Elle aurait voulu en mourir.

Je m'appelle Diabalzane Södergren. J'ai douze ans. Je suis née à Shkarkavanov, pas loin de St Pétersbourg, en Russie. Et aujourd'hui, mon frère ainé est mort d'une maladie qui ne devrait même pas atteindre un sorcier. Je suis abjecte, mauvaise, insensible et pourtant jamais je ne me suis sentie aussi mal en mon coeur. C'est d'une profonde injustice. Le seul membre de ma famille qui m'aimait "s'en est allé". Je dois être bien méchante pour mériter ça. Et lui ne méritait pas de mourir, il a trop souffert pour ne pas s'en sortir. Et ainsi j'ai rêvé pour rien. Si tu voulais, Dieu, me faire changer mon comportement, faire en sorte que je sois plus gentille en me retirant le bien le plus précieux, tu te fourais le doigt dans l'oeil. Je n'ai jamais été aussi révolté, aussi haineuse, aussi désenchantée. Tu viens de me faire perdre, en plus de mon frère, la seule chose de bon qui restait en moi, l'espoir. Aujourd'hui je suis plus méchante que jamais et tu sais quoi, tu peux tuer tout ce qui m'appartient, je n'ai plus rien à perdre.

Il n'ai pas de prière plus haineuse que celle que Diabalzane fit ce matin là, assise près de la fenêtre, les poings et les dents serrées, les yeux flamboyants d'où coulaient des larmes d'une tristesse réelle. Elle avait terriblement mal à la tête. Elle enfouit la tête dans ses mains et hurla. Elle se leva brusquement, le visage déformé par la colère et balança la chaise par la fenêtre fermée qui se brisa. Les lampes de chevet allumées s'éteignirent toutes soudainement.

April se rendit au dortoir d'un pas lent, les yeux dans le vague. Elle était fatiguée et les examens allaient bientôt avoir lieu, il lui fallait donc réviser. Elle songea avec fatalisme qu'elle allait galérer pour la métamorphose mais, bah ! Elle se rattraperait en botanique. Son dernier TP avec Isaac avait plutôt été une réussite, et puis elle se savait douée.

*Une bonne douche et... *

Elle ne put finir le cours de sa pensée. Un cri l'y arracha et elle sursauta. Bien sûr, la fillette avait déjà entendu de nombreux cris. Mais là, c'était un cri tellement hargneux qu'elle en frissona. Elle n'arriva même pas à définir s'il était... humain. Un bruit de fenêtre brisé lui indiqua que quelque chose clochait.

*Une fille doit perdre le pédale... le stress des exam' ? Dans ce cas-là, ce serait carrément pathétique de s'énerver ainsi... *

April ouvrit silencieusement la porte et fut étonnée de voir que le dortoir des filles était plongé dans le noir. Un courant d'air lui secoua ses cheveux noirs. La fillette crut voir quelqu'un et elle reconnut à ses cheveux blonds Diabalzane Södergren, la fille qu'elle avait vaguement croisé au lac.
Inutile de lui demander si ça allait, il était évident que non. La demoiselle Swann ne sut quoi dire. Elle n'était pas psy et ce genre de comportement lui passait presque au-dessus de la tête. Simplement, April savait ce que c'était de souffrir. Elle le savait depuis le jour où les hommes en noir étaient venus chez elle.

-Reparo, dit simplement la fillette, la baguette pointée vers la fenêtre.

Une fille entra dans le dortoir. Diabalzane releva la tête, se rendant compte sans étonnement qu'elle avait réussit à faire éclater 10 ampoules d'un coup. Elle reconnut cependant la jeune fille, c'était April Swann, elle ne lui avait parlé qu'une fois près du lac. La préfète de Serpentard étouffait. Elle n'arrivait plus à dire un mot. April répara la fenêtre sans rien ajouter. Diabalzane était quelque part contente que ce ne soit pas Halloween qui soit montée pour se foutre d'elle. Elle se serait fait un malin plaisir à constater que même Diabalzane Södergren pouvait être faible et petite. Très petite.

Je m'appelle Diabalzane et je suis aujourd'hui cent fois plus faible et mille fois plus forte qu'avant.

- Pardon...

Sa voix étranglée avait prononcé ce mot simplement parce qu'elle ne savait pas quoi dire d'autre, ou peut-être pour se prouver qu'elle avait encore la force de parler. Pourquoi les larmes ne s'arrêtaient-elle donc pas ? Pourquoi était-elle obligée de pleurer en fait ! Elle aurait pu se taire. Faire comme si de rien n'était. Elle en voulait à sa famille. Il s'était révolté, il l'avait payé. Pourquoi avait-elle eut droit d'être guérie et pas lui ? Elle poussa un petit gémissement et plaqua une main sur sa bouche. Elle se trouvait tellement ridicule. Elle se laissa tomber à genoux sur le sol et enfouie à nouveau sa tête dans ses bras.

Diabalzane lui dit simplement pardon. April haussa les épaules, pour lui montrer que ce n'était pas grave, puis relança le sort de réparation sur les ampoules des lampes de chevet. La pièce fut de nouveau éclairé mais la demoiselle Swann se sentait mal à l'aise devant tant de détresse de la part d'une telle Sang-Pur que la préfète de Serpentard.
Comment elle ne savait que faire, la fillette s'assit sur son lit, lit toujours fait depuis le début de l'année. Jamais elle ne s'y était pelotonnée. Jamais. L'insomnie était venue d'un coup laprès le choc qu'elle avait reçu lorsqu'elle était petite, et cela empirait. Avant, elle ressentait une légère fatigue. Plus maintenant.

-Ce n'est pas grave, Diabalzane, tu peux pleurer, je te comprends, chuchota doucement April.

Bon, d'accord, la benjamine des Swann ne pouvait pas comprendre pourquoi la Sang-Pur sanglotait, mais elle comprenait parfaitement qu'en colère elle puisse taper une crise de nerfs.

*J'aimerais savoir pourquoi elle pleure, mais ce serait impoli. Moi, je n'aimerais pas que quelqu'un me demande si tout va bien dans ma famille, ce qui n'est pas le cas. Déjà qu'avec cette Elisabetta... je sens que je ne vais pas m'entendre avec elle. *

April resta immobile, le visage éclairé par sa lampe prenant une teinte orangeâtre. Elle paraissait rousse aux yeux rouges ainsi, et celui lui aurait sans doute plu si elle n'était pas aussi songeuse.

Quelque part la présence d'April était réconfortante. Et puis elle avait dit qu'elle la comprenait. Mais c'était sans doute juste pour qu'elle se sente mieux. Elle ne connaissait même pas l'histoire comment pouvait-elle dire qu'elle la comprenait. Quelque chose venait de se briser chez Diabalzane et sans doute ne serait-elle plus jamais la même. Elle allait être une sorte de fantôme d'elle même.

* Fantôme...*

Elle leva la tête et regarda April qui s'était assise sur son lit, un endroit où Diab' ne l'avait jamais vue dormir. Elle était de Sang Pur et elle osait pleurer de la sorte. Si ça venait à ce savoir, quelle honte. Elle lança un regard appeuré vers Swann.

- Tu ne raconteras ça à personne hein ?

Elle tentait de faire sa voix dure mais c'était difficile, elle semblait être une petite fille. Non, en fait elle semblait juste avoir douze ans alors que d'habitude elle semblait en avoir quinze. Etait-ce la vraie Diabalzane. Celle qui aurait été à Poufsouffle si on ne l'avait pas trafiquée depuis sa naissance ?

La détresse de Södergren emplit April de pitié, mais elle se dégagea ce sentiment gênant assez vite. Elle garda un visage de marbre, mais elle ne savait pourquoi elle avait envie de consoler sa condisciple. La voir ainsi lui rappelait Nicolas, son cher Nicolas, qui lui aussi quand il pleurait était déchirant, lançinant.

-Non, je n'irais pas raconter ça, répondit la fillette en regardant Diabalzane dans les yeux. Ce serait bête et inutile.

Elle faillit poser la question qui lui brûlait les lèvres : "Pourquoi pleures-tu ?" De toute façon, elle le saurait bien un jour ou l'autre. Alors que la fillette était en train de retirer ses longues bottes noires, prête à aller dans les douches pour laisser Södergren seule avec ses pensées, un hibou profita du silence pour frapper de plein fouet la fenêtre et la briser de nouveaux, un jeune hibou banal qui faisait partit de l'équipe postale de la volière. Il voleta au-dessus d'April et lâcha une lettre.

"April Swann, Poudlare"

Toujours la même faute d'orthographe. C'était son père. Alors April n'ouvrit même pas la lettre et la froissa entre ses doigts avant de la jeter sur son lit.

-Tu, euh... vas mieux ? demanda-t-elle à Diab', mais c'était surtout pour briser le silence devenu pesant.

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» [PV] On aurait pu se croire tranquille !
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» Peony Lloyd • Roméo doit mourir.