Il faut que je trouve ma baguette... (libre)

Entendons-nous bien. Anabelle Montgomery n'était peut-être pas l'élève la plus disciplinée de Poudlard c'est d'ailleurs pour ça qu'elle a été nommée préfète mais elle n'avait jamais ô grand jamais cassé sa baguette. Bien au contraire ! Elle veillait toujours soigneusement à ce que sa précieuse baguette (Bergamotte pour les intimes, Bergi, pour les encore plus intimes) soit soigneusement rangée dans un lieu où elle ne craignait rien (c'est-à-dire dans un lieu où elle ne risquerait pas de s'asseoir dessus par mégarde : "Ouuups, j'ai entendu comme un craquement !"). Aussi n'allait-elle pas chez Ollivander pour des raisons commerciales. En réalité, c'était poussée par le sens de la curiosité du respect qu'elle avait pris le chemin de la boutique - nouvellement réouverte - du vieil homme, ce jour-là. Comme pour tous les petits sorciers, le baguettier était, aux yeux de la jeune fille, une figure incontournable du monde magique et, symboliquement, la première personne à l'avoir faite entrer dans la petite communauté en lui vendant Bergamotte. Bien qu'elle fût sang pur, Anabelle n'avait commencé à se sentir réellement sorcière qu'une fois sa baguette en main. Aussi avait-elle été incroyablement peinée lorsque, deux ans presque jour pour jour auparavant, le vieillard avait mystérieusement disparu. Qui ferait entrer les petits sorciers dans le monde magique ? Qui leur vendrait une baguette si parfaitement adéquate qu'elle en deviendrait réellement le prolongement de leur bras ? La jeune Poufsouffle avait été profondément chagrinée en pensant à tous les premières années qui n'auraient pas la chance d'avoir une baguette soigneusement choisie par Ollivander.

Fort heureusement, le vent avait tourné et, après deux ans de terreur mangemorte, le Chemin de Traverse avait retrouvé ses couleurs d'antan. Voldemort semblait déjà être un lointain souvenir et Ollivander, bien qu'amaigri et visiblement affaibli, avait retrouvé sa boutique ancestrale. Anabelle s'était réjouie de la nouvelle et, quoiqu'elle ne le connût pas outre mesure (même si elle ne doutait pas qu'il fût capable de retrouver la composition exacte de sa baguette rien qu'en entendant son nom), elle avait eu envie d'aller présenter ses hommages au vieil homme, histoire de lui signifier qu'elle était heureuse de le savoir de retour. Aussi avait-elle profité de la traditionnelle après-midi shopping pré-rentrée pour aller faire un saut chez Ollivander, espérant vivement qu'à cette heure de la journée, sa boutique ne serait pas trop encombrée.
La clochette tintinnabula joyeusement, lorsqu'elle passa le pas de la porte et Ana esquissa un sourire rêveur, s'entêtant avec délice des parfums de bois ciré, de bruyère et de lavande séchée qui emplissaient l'alcôve.

- Bonjour monsieur Ollivander ! claironna-t-elle d'une voix flûtée.

Mais visiblement, Ollivander devait être occupé dans l'arrière-boutique car personne ne lui répondit. Un peu déçue - mais bien décidée à attendre - Anabelle avisa alors une toute jeune fille qui semblait, elle aussi, espérer la venue d'Ollivander. Pas timide pour deux sous, malgré sa qualité de Poufsouffle, Anabelle gratifia la fillette d'un sourire candide avant de s'adresser directement à elle d'un ton enjoué :

- Bonjour ! Tu viens chercher ta baguette ? Tu rentres en première année ? Halàlà, j'espère qu'Ollivander ne va plus tarder ! C'est le meilleur baguettier de toute l'Europe, tu sais ! On était rudement embêté, quand il a disparu... rajouta-t-elle, gonflant un peu, dans son enthousiasme, la réputation d'Ollivander.