[Terminé]Et si on s'donnait rendez-vous dans dix ans? (Rory)

Laura ne pleurait pas. Aucune larme ne venait couler sur sa peau encore pâle, bien qu’un peu colorée par le premier mois d’été. Les vacances commençaient. Du moins, elles avaient déjà bien commencé. Deux petites semaines étaient passées, deux semaines que la Gryffondor aurait volontiers passé à Poudlard : la situation qu’elle avait découverte était bien pire que tout ce qu’elle avait pu vivre l’année passée dans son école de sorcellerie. Jamais elle n’aurait pu penser en quittant son village début janvier, après son premier Noël passé en famille depuis qu’elle était entrée au collège écossais, qu’elle verrait ses deux parents se disputer comme jamais ils ne l’avaient fait. D’ailleurs, son père n’habitait déjà plus chez elle et seule sa mère et son petit frère l’avaient accueillie à King’s Kross. Le jeune garçon semblait alors sur le point de pleurer et la seule adulte présente ne paraissait pas non plus au meilleur de sa forme.

Laura avait été mise au courant pendant le trajet du retour. Elle n’avait rien dit. Aucune explosion de colère, aucune crise de larme. Elle était restée muette et n’avait pas parlé à sa mère depuis. Elle n’ouvrait la bouche que pour parler à son petit frère, et seulement par des phrases laconiques. Enfin, elle avait téléphoné à Rory une fois que la décision finale eut été prise. C’était la seule sorcière qu’elle connaissait qui habitait dans les environs, et de plus une de ses meilleures – et seules – amies. D’ailleurs, comme la Serdaigle venait d’une famille de moldue elle aussi, elle comprendrait sûrement la Gryffondor et serait la plus à même de la réconforter. Bien entendu, l’adolescente, qui allait bientôt avoir quatorze ans, comptait aussi écrire à Abbygael, Ann et Eva-Rose. Mais pour le moment, ce n’était pas d’écrire qu’elle avait besoin, mais de parler, chose qu’elle faisait trop rarement depuis quelque temps, comme je l’ai déjà précisé.

Laura n’avait pas donné beaucoup de renseignement à son amie, c’est le moins qu’on puisse dire. La voix dure et ferme, elle lui avait simplement demandé de venir le plus vite possible là où elles s’étaient rencontrées la première fois deux ans auparavant. Rory ayant assuré qu’elle se souvenait bien du lieu dont elle parlait, la petite sorcière avait mis ses baskets et était sortie sans rien dire, juste en embrassant son petit frère sur la joue. Le garçon grandissait : lui aussi devait entrer au collège cette année, mais moins solide que sa sœur il était gravement perturbé par les derniers évènements, ce qui se comprend aisément. D’ailleurs, dire que Laura s’en tirait indemne serait proférer un énorme mensonge, mais je pense que vous l’aurez compris sans moi. La Gryffondor avait juste une façon particulière d’exprimer ses sentiments.

Il ne fallut pas longtemps à Laura pour arriver à destination. Elle s’assit sur le muret, le même que quand elle avait rencontré Rory, puis attendit. Elle ne desserrait pas les lèvres et regardait droit devant elle le panneau qui annonçait le nom de la rue dans lequel elle se trouvait, sans le lire. Elle s’en fichait de toute façon : elle avait fait ce chemin tellement de fois depuis qu’elle habitait cette ville qu’elle pouvait le refaire les yeux fermés. Avant, elle aimait s’asseoir ici pour regarder passer les gens avec ses amies moldues. Aujourd’hui cependant, elle regrettait de devoir venir.

Deux semaines que le Poudlard Express avait ramené tous les élèves chez eux. Le chemin était toujours plus décontracté que dans l'autre sens, mais il y avait toujours cette petite boule au ventre de se dire que pendant deux mois on serait loin de l'école et de ses amis. Dans le cas de Rory c'était également être loin de la magie, parce que dans sa ville moldue il n'y avais pas vraiment de contact avec les sorciers. Mais heureusement, il y avait Laura qui n'habitait pas trop loin, c'était vraiment une chance d'avoir une aussi bonne amie tout près de chez soi, comme ça même loi de Poudlard, la magie n'était pas trop loin.

Tout le voyage s'était passé sans aucun problème, même Choucroute avait fait le voyage tranquillement. Le félin avait dormit une bonne partie de la route et avait passé l'autre moitié à écouter sa maîtresse parler avec les personnes qui partageaient son wagon, dont Laura.

Sa Mère l'attendait à King's Cross, comme tous les ans elle avait pensé à apporter une bouteille d'eau aromatisée à la framboise. Qu'est-ce qu'on ferait sans sa Maman? Après avoir souhaité de bonnes vacances à tout le monde, Rory était rentrée chez elle.

Voilà, il ne s'était rien passé de plus pationnant en deux semaines. Jusqu'à ce fameux coup de téléphone. En effet, Laura l'avait appelé, et son coup de téléphone était pour le moins inquiétant. La jeune fille n'avait pas dis grand chose, mais le peu qu'elle avait prononcé avait suffit à Rory pour comprendre qu'il se passait vraiment quelque chose.

A l'heure dite, la jeune Serdaigle arriva au parc, où quelques années plus tôt elles s'étaient retrouvées par hasard. La jeune fille avait revêtu un débardeur bleu, sur un pantacourt en jean. Ca changeait vraiment de la robe de sorcière!
Elle aborda son amie avec un petit sourire, et s'asseya à côté d'elle.

- Salut. Comment vas-tu?

On pouvait interpréter cette petite question toute banale plutôt dans le sens de "raconte-moi tout". Laura était certainement sa meilleure amie sorcière, alors elle commençait quand même à savoir quand ça n'allait pas. Dès qu'elle l'a vit, elle comprit qu'elle ne s'était pas tromper en interprétant le ton de sa voix au téléphone.

Quand Laura vit arriver son amie elle ne put pas longtemps garder son masque d’impassibilité. Elle n’avait plus la même force de caractère que quand elle été entrée à Poudlard trois ans plus tôt. Trop de choses s’étaient déroulées dans un intervalle trop court et la jeune sorcière sentait qu’elle ne pourrait plus empêcher les larmes de couler bien longtemps. Pour le moment, il n’était cependant pas temps de pleurer : elle devait expliquer à Rory ce qui se passait et pourquoi elles ne se verraient plus souvent, c’était le moins qu’on puisse dire. La Gryffondor ne savait pas combien de temps elle passerait chaque année en Angleterre, désormais. Et puis elle serait tellement coupée du monde de la magie…valait-il vraiment la peine de s’accrocher à ces trois dernières années dans le collège de sorcellerie ? Elle n’aurait plus jamais le droit de pratiquer sa magie : quand elle atteindrait les dix-sept ans requis, que saurait-elle encore faire ? Déjà qu’elle n’était pas douée…

Laura leva donc la tête vers le visage de son amie, qui semblait un peu inquiète. Il faut dire que la Gryffondor n’avait pas fait grand-chose pour la rassurer depuis son arrivée, et ça n’allait pas s’arranger. Elle se mordit la lèvre. Elle cherchait ses mots, ne savait pas par où commencer. Elle était déjà tellement reconnaissante à Rory d’être venue, alors qu’elle avait peut être plein d’autres choses importantes à faire, voir sa famille par exemple. C’était toujours la première chose à laquelle on pensait après un an d’absence. Mais qui pouvait imaginer arriver dans une situation telle que la vivait la petite sorcière ? Seuls les plus pessimistes, sans doute. En tout cas, cette idée n’avait même pas effleuré l’esprit de l’ancienne troisième année.

- Rory je…merci d’être venue, je…je ne retournerais pas à Poudlard l’année prochaine.

Voilà, c’était dit. Avec hésitation et des difficultés, certes, mais c’était dit. Elle n’avait encore révélé qu’une partie du problème, mais la plus importante. La Serdaigle aurait plus dé précisions si elle le souhaitait, mais pour le moment Laura n’avait pas la force de continuer. Elle était encore sous le choc de la nouvelle qu’elle avait apprise à son retour du château. Elle s’était résignée : elle l’était depuis qu’elle savait, mais tout de même, elle avait encore du mal à admettre qu’elle ne serait jamais une sorcière à part entière, qu’elle ne passerait jamais ses BUSES, qu’elle ne pourrait pas trouver un travail dans le monde magique, qu’elle ne jouerait plus au Quidditch, et tant d’autres choses plus ou moins futiles. Il fallait ajouter un autre point noir : elle allait retourner à l’école moldue. Comment pourrait-elle le supporter après avoir passé trois années à Poudlard, même si elles n’avaient pas été des parties de plaisir, on s’en doute. Il n’y avait pas de comparaison possible entre les deux institutions. D’autant qu’il lui faudrait travailler dur pendant les vacances pour rattraper son retard. Mais elle préférait ne pas y penser pour le moment : elle ne devait pas gâcher les quelques temps qu’elle passait encore en compagnie du monde de la sorcellerie.

"Je ne retournerai pas à Poudlard cette année" Cela tomba comme une bombe. Voilà c'était dit, il fallait l'enregistrer et surtout le digérer. Rory n'eu aucune réaction, pouvait-elle se permettre de se pincer pour voir si c'était bien vrai? Non inutile, de toute façon on peut se pincer dans un rêve. Elle regarda son amie et se demanda comment cela pouvait-il être possible. Mais est-ce que ça se posait comme question? Non, non pas du tout, ça risquait de retourner un peu plus Laura... Et puis d'ailleurs la surprise de la Serdaigle ne devait être rien comparé à ce que vivait son amie.

- Wa...

Très locace tout ça. Un ballon passa devant les deux jeunes filles, puis un gamin qui courait après, mais aucune des deux sorcières n'avaient fais un geste dans ce lapse de temps. Soudain Rory prit sa jeune amie dans ses bras. Peut-être quand fin de compte les mots ne servaient à rien pour le moment.

Combien de temps dura leur étreinte, difficile à dire. Mais lorsque la fin fut arrivée, Rory avait l'impression qu'elle perdait déjà un peu plus son amie. Non, en fait elle comprenait seulement maintenant toute l'étendue de sa révélation.

Finalement elle osa poser la question qui résumait les mieux toutes les autres, mais c'était pas grave si Laura ne voulait pas lui répondre, enfin plutôt ne pouvait pas. La Serdaigle se doutait bien que c'était grave, peut-être même très grave, car on n'arrête pas ses études de magie à Poudlard comme ça, et puis dans quelle école de magie elle irait si elle n'allait plus là-bas? Il y en avait tellement d'autre dans ce stule là qui se bousculait dans sa petite tête. A un tel point qu'elle se demanda à quel point pouvait être celle de Laura...

- Pourquoi?...

Elle craignait un peu les réactions que pouvaient susciter sa question. Dans l'état où Laura l'avait appelé et ce qu'elle venait de lui annoncer ne laissait rien présager de bon. Non vraiment rien. Mais une amie n'est-elle pas là justement pour les moments difficiles? Rory était prête à assumer cette tache aussi bien qu'elle le pourrait. Il n'était pas dans ses habitudes de laisser tomber les personnes qui lui sont chères.

Les mots que Laura venait de prononcer avaient visiblement assommé Rory, qui ne dit rien pendant un moment. Dans une autre situation, la Gryffondor en aurait sans doute rit, mais elle n’avait bien entendu pas le cœur à cela pour l’instant, ce qui est aisément compréhensible. Déjà qu’elle usait de toute sa volonté pour ne pas pleurer. A vrai dire, c’était plus difficile là, à présent qu’elle était avec son amie, que ça avait pu l’être pendant toutes ces deux semaines pendant lesquelles elle avait dû se faire à la nouvelle et surtout y habituer son frère, lui expliquer que ce n’était pas la fin du monde, même s’il pouvait en avoir l’impression. Après tout, lui aussi allait quitter tous ses copains et copines pour ne plus les revoir que rarement. Et encore, dans un sens la sorcière avait la chance de posséder une chouette beaucoup plus rapide que le courrier pour échanger des lettres avec ses anciennes camarades.

En tout cas, Laura fut surprise par l’étreinte de Rory, mais elle ne tarda pas à elle aussi refermer ses bras autours de son amie. Partir serait plus difficile qu’elle ne le pensait, non qu’elle crû que ce ne serait qu’une formalité, mais elle s’était crue assez forte pour ne pas tomber dans l’excès de tristesse. La jeune sorcière ne voulait pas retourner dans l’état qu’elle avait quitté quelques mois plus tôt grâce à la jeune Serdaigle qui une fois encore venait la réconforter, alors qu’elle-même semblait toujours de bonne humeur et que la Gryffondor avait l’impression de ne jamais pouvoir lui rendre la pareille. Enfin, elle n’allait pas se plaindre que son amie soit heureuse, ce jour excepté bien entendu, puisque l’aigle semblait bien affectée par la nouvelle, elle aussi.

Quand elles se séparèrent, Rory posa la question qu’elle avait dû ruminer pendant tout ce temps, ce dont Laura ne pouvait lui tenir rigueur. Quoi de plus normal que de demander des explications, la Gryffondor aurait elle aussi voulu savoir pourquoi elle perdait son amie. Répondre à la question n’en était cependant pas moins difficile : entendre et accepter une si mauvaise nouvelle étaient quelque chose, l’expliquer en était une autre. La jeune sorcière voulait tout de même raconter, de manière succincte, mais le raconter quand même, ce qu’il s’était passé depuis qu’elles s’étaient quittées sur le quai de la gare King’s Kross, deux semaines auparavant. Que le temps passait vite, d’ailleurs, quand on aimerait qu’il ralentisse : le jour du départ, peu après l’anniversaire de Laura, approchait de plus en plus. L’ancienne gardienne de Quidditch préféra en tout cas s’asseoir pour – enfin – répondre à son amie.

- Mes…mes parents se sont séparés. Je retourne en Allemagne avec mon père, chez mes grands parents.

La première difficulté passée, Laura avait dit toute sa phrase d’une traite, à toute vitesse, comme si le dire rapidement pouvait en atténuer l’effet. Elle n’avait cependant encore pas tout révélé, ce qui était presque aussi horrible que de ne pas retourner à Poudlard. Avant même que Rory n’aie pu répondre, la Gryffondor enchaîna :

- Et j’irais à l’école moldue…

La lionne se mordait la lèvre en regardant son amie. Plus rien ne serait pareil, désormais. Même si elles se voyaient encore de temps en temps pendant les vacances d’été, elles vivraient dans deux mondes totalement différents et qui ne se mélangeaient pas. Combien de temps encore pourraient-elles garder encore un si bon contact ? Le plus longtemps possible, espérait Laura, mais que serait ce plus longtemps possible ? Elle ne pouvait le dire.

Spoiler:

Rory n'en croyait pas ses oreilles, et pourtant elle connaissait très bien cette situation, peut-être même mieux que d'autres. Mais il lui était toujours très douloureux de le voir chez les autres, non seulement ça lui faisait revivre cette période difficile, mais ça l'était d'autant plus parce qu'elle savait combien on pouvait souffrir de ces choses là.

La jeune Serdaigle ne vivait plus qu'avec sa Mère depuis déjà quelques années. Cela avait été difficile au début, d'autant plus qu'elle n'était encore qu'une petite fille, mais maintenant elle se fichait complètement de celui qui lui servait de géniteur. Et puis de toute façon pourquoi en aurait-elle eu quelque chose à faire, sachant que lui ne savait même plus où elle habitait, et peut-être même qu'il ne se souvenait pas de son prénom.

Rory n'oubliait quand même pas que certaines personnes ne pouvaient pas oublier aussi facilement un membre de leur famille. Laura en faisait peut-être partie. Et puis tous les parents ne se séparaient pas comme son père avait pu le faire avec sa Mère...

- Oh.

Et en plus elle allait devoir retourner à l'école moldue et en Allemagne qui plus est! Pourquoi? Rory trouvait cela injuste de priver Laura de l'enseignement sorcier. Son amie était une étudiante très prometteuse de Poudlard, et arrêter ses études maintenant était comme l'amputer!

- Mais ils ne peuvent pas t'empécher d'étudier la magie?! Un membre de ta famille va te l'enseigner là-bas? Dis moi que quelqu'un va te donner des cours! Elle réfléchit un instant. Tu sais quoi, moi je t'apprendrai! Je te le promet.

Peut-être que c'était également une façon de promettre à son amie de ne jamais la laisser tomber. Oh non! Même loin, elle ne l'oublierait pas.

La jeune fille se dit que bien sûr c'était toujours bon d'avoir une amie sur qui compter, mais ça n'aidait pas à grand chose quand le moral n'y est plus du tout. Aussi décida t-elle de lui faire part de son peu d'expérience, mais expérience tout de même, en la matière.

- Mes parents ont aussi divorcés, il y a de ça plusieurs années. Je déteste mon père depuis cette époque et vit parfaitement avec ma Mère. Evidemment, ça peut paraître excessif, mais j'ai trouver mon équilibre et je suis heureuse à présent. Le plus important c'est que tu fasses ta vie comme tu l'entends et peu importe ce que les autres penseront de tes choix, toi tu sauras que c'est ce qui te convient.

Combien de fois elle avait entendu que c'était inadmissible qu'une gamine décrête détester son père et tienne dans cette décision. Oui, les personnes ne sont pas souvent très ouvertes...

Laura ne put s’empêcher de sourire tristement – après tout, c’était toujours mieux que pleurer – faces aux remarques de Rory. Oh, heureusement qu’elle était là, heureusement que la Serdaigle n’habitait pas loin de chez elle, parce que sinon la future ex-Gryffondor ne savait pas ce qu’elle aurait bien pu faire, à part vraiment rester enfermée dans sa chambre tout l’été jusqu’à son départ d’Angleterre. Cependant, elle comprenait son père et était certaine que son amie se rangerait à son avis une fois qu’elle lui aurait expliqué pourquoi, à son avis, il avait pris cette décision. Et puis, si ce n’était pas le cas…elles ne se disputeraient pas pour ça, bien entendu. De vraies amies savent éviter les sujets qui fâchent quand ils ne sont pas importants, et c’était dans ce qui les occupait. Néanmoins, il n’y avait pour le moment pas de problème et la lionne tenait à défendre son père, bien qu’elle regrettât la décision qui avait du être prise.

- Tu sais, ça fait un sacré changement pour mon père. Il va devoir s’occuper tout seul de nous deux, surtout de mon petit frère. Bien sûr, il y a Papy et Mamie, mais ce n’est pas vraiment la même chose : on ne les voit que deux semaines par an…il aura besoin de moi. Quant aux cours…tu sais bien que ni toi ni moi ne pouvons utiliser la magie hors de Poudlard. Tu auras sans doute autre chose à penser…

Laura aurait voulu ajouter encore quelque chose, mais elle ne savait pas vraiment quoi. Aussi se tût-elle un instant. Plus de temps qu’il n’en fallait à Rory pour reprendre la parole, et réconforter encore un peu la jeune lionne qui en avait bien besoin, même si elle faisait tout pour ne pas trop en laisser paraître. Effectivement, il paraissait étrange de pouvoir dire détester son père, mais l’adolescente savait que ce n’était pas son cas, ni dans un sens, ni dans l’autre. Elle avait assez réfléchit pour se dire qu’il valait mieux qu’il en soit ainsi et qu’une fois la tristesse passée – ça prendrait sans doute du temps, mais elle avait l’habitude maintenant – la vie reprendrait son cours normal. Elle avait seulement besoin de temps et d’amies comme la Serdaigle pour se faire totalement à ce qu’allait être sa nouvelle vie, et elle aussi ferait tout pour que la distance ne soit pas un obstacle à leur amitié, mais qu’elle leur permette au contraire d’être encore plus heureuses de se retrouver, même si ce n’était qu’une fois par an.

- Merci. Merci Rory d’être là. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si tu n’étais pas venue. Vraiment pas.

Voilà, ce qui n’avait pas pu être dit juste auparavant été finalement sortit de sa bouche. C’était donc ça, ces mots si difficiles à dire, chose qui n’était pas avant son entrée à Poudlard. Ou peut être avait-elle seulement oubliée pendant les deux dernières semaines. Elle ne savait pas et, à vrai dire, ne s’en préoccupait pas, n’y pensait même pas. Il n’y a que les narrateurs pour s’occuper de telles choses.

- Tu as raison, Rory. Je ferais comme tu me dis. L’avis des autres, sauf celui des amis, ne doit pas m’arrêter.

Cette vieille formule lui rappela un passé pas si lointain (elle n’avait même pas quatorze ans, après tout), une promesse qu’elle avait faite, peu avant d’apprendre qu’elle était une sorcière et d’entrer à Poudlard. Quand diable cesserait-elle de s’apitoyer sur son sort ? Il y avait bien plus grave que ses pauvres malheurs. Laura savait cependant qu’elle n’était pas encore prête, pas assez mûre, pour supporter sans peine ce qui lui arrivait.

Oups... Boulette! Laura restait vivre avec son père. C'était le cas de figure complètement inverse d'elle. Tellement de divorces et autant de cas différents. C'est vrai que tous les cas étaient différents, et c'est pour cela qu'il ne faut pas avoir d'idées préconçues sur cette situation. D'ailleurs, Laura avait la chance, si on peut le dire ainsi, de ne pas être fille unique. Avoir un frère ou une soeur, Rory en avait toujours rêvé! Evidemment comme tous les enfants uniques me direz-vous. Mais dans le divorce, il est toujours agréable de se sentir entouré, les frères et soeurs se chamaillent mais se soutiennent également dans les moments difficiles. Elle, elle avait compté sur les livres. Son échapatoir, son univers, sa seconde famille finalement. Et puis l'arrivée d'une petite boulette de poils. Oui, Choucroute était sa chatte, son amie, sa fille et sa soeur. Beaucoup de responsabilité pour un petit animal.

- Ca va aller. Ton père s'en sortira très bien, tout le monde n'est pas comme celui qui était sensé tenir ce rôle dans ma vie. Je sais que tu vas aider ton père, tu es toujours comme ça!

Elle sourit gentiment à son amie. Il est vrai qu'elles se connaissaient depuis un certain temps et il est encore plus vrai que Laura était une jeune fille toujours à l'écoute des autres et prête à aider. Qualité qui se faisait de plus en plus rare, même chez les sorciers. C'est pas parce qu'on est sorcier qu'on est mieux élevé...

- Mais n'en fais pas trop quand même, ne t'épuise pas à la tache.

Elle lui sourit gentiment, jusqu'à ce que Laura la fasse virer au rouge tomate. C'était normal qu'elle soit là pour la jeune Gryffondor, pourquoi ne le serait-elle pas?! Elle baissa un peu les yeux, intimidée qu'on lui fasse ce genre de réflexion, puis posa une main sur l'épaule de son amie.

- Je ne te laisserai pas Laura, tu peux compter sur moi. Et puis même si on n'a pas le droit de pratiquer la magie en dehors de l'école à notre âge, rien ne m'empèche de te préparer des petits cahiers avec tout pleins de cours. Et dès qu'on aura l'âge, tu pourras reprendre librement ton entrainement, et je serai là pour t'épauler. Tu verras, ça n'est pas quelques temps d'arrêt qui vont étouffer la magie qui est en toi!

Rory était vraiment sincère en s'adressant à Laura. Non vraiment, elle ne la laissera pas tomber, et la magie Laura ne pourrait pas vivre sans. La petite Aigle ferait de son mieux pour qu'elle puisse aussi bien manipuler la magie qu'elle.

- Aller viens! debout!

La jeune fille se leva d'un bond et tira son amie vers elle. Elle avait bien l'intention de lui redonner le moral, tout du moins l'espace d'un petit moment, en espérant que Laura puisse passer un petit moment avec elle bien sûr.

- Une petite glace, ça te dit? Dis ce que tu veux faire, on ne va pas se morfondre plus longtemps!

A peut-être les boutiques aussi. Plein de choses de filles pour faire oublier à la jeune Gryffonfor tous ses malheurs un petit moment, ou en tout cas essayer.

[520 mots]

Une fois encore, Laura acquiesça. Rory avait raison, comme souvent. Elle devait reconnaître que son amie savait vraiment s’y prendre dans tout ce qu’elle faisait, en tout cas elle-même ne savait pas si elle aurait su trouver les mots qu’il fallait pour la réconforter dans une telle situation. Sa franchise naturelle n’était pas toujours son meilleur allié, car elle disait souvent les choses crûment sans se préoccuper de l’état d’esprit du destinataire de ses paroles. Ce qui est naturel chez les enfants ne s’était pas effacé chez la sorcière avec l’âge, même si à Poudlard elle avait du apprendre à se maîtriser, et que les épreuves qu’elle avait subies avaient largement douché sa bonne humeur et son envie de parler.

- Oui, t’as raison. Mais toi non plus, ne t’embêtes pas trop pour moi, hein. Je n’oublie pas que cette année est importante…

Laura n’ajouta rien et réfléchis aux paroles de Rory. C’est vrai : elle avait vécu onze ans sans magie, mais pourtant elle était toujours une sorcière. Il ne lui restait plus qu’un peu plus de trois ans pour pouvoir utiliser sa baguette en dehors des murs de Poudlard, ce n’était pas si long que ça, même si elle devrait attendre dix-huit ans pour être totalement libre de ses actes comme tout bonne moldue. Elle était sûre que son père ne voudrait pas qu’elle soit malheureuse et ne l’empêcherait pas de suivre sa voie, même s’il souhaitait qu’elle termine d’abord ses études normales afin d’avoir un avenir sécurisé, ce qui n’était pas si bête, puisque de toute façon l’ancienne Gryffondor n’avait jamais été très douée avec les sortilèges. Ce n’était pas vraiment sa spécialité, au collège sorcier, tous les professeurs qu’elle avait eu étaient unanimes pour le dire.

Ce qu’ajouta ensuite Rory l’étonna : elle n’avait même pas remarqué qu’elle s’était assise. Perdue dans sa tristesse et dans les paroles de son amie, la jeune fille n’avait pas fait attention à ce qu’elle faisait. Mais de toute façon…se lever, pour faire quoi ? Elle était bien, sur ce muret. L’explication de la Serdaigle éclaira cependant la lanterne pas très vive de la lionne. Oui, elle avait raison, encore une fois. Elle ne pouvait décemment pas se morfondre encore tout un été, le précédent avait déjà été assez difficile comme ça. Et puis, ça ne lui correspondait vraiment pas, ça, à elle qui n’aimait rien de moins (ou presque) que devoir rester en place pendant une heure à écouter un cours, elle allait prendre racine pour une épreuve de plus dans sa vie à laquelle elle finirait bien par s’habituer. N’avait-elle pas survécu toute année dans Poudlard aux mains des Mangemorts ?

- Une glace…oui ! Bonne idée. Ne restons pas là, il ne faut pas.

Ne croyez pas à un manque d’enthousiasme de l’ancienne Gryffondor : il lui fallait juste encore un peu de temps pour prendre totalement conscience de la proposition de Rory. Cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas mangé de glace, et il faisait vraiment chaud, elle ne l’avait pas remarqué quand elle était sortie de chez elle, perdue qu’elle était dans ses sombres pensées, aussi sombres que le soleil était fort. Laura tenta un timide et difficile sourire à son amie, histoire de la rassurer un peu, puis, considérant qu’elle pouvait vivre normalement pendant au moins un moment, elle demanda :

- Comment c’est passé ton début de vacances ?

Elle avait réussi à faire bouger Laura de son muret, leur petit muret en fait, mais bon ça remontait à l'année dernière cette histoire alors autant passer sur les détails. Est-ce que c'était vraiment un explois que d'arriver à faire bouger sa meilleure amie? Non, bien sûr que non, mais c'était certainement une petite victoire pour Laura, même si elle ne s'en rendait certainement pas encore compte pour le moment. Il faut toujours un petit moment de décalage temporel pour se rendre compte de ces choses là. Ce qui est plutôt nul, puisqu'on les apprécieraient d'autant plus si on savait les apprécier au bon moment... Mais bref, les considérations philosophiques ne sont pas à l'ordre du jour. Et puis de toute façon, la philo est rarement un secour pour les âmes en désespoir.

Rory attrapa le bras de son amie, et l'entraina dans la rue. Bras dessus, bras dessous, comme deux gamines. Aller la glace ferait certainement disparaitre un petit peu des soucis de la lionne. Une bonne glace et ça repart!

Laura trouva un début de conversation qui ne commençait ni par les mots de "parents", "divorces", ou "pleures". C'était vraiment bien! Rory avait mit pas mal de temps avant de pouvoir retirer ses mots de ses syntaxes.

- Oh tu sais les débuts de vacances se suivent et se ressemblent tous...! Ma Mère veut tout savoir de ce que j'ai pu faire, voir, expérimenter, etc... Elle veut tout savoir puisqu'elle ne connait pas. Elle est marrante, parce que c'est avec elle que je m'aperçois que ça n'est vraiment pas normal d'être une sorcière!

L'aigle sourit à son amie, mais préféra ne pas trop s'éterniser sur le "mode sorcière". Laura devait abandonner ses études à Poudlard, et c'était toute sa vie de sorcière qui s'arrêtait. C'était vraiment injuste, qu'est-ce qui pouvait empécher ses parents de la laisser à l'école des sorciers pendant la période scolaire et la faire revenir en Allemagne en été si cela comptait tellement pour eux. Poudlard était quand même l'école la plus sûre, leur fille ne risquerait rien là-bas... En attendant qu'ils changent d'avis, car oui Rory espérait un retournement de situation favorable à son amie, elle prendrait consciencieusement des notes de chaque cours, chaque nouvelle matière, chaque mouvement de baguette, pour les lui transmettre un jour, et qu'ainsi elle puisse reprendre une vie de sorcière si elle le souhaitait.

- Choucroute a vite reprit ses habitudes en tout cas. Elle est pas croyable, elle revient et en une soirée elle revient avec une souris! Je déteste quand elle fait ça, mais bon c'est son jeu à elle!

Quand un chat revient avec un souris, c'est assez normal et courant, qu'elle la ramène dans votre chambre ou la pose devant votre bol de petit déjeuner c'est tout de suite moins agréable...

A parler de ça, elles étaient arriver au marchant de glace. Miam! Tous ces parfums, le choix serait difficile, et le vendeur était assez craquant aussi... hum! on s'éloigne.

- Alors?! tu prends quoi?

Déclara notre aigle avec un large sourire. Evidemment, c'est elle qui offrait.

[512 Mots]

CHOCO

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» Rendez-vous près du Saule Cogneur [Pv][Terminé]
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