Les jardins de Poudlard étaient complètement enneigés. C’était toujours ainsi, les hivers étaient totalement blancs, et les beaux particulièrement chaleureux. Siegfried avait été un peu tardif à se lever ce matin là, et il était resté quelques minutes à contempler l’extérieur depuis les vitraux du dortoir. La neige lui évoquait sans cesse des souvenirs douloureux et entrainaient chez lui une certaine mélancolie par laquelle il se laissait porter sans résister. Peut être était-ce cette sensibilité accrue à cet instant, ou bien le fait qu’il était reposé… Mais il aperçu un petit point noir qui marchait au bord du lac gelé par le froid hivernale. Même à cette distance, il reconnu Heaven. Peut être était ce le bon moment pour lui parler un peu. Les choses s’étaient arrangées entre eux avant de voler en éclat brutalement. Pour le moment, ils étaient coincés dans une relation bancale, et il était temps de régler cette situation, quoi qu’il en ressorte…
Manteau endossé, Gants enfilés, Siegfried s’était dirigé calmement vers le lac une paire de patins à glace sous le bras. Il cherchait une entrée en matière subtile, genre « je passais par là, j voulais bouger un peu sur la glace, etc.… » Surtout ne pas avoir l’air d’être venu rien que pour elle. Elle le vit bien sur arriver de loin, au moins, elle ne s’était pas enfuit. Pas d’amis dans le secteur, il n’y avait qu’eux, elle ne l’enverrait pas balader cette fois ci. Une fois arrivé à sa hauteur, ils se dévisageaient quelques secondes, et puis, Siegfried se senti las de tous les stratagèmes qu’il fomentait pour préserver certaines apparences. Il leva les patins devant lui.
« Les patins c’est… C’était stupide… J’avais espéré qu’il me donnerait un prétexte pour pouvoir te parler en toute innocence. Tu vois bien le genre… Comme à mon habitude… C’est vraiment une mauvaise habitude que j’ai… Pour moi le chemin le plus court entre deux point, ce n’est pas la ligne droite…»
Il lâcha les patins et s’approcha un peu plus d’elle en gardant les mains dans ses poches. Il marchait doucement, comme pour ne pas précipiter les évènements, comme s’il voulait retenir ses paroles jusqu'à la dernière seconde. L’air était particulièrement froid, et s’il n’avait pas prit de quoi avoir chaud, il se serait certainement retrouvé congelé et immobilisé sur place.
« Bien, écoute, euh… J’ai bien vu que tu préférais passer du temps avec tes copines plutôt qu’avec moi. Et puis, il se passe des choses dans ta vie, ce petit frère en va s’incruster dans ta vie, ça et... Tout le reste… Et moi qui n’ai jamais vraiment voulu en parler avec toi… Alors, je crois qu’il faut qu’on se pose quelques questions. Comment vas-tu en ce moment Heaven. ? Et puis accessoirement, comment est ce que ca va entre nous. »
Siegfried avait maintenu une certaine distance entre eux, il voulait qu’elle se sente libre de lui répondre sans détour. Ne surtout pas la brusquer, Siegfried avait la sensation de lui faire du mal sans arrêt, sans même le vouloir. C’était peu être son destin après tout… Faire souffrir les gens… Chatiel… N’avait pas connu une fin grandiose…
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Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Ces derniers temps, Heaven s’éloignait de plus en plus de Siegfried. Et malgré le fait qu’elle aurait du lui parler, de tout ce qu’elle ressentait, de tout ce qui se passait, que soit chez elle, ou même avec Raphaël, elle n’y arrivait pas. Elle fuyait, dès qu’elle le pouvait, pour éviter d’avoir à lui faire face. Si elle n’avait jamais hésité auparavant pour lui parler, pour lui dire ses quatre vérités, là, elle n’y arrivait plus. Ce jour là encore, elle était partie trouver refuge près du lac, la cape chaude qu’Adrien Sallers lui avait offert pour son anniversaire il y avait de cela deux ans sur les épaules, des gants en cuirs noirs couvrants ses mains. Le froid, elle ne le craignait pas, mais elle avait mis des collants, juste par précautions. Si elle tombait malade, elle ne se relèverait plus. Elle était faible, peut-être un peu trop, et elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas choper un microbe ou un virus aussi bêtement. Et puis les collants, ce n’était pas comme des pantalons, elle les supportait sans problème, et puis cela faisait une plus belle jambe (et au moins on ne voyait pas le genou… C’est moche un genou !!!!).
Le parc de Poudlard avait été recouvert d’un manteau blanc depuis deux à trois jours, et Heaven trouvait cela magnifique. Et bien entendu, comme peu de gens avaient l’envie de braver le froid et la neige, le parc était aussi vide qu’en période d’examen. Et ce n’était pas la jeune vipère qui allait s’en plaindre. Au moins elle ne risquait pas de faire une mauvaise rencontre… Ses bottes faisaient crisser la neige sous ses pas, et le lac, duquel elle s’était rapprochée petit à petit était splendide. Il était complètement gelé, en surface tout du moins, car jamais il ne serait complètement gelé sur sa totalité tellement il s’étendait. Et cela était préférable pour le Calmar Géant qui vivait à l’intérieur… Enfin, qui était supposé vivre dans ce lac, puisque personne ne l’avait encore vu ! C’était une légende, un peu comme les dragons ou les licornes pour les moldus !
L’endroit où elle se trouvait était si calme qu’elle n’eut aucun problème à entendre les pas d’un autre élève qui se rapprochaient inévitablement. Et cet élève n’était personne d’autre que Siegfried, une paire de patins à glace à la main… S’il comptait aller patiner, qu’il le fasse seul, Heaven n’allait certainement pas s’y risquer ! Elle n’était pas suicidaire ! Par contre, elle le laisserait arriver jusqu’à elle. Cela serait trop idiot et vraiment stupide de se carapater alors qu’elle le voyait arriver. Cela serait flagrant… Tellement flagrant !
« Je sais. Le chemin le plus compliqué et le plus tordu sera toujours celui que tu préfèreras… Je te connais Siegfried… »
Oui, ça pour le connaître, elle le connaissait ! Il lui avait rabâché des dizaines de fois qu’il ne supportait pas les contacts physiques, et également tous les problèmes qu’il lui restait de sa possession… Mais tout cela, Heaven en avait assez. Elle avait cherché Siegfried trop longtemps, elle l’avait aimé trop longtemps, et il lui avait rendu son amour seulement lorsqu’elle commençait à s’en défaire. Et maintenant, elle redoutait le fait de tout stopper…
« Comment je vais ? Je vais bien, et toi donc ? »
Quoi ? Elle allait bien… Plus ou moins ! Mais bon, elle ne se sentait pas de lui balancer de but en blanc qu’elle en aimait un autre et qu’elle aurait nettement préféré se faire Raphaël plutôt que le jeune orphelin, mais ça… « Comment ça va, entre nous ? Et bien, je n’en sais pas plus que toi… D’habitude, c’est toi qui fait mine de tout savoir… »
Comment ça, elle était méchante ? Même pas vrai !! [632 mots]
Siegfried sourit malgré la situation, et puis se frotta le front pour trouver quoi dire. Elle avait besoin qu’il ait l’air de tout savoir, du moins qu’il fasse comme si. Apres tout, il avait bien certaines certitudes sur la situation actuelle. Rien de mal à se prêter à ce petit jeu.
« Et bien… Je sais que tu as toujours l’envie d’avoir un garçon proche de toi, ce qui veut dire qu’il y a forcement eu quelqu’un pendant que j’ai été éloigné de Poudlard. Je sais aussi que tu ne m’en as jamais parlé, et que je n’en ai jamais entendu parler, ce qui veut dire que ce garçon devait être important. Je sais aussi qu’a une époque, j’ai été important moi aussi, du moins, je pense l’avoir été. Je sais aussi que je suis revenu aussi brutalement qu’une armée de troll dans un salon de thé, et que je pensais que maintenant que je m’étais débarrassé de mes entraves, je pourrais vivre quelque chose de particulier avec toi sans problème. »
Siegfried retira un gant, et prit la main d’Heaven cherchant le contacte de sa peau sans jamais avoir de mouvement violent. Elle avait un peu froid, et il se demanda si ce froid ne représentait pas tout ce qu’ils avaient vécu depuis 5 ans. La vie était injuste, il en était certain désormais.
« Je sais aussi que lorsque j’ai enfin pu te toucher sans frémir, je me suis dit que j’avais suffisamment changé pour effacer tous mes défauts. Mais j’ai réalisé plus tard que je n’étais plus tout à fait le Siegfried que j’étais avant. Et alors, je me suis demandé si tu allais aimer celui que j’allais être. Alors je t’ai montré la pensine pour te monter ce que j’étais sans rien te cacher. C’était un moment de vulnérabilité pour moi, mais je ne regrette pas cette initiative. »
Siegfried lâcha Heaven, et tout en rhabillant sa main, il se dit que si le Siegfried qu’elle avait découvert dans la pensine lui avait plu, ils ne se seraient jamais retrouvés ici ce matin. Tous les événements prenaient une direction unique, Siegfried acceptait cette fatalité sans crainte, mais il souhaitait que l’issue soit acceptable.
« Je sais enfin que tu as déjà comblé le vide qui s’est créé entre nous. Et je dois dire que je suis le premier étonné à le dire, mais ça m’affecte. J’avais résolument raison depuis toujours, c’était plus facile lorsque nous étions des enfants, lorsque nous étions amis dans l’équipe de Quiditch. »
C’était vrai, à l’époque, tout était tellement plus simple, il suffisait d’être cool, il suffisait d’avoir les même rêves, la même direction, et tout se passait bien. Plus que jamais, Siegfried se disait « je ne veux pas devenir adulte ». Trop tard ?
« J’aurais préféré que tu me dises directement tout ce que tu me reproches plutôt que de tout retenir comme tu le fais. J’ai au moins mérité cette franchise non ? Magret tout ce que j’ai fait, malgré tout ce que je suis, je mérite au moins la vérité toute nue… »
Et d’ailleurs, la vérité ne lui faisait pas peur. Au contraire même, elle le rassurait. Siegfried se sentait rassuré lorsqu’il pouvait se dire « le mon est tel qu’il est ».
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Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Siegfried avait la mauvaise habitude, un peu comme Raphaël de tout savoir sur tout le monde. Ou du moins essayait-il. Avait-il remarqué que la vipère était malade ? Elle n’en parlait jamais, à personne, et ne le montrait, mais ils étaient ensembles… Alors il devrait l’avoir remarqué. Pourtant il n’avait jamais rien dit. Et s’il avait agit de la sorte pour éviter que la jolie vipère se braque, il avait mal agit, même si cela partait d’un bon sentiment. Raphaël lui, avait toujours fait remarquer à la brune lorsque son poids était trop faible. Certes, elle faisait la gueule à chaque fois, mais au moins cela lui prouvait qu’il se souciait de son état de santé. Siegfried s’en souciait-il lui ? Il se posait des questions sur l’avenir qu’ils avaient ensemble, si avenir ils avaient, mais jamais ne lui parlait de sa santé…
Mais si Siegfried disait qu’il savait ce qui se passait, au final, il n’en savait rien. Qui l’avait remplacé lorsqu’il était parti ? Comme avait-elle vécu la mort de son père ? Tout cela, l’orphelin n’en savait rien du tout… Et Heaven en était peut-être à moitié la cause puisqu’elle n’avait pas non plus dit un seul mot au Serpentard sur ces affaires là ! Mais s’il voulait être éclairci…
« Il y a eu quelqu’un en effet, mais Siegfried, tu étais mort pour toute l’école. Tu sais bien que je n’ai pas pour habitude de m’accrocher au vent… »
Oui, il y avait eu quelqu’un. Il y avait eu Enry Stanley, le Serdaigle que Siegfried avait brimé depuis qu’il avait su que la vipère lui tournait autour, bien évidemment, elle l’avait tout d’abord eu en tant que joujou de la reine, mais bon… Mais le fait qu’ils se mettent en couple aussi longtemps, avait changé la vipère de tout au tout, même si sa relation avec Adrien l’avait déjà changée… Avec Enry, elle avait évolué, grandement évolué même…
Et si Siegfried remettait en cause leur couple, et bien… Il se trouvait que la jeune écossaise avait toujours plus ou moins été très attirée par le jeune homme… Et indéniablement, elle s’en était plus que rapproché au fils des années… Et son retour en fanfare, le nouveau Siegfried, et la naissance de sentiments… Heaven avait tout simplement été trop faible… Elle n’avait pas su lui dire non, et au début, tout allait bien, mais maintenant, tout partait en vrille…
« Tu as été important, en soi tu l’es encore, je t’ai désiré longtemps, et je t’ai eu… Et tu seras d’accord avec tout allait bien, au début… Mais maintenant… » Maintenant ? Heaven ne pensait qu’à être avec Raphaël, et essayait au mieux de ne pas croiser Siegfried. Et cela, il fallait que ça cesse, par n’importe quel moyen… Mais voilà, comment pouvait-elle faire pour tout laisser tomber ? Elle avait mal rien qu’en y pensant ! Elle aimait Siegfried ! Peut-être pas autant qu’elle ne le l’aurait du, mais elle l’aimait… Et pourtant, tout ce qu’elle désirait, c’était d’être dans les bras de Raphaël, et de personne d’autre…
« La vérité ? Siegfried, la vérité tu la connais… J’ai grandi plus rapidement que toi… Mes attentes sont différentes des tiennes… Et en cela on ne peut plus être sur la même longueur d’ondes. Et cela me désole tout autant que toi… »
Oui. Le Serpentard avait toujours redouté le fait de grandir. Devenir un adulte était sa hantise… Et Heaven elle, elle s’en fichait pas mal. Elle savait qu’elle ne pourrait de toute manière pas éviter cette évolution. Et en même temps qu’elle, ses désirs et ses envies avaient évolués. Voilà pourquoi Siegfried était à la masse… Mais pourrait-il seulement le comprendre ??
Siegfried leva les yeux comme s’il pesait le pour et le contre de chacune des paroles d’Heaven, et puis il tourna la tête en se grattant le menton.
« C’est assez cohérant en fait. J’ai déjà entrevu ce que c’était d’être adulte. Et je dois dire que… Ca ne m’a pas beaucoup plus. Je me souviens exactement de tout ce qui composait la relation entre Evan et Chatiel, et très franchement, pour moi il n’y a plus rien à voir, c’est déjà tout vu. Oh, je n’ai pas vraiment d’espoir, de toute façon, moi je n’ai aucun moyen de rajeunir. Et même si je le pouvais, la première fois a eu tellement d’effets dramatiques. »
Perte de mémoire, réminiscences non souhaitées, possession, héritages du passé… L’être Siegfried était né dans le pécher, il l’avait admit, il n’aspirait pas à s’extraire de cette malédiction, il espérait juste y survivre le mieux possible. Heaven avait suivit sa propre voie elle, en fait, même si le destin les avait fait se rencontré, ils s’étaient retrouvés comme des boules de billard. Destinés à se rencontrer pour s’éloigner avec plus de force encore. Pas de chance…
« Ecoute, euh… Je t’apprécie assez pour ne pas vouloir t’enchainer à moi, et c’est un compliment pour moi. Alors, je crois que je vais justement me comporter comme un grand pour une fois, je ne vais pas réagir bêtement. Si ton aspiration c’est justement d’aller de l’avant, de grandir, c’est ton droit, et j’admets que je ne suis pas la personne qu’il te faut pour t’accompagner dans cette aventure. Arrêtons d’aller contre notre nature. Mieux vaut ne plus jouer à faire comme si nous étions encore ensemble. Tout a été gâché entre nous, et ce malgré nous. »
Si seulement Chatiel n’avait pas existé, si seulement elle ne les avait pas enlevé dans ce train il y a 2 sans, si seulement elle ne lui avait pas rendu la mémoire d’Evan. Maudite soit cette femme, maudits soient t’ils tous les deux, qu’ils brulent et souffre de chaque parcelle de leur âme dans l’enfer où ils se trouvent certainement aujourd’hui songea t il.
« La bonne nouvelle c’est que comme nous ne sommes pas encore mariés, et que nous n’avons rien acheté en commun, nous n’avons pas besoin de faire intervenir un avocat pour départagé nos bien. Par contre, en ce qui concerne nos amis… Est-ce qu’on doit s’en partager la garde ? Ou bien on alterne un week end sur deux ? »
La boutade était puérile, mais tellement nécessaire pour Siegfried qui cherchait à rendre dérisoire ses propos. Incorrigible, et inchangeable. Apres tout, il ne faisait que parodier des comportements d’adultes.
« Je plaisante. Plus sérieusement, j’aimerais bien savoir ce qui m’attend maintenant, si je vais devoir me cacher chaque fois que je te croiserais dans la salle commune pendant les deux ans qu'ils me restent à passer ici, ou si nous pourrons juste nous saluer comme si nous étions deux premiers années innocents, comme avant. Tu vois ? »
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Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Heaven était surprise, pour ne pas dire choquée, sur le fait que Siegfried prenne aussi bien (ou ait l’air de prendre aussi bien) cette sinistre nouvelle. Car après tout, la vipère lui annonçait qu’entre ce n’était plus possible (mais genre plus du tout quoi) et que leur petit bout de chemin se séparait désormais. Il la laissait partir, elle était libre comme le vent d’aller où bon lui semble, avec qui elle le désirait… Mais était-il cependant honnête avec lui-même ? Après tout, ils s’étaient cherchés si longtemps ! Et il avait une certaine fierté (fierté de Serpentard oblige) qui l’empêchait sûrement de dire ce qu’il avait réellement sur le cœur !
« Je suis désolée que cela finisse ainsi Siegfried, mais il faut arrêter de se voiler la face. On se fait plus de mal que de bien… »
Oui, ils se détruisaient mutuellement plus qu’autre chose, et cela ne pouvait plus continuer. Heaven était au plus mal, et Siegfried le voyait peut-être sans en parler. Et si il y avait tant de non dit, ils ne pouvaient donc continuer comme cela ad vitam eternam !
« Ne fais pas l’idiot, tu sais bien que malgré les apparences je ne régis pas la vie de mes amis. Tu es aussi libre que l’air de parler à qui te chantes… Tant que tu ne m’enfonces pas, bien évidement. »
Hé bah oui. Mieux valait mettre des limites, malgré tout, car Heaven connaissait bien Siegfried ! Et s’il voulait ruiner quelqu’un il en était parfaitement capable. Et c’était là la dernière chose dont la petite écossaise avait besoin en ce moment, qu’on s’acharne sur elle alors qu’elle était au plus bas, même si elle ne montrait rien (à part à sa copine Frédérique, mais ça, c’était encore autre chose !) Aussi préférait-elle que tout soit clair auprès de Siegfried. Elle ne cracherait pas sur son dos, alors il devrait en faire de même, simple question de respect !
« Siegfried, je ne veux pas qu’on s’empoisonne la vie, l’année dernière m’a amplement suffit… Alors si l’on pouvait tout simplement rester amis… Je t’en serais reconnaissante… N’oublies pas que malgré ce qui nous arrive, tu comptes pour moi… »
Oui, il comptait énormément pour elle. Il avait été celui qui l’avait plus ou moins révélée au tout Poudlard, et même si elle s’était par la suite fait sa place par elle-même, elle ne pouvait nier qu’il l’avait plus que grandement aidé. Aussi elle lui en était plus ou moins redevable (ce qui était en soit un comble pour la jeune vipère qui détestait être redevable aux gens !). Mais il était clair qu’après le début d’année chaotique qu’ils avaient connus l’an passé, à se cracher du venin à la figure toutes les cinq secondes, et parfois sans aucune raison valable, Heaven préférait éviter que cela ne se réitère. Non pas qu’elle était pour la paix des exs et tout le blavla (voyez seulement comment elle se comportait avec Adrien ou Enry, la peste par excellence, quoi qu’elle avait fait de gros efforts pour Adrien !) mais bon, Siegfried était un camarade de classe, qu’elle devrait supporter encore deux ans quasiment H24, donc il était préférable pour eux deux que leur relation soit des plus calmes possible… Surtout pour Heaven, avant qu’elle ne pète un plomb !
Siegfried sourit, et lui lança un regard aiguisé en la pointant du doigt.
« Un ami, pourquoi pas? Tu sais ce que ca signifie pour moi n’est ce pas ? Enfin, ça n’est pas grave, je pense que nous y trouverons chacun notre compte. Au fait, tu ne m’as pas dit le plus important, est ce que tu m’as déjà remplacé ? Oh, en fait, ça n’est pas vraiment important. J’ai un message pour lui s’il existe, et s’il n’existe pas encore ça vaudra pour lui quand il existera, et ca vaudra aussi pour tous ceux qu’il y aura après lui. Enfin, bref, voila le message. »
Il se rapprocha d’elle, et leva la main à la hauteur de sa bouche comme s’il allait lui confier un secret.
« Dis lui bien que je ne l’aime pas. »
Un clin d’œil, un sourire voilé, de tels gestes qui pouvait démontrer une indifférence totale de la part d’un serpentard. Heaven saurait, elle, que c’était la manière de Siegfried de se protéger sans le vouloir de tout ce qui pouvait être susceptible de l’atteindre. Cette séparation était déjà consommée dans son cœur bancale, il y réagissait avec moins de force que le commun des mortels, mais il en garderait des traces plus longtemps que quiconque. Heaven, la première à avoir su toucher son cœur.
« Marchons, tu veux ? Maintenant que nous sommes amis, je ne suis plus tenu à la diplomatie, ni au protocole… J’aimerais te parler comme je le ferrais avec Jack. Tu vois, l’autre jour, je l’ai vu tenter une approche avec cette jeune serpentard. J’ai essayé de lui faire comprendre que travailler son arithmancie serait une activité plus productive en terme d’avenir au vu de son incapacité à… enfin, tu comprends, je n’ai pas pris de gants. »
Siegfried entraina Heaven à faire quelques pas avec lui. Il s’était efforcé à ne pas lui faire de remarque désobligeante depuis plusieurs mois, mais maintenant qu’il était libre comme pouvait l’être un ami… Il n’escomptait plus se retenir.
« Tu vois, je dois admettre que je te connais assez bien. Pas seulement mentalement, physiquement aussi. Alors je vais essayer de te le dire avec le plus de courtoisie qu’il m’est possible de déployer, entends moi comme un ami… Alors voila… Tu as trouvé le secret de la nouvelle crème ultra minceur de loreal parce que tu le vaux bien ? Ou alors tu as un problème dont tu aimerais me parler ? »
Le poids, jamais il n’avait osé aborder le sujet avec elle, mais maintenant, il préférait ne plus passer à coter. Il leva les mains en l’air comme si elle le menaçait avec une arme.
« Surtout ne te mets pas en colère ! Je suis juste un ami ! »
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Heaven n’aurait jamais cru que les choses tourneraient ainsi… Elle suivit cependant Siegfried, avançant lentement dans la neige qui recouvrait l’herbe du parc. Siegfried semblait prendre la chose si bien que la vipère se demandait si cela ne cachait pas autre chose… Peut-être se vengerait-il plus tard, d’une façon totalement exubérante… C’était tout à fait possible, on parlait de Siegfried Léthé, le roi des potions après tout… Mais bon, elle avait tout de même un peu d’espoirs… Après tout elle n’avait rien fait de méchant… Elle avait juste stoppé leur relation, mais ne lui avait pas non plus fait une réputation de cocu ou autre chose dans le style…
« Oui oui, je sais, tu ne connais pas cette définition, et encore moins ce mot, merci Siegfried, mais ayant été ta petite amie, je pense que je te connais suffisamment pour que tu n’ais pas à me rappeler à chaque fois que l’on parle que tu ne supporte pas ceci, pas cela, et puis ceci, et encore moins cela… Ca va, ou tu veux d’autres exemples ? » Non, parce que bon, elle en avait des milliers des exemples ! Parce que ce n’était pas comme si Siegfried lui avait rabâché quatre cent mille fois qu’il ne voyait ce qu’il ne connaissait pas cette notion d’amitié, qu’il ne supportait en aucun cas les contacts physiques avec les autres personnes… Et comme Heaven avait été sans aucun doute la personne féminine la plus proche de Siegfried, elle ne pouvait que le connaître mieux que les autres. Oh, peut-être pas mieux que son Poufsouffle de meilleur ami (si si, ça, il l’avait dit, et la brune en avait presque été jalouse sur le coup ! Mais c’était il y a bien longtemps !
Et alors que Siegfried semblait se préoccuper d’un possible concurrent, Heaven elle, ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle allait entendre… Il ne l’aimait pas ? Il n’aimait pas celui qui lui avait ravi la brune, et n’aimait pas non plus ceux qui viendraient par après ?!
« Quoi ?! Mais… »
Siegfried était-il jaloux ? Cela était-il possible ? Ou même tout simplement concevable ? Bon, certes, il était humain, éprouvait des sentiments (et encore, Heaven en avait douté un bon moment, même alors qu’ils étaient ensembles), mais Heaven avait tout simplement du mal à penser que Siegfried pouvait être jaloux de la personne que la brune aimait… Car au final, si les sentiments étaient plus ou moins réciproques, la brune était aussi seule qu’un inséparable ayant perdu son compagnon… Bien entendu, elle n’allait pas dépérir et se laisser mourir… Elle n’était pas un oiseau, mais un serpent !
« Oh Siegfried, je te déteste ! Je ne sais vraiment pas comment j’ai pu te supporter ! Qu’est-ce qu’il te prend ? Tu te mets à voir maintenant qu’on est séparé ? T’es c*n ou tu le fait exprès ? Non mais sans blague quoi ! »
Et la main partie instinctivement. Mais ce n’était pas sa faute, Siegfried l’avait cherché ! A croire que le brun prenait un malin plaisir à se venger de la brune parce qu’elle l’avait lourdé un peu sans prévenir…
Siegfried encaissa le choc sans broncher. Généralement, après un tel coup, il aurait enchainé en disant quelque chose comme « ca fait toujours aussi mal », ou encore « décidément, le poste de batteur était fait pour toi dans l’équipe ». Mais non, il ne dit rien de sarcastique cette fois là. Il se contenta de se masser la joue avec sa main gelée, il portait sur Heaven un regard étrangement sérieux, et presque inquiet. Lui-même était un garçon trop mince, au physique malade, et il avait vu les photos de sa première enfance à l’époque où il s’appelait Evan. Il n’avait pas toujours eu cet air fébrile, c’était certainement l’un des effets secondaires de la maudite potion qui avait fait basculer son destin.
« Je suis désolé… Tant qu’on était ensemble il m’était impossible de te faire ce genre de remarque, parce que tu te serais contenté de me prendre de haut, de me faire taire, et puis… Nous serions passés à autre chose. Mais là… Je m’attendais à plusieurs réactions en fait. Un éclat de rire, j’aurais eu complètement tord, un foncement de sourcil, j’aurais mis le doigt sur un sujet pas si grave que ça… Mais une gifle… Ca doit réellement être insoutenable… »
Avec un cynisme effrayant, Siegfried parlait de leur relation comme s’ils n’étaient plus ensemble depuis des mois. Rien de méchant de sa part, il avait juste tendance à ne pas s’attarder sur une situation morte, ni même à se morfondre sur son sort.
« Je suis inquiet, parce que… Depuis le temps que je te vois… T’affaiblir… J’en viens à me poser des questions sur ta santé, et sur l’effet que tes amies auraient du avoir sur toi. Oui, alors je sais, j’aurais peut être du en parler moi-même avant… Mais maintenant que nous sommes redevenus des camarades, c’est ton état qui m’inquiète le plus pas notre relation. »
Un aveu d’affection rare de la part du jeune serpentard. Mais Heaven saurait elle le voir ainsi ? Il ne cherchait pas à la retenir auprès de lui non, il cherchait juste à lui faire comprendre que, même s’il avait du mal à croire en l’amitié, la vie d’Heaven avait une valeur certaine à ses yeux. Comment avait elle pu le supporter ? Il se posait bien la question lui-même… Mais il espérait qu’elle le supporterait encore un peu, d’une manière où d’une autre. Juste le temps qu’il soit certain qu’elle irait bien.
« Tu peux me gifler à nouveau si ca peut te faire du bien, ou si je suis la source d’une part tes problèmes. Mais je suis certain que ca n’arrangera rien. Et ca ne changera plus rien entre nous. Entre amis, il parait qu’on peut supporter les disputes, c’est ce que Jack dis toujours. »
Heaven Gibson
Parchemins : 2363Âge : 14.02.84 ;; 32 ans Actuellement : Professeur de potions & styliste aux 1001 Symphonies Points : 0
Siegfried se foutait d’elle là ?! C’était obligé, il ne pouvait pas faire autre chose ! Comme osait-il dire que maintenant qu’ils étaient séparés, il pouvait se soucier sans problème de la santé de la vipère ?! C’était du foutage de g***le pur et simple ! Et Heaven n’était pas née de la dernière pluie ! Et surtout, les explications du garçon, elle n’en n’avait que faire ! Il arrivait trop tard, voilà tout. « T’es vraiment stupide Siegfried. A croire qu’il faut qu’on soit séparé pour que tu te réveilles… C’est trop tard t’as compris ? Trop tard ! »
C’était trop tard effectivement. Siegfried se réveillait bien trop tard, là où Raphaël avait décidé de parler du problème dès le départ… Si Siegfried avait fait la même chose, peut-être que tout se serait passé autrement… Heaven aurait peut-être pensé que sa santé était capable d’inquiéter le Serpentard… Et cela aurait fait qu’elle ne l’aurait pas évité comme elle l’avait fait depuis peu…
Mais là, le Serpentard lui tapait sur le système plus qu’autre chose. Il cherchait des excuses bidon pour excuser son comportement, mais la vipère n’était pas dupe. Elle ne pouvait pas accepter ses prétextes à la noix, ils étaient tous simplement trop idiots pour être cru. Comme si il n’avait pas pu se soucier d’elle en même temps que de leur relation… D’ailleurs, leur relation, elle était tellement plate qu’Heaven se demandait s’il y en avait vraiment eu une un jour !
« Fous-moi la paix Siegfried… »
La vipère se sentait mal. Siegfried avait réagit trop tard. Il avait pensé qu’elle l’enverrait promener alors qu’ils étaiet ensemble alors qu’elle avait attendu qu’il se mette à penser qu’un truc clochait chez elle… Et ils s’étaient loupés, encore fois. Mais cette fois, c’était trop tard. Beaucoup trop tard. La vipère ne supportait plus le comportement de l’orphelin, et elle ne pouvait pas accepter une fois de plus de le pardonner. Il s’était trompé sur toute la ligne, et voilà à quoi ils en étaient rendus. Ils étaient séparés, étant tout de même « amis » ou du moins, quelque chose s’en rapprochant sans vraiment l’être, et actuellement en froid. Bon, d’accord, c’était la vipère qui faisait la gueule à l’orvet, mais il l’avait cherché ! A être aussi lent qu’un escargot, il n’arriverait jamais à rien celui là Parole de Clarks !
Heaven se détourna de son camarade, remontant la pente neigeuse amenant au château. Elle sentait la neige se tasser sous ses pas et elle l’entendait crisser. Elle ne risquait pas de s’enfoncer bien profondément, légèrement comme elle l’était, et comme la neige était plutôt épaisse et qu’elle tenait plutôt bien, Heaven n’avait pas de soucis à se faire… Et puis de toute manière, elle n’avait que faire d’être malade… Un peu plus ou un peu moins au final, ce n’était pas si grave, n’est-ce pas ? Et maintenant, alors qu’elle allait passer d’ici peu la porte du château, la vipère craquait. Elle avait écouté sa meilleure amie comme sa confidente, et voilà où elle en était. Sûre de rien pour son futur, ne sachant même pas ce qu’elle voulait faire comme travail plus tard… Elle n’avait plus envie d’être mannequin à plein temps, cela était juste un passe temps… Mais elle ne voulait plus faire cela pour gagner sa vie.