Lettre d'une poupée à un ange

Roze s'était installé sur son bureau en chêne ouvragé, un coussin sur sa chaise pour pouvoir être à bonne hauteur et sa poupée, Suu, prés d'elle, assise sur le bureau sur un autre coussin. Celui de Suu était rose pâle tandis que celui de Roze était d'un rouge profond, toutes leurs affaires étaient dans ces deux couleurs qui les représentaient.

Elle avait sorti un beau papier à lettre de son tiroir et une plume neuve, elle avait décidé d'écrire à son seul ami à poudlard, Michael.

"Cher petit ange,

Comment allez vous ? Vos vacances se passent bien ? Suu et moi sommes rentrée en Allemagne dans la propriété de nos parents et tout va pour le mieux à ce qu'il nous semble. Tout est tranquille, au point que je m'y ennuie unpeu... je n'ai aucun compagnon, les gens me trouvent étrange, je crois que c'est parce que je ne sais plus parler, tant pis pour eux."

Roze suça le bout de sa plume avant de continuer.

"En revanche prendre le thé sur la terrasse est très agréable, j'écoute de la musique classique avec mutty et nous brodons. Je ne suis pas douée pour ça mais j'ai tenter de vous broder l'insigne des serdaigles... je le joins à ma lettre mais ne vous moquer pas !"

Elle jetta un coup d'oeil à sa broderie plus ou moins raté et balança des jambes, elle ne touchait pas par terre...

"J'espère avoir bientôt de vos nouvelles, j'aurais aimé que vous puissiez venir chez moi, nous aurions pu faire un pique nique tout les deux sur les bord du lac.

En attendant votre réponse,

vos dévouées amies,

Roze et Suu Maiden."

Elle roula le tout et le tendit au hiboux que sa mère lui avait prété, elle n'avait plus qu'à attendre.

Michael reçu la lettre et la relu plusieurs fois avant de bien comprendre qu’elle lui était effectivement adressée. Ses vacances se passaient mieux maintenant. Au début, c’était une véritable catastrophe. Dès sa descente du train, sa mère s’était mise à hurler en disant qu’il avait trop maigri, qu’il était trop pâle etc.

Ensuite ce fut encore pire, elle ne comprenait pas pourquoi il ne touchait plus le piano… Son petit ange n’était heureux que devant son piano et soudainement il refusait catégoriquement d’approcher cet instrument qu’il adorait tant avant ?

Encore une fois elle essaya de nombreuses choses, trainant Michael chez un psy, mais il se renferma sur lui même. La première partie de l’été fut catastrophique… Puis lentement, pas la douceur, sa mère aidée de son père parvient à le ramener sur le chemin de la musique petit à petit. En lui faisant écouter des morceaux, puis en lui laissant des partitions qu’il lisait avidement.

Quand il reçu la lettre de Roze, c’était un soir ou pour la première fois depuis 2 mois, il s’était remis à jouer un morceau sans faute et en entier… Il se refamiliarisait avec le piano et petit à petit évacuait sa peur panique qu’un incendie s’empare de son instrument.

La veille il avait été question de Poudlard à table. Depuis le début Michael avait compris que sa mère ne le laisserait pas retourner aussi facilement à cette école. Son père était d’accord avec elle, sa première année lui avait laissé trop de sequelles pour qu’il survive à une deuxième année là-bas. Michael lui voyait l’espoir se reformer à nouveau de rejouer du piano pour un public, de réapprendre tout ce qu’il avait oublié et de consacrer sa vie au piano en entrant pourquoi pas au conservatoire de Vienne, où un professeur avait entendu parler de ses talents et voulait absolument se charger de son enseignement.

L’idée était séduisante, mais Michael ne savait pas trop où il en était. Ses amies de Poudlard lui manquaient terriblement. C’est pourquoi il fut bouleversé quand il reçut la lettre de Roze. Il la décacheta et la sentit un long moment, espérant capter l’odeur de fleur de son expéditrice mais sans succès. Ensuite il la lut et fut vraiment touché par ce qu’elle contenait…

*Mlle Roze, Mlle Suu*

Michael prit le blason cousu main et le posa un moment sur son coeur avant de s’installer à sa table pour écrire la réponse à ses deux amies si chères.

« Chère Mlle Roze, chère Mlle Suu,

je suis si heureux d’avoir de vos nouvelles, si heureux de savoir que tout se passe bien de votre côté. De mon côté ça va mieux maintenant, maman dit que j’ai repris du poids et papa me félicite pour mes progrès au piano.

Le début de l’été a été difficile, ils voulaient de moi une chose que je ne pouvais leur donner. Maintenant je pense qu’ils sont un peu plus contents et j’en suis soulagé. Ma vie redevient plus calme et c’est une bonne chose, mais vous me manquez cruellement, vous deux mes petites fleurs, ainsi que Mlle Toppinen et Mlle Juliette.

Je ne sais pas si je pourrais vous revoir, maman dit que Poudlard n’est pas fait pour moi. Je ne lui ai pas encore dit ce que j’en pensais, je ne parle jamais beaucoup l’avez-vous remarqué ? Par écrit c’est plus facile pour nous deux je pense. Mais je ne veux pas vous ennuyer alors je me tais.

L’année prochaine j’irai probablement à Vienne et ne reviendrai pas à Poudlard. Mais je continuerai de vous écrire à vous deux qui me manquez tant. Je penserai à vous tous les jours et vous aimerai toujours de tout mon cœur.

Michael »

La lettre était un peu cahotique, Michael avait du mal à s’exprimer à cœur ouvert, mais il y avait mis tous ses sentiments. Il fallait que Mlles Roze et Suu le comprennent, il avait besoin de leur accord. Sinon, son esprit ne pourrait quitter Poudlard parfaitement apaisé.

Roze eu bien du mal à comprendre la lettre, c'était assez obscur pour son esprit simple, elle retint cependant une chose : Michael allait quitter Poudlard.

Si elle en avait encore la capacité elle aurait pleurer, mais depuis bien longtemps ses grands yeux bleus ne versaient plus une larme. Elle se tourna vers Suu, l'air triste :

- Il nous quitte Suu, nous jouons de malchance...

Elle monta sur sa chaise trop haute pour elle avec un soupir.

" Cher petit ange,

Votre lettre m'a bien attristé, vous êtes le seul ami que j'ai à Poudlard, cependant comme vous je ne suis pas très adapté à la vie à Poudlard et peut être que si je ne venais pas d'une famille comme la mienne je suivrais votre exemple.
J'espère que vous ne m'oublierez pas là où vous irez et qu'en jouant du piano vous penserez bien à moi et à Suu, vos deux amies allemandes. Nous pourrons continuer à correspondre, il serait bien dommage que notre amitié s'arrête juste à cause de l'éloignement.
Je vous enverrais des photos magiques, ce sera comme si nous étions toujours ensemble.
Prenez bien soin de vous,

En espérant vous revoir durant quelques congés,

mesdemoiselles Roze et Suu Maiden"

Michael avait conservé très précieusement la première lettre qu’il avait reçue de Mlles Roze et Suu. C’était la seule lettre qu’il n’ait jamais reçue, la preuve qu’elles étaient spéciales toutes les deux. Le Serdaigle les adorait, des amies, des petites sœurs… Le vocabulaire ne lui était pas familier donc n’aurait pu préciser ce qu’elles étaient pour lui, mais le sentiment qu’il ressentait pour elle était vraiment fort et elles lui manquaient beaucoup.

Cependant il mettrait un point d’honneur à ne pas les oublier. Après avoir soigneusement rangé la lettre, il avait tenté de reproduire le plus fidèlement possible le visage des ces deux jolies poupées en les dessinant sur du joli papier. Le dessin était plutôt réussi mais il n’était pas entièrement satisfait. Il se promit d’en faire d’autres plus fidèles à la réalité et en attendant chaque soir avant de se coucher et chaque matin en se levant, il redessinait mentalement tous les traits de ses deux amis pour les graver profondément dans sa mémoire.

3 jours après avoir envoyé sa réponse aux deux poupées, il reçut une nouvelle lettre. De même que la fois précédente, il serra la lettre contre son cœur et la décacheta avec beaucoup de précautions. Il relu la lettre plusieurs fois, un mince sourire accroché aux lèvres. Alors que son monde imaginaire était peu à peu en train de se reconstruire, il ne perdait pas de vue ses deux poupées et était en train de les inclure dans son petit monde de rêverie…

Aussitôt après avoir fini la lettre, il s’installa à la même table que précédemment pour leur répondre.

“Mlle Roze, Mlle Suu,

Je suis très attristé de voir que vous n’avez pas d’autres amis à Poudlard, je sais à quel point il est difficile de parler aux autres. Je sais bien que mon handicap est moins important que le votre et que je ne peux savoir ce que vous ressentez réellement, mais sachez que moi non plus je n’ai pas eu beaucoup de personnes à qui parler à l’école, et même maintenant, je n’ai plus que vous deux.

Ici je suis heureux. Je pense à vous et je joue au piano. Parfois je fais les deux en même temps et cela m’occupe beaucoup. J’écris aussi parfois. Je ne suis pas très doué, mais j’essaye… Peut-être un jour j’arriverai à vous écrire un poème un peu joli.

La date de la rentrée approche, et c’est décidé, je vais vivre à Vienne chez un monsieur que ma mère appelle « tuteur ». Ca m’est égal où je vais vivre en fait tant que je peux toujours vous écrire…

Je vous promets de bien penser à vous chaque jour mes amies… Comme ce mot est doux à mes oreilles… Comme vous me manquez. J’espère que nous nous reverrons, comme vous êtes Allemande, l’Autriche ne doit pas être si loin de chez vous ! En tous cas j’essayerai de vous rendre visite dès que je serai prêt. Il paraît que je vais mieux puisque ma mère pleure moins, mais elle dit que j’ai besoin d’un tuteur et que je ne dois pas le quitter. Je lui parlerai de vous et de l’Allemagne.

Prenez soin de vous et apprenez plein de belles choses à Poudlard. Bien affectueusement,

Votre Michael”

Le jour précédant sa rencontre avec Lavande Roze sortit sa plume et son papier et commença sa lettre :

"Mon cher petit ange,

Si vous saviez comme vous me manquez, je suis bien triste sans vous ici, je n'ai aucun ami. Je crois que personne ne comprend que je parle à travers Suu, ils sont tous bien trop intolérant, il y a même les Serpentards qui se moquent de moi, imaginez la honte que c'est pour quelqu'un comme moi ? Enfin... je ne les écoute pas, Suu et moi nous nous suffisons. Vous êtes un ami très précieux et je suis déjà satisfaite de correspondre avec vous, je pense n'avoir besoin de rien d'autre pour être heureuse.
Maman m'a envoyé de délicieux gateaux il n'y a pas longtemps et j'aurais voulu que vous puissiez les gouter mais comme ce n'est pas possible je vous ai déssiné la salle commune avec le plateau de gateau. Je vous en amènerez lorsque j'aurais reçu l'autorisation de mère à venir vous voir à Vienne. J'espère l'obtenir mais elle prétend que je suis encore trop petite, il est vrai que je n'ai pas pris un seul centimètre depuis quelques années déjà. Peut être suis je une naine ? Mais ne dit on pas que plus c'est petit plus c'est mignon ?
Toujours est il qu'à ce sujet je vous tiendrais au courant mon très cher ami, je vais vous laisser sur cette lettre trop courte en vous en promettant une autre très bientôt.

Roze et Suu Maiden qui vous embrasse bien fort."

La lettre ne fut envoyé que quelques jours plus tard par une camarade de Roze et ce à sa demande expresse et écrite. Bientôt elle aurait encore d'autres choses à lui dire...

Si Michael n’avait pu répondre plus tôt, c’est qu’il avait été extremmement occupé. Son tuteur était très protecteur mais aussi très exclusif et possessif. Il consacrait tout son temps à l’ancien Serdaigle et essaya d’achever son éducation comme il pu mais surtout en le faisant travailler des heures derrière son piano. Enchainant les récitals, Michael commençait à être connu à Vienne et il commençait à recevoir du courrier de fan…

Son tuteur était fou de joie devant la nouvelle petite renommée du blondinet mais Michael n’en avait que faire et refusait de répondre au courrier tant qu’il n’aurait pas répondu d’abord à ses amies Mlle Roze et Mlle Suu… Il pensait toujours énormément à elles, au moins une fois par jour mais une nouvelle crainte naissait dans son esprit : il n’avait rien d’intéressant à leur raconter. Depuis que son emploi du temps ne le lui permettait plus, il n’avait que très peu de temps à consacrer à rêver et à son monde imaginaire.

*Elles ne m’aimeront peut-être plus quand elles sauront ce que je suis devenu*

Mais jouer du piano lui procurait un tel bonheur qu’il ne pouvait envisager d’arrêter… Le problème se résolva de lui-même quand Michael se cassa le poignet gauche en tombant dans un escalier. Son bras dans le plâtre il eu de nouveau plus de temps libre et prit son courage à deux mains enfin à une plutôt, celle qui n’est pas cassée et écrivit à Mlles Roze et Suu.

« Vienne, 1er Novembre 2007,
Mlle Roze, Mlle Suu,

Comme je suis désolé de ne vous avoir donné de nouvelles plus tôt et comme je m’en veux. Je n’ai jamais cessé de penser à vous soyez en sûre, mais à vrai dire j’ai eu un peu peur de vous écrire. Ma vie ici n’est pas très intéressante, bien sûr je l’adore puisque je passe beaucoup de temps au piano, mais rien ne change beaucoup. Mon tuteur m’a laissé un peu de repis car je me suis cassé le poignet… Rien de grave, mais je ne peux plus jouer pendant 2 mois, j’ai peur de beaucoup m’ennuyer, j’espère trouver de nouveau l’occasion de vous écrire.

Mlle Roze tu dis ne pas avoir grandi ? Moi j’ai un petit peu grandi mais les gens continuent quand même de se tromper sur mon âge, c’est assez rigolo… Donne moi de tes nouvelles et envoie moi encore de tes beaux dessins, j’ai accroché le dernier sur ma porte et tout le monde l’aime beaucoup ici ! Si ils savaient de quelle personne merveilleuse il vient ! Et Mlle Suu es-tu toujours aussi sage ? Je sais que vous prenez soin l’une de l’autre et je ne suis pas inquiet. Je vous embrasse très fort et vous envoie toute mon affection.

Votre tendre, Michael. »

Roze reçu la lettre de Michael et elle fut frappée de stupefaction : elle avait totalement oublié de lui raconter ses aventures ! Il fallait qu’elle s’y attelle, tant de mois avaient passés depuis sa dernière lettre…

Elle sortit plume et parchemin neuf et commença à rédiger cette missive de la plus haute importance.

« Cher petite ange,

Beaucoup de choses ont changés depuis ma dernière lettre mais je pense que par esprit de clarté je me dois de faire les choses dans l’ordre. Suite à mon dernier envoi j’ai eu une grave crise (certain disent de folie, moi je dirais plutôt de peur) qui me fit tomber dans un profond coma de deux mois. Je vous rassure tout de suite je vais maintenant bien mieux ! A mon réveil j’ai réalisé que ce n’était plus la peine pour moi d’avoir peur et j’ai donnais aux adultes les preuves que mon prétendu médecin traitant était bien le tueur de ma nurse… Je ne sais pas pourquoi mais subitement, ce matin là, j’ai cessé d’avoir peur. C’était cette crainte qui faisait que je ne parlais qu’à Suu mais maintenant je peut aussi parler aux autres. Je crois que Suu est un peu jalouse mais je dois grandir et évoluer moi aussi… Je reste très petite mais j’ai finalement grandi, mes cheveux ont beaucoup poussé aussi et mutty n’a pas eu le cœur de les couper.
Bref, maintenant je suis en troisième année, je ne parle toujours pas énormément, plus par peur mais parce que je n’ai plus l’habitude de parler aux autres et puis je n’ai pas changé vraiment d’idée… Suu me suffit et les quelques personnes que je côtoie aussi. Les préfets me donnent des cours particuliers pour combler le manque de mes absences et je pense être une bonne élève.
Pourtant à vous je peux le dire une part de moi craint encore cet homme… il me hante la nuit… parfois je crains qu’il ne vienne exécuter sa vengeance… surtout que c’était il y a peu son procès en appel et le résultat n’a pas encore été prononcé.
Bref cette lettre se fait longue et je pense devoir la clôturer mais je vous envoie ci joint une photo de Suu et moi même cet été, vous pourrez ainsi voir combien nous avons changer !

Mesdemoiselles Suu et Roze Maiden, avec toute leurs amitiés. »

Elle fouilla dans ses affaires pour trouver la dites photo et une fois entre ses mains elle l’examina... depuis que tout était réglé ses parents prenait beaucoup soin d’elle. Sur cette photo elle rayonnait et pourtant il y avait toujours la peur, la peur suintante.. mais elle luttait contre chaque jour, elle devenait raisonnable… mais parlait toujours à Suu. Elle cacheta la lettre et la donna à son hiboux qui s'envola la porter en d'autres cieux.