1er voyage [ouvert à tous]

Ce matin était exceptionnel. Angel n'avait pas très bien dormi tant l'excitation du proche voyage l'énervait. Avec sa mère, elle avait bouclé l'énorme malle où tout son attirail de "parfaite" petite étudiante s'était casé.
Quelle lourde pièce! avait-elle soupiré en s'imaginant déjà en train de porter ce bagage encombrant

Ne t'inquiète pas, avait souri Hariett, demain tu auras une surprise.

Aussi, lorsqu'elle descendit de la chambre qu'elle n'occuperait plus qu'aux vacances, Angel s'attendait à tout mais pas à ça...
Pas de malle, juste un sac était posé près de la porte à côté de la cage d'Alba.

Maman? Qu'as-tu fait de mes affaires?

Je les ai expédiées directement à l'école. Tout ce dont tu as besoin est là-dedans. Ce sera plus pratique pour toi.

Ravie de l'initiative de sa mère, Angel avait rapidement déjeuné en compagnie de ses parents. Elle fut inondée de recommandations diverses sur sa future conduite. Ayant une fille sage et discrète, les Grisham n'avaient pourtant guère de souci à se faire.
Au moment du départ pour la gare, la gorge d'Angel se noua. Une étreinte puissante de son père acheva son séjour londonnien. En route pour l'aventure!

Le trajet en voiture vers Kingcross s'effectua dans la pagaille habituelle de la capitale. Mrs Grisham conduisait souplement quoiqu'elle aurait nettement préféré transplaner. La chatte se montra d'un calme exemplaire en s'endormant, tout simplement. Enfin, elles y furent.

C'est bizarre une voie 9 3/4 avait dit Angel

Hariett avait ri avant de lui donner les instructions nécessaires au passage magique. Ensembles, dès que personne ne les regardât, elles foncèrent sur le mur en courant.
Pouffff, Angel en sortit toute étourdie. Là, devant elle, trônait à présent une splendide locomotive rouge: le Poudlard Express.
Une foule de gens circulait; cela parlait, s'agitait de partout. Incroyable, cette foule bigarrée et bruyante!

Tu auras de la compagnie, rit Hariett.

Je ne vois pas Opal ni Cara! Tu sais... je t'en ai parlé hier.

Elles sont peut-être déjà installées. Tu devrais monter, le départ est proche.

Une longue embrassade plus tard, Angel quitta les bras aimants de sa mère pour aborder un wagon.

Opal trépignait d’impatience. Cela faisait cinq minutes qu’elle et sa mère se trouvaient sur le quai 9 ¾ et cette dernière n’arrêtait pas de donner des conseils de dernière minute. Le Poulard Express, reluisant et magnifique, se voyait assailli par une foule bigarrée et bruyante et Opal désirait à tout prix s’y joindre…si seulement sa mère pouvait arrêter de parler !

-Maman…j’ai compris !!! C’est au moins la cent deuxième fois que tu me dis la même chose !

-Je te connais, Opal…à peine un pied dans le train et tu oublieras tout ce que je t’ai dit !, morigéna Mme.McLane.

-Alors pourquoi te donner la peine de me le dire…

-Tiens ta langue, Opal McLane…elle sera ta perdition !…Allez, monte dans le train, cherche ton amie Angel et surtout, ma chérie…ne fais pas trop de bêtises, ne te bagarre pas avec d’autres élèves et s’il te plait ne raconte pas cette horrible histoire que tu aimes tant !

-Pourquoi ? La ballade du pendu borgne de Ballarat est superbe…je suis sûre que…

-Opal !

-C’est bon…c’est bon!,
mais bien entendu elle chercherait la première occasion venue pour débiter sa macabre petite ballade du pendu borgne.

Les adieux furent rapides,les épanchements les feraient pleurer, alors de commun accord mère et fille les évitèrent . Avant de disparaître dans le train Opal se retourna une dernière fois et adressa un geste de la main à sa mère, qui faisait des braves efforts pour ne pas éclater en sanglots…sa petite dernière quittait le nid …mais la seule pensée d’une vie pleine de calme, sans avoir à subir les sursauts trépidants causés par son petit tourbillon chéri, la remit d’aplomb et c’est avec un beau sourire qu’elle agita la main à son tour.

Avancer dans le corridor du train n’était pas une mince affaire, il y avait un monde fou et il fallut jouer joliment des coudes quand un simple sorry ne suffisait pas. On l’affubla de toutes sortes d’épithètes pittoresques auxquels elle répondit par d’autres de sa propre création , si besoin ,accompagnés de petits gestes explicatifs.
Dans sa cage, Sage faisait des équilibres et mettait beaucoup de sa part pour honorer son nom…ce qui avec une maîtresse pareille tenait assez de l’impossible !

Angel était déjà bien installée et prodiguait des câlins à sa jolie chatte blanche pour la calmer après tous les sursauts de l’embarquement quand la porte coulissa et un tourbillon humain s’engouffra dans le compartiment.

-Hello, Angel…dis donc j’ai crû ne pas arriver…c’est fou ce que ces gens sont débiles là dehors…j’ai les pieds en compote et sûrement une ou deux côtes fêlées , elle posa la cage de son chat sur le siège, enleva son sac à dos et finalement se laissa choir sans aucune grâce face à une Angel, éberluée par cette énergique apparition.

-Bonjour, Opal, dit elle en retrouvant l’usage de la parole…sans aucun doute elle devrait se faire à la façon d’être si folklorique de sa nouvelle copine, c’est bien que tu sois là…je crois que le train s’ébranle !

En effet, le long coup de sifflet marquant le départ leur perça les oreilles. Opal se précipita à la fênetre en essayant d’apercevoir sa mère. Mme.McLane se tenait sur le quai et la cherchait aussi des yeux.

-Maman !!!, hurla Opal à pleins poumons…ce qui ne manqua pas de faire sursauter une bonne douzaine de mères, Maman…bye bye!!!,et pour couronner le tout entama la première strophe d’une chanson d’au revoir dans le plus pur style des Outbacks de sa lointaine patrie. La mère d’Opal éclata de rire…que pouvait elle faire d’autre ? et répondit en chantant doucement la strophe suivante. Une larme discrète mouilla l’œil de plus d’un présent…avec un peu d’imagination on aurait pu se croire au départ d’un convoi de troupes partant pour le front…
Le Poudlard Express s’ébranla lourdement…l’aventure commençait !

Angel soupira…ce voyage promettait !

Les craintes d’Angel quant à la répartition étaient aussi celles d’Opal !

-Ma mère était aussi à Serdaigle…ce serait marrant de découvrir qu’elles ont été ensemble…mes deux frères Matt et Luke ont été l’un à Serdaigle et l’autre chez les courageux Gryffondor…c’est qu’il est si chou Luke…, elle éclata de rire, il m’écorcherait vive s’il m’entendait parler des Gryffonchous d’un ton si peu respectueux.

-Oui…il ne serait pas trop content, admit Angel, j’ai entendu dire qu’ils sont très orgueilleux d’appartenir à une maison si prestigieuse…et surtout maintenant que Harry Potter est là !

-Le Survivant, je veux voir par moi même de quoi il a l’air !, assura Opal rêveusement, en tout cas je suis aussi sûre que je ne veux pas aller chez les Serpys, de toutes façons pas de chance…on est Sang Mêlé…ils ne voudraient pas nous pour tout l’or du monde. Les Gryffondor ne m’accepteront sûrement pas parce que j’ai un caractère de chèvre en déroute aux dires de M. la Perfection alias Luke…le plus probable est que j’atterrisse à Pousouffle parce que pour Serdaigle il faut aimer étudier et ça moi…enfin…on verra bien à la cérémonie…

-Je ne peux pas m’empêcher d’être nerveuse !

-Ben oui, moi aussi, l’idée de me trouver sous ce vieux chapeau qui sait tout n’est pas mon bonheur…espérons qu’il soit de bonne humeur quand viendra mon tour !

C’est le moment que choisit Sage pour quitter sa cage et d’un bond gracieux atterrit aux côtés d’Angel. Alba se redressa, ébouriffée et les deux jeunes filles retinrent la respiration en s’attendant à une suite peu réjouissante mais Sage s’assit et scruta la chatte blanche de ses yeux de sphinx, Alba se calma comme par enchantement et sautant des genoux d’Angel s’approcha de Sage en ronronnant doucement. L’Abyssin ne bougea pas mais émit un miaulent très doux, modulé…on ne pouvait pas s’y méprendre…ces deux là allaient bien s’entendre !

-Ben voilà…pas de doute, on aura pas de guerre de chats !…tu sais, c’est vraiment génial…toi et moi on s’entend bien et nos bestioles aussi…le chapeau a intérêt à nous trouver une bonne maison…ce serait vraiment chouette d’être ensemble…à quelle heure passe le chariot des friandises…j’ai faim !

-Moi aussi, avoua Angel, ce matin je n’ai pas trop mangé à cause des nerfs mais je pense que ça tardera encore un peu !

-J’espère que pas trop…mon estomac gargouille misérablement et je n’ai même pas un chewing gum…Maman les tous confisqués !

En attendant l’apparition du chariot, elles continuèrent à se mettre au courant de leurs vies, la conversation était on ne peut plus prenante…

Avec un moulin à paroles telle qu'Opal, Angel ne s'ennuya pas une seconde. C'est qu'elle en avait des choses à raconter, cette pétulante jeune fille.
Tout y passa, depuis sa petite enfance parmi ses frères jusqu'à sa lettre d'admission en passant par des randonnées à cheval.

Tu as eu une enfance très... mouvementée, dit-elle lorsque l'autre lui permit de parler entre deux monologues. Moi, par contre... j'ai dû vivre cachée chez ma grand-mère. La famille de papa n'apprécie rien du monde sorcier. S'ils savaient que leur bru et leur petite-fille sont des sorcières, ils convoqueraient le bûcher!
Papa, lui, est plus cool. Il adore tout ce que fait maman. Je crois même qu'il aimerait aussi posséder certains pouvoirs magiques.

Opal s'étonna de cette situation. Elle avoua avoir dû parfois se dissimuler du voisinage mais - puisque son coin (au nom impronoçable) était souvent désert - qu'en général tout s'était bien déroulé sauf une histoire de plante à faire grandir et d'un chaudron explosé.
La jeune Australienne de sa fougue habituelle vanta le sortilège effectué par Angel chez Ollivander, ce qui lui colora fortement les joues.

Ma grand-mère m'a appris beaucoup de choses. Notamment...

La jeune fille regarda à droite et à gauche en baissant le ton :

À voler!

L'exclamation enthousiaste d'Opal lui fit presque regretter cette confidence. Heureusement, le chariot de friandises se pointa, créant une diversion à point nommé.

L’achat et dégustation des diverses friandises les tint occupées pendant un bon moment. Angel déplorait ne pas pouvoir goûter aux chocogrenouilles à cause de son allergie, elle aurait bien voulu faire la collection des cartes des sorciers célèbres. Opal trancha le problème en s’offrant, généreusement à partager les siennes.

-Pas de problème, Angel…Matt et Luke m’ont filé leurs respectives collections, je crois qu’ils étaient si contents de se défaire de moi qu’ils m’auraient donné n’importe quoi, son rire fusa, enjoué et Angel se demanda s’il lui arrivait d’être triste et pria pour ne pas éveiller ses foudres…Opal était véhémente, ses colères seraient sans doutes épiques !

La contemplation du paysage eut le don de calmer l’impétueuse verbe de l’australienne qui s’émerveillait de tout ce qu’elle était en train de découvrir…rien ne ressemblait à son rustique chez soi, si brutal en contrastes.

Les chats dormaient placidement, côté à côté. Angel dodelinait et Opal, le nez collé à la vitre se laissait bercer par le roulement du train.

* …C’était un fameux voyage, celui là…si différent à celui qu’elle avait fait avec toute la famille pour se rendre de Melbourne à Darwin, (trois jours pour traverser le continent d’un extrême à l’autre), la plupart du temps à travers un paysage plat et désertique mais plein de magie et mystère….surtout quand, en descendant à Alice Springs, ils avaient pris une excursion pour se rendre à Uluru aussi connu comme Ayers Rock…là, Opal avait senti une puissance magique très forte et sa mère lui avait expliqué que les anciens aborigènes étaient des sorciers primitifs et très doués, en communion avec les astres et la nature. Le coucher de soleil avait été une expérience unique…elle était là, sur cet immense monolithe venu de l’espace, partagée entre les forces uniques du ciel et la terre…une grande sérénité l’avait envahie en se découvrant comme part infime mais unique d’un plan grandiose.
Au retour de ce voyage, Opal et sa mère avaient pris l’avion pour venir en Angleterre et la jeune fille comprit que cela avait été un cadeau précieux fait par son père, australien jusqu’au bout des ongles, pour qu’elle n’oublie jamais ses origines…*

Le brouhaha dans le corridor la tira de sa rêverie, elle alla vers la porte et l’ouvrit. En hélant le premier à passer Opal fut informée de l’imminente arrivée à Poudlard.

-Hey, Angel…réveille toi…on arrive !, dit elle en la secouant doucement, je crois qu’on devrait mettre nos uniformes…allez ! grouille toi…bon sang ! je suis toute énervée maintenant pour de bon !!!…