Attention ! l'alcool peut nuire à votre santé

La petite pièce discrète dans laquelle étaient évacués les restes de nourriture avait une fois de plus livré comme promis sa manne bi-quotidienne. Le contrat qu’avait passé Dumbledore avec les rongeurs était respecté avec une régularité admirable.

Cette abondance de nourriture avait chassé la famine et assuré la survie de nombreuses portées. Le peuple des rats avait vu sa population multipliée par dix mais aujourd’hui, toutes ces bouches à nourrir consommaient avec une avidité sans faille la totalité de cette provende.

Skiìrt voyait avec inquiétude apparaître de nouvelles bouches dont l’appétit ne pouvait être satisfait. Le spectre de la famine se profilait déjà à l’horizon.

Il commençait à prendre conscience que la population des grignoteurs ne pouvait être limitée que par la quantité de nourriture disponible. La famine serait toujours l’éternel ennemi. Impossible de lui échapper.

Mais son rôle d’explorateur était de trouver de nouvelles sources d’alimentation. Il se refusait à désigner la bibliothèque et ses ouvrages appétissants comme appoint alimentaire car son sens de l’honneur ne pouvait admettre de trahir la parole donnée. Enfin…. sans une bonne raison…

Depuis quelques lunes, Skiìrt avait donc repris discrètement une prospection des sources alimentaires. Venaient en tête de liste les cuisines où la foultitude des elfes faisaient apparaître une incroyable quantité de potentiel alimentaire !

C’est donc à cet endroit que l’aventurier aux longues incisives traînait ce soir…

Il y avait un mystère que personne n’avait jamais pu résoudre à cet endroit. Pourquoi l’armoire bleue était-elle cadenassée quand les elfes quittaient enfin cet endroit fascinant ?

A force d’observation, on avait bien vu qu’elle ne contenait que des liquides contenus dans des bouteilles hermétiquement scellées. Méticuleusement, les informations sur cette armoire-mystère avaient été collationnés.

Lorsqu’elle était ouverte, ses liquides étaient versés par les elfes dans des gobelets qui n’apparaissaient ensuite qu’entre les mains de professeurs… Apparemment, il y avait un interdit qui planait sur l’accès que pourrait avoir les élèves sur ces boissons intrigantes.

Cet interdit s’étendait aux rongeurs ? Ce soir, l’oubli du cadenassage allait permettre à Skiìrt d’amener une réponse à cette question qui intriguait (entre autres) le roi des rats.

Le calme de la nuit s’installa après le départ du dernier des elfes. Après une dizaine de minutes d’immobilité totale, une ombre légère se faufila jusqu’à l’armoire et une patte griffue repoussa la porte, découvrant un assemblage de bouteilles multicolores.

Comment ouvre-t-on une bouteille plus grande que soi ? Pas par une méthode classique, bien sûr… On pousse, on renverse, on casse éventuellement… La première bouteille roula sur le sol, la deuxième aussi, entraînant la troisième. Les grandes dalles de pierre firent rebondir les bouteilles plusieurs fois en leur faisant émettre des harmoniques sonores mais aucun liquide ne se répandit au sol. Il avait peut être eu tort de s’occuper de la rangée du bas ? S’il faisait chuter celles du haut, la casse serait sûrement garantie. D’un autre côté, lécher des débris de verre…. Ah ! une trace humide sous un goulot témoignait d’une bouteille mal fermée.

N’osant pas risquer d’ameuter le voisinage en continuant à répandre les bouteilles, Skiìrt sauta sur le carrelage et renifla le liquide mystérieux.

Pouah ! du poison ? mais non voyons… les professeurs prenaient visiblement plaisir à goûter ces breuvages, même si souvent ils commençaient par des grimaces…

D’un coup de langue timide, le rat tenta sa chance… Ouah ! du feu liquide….

Le feu cessa de brûler sa langue et embrasa son gosier. La boule de chaleur se déplaça et termina sa course dans son estomac.
La sensation était agréable. Brutale au début mais finalement agréable.
Aurait-il le temps de renouveler l’expérience ? Toujours aucun bruit de pas dans les environs…
Une deuxième boule de feu puis une troisième vinrent confirmer l’effet réchauffant de la boisson. Il était temps de partir rechercher… quoi déjà ? ah oui… les sources de nourritures. Oulah ! L’armoire venait de bouger… l’avait-il déséquilibré ? Il fallait décamper de là avant qu’elle ne se casse la figure en écrasant tout sur son passage… hi hi hi ! ca allait faire du dégât ! oups… le sol était drôlement glissant. Evidemment, du carrelage mouillé ça fait patiner.
Paf ! Eh ben, ça glisse même encore plus que prévu ! hi hi hi !

Cela faisait un moment que la jeune fille était dans sa salle commune entrain de réviser et elle n’avait même pas songé à la quitter pour aller manger. C’est naturellement qu’elle se retrouva dans les couloirs de l’école, alors qu’il était vingt heure passé. Elle franchit la porte de la cuisine, un elfe de maison accouru immédiatement en la reconnaissant.

- Bonsoir Miss Stones, voudriez vous des fraises ?

La jeune fille sourit, en effet elle prenait souvent des fraises, c’était son fruit préféré, mais elle fit non de la tête cette fois. Elle alla prendre place sur une petite table et l’elfe lui demanda alors ce qu’elle désirait manger, la jeune fille réfléchit.

- Je prendrais bien.., du blanc de poulet avec de la compote de pommes et de la purée, dit-elle en mordillant sa lèvre inférieure.

L’elfe parti alors vers les fourneaux, la jeune fille fit alors le tour de la pièce du regard, son regard tomba alors sur un rat qui était presque affalé sur le sol. Une bouteille était renversée sur le sol, elle se leva et s’approcha de la bouteille pour en distinguer l’étiquette, elle sourit alors en voyant « Whisky pur feu ». Elle prit une serviette pour prendre le rat, qui commençait à se débattre mais faiblement.

- Doucement ne te débats pas, tu risques de te faire mal et je ne le souhaite pas, dit-elle doucement.

Elle vit alors l’elfe de maison revenir avec son plat, elle alla s’asseoir et posa le rat sur ses genoux, pour ne pas que l’elfe le voit et le chasse de la cuisine.

Skiìrt avait attendu un peu que le sol cesse de bouger. En s’allongeant sur le sol, pattes et queue écartés, il avait remarqué que son équilibre était moins compromis. Ses paupières tombèrent sur une vision tournoyante de la cuisine. Il eut du mal à les rouvrir. Puis à les maintenir simplement ouvertes. L’odeur du liquide s’échappait des pierres…

Vlouf ! L’obscurité s’abattit sur le rat.

Mais la pression qu’il avait sur la tête n’était pas seulement celle de l’obscurité. La désagréable odeur de savon rappelait celle des serviettes de la salle de bain. Ce n’était pas ça. Il manquait le contact pelucheux. C’était un contact plus rêche… Ses paupières étaient maintenant ouvertes. La lumière passait à travers le linge, témoignant de sa faible épaisseur.

D’un seul coup, le mouvement de balancement du château devint énorme. Il était soulevé dans les airs, retourné, brassé. Tout devait être en train de s’écrouler. Il n’entendait rien mais c’était probablement à cause du… vêtement ? …truc dans lequel il était empêtré. D’où tombait-il d’ailleurs ce linge ?

La lumière apparut. Il se rendit compte qu’il avait refermé ses paupières. Deux énormes mains étaient au dessus de sa tête. Les elfes étaient revenus. Il allait finir dans une soupe…. Hi hi hi… oh là ! c’était pas une bonne idée…

Les deux mains se déplaçaient pour arranger le tissu. C’était rigolo. Elles bougeaient en même temps. On aurait dit qu’il n’y avait qu’une main avec une image miroir. D’ailleurs, quand elles passaient franchement sur le côté de sa tête au point qu’il ne pouvait plus la voir que d’un œil, la deuxième main disparaissait… Une main fantôme ? Incompréhensible.

Il crut entendre « Doucement… » suivi de mots qu’il ne comprit qu’à moitié « … mal … souhaite… » Mal ? Ca voulait dire Danger ? Mais cette main n’était pas celle d’un elfe. La voix… l’odeur… c’était un humain. Femelle. Jeune. Une petite sorcière ! Peut-être de celles qui s’amusaient à faire des expériences en cachettes sur les petits animaux qui passaient à leur portée.

Mais c’était lui le petit animal à sa portée. Faut partir ! Pas le temps d’attendre que le plafond finisse de tourner. Il se mit à courir. Fichu linge ! Il ne faisait que s’empêtrer. Ca ne marchait pas. Il s’emmêla les pattes et bascula sur le côté. Roulade ! le linge s’enroula autour de lui.

Boum ! Quel choc ! Il ouvrit les yeux face à des chaussures noires vernies. Ses pattes étaient complètement empêtrées dans le torchon. La jeune fille allait lui régler rapidement son sort à coup de talon. Quel dommage ! Son sang allait gâcher ces jolis souliers… Il aurait bien aimé savoir quel goût elles avaient… Oh la la ! c’était pas bon tout ça !

La jeune fille sentit quelque chose glisser de sa jupe, elle regarda vers le bas et vit l’animal avec la serviette enroulée autour de lui. Elle vérifia que les elfes n’étaient pas présents et le reprit dans ses mains, elle enleva la serviette, de toute façon l’animal semblait assez propre. Il se débattit encore mais cette fois ci avec plus de véhémence.

- Doucement, lui dit-elle en le posant de nouveau sur ses genoux, elle commença à le caresser de sa main gauche et manger de la main droite. Du calme, je ne te veux aucun mal, dit-elle alors qu’un elfe de maison revint.
- C’est bon miss Stones ?
- Très bon
- Voulez vous autre chose Miss ?
- Je voudrais bien un peu de pain, dit-elle en souriant.
- Bien Miss je vous apporte ça tout de suite !

Elle continua a caresser doucement le rat qui était toujours sur sa jupe, un elfe lui remis alors une corbeille de pain, elle en prit un bout prit la mie, la roula en boule et la mit sous le museau du rat.

- Tiens mange, ça te remettra d’aplomb, dit-elle tout en continuant d’avaler son repas pour ne pas que les elfes remarque quoi que se soit. Il faut que tu aies quelques chose dans l’estomac, sinon tu risques d’être malade, dit-elle en continuant de parler au rat.

La jeune Serdaigle était douce dans ses gestes, elle trouvait vraiment le rat adorable, elle le regarda plusieurs fois tout en continuant de manger.

- Quand j’aurais fini mon repas je t’emmènerais dans les couloirs et tu pourras reprendre ta liberté, lui dit-elle.

Surprise ! Pas de bruit écoeurant de rat écrasé… Il avait fermé les yeux pour ne pas voir la semelle s’abattre sur lui mais ses oreilles étaient restées ouvertes.

Il était déjà mort ou bien la jeune sorcière n’avait pas encore décidé de son sort…

Il se sentit soulevé de nouveau. Allons les pattes ! on se dégage… Tout en le tenant par la peau du cou, la jeune fille contribua à le libérer de son entrave. Elle était maligne… elle gardait toujours sa main hors de portée de ses incisives.

Mordre une sorcière, était-ce vraiment une bonne idée ? Ca pouvait être le moyen le plus rapide de finir dans une détonation… Euh … la diplomatie ? bonne idée ça la diplomatie… Surtout quand on est en position de faiblesse. La main avait lâché la peau de son cou et se promenait doucement sur son corps… C’était agréable… Elle vérifiait s’il était suffisamment charnu ? Non… Qu’est-ce que ça voulait dire ? Des avances sexuelles ? euh … non, trop invraisemblable… Une façon de détourner son attention ? peut-être bien…

L’elfe dont il avait entendu la voix se manifesta de nouveau. Il proposa un supplément de nourriture à la jeune demoiselle mais ne fit aucune remarque sur sa présence. La jeune fille lui demanda… du lapin ? ou quelque chose comme ça et il partit immédiatement en lui jetant un regard étrange.

Quelques instant plus tard, il revint avec une corbeille qui sentait le pain chaud (que les humains appellent « pain frais » il n’avait jamais compris pourquoi). L’elfe s’était de nouveau retiré et, depuis l’angle du mur, continuait d’observer dans le dos de la petite sorcière.

Celle-ci le lâcha un instant. C’était le moment de décamper. Euh… le regard de l’elfe laissait deviner qu’il ne pourrait pas passer devant lui sans mal. Finalement, il allait se contenter de survivre encore un petit peu.

La main fine de la demoiselle revint avec une boule blanche. Beeh ! ce pain était trop mou pour être mangé ! Elle voulait faire quoi ? Pour la première fois, il écouta attentivement les sons graves qu’elle prononça (pour lui toutes les voix humaines étaient graves) . Elle voulait le nourrir… Mais il était un rongeur lui ! Il aurait préféré du pain bien dur… Faisant semblant d’apprécier le cadeau, il goûta délicatement la masse molle, salée et encore tiède qu’elle lui tendait. Ne pas trop en manger surtout … on pouvait s’étouffer en gobant de trop grosses bouchées de cette pâte malsaine… L’important était de paraître occupé et de saisir l’instant où il pourrait s’enfuir.

Pas facile car la demoiselle le surveillait régulièrement et l’elfe, à moitié caché dans son dos, ne semblait pas abandonner son poste de surveillance. Etait-ce lui ou elle qu’il guettait ainsi ?

Une fois son repas fini, l’elfe de maison revint immédiatement et demanda à Aelita si elle avait fini de manger, la jeune fille fit alors un signe positif de la tête. Il prit donc les plats et les ramena dans la cuisine, la jeune fille resta assise, attendant que l’elfe revienne.

- Merci, c’était vraiment excellent,dit-elle en lui souriant.
- Ravis que ça vous ai plus Miss Stones, nous sommes à votre service vous le savez Miss, dit-il en se courbant et en apercevant le rat. Qu’est-ce…
- C’est mon rat, je l’ai emmené car il avait faim lui aussi, dit-elle immédiatement en le regardant. Seulement je dois bien avouer que je ne sais pas comme le nourrir, dit-elle d’une voix peinée.
- Oh, attendez Miss, je m’en charge, ne bougez pas !

Aussi tôt l’elfe quitta les lieux, Aelita en profita pour regarder si l’animal allait bien et le caressait toujours doucement sur le dos. Elle mit ensuite deux doigts sur les omoplates du rat et fit comme un léger massage, juste quand l’elfe revient avec du pain dur et des biscuits secs dans un petit panier.

- Voilà Miss j’espère que cela ira, si il vous faut autre chose, n’hésitez pas à revenir, dit l’elfe de maison en se courbant presque jusque par terre.
- Je n’hésiterais pas, ne vous en faites pas, encore merci pour tout, dit-elle en se levant et en prenant le rat, elle le regarda un instant et juste avant de sortir le posa sur son épaule.

Une fois dans les couloirs, elle le regarda un moment droit dans les yeux.

*J’espère que l’envie de lui prendra pas de me mordre*, pensa-t-elle en le déposant par terre.

Aelita vit alors un trou entre deux pierres elle bascula le panier prés de ce qu’elle prenait pour une entrée.

- Voilà tu es libre, sauve toi, si j’y pense, je viendrais te mettre de temps en temps de la nourriture, lui dit-elle avant de tourner les talons et de s’en aller.

Aelita avait soif, elle avait omis de demander de l’eau ou du jus de citrouille pendant le repas, elle avait la gorge un peu sèche et aurait bien bu un verre d’eau.

*Tant pis j’attendrais d’être remontée, jusqu’à ma salle commune, pour boire un peu d’eau*, soupira-t-elle en regardant les escaliers qui s’offrait devant elle.

Ce n’était vraiment pas évident de vivre dans une des tour de Poudlard, les Serpentard ne se doutaient pas de la chance qu’ils avaient de loger dans les cachots de l’école. La jeune Serdaigle espérait ne pas rencontrer de professeur ou de préfet pendant qu’elle grimpait les marches.

*La vie en tant que préfet est nettement plus facile, quand on saute un repas, je pouvais aller facilement à la cuisine et manger sans craindre de rentrer ensuite à la salle commune. Ici, j’ai l’impression d’être comme mon petit ami, le rongeur, tout le temps traquée par des personnes qui ne me veulent pas forcément du bien*, pensa-t-elle en arrivant au 5ème étage.

Une fois la porte de la salle commune poussée, elle soupir, elle était ravie d’être de nouveau dans cette salle et de n’avoir croisé personne durant son périple.

[Fini pour moi^^ et 531 mots^^]