Janvier… C’était son troisième hiver en Angleterre, mais Penina ne parvenait toujours pas à s’habituer à ces températures extrêmes. Le froid était douloureux, et pourtant il la fascinait. Sentir cet étrange engourdissement qui parcourait tout son corps, recevoir non sans un certain plaisir les rudes coups de la brise glacée, voir les cristaux blancs se former dans ses cheveux si sombres et jusque sur ses longs cils noirs… Et puis la neige… Cette étrange couche blanche qui recouvrait tout et modifiait le monde à sa façon. Ce manteau de blancheur dont se vêtait la terre pour célébrer l’hiver. Etrangement, Penina aimait cela, ces merveilles qu’elle avait découvertes dès son arrivée à Londres. L’avion avait atterri en plein hiver, il neigeait, et toujours la neige serait pour elle le symbole de sa nouvelle vie, de sa vie de sorcière et d’occidentale.
Ainsi, la petite malgache, en ce 6 janvier 1995, par le matin déjà clair, sortit-elle non sans un certain courage affronter les durs assauts de l’hiver. Elle se leva de bonne heure, et se passa de déjeuner. Elle voulait profiter du lever du soleil, voir l’astre rougeoyant s’élever au-dessus du Lac à moitié gelé. Et pour ça, elle pouvait bien manquer un repas, non ?
Elle sortit donc dan le parc. Brrr, il faisait réellement un froid de canard ! Elle croyait bien qu’elle ne s’y habituerait jamais. Comme souvent avant le lever du soleil, il faisait sombre, très sombre, et Penina ne voyait pas à deux mètres autour d’elle. De toute façon, tout était blanc. Tout ? Non ! Un arbre résistait encore et toujours à l’invasion hivernale, et Penina faillit bien heurter cet aventurier courageux, occupée qu’elle était à mettre les pieds à l’endroit où il y avait le moins de neige. Elle aimait bien le froid, mais fallait quand même pas abuser… Et, pas après pas, prudemment, arbre après arbre, très doucement, la petite Poufsouffle parvint enfin sur les rives du Lac. Restait maintenant à trouver un lieu où se placer pour attendre gentiment l’arrivée du soleil. Parce que, si lente qu’elle fût, elle était encore en avance… Incroyable comme le soleil se levait tard, en hiver ! Quel fainéant !
Bref, elle repéra un grand chêne au bord de l’eau glacée, un arbre au feuillage épais qui avait épargné au sol sous ses branches l'agression de la neige assassine. Toujours à pas lents, l’enfant alla jusqu’à lui, ôta sa large écharpe, l’étendit avec application sur la terre glacée, et s’assit, le dos appuyé contre l’écorce, laissant ses pensées vagabonder à leur guise. Elle s’enfuirent bel et bien dans quelque lieu dont Penina ne garda pas souvenir, puis revinrent docilement, semblant estimer le moment propice à une petite mise au point. Eh oui, cela faisait maintenant quatre mois qu’elle était à Poudlard. La vie avançait gentiment, les cours défilaient, Penina apprenait peu à peu à maîtriser la magie. Oh, pas trop vite ! Elle avançait comme le chat sauvage, doucement, mais sûrement, s’exerçant beaucoup, dans la moyenne, ne quid nimis, comme disaient les latins dans leur temps… Ni trop ni trop peu.
Elle songea au Tournoi qui continuait. La première tâche achevée, Potter se retrouvait ex aequo avec Krum. Penina, qui soutenait Cédric, espérait bien que ce dernier remonterait dans le classement lors de la seconde tâche. Oh, elle n’avait rien contre Potter, mais Diggory était à Poufsouffle, et il avait davantage l’étoffe d’un champion que ce maigrichon à moitié imposteur. Penina n’appréciait pas trop les tricheurs, elle il semblait bien que Potter en était un de la pire espèce, quoi qu’il puisse en dire. Il restait encore un mois et demie avant la seconde tâche, et d’ici là, elle espérait que Cédric aurait bien repris ses esprits. Ne serait-ce que pour l’honneur de Poufsouffle, qui n’avait pas remporté de Coupe des Quatre Maisons depuis des années.
Et, tandis que Penina, tremblante de froid mais bien déterminée à résister jusqu’au bout, restait ainsi plongée dans ces pensées légères, une lueur rougeâtre teinta l’horizon. Cela allait commencer. Déjà, le lac reflétait le grenat du ciel, produisant une lumière douce et fascinante, magique en tous points. La bouche légèrement ouverte, prise par sa contemplation, Penina ne sentait plus l’écorce dure dans son dos ni les assauts conjugués de la neige et du vent. Et ses sens étaient si bien absorbés qu’elle n’entendit ni ne vit pas même la personne qui s’approcha d’elle, pas avant en tous cas que celle-ci parvînt à seulement quelques mètres.
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