Quitter Blackstorm Manor ne chagrina pas Alix, au contraire, elle savait qu’une nouvelle expérience, indispensable pour le reste de sa vie, allait commencer. En outre, laisser en arrière l’endroit, où jusqu'à ce moment, s’était déroulée son existence sans joies, ne faisait qu’alléger son âme.
Les adieux de sa grand’mère, Calista, furent aussi froids et distants qu’attendus. Sur ce point Alix ne s’était fait aucune illusion pas plus que sur la possibilité que l’inflexible dame consente à l’accompagner pendant son premier voyage à Londres. Calista Blackstorm se contenta de la considérer, sans un sourire ni un regard bienveillant. Elle la jaugea comme un général passant revue comme si elle espérait trouver un détail inconvenant sur lequel la réprimander. Mais Alix était parfaite, rien à redire de ce côté là. Sa tenue, comme toujours, était soignée et ce jour là la jeune fille avait mis encore plus d’attention pour parfaire son image. Consciente de devoir, pendant un certain temps, de devoir côtoyer desmoldus, elle avait choisi des habits qui ne risquaient pas d’attirer l’attention sur elle . Jupe plissée, chemisier blanc, cardigan bleu…sobrement coiffée avec une demie queue, elle représentait parfaitement la petite écolière qui se prépare pour la rentrée.
Ses bagages, très nombreux, avaient été déjà rangés dans le coffre de la Rolls Royce ; sa grand’mère avait toujours tenu à mener un train de vie particulièrement luxueux qui ne manquait pas de susciter l’admiration et l’envie de beaucoup, ainsi elle offrait aux yeux des moldus, méprisés avec une arrogance olympienne, l’image d’une vieille dame extravagante qui vu sa fortune pouvait se permettre d’être comme l’envie lui en prenait !
Alix n’avait voyagé que deux ou trois fois dans cette voiture et pour cela ne se surprit pas quand, à peine fermée la portière au bas du perron, elle se vit, circulant dans une avenue londonienne. La Rolls de Calista était en fait…un somptueux portoloin !
Dans ce voyage l’accompagnait Gibbs, la secrétaire de sa grand’mère. Femme sèche et pincée, Adeline Gibbs n’était pas moins d’une efficience exemplaire qui était au service de la duègne de Blackstorm Manor depuis des nombreuses années. Sorcière de son état, sans famille ni fortune, Gibbs avait dévoué sa cause à servir Calista Blackstorm avec une loyauté sans prix et une admiration sans limites. Adeline Gibbs s’était donc vue confier la tâche d’accompagner la petite Alix , acheter pour elle toutes les fournitures demandées dans la liste reçue en même temps que la lettre d’admission à Poudlard, la guider dans la visite á quelques lieux d’intérêt et finalement l’embarquer dans le Poudlard Express.
C’est ainsi que la jeune demoiselle Blackstorm, ayant traversé au quai 9 ¾ se trouva face à l’express rutilant. Une foule se pressait sur le quai, partout c’étaient embrassades et adieux plus ou moins émotifs, quelques petits nouveaux, comme elle, se résistaient á laisser leurs mère s’en suivant larmes et mots consolateurs. Alix ne bronchait pas, en silence elle dévorait des yeux tout ce déploiement d’humanité. Une certaine gêne s’insinuait en elle, si peu habituée aux épanchements mais déjà Gibbs lui tendait son luxueux sac de voyage et après une dernière recommandation la poussait presque à monter à bord.
Sans perdre rien de sa dignité de princesse, Alix avança dans le corridor du train où il y avait presque autant de monde que sur le quai, ce qui ne facilitait en rien sa progression.
Tant bien que mal, après avoir eu à lancer quelques œillades glaciales et réclamer, d’un ton très impératif son droit de passage, elle trouva enfin un compartiment vide et avec une vive satisfaction procéda à s’installer pour le voyage .
Cela faisait trois jours qu’elle avait quitté Blackstorm Manor et en ce peu de temps avait eu un bref aperçu du monde qui existait hors de l’auguste demeure. Cette découverte l’avait plongée dans des profondes réflexions, tout était si différent à ce qu’elle avait imaginé. L’éducation donnée par sa grand’mère l’avait préparée pour une vie d’études mais aucunement pour affronter le monde et ses habitants, elle avait mené une vie de cloîtrée, sans aucun contact avec des enfants de son âge, entourée uniquement de domestiques prêts à la servir obséquieusement et de livres…livres qui avaient été son évasion . Et maintenant, elle était seule et devrait se débrouiller, selon son bon critère, pour survivre au sein d’une société inconnue.
Le train s’ébranla, le va et vient incessant d’élèves dans le corridor attira un peu son attention avant que la crainte de voir son refuge envahi ne l’assaille, cette possibilité existait…alors elle sortit un livre de son sac et fit semblant de lire…le titre du bouquin se chargerait tout seul de désenchanter les curieux, s’il y en avait : L’Iliade, d’Homère.
*Pourvu que personne ne vienne, je n’ai pas envie d’avoir à répondre toute sorte de questions idiotes…Comment tu t’appelles ? D’où viens tu ? ..comme si ça pouvait leur intéresser. Hum ! mais tôt ou tard je vais devoir parler avec les autres…quel ennui ! Combien de temps dure ce voyage ?…Je voudrais déjà être á l’école et me faire repartir, selon Grand’mère je risque beaucoup d’aller à Serdaigle ou à Poufsouffle…ou peut être même à Gryffondor…j’espère que non...trop de sang de bourbe et il paraît même que des Moldus…quelle horreur ! Par Merlin…que j’aille à Serpentard comme mon père…mais Grand’mère dit que c’est impossible…je ne suis pas une Sang Pur à 100%…Pourquoi Maman devait elle avoir un ancêtre moldu…pourquoi ça ne pouvait pas être autrement ?…peut être qu’alors Grand’mère m’aurait aimée…un petit peu…*
Même sans vouloir le reconnaître, Alix se sentait un peu dépassée par les événements . Finalement elle céda aux plaisir de la lecture, la jugeant passionnante et ne vit pas les heures s’écouler.
Les exclamations et les courses effrénées dans le corridor l’informèrent que le Poudlard Express se trouvait près de la fin du parcours. Sans perdre le calme, elle revêtit sa robe d’uniforme et s’apprêta à assumer son nouveau rôle. : élève de première année à Poudlard, école de Sorcellerie.
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DONE
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