Morgane Winston - 30 baisers - 07/30

Morgane se trouvait dans une situation qu'elle n'aurait jamais cru connaître, c'était bien le moins que l'on puisse dire. En effet, elle devait travailler pendant deux semaines en tant que serveuse dans un café, et bien évidement, cette idée était loin de l'enchanter. Et pourquoi était-elle là, au juste ? Tout simplement à cause d'un pari perdu, d'un gage qu'une certaine personne lui avait donné. Comme quoi, lorsque l'on fait des soirées entre amis, on fait parfois de ces paris... Certes, elle en avait donné elle aussi, mais tout de même. Quoi qu'il en était, elle ne reviendrait pas en arrière, et ainsi elle devrait servir les clients du café pendant ces quelques jours. D'ailleurs, elle se doutait bien que ses amis ne tarderaient pas à venir la voir, et surtout pas celui qui lui avait donné ce gage. Qui était-il exactement ? Une Serdaigle de dix-sept ans, entrant de septième année à Poudlard, et qui répondait au nom de Jerôme Fawcett. Elle ne savait plus vraiment quel était l'objet du pari, mais au fond, qu'importe? Maintenant qu'elle l'avait perdu...

Ainsi donc, notre jeune Morgane se trouvait là, assise derrière le comptoir, à regarder à droite et à gauche. Bien évidemment, cela ne manqua pas de faire raler les autres serveuses, mais bon, ça ce n'était pas grave. De toute façon, la fin d'après-midi était déjà bien avancée et les clients se faisaient rares. A quelques exceptions près, tout du moins. Et d'ailleurs, à une exception de taille, surtout. Car qui venait d'arriver ? Jerôme ! Quel joie de le voir, quand même. Non vraiment, avec tous les cafés qu'il pouvait y avoir dans la ville, il fallait vraiment qu'il vienne dans celui-ci ! Enfin, d'un autre côté, il fallait bien reconnaître que Morgane s'y était attendue. Il n'allait tout de même pas manquer une occasion pareil. Et puis il aurait presque été capable de prendre des photos rien que pour l'embêter. Enfin, notre jeune Vert et Argent exagérait peut-être un peu, mais tout de même.

Tout d'abord, notre jeune Winston songea qu'il viendrait l'embêter directement au comptoir, puisque c'était l'endroit où elle se trouvait. Mais au final, il s'arrêta bien avant, sans un seul regard pour Morgane. D'ailleurs, étrangement, il semblait discuter. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Curieuse, la jeune Serpentard se redressa sur son tabouret, appuyant ses mains au bar, de sorte qu'elle puisse mieux voir ce qu'ils se passait. Non... Non mais ce n'était pas possible. Il était en train de discuter avec une fille et... Non ? Il s'asseyait à sa table ! Ca c'était la meilleure ! Alors déjà, il venait, l'air de rien, dans le café où Morgane devait travailler, ensuite il ne lui disait même pas bonjour, et comme si cela ne suffisait pas, il avait fallut qu'il s'installe à la table d'une fille. Moche, laide, hideuse, horrible, et très certainement bête. Bref, pour faire simple, Morgane ne l'aimait déjà pas, celle-là.

Il le faisait exprès, ce n'était pas possible ! Dégoutée, la jeune rouquine se réinstalla sur son tabouret comme quelques instants plus tôt. Bon, de toutes façons, elle ne pouvait rien y faire. S'il avait envie de s'installer avec cette fille, c'était son droit. Après tout, elle n'était pas avec lui. Non mais qu'était-elle entrain de penser ? Morgane, reprends-toi... Quoi qu'il en soit, elle n'avait rien à dire là dedans. Et puis, peut-être se trompait-elle ? Peut-être était-il dans le coin et ayant vu le café tout proche, il avait peut-être tout juste eu envie de passer comme ça ? Oui, c'était possible, ou en tous cas Morgane essayait de s'en convaincre pour se calmer un peu... Elle lança alors un regard vers la table où se trouvait l'ex Serdaigle et c'est alors qu'elle se rendit compte que ce dernier lui lançait un regard amusé tout en écoutant cette fille d'une oreille. Ah ! Parce qu'en plus il se moquait d'elle en public ? Il le faisait exprès ! Et en plus il ne faisait même pas attention à elle ( ce que Morgane n'aimait absolument pas, c'était qu'on l'ignore ).

Mais toutefois elle essaya de ne rien laisser paraître et détourna le regard, l'air de rien. Mais c'est alors qu'elle entendit une voix à côté d'elle. Qui c'était, lui ? Ah oui, c'est vrai, un autre serveur. Et il lui disait d'aller s'occuper des clients, et plus particulière de la table où ce trouvait Jerôme, puisque les deux jeune gens attendaient depuis un bon moment déjà. Elle se leva alors, bon gré mal gré, et partit avec un carnet et un crayon en direction de leur table. Lorsqu'elle passa devant la table de Jerôme, elle fit un grand sourire à la jeune fille en face de lui, qui était toute contente, celle-ci pensant très certainement qu'elle allait pouvoir commander. Elle fut cependant surprise lorsqu'elle vit Morgane aller un peu plus loin, et prendre la commande de clients qui venaient d'arriver à l'instant.

- S'il vous plait ? Dit-elle d'une petite voix.

Morgane se tourna légèrement vers elle et c'est alors qu'elle vit Jerôme esquisser un sourire. Elle lui répondit rapidement

- Toutes mes excuses mais je ne peux pas vous servir actuellement.

La jeune fille s'apprêtait à dire quelque chose, mais elle n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit que Jerôme prit la parole.

- Morgane, c'est bon...

Ah ? Il se souvenait de son prénom maintenant ? Elle tourna alors sa tête vers lui et lui lança un regard froid, avant de lui répondre sur un ton sec.

- Quoi, j'existe maintenant ? Oh et puis c'est bon, j'en ai marre, j'ai rien à te prouver !

Ni une ni deux, elle défit son tablier et l'envoya valser elle ne savait trop où, puis elle quitta le café après avoir fait de même avec son carnet et son crayon, sous le regard stupéfait de certains clients. Tant pis, elle ne préviendrait personne qu'elle laissait tomber ! A quoi bon ? Elle s'engagea dans les rues, furieuse, et après à peine quelques secondes elle sentit une main s'emparer de son poignet et l'obliger à se retourner. Elle ne mit pas longtemps avant de comprendre qu'il s'agissait de Jerôme, et à la plus grande surprise de Morgane, celui-ci posa ses lèvres sur les sienne.

Il était une fois, le soir du bal de Noël, une jeune Serpentard de cinquième année qui se trouvait toute seule dans son dortoir, alors que les autres élèves de sa maison ( ou la grande majorité d'être eux, en tous cas ) se trouvaient être dans la grande salle, en train de danser ou de discuter entre amis. Elle, elle était là, toute seule, et ce n'était absolument pas parce qu'elle n'avait pas été invitée, bien au contraire : c'était par choix. Elle avait tout simplement décidé de ne pas y aller, pour la simple et bonne raison qu'elle n'en avait pas la moindre envie. Au fond, pourquoi aurait-elle voulu y aller ? Ces derniers temps, ça n'allait pas très fort pour elle, et elle n'avait pas la moindre envie de se retrouver à une soirée où la seule personne avec qui elle aurait réellement eu envie d'y aller était absente. Au fond, c'était drôle qu'elle parle comme ça, puisque sur le moment, elle n'avait absolument plus eu envie d'entendre parler de lui. Elle avait même eu envie de le rayer de sa vie lorsqu'elle était revenue à Poudlard, et ce tout simplement parce qu'il n'avait pas été là. Peut-être que ce qui lui avait fait le plus mal avait été le fait qu'elle apprenne son absence par une autre personne que lui, alors que cela faisait des semaines et des mois qu'elle correspondait par lettres avec lui.

Que pouvait-elle y faire, maintenant ? Peut-être qu'elle ne le reverrait même jamais, alors au fond à quoi bon ? Laissant s'échapper un soupir, elle s'assit sur son lit et chercha un instant dans sa table de nuit. Après à peine quelques secondes, elle en ressortit un petit paquet de lettre resserré par un ruban de satin vert émeraude, la couleur préférée de Morgane. Peu après, elle s'installa sur son dessus de lit aux couleurs Vert et Argent, et défit alors le noeud de satin. Elle déplia chacun des bouts de parchemin qu'elle avait devant elle, et les relus chacun leur tour, jusqu'à la toute dernière lettre qu'elle avait reçu de lui. Au bas de toutes les feuilles se retrouvait un seul et unique prénom : Jerôme. Elle ne savait combien de fois elle avait déjà relu ces lettres, mais une chose était certaine, elle les connaissait presque par coeur.

Laissant s'échapper une nouvelle fois un léger soupir, elle s'allongea sur son lit, les lettres éparpillées à ses pieds. C'est alors qu'elle entendit des pas, juste avant que la porte ne s'ouvre. Elle tourna légèrement la tête vers celle-ci, sans penser à ranger ses précieux morceaux de parchemin, et c'est alors qu'elle pu voir une jeune fille de sa maison se tenir à l'entrée. Elle ne la connaissait pas vraiment, mais elle était consciente de son lien de parenté avec Jerôme. C'était Catherine.

- Morgane, il y a quelqu'un qui veut te voir, dit-elle rapidement.

- J'ai pas besoin de voir qui que ce soit, dit à cette personne de s'en aller.

- J'ai bien dis à mon frère qu'il n'avait rien à faire dans les cachots, et bien sûr il n'a pas voulu m'écouter... Je vais lui redire mais je pense pas qu'il accepte... Tu te rends pas compte qu'il est quand même venu me chercher dans la grande salle pour que je vienne te parler ? Je n'ai pas que ça à faire que de servir d'intermédiaire, quand même !

Elle parlait d'un ton presque désespéré, mais pas énervé contre Morgane. Catherine se tourna alors vers la porte, au même instant ou Morgane se redressa d'un bond.

- Attend Catherine, tu as bien dis ton frère ?

- Oui... Jerôme est revenu... Enfin il ne nous a pas vraiment dit les raisons mais bon... En tout cas, moi, je retourne dans la grande salle. Bonne soirée !

C'était la meilleure ! Jerôme était là ? Et il voulait la voir ? Non, c'était pas possible, Catherine devait se moquer d'elle... Oh et puis dans le doute, ça ne lui coûterait rien d'aller vérifier. Elle se releva et se chaussa rapidement. Rangeant à la hâte ses lettres à leur place habituelle, mais cette fois-ci sans prendre la peine de les ordonner, et elle sortit sans attendre de son dortoir. La salle commune était extrêmement vide, ce qui était parfaitement normal pour une soirée comme celle-là. Elle arriva en quelques pas devant la sortie, mais c'est alors qu'elle stoppa tout mouvement. Elle hésita à sortir. Et quand elle le verrait, qu'allait-elle lui dire ? Et puis pourquoi était-il là ? Tant pis, elle n'avait pas le temps d'y réfléchir, de toutes façons ! Elle sortit alors et regarda un instant tout autours d'elle, sans pour autant voir le jeune ex Serdaigle. Elle soupira, se rendant alors compte que la jeune Catherine s'était juste moquée d'elle. A ce qu'elle pensait sur le moment, tout du moins, car à peine quelques instants plus tard, elle entendit son prénom. Elle se retourna alors, et c'est à cet instant qu'elle le vit, adossé contre l'un des murs des cachots. Morgane ne pu alors s'empêcher de sourire. Il s'approcha d'elle, et la jeune Vert et Argent lui dit à peine quelques mots :

- Tu m'as manquée.

Elle n'eut pas le temps de lui demander pourquoi il était là qu'il l'embrassait.

Comme elle l'avait craint, elle n'avait plus revu Jerôme. Peut-être ne le redoutait-elle pas sur le moment, certes, mais plutôt au fil des jours qui passent... Cela faisait très exactement un an et demi qu'ils ne s'étaient plus vus, et qu'ils n'avaient plus aucune nouvelles l'un de l'autre, et les choses devenaient tout simplement insoutenables pour notre jeune Vert et Argent. Elle n'en pouvait tout simplement plus. Surtout que la dernière fois qu'elle avait échangé quelques mots avec lui, cela avait été par lettres, et elles n'étaient absolument pas des plus tendres. Il ne lui avait pas demandé de la voir ou quoi que ce soit d'autre encore, et bien évidemment elle lui avait bien dit qu'elle ferait comme si leur correspondance n'avait jamais existé. Les deux dernières lettres qu'ils s'étaient échangés avaient brisés les liens qu'ils avaient jusqu'alors crées. Il fallait qu'elle le reconnaisse, ils s'entendaient bien, à une époque, et elle savait qu'à présent tout était gâché... Et surtout il lui manquait. Aussi étrange que cela puisse paraître. Elle avait longtemps espéré le voir revenir à Poudlard, mais maintenant elle savait très bien que ce serait impossible. Jamais plus il ne reviendrait, et jamais plus elle ne retrouverait ce qu'elle avait avant : un confident. Peut-être plus, elle ne le savait pas très bien elle-même. Leur amitié n'avait certes été tissée qu'au fil des lettres envoyées et des rares sorties qu'ils avaient pu faire tous les deux, mais cela n'avait pourtant aucune importance. Elle regrettait maintenant, mais elle ne pouvait rien y faire. Tout ce qu'il lui restait, c'était la possibilité d'essayer d'oublier, de ne plus y penser. Alors elle sortait, elle se changeait les idées aussi souvent que possible, mais rien n'y faisait, malheureusement.

En ce jour de Décembre, elle marchait dans les rues de Londres. Il faisait certes très froid, mais tout de même elle avait envie de sortir, comme toujours. De plus, elle savait très bien que faire un petit peu de shopping lui changerait les idées. Elle n'avait pas l'occasion d'aller faire les boutiques pendant l'année scolaire, alors raison de plus pour y aller pendant les vacances. Mais toutefois, alors qu'elle pensait être parfaitement tranquille, elle percuta quelqu'un alors qu'elle s'engageait tout juste dans une nouvelle rue. Elle ne sait trop comment elle s'était débrouillée, mais elle n'avait pas touché le sol enneigée, comme elle l'aurait pensé initialement. Morgane ne mit par ailleurs pas bien longtemps avant de comprendre pourquoi : quelqu'un l'avait rattrapée.

- Merci, dit-elle simplement.

La jeune Vert et Argent releva alors sa tête en direction de ladite personne, et ses yeux verts s'agrandirent sous la stupeur et l'étonnement. Devant elle ne se trouvait personne d'autre que celui qu'elle ne pensait jamais revoir. Elle n'y croyait pas, elle n'y croyait tout simplement pas. Et pourtant il se trouvait bien devant elle.

- Jerôme... dit-elle dans un murmure.

- Morgane... Oh, j'oubliais, je dois faire comme si je ne te connaissais pas, dit-il ironiquement.

Bien sûr, il n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait dit dans sa toute dernière lettre. Etrangement, cela la fit légèrement sourire. Au fond, cela voulait dire qu'il ne l'avait pas oubliée, pas complètement, en tous cas. Amitié ou haine, qu'importe, elle comptait tout de même un peu.

- Fais comme tu veux, Jerôme...

Il la laissa alors ainsi, sans un regard. Il commença à avancer, et sans trop savoir pourquoi, Morgane le suivit tout en accélérant le pas.

- Jerôme attend...

Le jeune homme s'arrêta, à la plus grande surprise et joie de la jeune Vert et Argent. Face à lui, elle ne su trop pourquoi mais elle se mit sur la pointe de ses pieds et déposa un baiser sur ses lèvres.

Scandaleux, c'était tout simplement scandaleux ! Morgane n'y croyait tout simplement pas ! Non mais quand même, comment cela pouvait-il être possible ? Il ne lui aurait jamais fais ça, quand même... Pleine d'interrogations, Morgane faisait les cent pas dans la salle commune des Vert et Argent, complètement déboussolée par ce qu'elle venait d'entendre. Deux élèves plus jeunes qu'elle étaient entrées, il y avait à peine cinq minutes, et celles-ci parlaient de Jerôme. Elle ne comprit pas très bien de quoi il s'agissait, et puis il fallait également reconnaître qu'au fond, elle n'avait pas vraiment envie de le savoir, surtout que le prénom '' Anna '' se fit entendre. Non mais c'était quoi, cette histoire ? Il ne pouvait pas l'avoir oubliée, ou même pire, remplacée, quand même ? Non, non, non, Morgane s'en faisait forcément pour rien. Ce n'était pas possible. Elles étaient complètement à côté de tout, ces deux-là ! Au fond, cela ne faisait que deux petites journées qu'ils s'étaient disputés, et c'était toujours comme ça, avec eux... Ils se fâchaient pendant quelques jours, puis ils se réconciliaient... Non mais elles se trompaient, ces deux filles ! Ou alors elles avaient confondus... Quoi que... A Serdaigle et en septième année, il n'y avait que lui qui s'appelait Jerôme... Il fallait que Morgane connaisse le fin mot de l'histoire. Non mais quand même, elle savait parfaitement que les deux Vert et Argent ne savaient pas de quoi elles parlaient, mais cela avait tout de même suffit pour intriguer Morgane. Et si... elles disaient vrai ? Non, tais-toi, Morgane. Elles ne peuvent pas le connaître mieux que toi. En fait... si, elles le pourraient peut-être... Mais non, mais non, la jeune Winston exagérait forcément. Et puis surtout elle s'inquiétait très certainement pour un rien. Au fond, leur relation avait toujours été très étrange, mais de là à se passer l'un de l'autre de façon aussi rapide et sans s'être clairement expliqués avant... Et pourtant peut-être ?

La jeune rouquine devait comprendre ce qu'il se passait réellement. Au fond, il n'y avait pas énormément de solutions. Soit ces deux petites s'étaient trompées, soit... soit elles avaient dit vrai. Pour Morgane, cette solution n'était tout simplement pas envisageable. A peine y songeait-elle qu'elle faisait son possible pour ne plus y penser. Morgane, tu exagères, comment peux-tu penser ça, tout de même ? C'était bête, mais ces deux filles la faisaient tout de même angoisser. Et c'est ainsi que, ni une, ni deux, elle partit en direction de la grande salle. Il était près de vingt et une heure, et ainsi elle espérait trouver le jeune Serdaigle à la table des Bleu et Bronze. Peut-être n'y serait-il pas, et dans ce cas elle le chercherait partout dans le château. Enfin, elle essayerait de le trouver, tout du moins. Elle était inquiète et tout de même triste également. Peut-être était-elle également vexée. Quoi qu'il en soit, elle laissa tomber toutes ses réflexions lorsqu'elle entra dans la grande salle. Son regard vert émeraude se porta instinctivement à la table des aigles, et elle ne mit pas bien longtemps avant de le trouver, installer avec deux amis. Ceux-ci eurent terminé leur repas presque immédiatement et ils partirent. Morgane hésita un instant, avant de se diriger vers Jerôme. Elle resta indécise quelques secondes, puis ses jambes le portèrent jusqu'à lui. Ce n'est que lorsqu'elle s'installa à côté de lui qu'il remarqua sa présence.

- Alors comme ça, il paraît que tu m'as déjà remplacée ? Dit-elle tout en insistant bien sur le dernier mot.

- Mais de quoi tu parles, Morgane ?

- Bien sûr, tu vas me dire que tu ne sais rien... Des Jerôme à Serdaigle, il n'y en a pas des dizaines !

- Et si tu m'expliquais ce que tu me reproches encore, peut-être que nous pourrions en parler, tu ne penses pas ? Dit-il exaspéré.

- Bien. Dis-moi qui est Anna.

- C'est une fille de ma classe qui m'a demandé mes notes de métamorphoses hier... Pourquoi ?

- Quoi ? Donc tu veux dire que...

- Que tu ne changeras jamais, Morgane..., conclut-il, amusé une fois qu'il eu compris.

Il rit doucement un instant, avant de l'embrasser.


[ 680 mots ]

Morgane était installée là, sur un canapé, et Jerôme était à côté d'elle. L'ancienne Vert et Argent adossée contre l'épaule de ce dernier, ils attendaient un peu avant de sortir avec d'autres amis à eux. Ils parlèrent ainsi de choses et d'autres, et tout à coup Morgane lança un sujet dont ils avaient déjà parlé plusieurs fois : Le départ de Jerôme pour Taliesin.

- N'empêche, Taliesin, c'était ta faute...

Elle avait bien évidement dit ça l'air de rien, et elle savait que cela exaspèrerait Jerôme. Morgane était parfois rancunière, mais pas avec lui. Elle ne lui en voulait pas, ou tout du moins plus, à présent, et c'était seulement pour le taquiner un peu, en fait. Si un jour elle venait à lui en vouloir, ce n'était pas pour bien longtemps, au contraire. Au fond, elle ne lui en voulait même pas vraiment, c'était juste qu'elle ne voulait pas le reconnaître.

- Non mais tu ne vas pas remettre ça sur le tapis, Morgane !

Avec un léger haussement d'épaule, elle lui répondit.

- Je dis ce qui est, c'est tout, dit-elle d'une voix parfaitement innocente.

Elle ne le regardait pas, et Morgane prit alors un magasine qui traînait dans le coin. Elle l'ouvrit et commença doucement à le feuilleter d'un oeil distrait.

- Si cela t'amuse... Mais je te rappel que je t'ai quand même expliqué pourquoi je suis parti. Et à ce que je sache, tu ne devais même plus revenir à Poudlard.

Jerôme soupira un instant, convaincu que Morgane resterait toujours Morgane, et c'est alors que cette dernière prit dans ses mains l'un des coussin qui se trouvaient près d'elle. Elle attendit un instant, et après avoir légèrement hésité, elle l'envoya sur l'ex Serdaigle aussi fort que ses petits bras le lui permettaient ( donc, pas fort du tout en fait ). Bien évidemment, tout ça sans se tourner une seule seconde dans la direction de se dernier. Peut-être aurait-elle du au fond ? Elle reprit alors en main son magasine, comme si de rien n'était, et elle termina alors de regarder la page qu'elle analysait un peu plus tôt. Et c'est à cet instant précis qu'elle sentit quelque chose percuter son dos. Pas fort, certes, mais tout de même assez pour la faire sursauter et se redresser un peu. Et Morgane ne mit pas bien longtemps avant de comprendre ce qu'il se passait. Le fourbe ! Il lui avait renvoyé le coussin sur elle ! Ouvrant de grands yeux stupéfaits sous l'effet de la surprise, elle attendit quelques secondes, et c'est lorsqu'elle l'entendit étouffer un léger rire qu'elle réagit. Elle lui lança alors un regard suspicieux ( même si elle savait très bien que c'était lui qui lui avait envoyé ça ), et elle eut bel et bien confirmation de ce qu'elle pensait. Ben tiens ! Il faisait semblant de n'y être pour rien du tout, mais il riait tout de même un peu.

C'est alors qu'un sourire naquit sur le visage de Morgane. Elle déposa son magasine un peu plus loin et prit un autre coussin dans ses petites mains. Elle le lui renvoya dessus et bien sûr, sans attendre qu'il ne le reçoive, il en fit de même pour elle. Après quelques minutes où Morgane riait de bon coeur, ils arrêtèrent leurs chamailleries, et Jerôme embrassa Morgane.

Morgane grelotait, Morgane avait froid. Ses lèvres étaient même bleues et ses dents claquaient de temps à autres. En d'autres termes, elle n'était pas vraiment dans son assiette, bien au contraire. Elle était à cet instant avec Jerôme et, plus que tout, elle essayait de cacher qu'elle n'était pas très bien ce soir là. Bien sûr, l'ancien Serdaigle ne mit pas beaucoup de temps avant de comprendre ce qu'elle faisait. Laissant s'échapper un soupir, il ouvrit alors la porte de leur appartement. Tous deux entrèrent, et c'est Jerôme qui prit la parole le premier.

- Morgane tu es malade.

Le regardant un instant, elle fut déçue qu'il voit clair dans son jeu. Toutefois, elle n'était pas prête à dire qu'elle était réellement souffrante, et encore aurait-il fallut qu'elle se l'avoue vraiment à elle-même, ce qui n'était certainement pas le cas.

- Bien sûr que non. Je ne vois pas pourquoi tu dis ça, d'abord...

Roulant des yeux, l'ancien Bleu et Bronze retira son manteau alors que Morgane, frigorifiée, préféra garder le sien. Ainsi, elle essaya de faire comme si de rien n'était... même si ce n'était pas vraiment gagné d'avance.

- Morgane tu dois avoir la grippe.

- Je te dis que non, Jerôme ! Je vais très bien, ce n'est pas la peine d'insister.

Et là, sans s'y attendre... elle éternua. Et zut, raté ! Bien évidemment, cela fit immédiatement rire l'ex Serdaigle. La jeune rousse lui lança alors un regard accusateur, puis pris un air un peu plus détaché tout en reprenant la parole.

- N'importe quoi ! C'est juste un tout petit coup de fatigue, un petit rhume peut-être mais rien d'autre. Et puis je te rappelle que c'est toi qui a voulu sortir, moi j'aurais préféré rester bien tranquillement dans le salon et...

Et elle éternua de nouveau. Vexée d'être aussi peu convainquante, elle s'assit sur le canapé et croisa les bras. Le jeune homme partit un instant dans une autre pièce, presque exaspéré, avant de revenir à peine plus tard.

- Je te mets ça là. Quand tu voudras bien admettre que j'ai raison...

Il déposa une boîte de médicaments ainsi qu'un verre d'eau sur la table basse. Evidemment, puisque Morgane n'était pas décidée à dire qu'elle avait attrapé froid ce soir-là, elle ne risquait pas d'y faire attention... pas tout dessuite, en tout cas. D'ailleurs, la rouquine n'y fit presque pas attention.

- J'aurais préféré un thé à un simple verre d'eau, quand même...

Elle dit rapidement, se retenant de greloter. Mais non, voyons, elle n'était pas malade, quelle idée... Le jeune homme ne fit même pas cas de sa remarque. Instinctivement, elle failli les prendre, pour finalement s'en retenir. Jerôme était là et elle ne risquait pas d'en prendre devait lui. Elle n'était pas malade, un point c'est tout. Et si elle en prenait maintenant, cela voudrait dire qu'elle était malade, et elle ne l'admettrait pas. Pas devant Jerôme, en tous cas, allez donc savoir pourquoi. D'ailleurs ce dernier, roulant des yeux, laissa s'échapper un soupir.

- Très bien, comme tu voudras Morgane.

Il partit alors elle ne savait trop où, laissant Morgane seule dans le salon. Elle songea un instant que garder son manteau ne devait pas être des plus discrets ( et elle n'avait pas vraiment tord ). Ainsi, c'était la raison pour laquelle elle le retira, puis le posa sur une chaise. Elle le rangerait plus tard, pour le moment, elle essayerait d'avoir moins froid. Ainsi, la jeune Winston vérifia rapidement si Jerôme était bien parti et, après s'en être assuré, elle prit discrètement un plaid qui trainait sur le canapé avant de s'enrouler dedans et de se réinstaller à sa place. Au moins, comme ça, elle aurait bien chaud. Certes, elle ne voulait pas le reconnaître, mais elle avait tout de même froid, maintenant. Et puis il fallait bien qu'elle admette qu'à présent, elle ne se sentait plus trop bien. Jetant un regard au verre d'eau posé sur la table, elle se dit qu'au fond, cela ne pourrait pas lui faire de mal... Ainsi, elle hésita un instant et failli le prendre à deux ou trois reprises, avant d'arrêter son geste. Non, elle n'était pas malade. Oh et puis au fond, qu'est-ce que ça lui coûtait ? Elle attrapa le verre et les médicaments. Mais lorsqu'elle porta le verre à ses lèvres, elle entendit une voix à côté d'elle. Bravo, Morgane, tu passes vraiment inaperçue, là. Relevant légèrement le regard, elle vit qu'il s'agissait bien de Jerôme.

- Met cette couverture, tu auras plus chaud..., lui dit-il d'un ton las.

Il lui tendit alors et, grelotant comme elle grelotait, elle ne se sentit pas le courage de refuser. Toute de même, ce serait bien plus chaud qu'un plaid, il fallait le reconnaître. Elle lui fit alors un rapide sourire pour le remercier, puis la prit et s'enroula dedans.

- Tu vois, quand tu veux.

D'accord, il avait gagné, Morgane abandonnait. Ainsi, elle remonta la couverture jusqu'à son nez, avant de reprendre la parole.

- Ouai.. n'empêche que ce sera de ta faute si je ne peux pas voir Elo et Roxie demain...

Il s'installa à côté d'elle et, amusé, il lui répondit.

- Mais oui, Morgane, c'est ça...

Et il l'embrassa.

Morgane et Jerôme se trouvaient, pendant un après-midi de Décembre, dans le parc de l'école. Toutefois, ce n'était absolument pas pour discuter de choses et d'autres, comme ils le faisaient parfois, mais parce que le jeune Serdaigle n'avait pas voulu s'expliquer, et que Morgane l'avait suivi. Mais s'expliquer sur quoi, au juste ? Et bien au sujet d'une jeune fille de la même année que Jerôme, un peu trop collante au goût de Morgane. Non mais pourquoi il lui disait pas dans s'en aller ? Elle en avait assez qu'elle vienne toujours lui demander ses cours. Non mais quand même. Une fois, ça va. Deux fois, ça va aussi. Trois fois, ça peut passer. Quatre fois, allez, Morgane est gentille, mais au bout d'un moment il y en a marre, quand même ! Jerôme n'était pas le seul élève de septième année de l'école, tout de même !

- Ce n'est pas ma faute si elle me demande mes cours !

- Je m'en fiche !

- Morgane, tu m'énerves !

- Tant mieux ! T'avais qu'à lui dire de s'en aller !

- C'est n'importe quoi ! Tu parles bien à qui tu veux, toi !

- Mais moi ce n'est pas pareil ! Je reste très souvent avec les mêmes élèves ( et tu les connais tous ), alors que ça ne fait que quelques semaines que cette greluche te parle vraiment !

- Cette « greluche » comme tu dis, elle s'appelle Anna !

- Je n'en ai rien à faire.

- Ca je m'en doute.

Lui lançant un regard exaspéré, notre jeune Winston croisa les bras, boudeuse. Il pouvait bien voir qui il voulait, ce n'était toutefois pas une raison pour que l'autre soit avec lui douze heures sur vingt-quatre ! Bon, certes, Morgane exagérait peut-être sous l'énervement, mais tout de même, il y avait des limites à tout ! Et ainsi, ce jour-là, elle n'avait pas vraiment apprécié de la voir, encore une fois, entrain de lui demander une énième feuille de parchemin sur le dernier cours de potion auquel il avait pu assister.

Cependant, alors que Morgane s'attendait à ce que le jeune Serdaigle lui réponde quelque chose, il n'en fut rien. Au contraire, après un léger coup de fatique, elle ne le voyait même plus ! Mais... Mais où était-il ? Elle avait beau se tourner dans tous les sens, elle ne le voyait pas. Et après seulement quelques secondes, elle commençait réellement à paniquer. Elle voulait l'appeler mais étrangement, elle ne le pouvait pas. Ce n'était pas qu'elle se retenait, mais plutôt qu'il lui était, malheureusement, impossible de le faire. Pourquoi ? Au fond c'était étrange. Morgane voulait dire son nom mais quelque chose la retenait. Peut-être parce qu'au fond ce n'était pas réel ? Puis, sans qu'elle ne comprenne pourquoi, il se retrouvait face à elle. Et il souriait, amusé. Mi rassurée, mi soupçonneuse, Morgane lui jeta un regard interrogateur. Il n'avait tout de même pas recommencé ? Et si, il avait osé ! Il avait une nouvelle fois utilisé son don sur Morgane !

- Mais... Hey ! Pourquoi tu as fais ça ? J'ai eu...

Peur. Morgane avait eu peur, mais toutefois elle ne voulait pas le reconnaître. Surtout pas devant Jerôme. Au fond, ce qu'il lui avait montré, c'était exactement la même scène que celle qu'elle était entrain de vivre, à la seule exception qu'il n'était pas là. Fachée et vexée qu'il se serve de son pouvoir pour qu'elle arrête de s'énerver contre lui comme elle le faisait à peine quelques minutes plus tôt, elle partit donc, contrariée, et commença à marcher sans l'attendre et sans lui dire le moindre mot.

- Hey, Morgane !

- T'es qu'un méchant, Jerôme ! Lui cria-t-elle sans pour autant le regarder.

Laissant s'échapper un soupir, il prit la même direction qu'elle et la rattrapa sans le moindre soucis, alors qu'elle essayait tant bien que mal d'accélérer le pas, tandis que ceux du jeune homme se rapprochaient. Encore plus énervée lorsqu'il fut à sa hauteur, elle ne tourna même pas la tête pour le regarder. Qu'est-ce qu'il pouvait l'énerver, par moment, tout de même !

- C'est bon, ce n'était pas méchant, Morgane...

Pas méchant ? Pas méchant ? Il lui a fait une peur pas possible et en plus il a fait ça pour qu'elle s'arrête de parler. Mais bien sûr, ce n'était pas méchant ! A d'autres ! Non mais quelle idée, tout de même ? Maintenant, au lieu d'être énervée à cause d'Anna, elle était tout simplement énervée contre lui, et cela à cause de personne d'autre. Mais toutefois, même si elle voulait l'ignorer, Morgane s'arrêta aux dernières paroles du jeune Serdaigle. Se tournant vers lui, elle lui lança un regard outré avant de reprendre.

- Oui, et alors ? T'étais obligé de faire ça ? Non, bien sûr que non ! Mais tu préférais utiliser ton don plutôt que de discuter ! Tu es vraiment...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il l'embrassait déjà.