Quand Kaïn rentre au pays et qu'il essaie de reprendre une vie normale.
Partir, se dire qu'on ne reviendra pas. Disparaître et imaginer que notre route ne croisera plus celle des gens qu'on a un jour connu. Lorsque Kaïn a quitté Poudlard, sa vie a commencé à changer. Repérer, devenir célèbre, laisser le skate, confier sa vie à son agent. En quelques mois, il est devenu un mannequin et il a dû tirer un trait sur sa vie. Sur tout. Ne l'a-t-il pas un peu voulu ? Le nier serait mentir, ça au moins, il en a conscience. Mais il aurait dû s'abstenir. Sa carrière a décollé au Japon, c'est là qu'il est resté pendant tout ce temps, pendant toutes ces années. Mais aujourd'hui, que lui reste-t-il ? Sa notoriété bien sûr, mais il a besoin de souffler, besoin de retourner en arrière, de reprendre un peu les choses en mains, de teste cet ancien monde, même s'il reste persuadé que ce n'est pas une bonne idée. Il rentre en Angleterre, sa mère en pleure quand son regard se pose sur lui. Elle a trouvé un nouveau compagnon. Il ne le connaît pas et le snobe, en plus. Il ne s'y intéresse pas.
Sauf que son retour, il ne le fait pas que pour revoir ses amis, ou sa famille. Il sait qu'il n'y a plus d'espoir, l'eau a coulé sous les ponts, beaucoup trop d'années, en plus. Et il a perdu Keira à jamais. Mais il persiste à croire parce qu'il est resté un peu rêveur. Physiquement, il a changé, il se demande si elle le reconnaîtra. Quelques tatouages, beaucoup plus de muscles parce que son agent disait que ça lui irait bien, des cheveux plus courts. Et puis, il approche de la trentaine le pauvre. Il a encore bien du mal à l'admettre. Il préfère éviter d'ailleurs, ça lui semble plus facile. Dans sa tête, il a toujours vingt ans, de toute façon.
Il apprend où elle habite par hasard, en traînant, en posant quelques questions, en allant dans leur ancien appartement dans lequel, bien sûr, elle ne vit plus. Il se demande ce qu'il fera, s'il croise l'homme qui a pris sa place dans le cœur de la belle rousse. Parce qu'il n'a pas de doute, il y a forcément quelqu'un, belle comme elle est. On ne prend pas toujours les bonnes décisions, et lui, il a fait la plus grosse bourde qu'on ait pu imaginé. Il l'a laissée derrière lui, et il est devenu, par la même occasion, le plus gros débile du monde. Et c'est justement ce qui se trouve être compliqué et difficile à supporter. Et il s'en voudra sans doute pour toujours. Mais il préfère ne pas s'attarder sur le sujet, il préfère se dire que ça ira, même si cela ne fonctionne pas comme ça.
Là, devant sa porte, il passe une main dans ses cheveux, il va même jusqu'à renifler son aisselle gauche rapidement pour être sûr d'avoir pensé à mettre du déo. Si son agent le voit, elle va le bouffer. Voilà l'image qu'il donne aux paparazzis s'il y en a. Mais il s'en fout, il a pris une année, il se pose, et il réfléchit. Peut-être que dans un an, il ne reprendra pas le boulot. Mais il n'en sait rien. Ca attendra. Alors il finit par frapper à la porte et baisse presque aussitôt la tête, tant il a honte.
Le temps passant, les blessures finissaient toujours par cicatriser. Même si initialement tout semble être insurmontable, si la douleur semble perdurer et ne jamais diminuer, le temps finit toujours part tout apaiser. Keira l’avait compris. Elle avait eu bon nombre de déboires dans sa vie. Elle était très émotive et avait, par conséquent, toujours beaucoup souffert quand ses histoires s’étaient terminées. Toutes autant qu’elles sont. Cela faisait un petit bout de temps à présent qu’elle n’avait plus eu un copain (comprendre relation sérieuse). Depuis Kaïn, il avait un peu arrêté d’y croire et de toute façon, elle n’avait trouvé ni l’envie, ni la force de se battre pour essayer de garder quelqu’un. Ils avaient pourtant vécu une très belle histoire tous els deux ensemble. C’était romantique, c’est tendre, c’était aussi intense. Mais il avait fini par disparaître, petit à petit, elle s’était sentie abandonnée, totalement délaissée… Et elle avait fini par partir. Définitivement. Au revoir. Adieu. Leur histoire s’était finalement achevée avec un arrière goût de lassitude.
Keira avait tourné la page assez rapidement après la rupture. Kaïn avait trop cumulé les abscences pour qu’elle se sente mal une fois leur relation achevée. En réalité, elle avait eu mal au cœur une semaine ou deux puis rapidement un sentiment de libération s’était installé. Elle s’était, une fois encore, laissée dévorée par sa relation avec lui et appréciait à présent d’avoir retrouvé sa liberté. Sans jamais l’oublier, parce qu’après tout on n’oublie pas un amour aussi fort comme ça, et ce n’était pas plus mal en soit, elle avait continué à avancer, toute seule.
A présent, la sorcière vivait avec Harrison, en colocation. Tout avait commencé avec un incendie dans son appartement qu’elle partageait avec une très bonne amie à elle et un squat ‘en attendant que ça soit réparé’ chez Harrison. Et finalement, elle n’en était jamais repartie. Elle avait sa chambre, il cuisinait, il la soulait, il racontait plein de bêtises et faisait aussi beaucoup de bêtises… Bon d’accord peut-être pas tant que ça, mais le fait était qu’ils partageaient l’appartement ensemble à présent. Chacun son territoire et Merlin pour tous au milieu de cet incroyable f*utoir.
Harrison étant auror il travaillait la journée généralement, tandis que Keira glandait travaillait généralement plutôt en soirée avec le groupe. CS perdurait, ils continuaient à jouer, faire des concerts… Personne ne savait combien de temps encore Roze, Raphaël, Luc et Keira resteraient ensemble mais pour le moment l’ensemble continuait à tenir la route. Petit à petit, Keira avait arrêté le mannequina, commençant à se faire vieille pour le métier. Si elle posait à présent ce n’était plus que pour l’image du groupe. Elle continuait à composer, et à écrire des chansons. C’était souvent à ça, donc qu’elle passait ses journées, du moins quand la muse inspiration la touchait du bout des doigts.
Quand on frappa à sa porte, elle fut étonnée. L’immeuble était sécurisé, on n’entrait pas comme ça, aussi supposait-elle (naïvement) qu’il s’agissait d’un voisin qui avait besoin d’une chose précise, comme des œufs, de la farine, bref, un truc bien banal à en mourir donc elle décida d’être une peau de vache et de ne pas ouvrir. HAHA !!. Laissant de côté sa guitare elle parti en sautillant joyeusement dans l’appartement, rejoignant la porte qu’elle ouvrit sans hésiter (grande idiote, tiens). La porte s’ouvrit alors sur une sorcière rousse, grande, mince, vêtue d’une robe multicolore avec des motifs indiens. Son sourire se transforma en expression de stupeur quand son regard azur rencontra la silhouette de celui qui était venu jusqu’ici.
Combien de fois est-ce qu'il a imaginé la scène des retrouvailles ? Plein de fois, mais à chaque fois, la durée de l'absence était plus courte. Il est question de six ans aujourd'hui, alors il sait que c'est devenu impossible. Pourtant, il a longtemps cru possible une réconciliation. Il y avait des hauts et des bas mais dans l'ensemble, ça se passait bien. Mais là, tout ça, c'est une toute autre histoire, justement. Il ne peut plus prétendre que tout va bien se passer parce que trop d'années ont filé et qu'il revient un peu comme une fleur, comme si tout allait bien, comme s'il n'avait été absent qu'une journée ou deux. Mais c'est raté. Il est parti six ans. Ca ne s'oublie pas, ça ne se dénigre pas. Et puis, il est parti parce qu'ils n'étaient plus ensemble aussi. C'est un point qu'il a parfois tendance à oublier. Ce n'est pas son déménagement qui a mis fin à tout ça, c'était fini avant, déjà. C'est juste plus difficile à admettre.
Là, devant sa porte, il se remémore certains moments. Tout n'a pas été noir entre vous. Ce n'était pas toujours facile, c'est vrai, mais cet amour, qui unissait ton âme à la sienne, rien ni personne ne pouvait aller contre ça. Sauf lui-même, sauf elle, sauf leurs vies respectives et toutes les contraintes de leurs deux carrières. Et ça, c'est sans doute pire que tout. Là, sur le pas de la porte, il a plutôt l'impression d'être un intrus. Au revoir ces douces pensées qui se profilent à l'horizon, ça ne fonctionne plus comme ça, malheureusement. Il ne peut pas prétendre que c'est facile, parce que ça ne l'est pas et il a peur. Oui, lui, qui n'a peur de rien d'ordinaire. Mais devant la jeune rousse, il perd tout sens alors qu'il sait que l'espoir s'est envolé. Comment pourrait-elle lui pardonner ? Comment pourrait-elle lui faire croire que tout va s'arranger ? Cela ne fonctionne pas ainsi, malheureusement. Bien sûr, quand elle ouvre la porte, il la découvre toujours aussi éblouissante que d'habitude. Elle est belle, elle porte toujours ses robes si étranges qu'il a toujours trouvé mignonnes sur elle. Mais c'est un truc qu'il ne peut plus vraiment dire aujourd'hui, bien sûr. Surtout quand il voit son visage et cette surprise sur ses traits. Elle ne s'attendait pas à le voir et elle espérait voir quelqu'un d'autre. Il n'en doute pas et cela lui fait presque mal. Il se racle la gorge. Dans le fond, il préfère ne pas savoir et il préfère cesser tout de suite d'y penser. Il glisse ses mains dans ses poches, il ne sait même pas quoi dire, limite. « Ouais, j'imagine que tu ne t'attendais pas à ça ». Il sourit, il est quand même un peu gêné par tout ça, il ne sait même pas où donner de la tête dans tout ce bordel. Il se demande alors si elle va le laisser entrer. Et la possibilité qu'elle dise non le fait grimacer et il se mort la lèvre. Il ne veut pas passer pour un con, dans le fond il veut juste prendre quelques nouvelles, bavarder. Elle a longtemps fait parti de sa vie et puisqu'il est de retour à Londres, il a envie de renouer. Et s'il ne doit s'agir que d'amitié, il fera avec.
Ce n’était pas du tout normal ça. Mais alors… Vraiment pas du tout. Keira dévisageait Kaïn sans parvenir à faire le simple calcul de 1+1 dans sa petite tête. L’état de choc était indéniable. Il était censé être mort, ou mutilé, ou… ailleurs, quoi ! Il ne devait pas être là, pas à Londres et encore moins devant sa porte à elle. Ce n’était pas normal, c’était bien trop bizarre et surtout, c’était perturbant. C’est alors qu’elle sut comment réagir. Il parla, elle l’entendit, mais elle ne l’écouta pas. C’était comme s’il avait parlé dans le vide, le son de sa voix avait atteint les oreilles de la sorcière mais ses propos n’avaient pas été interprétés. Et c’est donc ainsi que la sorcière trouva la solution à tous ses problèmes. Rapidement, comme si sa vie en dépendait, elle referma la porte. Oui, comme ça. Sans un mot d’explication, sans même écouter ce qu’il avait à lui dire, elle referma la porte au nez du jeune homme.
A peine eu-t-elle le temps de soupirer de soulagement, se persuadant que c’était une hallucination et rien de plus (pas nouveau que dans sa tête il y a du monde et que la communication n’est pas toujours la meilleure qu’il soit !!), qu’elle rouvrit la porte pour vérifier si son hallucination était toujours bien là. Et oui, Kaïn Haner (ou en tout cas son hologramme fourbe débarqué tout droit de ses pires cauchemars et ses plus beaux rêves à la fois) était toujours là, devant elle, devant cette fichue porte. Dans un élan de panique, elle s’empressa de refermer la porte, la rouvrit, la referma, la rouvrit, le tout au moins trois fois d’affilé en l’espace de dix secondes avant de finalement admettre l’inévitable…elle était foutue, ses hallucinations avaient pris vie pour de vrai. Les zombis à paillette arrivent, Londres tiens toi prête !!!. Kaïn était de retour et devant sa porte… La sienne à elle (et aussi celle de Harrison, mais il ne venait sûrement pas pour lui, ou sinon la rouquine avait vraiment raté beaucoup de saisons, on ne peut même plus parler d’épisode à ce stade !).
« J’y crois pas. »
Elle ne savait même pas quoi lui dire, franchement.
« Je ne comprends pas. »
Que faisait-il ici ? Il n’était pas censé vivre sa vie Merlin seul savait où et ne plus jamais venir dans le coin ? Elle n’aurait jamais dû le recroisé… Ou en tout cas pas dans un cadre de sa vie privée… Potentiellement professionnellement, encore que… mais ça ??? Lui, devant sa porte ??? Ce n’était ni normal, ni rassurant, ni bénéfique. C’était angoissant. C’était triste. C’était douloureux. Il avait tellement compté pour elle. Tellement. Leur relation avait été magnifique. Une haine profonde, puis une amitié et finalement de l’amour. La plus belle évolution sentimentale jamais connue de tous les temps *sort*. Mais c’était fini. Ca s’était terminé assez mal… Et elle ne voulait plus en parler… Pourtant il était ici, devant elle, et elle était perdue.
Lorsqu'elle ferme la porte, il soupire, il se dit qu'il passe pour un crétin et il a également l'impression de n'être absolument pas le bienvenu. On le vire de chez elle, mais c'est normal, ils se sont séparer sur de biens mauvais termes. Mais là, devant la porte close, il se dit qu'il aurait pu au moins obtenir une chance de parler. Il ne veut pas lui faire de mal, il n'a rien de vraiment extraordinaire à lui dire non plus. Il ne veut pas en faire tout un foin, mais il est quelque peu déçu par la situation. Il faut que la situation s'arrange, il veut lui parler. Il ne prétend pas que leur histoire va s'arranger, il n'a pas du tout l'impression que ça pourrait reprendre entre eux, pas après tout ce temps. Même s'il continue à tenir à elle, il n'est plus vraiment question d'amour, il le sait lui-même. Il n'est pas difficile, et il n'est pas non plus du genre à prétendre que les sentiments s'envolent vite. Mais… Six ans, c'est long, et des femmes, il en a connu d'autre. Avec elle, si cela a été très intense, cela a aussi été semé d'embûches, ça n'a pas été facile tous les jours, il ne l'oublie pas non plus. La porte qui se ferme, son sourire qui disparaît mais il fait avec, et il ne va certainement pas s'en formaliser, puisque cela ne sert pas à grand-chose. Ses mains s'enfoncent dans ses poches et il soupire. Il s'apprête à repartir quand la porte s'ouvre une nouvelle fois. Oui, il est toujours là. Envisageait-elle qu'il serait déjà parti ? Sauf que le truc ne s'arrête pas là. Elle ferme à nouveau, rouvre et referme. Le tout à plusieurs reprises sans qu'il ne puisse comprendre. Il ne bouge pas, imagine que la situation va se calmer et qu'elle va finir par arrêter de passer par une folle. Non mais c'est vrai quoi, pourquoi est-ce qu'elle passerait pour une dingue hein ? Cela n'a pas vraiment de sens. Et surtout, la jeune femme semble effrayer là. Il ne veut pas lui faire peur, il veut qu'elle comprenne que tout va bien. Qu'il comprenne que ça ira même si cela n'a rien d'évident. Il ne veut pas lui faire peur mais il sait aussi que ses options ne sont pas très nombreuses. Elle lâche qu'elle n'y croit pas et lui, il hallucine de voir le temps que cela lui a pris de le comprendre. « C'est vraiment si incroyable ? ». Il baisse les yeux, oui, il a été absent longtemps mais malgré les années, il n'a jamais promis qu'il ne reviendrait jamais. Il n'a jamais prétendu qu'il serait absent, parce que ce n'est absolument pas son genre, finalement. Et il ne veut pas que ça change, il en est même parfaitement hors de question, en réalité.
Elle ne comprend pas, c'est normal, il n'a rien à faire là, et il ne va certainement pas se plaindre de ça. Il n'en a pas le droit. Il comprend son comportement et cela ne lui plaît pas. C'est déstabilisant, et détestable, également. Il ne peut pas comprendre lui-même pourquoi il est là, mais puisqu'il est en Angleterre, il n'allait pas se mettre à agir différemment, il n'allait pas se plaindre, non plus. Le jeune homme n'aime pas cette sensation, il n'aime pas ça du tout. « J'imagine. Je suis en Angleterre pour un an. Je suis arrivé hier. Je voulais… Prendre de tes nouvelles ». Il a l'impression d'avoir perdu sa maturité, de n'être revenu qu'un enfant et il ne peut pas en devenir un. C'est déstabilisant, encore une fois. Mais il ne peut pas nier le fait que ce soit normal. Lui-même, il ne sait pas pourquoi il est venu ici mais il n'a pas pu se résoudre à agir différemment parce qu'il se sent bien ici. « Dis-moi si tu veux que je parte ». Il ne compte pas s'attarder, si c'est ce qu'elle veut.
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