Lieber Vertrauter

Vincent dort à côté de moi, je sais qu’il a tenu autant qu’il pouvait avant de sombrer dans le sommeil mais il n’a pas été assez méfiant. En fait, j’ai fais semblant de dormir pour qu’il accepte de fermer les yeux… il n’avait pas envie de me laisser, même pour dormir, et je le comprends mais ça ne sert à rien d’être deux torturés par l’insomnie, qui plus est, je voulais écrire. Je me sens toujours mieux après avoir couché sur le papier ce que je ressens, ce qui se passe dans ma vie… c’est ainsi.

On a enterré maman ce matin. J’ai été obligée de faire semblant, pas d’aller bien – il ne faut rien exagéré – mais d’être forte, je n’en ressentais rien et ma main dans celle de Vincent tremblait furieusement alors que j’acceptais les condoléances de toutes les personnes ayant côtoyé maman. Autant vous dire que ça fait un sacré paquet de monde… Là encore, je me suis demandée où était mon frère en pareil moment, qu’est-ce qu’il fichait alors que j’avais besoin de lui ! Mais j’avais Vincent, il était là pour me soutenir et je me suis accrochée à cette idée pour pleurer en silence et non hurler ma haine comme je l’aurais souhaité un moment.

Quand nous sommes rentrés, je me suis couché sur mon lit, la tête dans le coussin, et j’ai pleuré. Vincent s’est installé près de moi et m’a pris dans ses bras pour me consoler tout en sachant très bien que c’était impossible. C’est le genre de peine qui s’atténue avec le temps mais c’était ma mère et vivre sans elle sera toujours une déchirure… bien entendu, je n’en étais plus très proche, nous ne nous comprenions plus, mais j’avais toujours l’espoir que ça s’arrange… et ce ne sera jamais le cas. Elle est morte en nous détestant, en nous en voulant, cette souffrance là est presque pire que celle de la perte.

Quand je me suis un peu calmée, mon petit s’est occupé de moi. Je sais que ça paraîtrait bizarre à beaucoup de gens dans Poudlard mais il sait être très gentil et attentionné quand il le veut. Contrairement à la veille où j’étais dans une espèce de frénésie pour oublier mon chagrin, là je me sentais vidée de mes forces, et je crois qu’il l’a senti car il n’a rien tenté, rien de répréhensible je veux dire parce qu’il y a eu des petits câlins pour que je cesse de pleurer, des gestes tendres, mais ça en est resté là. J’adore qu’on me brosse les cheveux, c’est un truc que faisais souvent ma gouvernante quand j’étais enfant, ou même ma tante… ou ma mère… alors quand Vincent m’a demandé si je voulais quelque chose, je lui ai dis que j’avais envie qu’il me brosse les cheveux. Pris comme ça, hors contexte, ça peut paraître idiot, mais ça me calme vraiment. Le truc c’est qu’il avait l’air d’avoir peur de me tirer les cheveux, mais bon, il l’a fait quand même… ensuite je lui ai proposé une partie d’echec sorcier pour nous occuper jusqu’à l’heure du diner. Je sais qu’il préfère d’autres genre d’activité mais il a accepté et nous avons joué jusqu’à ce que Roze vienne nous chercher dans ma chambre. Elle était presque étonné de nous voir sagement attablé devant notre partie. Je ne sais pas ce qu’elle s’imaginait exactement mais j’en ai une vague idée.

Le repas du soir a été triste mais nous avons quand même réussi à parler d’autre chose que de ma mère : Sterne, les BUSE de Vincent (vous vous doutez qu’il était ravi qu’on parle de ça pas vrai ?), Lucas, les dernières rénovations du château… bref, tout plutôt que de parler de maman, n’importe quoi faisait l’affaire.

Une fois remonté dans la chambre, j’ai laissé Vincent m’aider à défaire ma robe et je suppose qu’il a su se montrer persuasif parce que avant que j’ai eu le temps de le réaliser, j’étais d’un coup beaucoup plus d’humeur câline. C’était cependant tout autant teinté d’amertume que la veille… sur le moment, je me sens bien, je suis dans ses bras, je sens qu’il m’aime et je me laisse bercer par ses caresses… et dès que c’est fini, la tristesse m’étreint le cœur et j’ai envie de me remettre à pleurer. C’est vrai que je parviens à oublier avec lui, mais ça ne dure pas, il n’y peut rien le pauvre… et je le frustre bien assez comme ça à Poudlard sans me refuser sous ce prétexte ici. Même si ça ne dure pas, je suppose qu’arriver à penser à autre chose (à lui en l’occurrence, ou à rien en fait) est plutôt bon signe pour l’avenir… Mais il n’est pas dupe, il sait que si j’ai envie de lui, je n’en suis pas moins triste à en fendre les pierres. Maintenant, ça ne sert à rien qu’il s’inquiète de trop, ça ne ferait que me culpabiliser.

2h du matin… Je pense qu’il vaut mieux que j’éteigne et que j’essaie de me reposer. Demain nous allons rentrer à Poudlard, c’est bien triste à dire mais la vie continue…

Aujourd4hui a eu lieu la chasse à la préfète, un grand moment d’émotion pour moi au moins et on s’est tous bien amusé, enfin surtout les autres, vu que Billie et moi on était perché sur un arbre à les attendre. C’était amusant parce que de notre promontoire, on les voyait mais pas eux, j’avais même emmené des jumelles magiques !
En tout cas, les vacances sont quasiment fini et j’en suis bien triste. Je ne suis pas rentrée en Allemagne mais avec Vincent nous avons passé quelques jours chez Roze. On était supposé faire du baby sitting pendant que ma cousine s’absentait pour le travail mais en réalité on a eu des occupations très différentes pendant que Lucas faisait la sieste… heureusement que ce gamin est sage comme une image ! Il ressemble beaucoup à ses parents pour ça, on ne l’entend jamais !
Et avant de partir j’ai creusé des citrouilles avec Nicolas. C’était assez marrant dans le sens où ça a fini qu’on était couvert de citrouille de la tête au pied parce qu’on a fait une bataille, c’était mémorable ! Mais on a aussi mis quelques points sur les « i » parce que je suis désolée mais j’ai parfaitement le droit d’encourager mon petit ami lorsqu’il joue au Quidditch ! personne n’a le droit de m’en tenir rigueur alors que je suis quand même dans l’équipe de la maison hein ! Et puis, je n’ai encouragé que Vincent, parce que c’est mon devoir de petite copine, et puis je lui fais une crise quand il ne m’encourage pas donc ce serait de l’hypocrisie si je ne le faisais pas de mon côté, normal quoi. Je pense que Nicolas a compris le gros du truc, il n’avait pas pensé à ça je crois, c’est pourtant d’une évidence flagrante mais Nico’ est un garçon même s’il traîne avec une majorité de nana – dont Hainoa – du coup ça doit plus ou moins lui griller les neurones, ce que je conçois tout à fait, le pauvre n’a pas de chance d’être du sexe faible ! Bon, ok, si je dis ça à Vincent je me fais allumer, mais je le pense quand même. Il suffit de voir Nicolas avec Hainoa pour s’en persuader. Le pauvre… je ne sais pas s’il arrivera à quelque chose un jour avec elle, surtout qu’en ce moment elle ne va pas très bien.
Moi je me sens un peu mieux avec la reprise au cours du mois du train train quotidien, je me suis même mise à fond dans mes activités pour ne pas trop y penser ! Mais du coup je sens maintenant les premiers symptômes de la maladie qui pointent le bout de leur nez… il faut que je fasse gaffe parce que sinon je vais finir par être interdite de clubs sportifs et il y a un match des Gryffondors dans peu de temps donc j’aimerais autant éviter. Et puis, je ne veux plus causer de soucis autour de moi, déjà qu’après l’affaire avec Anabelle tous les regards ont été braqués sur nous deux, ce n’est vraiment pas la peine d’en rajouter en me faisant porter pâle juste avant un match important… ce qui serait cause de médisances d’un côté et d’inquiétudes de l’autre. Il suffit de voir comment Tobias me regarde pour s’en persuader. Il est vraiment trop perspicace comme garçon, parce que pour le moment je suis certaine que Vincent n’a rien remarqué… même si ce n’est qu’une question de temps. Enfin… après tout, on verra bien ce que ça donnera tout ça !

Le bal de noël ! Comme chaque année, c'est un évènement que j'attends depuis des mois. Malheureusement, je n'ai pas pu écrire avant aujourd'hui - jour de congé - donc je ne t'ai pas relaté les moindres élèments de cette préparation. A ma décharge, j'ai été pas mal occupée. Pour commencer, j'ai été malade. Mais ce sont des micros crises, ce qui est presque pire parce que si je loupe moins de cours, en revanche je peux déjà prédire que cela va nettement plus traîner en longueur. Enfin, en tout cas, entre mes nombreux passages à l'infirmerie, mes clubs (où j'ai été récemment interdite à cause de l'occupation précédente d'ailleurs, mais c'était après le match donc tant pis), les rondes et puis Vincent (encore que je lui accorde fort peu de temps au milieu de tout ça) et bah écrire dans mon journal intime ne s'est pas révélé une priorité. En résumé, je dois dire que j'ai été obligé de palier à un certain manque de poids récent pour ce bal, j'ai donc décidé de me la jouer un peu provoc' et de faire quelques folies. Ma robe est plutôt courte, noire mais pas du tout décolleté sur le devant. En revanche, elle est échancrée jusqu'au reins dans le dos avec seulement un voile pour covrir (nous sommes en hiver quand même). J'envisage de mettre de très haut talons avec, le tout pour faire le moins pitié possible. Après le bal, demain matin, nous partons Vincent et moi chez Roze pour passer le reste des vacances, il faut qu'on en profite à fond et ce en dépit de ma stupide maladie ! C'est aussi pourquoi je compte le chercher un peu... juste ce qu'il faut pour qu'il ait hâte d'arriver chez ma cousine. Bon, ce n'est pas l'endroit idéal pour des vacances en amoureux avec Lucas et tout... mais c'est toujours mieux qu'au Château, surtout que Roze et Edward sont souvent occupés ailleurs. J'ai déjà fait ma valise et j'y ai mis tout ce que je jugeais utile pour de bonnes vacances d'hiver ainsi que les cadeaux pour ma famille. Pour Lucas, j'ai pris un truc trop mignon, un petit ensemble super chou qui va lui aller trop bien. J'ai trouvé ça lors de ma dernière sortie à Pré-au-lard dans la boutique Symphonie. Ce que j’aime bien dans cette boutique, c’est qu’il n’y a que des modèles uniques. En ce moment, il y a plein de trucs pour les enfants, peut-être qu'elle compte en avoir un bientôt ? Qui sait ! Bon c'est pas tout ça, il faudrait que je me mette à la recherche de mon fer à lisser, le délire c'est que je ne sais pas du tout où il se trouve ! Je suis sûre que c’est signé Hainoa ça ! Ah bah tiens, qu’est-ce que je disais, au moment où j’écris, la voilà qui me nargue à l’entrée de notre chambre, mon précieux fer à la main. Ce n’est pas parce qu’elle, elle préfère rester avec Nicolas dans la salle commune, qu’elle doit m’empêcher de me faire jolie ! Scrogneugneu, vous allez voir ce que vous allez voir, ça ne va pas se passer comme ça !!! Hainoa, me voilààààà !

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Aujourd’hui, j’ai fais une découverte assez perturbante…

Je donnais des cours de soutien aux élèves de premières années, toutes maisons confondues – je suis très populaire auprès des premières années – lorsque l’un de mes petits chouchous est venu me voir pour me dire qu’une fille prétendait être la sœur de mon petit ami, autrement dit, la sœur de Vincent, et effectivement elle a le même nom de famille. Maintenant, c’est quand même super bizarre puisque bon, il m’a toujours dit être fils unique ! Le truc c’est qu’il déteste tellement sa famille que je ne me vois pas lui poser la question, d’autant plus que Vincent a été adopté par Roze (enfin, plus ou moins), donc sa vraie famille maintenant on s’en fiche un peu comme de nos premières chaussettes anti-odeurs, non ?

De toute façon, quoi qu’il en soit, je ne pose jamais de questions à Vincent, et quand je dis « jamais », c’est vraiment jamais. Pourquoi ? Je me suis promise de ne pas le faire quand nous étions plus jeune, la fois où il avait essayé de se laisser mourir (-rah, rien que d’y penser, ça m’énerve !) et je m’y tiens, et puis, même si cette fille est vraiment une sœur sortie de nulle part, ça fait six mois qu’elle est dans la même école que Vincent et qu’il ne m’en parle toujours pas, donc je suppose qu’ils ont un peu le même genre de rapport que Friedrich et moi, hors les rapports de Friedrich et moi, c’est le néant absolu, enfin, au présent du moins. Tout ce que j’espère, c’est que cette nouvelle arrivée ne perturbe pas mon amoureux alors qu’il commençait à aller un peu mieux depuis que je lui appartiens toute entière (ce qui ne l’empêche pas d’être toujours aussi irascible, mais là est un autre problème).

Bref, c’était bizarre malgré tout, surtout que tous les petits étaient agglutinés autour de moi pour que je les aide à faire leurs devoirs, tous sauf elle. Notez, si c’est ma futur belle-sœur, c’est logique, la famille Fayr et moi on a quelques comptes non réglés qui traînent, si je n’éprouvais pas un minimum de reconnaissance envers eux pour avoir donné naissance à Vincent, je crois que cela ferait bien longtemps que je les aurais ruiné, écrasé, fait descendre… ce qui se fait dans la famille Maiden lorsqu’on aime pas quelqu’un autrement dit.

Toujours dans mes découvertes du jour, dans les petits que j’aidais, il y en avait un légèrement plus grands et vieux – un troisième année – qui ressemblait trop à Vincent ! Enfin, il n’a pas les mêmes yeux ni la même couleur de cheveux, mais il a bien la même tête quand Vincent avait 13 ans ! Du coup, j’ai trop craqué dessus et je lui ai fais presque toute sa dissertation avec un câlin en prime, ce qui était purement impulsif, j’avais tellement l’impression d’être face à un mini-Vincent ! Il était si mignon quand il était plus jeune *soupire* enfin, je n’aime pas le blond, mais n’empêche que ça me remplit d’une certaine nostalgie. Maintenant Vincent est bien plus grand que moi et je ne parle même pas du volume, je fais trop crevette à côté de lui qui est tout musclé, quand on était un peu plus jeune, ça n’était pas comme ça. C’est sûrement mieux maintenant, mais bon… ça fait parti de notre histoire ! Heureusement, le petit jeune (Nicolas de son prénom, comme le frère de Marie tiens !) n’a pas eu l’air de s’en formaliser, on aurait même pu facilement croire que ça lui plaisait.

Ah ! c’est l’heure du déjeuner, comme c’est l’un des seuls moments que je peux partager avec Vincent, je vais essayer de ne pas être en retard (il serait capable de m’en vouloir !).

Cher journal,
Cela fait presque deux ans que je n'ai rien écrit. Ce n'est pas vraiment que je ne voulais pas, c'est seulement que j'ai été prise dans un tourbillon parfaitement désagréable. Et encore, je pèse mes mots. Au début, ça allait. J'ai passé mes ASPICS, contrairement à tout ce que les mauvaises langues pouvaient dire, je les ai eu, et je suis rentrée en Allemagne. Là, j'ai découvert que j'étais enceinte. C'était perturbant comme nouvelle, j'ai mis du temps à me faire à l'idée, surtout que Vincent allait devoir retourner à l'école pour encore un an... mais j'ai fini par m'y faire. J'achetais des tas de trucs pour le bébé. Mon bébé.

Puis, je l'ai perdu.
Je n'ai pas fait une fausse couche. Avec ma maladie, et aussi les antécédents familiaux, cela aurait pu être ça, mais non, ma grossesse se passait très bien. Je faisais vraiment très attention, je mangeais équilibré, je ne faisais que des sports qui ne risquaient pas de me faire chuter sur le ventre (pas de danse donc), je prenais même des vitamines pré-natale. Je rêvais de ce bébé, je le désirais ardemment... Pas uniquement parce que je me sentais seule sans Vincent, même si je suppose que cela jouait un peu, je le voulais aussi parce que, puisqu'il était là, je voulais le rendre heureux. C'était une sorte de défi avec moi-même, j'allais être une meilleure mère que ne l'était la mienne.

Mais on m'a poussée dans les escaliers et je l'ai perdu.
On ignore encore qui a fait ça, et j'ai bien failli y passer aussi, autant à cause de l'accident qu'à cause de la dépression qui a suivi. ce que mon agresseur a oublié cependant c'est que je ne suis pas si facile à abattre ! Oh oui, toucher à ceux que j'aime, cela me brise, et je me sens très différente d'avant ce jour là. Je me sens morte à l'intérieur, même quand Vincent est près de moi, il y a quelque chose qui ne va pas. Mais ce n'est pas la faute de mon petit ami...

J'aurais voulu qu'on essaie à nouveau d'en avoir un. J'ai voulu le demander à Vincent. Je me suis ravisée. Il est très pris par sa formation d'auror. Il n'a pas toujours été très studieux à l'école alors il a pas mal de boulot maintenant. Je ne vois pas trop l'intérêt de mettre un bébé en route s'il ne peut pas en profiter, parce qu'il a souffert lui aussi, alors sûrement qu'il voudrait être là cette fois-ci. Bref. Ce n'est pas vraiment le moment. Et en plus, nous n'avons pas encore mis la main sur le salaud qui m'a poussé (volontairement). Nous commençons à avoir des soupçons un peu plus précis. C'est forcément un membre de ma famille (ou du clan), et c'est forcément quelqu'un qui vient régulièrement - voire habite - en Angleterre.

Quand j'aurais mis la main dessus... Et bien... peut-être que je le tuerais. Ou peut-être pas. Mais je fonderais ma famille, notre famille, ça, c'est une certitude.