Sois ma prof.

La troisième année de Tamarah était pour le moins mouvementée. Ceci dit, ce genre d'affirmation n'a plus vraiment de sens lorsque l'on est un sorcier qui fait ses études à Poudlard. La jeune lionne se refusait de considérer que croiser des fantômes fasse partie du quotidien. D'ailleurs, combien d'élève faisait des cauchemars? Quand on arrive à 11 ans dans ce genre de lieu par forcément rassurant, croiser Nick quasi-sans-tête exhiber sa blessure, il y a de quoi flipper. Ceci dit, ce n'est pas le propos.

Friday, à l'instar des autres élèves, s'étant prise en tornade de plein fouet et avait vécu les disparitions successives de certains élèves. Oh, en soi, elle l'avait plutôt bien vécu ce qui pourrait sûrement traduire un état mental assez défaillant, comment peut-on bien vivre de se bouffer une tornade. Ce qui dérangeait le plus la rouge et or, c'était la manière dont elle avait traversé ces moments. Qu'avait-elle fait? Pendant la tornade, elle avait plaqué un élève au sol pour le protéger puis avait organisé les jeunes pour déblayer le passage pour évacuer les blessés. Le ménage? Sérieux? Glorieux ça. Les anciens avaient lancé des sorts et sauvés la vie de tous ceux qui se trouvaient dans la serre et elle, ce n'était pas sa baguette qu'elle avait agité mais un balai? C'est quoi c'te scénario? Pour enfoncer le clou, lorsque les élèves disparaissaient comme par magie, ce qui était probablement le cas d'ailleurs, elle avait fait quoi encore? Elle jouait les nounous? Non mais sérieux quoi… Elle était préfète, sa place était avec les profs à chercher la cause des disparitions ou de patrouilles dans les couloirs à la recherche d'un intrus. Certains élèves l'avaient fait, elle en était sûre, et elle, elle accompagnait les demoiselles aux toilettes ou leur rappelait qu'il ne fallait pas se promener seul et que les seuls endroits vraiment sûrs sont les salles communes et la grande salle de l'école. A-bu-sé. Elle, Tamarah Filean, dite Friday, jouer les baby-sitter? N'était-ce pas elle qui s'était fait connaître non pas par ses qualités de préfète mais pour être l'une des batteuses les plus hargneuses sur le terrain? Elle qu'on imaginait toujours une batte à la main alors qu'elle n'avait pas volé depuis près d'un an? Elle qui tenait tête à tout le gang de Spencer? Elle qui brisait les codes sociaux en allant au bal en jean/t-shirt accompagnée d'un élève très impopulaire? Bah si, c'est bien elle qui se retrouvait à se retrouver totalement inutile et impuissante. Ca, ca lui tuait le moral.

Plus le temps passait et plus elle remettait en cause son statut de préfète. A quoi bon pouvait lui servir d'avoir le poste si elle ne pouvait protéger personne. Si on l'avait choisie, ça devait bien être pour cela, personne n'irait imaginer que la directrice ait vu en elle une formidable guide touristique pour les nouveaux élèves. Cependant, remettre en cause son poste, ça signifie aussi le quitter si on ne le mérite pas et ça, Friday n'est pas non plus du genre à le vouloir. Premièrement, elle n'est pas vraiment du genre à abandonner, dans sa vision des choses, on se bat ou on se fait battre. Deuxièmement, elle s'y était attachée à son rôle. Il y avait surement tout un tas de ses prédécesseurs qui se taperaient la tête contre les murs en la voyant mais elle faisait ce qui lui paraissait juste. Troisièmement, bien que négligeable, elle aimait le prestige du poste. Elle n'était pas juste une petite orpheline qui agitait une baguette, elle était l'une des deux personnes qui surveillaient toute la maisonnée des Gryffondors. Donc, pour résumé, elle ne voulait pas partir et elle ne voulait pas être une préfète inutile. Il fallait donc réagir.

Elle fouilla la salle commune des Gryffondors et fondit sur sa cible.

- Hey, Silah. Je peux te parler? De préfète à préfète.

Tamarah emmena sa collègue à l'écart des oreilles.

- Je ne sais pas si tu te souviens de la tornade à la serre. Enfin, si tu t'en souviens, forcément, ce n'est pas ce que je veux dire. Enfin, je ne sais même plus si tu y étais toi aussi. Bref, on s'en fout. Je voulais te demander un service. Depuis que je suis préfète, j'ai l'impression de ne pas servir à grand chose. Pendant la tornade, je n'ai rien pu faire. Pendant les disparitions, je n'étais pas plus utile. Je ne suis qu'en troisième année, je ne connais pas vraiment de sortilèges qui peuvent être utiles pour protéger les autres.

Elle hésita un instant. Elle appréciait Silah mais ce n'était pas dans sa nature d'avouer une faiblesse et demander un coup de main à quelqu'un. Les vieilles habitudes ont la vie dure.

- Est-ce que ça te dérangerait de… euh… m'aider. Tu vois? M'apprendre quelques trucs quoi… Pas tout de suite, tout de suite, hein. Si t'as pas le temps, on peut faire ça ce soir, demain ou ce week end. Ou plus tard. Enfin, c'est toi qui vois quoi.

Restait plus qu'à avoir l'accord de Silah et de filer dans la salle sur demande si elle acceptait.