- Princesse au coeur brisé - PV

Une pluie verglacée de souffrance s’était abattue sur les frêles épaules d’Opalyne Hummingbird peu après la rentrée des classes… Quelques semaines après, à peine, son idylle avec Corey Heap s’achevait, accompagnée par un goût amer d’abandon… La rouquine était une demoiselle très dépendante des ‘on dit’. Elle faisait extrêmement attention à ce que les autres personnes pensaient d’elle. Toute sa vie était centrée sur les objectifs d’autrui. Ses rêves n’étaient rien, à côté de ce que l’on souhaitait la voir accomplir. Elle avait ce besoin, irrésistible, de toujours plaire, encore et toujours. Elle voulait qu’on la trouve belle, gentille, intéressante. Elle voulait qu’on pense tout cela d’elle, même si, au final, elle en venait à se détester… peu importait ! Du moment que les autres l’aiment, elle… parce qu’il n’y avait rien qui compta plus pour elle, que l’attention d’autrui.

Sauf que Corey, son petit ami, celui dont l’avis comptait plus que n’importe quel autre l’avait abandonné. Il l’avait quittée, sans préavis, sans lui laisser une seconde chance, sans même penser à l’y préparer. Evidemment, elle ne l’aurait pas mieux pris, préparée ou non… mais il fallait bien qu’elle se lamente… Donc elle se lamentait, seule, faisant face au lac, dont la surface noire reflétait parfaitement le vide de son âme, à l’heure actuelle.

Une musique triste s’élevait à côté de la rouquine, qui, les yeux clos, l’écoutait sans bouger. Elle aurait aimait danser, pour oublier. La danse aidait à cicatriser les blessures de l’âme… mais aujourd’hui, elle n’avait même pas la force de se lever. Dodelinant de la tête, elle laissait la mélopée la conduire loin de ce monde de souffrance et de déceptions. Un soupire s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle ouvrait à nouveau les yeux. Elle voyait le garçon s’approcher du lac, mais elle n’avait pas la force de partir. Tant pis, il allait la voir. Et puis qu’il pense donc ce qu’il voulait ! Il pouvait aussi se moquer d’elle, tiens ! Qu’il essaie seulement ! Blessée dans son amour propre, la rouquine, qui était la gentillesse incarnée avait l’incroyable pouvoir de se transformer en une garce déchainée quand on la poussait un peu trop hors de ses gonds.

Les cheveux roux de la sorcière étaient détachés. Portés par le vent, ils caressaient son visage qui reflétait légèrement le profond désespoir qui l’habitait. Pensive, elle fixa la silhouette du garçon, se demandant si il allait venir la voir ou s’il passerait son chemin. Et quand bien même il vienne la voir, à quoi bon ? Lyne n’était pas sûre de pouvoir être très sociable en cette sombre période de dépression post rupture. Son petit cœur avait été brisé pour la première fois par un garçon, et elle ne savait pas si un jour seulement, elle pourrait s’en remettre… la vie était tellement mal faîte ! Saisissant une petite pierre, elle la jeta dans le lac, avec une colère certaine, mais peu visible, de par son immense fatigue. Pleurer (et même déprimer, tout simplement) ça crevait pas mal l’air de rien ! Serrant les mâchoires, elle tenta de penser à autre chose qu’à Corey… mais ce ne fut pas franchement une réussite…

Finalement, la silhouette rejoignit la rouquine qui s’abstint de soupirer. Le social n’était sûrement pas fait pour elle. Pas aujourd’hui, en tout cas… En temps normal, Lyne était l’incarnation de la joie, du bonheur. Elle était le bruit à l’état pur. Le rire de la nature, le chant des oiseaux, et courrait plus vite encore que les cours d’eau. En temps normal, Lyne était joyeuse, bruyante… Elle se détachait du lot. Mais ces temps-ci n’avaient rien de très normaux. Tout allait très mal, et pour la première fois de sa vie, depuis que tout avait basculé, elle ne savait plus sur quel pied elle était censée danser. Elle avait oublié les pas, elle avait oublié la musique. Il ne lui restait plus que les doutes, les interrogations et la douleur… Le reste s’était évaporé…

Quand il lui demanda s’il pouvait l’aider, elle ne su franchement pas quoi répondre. Et demeurer muette comme une carpe, de la part de la rouquine qui était, normalement, plus bavarde qu’une pie… c’était des plus inhabituel…

Elle du longuement réfléchir à ce qu’elle pouvait bien répondre (genre déjà pour que ce soit simplement compréhensible) avant de finalement se lancer. Ce n’était pas censé être difficile d’entretenir une conversation, surtout quand on était Opalyne Hummingbird… mais voilà, aujourd’hui, ça lui demandait bien plus d’efforts que si elle avait dû faire un saut à l’élastique depuis la tour d’Astronomie (plus haute tour du château, tout de même…). Glissant une main aux doigts nerveux dans ses longs cheveux roux emmêlés, elle finit par prendre la parole :

« Mon copain ne veut plus de moi… »

Elle se mordit la lèvre, relevant immédiatement son erreur :

« Enfin, mon ex petit ami, du coup… »

Et voilà qu’elle se remettait à pleurer ! Pfff, ce n’était pas juste. Essayer de retenir ses larmes était un combat perdu d’avance, ça, elle l’avait très bien compris depuis un petit moment, déjà… Le monde était mal fait. Il y avait bien trop de souffrance contre une infime parcelle de bonheur qui, à côté, semblait être plus que négligeable. Qu’ajouter de plus ? Elle connaissait Eliot de vue, simplement (et de nom quoi, après quelques temps à Poudlard, on connaît tous les élèves, même sans leur avoir parlé…). Alors lui exposer l’étendue globale de ses problèmes ??? Hors de question ! Entre Jade, son père, sa mère, sa ‘nouvelle famille’ (pas méchante du tout, hein, mais bon, s’adapter était compliqué… Plus compliqué que prévu, en tout cas…)… Même avec Ruby, Lyne était un peu perdue… Elle sentait que sa jumelle s’éloignait d’elle. Elle prenait toute la lumière du soleil et ne laissait plus rien pour la pierre pâle de la famille. Comme si le feu du rubis aspirait toute l’énergie au détriment de l’opale… c’était ridicule, sans aucun doute, mais la sorcière de gryffondor le vivait ainsi. Et dire qu’elle le vivait mal n’était pas peu dire… Mais quand elle voyait que même avec sa meilleure amie, Joy, ce n’était pas facile à expliquer… Alors avec un quasi inconnu, ce n’était même pas la peine d’y penser !

Lorsque Eliot lui répondit que la Terre n’avait pas arrêté de tourner pour autant, d’abord, la rouquine se renfrogna. Si il était venu pour dire des choses désagréables, il avait plutôt intérêt à partir, parce qu’elle allait virer au rouge colère après le rouge désespoir… Mais finalement, il s’avéra qu’il ne pensait pas du tout à mal (mais quand on est peinée on ne pense pas forcément trop à analyser avec profondeur ce que les autres peuvent dire, du coup, les analyses manquent cruellement de distance et donc… de justesse…)

Les gentilles paroles du garçon finirent par remonter le moral de la rouquine qui l’écoutait avec de plus en plus d’attention. Oui, bien dit ! Corey était un imbécile, il ne savait pas ce qu’il avait loupé ! Tant pis pour lui, c’était bien fait, il trouverait une fille trop nulle un jour (si jamais il en trouve une *paaaaaaf*) et elle, elle allait avoir un prince, un vrai, beaucoup plus beau, bien plus gentil et certainement moins empoté, et puis flûte de zut et na. Voilà ! Séchant ses larmes et hoquetant encore légèrement, la sorcière souffla :

« Tu as raison… Je trouverais un garçon cent fois mieux ! Non… Mille fois mieux ! »

Elle offrit alors un sourire timide à son aîné. Il avait finalement réussi l’impossible. Rien que pour ça, il mériterait une médaille. Et quand il se présenta, la rousse eut un petit sourire amusé.

« Je le savais. »

Bien sûr qu’elle savait qui était Eliot ! N’oublions pas, tout de même, qu’Opalyne Hummingbird aimait les garçons (surtout les plus âgés *paf*) du coup, elle devait connaître tous les garçons de l’école (de nom en tout cas). Eliot ne faisait certainement pas exception, donc ! Elle se présenta néanmoins puisque lui, il ne la connaissait pas, de toute évidence :

« Je suis Opalyne Hummingbird… De Gryffondor, en troisième année. »

Elle qui avait l’habitude de dire Lyne avait d’un coup décidé que Lyne était morte et qu’à présent c’était au tour d’Opalyne d’entrer dans la place. Adieu ce sobriquet enfantin. Maintenant, elle voulait son vrai prénom, Opalyne. Parce que ça faisait tellement plus sophistiqué !!! ET tout le monde le sait, les filles, les vraies (pardon les femmes, même !) sont sophistiquées. Il était temps d’entrer dans une nouvelle phase. C’était là sa décision du jour. Elle allait être si époustouflante que Corey allait s’en mordre les doigts de l’avoir ainsi abandonnée !!!! Et tant pis pour lui !

Ce qu’il fallait savoir, c’était que la rouquine faisait plus âgée qu’elle ne l’était en réalité. Pas qu’elle ait un visage ‘vieux’ ou quoique ce soit de ce genre, non. Mais elle était grande. Très grande, pour son âge. Elle mesurait déjà un mètre soixante douze alors qu’elle allait sur ses quatorze ans dans moins de trois mois. La rouquine n’était pas du genre à complexer pour sa taille, au contraire, elle comptait en tirer avantage ! Elle soupira et reprit :

« Merci de m’avoir remonté le moral. Tu es un chouette type Eliot ! »

La sorcière offrit un sourire à son aîné. Oui, il était vraiment super gentil.

Il n’en fallait pas plus pour que Lyne reprenne du poil de la bête : s’auto persuader c’est bien, mais s’entendre dire d’une tierce personne (qui plus est qui ne compte même pas dans ses amis et est donc censée être plutôt objective dans l’affaire) c’était encore mieux. La rouquine offrit donc un sourire, un vrai, à son aîné de Poufsouffle qui était, mine de rien, arrivé à temps pour lui redonner le moral. Oui, elle allait trouver un garçon bien mieux que cet imbécile de Corey Heap ! Un plus beau, un plus gentil, et moins stupide ! Oh et plus beau aussi (comment ça, ça a été déjà di ??? On peut bien insister sur les choses fondamentales tout de même, non ???)

Et alors que le jeune homme s’étonnait du fait que sa cadette connaisse son nom (à défaut de le connaître personnellement), la Rouge et Or répondit avec un petit sourire :

« J’ai une très bonne mémoire des noms. Et puis tu es un garçon. J’ai toujours mieux mémorisé les garçons… Et Poudlard n’est pas si grand que ça, on fait très vite le tour de ses occupants. »

Sans oublier que la sorcière n’était pas du genre à ne pas laisser traîner ses oreilles (et ses prunelles) dans les couloirs… Et alors que le Jaune et Noir la complimentait sur son prénom, la sorcière ne pu que sourire d’avantage. Décidément, elle avait bien fait de jeter son surnom gamin au placard ! Maintenant, elle n’était plus une petite fille, mais une jeune fille (et il y a là une GRAAAANDE différence !). Adieu Lyne, bonjour Opalyne. C’était bien plus classe tout de même !!

« Merci ! »

La rouquine ne pu que sourire encore, tandis que le jeune homme parlait des résultats obtenus en voulant lui remonter le moral. Pour marcher, on pouvait en effet dire que ça avait marché. Rayonnant sous un tout nouveau jour, la sorcière souffla :

« Tu es doué en tout cas pour redonner le moral. »

Et pour ce qui était des espèces animales, l’adolescente pouffa :

« Moi non plus je n’y connais pas grand-chose ! Ce que je trouve dommage, c’est qu’il n’y ait pas de signes… On m’a di que c’était méchant, mais je trouve que c’est un animal magnifique… »

Certes, il y avait les cannetons qui étaient super mignons, quand même, dans l’histoire. Lui suivant du regard, elle ajouta donc :

« Mais les bébés, et pour n’importe quelle espèce, sont aussi tous super adorables… »

Puis il fit une démonstration (plus que réussie) de ricochets. Admirative, la rouquine observa le lancer. Elle-même n’avait jamais essayé de faire ce genre de chose (les surfaces aquatiques elle avait plutôt tendance à les éviter). Aussi lança-t-elle la pierre comme on lance normalement une pierre et cette dernière s’en alla couler misérablement dans le lac. Déçue la jeune Lionne observa son aîné, étonnée :

« Comment tu fais ? »

Après tout, l’art des ricochets s’apprend comme n’importe quel autre art, non ?

Du point de vue d’Opalyne ce n’était pas si étrange que ça, qu’elle connaisse tous les noms des garçons de Poudlard. Evidemment, elle avait avant tout retenu les plus mignons, comme Caleb, Emeric, ou encore Camille… Après, tout naturellement, les autres prénoms s’étaient greffés sans trop de difficulté. Pour les filles, elle ne retenait que les ennemies potentielles et ses copines. Les autres l’importaient peu… Ceci étant, elle ne tenait pas spécialement à passer pour une folle, donc elle s’abstint de préciser ce genre de détails à son aîné et se concentra plutôt sur le sujet suivant, les canards : bien moins risqué, pour son image !!!

« Ha bon ? Je ne savais pas qu’on les tuait pour leurs plumes… je pensais que els plumes venaient d’animaux morts naturellement… »

Naïveté quand tu nous tiens… C’était triste tout ça… En règle générale, la mort des animaux (enfin la mort tout court, même) n’était de toute façon pas un sujet très joyeux… La lionne se mit à rire quand il compara l’animal à l’humain :

« Je ne suis pas persuadée que les bébés soient les plus mignons ! Ils pleurent tout le temps… »

Bon, ok quand ils ne pleurent pas, il sont plutôt mignons… mais bon, c’est gênant cette manie qu’ils ont à râler sans cesse !!!! La question d’Eliott amusa Lyne. Qu’il lui demande comment elle était, étant jeune montrait bien qu’il ne la prenait pas forcément pour une gamine et ça faisait très plaisir à la sorcière. Elle ne supportait pas, du haut de ses treize ans, qu’on lui dise qu’elle était une gosse. Elle réfléchit posément à la question… Comment était-elle, étant enfant ?

« Je ne sais pas trop… Je crois que j’étais sage… Plus que maintenant, en tout cas… »

Ca, elle en était persuadée. Parce qu’elle avait pété les plombs et avait tout envoyé valsé il y a peu. Avant, elle laissait les choses passer, sans rien dire… Puis la goutte de trop avait été versée et ce fut l’apocalypse. Elle repoussa ces souvenirs au loin. Elle n’aimait pas penser à ça… Elle se concentra donc sur les ricochets avec plaisir. Elle écoutait tous les conseils du Poufsouffle avec grand intérêt. Elle suivit la démonstration, impressionnée et prit avec un sourire la pierre que lui tendit le jeune homme, espérant que cette fois ci, elle s’en sorte mieux… Elle lança la pierre bien plate et observa… Deux ! Elle en avait fait deux ! Certes ce n’était pas aussi impressionnant que ceux d’Eliott, mais c’était toujours ça…

« Oh !!!!! Super, tu as vu ???? Tu as vu ??? J’en ai fait deux !!!! »

Elle partit immédiatement à la recherche d’une autre pierre plate pour essayer d’améliorer son score. Puis, après quelques lancers, elle réalisa que le ciel commençait déjà à s’assombrir.

« Ho… Le temps est passé si vite… je vais devoir rentré, faut que je me douche avant le dîner… »

Elle sourit à Eliot :

[b][color=#EA005E] « En tout cas merci… Pour tout. »

Oui, il avait été d’un sacré réconfort mine de rien. Et cette leçon de ricochets avait été très amusante en plus !!!! Elle lui sourit et le quitta, le cœur plus léger. Corey était repoussé dans une autre partie de son cerveau, elle n’était plus triste.


-FIN POUR OPALYNE-