[Métamorphose] 2. Les sortilèges de transfert

Rassurée de constater que Susan n'arrivait pas non plus à satisfaire les demandes exigeantes, voire démesurées du professeur McGonagall, Hope lui adressa un demi-sourire : il fallait absolument qu'elles arrivent à faire ne serait-ce qu'un millième de ce qu'on leur demandait, ou elles seraient bonnes à jeter aux cachots... et ce n'était pas une hyperbole, loin de là ! Elle n'osait pas imaginer ce que Rogue leur réserverait, le cas échéant... elles se verraient sûrement obligées d'aider l'infâme professeur de potions à découper de pauvres petites créatures en morceaux, puis à les fourrer sadiquement dans des bocals remplis de liquide jaunâtre... ou encore, et c'était beaucoup plus plausible, Rogue les attacherait par les pieds sur le plafond de son bureau, et placerait un chaudron rempli de potion bouillante sous elles, et les assassinerait sans que personne ne déplore leur mort...

Frissonant à cette seule pensée, Hope répondit sur un ton désespéré :

- Tout juste Auguste, j'ai mis trois plombes et quart à prendre au pif de quoi faire mon exercice, et depuis je rame toute seule, telle une galérienne abandonnée à son propre et funeste sort !

Elle tourna les yeux vers l'endroit où se tenait, quelques minutes auparavant, une pauvre et innocente bestiole qui essayait par tous les moyens de trouver une issue favorable à sa survie, mais n'aperçut qu'une simple feuille d'arbre.

Sa petite soeur Georgia lui aurait alors dit d'une voix pleine de sagesse tirée des contes de fée qu'elle connaissait par coeur, à l'endroit comme à l'envers : " Regarde, Hope, sois heureuse pour Susan, elle a réussi et pas toi, manifeste ta joie et fais la tête toute seule dans ta chambre quand t'en auras l'occasion, sans que maman s'en rende compte ! "
Oui, mais ni Georgia, ni sa mère n'étaient présentes à ce moment là, et Hope décida de ne surtout pas se forcer à sourire de manière réjouie, sous peine de se retrouver avec une expression proche de celle qu'aurait eue le Cavalier sans Tête en tuant ses victimes -si il avait seulement eu un visage-. Mais c'est une toute autre histoire, et la jeune sorcière se prit la tête dans les mains en marmonnant quelque chose comme : " Oui, mais moi aussi, j'ai du sang de blond dans les veines..." lorsqu'elle mesura enfin, et au bout d'un certain temps, la justesse des derniers propos de Susan. Elle releva alors lentement la tête, et pensa, au plus profond de son être chétif et innocent :

* Mais moi, je suis brune... *

Cette pensée eût l'importance capitale d'une révélation indispensable à sa survie dans l'esprit de la jeune fille, et elle se releva d'un bond, prête à affronter les plus grands cataclysmes de la planète Terre et même ailleurs, si besoin était. Elle se prit donc comme de juste le coin de la table de sa camarade sur la tête, mais ne s'en rendit même pas compte, tant elle était absorbée par sa réussite imminente. Elle se dirigea vers sa propre table d'un pas digne de celui d'un conquérant Romain, et pointa sa baguette sur les deux objets concernés en un geste dominateur. Elle murmura alors, avec l'impression que la salle de classe entière, Poudlard dans sa totalité, et même toute la communauté magique s'arrêtait d'un coup pour l'écouter :

- Transfero !!!

La Providence eût la bonne idée d'écouter ses prières silencieuses, et lui envoya ce qu'elle désirait le plus au monde à ce moment précis du récit : la réussite de son exercice de Métamorphose.

Elle retint avec peine un cri de triomphe, qui lui aurait valu un aller simple à Azkaban, et se tourna vers Susan en formant de V de la victoire avec deux de ses doigts vainqueurs . Silencieusement, elle cria à Susan de l'autre bout de la pièce, en articulant soigneusement pour que la chère enfant ( ) la comprenne sans difficulté aucune :

- On est les meilleures, Sue !

Les élèves se mirent immédiatement à travailler. Il est vrai que les sortilèges de transfert étaient un point houleux de la métamorphose et que les élèves mettaient du temps à les maîtriser, en particulier le type inter-espèces. Hélas, les aléas de l'année firent que ces sortilèges ne furent abordés qu'a la toute fin et que les examens portaient sur les sortilèges de transfert. Pour cette fois, une seule solution : l'indulgence... Son regard se fixa surtout sur quelques élèves qui avaient, il faut bien l'avouer un taux de réussite un peu bas. Malgré tout, ils se rattrapèrent un peu par la suite.

« Bien ! Nous arrêterons là pour aujourd'hui ! J'accorde vingt points à tout ceux qui ont pratiqués le sort ! Sachez que les examens porteront sur cela, alors entraînez-vous ! Je serais indulgente dans les notes ne vous inquiétez pas, et nous reverrons cela l'année prochaine ! Au revoir ! »