Brune ou blonde [PV Juliet]

Suu avait été détruite, elle était morte. Suu avait été la poupée de porcelaine de Roze, son unique moyen de communiquer. Suite à cette destruction, Roze se trouvait incapable de parler. C'était le choc d'après madame Pomfresh, il faudrait un peu de temps pour que la jeune allemande trouve un palliatif à l'absence de sa poupée. C'était ça la schizophrénie... un manque. Celui de Roze était la communication parce qu'on l'avait empêché par de nombreuses tortures mentales de parler durant des années. Heureusement, elle allait mieux, sinon cette disparition aurait été fatale.

Cela n'empêchait pas que ce jour là, dans la salle de bains des filles de Serdaigle. Roze se teignait les cheveux en noir alors qu'au naturel, elle était blonde. C'était sa manière à elle de marquer son deuil. Devenue muette, elle ne parlait plus. Par contre, étrangement, autant quand c'était pour parler sa voix ne sortait pas, autant pour chanter cela ne posait aucun problème. Ainsi, Roze fredonnait tout en se séchant ses cheveux qui étaient maintenant d'une toute nouvelle couleur. Du haut de son mètre quarante, la jolie Roze en brune semblait encore plus fluette qu'à son habitude. S'observant dans la glace, elle vit une autre fille arriver. Il s'agissait d'une fille de l'équipe de Quidditch. Même sans la connaître, Roze l'aimait bien parce qu'elle ne se moquait jamais d'elle. Avouons le, les personnes ne se moquant de l'étrange Roze se comptait sur les doigts d'une main. Elle avait même réussi à se faire haïr de la famille Montgomery en sortant avec l'un d'eux. La vie est cruelle parfois mais Roze était trop à l'ouest pour bien le comprendre.

Roze adressa un sourire timide à Juliet. Certes, elle était plus âgée, mais elle était plus petite que la plupart des secondes années alors elle ne faisait pas la fière. Encore que son orgueil se soit un peu développé depuis qu'elle était avec Edward, pas tellement pour elle, mais pour lui. Elle était si fière... Il était si talentueux (et elle était si amoureuse et totalement pas objective !).

Comme elle sortait de la douche, elle n'était pas habillée. Elle avait juste une serviette de coton blanc autour de son corps mince pour cacher le principal. Elle se coiffait d'un air rêveur mais sa brosse tomba et glissa jusqu'au pied de Juliet. Roze se leva et vint la prendre, comme elle ne parlait pas, elle fit un sourire d'excuse et prononça silencieusement "Pardon"... Dans l'immédiat, elle ne pouvait pas faire mieux que ça, et se relever brosse en main. Même Roze finissait par trouver handicapant de ne pas réussir à parler. Elle n’avait jamais été confronté à ce cas de figure et elle avait peur de passer pour quelque un d’impolie. Mais vraiment, aucun mot ne sortait. Se teindre en brune ne changerait rien à ça malheureusement… et tout était la faute de Romuald. Il voulait s’immiscer dans sa vie ? Et bien c’était réussi ! Il avait tout bousculé dans ses habitudes… Pauvre Roze. Comme si sa vie n’était pas déjà bien assez compliqué sans ça.

[509 mots]

&&& Tous

Encore une journée normale. Juliet avait perdu, une fois de plus... Perdu son combat contre la répétition lassante des événements. Bien sûr, elle ne perdait pas toujours, elle se débrouillait souvent pour faire quelque chose qu'elle n'avait pas fait la veille et qu'elle ne répéterait pas le lendemain, mais cela demandait quand même beaucoup d'efforts, et il y a des jours où on n'a pas envie de le fournir, cet effort. Alors, quand on rentre le soir dans la salle commune en revoyant le fil de sa journée, on a un petit sentiment de frustration qui reste coincé dans la gorge, mais en même temps une petite voix essaie de faire taire ce sentiment en chuchotant : C'est que tu l'as voulu. Des journées comme ça, il y en a tellement que cela ne donne même pas envie de les prolonger. Si bien que Juliet avait décidé de ne pas traîner et de se coucher tout de suite. Elle monta donc dans son dortoir histoire de prendre une serviette de bain et ne s'attarda pas plus longtemps pour rentrer dans la salle de bain. Sauf qu'il y avait quelqu'un dans la salle de bain, qui, visiblement, venait de sortir de la douche. Peut-être que quelqu'un d'autre aurait eu le réflexe de ressortir immédiatement en disant un "Oh pardon !" gêné, en tout cas, Juliet n'eut pas ce réflexe et s'approcha du lavabo dans l'intention de se laver les dents. Sauf qu'elle fut coupée dans son élan par le regard de la jeune fille qui vint croiser le sien au travers du miroir, et qui fut accompagné d'un petit sourire. Mince, Juliet n'avait pas l'habitude à ce qu'on lui sourie sans qu'on la connaisse... Zut, zut, est-ce-qu'elle connaissait la jeune fille ? Heuuu, vu comme ça, cela ne lui disait rien... Mais peut-être était-ce parce qu'elle n'était pas revêtue de l'habituel uniforme de Serdaigle... La petite répondit donc par un vague sourire qui pouvait plutôt ressembler à une crispation de la mâchoire, mais son geste pour saisir le dentifrice fut à nouveau stoppé par la brosse de la jeune fille qui tomba jusqu'à ses pieds. Juliet n'eut même pas le temps de se baisser (mais y aurait-elle songé ?) que celle-ci fut plus rapide et la ramassa en remuant les lèvres, comme pour dire quelque chose. Sauf qu'aucun son n'était sorti de sa bouche...
Tiens, c'était bizarre, ça. Bah, après tout, peut-être était-elle muette ? Ou bien sourde ? Ou les deux ? Enfin, ça devait être dur de communiquer, là... Mais en y pensant, Juliet ne trouvait pas cela si handicapant que cela, après tout, cela constituait une justification valable quand on n'avait pas envie de parler. Mais le problème de cette société, c'est qu'on parle tout le temps, pour dire des choses inutiles. Après tout, notre petite s'en passerait bien par moments. Aussi ne fit-elle aucune remarque à la jeune fille, maintenant qu'elle était persuadée que celle-ci devait être ou muette, ou sourde. Elle put enfin se saisir du dentifrice, et tandis qu'elle frottait plus ou moins énergiquement ses petites dents (en l'occurrence c'était plutôt moins), elle remarqua qu'il y avait quelque chose de bizarre dans le lavabo.

"Tiens... Ya du noir, là..."

Mais au moment-même où elle prononçait ces paroles, elle se rappela subitement que sa compagne était sourde. Elle se mit donc à chercher son regard dans le miroir et à faire de grands gestes pour désigner les petites tâches noires qui parsemaient le lavabo. Il faut bien l'avouer, elle n'était quand même pas très douée, on aurait dit à présent qu'elle décrivait une montgolfière. Mais alors qu'elle fixait toujours le regard de la jolie brune, quelque chose attira son attention juste en dessous. Juliet se retourna lentement pour se rendre compte si l'intermédiaire du miroir ne faussait pas la réalité, et s'approcha de la jeune fille en pointant du doigt la poitrine de Roze. N'allez pas croire que la petite était obsédée par la poitrine des jeunes filles (bien que cela puisse se comprendre puisque la sienne ne s'était pas encore réellement développée - mais la petite s'en fichait assez), en fait elle désignait une tâche noire qui apparaissait sur la serviette blanche qui entourait le corps de Roze.
Son regard allait successivement du lavabo vers la serviette, puis de la serviette vers le lavabo. Pas de doute, c'étaient les mêmes tâches !

"Il est noir ton sang, à toi ?" demanda Juliet d'un air suspicieux en fixant la jeune fille. Après tout, si elle était réellement sourde ou muette, elle avait quand même dû apprendre à lire un minimum sur les lèvres, non ?

Vous vous demandez peut-être comment la petite en venait-elle à penser que les tâches noires correspondaient au sang de la jeune fille... Hé bien, c'était qu'il arrivait souvent à Juliet en se brossant les dents de frotter si fort qu'elle en fasse saigner ses gencives. Or, là, comme elle avait justement la brosse à dents à la main, c'était la seule idée qui lui était venue à l'esprit...
Elle n'avait évidemment pas songé que si elle ne reconnaissait pas la jeune fille, c'était sûrement parce qu'elle s'était teint les cheveux en noir...

Tâches noirs, sang hum... Voilà qui laissa perplexe Roze quelques secondes. Quand elle comprit enfin, elle secoua énergiquement la tête en signe de négation et chercha un moyen de s'expliquer. Bon, elle ne connaissait aucune chanson exprimant la solution au problème des tâches noirs, restait la magie. Malgré un niveau moyen en magie, nécessite fait figure de loi et Roze savait utilisé les formules imprononcés depuis qu'elle ne savait plus parler. Il lui manquait sa baguette quand même... Où était elle passée cette coquine ? Ah, la voilà ! Roze s'en approcha, la prit, et fit apparaître des lettres bleu sur le miroir.

"C'est ma teinture pour les cheveux." écrivit elle dans son anglais tellement rigoureux qu'il en était académique. Roze par exemple ne faisait de contraction en anglais parce qu'on ne les lui avait pas apprise. Elle les comprenait, mais elle ne les pratiquait pas. En situation de crise, elle perdait en général l'usage de cette langue pour se remettre à parler celle de son pays natal : l'allemand. A l'écrit, il y avait moins de confusion, heureusement.

Restait un problème.

"Je vais nettoyer." Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle posa sa baguette sur le rebords du lavabo et enleva les petites tâches noirs résultant de sa teinture et ensuite, elle défit la teinture près de sa poitrine. Roze avait d'ailleurs un tour de poitrine assez conséquent mais cela ne se voyait pas quand elle avait son uniforme parce qu'elle était toute fine et très petite. En serviette, elle commençait à avoir froid. S'approchant de sa pile de vêtements, elle garda sa serviette pour mettre sa culotte en dentelle blanche mais fut bien obligé de l'enlever pour mettre soutien gorge et uniforme. Autant dire que Roze n'était pas pudique, Edward en avait déjà fait indirectement les frais quand il s'était disputé avec son frère Christian lorsqu'elle avait traumatisé ce dernier en lui souhaitant bonjour en serviette. No problem pour Roze, et là en plus, il s'agissait d'une fille plus jeune.

Une partie de son uniforme passé (jupe et chemise), elle reprit son opération coiffure mais des nœuds lui arrachèrent un petit cri bien audible prouvant qu'elle n'était pas muette au sens propre du terme. Roze ne réagit évidemment pas au problème trop occupé à défaire son nœud à grand coup de brosse mais si elle avait eu un peu plus conscience de sa position, elle aurait peut être compris que pour le commun des mortels une maladie comme la sienne était inimaginable.

Juliet ne s'était peut-être pas rendue compte à quel point elle embêtait la jeune fille en lui posant une question. A la limite, quand elle l'avait posée, elle avait un peu oublié que sa compagne était muette (ça y est, maintenant, Juliet était certaine que c'était ça, car après tout, Roze semblait avoir entendu sa question), mais finalement, quand on y réfléchissait, elle l'avait plutôt bien posée, sa question, puisqu'on pouvait lui répondre par un simple signe de tête. Quoique, si Roze s'était contentée de balancer sa tête de droite à gauche pour signifier un "non", cela n'aurait sûrement pas suffi à notre petite. Un balancement de haut en bas lui aurait déjà plus convenu, car cela confirmait son idée. Du sang noir... Après tout, Juliet était d'origine moldue, et qui lui disait que les sorciers n'avaient pas un sang différent ? Ce qui pourrait expliquer leurs différences avec les moldus, alors... Enfin, dans ce cas, la petite Serdaigle n'aurait rien à faire ici, puisqu'aux dernières nouvelles, son sang était bel et bien rouge. Aux dernières nouvelles... Mmmmmh... Là, il y avait un truc à vérifier ! Cela faisait assez longtemps à vrai dire que la petite n'avait pas vu son propre sang. Bien sûr, elle en avait bien laissé couler des petits filets lors des matchs de Quidditch où elle se prenait souvent des Cognards dans la figure, mais ses souvenirs étaient assez flous, et maintenant qu'elle y repensait, elle n'était plus tout à fait sûre qu'il soit vraiment rouge. Ou alors, il devait encore être rouge quand elle était arrivée à Poudlard, puisqu'elle avait parfaitement retrouvé ses origines moldues lors des grandes vacances, mais à cette époque de l'année, c'est possible que le sang sorcier l'ait totalement imprégnée...
Enfin, pour le moment, Juliet ne pouvait pas avoir la confirmation de ce qu'elle pensait, car Roze semblait chercher désespérément un moyen de communiquer. Tiens, c'était bizarre, ça, si elle était muette, elle devait avoir l'habitude de communiquer par un autre moyen que la parole, non ? Sauf si elle connaissait parfaitement le langage des signes au point de ne plus savoir utiliser autre chose... Mais le problème de ce langage, c'était qu'il n'y avait quand même pas grand monde qui le connaissait. Mais, pourquoi n'essayait-elle pas ? Comment pouvait-elle savoir que Juliet n'avait jamais appris le langage des signes ? Après tout, elle pouvait bien essayer de deviner ce que lui disait Roze... Ce serait sûrement drôle, car elle interpréterait forcément dans le sens qu'elle voulait ("Aaaaah, alors comme ça, cela dépend des fois ! Un coup ton sang est noir, un coup ton sang est rouge !")
Bon, tout cela ne pourrait certes être envisagé, puisque la jeune fille venait de faire un signe négatif de la tête avant de se saisir de sa baguette magique, et d'écrire en bleu sur le miroir. Waoh, ça, c'était la classe ! Ouais, enfin, ce qu'elle écrivait était un peu moins classe quand même... La teinture pour les cheveux... Quelle idée de se teindre les cheveux, aussi ! Franchement, c'était quelque chose que Juliet n'avait jamais envisagé, car elle n'arrivait pas trop à comprendre pourquoi on voudrait changer la couleur de sa chevelure. Et maintenant que le suspense était levé, la petite essayait de reconnaître la jeune fille, en l'imaginant avec une autre couleur de cheveux. Heuuuu, en rousse ? Non. Blonde, peut-être ? Cela ne lui rappelait rien. Châtain ? Arf, cela pouvait ressembler à la teinture actuelle, et Juliet n'avait reconnu personne en rentrant. Bon, tant pis, cela ne servait à rien de chercher plus longtemps...
Peut-être que Roze avait remarqué que Juliet plissait les yeux (mais c'était plutôt pour essayer de la reconnaître) et crut que celle-ci était mécontente, et elle s'empressa de tout nettoyer d'un simple coup de baguette.
Hein ? Mais ce n'était pas grave, ça. Si elle mettait tant d'empressement à tout nettoyer, c'était peut-être pour empêcher Juliet de constater que les tâches noires étaient bel et bien du sang... Bah, après tout, il n'y avait pas de mal à saigner un petit peu ! C'est vrai, quoi, Juliet voulait bien la croire quand elle disait qu'elle s'était teint les cheveux, mais elle ne la reconnaissait tellement pas qu'elle se disait qu'elle ne l'avait tout simplement jamais vue. Pendant que la petite se torturait l'esprit avec tout un tas de réflexions tordues, la jeune fille entreprit de s'habiller, certes sans pudeur, mais cela ne gênait pas notre petite qui ne l'était elle-même pas trop aussi. La petite observait la scène tout en étant ailleurs, dans un monde où les sorciers avaient le sang noir, les moldus le sang rouge et les elfes de maison gris...
Ce fut un petit cri qui l'arracha à ses pensées. Au début, elle ne comprit pas très bien d'où il venait, mais son regard se porta à nouveau sur Roze, et comme celle-ci affichait une grimace tout en se brossant les cheveux, Juliet ne put en arriver qu'à la conclusion que c'était elle qui l'avait poussé, ce cri. Tiens, cela faisait encore quelque chose de bizarre, là...

"Oh, tu peux pousser des cris mais tu ne peux pas parler... C'est triste. Quoique, ça peut être bien de ne pas parler, aussi..." soupira-t-elle en pensant à toutes les fois où elle avait été plus ou moins obligée de faire la conversation à quelqu'un alors qu'elle aurait largement préféré rester muette.

Là, il y eut comme une sorte de lumière qui jaillit dans le cerveau de la petite.

"Aaaah, je sais ce que tu as ! Tu en avais tellement marre de dire plein de choses inutiles - et t'as raison d'ailleurs - que tu t'es faite opérer pour ne plus pouvoir parler ! Waoh, c'est une bonne idée, ça ! Tu l'as fait où ?" s'exclama Juliet en brandissant sa brosse à dents d'un côté ou de l'autre à mesure qu'elle parlait, car cette idée l'enthousiasmait vraiment. Il n'y avait pas de doutes, cela devait être ça !

Puis son regard se posa sur le miroir où il y avait toujours les premiers mots que Roze y avaient inscrits. Juliet eut soudain un petit doute et arrêta de s'agiter dans tous les sens. C'est vrai, maintenant qu'elle regardait de plus près, on pouvait tout de même discerner un petit air triste sur le visage de la jeune fille.

"Tu regrettes ?" demanda-t-elle à mi-voix, sans oser faire un mouvement.

Mince, elle avait blessé la jeune fille en montrant tant d'enthousiasme pour quelque chose qui la faisait peut-être souffrir à présent...
Le problème, c'était qu'elle ne se doutait pas le moins du monde que tout cela ne pouvait être le fruit d'une simple volonté de ne plus parler...

Roze resta perplexe sur les explications à fournir. Cela étant si plus de gens se faisaient opérés pour ne plus parler, il y aurait moins de vipères pour siffler contre les faibles et moins de disputes, peut être même moins de guerres, qui sait ? Cependant, être seule à ne pas parler était assez handicapant. En cours les professeurs avaient l'habitude de la laisser dans son coin, certains que de toute façon elle travaillait consciencieusement à côté pour compenser ce manque flagrant de participation. A sa manière Roze était pourtant un petit génie, la preuve, elle arrivait à pratiquer les sortilèges imprononcés pour compenser son manque de parole. Le vrai problème c'est que Roze était difficile à intéresser, pour qu'elle accepte d'assimiler quelque chose il fallait que ça présente pour elle un intérêt quelconque qu'il soit pratique ou imaginaire. Alexander était très doué pour lui laisser miroiter des aventures prodigieuses de façon à ce qu'elle accepte d'étudier un sort que lui avait mis plusieurs semaines à maîtriser tandis qu'à elle ça ne prendra quelques minutes. Aussi rêveuse que soit la jeune allemande, elle n'était pas sans ignorer que son ami se sentait un peu frustré par les capacités naturelles de son élève. Parfois, elle faisait exprès de rater pour lui laisser le plaisir de la corriger, c'était amusant.

Pour en revenir à ce problème de parole, elle tortilla sa mèche brune avant d'utiliser à nouveau sa baguette pour écrire dans le miroir : "Je ne sais plus parler mais j'ai encore ma voix, je suis en train de réapprendre à parler, ça va revenir. Je sais chanter sinon." Si ce dernier point pouvait paraître anodin aux gens du commun, pour Roze il était très important en ce sens que la belle ancienne blonde avait un petit ami musicien qui aimait l'entendre chanter, si elle ne pouvait plus lui faire plaisir, pour elle ce serait la fin du monde, croyez le bien.

Continuant à jouer avec sa mèche, elle remarqua un peu de dentifrice sur la joue de Juliet et essaya de lui faire comprendre par signe en touchant sa propre joue. Comme cela lui semblait incompréhensible, elle écrivit encore une fois sur le miroir :

"Tu as du dentifrice sur la joue."

Elle réalisa ensuite que la jeune fille ne savait pas qui elle était, elle se présenta donc, toujours par l'intermédiaire du miroir.

"Moi c'est Roze Maiden, je suis en cinquième année." Et oui, bien que ne faisant qu'un peu plus d'un mètre quarante, Roze avait belle et bien quelques années de plus que la jeune fille ici présente. Cela étant, elle était sympathique à Roze. Elle semblait un peu décalée et il se trouvait que Roze l'était aussi alors ça lui plaisait bien même si elles n'avaient pas vraiment les mêmes pensées. Soudain Roze eu une idée amusante.

"Dis, tu veux que je te montre quelque chose de drôle ?" Ecrivit elle avant de courir à la petite fenêtre et de l'ouvrir. Alors, à la manière d'un film de Walt Disney bien connu, elle ferma les yeux et se mit à chanter. Plusieurs petits oiseaux entrèrent alors dans la salle de bain et l'un d'eux vint se poser sur le doigt de Roze qui le regardait en souriant. Ses amis les animaux répondaient toujours à son appel, elle avait ce pouvoir depuis quelques années et il grandissait. Elle n'en avait pris conscience que récemment et elle n'arrivait à faire venir de son propre chef que de petits animaux mais c'était réconfortant de se dire que qoi qu'il arrive elle aurait toujours la nature de son côté... Surtout maintenant que sa chère poupée Suu était brisée...

N'empêche, en y pensant, c'était une bonne idée que celle du miroir. Comme quoi, ce n'est pas si difficile que ça de communiquer quand on le veut... Et puis même, cela rajoutait une touche d'originalité à la situation qui n'était pas désagréable. En tout cas, cela plaisait assez à Juliet, et même si elle se demandait comment la jeune fille ferait quand elle aurait pris toute la place sur le miroir, elle ne ressentait pas du tout le handicap de ne plus pouvoir parler. Au contraire, elle trouvait l'idée séduisante. Qu'est-ce-que ça serait agréable de pouvoir sortir cette excuse de temps à autres ! Bien sûr, si après la personne en question la voyait en train de parler à quelqu'un d'autre, cela ne serait certainement pas super, mais bon, après tout, Juliet se fichait pas mal de ces petits détails insignifiants. Et en y pensant, qui lui disait que ce n'était pas ce qu'était en train de faire Roze, pour essayer de se débarrasser d'une petite un peu trop curieuse ? En tout cas, si c'était ça, c'était raté, cela n'avait fait qu'accentuer cette curiosité... Et puis non, cela ne pouvait pas être cela, car dans ce cas, elle n'aurait même pas pris la peine de s'expliquer par l'intermédiaire d'un miroir. D'ailleurs, ce qu'elle venait d'y inscrire laissa perplexe notre petite fille. Hein ? C'était quoi cette histoire tordue ? Juliet avait l'habitude d'en fabriquer de toutes sortes, mais il n'y avait pas à dire, cela passait beaucoup mieux quand cela venait d'elle. Là, elle ne comprenait pas. Cela manquait cruellement de logique. Elle réapprenait à parler... Et en plus, ce n'était pas une question d'extinction de voix, puisqu'elle savait chanter. Non, là, vraiment, il y avait quelque chose qui échappait à notre petite fille. Et elle ne pouvait absolument pas rester dans cette incompréhension. A la limite, il lui arrivait de ne pas vouloir savoir le fin mot de l'histoire quand elle ne comprenait pas quelque chose, mais elle s'était tellement monté la tête avec ses histoires d'opération de la voix qu'elle ne pouvait en rester là. Quitte à remplir un bout du miroir en plus. Après tout, la jeune fille devait connaître quelque sort pour effacer tout ça, et si jamais ce n'était pas le cas, Juliet voulait bien se charger de nettoyer le miroir "façon moldue" pour pouvoir assouvir sa curiosité.

"Je ne comprend pas. Tu réapprends à parler... Mais tu as ta voix. Cela veut dire que c'est plus ou moins volontaire ?"

Eh ben voilà ! A croire qu'il suffit de réfléchir à haute voix pour que les choses se remettent en place toutes seules. Tout venait de s'éclaircir dans l'esprit de la petite fille, et elle sentait à présent toute l'inutilité de prendre un petit bout de miroir en plus pour quelque chose qu'elle venait de comprendre toute seule.

"Ouiiii, donc c'est bien ça ! Tu en as assez de parler donc tu arrêtes. Mais... Mais... Tu réapprends... ça veut dire que tu veux de nouveau parler. Donc, ce n'était peut-être pas volontaire alors... Zut, ça y est, j'suis de nouveau embrouillée."

Et voilà ! Juliet venait d'avoir la preuve que la parole pouvait aussi bien éclairer les choses que les assombrir !
En fait, elle en arrivait à la conclusion qu'il valait mieux se taire pour ne prendre aucun risque. Ce fut donc ce qu'elle fit, et elle se contenta de remettre sa brosse à dents dans sa bouche, parce que ça faisait un petit moment que celle-ci se baladait en dehors de là où elle devrait être. Finalement, la jeune fille avait eu le temps de s'habiller entièrement et de se coiffer que Juliet n'avait même pas fini de se brosser les dents. La preuve qu'elle était trop bavarde, tiens. D'autant plus qu'apparemment, elle n'était pas tombée sur la bonne personne pour parler autant, elle qui préférait d'ordinaire éviter d'ouvrir la bouche (quoique c'était de moins en moins vrai).
Elle cracha donc de dépit dans le lavabo et s'empressa de rincer et ranger sa brosse à dents, quand elle s'aperçut que Roze écrivait autre chose sur le miroir. Du dentifrice sur la joue... Arf, c'était bien Juliet, ça ! Dans sa précipitation pour ranger sa brosse à dents, elle ne s'était même pas rincé la bouche ! Elle fit un petit sourire à la jeune fille avant d'ouvrir le robinet pour pouvoir rincer tout ça, et quand elle releva la tête, il y avait encore quelque chose d'autre écrit sur le miroir. Tiens, pour une personne qui ne sait pas parler, elle était bien bavarde. Quoique non, en fait, il s'agissait juste de se présenter. Roze Maiden... Roze Maiden... C'était le moment de vérifier si Juliet connaissait ou non ce visage qui lui avait paru un peu familier en entrant. Quoiqu'en y réfléchissant, la petite n'avait pas forcément la mémoire des noms, donc cela ne l'aidait pas trop. Sans essayer de se plonger dans ses souvenirs plus longtemps, elle eut, pour une fois, le réflexe de se présenter elle-même.

"Moi c'est Juliet Knightley, en deuxième année."

Tiens donc, voilà que la petite Juliet se montrait plus sociable, à présent ? Elle qui d'ordinaire se présentait à la façon d'un robot, de manière pas très encourageante, voilà qu'elle prenait la peine de formuler une phrase pour se présenter. Certes, ce n'était pas encore parfait, mais il y avait du progrès. A moins que le fait d'avoir une muette en face d'elle l'encourageait à parler un peu mieux... Enfin bon.
Juliet était en train de s'étonner elle-même, quand Roze se précipita subitement vers la fenêtre sans que sa camarade n'ait eu le temps de réagir. Zut, qu'est-ce-qu'elle faisait ! Elle n'allait pas se suicider, quand même ! Juliet n'avait rien dit de mal, si ? Oooh, à moins que ce soit sa façon de se présenter ! Eh oui, on a toujours dit que ce n'était pas bien de changer les habitudes... Roze avait été tellement étonnée qu'elle se jetait par la fenêtre...
Mouais. Cela paraissait un peu gros comme histoire quand même. Ou alors elle appelait les sirènes du lac à les rejoindre... Oui, ça devait être ça, puisqu'un chant mélodieux s'éleva dans les airs. La petite fille avait déjà plus ou moins oublié que Roze lui avait dit qu'elle savait chanter, et était maintenant persuadée de voir une sirène sortir de la douche pour venir leur parler. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher d'aller jeter un coup d'oeil à la douche non loin de là, et remarqua avec déception qu'elle n'était pas encore arrivée.
Lorsqu'elle se retourna vers Roze, celle-ci avait un mignon petit oiseau posé sur son doigt.

"Ooh, ce sont les sirènes qui t'ont appris à parler aux oiseaux ?" demanda-t-elle instinctivement, en jetant de nouveau un regard plein d'espoir vers la douche.

Décidemment, il n'y avait que des gens qui savaient parler aux animaux, autour d'elle ! Après Orla qui communiquait avec les crapauds, voilà Roze qui le faisait avec les oiseaux... Et il n'y avait personne pour lui apprendre à parler aux elfes de maison, elle qui cherchait désespéremment depuis quelques mois à en apprivoiser un ? Etrangement, Juliet n'avait toujours pas remarqué que les elfes de maison pouvaient communiquer normalement avec les sorciers...

[1206 mots]

Roze était une jeune fille très intelligente et très capable quand elle s'en donnait la peine. Elle prit donc très à coeur d'expliquer son problème à Juliet, d'autant qu'il était rare que quelqu'un s'y intéresse. Roze n'était pas vraiment très populaire, on pouvait même dire que c'était le contraire. Cela étant, Juliet semblait plus intrigué que dégouté, donc Roze se mit à lui expliquer par écrit. Elle effaça tout ce qu'elle avait écrit sur le miroir et se mit à faire apparaître de nouveaux mots sur la surface brillante.

"Ce n'est pas volontaire... C'est compliqué. J'ai ma voix, mais je n'arrive plus à faire des phrases correctes. Encore moins en anglais puisqu'en fait je suis allemande. Du coup j'essaie de réapprendre, mais pour chanter ce n'est pas un problème, ce sont des textes à apprendre par coeur."

Voilà, là ça devait être plus clair. C'est tout au moins ce que Roze espérait car elle avait plein d'autres choses à expliquer et à raconter. Qui l'aurait cru si bavarde sans qu'elle puisse parler ? Incroyable n'est ce pas ? Bon, en plus, Juliet se présenta, mais Roze la connaissait puisque Juliet jouait au Quidditch. C'est d'ailleurs ce qu'elle inscrivit sur le miroir avec un sourire sympathique à l'égard de sa camarade plus jeune.

"Je sais qui tu es, tu joues au Quidditch. Je vais voir les matchs de temps en temps."

Pas tout le temps quand même, elle avait mieux à faire. Quand le château était vide et que tout le monde était dans les gradins à applaudir les équipes, il lui arrivait de profiter de sa solitude momentanée pour prendre tranquillement un thé aux cuisines avec Suu et les elfes de maison. Belle époque révolue... Et pourtant Roze aimait toujours autant le thé. Elle le prenait tout les mercredi soir avec Edward lors de leur rendez vous. Elle ne savait même pas s'il aimait le thé mais il le buvait en tout cas. Si elle ignorait certaines choses des goûts de son petit ami, elle savait en revanche qu'il la préférait en blonde, oui mais, elle ne se sentait pas capable d'être encore la blonde Roze qui ressemblait à une poupée de porcelaine quand sa jumelle, son autre elle, avait été brisé sur le sol boueux de pré-au-lard. Rien que d'y penser, son coeur se serra. Heureusement la chanson vint lui faire oublier ses soucies et les questions de sa camarade avec.

Roze aimait bien les sirènes mais non, ce n'était pas elles qui lui avaient appris ça. C’était un pouvoir qu’elle avait et que jusque là, elle ne maîtrisait pas. Elle écrivit en réponse :

"Non, c'est un pouvoir inné. Mais ça attire aussi les sirènes quand je chante. Elles viennent parfois m'écouter quand je chante près du lac. Je comprend pas ce qu'elles disent mais elles sont pas méchantes."

En fait, si on y réfléchissait bien, Roze s'entendait très bien avec la faune et la flore de Poudlard mais les humains, ça, non. Comme quoi c'était la seule race à être capable de pure méchanceté.

[506 mots]

Heureusement que Roze pouvait quand même s'exprimer avec des mots, parce que sinon, on pouvait se demander comment Juliet pourrait rester les pieds sur terre. Si les deux jeunes filles s'étaient amusées à communiquer avec des signes (et d'ailleurs, le peu qu'elles avaient fait ne s'était pas révélé concluant), l'esprit de Juliet se serait vite enflammé, et il aurait fini soit à mille lieues sous les mers, soit en compagnie des nuages. Toutes les interprétations qu'elle avait pu faire jusque-là, en attendant d'avoir la véritable explication, allaient dans ce sens. Cela avait commencé avec la teinture pour les cheveux qu'elle avait pris pour du sang (quelle idée, aussi !) ensuite elle avait pensé que Roze s'était faite opérée pour ne plus pouvoir parler, et voilà qu'elle s'imaginait à présent qu'une sirène allait débarquer dans la salle de bains ! N'empêche, avec un petit peu de recul, cela paraît totalement loufoque ! Mais pourtant, pour la petite, tout cela obéissait à une stricte logique, la sienne, en l'occurrence. Mais heureusement, Roze avait quand même le don de savoir bien choisir les mots (il était vrai qu'elle ne pouvait pas trop s'étaler en paroles sur un miroir...) pour pouvoir faire comprendre immédiatement à Juliet ce dont il était question. Et cela s'avéra vrai une fois de plus, car notre pauvre petite qui s'était embrouillée toute seule à essayer de comprendre pourquoi Roze ne parlait plus, la voilà contentée avec de simples phrases écrites sur la surface réfléchissante. Il n'y avait pas de doutes, Juliet avait vraiment plus d'affinités avec tout ce qui était écrit, et cela se montrait encore une fois, là... Alors pourquoi ne se mettrait-elle pas à communiquer par écrit, elle aussi ? Bien sûr, elle, ce serait volontaire, mais au moins, Roze se sentirait certainement moins handicapée que si elle parlait à haute voix.

"Je reviens." annonça-t-elle en se promettant que ce seraient les dernières paroles qu'elle prononcerait à haute voix avec Roze.

Elle quitta précipitamment la salle de bains et monta les escaliers qui la dirigeaient vers son dortoir. Arrivé près de son lit, elle fouilla son sac de cours qu'elle avait déposé là un peu brusquement, et sortit immédiatement du papier avec une plume. C'étaient les deux seuls cadeaux qu'elle s'était permis de faire depuis bien longtemps. Le premier, c'était une plume de griffon, jusque-là, rien d'extraordinaire mis à part le fait qu'elle n'avait pas besoin d'encre, elle se fournissait toute seule. C'était le résultat de nombreuses semaines de travail auprès de ses parents et de longues négociations pour avoir une petite compensation. Le deuxième, c'était une feuille de parchemin, toute simple en apparence, elle aussi. Sauf que lorsqu'on écrivait dessus, il suffisait de retourner la plume et d'y faire glisser l'extrémité pour que ce qui était écrit s'efface instantanément. En fait, c'était le matériel qui était parfaitement adapté dans les circonstances présentes. Même si la plume qui se rechargeait toute seule, Juliet l'utilisait quasiment tout le temps, elle n'avait encore jamais eu l'occasion de tester le petit bout de parchemin. C'était l'occasion. Elle se releva donc subitement pour sortir du dortoir, son précieux matériel coincé sous son bras...
Quelques secondes plus tard, elle était de retour dans la salle de bains (ceux qui la voyaient passer devaient se demander ce qu'elle pourrait bien faire dans la salle de bain avec tout un kit pour écrire, mais bon) et retrouva une Roze qui paraissait toujours autant en communication avec le petit oiseau qu'elle avait amené jusque-là... Juliet lui fit un petit sourire en montrant ce qu'elle avait amené et s'empressa d'écrire :

"Comme ça je ne suis pas avantagée par rapport à toi."

Il fallait dire, elle était contente de son initiative, et à peine sa plume avait-elle gratté le papier qu'elle se sentit soudain emplie d'un grand sentiment de bonheur. Aaah, si elle avait trouvé un moyen de communiquer avec les gens sans avoir l'impression de perdre son temps ! Le jour de sa rencontre avec Roze était sûrement à marquer d'une croix, alors... Mais il ne fallait pas profiter des problèmes des autres, tout de même, et si Juliet était allée chercher tout ça, c'était aussi pour continuer de communiquer avec Roze sur ce qu'elle lui disait. Et ce qui était bien, c'était qu'avec ce système, on n'était pas obligé de répondre directement, ce qui laissait le temps de réfléchir avant d'agir. Ainsi, Juliet put voir sur le miroir les trois dernières étapes de leur conversation. En premier, l'explication de Roze par rapport à sa voix, en deuxième, le fait qu'elle la connaissait déjà (Juliet n'arrivait jamais à se faire à cette idée qu'on pouvait la connaître avant de la rencontrer, surtout par l'intermédiaire du Quidditch !) et enfin, la faculté qu'elle avait d'attirer les créatures quand elle chantait.
La petite fille n'avait plus qu'à répondre par étapes, elle aussi. Bien sûr, comme ça, cela faisait un peu automate, mais il ne fallait pas oublier qu'elle avait hoché de la tête ou du moins marqué certaines expressions quand Roze avait parlé (ou plutôt écrit), ce qui montrait qu'elle suivait quand même tout ce qu'elle disait.

"C'est étrange ce qui t'arrive. Mais si tu savais parler avant, cela veut dire que tu as subi un choc qui a perturbé tout ça, non ? J'imagine que ça a un lien avec tes cheveux noirs." commença-t-elle à écrire, en se rendant soudainement compte que tout était beaucoup plus clair quand on le mettait par écrit, ce qui ne faisait que renforcer sa conviction que le fait de ne plus parler pouvait aussi bien être un avantage qu'un inconvénient. Maintenant qu'elle avait commencé, elle n'avait plus envie de s'arrêter. C'était toujours bizarre d'exprimer à l'écrit quelque chose que l'on devait dire à l'oral, mais au moins, elle pouvait voir ce que ressentait Roze depuis qu'elle ne savait plus parler. Non, peut-être pas en fait, puisque pour Juliet c'était volontaire...

"N'empêche, je trouve ça plutôt agréable de devoir écrire au lieu de parler. Mais bon, je comprends que ça puisse t'embêter. Que puis-je faire pour t'aider ?" écrivit-elle avant de sauter plusieurs lignes histoire de marquer le changement de sujet. "Je n'arrive jamais à me faire à l'idée qu'on puisse me connaître par l'intermédiaire du Quidditch." Nouveau retour à la ligne. "C'est marrant, j'ai l'impression d'écrire à mon journal intime. Enfin, non, parce que je n'ai pas de journal intime, j'appelle ça plutôt un carnet d'idées. Un peu prétentieux, peut-être..."

Et voilà, Juliet se mettait à raconter des choses qu'elle ne dirait sûrement jamais si cela avait du se raconter à l'oral. Finalement, ce n'était peut-être pas si bien que ça ce système ! En tout les cas, cela bousculait toutes les habitudes de notre petite. En voyant ce qu'avait écrit Roze en dernier, elle jeta un dernier petit coup d'oeil dans la douche, mais reprit immédiatement la plume.

"Des sirènes... Est-ce-que cela fait le même effet pour les elfes de maison ? Si c'est pas le cas, j'aimerais bien rencontrer des sirènes, quand même..."

Et oui, même au travers du papier, on pouvait reconnaître le caractère de la petite Juliet. Elle ne changeait quand même pas aussi facilement, il restait toujours quelques signes qui pouvaient rassurer toutes les personnes qui s'inquiétaient du fait qu'elle puisse un jour changer (ce n'est pas sûr qu'il y en ait, mais après tout, pourquoi pas ?).

[1224 mots]

Roze regarda partir Juliet sans se troubler le moins du monde. Des trucs bizarres, elle en faisait tout le temps elle même, ceux de Juliet ne pouvait pas la perturber plus qu'elle même ne perturbait les gens de sa classe. Honnêtement, elle s'était toujours moqué de l'avis des autres, elle avait pour principe que « n'est anormal que la normalité », Juliet et elle n'était pas « normales » et bien, peu importe, c'était juste les autres les extra-terrestres ! Quand Juliet revint et se mit à écrire pour communiquer, Roze fut très touchée du geste, vraiment, personne n'avait jamais autant fait attention à ce qu'elle ressentait hormis Edward qui était son petit ami, donc jusque là, c'était relativement logique. En même temps, Roze sortait avec le plus beau garçon de Poudlard (selon elle) mais elle n'avait pas d'amis. Si, il y avait Michael, mais il était si loin que parfois elle se demandait si elle arriverait à le revoir un jour. C'était étrange, ils n'avaient été ensemble à Poudlard qu'un an, mais il lui avait toujours manqué.

Chassant cette pensée comme on chasse un moustique, elle répondit à Juliet avec, pour sa part, toujours l'aide de sa baguette magique.

« J'avais une amie, ma poupée en porcelaine Suu, on me l'a cassé. Depuis je me sens très seule, c'est pour ça que j'ai du mal à parler. J'ai teint mes cheveux en noirs pour montrer mon deuil mais Edward n'aime pas, il me préfère en blonde. »

Le problème aussi c'est qu'elle avait prise une teinture non agressive pour les cheveux parce que mine de rien, elle y tenait à ses cheveux, mais du coup, la teinture ne tenait pas, elle était obligée de la refaire toutes les semaines. Là c'était la première fois qu'elle le refaisait mais elle avait le sentiment qu'elle serait obligée de pratiquer cette opération tout les jours.

« Oh, je ne pense pas avoir besoin d'aide, je vais essayer de m'entraîner et je finirais par reparler. »

Roze ne doutait de rien et encore moins de la facilité avec laquelle elle réapprendrais à parler. Pour elle, ça ne faisait aucun doute que ça reviendrait puisqu'elle le voulait. C'était tout dans sa tête disait sa psy, bon ba, si c'est une question de mental, si elle veut, elle peut ! Logique ! Au moins pour elle.

« Je ne suis pas très fan de Quidditch mais tu es visiblement bonne en la matière. »

Ah ? Juliet avait un journal ? Roze aussi !

« J'ai un journal aussi, il s'appelle Spencer. Mais j'ai dû mal à prendre le temps de lui écrire avec mes entraînements au piano et au chant. »

Hum... La différence entre les elfes de maisons et les sirènes ? Bah, Roze pour sa part préférait les sirènes, elle avait deux elfes chez elle en allemagne, et elle les trouvait vraiment pas marrant. Les sirènes avaient une certaine classe. On comprennait pas ce qu'elle disait mais bon... Roze s'était jurée d'apprendre leur langue. Elle avait commencé d'ailleurs mais là encore, son petit problème de voix l'avait coupé dans sa progression. Elle reprendrait plus tard.

« Les elfes sont pas marrants, je préfère les sirènes. En plus, ils aiment la chanson. »

Un petit moineaux vint mordiller la dentelle du chemisier de Roze, elle le regarda avec un sourire attendrit.

« C'est quoi ton animal préféré ? Je peux appeler plein d'animaux différend ! Ils répondent toujours... j'ai juste encore du mal avec les gros. »

Et elle avait un peu oubliée qu'elle était en haut d'une tour, mais on va lui pardonner, elle est toujours tellement dans la lune !

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