Une dernière larme [PV]

Les rumeurs... maladie propre aux internats et très incisive à Serpentard. Myrielle commençait à en avoir ras la casquette, il fallait qu'elle parle à Dawn. Sa meilleure amie était dans leur dortoir, seule. Parfait. Myrielle ferma la porte, les joues rouges, les larmes aux yeux, apparement très en colère. Ce n'était pas vraiment Dawn le problème, mais elle seule pouvait lui dire où était la vérité. Elle se cala contre l'ouverture et interpella sa camarade : "Dawn ! Il faut que je te parle." Elle savait qu'en tant que préfète elle avait beaucoup de choses à faire mais l'eau pouvait couler sous les ponts que rien y ferait... Myrielle avait été blessée et elle supportait mal qu'on remue le couteau dans la plaie. Surtout quand on y mêlait sa meilleure amie. Myrielle ne niait aucunement une quelconque supériorité de Dawn ou même un surplus de beauté, tout ce qu'ils voulaient, mais l'amour ce n'était pas ça et l'amitié non plus. On ne pouvait pas se moquer d'elle en la comparant à Dawn !

"Ecoute... Je sais que tu es occupée mais c'est important." Son apparence ne laissait pas le moindre doute là dessus mais elle ne s'en rendait pas suffisament compte pour ne pas parler sans rien apprendre à son amie. "Je viens de croiser des cinquièmes années... des filles... Elles se sont moqués de moi. De moi tu entends ? Je n'arrive même pas à y croire ! Des stupides filles, des sangs mêlées sans doute, qui se moquent de moi ! Et tu sais pourquoi ? Parce qu'Isaac sort avec toi paraît il... Et que donc je suis une (je cite) "moins que rien, indigne de ma famille"." Bon, pas qu'en soit le côté digne de sa famille gêne beaucoup la rousse, techniquement parlant elle n'en avait plus, mais tout de même... Ce qui la blessait c'est que vrai ou non, sa préféte et meilleure amie laisse dire des choses comme ça sur elle ! Et pire même si c'était vrai qu'elle soit avec Isaac non seulement elle aurait aimé être tenue au courant mais en plus, non, elle n'était pas une moins que rien ! Elle était elle, c'est tout ! Est ce que Dawn se rendait compte de la conséquence de ses actes ? Sans doute oui mais Myrielle voulait en être sûre. Avait besoin d'en être sûre plutôt.

"Je me sens... vraiment très mal." Tapant du poing contre la porte elle retint d'autres gestes du même genre. La dernière fois qu'elle avait fait une crise de ce type, elle s'était défoncé les poings contre un chêne et en avait été gravement malade. Ce n'était pas le moment, seulement quelques mois plus tard, de recommencer.

"Alors... vraiment... vraiment... je crois qu'il faut qu'on parle." Elle avait baissé la tête pour que Dawn n'y lise pas son trouble. Elle s'était promis quand Isaac l'avait quitté de ne plus jamais pleurer... elle avait un peu déroger parfois mais si son amie la voyait mal alors il ne pourrait y avoir de vrais conversations. Il fallait qu'elle lutte. Elle s'en sortirait c'est sûr, tout ça était si loin... Elle pouvait passer au travers... mais pas seule. Il fallait que malgré tous, contre tout, Dawn soit de son côté et ce même si elle aimait Isaac.

La belle rousse avait l'impression d'être sur le point de défaillir à force de contenir la rage qui montait en elle. Elle se retenait pourtant, tachant de prendre sa respiration et de se calmer le plus possible. Dawn lui demandait des précisions sur les cinquièmes années, c'était sans compter l'associabilité de Myrielle. Elle ne savait pas du tout qui elles étaient... Mais ellepouvait peut être les décrire. Cela étant, elle était tout à fait capable de se faire vengeance elle même, là n'était pas son soucie principal.

"Je ne les connais pas... Elles sont deux, des blondes, enfin l'une c'est une teinture... elle porte leur uniforme de manière assortie... l'une a les yeux verts... l'autre les yeux marrons... ah et elles portent des bandeaux verts ridicules pour tenir leur cheveux." Myrielle continuait à regarder fixement le sol comme si il pouvait lui apporter une réponse à ses questions. Malheureusement ce n'était pas le cas... Tout était silencieux, on entendait pas un bruit autour d'elles, pas même celui d'une larme coulant sur la joue pâle de la rousse.

Elle l'essuya, rapidement, furtivement, comme une faute qu'elle voudrait cacher. C'est vrai, elle ne pleurait pas, jamais, elle se l'était interdit le jour où Isaac l'avait quitté. Il ne la méritait pas et il ne méritait pas qu'elle pleure pour lui plusieurs mois après... Mais son coeur n'était guérie qu'en surface. Toutes les souffrances ne s'apaisent pas d'un coup de baguette magique et cette année Myrielle avait beaucoup souffert.

S'éloignant de la porte, elle se coucha sur son lit, attrapant la photo de Ses parents et celle de Joshua et les posant près d'elle comme pour se donner du réconfort. Maintenant plus mélancolique qu'en colère, elle traça du bout des doigts des lignes imaginaires sur les cadres et leur contenu. Elle ne regardait pas Dawn, elle ne pouvait pas la regarder. Simplement parce qu'il y avait des non dit entre elles. Myrielle n'osait pas demandé la vérité, non qu'elle la craigne, elle avait juste peur de perdre Dawn pour ça. Les rumeurs avaient fini par lui faire croire qu'elle était peut être victime d'un complot, et la part d'elle qui avait tenté de se détruire en janvier approuvait... encourageait... et détruisait... Elle luttait alors mais ne voulait pas que la peine que venait lui faire ces deux filles se lisent dans ses yeux.

Paupières closes, elle soupira, très abattue. "Je commence à en avoir marre... de Poudlard... et de Serpentard aussi. Je veux retourner en France et ne plus penser à cette année pourrie..."

Portant les mains sur son front, elle se rendit compte qu'elles étaient glacés. Une pensée vola vers son prince charmant... mais retomba aussitôt dans les méandres de son chagrin. Trop de choses se passaient dans sa vie, elle voulait un peu de stabilité et aussi qu'on arrête de lui parler d'Isaac...

"Dawn... Je sais que je ne peux pas faire taire les rumeurs... mais ça me blesse... vraiment... Je ne veux même pas me souvenir qu'il existe et tout le monde s'échine à me parler de lui... et avec toi de surcroit. Il faut... que ça s'arrête... Sinon je vais..." Elle ne termina pas sa phrase mais cela devait sans doute ressembler à "exploser".