce que t’as encore été inventer ?

Si Nina ne connaissait pas encore tous les dessous de l’affaire, elle se doutait que ça allait plus loin que le simple « on ne pourra pas rester toujours ensemble » : pourquoi serait-il allé vers Davidson et inversement ? Les deux n’avaient à son avis pas grand-chose en commun.

- C’est bien ce que je disais. Et je n’en suis pas encore à considérer David…Alix, se reprit-elle entre ses dents, comme une perverse.

« Admettons que tu ne vois pas Mike comme un ami, moi je vois Alix comme une amie, et ce n'est pas ma seule amie d'ailleurs, je suis aussi assez ami avec la nouvelle issue de Taliesin, Ella Lewis. Comme ça, si tu me vois avec elle, tu n'auras pas de surprise cette fois, pas vrai ? »

« Alors rien, tu es jalouse c'est tout, j'énonce un fait. »

« Nous n'avons rien inventé. Elle est possessive avec Martin, je suis possessif avec toi, alors on a uni nos efforts pour... l'être moins. On a passé des heures à parler de ça. Au début on montait des plans pour essayer de rester avec vous pour toujours, et puis bon, au final, on s'est bien rendu compte qu'il fallait qu'il y ait d'autres gens dans notre univers. On est pareil Alix et moi, on se comprend... Et j'aimerais bien que tu fasses un effort pour l'apprécier aussi, parce que de toute façon, que ça te plaise ou non, je continuerais à la voir. »

« Même si tu ne voulais pas aller jusqu'à me demander de ne pas partir, tu ne crois pas que tu aurais pu m'en parler avant que je parte ? »

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- Tu détournes ce que je dis, je disais juste qu’aller avec quelqu’un au bal ne prouve strictement rien. Nina n’était peut être pas très forte dans un débat où la raison de son frère mettait à mal ses pauvres arguments, mais elle était quand même assez intelligent pour se rendre compte qu’il l’emmenait – volontairement ou non – sur un sujet qui n’avait pas sa place, ou du moins qui n’était pas au cœur du problème. Au final, ce n’était pas tant le fait qu’il soit ami avec Davidson qui gênait Nina, mais qu’elle ait été mise comme ça en face de la nouvelle alors que cela durait depuis bien longtemps. Certes, on pourrait dire qu’elle était une sœur indigne à ne pas connaître les amis de son frère, mais le jeune homme n’était pas non plus particulièrement expansif et ne l’aidait pas toujours franchement.

- Très bien, je note,répondit-elle sur le même ton concernant Lewis. D’autres révélations ?

Camille, avec ses phrases laconiques, logiques et parfois froides, sans trop d’émotion, lui tapait parfois – et c’était justement le cas ce matin là – sur les nerfs. Ne pouvait-il pas parler comme tout le monde ? Ce serait alors bien plus facile pour la blondinette de trouver des réponses adaptées, mais elle supposait que ça n’était pas le but du jeune homme que de lui tendre des perches.

- Si ça te fait plaisir…

La longue tirade de Camille qui suivit faillit faire Nina s’étouffer avec son jus de citrouille – qu’elle manqua également de recracher, ainsi que d’exploser de rire, si la situation n’était pas aussi tendue. Oui oui, tout ça en même temps : Davidson et son frère avaient quand même des idées saugrenues quand ils s’y mettaient, la blonde n’aurait jamais pu imaginer ça de son presque jumeau, du moins pas à ce point. Vous avez peut être l’impression que je me répète, mais c’est que le jeune Gryffondor avait un certain don pour dire des choses qui sonnaient drôle aux oreilles de la blondinette qui pourtant n’avait pas forcément envie de rire, comme je l’ai déjà dit.

- « Monter des plans », mais à part ça, tu n’as rien inventé. Je crois que je préfère ne pas savoir quels plans vous avez pu monter, mais bref. Et le coup des autres gens, c’est bien quand ça t’arrange.

Nina n’était pas aveugle, elle avait vu les regards noirs que jetait son frère quand les garçons l’approchaient, fut-ce innocemment pour lui poser une question, lui demander quelque chose, ou ne serait-ce que pour discuter. Certes, c’était plus ou moins fort selon les garçons ou les personnes – et la jeune fille n’avait pas tout vu, son frère sachant se faire discret quand il le voulait, mais elle avait plein de souvenirs où lui non plus ne la laissait pas faire ce qu’elle voulait, ce qui était par ailleurs la principale source de dispute entre eux, jusqu’à aujourd’hui du moins.

- T’en parler, pourquoi ? Je n’allais pas gâcher tes vacances quand même, je ne suis pas si cruelle.

Qu’au final les siennes soient gâchées – et le mot était trop fort, Nina savait s’amuser quand il le fallait – n’importait pas.

« Non. Je privilégie la qualité à la quantité. »

~~J’arrête les expressions oui.~~

~~normal c’est un mec~~

« Quand ça m’arrange ? Non mais vraiment… »

« A un moment donné Nina, il va falloir que tu saches ce que tu veux. Soit je te fous la paix mais dans ce cas je vais forcément voir d’autres personnes, soit on reste que tous les deux mais dans ce cas c’est valable pour nous deux. Tu ne peux pas tout avoir. ~~Le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Ok j’avais dit que j’arrêtais~~ »

« Laisse tomber, cette conversation est close. Je dois partir de toute façon. »

« On se voit en cours. »

« Les premières années, mettez vous en rang là, on va se diriger vers votre premier cours. »

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» [THEME] Tu arrêtes de me bouder ?
» Te rappelles-tu ? (TERMINÉ)
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» When you're gone... ~ {PV} | Terminé !! |
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