Le temps des révisions [PV Cherise]

Vendredi 3 Mai 1996 et les examens de fin d’année commençaient à approcher pour tous. Pour le jeune Daniel, ces premiers examens n’étaient pas à prendre à la légère et cela faisait déjà deux semaines qu'il avait entamé un planning de révisions très dense. Son but ? décrocher un Optimal en potions et si possible un Effort Exceptionnel dans toutes les autres matières. Ses objectifs étant ambitieux, Daniel avait donc renoncé à toutes sortes d'amusement (fini par exemple les escapades en forêt interdite) et il était désormais rare de le croiser en dehors des cours, de la salle de repas de son dortoir ou bien sûr, de la bibliothèque.


Vendredi 3 Mai 1996 et Daniel comme à son habitude se dirigea directement à la bibliothèque, juste après être sorti de ses cours. Il s’installa à sa place habituelle et s’y assit un instant, le temps de sortir ses affaires et d’y récupérer un ouvrage.

Une fois le livre en main, le rouquin se dirigea vers le bureau de Mme Pince pour lui rendre l’ouvrage emprunté. Pour être honnête, Daniel n’avait pas réellement lu le livre, mais cela faisait quelques temps qu’il empruntait des livres à Mme Pince, sans pour autant les lire. Il faisait cela dans l’espoir d’entrer dans les petits papiers de la bibliothécaire – même si pour le moment cette stratégie n’avait pas l’air de réellement fonctionner – et aussi un peu car les quelques instants passés devant le comptoir de Pince lui permettaient d’observer la porte de la si convoitée réserve interdite.

¤ Ça ne sera pas pour cette année j’en ai peur… ¤

Une fois le livre rendu et sa carte de bibliothèque tamponnée, Daniel retourna à sa place et constata avec déplaisir que quelqu’un d’autre avait mis ses affaires vraiment très près des siennes… Ce quelqu'un était reparti - probablement dans les rayons de la bibliothèque - mais le Serpentard ne comptait pas laisser passer cette intrusion dans son espace vital.

¤ Et puis quoi encore ! ¤

Contrarié, Daniel contourna la table et entreprit de déplacer le tas d’affaire à l'autre bout de la table, afin d’être bien certain que cette personne comprenne qu’il souhaitait surtout être seul et ne pas être dérangé. Il poussa donc les affaires et les laissa en tas avant de retourner à sa chaise tout en se reconcentrant sur son programme de révisions.

¤ Bon alors… on va commencer par bosser un peu la méta… ¤

Une fois rassis à sa place, Daniel sortit sa baguette de sa poche et la posa soigneusement sur la table, puis il ouvrit son livre de métamorphose au chapitre 6 avant de sortir ses notes de cours et de commencer à les relire.

"Pfffff..."

Non, franchement, c'était bien la seule réaction qu'inspirait à Cherise le fait de devoir encore aller à la bibliothèque pour faire un devoir que toutes ses camarades avaient pris le soin de faire pendant qu'elle faisait tout sauf des devoirs (et là, en l'occurrence, de l'accordéon). Décidément, Madame Pince finirait par la repérer en temps que "Gryffondor qui est toujours à labour dans ses devoirs". Nan mais en même temps, c'était pas sa faute non plus s'il y avait toujours mieux à faire que des devoirs, si ? Bon, d'accord, c'était peut-être sa faute... Mais bon, après tout, elle était comme ça, Cherise, il fallait qu'elle vive tous ses instants à fond, et pour elle, travailler était une perte cruelle de temps pour profiter de la vie. Sauf que quand on a un énoooorme devoir de potions à rendre pour le lundi suivant, il fallait bien s'y résoudre. Normalement, quand on connait bien la petite, elle s'y serait certainement prise le dimanche soir, et vous pouvez imaginer qu'elle n'avait pas prise l'initiative toute seule de travailler un vendredi soir (nan mais ça va pas ?). En fait, elle avait des trucs prévus pour tout le week-end (des petites soirées dans le dortoir, une après-midi avec Orla...) et quand elle avait un peu réfléchi au déroulement de son week-end, elle n'avait pas envie qu'il soit pourri à cause de la perspective de son devoir à faire. Bon, d'accord, il y avait aussi le fait qu'une de ses camarades lui avait fait jurer de le faire vendredi soir pour qu'elle puisse profiter de son week-end à fond (nan mais j'vous jure, ce sont les autres qui font l'organisation de Cherise !). Et quand on y pensait, ce n'était pas si mal. Certes, elle n'était pas du touuuut motivée, mais elle avait juré, alors... (Et oui, à onze ans, on porte encore beaucoup d'importance à toutes les promesses faites, quelles qu'elles soient).
La petite se dirigea donc vers la bibliothèque en soupirant, car elle savait très bien que si elle restait dans la salle commune pour "travailler", en sachant qu'elle était la seule à ne pas avoir fini son devoir, elle ferait absolument tout sauf son devoir. Donc, autant ne pas être tentée... C'était sûr qu'avec la tronche de Madame Pince en face, on ne pouvait vraiment pas être tenté par quoi que ce soit (et je ne sais pas ce que vous pouvez imaginer à propos de cette remarque, d'ailleurs ).
La petite arriva dans la bibliothèque, qu'elle trouva étonnamment bondée pour un beau jour de mai comme celui-là, surtout la veille d'un week-end. Bien sûr, il était inimaginable pour elle qu'on puisse réviser les examens de fin d'année plus d'un mois à l'avance. D'ailleurs, elle n'y avait même pas songé. Tout cela ne la fit que soupirer encore plus. A tous les coups, elle ne trouverait même pas de table de libre, et serait obligée de squatter une qui était déjà occupée. Et comme elle se connaissait, elle savait qu'elle ne pourrait s'empêcher de parler avec la personne qui était à sa table... Ce qui l'empêcherait donc de faire ses devoirs. Cherise s'avança à la recherche d'une table vide, mais toutes étaient occupées par au moins deux personnes.

*Olaaaah, s'il y a deux personnes par table, c'est fichu pour mon devoir de potions* songea-t-elle alors qu'au même moment, elle venait d'apercevoir une table où, visiblement, il n'y avait qu'une seule personne d'installée.

La personne n'était pas là, mais Cherise se résolut tout de même à poser ses affaires et son petit derrière sur la chaise. Voilà, déjà une bonne chose de faite. Elle déballa sans grand enthousiasme ses parchemins et livres de potions, et après avoir feuilleté un peu son livre, elle s'aperçut de plusieurs choses. De un, elle n'avait pas toutes les informations qu'elle désirait dans son livre, et de deux, elle n'avait furieusement pas envie de travailler. Ce qui faisait deux bonnes raisons pour quitter sa place récemment acquise à la recherche d'un bouquin pour tromper l'ennui et d'un autre pour faire semblant de travailler. Alalaaah, ça commençait bien, Cherise !
La petite, sans faire attention à son subconscient qui lui criait qu'elle ne respectait pas sa promesse, se leva et commença à sillonner dans les étagères. Elle ne passa pas trop de temps dans le rayon des livres scolaires, se contenta de prendre un livre de potions au pif, mais passa un peu plus de temps dans le rayon "détente". Soigner sa tuberculite par le rire. Mouais, encore fallait-il savoir ce qu'était que la tuberculite.
Ma vie à paillettes, de Célestina Moldubec. Ooooh, voilà qui était bien plus intéressant ! Ce ne devait pas être de la grande littérature vu que ladite Moldubec était une chanteuse, mais après tout, ce n'était pas ce que Cherise cherchait. Elle n'était pas spécialement fan de cette chanteuse qu'elle trouvait particulièrement vantarde et un peu creuse, mais au moins, elle pourrait rire de toutes les débilités qu'elle avait bien pu marquer pour faire un bouquin... Arf, d'ailleurs, c'était à se demander si elle avait assez de choses passionnantes dans sa vie pour pouvoir écrire plus de trois pages.
Enfin bref, la petite était contente, elle avait trouvé quelque chose qui lui promettait de la distraction entre deux phrases pour son devoir de potions. Elle revint donc à sa place, en constatant que ses affaires avaient été largement poussées par le garçon qui était aussi installé à la même table.

"Hé, te gênes pas surtout !" s'exclama-t-elle instinctivement, avant d'avoir eu le temps de se retenir.

Sauf qu'au même moment, elle se rendit compte de l'ampleur de sa gaffe. En fait, elle venait de reconnaître le fameux garçon... Enfin, elle n'était pas sûre, mais si c'était ce qu'elle pensait, il y avait de quoi s'enfuir en courant. Daniel Sallers. Son cousin. Celui avec qui, d'après Lydia, elle avait fait la promesse de se marier quand elle était petite. Aaargh, encore une promesse ! Oh non, et dire qu'elle ne se souvenait pas du tout de lui ! Depuis qu'elle avait fait la rencontre de sa cousine (qui était la soeur de Daniel), elle avait fait en sorte de voir à quoi ressemblaient ses autres cousins, tout en faisant soigneusement attention de les éviter pour s'éviter tous problèmes. Et Daniel, elle l'évitait encore plus que les autres... Mais là, elle était piégée ! Surtout qu'elle lui avait adressé la parole, maintenant, c'était fichu, elle ne pourrait même pas l'ignorer et faire semblant de travailler tranquillement ! Instinctivement, Cherise passa le livre de Célestine en dessous de celui des potions, et baissa la tête pour laisser ses cheveux lui passer sur le visage, comme s'ils pouvaient la cacher.
Elle s'assit presqu'à l'aveuglette sur sa chaise, et posa son livre de potions, l'ouvrit au pif, et se plongea dedans littéralement, c'est-à-dire en se planquant carrément derrière, les mains sur sa tête, comme si elle essayait d'apprendre par coeur le bouquin.
Mais quelle attitude IDIOTE ! Plus Cherise se voyait faire, plus elle se sentait pitoyable... Franchement, si elle voulait être discrète, c'était raté. Tout ce qu'elle faisait était louche, c'était clair, et il était maintenant impossible que Daniel ne fasse comme si de rien n'était. Elle releva la tête pour jeter un minuscule coup d'oeil au garçon, et s'aperçut qu'il la regardait, assez bizarrement, d'ailleurs.
Et voilà, gagné ! La petite sentit le rouge lui monter aux joues (ce qui l'embarrassait encore plus, elle n'avait pas l'habitude d'être intimidée par quelqu'un), et se rappela subitement les paroles de Lydia.

« D’ailleurs, ça m’embête de te le dire, mais, il est très sensible, alors tu ne devrais pas lui dire que tu l’as oublié. Il a été tellement choqué lorsque tu as ‘disparue’… »

Hum... Faire semblant de le connaître... Raaah, elle était tellement mal partie !
Bon, il fallait faire quelque chose, c'était sûr... Mais quoi ? C'était dingue comme Cherise, qui d'ordinaire savait toujours quoi faire et était une vraie pipelette, se trouvait totalement muette parce qu'elle se trouvait face à son cousin...

"Ah salut..." entama-t-elle comme si elle venait juste de le reconnaître. D'ailleurs, elle enchaîna sur cette idée, qu'elle trouva plutôt bonne. "Oh, désolée, j't'avais pas reconnu..."

Voilà, c'était tout ce qu'elle était capable de sortir, pour l'instant... Et je peux vous dire qu'elle se détestait à ce moment précis. En fait, elle ne se reconnaissait pas. Elle ne savait pas que Cherise Rowle pouvait un jour avoir le rouge qui lui monte aux joues et se sentir toute embarrassée... Non, pour elle, ça n'existait pas, une Cherise Rowle comme ça...
Et pourtant...

[HJ : Je crois pas te l’avoir dit encore, mais j’ai adoré ton poste, il m’a fait trop marrer XD c’te réaction de Cherise lol
Bon place à la réponse ]

Daniel était penché sur ses notes de cours et il les relut bien attentivement avant de se saisir de sa plume et de la tremper dans l’encre. Il tapota la pointe de celle-ci plusieurs fois contre le rebord de l’encrier puis commença à recopier soigneusement sur son parchemin le titre de sa leçon. Une fois ce premier travail effectué, il passa à la ligne et commença à marquer sous forme de tirets, les points important de sa leçon ainsi que les phrases clés qu’il pensait devoir retenir pour le jour de son examen.

Il en était au deuxième tiret lorsqu’une voix sonna désagréablement à ses oreilles et le fit momentanément arrêter d’écrire. La personne dont il venait de décaler les affaires était revenue, et elle sembla assez peu contente de voir qu’elle avait changé de place. La pointe de sa plume resta en l’air quelques secondes mais Daniel ne releva pas la tête. Il attendit un instant de voir si la demoiselle avait autre chose à dire, mais demeurant confronté à un long silence, il recommença à écrire sans même avoir pris la peine de regarder de qui il s’agissait.

¤ Non mais, c’est elle qui est pas gênée ! ¤

Retournant à ses notes pour choisir quel serait le contenu de son 3ème tiret, Daniel ne put s’empêcher de se demander pourquoi la jeune fille s’était brusquement tue. Son ton était loin d’être aimable lorsqu’elle s’était adressée à lui en premier lieu, et elle se serait calmée d’un seul coup alors qu’il l’avait effrontément ignorée ? C'était étrange.

Ainsi, suite à cette constatation Daniel ne put s’empêcher de relever la tête pour voir à qui il avait affaire.

Cherise Rowle, sa cousine.

Les deux jeunes gens ne s’étaient pas adressé la parole depuis le début de l’année (et Daniel s’en portait très bien !) et le Serpentard avait d'ailleurs mis du temps avant de reconnaître en elle sa cousine. Certes ils étaient de la même famille, mais cela faisait un petit moment maintenant que la famille Sallers avait coupé les ponts avec la mère de Cherise et du coup, Daniel ne l'avait pas vue depuis un bail. De plus comme tout le monde le sait, à cet âge là, les physionomies changent rapidement et le rouquin n'avait donc fait le rapprochement entre Cherise et sa cousine qu’assez tard dans l’année et à force d’entendre le nom « Rowle » pendant les doubles cours de Sortilège et de se poser des questions.

Elle avait beau être sa cousine, le jeune Serpentard ne chercha pas spécialement à se rapprocher d'elle de nouveau. Déjà à l'époque où ils se fréquentaient il n’était pas spécialement proche d’elle. Pour lui, sa seule utilité consistait à détourner l’attention de Lydia et d’Adam qui ainsi divisaient leur temps de façon à accable et Daniel et Cherise. Ce triste point commun n’avaient pas suffit à les rapprocher, et si Daniel était plutôt content que Cherise soit également la victime de sa terrible soeur et de son stupide cousin, il n’avait donc pas vraiment ressenti de peine lorsqu'elle avait cessé de les retrouver pendant les vacances. Depuis, Il n’avait eu aucune nouvelle d’elle et si il s’était posé de vagues questions à son sujet, il n’avait jamais cherché à savoir ce qu’elle était devenue. Ainsi lorsqu'il l'avait retrouvée à Poudlard, il n'avait émis aucun désir de renouer contact avec elle, et elle semblait raisonner pareil de son côté.

Pourtant, à l'ombre de la bibliothèque, elle venait de lui parler de nouveau, et qui plus est pour l'agresser.

Daniel leva ses prunelles bleu-azur sur Cherise et l’observa du coin de l’œil dans une attitude pas spécialement aimable. Elle faisait mine d'être plongée dans la lecture de son manuel de cours, mais le Serpentard avait senti l'arnaque.

¤ Ridicule ! ¤

Après un court instant de réflexion, Daniel se dit que peut-être sa cousine lui avait crier dessus sans le reconnaître et qu’aussitôt après l’avoir reconnu, elle avait décidé de ne pas tenir compte de sa présence, comme tous les autres avant elle.
Lorsque Daniel était petit, les autres enfants lui menaient la vie dure à cause de la couleur de ses cheveux et de son caractère ; quoi qu’il dise ou fasse, le rouquin était toujours mis à l’écart. Par la suite, Daniel avait grandit et il était resté loin des autres. Son entourage (camarades d’école principalement) continuait de demeurer à distance du rouquin, mais plutôt pour se préserver que pour accabler le garçon ; car Daniel était quelqu’un qui se montrait très agressif et qui traitait durement toutes personnes tentant d’entrer en contact avec lui.
Cherise était donc comme tous les autres, elle s’était probablement tenue à l’écart de lui aussitôt après l’avoir reconnu pour éviter d'éventuels troubles.

¤ Tant mieux… qu’elle reste là où elle est… ¤

Il était resté à l’observer d’un œil sombre pendant un moment et allait s’apprêter à retourner à ses fiches lorsque Cherise releva la tête et que leurs regards se croisèrent. Le fait qu’ils se soient regardés dans les yeux laissa Daniel de marbre mais cela sembla troubler profondément Cherise qui se sentit obligée de dire quelque chose.

¤ ??? ¤

Décontenancé par ce “salut” très très peu naturel dans la bouche de Cherise, Daniel se montra légèrement surpris avant d’afficher un air dégouté.

¤ Pourquoi elle commencerait à me parler maintenant alors que ça fait des années qu’on s’ignore ? ¤

N’ayant pas spécialement envie de se prendre la tête sur cette problématique, Daniel préféra attaquer cash avec sa cousine afin de savoir ce qu’elle pouvait bien lui vouloir.

« Qu’est ce que tu veux ? » lui demanda-t-il sur un ton pas spécialement aimable…

Si Cherise voulait de l’aide dans ses devoirs, elle pouvait aller se brosser. Et si elle voulait simplement évoquer le bon vieux temps où ils se faisaient martyriser tous les deux, Daniel saurait comment la recevoir …

Pitoyable. Oui, Cherise aurait bien disparu sous terre tellement elle se sentait stupide en ce moment. Elle ne se reconnaissait pas du tout. Normalement, elle était toujours souriante, joyeuse, et vraiment très bavarde. Là, elle ne savait plus ou se mettre car elle venait de se rendre compte qu'elle avait eu des réactions totalement différentes... La première, c'était alors qu'elle n'avait pas encore reconnu son cousin en la personne qui avait viré ses affaires de la table où elle s'était installée. Et la deuxième, c'était dès le moment où elle l'avait reconnu, tout en se rappelant des paroles de sa cousine. Le tout donnait un mélange assez spécial. Le mélange d'une Cherise super assurée et d'une autre Cherise super mal à l'aise. Il y avait de quoi lever un sourcil. D'ailleurs, la petite osait à peine lever les yeux de son bouquin pour regarder la réaction de Daniel tellement elle la redoutait. Elle avait bien compris que sa tentative pour commencer une discussion normale avait assez échoué, et que le jeune homme s'en était bien rendu compte.
Quand elle avait lancé son "salut", elle avait bien remarqué une expression étrange sur le visage du garçon. Sa première réaction fut :

*Quoi ? J'ai quelque chose entre les dents ?*

C'est vrai, quoi, il n'y avait pas de quoi faire cette tête là, non mais ! Ils étaient cousins, et apparemment, ils s'entendaient plutôt bien par le passé, donc c'était logique que la grimace de Daniel n'était pas dûe à la présence même de la petite à ses côtés. Cherise referma aussitôt la bouche et s'empressa d'effectuer un rapide "nettoyage" en passant furtivement sa langue sur ses dents. Ce n'était certes pas très élégant, mais ça l'était certainement plus que de se promener toute la journée avec un bout de salade coincé entre les dents (surtout quand on sait que la petite a tendance à sourire énormément). Elle s'apprêtait d'ailleurs à faire une petite remarque là-dessus (du genre "roooh, j'me demandais aussi pourquoi les gens me regardaient bizarrement depuis la fin du repas !") quand Daniel ouvrit la bouche pour lui demander assez séchement ce qu'elle voulait.
Cherise ne put s'empêcher de marquer une expression de surprise. Aïe. Si ça se trouve, il lui en voulait de ne pas lui avoir adressé la parole de l'année... Olalaaaah, si seulement elle avait rencontré Lydia avant ! Il n'y aurait pas eu tout cela. Ils auraient pu retrouver leur ancienne relation, avec Daniel...
La petite n'avait pas l'habitude d'exprimer ses sentiments en étant muette, aussi ne put-elle s'empêcher de bafouiller, histoire de montrer son étonnement :

"Hein ? Que... Je... Mais... Roooh..."

Aaaaah, qu'est-ce-qu'elle se détestait quand elle était comme ça ! C'était donc la seule chose qu'elle était capable de dire ? Mais voyons, ressaisis-toi, Cherise, c'est toi la maîtresse de la parlotte, normalement !
Sauf que là, il ne s'agissait pas de parlotte. C'était bien le moment de peser ses mots. Et d'ailleurs, la question se posait bien : qu'est-ce-qu'elle voulait, Cherise ?
En fait, elle ne voulait rien, elle s'était juste contentée d'agir en repensant aux paroles de Lydia... Mais elle n'était plus tellement sûre de vouloir jouer le jeu. Elle, son domaine, c'était la musique, pour jouer la comédie, elle était plutôt nulle. D'ailleurs, Daniel l'avait bien compris, il ne s'était pas laissé prendre un instant par la tentative de retour à la normale de la petite Gryffondor.

"Mais rien ! Je veux rien du tout ! Enfin, j'veux dire... C'est normal de vouloir parler entre cousins, non ?" s'exclama-t-elle en sentant parfaitement qu'elle n'était pas du tout convaincante.

Plus elle parlait, plus elle avait l'impression de s'enfoncer, et plus elle se demandait s'il ne valait pas mieux recommencer du début, en racontant la vérité à Daniel. Peut-être qu'il ne la regarderait pas de cette manière s'il savait qu'elle était amnésique... Peut-être qu'il s'était passé quelque chose durant leur enfance qui rendrait l'attitude de Cherise suspecte par rapport à ce qu'elle était avant...
La petite n'en savait rien. Et c'était bien dangereux de s'engager sur le chemin qu'elle avait pris. Il s'avérait un peu marécageux, ce chemin... D'ailleurs, peut-être que Daniel la laisserait se noyer sans même intervenir.
La petite posa sa main sur son front, comme si cela l'aiderait à réfléchir à ce qu'il y aurait de mieux à faire.

"Ok, je m'y prends comme un manche." finit-elle par déclarer. "Mais je t'assures, au début je t'ai pas reconnu, et après quand je t'ai reconnu, j'me suis sentie mal à l'aise parc'queee... Beeen, on s'est pas parlés de l'année. On s'est même carrément ignorés. Mais bon, t'es d'accord avec moi que c'était pas la bonne solution, non ?" continua-t-elle en se demandant qu'est-ce-qu'elle était bien en train de raconter.

La solution de quoi ? Olalaaah, c'était encore un coup à s'enfoncer dans les sables mouvants, ça... Cherise avait commencé à parler avec la résolution de tout dire, mais en voyant la tête de Daniel, elle s'était bien vite résignée, et avait essayé de rattraper le coup en continuant sur la voie qu'elle avait déjà ouverte préalablement. Au final, c'était encore pire qu'au début.
Elle n'avait plus qu'à se replonger dans son manuel de potions tout en passant sa langue sur ses dents au cas où un petit bout de viande aurait résisté au premier lavage...
Pitoyable. Du début à la fin.

Est-ce qu’il était normal de vouloir parler entre cousins ? Dans l’esprit de Daniel la réponse était non. Pas du moins quand on s’ignorait depuis l’enfance… Il la regarda en arquant un sourcil mais ne répondit rien dans un premier temps.

Devant son silence, sa cousine sembla se troubler et se mettre à réfléchir avec soin à ses prochaines paroles.

¤ Me souvenais pas qu’elle était aussi bizarre… ¤

Tandis que Daniel la regardait fixement, Cherise enchaîna et sortit un semblant d’explication sur sa venue ici. Le Serpentard en profita pour se caler le dos contre le dossier de sa chaise et pour croiser lentement ses bras sur sa poitrine.

¤ C’est quoi cette justification à deux balles ? ¤

Il mit un certain temps avant de comprendre où elle voulait en venir. Il l’écoutait d’un air perplexe et la vit prendre 1000 détours pour lui annoncer tout simplement que « s’ignorer n’était pas vraiment une solution ».

¤ Alors ça c’est la meilleure ! Mais la solution à quoi ? ¤

Le rouquin hésita un instant à exploser de rire pour cracher son mépris au visage de sa cousine. Mais c’était une méthode qui ressemblait plus à sa sœur qu'à lui-même et il se ravisa. Il se contenta de hausser une nouvelle fois les sourcils et de répondre sèchement.

« Beh voyons… Moi elle me convient très bien à moi comme solution ! »

Et il décroisa alors les bras de sa poitrine et se repencha en avant pour donner plus d’impact à ses futures paroles :

« Dis-moi ce que tu veux Rowle et arrête de me faire perdre mon temps ! »

Dans l’esprit du rouquin, il était évident que Cherise avait quelque chose à lui demander, et quelque chose qu’elle ne pouvait demander qu’à quelqu’un de sa famille. Sinon elle ne prendrait pas la peine d’essayer de renouer contact comme ça.

¤ Elle peut bien aller se faire voir… Quoi que je serai curieux de savoir ce qu’elle veut me demander… ¤

La petite fille était pourtant persuadée qu'elle avait plus ou moins rattrapé le coup. Elle en était encore au stade de croire que "tout le monde me pardonne car je suis petite" sauf qu'elle oubliait un petit détail, en l'occurrence, c'était que Daniel était aussi petit qu'elle. Peut-être même qu'il ne s'estimait pas du tout comme quelqu'un de petit. Cherise assumait très bien cela, pourtant... Elle savait qu'elle était une gamine, et elle en était presque fière. Aussi, c'était sa manière de penser qu'on pouvait donc tout lui pardonner. Même le fait d'avoir ignoré son cousin pendant un an. Sauf que pour le coup, elle avait vraiment une excuse puisqu'elle ne savait pas que c'était son cousin ! Mais évidemment, elle ne pouvait pas le dire au principal intéressé. D'après Lydia, cela lui briserait le coeur, et Cherise pensait que ce serait une mauvaise manière d'essayer de redémarrer une relation normale. Quoique-là, ça n'avait pas l'air d'être mieux parti. Daniel avait l'air de tout sauf de quelqu'un qui était convaincu. Et cela en mettait un sacré coup à l'amour propre de la petite fille. Elle qui pensait qu'il suffisait de faire des yeux de biche à quelqu'un pour obtenir ce qu'elle voulait... Han, ça marchait pas, là !
Bon, d'accord, elle ne faisait pas tout à fait des yeux de biche, elle essayait juste de se justifier, histoire que tout rentre dans l'ordre, quoi ! Sauf qu'au fur à mesure qu'elle parlait, elle voyait la tête que faisait Daniel, et c'était bien le signe que ce n'était toujours pas ça qu'il fallait faire. Après tout, elle pouvait trouver que c'était normal qu'il ait cette réaction-là. Elle ne l'avait pas vu depuis tant d'années, et là, elle débarquait et essayait de parler comme si de rien n'était ! Pour Cherise, c'était naturel, mais ça ne l'était pas forcément pour tout le monde ! Il suffisait que Daniel ait un caractère un petit peu moins ouvert que celui de la Gryffondor et voilà ce que ça donnait !
La petite ne se laissa pas démonter par toutes les expressions peu encourageantes de son cousin, et continua son discours, seulement il fallut bien avouer que quand il lança sa petite remarque comme quoi ça lui allait très bien comme situation, elle fut piquée au vif. Alors comme ça, il n'avait pas envie de renouer une relation ? Eh ben, Lydia ne lui avait pas dit qu'il avait été blessé à ce point ! Peut-être qu'il avait été tellement triste qu'il ne voulait même pas resonger à cette triste période où il ne la voyait plus...
Mouais, tu t'enflammes Cherise, là !

Quoique pour l'instant, c'était la seule explication valable que la petite pouvait trouver. Dans sa tête, ce n'était pas possible de ne pas avoir envie de faire la connaissance de quelqu'un. Elle-même avait toujours envie de connaître de nouvelles personnes ! C'était si agréable ! Cela donnait toujours du renouveau à la vie... Aussi, elle prit l'attitude de Daniel comme une sorte de carapace qu'il établissait autour de lui pour protéger son petit monde, d'elle, en particulier. Car pour la petite, son cousin n'était pas comme cela avec tout le monde, il avait cette attitude avec elle parce qu'elle était sa cousine qu'il n'avait pas vu depuis tant d'années, et qui lui avait apparemment causé du chagrin lors de sa disparition... Bon, d'accord, on n'a pas dit que la version de Cherise était la bonne !
Aussi décida-t-elle d'aborder la chose d'une autre manière quand Daniel lui demanda ce qu'elle voulait, en l'appelant par son nom de famille.

"Tu sais, je crois pas que tu m'appelais "Rowle" quand on était petits... Pourquoi tu m'appellerai comme ça maintenant ?"

Elle fit une pause le temps de chercher ses mots... Oui, c'était bien le moment de les peser longuement avant de les dire à haute voix. Elle rapprocha sa chaise de la table et plongea ses grands yeux marrons dans ceux de Daniel, qui étaient beaucoup plus clair. C'était drôle, ces deux-là étaient cousins et ils ne se ressemblaient pas pour un sou.

"Ce que je veux ? Ne me demandes pas comment je sais ça... Mais je sais ce qui s'est passé dans ta famille quand j'ai... disparu, en quelque sorte. Tu veux te protéger de moi, c'est normal. Mais je ne te veux pas de mal. J'ai retrouvé une cousine, je veux retrouver un cousin, c'est tout."

Olalaaaah, dans quelle histoire elle s'embarquait, là, Cherise ? Je sais ce qui s'est passé dans ta famille... Mais quelle idée de sortir un truc pareil ? Elle aurait bien l'air maligne, à présent, s'il lui demandait ce qu'elle voulait dire exactement par là. Mais bon, à présent, elle était lancée.
Elle baissa enfin le regard, et prit un air affligé.

"J'ai besoin de retrouver ma famille."

Décidément la cousine Cherise était bien étrange… Daniel ne comprenait toujours pas vraiment ce qu’elle voulait mais plus il l’observait et plus il la trouvait hésitante, comme si elle cherchait la meilleure formulation pour en arriver à ce qu’elle voulait lui annoncer ou lui demander.

¤ Elle est gravos et elle va finir par me souler, si c’est pas déjà fait. ¤

« Je t’appellerais bien McGonagall, seulement il me semble que ton nom c’est Rowle non ? »

¤ Elle veut pas que je l’appelle Che-che tant qu’on y est ? ¤

Peut-être sa cousine n’était pas rancunière – ou alors elle était tant perturbée par la phrase qu’elle pensait dire pour réagir – mais en tous cas, Daniel n’eut pas vraiment de réponse à sa remarque. Il allait détourner les yeux de sa cousine pour se remettre au travail sur sa fiche, mais Miss Rowle venait de trouver un nouveau chemin pour essayer d’exprimer ce qu’elle voulait, et un chemin qui interpela Daniel.

¤ ??? ¤

“Hein ? Je peux savoir de quoi tu parles ?”

Bien que Daniel n’aimait pas afficher son ignorance devant quelqu’un, là il était vraiment curieux de savoir ce que Cherise avait bien pu vouloir dire. Alors comme ça elle était au courant de quelque chose qui s’était passé dans la famille Sallers ? Et un événement qui se serait produit à l’époque où sa cousine avait cessé de les voir ? Mais de quoi pouvait-elle bien parler ? Le rouquin se creusa la cervelle, mais il ne voyait vraiment pas à quoi elle pouvait faire allusion et quelque part ça le vexait en plus de l'agacer.

¤ C’était y a longtemps… Je dois pas me souvenir… ¤

Vu la tête de Cherise, cet événement était quand même important et Daniel s’en voulait de ne pas savoir de quoi elle parlait. Il brûlait cependant d’envie de connaître la suite de l’histoire de la brunette, mais se garda bien toutefois de paraître trop impatient. C’est donc en gardant un poil d’agressivité dans le ton qu’il lui répliqua :

« Explique-toi, je vois pas de quoi tu parles… »


[HJ : Arf, je sais qu’on devrait finir ce sujet mais j’avais trop envie de le continuer rien qu’un peu. En tous cas il passe ma priorité number 1 ]

Cherise avait l'impression d'avoir déjà usé de toutes les techniques possibles et inimaginables pour écarter la méfiance de son cousin. Si cette fois, cela ne marchait pas, elle ne saurait vraiment plus quoi faire. Pourtant, la petite n'était pas une manipulatrice, ce n'était vraiment pas son genre... Elle était trop mauvaise comédienne pour pouvoir mentir facilement, cela se voyait sur son visage dès qu'elle disait quelque chose de faux. Ou alors, si ça ne se voyait pas, c'était elle qui se trahissait toute seule quelques temps après. Car il est plus facile de mentir quand on n'est pas un moulin à paroles. Or, notre petite était un moulin à paroles, et ne réfléchissait pas trop avant de parler, si bien qu'il y avait forcément des trucs à ne pas dire qu'elle disait...
Là, elle s'était bien appliquée à réfléchir avant de parler. Mais à présent, elle se trouvait bien embêtée. Déjà, elle avait un peu du mal à comprendre Daniel. Pourquoi voulait-il l'appeler McGonagall ? Elle n'avait quand même pas grand chose en commun avec elle ! (enfin, il valait mieux espérer)
Peut-être tout simplement parce qu'elle était à Gryffondor ? Ouais, quand même, c'était un drôle de raisonnement que celui de son cousin... La petite marqua une expression de surprise qui se traduit quelques secondes plus tard par un petit rire. Voilà, c'était ça, Cherise, il fallait qu'elle rie. Chez elle, le rire n'était pas forcément synonyme de joie (même si ça l'était quand même assez souvent), il ne fallait donc pas s'arrêter à cela.

"McGonagall ??? Quand même, j'suis pas aussi vieille qu'elle ! Et pis j'ai pas de lunettes... Et pis... J'suis pas aussi sévère. Et beaucoup moins rabat-joie, j'espère... Enfin bon."

Il y avait des fois où il ne fallait pas trop chercher à comprendre. En l'occurrence, la petite se doutait qu'elle n'aurait pas beaucoup plus d'explications. Le jeune garçon se moquait d'elle, mais elle faisait semblant de ne pas y faire gaffe. Il était encore sur ses gardes, c'était normal.
Mais ce qu'il y avait de positif, c'était que sa technique avait marché. Elle avait réussi à exciter la curiosité du garçon ! Hourra ! Alléluia ! Voilà, c'était toujours ça de gagné. Sauf qu'à présent, qu'est-ce-qu'elle allait bien pouvoir lui dire ? Elle n'allait pas non plus lui dire en face "ta soeur m'a dit qu'on était quasiment amoureux quand on était petits, et que ma disparition t'a traumatisé". Non, pour une fois, elle sentait que ce n'était pas trop ça ce qu'il y avait à dire. En même temps, si elle essayait de faire des sous-entendus, elle se doutait que cela allait énerver le garçon. Et puis même, elle n'était pas du genre à faire des sous-entendus, elle aimait bien dire les choses comme elles étaient.
En fait, elle était face à un véritable dilemme. En même temps, il y avait une partie d'elle qui mourrait d'envie de tout raconter à Daniel (car c'était dans sa nature de toujours tout raconter), et il y avait une autre partie qui le lui déconseillait fortement, pour plusieurs raisons : Lydia lui avait dit que ce serait une mauvaise idée, qu'il fallait faire comme si de rien n'était (mais en même temps, cela semblait mal parti pour faire comme ça), et puis elle avait l'impression de ne pas connaître le garçon, mais en tout cas cela paraissait peut-être un peu risqué de parler de choses très personnelles à une sorte d'inconnu.
Mais bon, après tout, ce n'était pas réellement un inconnu. Enfin, ça l'était dans un sens mais pas dans l'autre.

Soudain, la petite, décidant subitement que personne ne pouvait décider ce qu'elle devait faire à sa place, ouvrit la bouche pour dire quelque chose qu'elle aurait mieux fait de taire :

"Tu te souviens pas qu'on était amoureux ?"

Le truc qu'il ne fallait justement pas dire. Cherise se pinça les lèvres. Oh non, non, noooooon ! Pourquoi avait-elle dit cela ? Aaargh, ça lui avait échappé ! Voilà, maintenant, tout son beau travail allait être gâché par cette remarque qui pourrait vexer le jeune garçon, voire même le faire fuir. Ou tout simplement le rendre mal à l'aise. Dans tous les cas, cela ne pouvait qu'engendrer une situation défavorable... Car, admettons que cela lui fasse plus plaisir qu'autre chose, Cherise ne se verrait pas non plus en bonne posture s'il en arrivait à lui sauter dessus pour l'embrasser. Elle n'était pas très fan de ce genre de situations, surtout que cela lui était déjà arrivé dans l'année...
Dans tous les cas, la suite s'annonçait mal, très mal.
Le seul point positif à l'affaire, c'était que Cherise avait plus ou moins respecté les conseils de sa cousine Lydia en ne parlant pas de son amnésie. Là, c'est sûr qu'elle n'en parlait pas, et qu'elle ne la supposait même pas vu qu'elle évoquait des souvenirs.
Mais peut-être qu'il y aurait eu un moyen plus... doux, on va dire... pour aborder le sujet.
La petite avait replongé son regard dans son livre tellement elle se sentait minable. Pas honteuse (après tout, c'était du passé, non ?), mais elle sentait bien qu'elle avait manqué de tact. Restait plus qu'à voir comment réagirait son cousin aux airs si farouches.

[Mwahahahaaa ! Moi non plus je ne veux pas le finiiir ]

Cherise avait employé des mots assez forts tels « je sais ce qui s’est passé », « tu veux te protéger », « je ne veux pas te faire de mal » qui avaient tôt fait d’éveiller la curiosité de Daniel. Du coup, il s’était attendu à ce qu’elle lui annonce une nouvelle qui allait le bouleverser ou du moins lui apprendre quelque chose de véritablement important, mais à la place, elle lui annonça sur un ton frôlant la naïveté la plus totale qu’ils étaient amoureux quand ils étaient petits.

« C’est une blague ? »

Abasourdi, Daniel n’avait plus aucun doute désormais, les plombs de sa cousine avaient fondus durant son absence. Elle venait de lui sortir une telle ineptie qu’il resta un moment à la contempler, le regard interrogateur, les sourcils légèrement froncés et la bouche légèrement déformée par une moue désapprobatrice.

¤ Ça va pas dans sa tête pour affirmer des trucs pareils ? ¤

Alors là il ne comprenait plus. Etait-ce vraiment ce qu’elle voulait lui dire ? Le besoin de retrouver sa famille et bla-bla-bla… C’était parce qu’elle était amoureuse de lui ? Parce qu’elle croyait que c’était réciproque ? Ou sinon peut-être se mettait-elle à élaborer des plans à la Lydia et à faire croire n’importe quoi à n’importe qui ?

Quoi qu’il en soit et quelles que soient les intentions de Cherise, Daniel n’avait pas envie de rentrer dans son jeu - il n'était pas là pour ça - et détourna bien vite le regard de la jeune fille. En deux temps trois mouvements il avait déjà rassemblé ses affaires et s’était levé de sa chaise, ses livres sous le bras. Si sa cousine était venue le déranger pour lui raconter des trucs aussi loufoques, ça n’était pas la peine qu’il reste à essayer de bosser dans la bibliothèque… Mieux valait rentrer dans son dortoir.

« Aller c’est bon ça m’amuse pas… »

Sans accorder un regard de plus à Cherise, il sortit de la pièce, portant avec difficulté tous ses ouvrages. Il laissa sa cousine pour le moins désorientée, mais il n’en avait que faire. Discuter avec les autres n’était pas son truc, discuter avec sa famille l’était encore moins, et en particulier lorsque les membres de sa famille étaient aussi étranges et peu clairs.


[TOPIC TERMINE POUR DANIEL]
[J’ai trop aimé ^^ j’espère qu’il y en aura d’autres… Qui sait d’ailleurs comment Cherise va interpréter la fuite de Dan hé hé. Je te laisse répondre une fois et on pourra le considéré comme clos Ce fut un plaisir en tous cas ^^]

Et voilà, Cherise Rowle et son tact éblouissant ! Vous pouvez pas imaginer dans quel état elle se sentait en ce moment... Peut-être qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bête de sa vie, en fait. Oui, carrément. Parce que là, il fallait le faire quand même. Alors que c'était presque gagné, qu'elle avait réussi à aiguiser la curiosité de Daniel qui avait pourtant hérissé les poils dès le début, elle arrivait à tout gâcher, comme ça, l'espace d'une demi-seconde. Quand même c'était fort. Là, elle méritait amplement la palme de la Fille la Plus Douée de la Terre. Alalaaaah, qu'est-ce-que cela pouvait être dur, les relations à l'âge de onze ans ! Peut-être même plus dur qu'après. Car à cet âge-là, la moindre erreur est fatale. A partir de maintenant, Cherise pouvait toujours courir pour essayer d'établir une relation normale avec son cousin. D'ailleurs, elle redoutait grandement sa réaction. Elle attendait le moment fatidique où le garçon allait ouvrir la bouche tout en regardant d'un oeil fixe son livre de potions. Depuis quelques secondes, ses yeux parcouraient les lignes assez rapidement, mais la petite ne retenait absolument rien à ce qu'elle lisait. Ce qui était dommage, en y pensant, vu que c'était absolument sur ça que se portait le devoir de potions qu'elle avait à rendre - la raison de sa venue à la bibliothèque, d'ailleurs.

« C’est une blague ? » finit-il par dire. Cherise ne leva même pas la tête, elle se contenta de se mordre la lèvre. Voilà, ça commençait. Et en plus, elle était à court d'idées, elle ne savait absolument plus quoi faire. A tous les coups, si elle laissait fonctionner son instinct, cela ne ferait certainement qu'empirer les choses, il valait mieux donc qu'elle se contrôle. Et le fait de se mordre les lèvres l'empêchait justement de ne pas faire n'importe quoi.

Au bout d'un instant, elle osa quand même relever la tête et plonger son regard dans celui un peu trop impressionnant du jeune garçon. Et là, une fois de plus, ce fut plus fort qu'elle, elle ouvrit la bouche, et pour dire quelque chose qu'elle aurait mieux fait de taire, une fois encore.

"Ouiiii, héhé, c'était une blaaaaague ! Haha, t'y as cru, hein ! J'voulais attirer ton attention, ça a marché !"

Aaaargh, mais non, mais non, MAIS NOOOON ! Cherise, tais-toi ! Arrête ! La petite se rendait compte de l'énorme connerie qu'elle faisait au fur et à mesure qu'elle parlait, mais elle disait cela tellement nerveusement qu'il était impossible qu'elle s'arrête. En plus, ses paroles étaient elles aussi accompagnées d'un petit rire nerveux qui n'arrangeait rien à la situation, on aurait dit une folle qui sortait de l'asile. Ou alors quelqu'un qui avait trop bu... Sauf que ce n'était ni l'un ni l'autre. Cherise était sous pression. Elle était restée trop longtemps assise avec un stress qui ne lui plaisait pas, il fallait que ça sorte. Et cela sortait mal. D'ailleurs, à propos de sortir, Daniel s'était levé, et était parti. Quitte à s'enfoncer encore plus, la petite s'écria, toujours avec un petit rire bizarre :

"Arf, mais pourquoi tu t'en vas ? On s'amuse bien, non ? Olalaaaah, t'as vraiment pas d'humour, hein ! Faut manger plus de Chocogrenouilles dans la vie !"

Là, on aurait vraiment dit qu'elle avait bu quelque chose d'un peu trop fort. Car quel était le rapport entre l'humour et les Chocogrenouilles ? Bah, il y en avait pas. La petite, après même que le garçon soit parti, continuait de rire nerveusement, ce qui faisait encore plus bizarre vu qu'elle était toute seule à sa table à présent. Quand elle reprit son calme, après quelques regards étranges que lui lançaient les gens de la bibliothèque, elle dut se retenir de ne pas se mettre une baffe. Et pourtant, elle en avait fortement envie.

* Mais quelle idiote ! Quelle idiooooote ! Gnaaaaaaaa ! *

Heureusement qu'elle était dans un lieu sensé être silencieux, sinon elle aurait volontiers cassé tout ce qu'il y avait autour d'elle. Du coup, comme elle ne le pouvait pas, elle se concentra sur son devoir de potions et passa sa colère dessus, ce qui ne plairait certainement pas à Rogue. Tant pis, c'était la fin de l'année, Cherise en avait marre.

[Topic terminé ! =D

Ouiii, j'suis d'accord, à refaire ! ^^
Désolée, il était pas terrible ce poste >_<]