Lieber Vertrauter

Mon petit journal, aujourd’hui l’heure fût grave.
Pour avoir écrit sur tes pages toutes mes inquiétudes et les turpitudes de mon cœur depuis mon enfance, tu as pu suivre mon évolution depuis que j’ai rencontré Vincent. Même si tu n’es qu’un cahier, tu connais tout de moi… Et aujourd’hui, tu vois, je dois te le dire, ma famille est en morceau. Dans une autre situation, en d’autres circonstances, cela m’aurait sûrement rendu abominablement triste… mais cette mascarade que l’on joue depuis si longtemps commençait à sonner vraiment trop faux… et quand je me suis cachée sous la couverture de Vincent il y a trois jours de ça, je savais ce que je faisais, je m’y suis préparée. Voilà les conséquences de mon choix…

Je suis sortie de chez Roze tôt ce matin là, elle devait me conduire à mes parents en cachette de Vincent. Ce n’est pas que je ne comptais pas le lui en parler, mais je ne souhaitais ni qu’il s’inquiète, ni même qu’il m’accompagne. Cette rencontre a donc eu lieu pendant son sommeil. Avant de partir, je l’ai embrassé sur la joue et le voir endormi, parfaitement serein, m’a confirmé dans mes sentiments. C’est lui que j’ai choisi…

Lorsque je l’ai annoncé à ma mère, la première chose qu’elle m’a dite c’est que je le regretterais un jour. C’est possible. J’ai quelques talents pour tirer le tarot mais pas assez pour prédire avec précision ce que sera mon avenir. Peut-être que dans six mois ou dans un an Vincent ne m’aimera plus… cette idée me rend affreusement triste mais elle a raison, ce n’est pas impossible. Toutefois, mon amour pour Vincent n’a été que le moteur d’une motivation plus grande. Quoi qu’il arrive, je ne regretterais jamais mon bonheur présent et encore moins de m’être débarrassé de fiançailles que je ne désirais pas, qui me dégoûtait.

Eux aussi, mes parents, avaient quelque chose à me dire. Papa ne vit plus du tout au manoir, il quitte maman pour de bon. Ils vont même peut-être divorcer, une première dans l’histoire de ma famille. Friedrich de son côté se terre on ne sait où, il ne donne plus aucune nouvelle à personne depuis qu’il a été contraint de rompre avec Helena pour on ne sait quelle raison…

Finalement, je suis comme Vincent, je n’ai plus de famille proche. Heureusement, pour lui comme pour moi, il y a l’autre branche de ma famille qui nous accueille et nous aime. Pourtant, même si maman est encore sous le choc de la nouvelle, je pensais qu’elle le prendrait plus mal que ça… Peut-être est-elle comme éteinte, peut-être qu’il y a de l’espoir pour elle. Je ne sais pas… Et je n’ai plus vraiment envie d’y penser.

Au moment où j’écris, Vincent regarde la télé non loin de moi. Je n’ai qu’une envie, me blottir dans ses bras pour me faire consoler… mais en même temps, je n’ai pas envie de lui raconter. Pas encore. Ce qui s’est passé ce matin, pour l’instant, tu en es le seul confident. Mais quand je le lui dirais, je suis certaine qu’il sera là pour moi…

Mon spleen ne m’a pas vraiment quitté mais j’essaie de ne pas y penser. En résulte que je suis peut-être un peu trop pot de colle avec Vincent. Dans une certaine mesure, il ne semble pas s’en plaindre et nos étreintes ont le mérite de me faire oublier le reste pour ne penser qu’à lui.

Actuellement, nous sommes en Allemagne. Au moment où j’écris, Vincent dort à côté de moi. Je trouve que lorsqu’il est endormi, il fait ses quinze ans. De temps en temps, je passe la main dans ses cheveux et je sens mon sourire. Même si je suis encore un peu triste, je n’échangerais contre rien au monde ces instants avec lui.

[…]

J’ai été obligée d’arrêter d’écrire, Vincent s’est réveillé et a commencé à m’embrasser… j’espère qu’il sera plus calme à Poudlard parce que sinon ça va poser problème ! Enfin, la tentation y sera sûrement moins forte aussi puisqu’on ne dormira pas ensemble, on sera même séparés de plusieurs étages. A ce moment là, je suis sûre que la plus désespérée des deux, ce sera moins. Pas pour les rapports physiques hein ! Mais parce qu’il ne sera plus avec moi pour me prendre dans ses bras à chaque fois que je me sens un peu triste. Ceci dit, j’aurais aussi beaucoup moins de temps pour penser à mes parents donc sûrement moins besoin de compenser. Il faut positiver, puis, c’est dans longtemps.

En attendant, je suis bien ennuyée parce que pour le moment, Vincent n’est pas de très bonne humeur. Il est utile de noter que ce n’est pas ma faute. Pour le moment, il regarde le plafond, il essaie sûrement de se rendormir. Mon imbécile de gouvernante a cassé l’ambiance ! On était bien parti pourtant ! Encore heureux que ma tante ne se fasse pas d’illusion sur la nature de ma relation avec Vince’, sinon ce serait la fin des haricots beurre. Mais maintenant ça va jaser dans les couloirs du château, il va falloir installer un verrou à la chambre de Vincent (et à la mienne, tant qu’à faire), sinon on ne sera jamais tranquille.

Il est tout de même déjà 23h… Pour la petite histoire, ma gouvernante a entendu à la météo qu’il y allait avoir de l’orage plus tard dans la nuit (autant dire que je vais rester avec Vincent quoi qu’il arrive), elle a voulu me prévenir, pour que je ne sois pas réveillée par surprise et que je panique… sauf que je n’étais pas dans ma chambre bien entendu ! Du coup, elle est allée demander à Vincent s’il savait où j’étais et elle nous a trouvé… tous les deux… au lit… La honte de ma vie ! Mais le meilleur était encore à venir ! Aux couinements choqués de ma gouvernante, Vincent a commencé par répondre en me lâchant assez pour attraper mon coussin et le balancer dans la figure de la pauvre vieille femme avant de dire, très mécontent, « On ne peut jamais être tranquille. » ce que j’approuve dans la théorie parce que bon… en plein de milieu de la nuit, on aurait pût espérer ne pas être surpris ! Surtout qu’on a bien fait attention jusque là (ok, ça fait qu’une semaine et quelques, mais tout de même, on était super discret !), c’est vraiment un coup de pas de bol. Mais voilà, mon Vincent, ça l’a bien mis en rogne…

Oups, il me parle, je continue plus tard !

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Bon, finalement, j’ai réussi à calmer Vincent. Enfin, il n’était pas vraiment énervé, plutôt contrarié je dirais. Quand il m’a parlé, c’était pour me demander ce que je faisais. Il ne sait pas lire l’allemand mais je préfère quand même ne pas attiser sa curiosité en lui parlant de mon journal, même s’il sait que j’en tiens un. Au final, je suis tout simplement retournée contre lui et j’ai fais de mon mieux pour reprendre là où nous en étions avant l’incident avec ma gouvernante. Cela a pris plus de temps que ce que j’aurais imaginé. Les garçons sont vraiment compliqués… En plus, c’est MOI qui aurait dû être bloquée ! Ce sombre idiot s’est mis tout nu devant ma vieille nurse de 60 piges ! C’était juste après lui avoir balancé le coussin, il a eut subitement soif (ça pouvait pas attendre ? il avait pas soif trois minutes avant non ?), en vrai je suis sûre que c’était un prétexte ! Et il s’est donc levé alors qu’il était… nu !

Comme là c’est mon journal, je peux le dire, j’ai beau trouver Vincent super canon, je ne me ferais jamais au fait de le voir nu. Je ne sais pas pourquoi, ça me choque toujours. Pas dans le feu de l’action ou quand je me réveille dans ses bras, mais quand ça arrive sans crier gare, je me sens toujours profondément choquée. Je suppose que je ne devrais pas, c’est mon copain quoi… Mais c’est plus fort que moi.

Enfin bon, toujours est-il que j’étais presque aussi choquée que nanny et j’ai pas pu m’empêcher de me cacher le visage avec les mains et de lui lancer un « Vince… » Légèrement agacé, mais surtout résigné. Ce à quoi il a répondu (autant pour moi que pour ma nurse) « Bah quoi ? Vous entrez dans les chambres sans prévenir, je suppose que c'est pour que vous puissiez vous rincer l'œil. » Non mais vraiment…

La suite, je l’ai déjà plus ou moins raconté, ma nurse s’est vaguement excusé en allemand et s’en est allé, moi j’ai passé mon kimono et Vincent a bu son verre d’eau avant de retourner dans le lit. Quand, plus tard, j’ai réussi à le dérider et à le faire revenir à de meilleurs sentiments, j’étais encore un peu stressée de ce qui allait se passer ce matin mais dans l’immédiat… aucun écho. Et pour l’orage, il a bien éclaté, mais comme j’étais avec Vincent (aucune raison de faire style que j’ai dormi dans ma chambre maintenant, donc je n’ai pas bougé jusqu’à ce que ce soit l’heure pour moi de me lever), ça a été. Je n’ai pas eu l’impression qu’il fût trop violent non plus, j’ai même pas eu besoin d’aller chercher mon lapin en peluche pour passer mes nerfs dessus (la gentille petite amie que je suis évite de broyer les bras de son copain, trop aimable de ma part, je sais). Enfin, pour l’incident de cette nuit, je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer. Dans le fond… ça reste drôle. Mais j’espère que s’il arrive dans le futur qu’on se fasse à nouveau surprendre, Vincent ne va pas se montrer comme ça à chaque fois ! j’suis jalouse moi aussi eh ! Il est qu’à moi, nomého >.<

C’est la sainte Marie aujourd’hui, et j’ai donc été à la messe. Toute seule bien entendu puisque Vincent n’est pas croyant pour un sou. J’aimerais pouvoir le convertir mais je ne sais pas… Je crois qu’il en a trop bavé enfant pour croire que Dieu existe. De plus, on m’a toujours appris qu’il fallait respecter les croyances des autres (y compris leur non-croyance) parce que si Dieu juge la foi, il juge avant tout l’âme. Croire ne rend pas un homme meilleur après tout, ce qu’il faut, c’est qu’il devienne bon. De fait, plutôt que de dépenser mon énergie à essayer de convertir Vincent, il est bien plus utile que je l’utilise à le rendre moins violent. J’y travaille. Mais ce n’est pas gagné. Vincent est habitué à la bagarre, il a fini par aimer ça…

Enfin bref… pour en revenir à mon histoire de religion, j’en ai profité pour aller me confesser. Comme je te l’avais dit la dernière que j’ai eu le temps d’écrire (c’est fou ce qu’un copain ça occupe comme temps !), ma nurse m’a surprise. Elle m’a ensuite le lendemain fait une sacrée morale. Je n’en revenais pas, j’étais vraiment comme deux ronds de flanc devant une telle attaque. En même temps, je ne sais pas ce que j’imaginais. Je n’ai que seize ans et je viens d’une famille plutôt conservatrice, c’était logique qu’on me tombe dessus comme la misère sur le monde ! Toutefois, si on devait être honnête, ce n’est pas du tout mon âge le problème, c’est bien le fait que je ne sois pas mariée d’une part et que ce soit Vincent d’autre part. Mais pour ma nurse, je lui ai bien cloué le bec parce que, d’accord on est pas marié – et je ne suis pas certaine qu’on le soit avant longtemps, très longtemps même qui sait ? -, mais Vincent est devenu un bien meilleur parti que Franz grâce à Roze. Je ne remercierais jamais assez ma cousine pour tout ça. Vraiment, elle nous facilite l’existence.

Quant à mon confesseur, il n’a pas été si choqué que ça. Je lui ai déjà parlé de Vincent, plusieurs fois même, et si ça l’ennuie que je vive dans le péché, il pense aussi qu’il vaut mieux ça qu’être marié de force et malheureuse toute ma vie comme ma mère. Il est gentil mon confesseur, c’est lui qui m’a enseigné mon catéchisme quand j’étais petite. Enfin bref… il m’a dit que ce n’était pas bien, mais j’ai senti que c’était pour la forme, surtout qu’au fond… ce qui est fait est fait hein ? En plus, l’enfer ne s’est pas ouvert sous mes pieds donc on peut supposer que ce n’est pas non plus si grave que ça. Il y a pire comme péché, et il faut vivre avec son temps aussi ! Bref, il n’a pas été très étonné, ni très ennuyé, il m’a seulement dit qu’il fallait que j’aie confiance en Dieu et qu’il me guide comme il l’a fait jusqu’à présent. J’suis tout à fait d’accord, je suis persuadée que ma rencontre avec Vincent avait un sens, que nous sommes liés l’un à l’autre. Rien ne pourra m’en faire démordre. Du coup, je m’en suis sorti avec quelques ave maria et quelques pater ainsi qu’un ou deux cierges… rien de méchant. Reste à convaincre les domestiques maintenant, mais ils vont finir par s’y habituer, j’en suis certaine ! Après tout, même mon père s’est fait une raison alors…

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Aujourd’hui, c’était la rentrée. Bien ou mal, je ne sais guère… mais en tout cas, je suis de nouveau à Poudlard. Le banquet s’est bien passé et je dois admettre qu’une fois le premier choc passé, ce qui m’a vraiment dérangé c’était de ne pas pouvoir dormir avec Vincent. C’est sûrement futile de ma part, surtout quand on vient d’être admise préfète de sa maison, mais cela fait bien longtemps que j’ai cessé d’avoir tout espoir quant à mon propre sens des priorités. Vincent passera toujours en numéro un avant tout le reste.

C’est peut-être ce qui m’a sauvé au fond, en effet, je me sentais très mal durant le trajet. Surtout au début. Déjà, à la base, je ne me réjouissais qu’assez peu de mes nouvelles fonctions et de ma séparation partielle d’avec mon petit ami… mais quand j’ai vu mon frère dans le couloir du train… le sol s’est comme dérobé sous mes pieds. Avant que j’aie eu le temps de comprendre l’embroglio de mes sentiments, j’étais déjà dans les toilettes en train de pleurer. Vincent s’est inquiété, je crois bien que si j’avais mis trois minutes de plus à sortir de là, il aurait défoncé la porte. Toutefois, il a vu Friedrich lui aussi, il a bien compris ce qui se passait (je suppose ?). Moi, j’ai refusé tout net d’en discuter. Mon frère avait refusé d’avoir des contacts avec moi à la fin de l’année écoulée et ensuite il a carrément disparu pendant tout l’été. Ma mère s’en rend malade, il a toujours été le chouchou après tout.

Moi aussi je me suis fait beaucoup de soucis, c’est pourquoi tout a été très embrouillé dans ma tête lorsque je l’ai vu. Il faut l’avouer, je suis du genre simplette, j’ai du mal à gérer les émotions compliqués. Pour moi, tout est noir ou blanc, avec les années, j’ai appris à mettre du gris dans ma vision des choses, mais pour les choses importantes, j’ai beaucoup de difficultés à réfléchir posément.

Quelque part, j’étais contente de le voir. Il était vivant et – à première vue – en bonne santé. Même si lui et moi n’avons jamais eu vraiment d’atomes crochus, c’est mon grand frère, ce qui lui arrive m’importe ! Mais il y avait aussi la rancœur et la colère que j’éprouve à son égard qui n’était pas loin. Une envie d’aller le voir et de le secouer comme un prunier, comme lorsqu’on était petit. Depuis que Roze est mariée à Edward – et même avant ça -, mon frère devait hérité de tout. Cela semblait assez logique à tout le monde parce que c’était le seul garçon, il pouvait mieux perpétuer le nom que nous autre les filles – même si nous vivons dans un monde moderne où la femme peut garder son nom de jeune fille. Puis, il a rencontré Helena et il nous a tous jeté comme de vielles chaussettes, laissant à sa sœur – moi – la lourde charge d’hériter à sa place. Comme c’était pour Helena et qu’à l’époque je l’enviais beaucoup (bah oui, mon chéri à ce moment là il me voyait que comme sa meilleure amie), ça ne me dérangeait pas trop. Je me disais que tant qu’à ce que quelqu’un soit marié de force et coincé avec les affaires de familles, autant que ce soit moi, qui était certes amoureuse mais seule. Quand ensuite je suis sortie avec Vincent, j’ai essayé d’arranger les choses de façon à ce que ça ne dérange personne en dehors de la morale vieillotte de mes parents. Roze m’y a aidé. J’ai vraiment pensé que j’allais y arriver… Pendant quelques mois, le futur m’a semblé plus clair que jamais. Puis, mon frère a quitté Helena sans qu’on sache pourquoi… et il en a profité pour nous rayer aussi définitivement de sa vie. Mon frère est un lâche, il l’a toujours été. On ne peut pas faire confiance à des gens comme ça.

Vincent m’a – une fois de plus – récupérée en larme mais ça m’est très vite passé parce que je crois que c’était plus parce que j’étais dépassée par la situation que j’ai pleuré. J’ai passé mon voyage entre ses bras et mes passages obligatoires dans le wagon des préfets (aussi brefs que possible), une fois à Poudlard, ça allait déjà mieux et tout ce qui me tracassait c’est que je ne voulais pas quitter Vincent. Mais j’ai revu mon frère, seul dans son coin, au banquet. Finalement, je ne sais pas si je dois essayer de lui parler ou non. Puisque ça semble si simple pour lui d’oublier toutes les personnes importantes dans sa vie il y a encore de ça un an, je devrais peut-être l’imiter et tout bonnement le rayer de ma vie pour toujours.

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L’année commence fort ! Dès ce matin, j’ai eu des ennuis ! Il est vrai que ce n’était peut-être pas très malin, ni très responsable, de ma part de me glisser dans la salle de bain des garçons. En vérité, si je n’avais pas constaté que la nôtre, celle des filles, avait une file d’attente, je ne l’aurais jamais fait. Mais j’étais pressée. C’est mon premier jour en tant que préfète et il faut le dire clairement, je ne suis pas de ceux qui aiment sacrifier leur vie privée pour le boulot. Je voulais pouvoir voir Vincent au petit déjeuner parce que après, dans la journée, je vais sûrement être occupée, surtout ce soir. Je ne sais pas si je vais faire ma première ronde ou pas mais quoi qu’il en soit, je me dois de respecter le couvre feu, pas question de traîner un peu avec Vince’ dehors comme l’an dernier ! Contrairement à ce que ce Damon à l’air de penser, je ne suis pas du tout quelqu’un qui aime transgresser les règles. Il est vrai cependant que je le fais quand je le juge nécessaire… mais j’évalue les risques. Combien de pourcentage de chance j’avais de tomber sur un mec qui devient traumatiser en voyant une fille en sous-vêtement, hein ? Moi je me disais que si à cette heure matinale je tombais sur un des mecs du dortoir, je n’aurais tout simplement qu’à le gronder un peu pour pas qu’il mate, le gifler s’il tentait un truc et puis voilà… Grosso modo, les garçons de la maison sont soit casé et ils s’en fichent de moi, soit ils ont une fille en vu ce qui revient au même… et dans ces deux cas, je n’ai pas de soucis à me faire, pour aussi jolie que je puisse être, ils ne feront que jeter un coup d’œil…. Ensuite il y a ceux qui n’aiment aucune fille ce qui revient à toutes les aimer et enfin, plus rarement, ceux qui m’aiment moi, ou qui aiment ma façon de porter l’uniforme en tout cas. Le profil de Damon ne rentrait pas dans mes statistiques parce que pour moi, quand on voit une fille en petite tenue, la première chose qu’on pense ce n’est pas « son copain va me tuer ». Même moi, ma première réaction devant un beau garçon, ce ne serait pas de penser à Vincent, ce serait ma seconde idée, on sait pourtant que Vincent occupe à lui seul 90% de mes pensées n’est-ce pas ? Bah oui, en premier on juge le physique de l’autre, on regarde, en deuxième on pense aux conséquences. Je ne sais pas, moi je trouve ça logique.

Finalement, ça a tourné à la rixe en règle. J’ai réalisé à l’arrivée de Steevy (juste avant plutôt), qu’en réalité Damon faisait parti de la même catégorie que mon frère Friedrich : les peureux et les lâches. Dans ce cas, qu’est-ce qu’il fout à Gryffondor hein ? Il ne serait pas mieux à Serdaigle avec sa timbrée ou à Poufsouffle avec Roman ? Oui, parce que j’ai compris après qu’en fait c’était le type qui traînait avec la cousine de Kostovak, j’ai mis un moment pour ça. C’est seulement en y repensant au cours du repas de midi que ça m’est venu. Et ensuite dans l’aprem j’en ai discuté avec Zeno, un gentil garçon d’ailleurs. C’est dommage que nous ne nous soyons jamais parlé avant.

Vous voyez, en fait, Vincent ne changera jamais. Les jours de Damon ne sont pas comptés (n’exagérons rien) mais le pauvre va vraiment se faire frapper à cause de moi. Même s’il m’a sacrément agacé, je dois dire que je trouve ça un peu triste. J’veux dire, c’est ma faute quand même à la base. Vincent n’a pas pris garde d’oublier ce détail vous pouvez me croire… Mais est-ce que c’est ma faute si je ne suis pas pudique hein ?

Et puis pourquoi est-ce que Vincent se sent obligé de lui casser la figure alors qu’il n’est même pas intéressé ce pauvre petit ! Il m’a à peine regardé allez, quoi, une micro seconde. Il avait bien trop la frousse pour mater en plus, vraiment, ça n’en vaut pas la peine de le taper… mais Vince’ est persuadé que tous les garçons de l’école me désirent. C’est flatteur hein, je ne dis pas, ça veut dire que c’est son cas et que ça ne lui traverse même pas l’esprit que ça ne puisse pas être le cas pour les autres, mais si ça provoque des problèmes à un innocent c’est moins drôle. Vraiment, quel manque de bol, ça aurait été n’importe quel autre garçon, ça ne poserait pas tous ses soucis ! Ne serait-ce que parce qu’un autre garçon aurait potentiellement été plus coupable de ce dont on l’accuse que Damon.

Du coup, là, j’hésite. J’ai reçu la lettre d’invitation à la beach party mais ça va être compliqué pour moi de m’y rendre. Le maillot de bain est supposé être obligatoire pour ce genre d’évènement… et moi bah je ne suis pas trop pour que tous les invités se fassent frapper en fait… Et même sans ça, mon cher et tendre ne va sûrement pas apprécier que je l’abandonne tout un après-midi de congé pour aller frayer avec des amis. Sans lui. Et sans qu’il puisse se taper l’incruste d’une quelconque manière. En même temps, je ne me vois pas refuser… certes, l’histoire avec Damon m’a bien douché, mais je ne vais pas louper un évènement comme celui-ci juste parce que mon copain est jaloux, si ? Non, je ne peux vraiment pas, ce serait la porte ouverte à tout un tas de critique… déjà qu’on me trouve trop faible avec Vince’ alors !

En plus, je suis genre… vraiment trop niaise. Je continue à trouver que c’est mignon alors même que ça me met dans les ennuis. Ma bêtise est au moins aussi grande que sa jalousie il faut croire ! C’est à s’en tirer les cheveux ! Mais il faut que je sois plus ferme, vraiment, c’est une nécessité. Garder une vie sociale indépendante c’est important dans un couple (même si celle de Vincent est relativement inexistante en comparaison, mais il a Seth, Marie et Heaven quand même !), et puis, si je continue à toujours me faire avoir juste parce qu’il me gronde ou me sourit, je ne saurais jamais lui dire non pour certaines choses plus importante… par exemple, si monsieur espère des cinq à sept dans Poudlard, il peut toujours courir. J’ai bien senti aujourd’hui une certaine tension de sa part, mais je ne m’abaisserais pas à ça dans l’école. Non et non et re non ! Et on verra qui aura le dernier mot sur ce coup là !

C’est la guerre mes bons amis ! Sortez les fusils et tout ce qui va avec, parce qu’Anabelle Montgomery, l’idiote coincée de service, en a après ma vie dis donc ! Enfin, j’exagère un peu mais c’est limite ça quand même. Elle m’a littéralement sauté dessus en plein cours parce que j’ai voulu être en binôme avec Adrien ! C’est n’importe quoi non ??!

Bon, je dois bien admettre que tout a commencé par ma faute. Je trouvais tellement idiot qu’on soit fâché sans raison que j’ai voulu me mettre à son pupitre pour qu’elle voit que n’étais pas une ennemi, mais au contraire, une amie… Mais non, elle ne l’a pas compris comme ça. Quand il a fallut choisir un partenaire, elle m’a carrément snobé. Il faut croire qu’elle devait déjà mourir d’envie de me crever les yeux à ce moment là, je ne vois que ça. Toujours est-il qu’il est vrai que je l’ai vraiment mal vécu et que, du coup, je me suis immédiatement tourné vers Adrien. C’était bête de ma part mais deux sentiments dominaient en moi à ce moment là : d’une part je trouvais gonflé qu’elle m’ignore, puis ensuite, j’ai pensé que quitte à choisir quelqu’un d’autre que moi, elle aurait pu… je ne sais pas moi… demander à son copain… non ? C’est bien mignon de prendre les petits sous son aile, mais notre Adrien, lui, qu’est-ce qu’il devient après tout ça ? Il reste tout seul tout le temps en attendant qu’Anabelle se souvienne qu’il existe ? Moi je ne trouve pas ça normal parce qu’il me mérite pas un tel traitement, lui qui est toujours si gentil et si compréhensif avec sa copine. Et puis, c’est pas comme si elle le rendait heureux hein ! Elle est pas sympa avec lui, ils sortent ensemble, c’est vrai, mais à par se balader l’un avec l’autre et souvent accompagné de Harris, on ne peut pas dire qu’ils se comportent comme un couple, et pas par la faute d’Ady qui, je le sais, ne demande que ça.

J’en ai marre de me montrer compréhensive avec elle, vraiment marre. Elle ne cesse de me détester à chaque fois un peu plus parce que… quoi exactement ? Parce que je suis la cousine de Roze et qu’elle ne l’aime pas ? Pourquoi elle ne l’aime pas elle aussi en fait hein ? Ou peut-être que c’est parce que moi je comprends bien mieux Adrien qu’elle alors elle est jalouse. Et bah soit jalouse et morfond toi bien parce que quand il flirtait avec moi Adrien, il n’avait pas à passer son temps à réfléchir à ce qu’il pouvait faire ou ne pas faire ! Grrr… je suis furieuse, voilà, elle a tout gagné ! Mince alors, j’arrive pas à croire qu’elle ait fait ça !

Et le pire est encore à venir car elle s’est bien fait passer un savon par les profs… ils discutent encore de sa punition… à mon avis, ça va être salé… Dire qu’on en arrive là juste pour… pour… ça ! Je me plains régulièrement de la jalousie maladive de Vincent, mais admettons lui quelque chose, lui au moins il attends la fin des cours nom d’un chien !

La beach party est passée et comme de bien entendu, mon cher et tendre a boudé. Mais je m’en doutais. Il a cependant fallu que j’improvise pour le dérider… Le plus simple aurait été de lui faire du charme mais entre nous, c’est un peu trop un terrain glissant. On en a pas encore vraiment parlé, de l’abstinence à Poudlard je veux dire, et j’ai un peu peur qu’il ait du mal à l’avaler celle-là. Du coup j’évite toute situation douteuse depuis quinze jours. Quinze petits jours et quand je vois comment il me regarde, on dirait que ça fait des mois… ces mecs j’vous jure ! Bref, peu importe, j’ai dis que je ne céderais pas, je ne céderais pas, c’est tout ! En plus de ça, j’ai vraiment plein de choses à penser en ce moment alors je n’ai pas le temps de m’occuper de ses états d’âmes sur notre vie privée. Comme je ne voulais pas non plus qu’il me batte froid éternellement, j’ai jugé préférable de passer à autre chose et de me faire pardonner en passant par son deuxième péché mignon après moi mais le premier chronologiquement : le chocolat.

On le sait, moi je déteste tout ce qui est sucré. Mais ce n’est pas la première fois que je confectionne des bouchées sucrées, des muffins, des cupcakes ou des brownies pour qu’il arrête de faire la tête. C’est toujours très efficace du moment que je sais choisir mon intervention. Il faut lui laisser le temps de la réflexion et puis il faut aussi qu’il se rende comte que je lui manque et qu’il soit prêt à faire la paix. D’expérience, je dirais que ça lui prend environ 24h. J’ai laissé passé une journée et ensuite je suis allée le voir avec une boite de douceur. Je lui ai aussi bien sûr fait mon plus beau sourire et je l’ai embrassé… il a fini par digérer le problème même s’il n’en démord pas : je n’aurais jamais du y aller alors qu’il n’était pas là pour surveiller ! Comme s’il y avait besoin tiens ! Aucun risque que ce soit nécessaire dans la mesure où les quelques garçons présents étaient juste des amis ou des mecs déjà pris. Je ne sais pas comment lui faire comprendre qu’il ne risque rien… Des années que je me pose la question remarquez. Je n’aime que lui, je n’ai jamais aimé que lui, je trouve que c’est presque un manque de confiance en moi que d’être aussi jaloux. Toutefois, je sais (parce qu’au bout de quatre ans, c’est bon, j’ai intégré) qu’il a été si souvent abandonné par ses parents qu’il est plus sensible que d’autres à la peur de l’abandon (tout justement). J’espère quand même que ça ira mieux avec le temps parce que sinon il va mourir d’angoisse quand on sera séparé dans moins de deux ans… Déjà que moi je risque de ne pas être bien, mais bon… ça… il ne le sait probablement pas. Et je ne pense pas pouvoir lui en parler, je ne sais même pas s’il comprendrait. On est assez différent… on ne se comprend pas toujours malheureusement…

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Maman est morte.

Bien que j’aie passé de longs moments à pleurer, je crois que je ne réalise pas encore ce qui s’est passé, que c’est vrai, qu’elle n’est vraiment plus là. Intelligemment, je le sais, c’est évident puisque je l’écris, mais dans mon esprit, c’est extrêmement fouillis, j’ai l’impression que tout ça n’est qu’une vaste blague et que quand je vais descendre de voiture, elle sera là avec moi.

Vincent somnole à côté de moi, Roze pleure légèrement et en silence sur l’épaule d’Edward, Lucas dans les bras, moi j’écris. Friedrich est le grand absent de ce voyage vers l’Allemagne et les derniers hommages à ma mère… Après avoir disparu pendant plusieurs mois, il aurait été presque amusant qu’il ose se présenter à nous, pourtant, ça aurait peut-être été le moment le plus judicieux pour tous se pardonner et se réconcilier. Tant pis, voilà qui n’aura pas lieu, je m’en passe, j’ai le reste de ma famille, j’ai Vincent et j’ai tous mes amis, que faire d’un frère après tout ? Nous ne nous sommes jamais réellement entendu…

Nous sommes presque arrivés. La limousine passe un film mais je ne sais pas ce que c’est, je crois que le titre est sixième sens. Franchement, le chauffeur aurait pu trouvé plus gai, même s’il est vrai que personne ne regarde de toute façon. Quelque part, je me dis que je devrais faire comme Vincent et me reposer un peu, mais nous avons passé la plus grande partie de la journée à dormir, du coup je ne me sens pas vraiment fatiguée. Avant que Roze ne vienne nous chercher, nous avons séché les cours toute la journée ensemble dans la salle sur demande. C’était consolant et quelque part rassurant d’être dans les bras de Vincent, surtout quand il a accepté de m’accompagner pour les obsèques… Rien que d’y penser, je sens les larmes monter, je sais pourtant que demain on ne m’autorisera que quelques larmes. Les Maiden ne pleurent pas en public… Mais peu importe, avec Vincent je peux soulager ma peine, pas trop non plus cela dit, ma tristesse lui fait mal. Il aimerait tellement que je lui souris, malheureusement, même s’il a bien réussi à m’en arracher quelques sincères, ils ne sont pas aussi beaux que d’habitude. Je me sens tellement partagée… Il y a Vincent et mon bonheur avec lui, et d’un autre côté il y a ce drame qui me bouleverse.

Maman nous a quitté. Elle n’est pas morte de maladie, elle n’a pas été tuée et elle était loin d’être vieille… Elle l’a fait volontairement, elle s’est suicidée. Elle voulait que nous regrettions tous nos actes. Je culpabilise, elle a réussi son coup, et malgré tout mon chagrin, je finis par lui en vouloir maintenant que le gros des larmes est passé. On est tous coupable de la tristesse d’autrui… sans doute… mais une fois qu’on en est arrivé là, il n’y a plus grand espoir pour que ça s’arrange n’est-ce pas ? Maintenant, on ne peut plus essayer de recoller les morceaux, on peut juste la pleurer… et pour ma part, lui en vouloir à elle ainsi qu’à la terre entière.