-° Si seulement je pouvais l'oublier °- [PV]

La vie était rude en ce mois de Novembre. Le froid de l’air et le frais des pelouses n’arrangeaient en rien les choses, déjà si compliquées. Vous allez en avoir marre de vous entendre - ou plutôt lire - conter cette tragique histoire qui à la longue fait figure de réchauffé, mais comment voulez vous comprendre autrement ? Reprenons donc dans l’ordre chronologique. L’année précédente, Lukas était amoureux d’Aelita Stones, et fut rejeté. Le jour de la rentrée de cette année, alors qu’il voulait aller la saluer dans le Poudlard Express, tout ce qu’il y a de plus amical, il la surpris en train d’embrasser un Serpentard, à califourchon sur une banquette, à travers la vitre d‘un compartiment. On se croirait dans les feux de l’amour ? Mais ça va changer ne vous inquiétez pas. La violence du choc psychologique ajouté à une secousse du train le fit tomber et il se fracassa la tête sur le « sol ». Il était dans un état critique. Aussitôt arrivé à Poudlard, il fut conduit à l’infirmerie, et sortit de son coma le lendemain, grâce à la compagnie de Léa O’Gara, une amie.

Cependant, il se rendit compte qu’il avait perdu la mémoire, du moins une partie, et ne se souvenait pas de tas de choses. Finalement, il regagna la vie réelle une semaine plus tard. Ne mentionnons pas le fait qu’il eut le nez cassé par un ami de miss Stones, belles fréquent ations, encore un Serpentard ! Décidemment, elle n’est vraiment pas fière de sa personne. Il vivait caché dans son dortoir, à part pour les cours, et n’avait plus personne, du moins dont il se souvenait, mais s’il avait vraiment des amis avant son accident, ils se seraient manifestés. La seule personne qui le soutenait était Léa, la seule qui ne l’avait jamais abandonné. Et devinez quoi ? Et bien il tombe amoureux d’elle. Comme dans un feuilleton américain à l’eau de rose. L’unique question qu’il se pose est s’il est vraiment amoureux ou s’il se raccroche à elle comme à une bouée de sauvetage…

Cela faisait maintenant plus de deux mois que Lukas vivait comme un ermite, retiré de tout le monde. Où aller sans risquer de voir quelqu’un qui se souviendrait de lui et que… ce serait en sens unique… impossible. Et rester seul, sans bouquins, ne lui permettait pas d’étudier correctement. Or, ses études étaient primordiales, elles étaient tout ce qu’il lui restait à présent, et il fallait qu’il les réussisses. C’est donc le dix-neuf novembre qu’il mit pour la première fois depuis l’année passée un pied dans la bibliothèque, pour un exposé de botanique, matière ô combien détestée.
Il s’assit, seul évidemment, à une table et attrapa Mille et une herbes et champignons magiques dans une étagère à coté de lui. Il se faisait discret, tout petit derrière son bureau, pourvu que personne ne le remarque, pourvu que personne ne le reconnaisse, pourvu que personne ne lui parle… A moins que Léa n’ait envie d’étudier en ce jour de pluie.

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Lukas feuilletait tranquillement son livre de botanique en se disant qu’il avait bien fait de sortir enfin de son foutu dortoir. Certes, rester allonger dans son petit lit douillet à dormir et en révisant allongé sur un bon oreiller bien moelleux… arrêtons de rêver… stop dream… et revenons à nos… cahiers. Alors qu’il se levait, rapportait son livre à la détestable et boutonneuse bibliothécaire Madame Pince pour rattraper cette fois son retard en défense contre les forces du mal - bien qu’en fait Léa lui ayant apporté ses affaires pour qu’il ne soit pas plus encore à la masse -, alors qu’il approchait de l’étagère près de la fenêtre, il vit une jeune fille assise sur une table auprès des vitraux… et c’était Aelita Stones.

Avant de passer devant elle ou mieux encore de la percuter, il fit demi-tour et revint s’asseoir à sa table, meurtri. Il savait maintenant qu’il n’aurait jamais dû sortir, évidemment, comment n’aurait-il pas pu croiser cette sainte nitouche ? Cette allumeuse, navrante par ses fréquentations de Serpentard… Seulement une fois rassit, il n’avait pas son livre. Comment faire sans être vu dans ce cas ? Il se leva et partit de l’autre coté de l’étagère pour attraper l’ouvrage en passant la main derrière celui de l’autre rangée… oui je sais c’est un peu compliqué… bref il avait presque réussi quand il fit un mouvement un tantinet trop brusque…

Du coup, TOUS les bouquins de la rangée tombèrent de l’autre coté ! Madame Pince lui lança un regard noir en montrant ses dents de la toute même couleur (attention les bonbons nuisent gravement à la santé dentaire)… Il comprit donc qu’il était de circonstance plus qu’urgente d’accourir ranger. Mais le problème était que, de l’autre coté, … il y avait Aelita. Trois secondes, deux secondes, une seconde, BANG ! Fonçage, enfin défonçage, Lukas cogna contre une tete blonde, et finit les quatre fers en l’air par terre…

« Oh Aelita… »

Aelita sursauta en entendant le bruit des livres et puis elle sentit le contact de la tête de Lukas contre la sienne, quand elle se retourna en frottant sa tête elle vit Lukas par terre entrain de la regarder. Elle ne savait pas si elle devait rire ou le prendre en pitié, finalement elle ne fit ni l’un ni l’autre elle se leva et attrapa la main de Lukas pour le relever.

Ca va ? Tu n’as rien de cassé ?, s’inquiéta-t-elle en le regardant.

Aelita n’était pas une jeune fille méchante, elle avait un comportement somme toute assez étrange parfois surtout quand elle était en présence d’un certain Serpentard. Tout en aidant Lukas a se relever Aelita se souvient du passage de l’infirmerie.

Au fait, tu éviteras de me broyer la main cette fois, car c’était un peu douloureux, plaisanta-t-elle en lui souriant. Je suis contente en tout cas que tu te souviennes de mon prénom, poursuivit-elle en le regardant droit dans les yeux.

Lukas était un jeune homme séduisant, mais Aelita n’avait jamais était vraiment attirée par lui, même si celui-ci l’avait aimé et lui avait avoué. Elle ne se sentait pas vraiment à l’aise en sa compagnie, il y avait quelque chose chez lui, qu’elle ne savait pas expliquer mais qui lui déplaisait. Elle aimait Miles, il était plus proche d’elle que Lukas, Miles comprenait par quoi elle était passée et tout ce qu’elle avait dû endurer quand elle était plus jeune, chose que Lukas aurait mis du temps à comprendre. Aelita était une Serpentard même si le choixpeau en avait décidé autrement son âme et son cœur était vouée à cette maison.

Lukas se fit aider par miss Stones pour se relever, chose dont il se serait bien dispensé. Il ne voulait être vu de personne, et faire tomber les livres de l’étagère ne pouvait pas être mieux ! Tout le monde se retourna vers lui, il aurait voulu se cacher en dessous de la pile de bouquins, ce qui finalement aurait été très malvenu à la vue du regard noir de la bibliothécaire madame Pince. Regard qui sans aucun doute voulait dire « Grouilles toi de ramasser ces foutus bouquins ou tu n’as plus de cheveux »… mais non Lukas tenait à ses cheveux ! De si beaux cheveux blonds ça ne s’arrache pas ! Enfin bref nous nous égarons… Aelita lui prit la main, et l’aida à se relever, tout en demandant s’il n’avait rien de cassé… la colère semblait monter en lui.

« Cassé ? Non je ne suis pas sensible à ce point, dit-il d’un ton sec. Figures toi que la dernière fois que je me suis cassé quelque chose, c’est quand ton cher ami de Serpentard m’a cassé le nez. Alors évite de faire les mères poules après m’avoir fait tabassé par ton petit ami. Mais dis moi, je n’ai pas bien vu, c’est le même garçon sur qui tu étais à cheval dans le train ? Allez va-t-en si c’est pour encore me faire souffrir ! »

Puis elle lui rappela le doux souvenir de l’infirmerie, lorsque Lukas commençait à sortir de son coma, et que cette démone était venu se moquer de lui. Dans son état, le seul moyen de la faire partir était de la faire souffrir… en lui écrasant la main. Elle termina par une note d’humour, ahah très drôle, il se souvenait de son prénom !

« Si je t’ai serré la main ma pauvre c’est que venir pour savourer ton œuvre, de faire le malheur, n’est pas quelque chose de très agréable figures toi. Si c’était douloureux, c’était normal, dit-il d’un ton dur, et si j’avais pu j’aurai serré encore plus fort ! Ton prénom, j’aurai du mal à l’oublier, tu es la seule personne que je hais plus fort que je l’ai aimé… et pourtant, je t’ai tellement aimé… »

Il baissa les yeux. La pression retomba, il n’arrivait plus à répondre avec tant de puissance… L’émotion arrivait en paquets de dix… et il se souvenait de ce soir, où elle lui avait dit qu’elle ne l’aimait pas… il avait vidé toutes les larmes de son corps…

« Je suis désolé… murmura-t-il, se dégonflant, une larme lui venant à l’œil. Je ne t’ai toujours fait que du mal… je… je t’aime toujours, et je te hais en même temps… »

Il s’approcha d’elle, et déposa un baiser sur ses lèvres roses… elles étaient toujours aussi douces… puis il se baissa doucement pour ramasser les fameux bouquins.

Ce fameux baiser était une bien grossière erreur… surtout si on considère qu’un joli petit sermon venait d’être fait à la jeune Aelita. Son déballage de méchancetés était peut être allé un peu trop loin, bien qu’en fait la plus grande partie était justifiée. Alors quand il accomplit ce fameux acte qu’il regrettait déjà et qu’il avait déjà envie de recommencer, la jeune Serdaigle n’eut aucune réaction franche, certes très étonnée, et sûrement trop prise de court pour pouvoir réagir. Aucune conclusion donc à s’en tirer. Il se demandait si une fois le baiser terminé elle attraperait son visage pour elle-même l’embrasser passionnément… mais cela n’arriva pas. A la place, elle se baissa tout comme Lukas pour ramasser les livres tombés, sans une réaction, sans un bruit, sans un mot, sans une expression de colère, ni de haine, ni de tristesse… enfin rien. Le jeune blond se demandait ce qu’il se serait passé si son petit copain était dans la pièce, ou s’il était entré à ce moment là, au moment fatidique, car sans aucun doute ils devaient cacher leur relation… le scandale avait été assez grand quand Clara Toppinen était sortie avec cet imbécile de Zabini (qui avait cassé le nez de Lukas), sans faire un scandale de plus. Stones et… heu à vrai dire il ne connaissait pas son nom, mais bon, tout cela en première page du journal de Poudlard…

Rien que cela était finalement un moyen de pression… au cas où les tourtereaux voudraient chercher des noises au petit Serdaigle, toute l’école serait au courant de cette indécence. Enfin bref revenons à nos… moui moutons. Le rangement dura cinq bonnes minutes, à la suite de quoi ils se relevèrent et restèrent penauds debout à coté de la fenêtre, alors que madame Pince venait de retirer son regard vers une bande de chenapans ayant mis des miettes de substance douteuse sur Les Animaux Fantastiques. Lukas essaya de briser la glace.

« Tu sais, tu peux aller rejoindre ton… et le mot ne parvint pas à sortir… le rejoindre. Je suis dé… je suis désolé enfin voilà je… m’excuse aussi pour le baiser… même si tes lèvres sont toujours aussi douces… enfin bon c’est sur que ça devait être moins exaltant que ton aventure dans le train… ça c’est certain… tout le monde n’est pas… qui… comment s’appelle-t-il ? Tu sens toujours aussi bon… mais il n’en reste pas moins que je te déteste tu sais, dit-il dans un sourire forcé mais du moins naturel [Complexe o_ô]. »

Il lui prit les mains, les approcha et les baisa tel un gentleman, avant de s’éloigner vers la sortie de la bibliothèque.